Radio Okapi – 8 mai 2012
Le Premier ministre Matata Ponyo a présenté ce lundi 7 mai le programme de son gouvernement à l’Assemblée nationale. Ce programme devrait hisser la RDC au rang de pays à revenu moyen (dont le revenu national brut varie entre 976 et 11 906 dollars américains comme l’Afrique du Sud, le Brésil ou l’Argentine) d’ici la fin de la législature en 2016. Il a affirmé avoir construit les principaux axes de son gouvernement au regard de la situation difficile que traverse le pays.
Pour Matata Ponyo, les quatre principaux axes de son gouvernement sont :
- La nécessité de construire un Etat efficace
- L’impératif de développer les infrastructures de base
- La redynamisation des principaux secteurs de production
- Le renforcement du capital humain ainsi que l’amélioration des conditions sociales de la population
Pour matérialiser son programme, Matata Ponyo a déclaré:
« Je m’engagerai dans la création des emplois décents, la réinsertion socio-économique des jeunes défavorisés, l’amélioration de la desserte en eau potable et l’assainissement, l’accès à l’éducation, l’habitat, la culture ainsi que le sport. »
Le Premier ministre a aussi indiqué que son équipe œuvrerait pour instaurer une justice efficace en luttant contre la corruption.
Les députés de l’opposition souhaitent que ses propositions se concrétisent.
« Le Premier ministre jusque là bénéficie de la présomption de réussite mais nous, nous l’attendons à l’œuvre’, a affirmé Emery Okundji.
Relever l’économie congolaise
Décrivant la situation économique du pays, le Premier minitre a déclaré que plusieurs indicateurs étaient au rouge.
Il s’est notamment demandé pourquoi 71% de la population vit avec moins de 1 000 francs (1 USD) par jour, malgré les immenses ressources dont regorge le pays.
Il a aussi regretté que le climat des affaires demeure caractérisé par divers obstacles d’ordre administratif, légal et réglementaire. Evoquant le classement Doing Business sur le climat des affaires, il a déclaré que « la RDC occupe la 178eposition [sur 183 pays] notamment à cause de sa faible capacité à attirer les investissements privés ».
Produit par la Société financière internationale (SFI) et la Banque mondiale, le rapport Doing Business classe les pays en fonction de la facilité d’y faire des affaires, de 1 à 183, la première place indiquant le plus haut niveau de facilité. Un classement élevé sur l’indice de facilité de faire des affaires signale un environnement réglementaire propice aux opérations commerciales.
Pour le Premier ministre, le secteur privé demeure le moteur de la croissance. Mais il conditionne le soutien de son gouvernement aux opérateurs économiques par «le respect scrupuleux des lois et règlements du pays».
Par ailleurs, il a fait remarquer que la croissance enregistrée dans le secteur financier depuis quelques années ne s’était pas propagée « parce qu’il reste une certaine léthargie prononcée ».
Matata Ponyo, Premier minitre ou ministre des Finances?
Le député élu du Parti lumumbiste unifié (Palu), membre de la Majorité présidentielle (MP), Patrick Muyaya, estime que le programme en soi est bien nourri mais c’est une œuvre humaine qui nécessite d’être réajustée.
«Nous voulons aider le Premier ministre en lui donnant des indications qui lui permettent de veiller à la bonne exécution de son programme », a-t-il dit.
Quant à savoir si le Premier ministre saura se démarquer de ses anciennes fonctions du ministre des Finances, Patrick Muyaya répond :
«C’est un défi personnel qui s’impose à lui. Je crois en sa détermination de faire la nette différence entre la primature et le ministère des Finances pour qu’il réponde aux exigences de notre peuple actuellement. »
Le député de l’opposition Niango Munshemvula Papy se dit indigné du programme du gouvernement de Matata Ponyo qui, selon lui, est venu en ministre des Finances et non en Premier ministre.
« Le Premier ministre qui est venu aujourd’hui est venu comme ministre des Finances et non Premier ministre. Il ne s’est pas occupé du social. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il pensera au social de la population. Attendons-le voir à l’œuvre et vous verrez qu’il n’y a rien », a affirmé Niango Munshemvula.
Il reste sceptique quant à la concrétisation « de bonnes intentions » de Matata Ponyo.
« Le Premier ministre nous dit dans son document qu’il y a un chronogramme, mais on ne sait pas voir ce document. Je ne sais pas dire qu’il n’a pas été correct. Il s’est amené avec un chapelet de bonnes intentions. Des intentions qu’on entend dire depuis Mobutu avec des slogans comme Plan quinquennal, Action 80, 5 chantiers… », a ajouté le député.
Sceptique, le député de l’opposition Justin Bitakwira l’est aussi.
« Matata n’est qu’un Premier ministre, tant que le pouvoir du président Joseph Kabila ne va pas crever l’abcès pour résoudre la question de l’Est, même son passage n’apportera aucun fruit », a-t-il indiqué.