Africatime – 29 décembre 2011
*Après avoir suspendu la compilation des résultats partiels, en attendant l’arrivée d’une équipe d’experts américains et britanniques chargés de garantir la transparence du processus, la CENI fait marche arrière et reprend la compilation des résultats. Pourtant, selon le département d’Etat américain, leurs experts ne seront pas au Congo avant début janvier. *Entre – temps, la crise électorale se prolonge à travers les législatives, qui font l’objet de nombreuses contestations, bien que seuls les résultats partiels d’une quarantaine des Centres de compilation sur les 169 aient été publiés. L’honneur du pays a été ébranlé et la CENI doit cette fois-ci se racheter et relever le défi. *C’est face à ces réclamations et aux menaces de l’Union européenne de réévaluer son aide à la Rd Congo si des progrès n’étaient pas réalisés que la CENI a décidé d’accepter l’aide technique des experts étrangers. Mais le nombre et le mandat précis de ces experts restent flous, alors que les résultats des législatives doivent être annoncés le 13 janvier et que le travail à accomplir est immense.
C’est contre toute attente que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a surpris tous ceux qui attendaient l’implication des experts Américains et Britanniques dans la publication des résultats des législatives. En effet, à travers son communiqué du 27 décembre dernier, la CENI informe l’opinion de la levée, à partir d’hier mercredi 28 décembre 2011, de la mesure de suspension des opérations de compilation des résultats dans tous les Centres locaux de compilation des résultats (CLCR) qui étaient en cours de traitement. Cette décision constitue donc un coup de tonnerre, dans la mesure où elle intervient au moment où on l’attendait le moins et elle n’est pas de nature à apaiser les esprits déjà surchauffés suite à plusieurs actes de tripatouillage et de fraude constatés dans plusieurs Centres de compilation des résultats de la CENI. Ce qui étonne l’opinion, c’est le fait de constater que selon le département d’Etat américain, leurs experts ne seront pas au Congo avant début janvier. Entre-temps, la CENI risque de continuer la publication des mêmes résultats issus de la fraude, au mépris de toute la pression et des injonctions de la Communauté internationale. La Rd Congo va-t-elle attendre les experts internationaux, ou bien va-t-elle se contenter de publier ses résultats, en dépit des contestations ? Telles sont les questions qui demeurent pendantes et attendent des réponses rassurantes.
En plus, cette façon de faire marche-arrière n’est pas de nature à crédibiliser le processus électoral et la CENI, le pouvoir organisateur. Ce n’est pas aussi une façon de rassurer les candidats qui ont accepté de tout dépenser afin de se présenter aux élections législatives. C’est donc l’honneur de tout un pays aux dimensions continentales qui est ébranlé et la CENI doit faire en sorte qu’elle puisse se corriger, si elle doit encore être crédible. Sinon, pour combien de temps allons-nous continuer à traiter les Congolais de la sorte ? Intervenant hier sur Radio Okapi, le président de la Ceni, le Pasteur Daniel Ngoy Mulunda, a déclaré que cette reprise n’était pas nécessairement conditionnée par la présence de ces experts, même si la mesure suspendant ces opérations était prise dans le but d’attendre leur arrivée. Et pourtant comme on a eu à le dire, la suspension est intervenue suite aux nombreux cas de fraude dénoncés tant par les observateurs, les témoins que les candidats et organisations politiques. C’est ainsi que la Communauté internationale avait décidé de compléter les experts internationaux à l’équipe de la CENI pour plus de transparence.
« Je voudrais préciser que la Ceni n’était pas demanderesse. C’est l’offre qu’on nous a proposée par la communauté internationale et nous l’avions acceptée de bonne foi », souligne Daniel Ngoy Mulunda. Le président de la Ceni signale par ailleurs que l’arrivée des experts « prend du temps. » On a aussi indiqué le caractère flou de la mission des experts internationaux, dans la mesure où personne ne connaît la durée, voire le cahier des charges de leur mission en Rd Congo. « Il y avait des CLCR qui travaillaient déjà. Après avoir amené certaines corrections, nous nous sommes dit qu’il était temps qu’on puisse reprendre. Les délégations des experts pourront venir dès la fin de ce week-end », explique le Pasteur Daniel Ngoy Mulunda. Il ajoute que la présence des experts est nécessaire pour lever l’équivoque sur la transparence du travail de son institution. Si tel est le cas, le mieux serait de les attendre. Sinon, les candidats qui ont déjà perdu la confiance en la CENI ne pourront en aucun moment accepter les résultats qu’elle donnera en l’absence des experts internationaux. C’est qui est quand même curieux, c’est le fait que la contestation des résultats jusque-là ne concerne en grande partie que les candidats de la Majorité présidentielle. En dépit de quelques cas de contestation des députés de l’opposition contre d’autres de la même plate-forme. Si le loup doit manger son frère, qu’adviendra-t-il d’autres plate-formes ?
Quid du mandat des experts
C’est ici qu’il faut vite rappeler que la décision de la CENI va en quelque sorte prolonger une crise électorale à travers les législatives, qui font l’objet de nombreuses contestations, bien que seuls les résultats partiels d’une quarantaine de centres de compilation, sur 169, aient été publiés. C’est face à ces réclamations et aux menaces de l’Union européenne de réévaluer son aide à la Rd-Congo si des progrès n’étaient pas réalisés que la CENI a décidé d’accepter l’aide technique des experts étrangers. Mais le nombre et le mandat précis de ces experts restent flous, alors que les résultats des législatives doivent être annoncés le 13 janvier et que le travail à accomplir est immense.
En réalité, ce que le Gouvernement Congolais a refusé de donner d’une main, la Communauté internationale est en train de le retirer d’une autre. Il y a peu, la Monusco avait indiqué, à travers son porte-parole, que son Institution n’aura pas pour travail la certification des résultats. Mais vite, on s’est rendu compte que la vérité était têtue et que c’est la même Communauté internationale, à travers ses experts, qui sera appelée à certifier les résultats des législatives. La Rd Congo aura donc perdu le temps, d’autant plus qu’il fallait se prononcer dès le départ pour permettre à ces experts de se déployer sur l’ensemble du territoire congolais et dans toutes les étapes de la compilation des résultats. Sans pour autant être très sceptique, une certaine opinion pense que les experts ne changeront rien. Surtout que tout a été fait pour permettre à certains candidats qui n’ont même pas été élus d’être proclamés députés nationaux. Au-delà de tout ceci, on ne sait même pas quel sera le mandat des experts qui viendront ? Seront-t-ils déployés dans combiens des Centres locaux de compilation des résultats et pour combien de temps ? En plus, on ne sait même pas la nature des recommandations qu’ils ont reçues de leurs pays respectifs, sans oublier la question de leur nombre.
Au sujet des réclamations
C’est au sujet des réclamations que plusieurs langues se délient. Nombreux sont les Congolais qui ne comprennent pas de quel droit la CENI se permet de recevoir des réclamations. Et ce, lorsqu’on sait que lors du dépôt des candidatures à la députation nationale, plusieurs voix s’étaient élevées pour fustiger le comportement de la CENI qui n’avait eu le moindre souci pour invalider celles qui étaient déposées en violation de la loi. C’est tout de même curieux, maintenant qu’elle publie des résultats provisoires, qu’elle continue à recevoir des réclamations comme si elle s’était arrogé tous les pouvoirs et tous les droits de la Cour suprême de justice. Connaissant la façon dont la Haute cour a toujours été jalouse quant à la protection de ses compétences, on est étonné de constater qu’elle puisse briller par son silence.
Nombreux sont ceux-là qui disent que la présence d’experts n’apportera grand-chose, surtout que tout a été déjà fait. Ils disent qu’on a perdu beaucoup de temps pour rien, pendant qu’il fallait le capitaliser à autre chose. D’autres, par contre, estiment que leur présence apportera la crédibilité à ce processus, surtout que la CENI a perdu toute confiance au niveau de la population congolaise.
L’Avenir