Des combattants du M23 ont pris le contrôle de la ville de Goma ce mardi 20 novembre dans la matinée. Des témoins sur place indiquent que les FARDC ont quitté la ville et pris la direction de Sake, 27 km plus loin, après avoir résisté aux rebelles. Ces derniers contrôlent les lieux stratégiques de la ville notamment l’aéroport, où stationnent encore les casques bleus de la Monusco, ainsi que le mont Goma qui abrite la Radio télévision nationale congolaise.
Des tirs étaient entendus au loin de la ville de Goma vers 12 heures locales. Il s’agirait des troupes FARDC qui continuaient de pilonner certains quartiers de la ville.
Dans les quartiers, les habitants de Goma affirment que les rebelles du M23 leur ont demandé de vaquer normalement à leurs occupations. Certains d’entre eux cachent pas leur déception. Ils ont déclaré à Radio Okapi avoir le sentiment d’être trahis par le gouvernement. « Je ne pensais pas que le M23 pourrait arriver à prendre le contrôle de notre ville », a confié un habitant trouvé devant sa rue.
Des rebelles arpentent les principales artères de la ville notamment le boulevard Kanyamuhanga.
D’autres témoins rapportent que les casques bleus de la Monusco sont aussi visibles dans certains « coins stratégiques » de la ville notamment à l’aéroport.
Les rebelles envisageraient d’avancer vers Saké où se sont regroupés les FARDC. C’est de cette cité que les militaires congolais tentent de s’organiser pour reprendre la ville de Goma, assurent certaines sources militaires.
Kabila appelle à la mobilisation
Au cours d’une adresse à la nation ce mardi à Kinshasa, le président congolais Joseph Kabila a demandé au peuple et à toutes les institutions du pays de se mobiliser « contre l’agression dont la RDC est victime notamment à Goma ».
« La RDC est confrontée à une situation difficile », a déclaré le chef de l’Etat, ajoutant que « quand une guerre est imposée, on a l’obligation de résister ».
Aussitôt après son allocution, Joseph Kabila, s’est rendu à Kampala au sommet extraordinaire de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (CIRGL). Il a affirmé qu’il partait à ce sommet « pour présenter ses preuves contre les pays cités [dans les rapports des Nations unies comme soutien du M23] ».
Il a dit attendre de ce sommet « la vérité et rien que la vérité », annonçant, par ailleurs, que l’ambassadeur de RDC au Rwanda avait déjà été rappelé en consultation à Kinshasa depuis plusieurs semaines.
Voici la vidéo de l’adresse de Joseph Kabila diffusée sur RTNC:
Constitué des militaires congolais qui se sont mutinés en avril dernier, le Mouvement du 23 mars (M23) réclame l’application des accords signés en 2009 par le CNDP, rébellion dont ses commandants sont majoritairement issus, et le gouvernement. Ces accords prévoyaient notamment l’intégration des combattants du CNDP dans l’armée et le police congolaise.
Après avoir pris le contrôle de plusieurs localités du territoire de Rutshuru en mai dernier et perdu certains à la suite des combats avec des militaires congolais, ces rebelles ont lancé une nouvelle offensive en juillet et pris le contrôle de Bunagana, Rutshuru-centre, Kalengera, Kako et Rubare.
Important centre économique, Bunagana se trouve à la frontière ougandaise. Sur demande des autorités congolaises, le gouvernement ougandais a fermé le 14 novembre dernier cette frontière qui générait entre 500 et 700 000 dollars américains par mois.
Les combats entre militaires et rebelles ont repris à la suite de la fermeture de cette frontière.
Les rebelles ont attaqué et pris le contrôle de la localité de Kibumba le 17 novembre avant de prendre Munigi, dimanche dernier, puis Goma ce mardi matin.
La RDC, les Nations unies et plusieurs organisations accusent le Rwanda et l’Ouganda de soutenir le M23. Un rapport de l’Onu qui n’est pas encore publié indique que ces deux pays apportent un soutien matériel et humain à cette rébellion. Les deux pays ont toujours rejeté ces accusations.