RDC : Bosco Ntaganda s’est rendu à l’ambassade des Etats-Unis à Kigali

Radio Okapi.

Le chef rebelle du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), Bosco Ntaganda, s’est rendu de lui même lundi 18 mars à l’Ambassade des Etats-Unis à Kigali au Rwanda. L’information est confirmée par la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.

« Nous avons appris aujourd’hui que Bosco Ntaganda est entré au Rwanda est s’est rendu à l’ambassade des États-Unis à Kigali », a affirmé Louise Mushikiwabo, la ministre des Affaires étrangères sur son compte Twitter.

Mais l’ambassade des Etats-Unis à Kigali n’a pas encore confirmée cette information.

Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a salué cette nouvelle qui marque « le début d’un processus qui sanctionne la fin de l’impunité pour ce seigneur de guerre ».

Il a souligné que Bosco Ntaganda est entré au Rwanda depuis samedi 16 mars,malgré le démenti de Kigali.

« Ce que nous savons ce que Bosco Natganda est entré au Rwanda [en provenance de la RDC] depuis samedi en dépit de ce que ma collègue rwandaise essayait de faire passer hier [dimanche] comme démenti », a ajouté le ministre congolais des Médias.

Lambert Mende a indiqué que Bosco Ntaganda « a été reçu par des officiels rwandais », à son arrivée.

« Ce qui s’est passé ce qu’il a été accompagné jusqu’aux portes de l’ambassade américaine où il est bien sûr entré seul. Mais on ne nous dira pas que c’est de lui-même qu’il est venu de la frontière jusqu’à l’ambassade des Etats-Unis », a-t-il poursuivi.

Le porte-parole du gouvernement congolais a déclaré que la RDC attend de la part des gouvernements américain et rwandais une coopération pour que Bosco Ntaganda soit transféré devant les juridictions congolaises ou internationales.

« Nous nous attendons à ce que le gouvernement américain et le gouvernement rwandais puissent coopérer à ce que Bosco Ntaganda soit rapidement transféré auprès de la CPI, à défaut d’être transféré auprès des juges congolais. Parce qu’il y a aussi un mandat congolais en plus du mandat international », a-t-il dit.

Lambert Mende dit ne pas avoir des doutes sur la position des Etats-Unis sur la demande de la RDC.

« Nous n’avons aucun doute en ce qui concerne la position des Etats-Unis étant donné les positions claires que l’administration Obama a prise au sujet de la rébellion du M23 allant offrir une récompense à qui faciliterait la capture de ce seigneur de guerre.  Pour le reste nous attendons voir comment les choses vont se dérouler concrètement », a renchérit le porte-parole du gouvernement congolais.

La CPI compte sur les Etats-Unis

La Cour pénale internationale, par le biais de son chargé de communication en RDC, Paul Madidi, a déclaré que son institution prendrait toutes les mesures nécessaires pour que Bosco Ntaganda soit transféré à la Haye.

« Nous suivons de près les informations concernant Monsieur Bosco Ntaganda. La Cour cherche à confirmer auprès des autorités compétentes ces informations en l’encontre duquel il y a deux mandats d’arrêts. Si ces informations seraient confirmées, nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour qu’il soit remis à la CPI », a affirmé Paul Madidi.

Il a dit espérer sur la coopération des Etats-Unis bien que le gouvernement américain ne soit pas signataire du statut de Rome.

« Evidemment je ne peux pas parler au nom du gouvernement américain mais même si le gouvernement américain n’a pas signé le statut de Rome, les Etats-Unis suivent de près ce qui se passe en RDC. À plusieurs reprises ils ont dénoncé ce qui se passait en RDC. Ils ont uni leurs voix à ce qui se disait déjà à l’époque concernant Bosco Ntaganda. Nous espérons qu’ils vont accepter la demande de coopération que nous seront amenés à leur demander », a ajouté Paul Madidi.

Au cours d’une intervention dimanche 17 mars à l’AFP, Lambert Mende a également évoqué l’accord de paix signé dimanche 24 février à Addis-Abeba. Onze  pays, dont Kigali, ont signé cet accord-cadre dans le but de ramener la paix dans l’est de la RDC.

Cet accord de paix sur la RDC interdit à tout Etat de la région des Grands Lacs d’héberger des criminels de guerre poursuivis par des juridictions internationales et nationales.

Dans le même ordre d’idées, Le président de l’Assemblée nationale de la RDC, Aubin Minaku, a indiqué dimanche 17 mars, que son pays doit s’impliquer pour que les rebelles du M23, arrêtés au Rwanda, soient traduits en justice.

Il faisait allusion à la centaine de combattants d’une faction du M23, dirigée par Jean-Marie Runiga, qui ont traversé la frontière rwandaise en même temps que le général mutin Bosco Ntaganda.

Ancien militaire de l’armée congolaise, Bosco Ntaganda est devenu rebelle après les élections de 2006. Il s’est ensuite autoproclamé général.

Deux mandats d’arrêts de la Cour pénale internationale pèsent sur Bosco Ntaganda depuis 2006 pour crimes contre l’humanité et des crimes de guerre.

RDC : Bosco Ntaganda demande son transfert à la CPI

Radio Okapi.

Le général déchu Bosco Ntaganda qui s’est rendu à l’ambassade des Etats-Unis au Rwanda, lundi 18 mars, a demandé d’être transféré à la Cour pénale internationale (CPI) . Selon la porte-parole du département d’Etat américain, Victoria Nuland, citée par l’AFP, Washington a pris contact avec la Cour et le gouvernement rwandais pour faciliter ce transfert.

« Je peux confirmer que Bosco Ntaganda s’est présenté à l’ambassade des Etats-Unis à Kigali ce matin [lundi]. Il a demandé expressément à être transféré devant la CPI à La Haye », a déclaré Victoria Nuland.

Elle a indiqué que les Etats-Unis soutiennent la CPI et son enquête sur les atrocités commises en RDC par Bosco Ntaganda.

Le rebelle congolais devenu général avant de redevenir rebelle fait l’objet de deux mandats d’arrêts de la CPI depuis 2006. Il est poursuivi pour  des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre.

La CPI l’accuse d’avoir enrôlé des enfants dans les groupes armés et d’avoir commis des viols en Ituri (Province orientale) et au Kivu au début de l’année 2000.

Bosco Ntaganda : de l’armée à la rébellion

En 2002 et 2003 alors que sévit une guerre interethnique en Ituri, Bosco Ntaganda est le chef d’Etat-major de l’Union des patriotes congolais, la milice de Thomas Lubanga aujourd’hui condamné par la CPI. C’est à la tête de cette milice que Ntaganda enrôle des enfants et les fait participer aux  combats. Ces “exploits” lui vaudront même le surnom de Terminator.

Trois ans plus tard, il devient le numéro 2 de la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Ce mouvement dirigé  par Laurent Nkunda a pris les armes contre le régime de Joseph Kabila une année après l’organisation des élections présidentielle et législatives de 2006. En août 2006, la CPI émet un premier mandat d’arrêt contre Bosco Ntaganda.

Chef de la branche armée du CNDP, Bosco Ntaganda- ancien de l’AFDL la rébellion qui a fait tomber Mobutu et du RCD la rébellion pro rwandaise qui a pris les armes contre Laurent-Désiré Kabila en 1998- s’attribue le grade de général. Ce grade lui sera officiellement reconnu après la signature d’un accord de paix avec le gouvernement congolais, le 23 mars 2009. Deux mois plus tôt, le chef de la rébellion du CNDP, Laurent Nkunda avait été arrêté au Rwanda où il se trouve toujours.

L’accord du 23 mars prévoyait notamment la reconnaissance des grades des militaires du CNDP et la transformation de ce mouvement rebelle en parti politique. Ce qui fut fait. C’est dans cette logique que Bosco Ntaganda et ses hommes vont réintégrer l’armée congolaise.

Pressions de la CPI

Le 14 mars 2012, la CPI rend le tout premier verdict de son histoire contre Thomas Lubanga, ancien chef milicien de l’Ituri. Bosco Ntaganda est cité dans ce verdict comme étant le coauteur des crimes pour lesquels Thomas Lubanga est reconnu coupable. Le procureur de la CPI, Luis Moreno O’Campo demande au gouvernement congolais de livrer Bosco Ntaganda pour qu’il réponde de ces accusations. Kinshasa refuse. Ntaganda a peur, quitte Goma et se retranche dans le Masisi. C’est le début de la mutinerie des soldats de l’armée congolaise qui lui sont restés proches.

Début mai, les mutins annoncent la création d’une nouvelle rébellion, le mouvement du 23 mars (M23). Ils réclament la pleine application de l’accord signé en 2009 entre le CNDP et le gouvernement. Le M23 est dirigé par Sultani Makenga et nie tout lien avec Bosco Ntaganda. Mais ce dernier conserve une influence dans le mouvement via ses fidèles.

Six mois après sa création, le M23 prend le contrôle de la ville stratégique deGoma au Nord-Kivu. Et élargit l’assiette de ses revendications, évoquant notamment les élections de 2011 entachées de “fraudes et d’irrégularités”. La rébellion quitte Goma moins de deux semaines plus tard en échange des négociations, qui se tiennent encore à Kampala.

Dissensions au sein du M23

Sous l’égide des Nations unies, onze pays signent fin février à Addis-Abeba unaccord-cade de paix et de coopération dans la région. Ils s’engagent à ne pas abriter ni soutenir des criminels recherchés par la justice. Au lendemain de la signature de cet accord, des dissensions apparaissent au sein du M23 entre une faction fidèle à Sultani Makenga et l’autre fidèle à…Bosco Ntaganda. Les deux camps rivaux vont s’affronter d’abord sur le plan politique, ensuite sur le plan militaire à Rugari jetant dans la rue de nombreuses familles.

Le 15 mars, la faction de Sultani Makenga prend le dessus sur celle de Bosco Ntaganda et la déloge de Kibumba (30 km de Goma) où elle avait établi son Etat-major. Des cadres du M23 traversent alors la frontière et se réfugient au Rwanda.

Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende affirme que Ntaganda se trouve aussi au Rwanda. Ce que Kigali dément. Avant d’annoncer, 24 heures plus tard, que Bosco Ntaganda s’est rendu à l’ambassade américaine à Kigali.

Le chef rebelle demande alors, de plein gré, à être transféré à La Haye pour être entendu par les juges de la CPI. Finalement.

Tous ensemble pour une solution urgente de la crise

Congo Actualité n. 177 – Editorial par la Reseau Paix pour le Congo

 

Une révolution de palais planifiée à partir de Kigali.

Ce qui se passe dans les zones occupées par le M23 fait penser à un nouveau scénario planifié à partir de Kigali. Compte tenu des pressions de la communauté internationale foncièrement opposées aux ingérences du Rwanda dans les affaires intérieures congolaises, le régime de Kigali vient d’entériner une révolution de Palais qui place d’un côté de prétendus «bons» rebelles, ceux de l’aile M23 de Makenga, et les «mauvais», ceux de l’aile M23 de Runiga. Les premiers sont présentés comme favorables à la main tendue de Kinshasa, tandis que les seconds passent pour des traîtres à la solde du Rwanda. L’objectif inavoué de la bande à Makenga est d’infiltrer de nouveau le système de défense congolais et les institutions politiques, à travers un nouveau deal politique à conclure à Kampala, Oyo, Addis-Abeba ou ailleurs. Si les Congolais n’ouvrent pas l’oeil et le bon, ils risquent de se retrouver de nouveau, comme en 1996 et en 2003, avec de nombreux militaires et agents de sécurité du Rwanda non seulement au niveau du haut commandement de l’armée nationale mais aussi des services spéciaux. Bref, le Rwanda joue une nouvelle partition visant une nouvelle alliance entre Kinshasa et de «bons» rebelles qui donneraient l’impression de s’être affranchis de sa tutelle alors que, dans le fond, ils constitueraient le socle d’un nouveau cheval de Troie.[1]

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Congo Actualité n. 177

SOMMAIRE

ÉDITORIAL: Tous ensemble pour une solution urgente de la crise

1. LA SCISSION DU M23 EN DEUX FACTIONS

2. LES RETOMBÉES SUR LE DIALOGUE ENTRE LE M23 ET LE GOUVERNEMENT À KAMPALA

3. LES DESSOUS D’UNE SCISSION

4. À PROPOS DE LA BRIGADE INTERNATIONALE D’INTERVENTION

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Lancement en mai prochain des opérations techniques du recensement de la population en RDC.

Ambardc.eu

 

Le ministre du Plan, Célestin Vunabandi, a annoncé, samedi 9 à Goma (Nord-Kivu), le début des opérations techniques du recensement général de la population congolaise, indiquant que ces premières dispositions techniques seront déjà mises en œuvre à partir du mois de mai 2013.

 

«C’est une opération qui s’étend sur trois ans. A la première année, aucune activité ne se fera sur terrain. Toute cette année 2013, nous allons nous atteler à implanter le Bureau central de recensement qui va conduire l’opération. Et puis, nous allons faire deux grandes opérations. La cartographie que nous allons faire, par voie satellitaire, au mois de mai. Et au mois de septembre-octobre, nous allons le recensement pilote en prenant quelques échantillons au niveau du pays», a expliqué Célestin Vunabandi.

 

Le ministre a indiqué que cette opération qui intervient 29 ans après coûtera 130 millions de dollars américains et bénéficiera de l’appui des partenaires du gouvernement dont la Monusco.

 

Le ministre du Plan a exprimé le souci du gouvernement de mettre l’année 2013 à profit pour pacifier l’Est du pays afin que ce recensement soit généralisé sur toute l’étendue du pays.

 

Le gouvernement s’est engagé, par le décret no 09/32 du 8 août 2009, à organiser le deuxième recensement général de la population et de l’habitat afin de disposer des données de population à une échelle géographique réduite qui sont nécessaires pour la conception, le pilotage et l’évaluation des programmes de développement. En novembre 2012, les députés nationaux avaient assisté, à l’Assemblée nationale, à une journée parlementaire sur le recensement général de la population.

 

Devant l’Assemblée nationale, le professeur Dénis Nzita, coordonnateur national du  bureau central du recensement, a soutenu qu’un nouveau recensement de la population congolaise est nécessaire pour actualiser certaines données démographiques nécessaires à toute planification du développement.

 

«Quelle est la proportion des personnes qui vivent dans des maisons en matériaux durables et quelles sont les personnes qui vivent encore dans des maisons en paille ? Où sont les personnes qui n’ont pas accès aux infrastructures de santé, d’éducation, d’accès à l’eau potable et à l’électricité ?», s’était-il interrogé pour illustrer le manque de statistiques sûres.

 

Le recensement général de la population permettra également à l’Etat de disposer des statistiques fiables et actualisées de toutes les entités politico-administratives du pays.

 

Les statistiques disponibles dans ce domaine datent du dernier et unique recensement scientifique de juillet 1984.

RDC: reprise des combats entre factions de la rébellion du M23

JeuneAfrique

Après une semaine de trêve, les combats ont repris le 9 mars dans l’Est de la République démocratique du Congo entre deux factions rivales des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), a-t-on appris auprès de la branche fidèle au général Sultani Makenga.

Le 27 février, les pro-Makenga ont destitué le président politique du M23, Jean-Marie Runiga, l’accusant notamment de soutenir le général mutin Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

« Ce matin, vers 05h00 (03h00 GMT), les hommes du général Ntaganda et de Runiga, conduites par le colonel Ngaruye Baudouin, sont venues attaquer la base militaire de Rumangabo », a déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole militaire de la branche du M23 pro-Makenga. Rumangabo est située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Goma, la capitale de la province riche et instable du Nord-Kivu. « Nous avons repoussé l’ennemi et nous sommes en train de continuer à les poursuivre avec la dernière énergie (…) en direction de Kibumba », a-t-il ajouté. 

>> Lire aussi : « RDC-M23 : Jean-Marie Runiga, entre la bible et le kalachnikov

Kibumba, ville-frontière avec le Rwanda, est située à une vingtaine de kilomètres au Nord de Goma. Elle est le nouveau fief de Jean-Marie Runiga et la localité d’où le M23, alors soudé, avait lancé une offensive contre l’armée qui s’était soldée par l’occupation de Goma fin novembre.

Dans une déclaration à l’AFP, Jean-Marie Runiga a nié s’être allié au général Ntaganda et a accusé en retour le général Makenga d’avoir fait « défection » et d’avoir « reçu l’argent » du chef de l’État congolais Joseph Kabila pour « torpiller » les pourparlers de paix de Kampala.

Depuis la signature le 24 février d’un accord-cadre de l’ONU pour la pacification de l’Est congolais, signé par onze pays africains, des combats meurtriers ont opposé les deux factions du M23, qui se partagent des zones adossées au Rwanda et à l’Ouganda voisins.

Des experts de l’ONU accusent ces deux voisins de la RDC de soutenir la rébellion, que l’armée congolaise combat depuis près d’un an au Nord-Kivu – des accusations que Kigali et Kampala démentent. Depuis décembre, des pourparlers de paix se tiennent à Kampala, en Ouganda, mais avancent laborieusement. Jeudi, la branche pro-Makenga a désigné Bertrand Bisimwa comme nouveau président du M23.

Le 7 mars, la branche pro-Makenga a désigné Bertrand Bisimwa comme nouveau président du M23.

Lire l’article sur Jeuneafrique.com : RDC : reprise des combats entre factions de la rébellion du M23 | Jeuneafrique.com – le premier site d’information et d’actualité sur l’Afrique

Kitchanga (Nord Kivu) ville martyre

Kitchanga, ville martyre

Une semaine après que onze pays africains aient, sous l’égide de l’ONU, signé un accord-cadre censé ramener la paix dans l’Est du Congo, les cris de détresse des habitants de Kitchanga et les témoignages des humanitaires démentent cruellement l’optimisme des diplomates. A Kitchanga, localité du Nord Kivu, située dans le territoire du Masisi à 80km de Goma, les cadavres jonchent les rues, des dizaines de maisons ont été brûlées, le siège de Médecins sans Frontières-Hollande a été attaqué, l’hôpital Saint Benoît a été pris sous le feu de salves d’obus. Selon des témoignages recueillis par téléphone, des blessés ont été arrachés de leur lit d’hôpital et achevés, des civils ont été massacrés du seul fait de leur appartenance ethnique. Le Comité international de la Croix Rouge, peu prolixe d’ordinaire, assure que parmi les nombreux morts et blessés, militaires et civils, il y a de très jeunes enfants. Il juge la situation « dramatique », car « Kitshanga offre une véritable scène de désolation et notre équipe sur place est sous le choc ». Le chef de la délégation du CICR au Congo a ajouté que la présence en ville de combattants incontrôlés rendait la situation plus préoccupante encore. Plus de 100.000 personnes auraient fui la zone et de nombreux blessés ont été acheminés sur Goma.
Quelle sont les séquences de cette explosion de violence ? Pour les comprendre, il faut savoir que Kitchanga est une localité assez étendue, jouxtant à la fois le territoire du Masisi et celui de Rutshuru, ce dernier ayant été le bastion des rebelles tutsis du M23. La population de Kitchanga est mélangée : y vivent côte à côte des Hutus congolais (régulièrement soupçonnés de sympathiser avec leurs « cousins » hutus rwandais) des Hunde (Congolais autochtones) et aussi des Tutsis congolais ainsi que des réfugiés originaires du Rwanda. Plusieurs groupes armés sont issus de ces groupes ethniques : les « Mai Mai Nyatura »recrutent parmi les Hutus, l’ACPLS (Alliance pour un Congo libre et souverain) assure représenter les Hunde, l’ethnie majoritaire dans la région. Quant au M23, un mouvement politico-militaire tutsi soutenu par Kigali qui contrôlait la zone depuis le printemps 2012 et combattait les Hutus rwandais des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) il vient de se diviser en deux ailes qui se sont affrontées militairement : l’une est dirigée par le général Bosco Ntaganda (recherché par la justice internationale) et l’autre par le colonel Sultani Makenga. Ce dernier, qui a destitué le chef politique du mouvement, jean-Marie Runiga, serait entré en pourparlers directs (et secrets) avec le président Kabila afin de négocier d’ici le 15 mars sa réintégration au sein de l’armée gouvernementale.
Dans un premier temps, les forces gouvernementales, après avoir permis le déploiement dans la ville de combattants hutus FDLR, avaient repris le contrôle de Kitchanga. Elles y avaient trouvé des groupes de miliciens Nyatura et ACPLS qui attendaient d’être intégrés au sein de l’armée régulière. Des observateurs décrivaient alors la situation comme un baril de poudre, car face aux miliciens hutus et hunde, les officiers gouvernementaux étaient des Tutsis, appartenant au 812e régiment., des hommes issus de l’ex CNDP, fidèles à Laurent Nkunda. A la tête des troupes se trouvait un officier tutsi lui aussi, le colonel Mudahunga, ancien rebelle réintégré en 2009 et qui était demeuré dans l’armée gouvernementale. La baril de poudre ne tarda pas à exploser, les combattants (Hunde) de l’ACPLS, dirigés par le colonel Janvier Buingo Karairi, entamant des combats avec un régiment considéré comme « pro rwandais ».
Dans un premier temps, s’étant trouvée à court de munitions, l’armée régulière dut reculer et laisser Kitchanga aux mains de l’ACPLS, ce qui entraîna la fuite de nombreux civils rwandophones. Lorsque la contre-offensive reprit, lundi dernier, elle fut sans merci : hôpitaux bombardés, maisons détruites. A l’issue de combats extrêmements violents, l’ACPLS finit par être repoussée à 6 km de la localité tandis que les civils tentaient de s’abriter dans les églises, les écoles, les familles d’accueil.
Depuis lors, le régiment qui pourrait être accusé de crimes de guerre à l’encontre des civils a été remplacé par d’autres unités, la Monusco assure qu’elle a prêté son concours à l’armée congolaise pour empêcher la progression des miliciens, qu’elle a fait usage d’hélicoptères de combat et que des civils en fuite ou grièvement blessés ont été accueillis dans les bases des Casques bleus. MSF-Hollande déclare cependant avoir de « gros soucis » par rapport à la santé des civils regroupés à la paroisse Saint Benoît et dans la base de la Monusco.

Sit-in pour la restauration d’une paix durable en RD Congo devant l’Union Européenne.

Cheikfitanews

Mardi 5 mars 2013 de 11h00 à 13h00, le « Réseau Paix pour le Congo (Italie) », le Forum des Associations congolaises de l’Etranger « FACE », et John Mpaliza, grand militant pour la paix en RD Congo, ont fait un sit-in, devant l’Union Européenne à Bruxelles.

L’action visait à dénoncer le silence de l’Union Européenne face au drame que vivent des millions de congolais à l’est du pays.

Pour John Mpaliza et les autres Congolais venus avec lui d’Italie, les raisons de cette guerre sont connues: c’est d’une part les visées expansionnistes du régime de Paul Kagame du Rwanda, et d’autre part la complicité des multinationales avides du coltan exploité illégalement en RD Congo, coltan utilisé ensuite dans la fabrication des téléphones portables.

Malheureusement, des millions de personnes possèdent des téléphones portables sans savoir qu’ils ont entre leurs mains un téléphone dans lequel il y a du coltan de sang.

Le monde doit savoir cela, l’Union Européenne doit davantage s’impliquer pour le retour à la paix en RD Congo, le régime de monsieur Paul Kagame doit être obligé à se démocratiser.

John Mpaliza un des initiateurs de la manifestation avait effectué en septembre 2012 une marche de 1600 km entre l’Italie et Bruxelles pour sensibiliser le monde sur la situation dramatique que vivent les populations congolaises.

Cheik FITA

Bruxelles, le 7 mars 2013

 

Nord-Kivu : la société civile appelle les deux factions du M23 à arrêter les combats | Radio Okapi

Radio Okapi.

Les rebelles du M23

La société civile du Nord-Kivu appelle les deux factions du M23 à mettre fin aux affrontements qui les opposent depuis le samedi 9 mars dans la matinée et aux violences contre les civils. Son porte-parole, Omar Kavota, a prévenu les responsables de cette rébellion « qu’à la suite de ces atrocités imposées aux victimes innocentes, la justice les attend ».

« Nous voudrions demander au M23 d’arrêter cette mascarade en simulant des affrontements inutiles qui font des victimes dans la population », a déclaré Omar Kavota, dimanche 10 mars. Le porte-parole de la société civile du Nord-Kivu a également appelé le Conseil de sécurité des Nations unies « à envoyer d’urgence cette brigade d’intervention devant traquer les forces négatives au Nord-Kivu pour qu’elle trouve le M23 dans cette flagrance ».

En présentant son rapport spécial sur la RDC et les Grands Lacs, le 5 mars dernier, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait appelé le Conseil de sécurité à autoriser le déploiement d’une brigade internationale d’intervention en République démocratique du Congo (RDC). Cette brigade serait chargée de mener des « opérations offensives contre tous les groupes armés qui menacent la paix dans l’est » du pays, et de « fournir à la brigade l’appui politique nécessaire ».

Selon Omar Kavota, les derniers affrontements entre les deux factions du M23 ont fait au moins une dizaine de morts et neuf blessés côté civil. Mais il a dit craindre que les combats de dimanche n’aient alourdi ce bilan.

Trafic Goma-Rutshuru interrompu

La reprise des combats entre les rebelles du M23 a obligé les transporteurs qui exploitent la route Goma-Rutshuru à interrompre le trafic.

Les opérateurs économiques de Goma craignent que cette situation n’ait de graves conséquences sur l’économie de la province.

« Il n’y a aucun véhicule qui peut quitter Goma pour Rutshuru. Tous les passagers sont à Goma dans nos parkings », raconte l’un d’eux qui dit attendre voir des véhicules venir de Rutshuru [zone occupée par les rebelles du M23] avant d’y envoyer ses camions. « Notre vie dépend de ce trafic », affirme-t-il.

Les affrontements entre les deux factions du Mouvement du 23 mars (M23) ont repris le samedi 9 mars sur les collines surplombant Rugari, localité située à plus de 30 kilomètres au Nord de Goma (Nord-Kivu).

Après plusieurs heures d’accalmie, les deux parties ont repris les combats le dimanche 10 mars dans la matinée vers le petit parc de Kibumba.

Chacune de deux forces revendiquent des victoires sur l’adversaire. Vianney  Kazarama, porte-parole des hommes fidèles à Makenga, assure que les éléments de Bosco Ntanganda, l’autre faction, ont perdu certaines positions qu’il tenait jusque là.

De son côté, Seraphin Mirindi, porte-parole du groupe de Bosco Ntanganda qualifie ces allégations de « tapages inutiles » et affirme que son camp n’a perdu aucune de ses positions.

Les dissensions au sein du M23 sont apparues à la fin du mois de février. Deux camps s’opposent: celui de Sultani Makenga, chef militaire du M23 et Bosco Ntaganda, parrain de cette rébellion et ancien chef militaire de l’ex-rébellion du CNDP dont est issu le M23.

Le 28 février, Sultani Makenga a destitué Jean-Marie Runiga de ses fonctions de coordonnateur politique de ce mouvement rebelle et a nommé à sa place Bertrand Bisimwa. Le chef militaire du M23 a accusé notamment Jean-Marie Runiga de se rallier à Bosco Ntaganda.

Déploiement d’une brigade d’intervention de l’ONU en RDC

Déploiement d’une brigade d’intervention de l’ONU en RDC:Plaidoyer de Ban Ki Moon et appel de la RDC à « un mandat plus robuste » de la MONUSCO.

 

Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a appelé, mardi dans son rapport spécial sur la RDC et la région des Grands Lacs, le Conseil de sécurité à autoriser le déploiement d’une brigade internationale d’intervention en République démocratique du Congo (RDC) en vue  de mener des « opérations offensives contre tous les groupes armés qui menacent la paix dans l’est » de ce pays, et de « fournir à  cette brigade l’appui politique nécessaire ».

 

 

« La situation sécuritaire en RDC  demeure fragile et exige des actions urgentes », a déclaré Ban Ki-Moon tout en affirmant que cette brigade d’intervention, relevant de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), et dont l’établissement avait été demandé par les acteurs régionaux, devra « contenir la progression des groupes armés tant congolais qu’étrangers, les neutraliser, et les désarmer ».

 

Des consultations avec les actuels pays contributeurs de contingents de la Monusco et avec des contributeurs potentiels de la brigade internationale ont déjà pris fin et on attend que  le feu vert du  Conseil  pour un  déploiement rapide  de cette force, a encore dit  Ban Ki-Moon  qui a également  profité de l’occasion pour annoncer la  nomination d’un envoyé spécial pour la région des Grands Lacs. Ce dernier travaillera en étroite collaboration avec les gouvernements des États de la région pour accompagner la mise en œuvre des mesures prévues aux niveaux national et régional.

 

Deux initiatives salvatrices

 

L’ambassadeur de la RDC à l’ONU, M. Ignace Gata Mavita, a expliqué, de son côté, que son pays plaçait « beaucoup d’espoirs » dans les deux initiatives qui découlent de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région, signé le 24 février à Addis-Abeba, « à savoir l’ajoute de drones aux capacités de surveillance de la Monusco ainsi qu’une brigade d’intervention dont le mandat serait beaucoup plus robuste que les mandats traditionnels de maintien de la paix de l’ONU ».

 

L’accord-cadre de paix d’Addis-Abeba a été signé, dimanche 24 février, par onze pays africains sous l’égide de l’ONU.

 

Tenant compte de la « fragilité de la situation sur le terrain et de l’urgence », le représentant congolais a demandé aux membres du Conseil de sécurité de « prendre rapidement une résolution autorisant le changement du mandat de la Monusco » pour en faire un « mandat beaucoup plus robuste ».

 

Il a aussi demandé au conseil d’autoriser le déploiement rapide de la brigade d’intervention pour « éradiquer les forces négatives, dont le M23, et aider à assurer une surveillance accrue des frontières orientales de la RDC ».

 

Par ailleurs, M. Gata Mavita a, invité  les États de la région à exécuter de bonne foi les engagements auxquels ils ont librement souscrit.

« En RDC, des milliers de personnes continuent chaque jour d’être victimes de la guerre.  Avec plus ou moins 8 millions de personnes tuées en 15 ans de guerres successives, les massacres des civils de mon pays présentent l’un des tableaux les plus sombres que l’humanité ait jamais connu depuis la seconde Guerre mondiale », a-t-il conclu.