LE MOUVEMENT DU 23 MARS (M23): APPUI DU RÉGIME RWANDAIS, INEFFICACITÉ DE LA DIPLOMATIE, ÉCHEC DES OPÉRATIONS MILITAIRES ET COMPLICITÉ DE PERSONNALITÉS POLITIQUES
SOMMAIRE
1. INTRODUCTION
a. Accords de cessez-le-feu et processus de paix de Nairobi et de Luanda: une longue série d’échecs
b. Passivité de la force militaire régionale de l’EAC et complicité de personnalités politiques
2. LE M23/RDF A OCCUPÉ DES NOUVELLES LOCALITÉS
3. LES INITIATIVES DIPLOMATIQUE DU PROCESSUS DE PAIX
4. LE FAUX RETRAIT DU M23 DE QUELQUES LOCALITÉS
5. L’ARRESTATION DU DÉPUTÉ ÉDOUARD MWANGACHUCHU
1. INTRODUCTION
a. Accords de cessez-le-feu et processus de paix de Nairobi et de Luanda: une longue série d’échecs
Les combats se poursuivent dans l’Est du Congo entre les rebelles du M23 et l’armée congolaise, malgré un nouveau cessez-le-feu annoncé à Luanda début mars. La faiblesse de son armée oblige Kinshasa à sous-traiter sa sécurité et sa diplomatie.
Le sixième accord de cessez-le-feu, signé le 3 mars et censé entrer en vigueur le 7 mars entre le M23 et l’armée congolaise, n’a jamais été respecté. Les combats se sont poursuivis dans le Masisi, autour de la ville de Sake, dernier verrou d’accès à la capitale provinciale, Goma. Encore une fois, l’armée congolaise et les rebelles du M23 se sont accusés mutuellement d’avoir violé le plan de paix négocié à Luanda. Pourtant, dans son rôle de médiateur, l’Angola avait tout fait pour tenter de faire aboutir un énième cessez-le-feu. Peine perdue. Le rapport de force, très défavorable à Kinshasa sur le terrain militaire, pousse le M23 à acculer le gouvernement à se mettre à la table des négociations, ce que refuse toujours l’exécutif congolais.
L’apathie de la force régionale kényane de l’EAC, qui n’a pas levé le petit doigt pour affronter le M23, a fini par convaincre les rebelles qu’ils pouvaient encore accentuer la pression militaire sur les autorités congolaises en continuant d’avancer sur Goma. Si la prise de la capitale régionale de 2 millions d’habitants par le M23 et son parrain rwandais semble être un objectif diplomatiquement trop risqué, l’encerclement de la ville par l’Ouest et son asphyxie économique pourrait être tout aussi payant. Le non-respect du cessez-le-feu et la poursuite des combats autour de Goma n’est donc pas vraiment une surprise.
A Luanda, le 3 mars, outre un cessez-le-feu, qui n’a jamais été appliqué, le président angolais avait réussi faire accepter un plan de retrait du M23. Le calendrier, très souple, lui laisse jusqu’à fin mars pour libérer les zones occupées et se retirer vers ses positions initiales, à la frontière ougandaise. Sur ce point, un communiqué du M23 a annoncé le 12 mars son intention de se retirer de Karuba, Muremure, Nyamitima, Nkingo, Kagano et Kihuli. Cependant, il faut ici rappeler que, début 2023 déjà, les rebelles avaient annoncé leur retrait de Kibumba et Rumangabo, dans le Nyiragongo. Un départ relatif, puisque très étrangement, ces positions font de nouveau partie des zones à libérer d’ici le 30 mars. La force de l’EAC, qui se renforce bien timidement de Burundais et d’Angolais doit occuper le terrain laissé par le M23, se transformant en une simple force tampon, très contestée par la population locale qui dénonce un risque de « balkanisation » de la région.
Impuissante militairement face au M23, Kinshasa attend des solutions de la part de la communauté d’Afrique de l’Est, qu’elle voudrait plus offensive face aux rebelles. Elle attend aussi que l’ONU et la communauté internationale imposent des fortes sanctions contre Kigali, pour l’obliger à mettre fin à son soutien au M23 et à mettre ainsi fin à la progression du M23.
Militairement, le M23 reste toujours le maître des horloges, laissant Kinshasa chercher ses soutiens à l’extérieur, sans grand succès pour le moment. Face à l’extrême faiblesse de son armée, les autorités congolaises ont sous-traité leur sécurité à l’EAC, dont le Rwanda (soutien du M23) et l’Ouganda (accusé d’avoir facilité l’accès au sol congolais aux rebelles), font ironiquement partie. Sur le plan diplomatique, c’est également l’EAC qui a la main sur la pacification de l’Est congolais, avec le président angolais Lourenço à la manoeuvre.
La France, comme les Nations unies, dont une délégation du Conseil de sécurité était au Congo jusqu’à ce dimanche, ont rappelé que Kinshasa ne pouvait pas tout attendre de l’extérieur. L’ambassadeur de France à l’ONU, Nicolas de Rivière, a été très clair: «Ne vous attendez pas que les Nations-Unies règlent les choses de manière magique et instantanée à la place des autorités congolaises». Et de rappeler, ce qui est une évidence bien peu populaire au Congo: «La sortie de ce conflit ne peut être que politique et ne peut se faire que par des négociations».[1]
Jusqu’à présent, la voie politique s’est concrétisée dans les deux initiatives de paix de Nairobi (Kenya) et de Luanda (Angola). La première a visé les groupes armés en général, en vue de leur adhésion au nouveau programme de désarmement et de réinsertion sociale, mais le M23 en a été exclu par le gouvernement congolais, le considérant comme un groupe terroriste. La deuxième est plutôt une tentative de médiation entre les gouvernements congolais et rwandais sur la question du M23. Les résultats de ces deux initiatives semblent plutôt décevants. En effet, il ne suffit pas d’exhorter à cesser tout soutien militaire et logistique aux groupes armés, y compris le M23, ni de fixer des dates pour un cessez-le-feu et un retrait des troupes, car normalement elles ne sont jamais respectées.
Il s’agit plutôt de proposer un « programme de désarmement et de réinsertion sociale » crédible et attractif, capable d’offrir aux membres des groupes armés, y compris le M23, une vraie alternative de vie: cessation effective des hostilités, retour des déplacés dans leurs villages d’origine, coexistence pacifique entre les différentes ethnies, accès équitable au pouvoir et aux terres, formation professionnelle, création d’emploi, participation active à la vie politique démocratique du pays et respect des droits de l’homme, sans toutefois oublier les exigences de la justice vis-à-vis de ceux qui ont mandaté ou commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité et sans hésiter à imposer des sanctions adéquates aux chefs des groupes armés qui n’acceptent pas de déposer les armes et aux personnalités et régimes qui continuent à les financer et à leur fournir des armes, des munitions et des troupes.
b. Passivité de la force militaire régionale de l’EAC et complicité de personnalités politiques
Malgré les nombreux appels au cessez-le-feu et au retrait de ses troupes vers ses positions initiales, le Mouvement du 23 mars (M23) a poursuivi les hostilités et, dans le territoire de Masisi, a réussi à occuper des nouvelles localités, dont Mushaki (24 février), Rubaya (26 février), puis reconquis par l’armée congolaise deux jours plus tard (28 février), Mweso (27 février), Kibirizi (4 mars) et Karuba (7 mars).
L’avancée du M23 a été possible non seulement à cause de l’insuffisance de l’armée congolaise et du soutien (en armes, troupes et logistique) reçu de l’armée rwandaise, dont on a déjà beaucoup parlé et écrit, mais aussi à cause de l’absence d’une offensive militaire par les troupes de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et de la Mission de l’ONU au Congo (MONUSCO), pourtant présentes sur le territoire.
Quant à la force militaire régionale de l’EAC, elle avait été constituée avec un mandat «offensif» auquel faire recours dans le cas où certains groupes armés auraient refusé d’adhérer au programme de désarmement et de réinsertion sociale. Cependant, jusqu’à présent, elle n’est jamais intervenue aux côtés de l’armée congolaise pour combattre les groupes armés récalcitrants, dont le M23. Sa passivité est certainement due au fait que l’EAC regroupe des pays souvent en conflit avec la RDC: le Rwanda, qui a toujours soutenu le M23, et l’Ouganda, qui semble avoir facilité le passage du M23 sur son territoire, à l’occasion de l’occupation. de Bunagana par le M23. Il est donc difficile de penser qu’une institution régionale telle que l’EAC puisse intervenir contre les intérêts des pays membres. Cette passivité de la force régionale de l’EAC a fait comprendre au M23 qu’il pouvait poursuivre les hostilités contre l’armée congolaise, sans être aucunement dérangé par la présence de la force militaire régionale. C’est ainsi que le M23 a pu avancer jusqu’aux portes de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Par ailleurs, après la découverte d’une cache d’armes, probablement destinées au M23, dans une propriété d’Édouard Mwangachuchu, député national et propriétaire d’une société minière, son arrestation a mis en exergue un quatrième élément qui a favorisé l’avancée du ‘M23: le lien étroit entre politique, économie et violence. Le cas d’Édouard Mwangachuchu ne serait pas un cas isolé: au sein des institutions politiques, militaires, administratives et économiques de la RDC il y aurait d’autres cas similaires à celui de Mwangachuchu, comme l’avait révélé le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso quand, il y a quelques mois, s’adressant aux députés, il les exhortait à « sortir des groupes armés ». La complicité de personnalités politiques, militaires, administratives et du monde des affaires avec des chefs de groupes armés locaux, pour des raisons politiques (accès au pouvoir) et économiques (commerce illégal de minerais) est un élément qui contribue à la poursuite du conflit. Il faudrait donc:
– Identifier les personnalités politiques, militaires, administratives et commerciales complices des groupes armés en général et du M23 en particulier et les traduire en justice.
– Passer d’une « économie de guerre » monopolisée par les groupes armés à une « économie sociale » dans laquelle la population locale puisse tirer profit des ressources naturelles dont le sol et sous-sol sont très riches.
2. LE M23/RDF A CONTINUÉ À AVANCER ET À OCCUPER DES NOUVELLES LOCALITÉS
Malgré les multiples appels au cessez-le-feu immédiat et au retrait vers sa position initiale, le M23 continue les attaques, en violation des résolutions issues de différentes rencontres entre les Chefs d’Etats de la région, tenues notamment, à Loanda (Angola), Nairobi (Kenya), Bujumbura (Burundi) et Addis-Abeba (Éthiopie).
Depuis mi février, des agents percepteurs de taxes par le compte du Mouvement du 23 mars (M23) appuyé par l’armée rwandaise circulent de porte à porte dans plusieurs agglomérations du territoire de Rutshuru, pour un payement mensuel de 1000 franc congolais, l’équivalent de 0.5$. Après paiement, un jeton cacheté leur est remis. D’autres agents au service du M23 circulent maison par maison pour chercher des infractions. Ils vérifient l’état des toilettes, douches, poubelles, étalages, dans le seul but de soutirer l’argent aux paisibles citoyens. Les revendeurs des unités de télécommunication payent 5 $ le mois par cabine, tandis que les boutiques payent 108.000 FC. À Kalengera sur le tronçon Goma-Rutshuru, une moto transportant un colis doit payer 5 $.[2]
Le 20 février, des violents combats ont opposé les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et le Mouvement du 23 mars (M23) appuyé par l’armée rwandaise (RDF) sur l’axe Kitshanga-Mwesso, dans le territoire de Masisi, à plus de 80 kilomètres au Nord-Ouest de Goma. Le M23 aurait attaqué quatre positions des FARDC à Kyahemba, Butchalwichi, Kihusha et Lubula.[3]
Le 22 février, des violents affrontements se sont poursuivis entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et le Mouvement du 23 mars (M23), appuyé par le Rwanda. Le front est localisé près de la colline Kagoma, vers les villages Malehe et Ruvunda, dans le groupement Kamuronza, en territoire de Masisi. Des sources affirment que le M23 viserait la localité de Mushake qui donne la voie sur Sake, située à 27 km au nord Ouest de Goma, chef-lieu de la Province du Nord Kivu.[4]
Le 23 février, le M23 a occupé les localités de Kyekire et Kirumbu, dans la profondeur du groupement Bashali Mokoto, à l’ouest de Kitshanga, autour de la localité de Mwesso.[5]
Le 24 février, dans la matinée et à l’issue de plus de 48 heures de combats. le M23 a occupé la localité de Mushaki, située à 15 kilomètres à l’ouest de Saké et à 30 km de la ville de Goma, chef-lieu du Nord Kivu. Le M23 poursuit aussi ses attaques, soit en direction de Karuba, soit en direction de la colline de Malehe, surplombant la cité de Sake.[6]
Le 25 février, les affrontements entre les FARDC et le M23, appuyé par le Rwanda, se sont poursuivis vers Matanda, près du carré minier de Rubaya, dans le territoire de Masisi.
Une accalmie a été observée à Kishishe, dans la chefferie de Bwito (territoire de Rutshuru), après d’intenses combats ayant opposé, les deux derniers jours, les FARDC et le M23. L’armée a réussi à repousser les combattants du M23 qui tentaient de traverser la rivière Rwindi, en vue de rejoindre leurs compagnons d’armes dans le territoire de Masisi.[7]
Le 26 février, le M23 a pris le contrôle des villages Busumba, Gashungo et Rugongwe, à moins de 10 kilomètres de Mwesso, en territoire de Masisi. Selon des sources sur place, l’armée tient encore ses positions à Mwongozi et à Mwesso. Plus au sud, du coté Nord-Ouest de Mushaki, le M23 s’est emparé de la cité minière de Rubaya. Située à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Goma. Rubaya était dans le viseur du M23 depuis longtemps. On y exploite le coltan (colombo-tantalite), la tourmaline, le manganèse, le cassitérite et d’autres minéraux. Sur l’axe Sake-Mushaki, des affrontements sont signalés dans la localité de Malehe, groupement Kamuronza à moins de 10 KM de Sake.[8]
Le 27 février, dans l’après-midi, dans le territoire de Masisi, le M23 s’est emparé de la cité de Mweso, à 15 km de Kitshanga et à une centaine de km au nord de Goma. [9]
Le 28 février, le M23 devait cesser les hostilités et débuter son retrait des zones occupées mais, sur le terrain, c’est tout le contraire qui s’observe. En effet, au lieu de quitter les espaces occupés, le M23 et l’armée rwandaise multiplient plutôt leurs attaques, en vue de l’occupation de nouvelles entités. La réunion des chefs d’état-major des forces de défense de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), tenue à Nairobi le 9 février, avait décidé que le retrait du M23 s’échelonnerait sur une période de 30 jours à partir du 28 février. Réitérant cette recommandation, les chefs d’Etat des pays membres de l’EAC avaient appelé, le 17 février, à un « retrait de tous les groupes armés » avant le 30 mars.[10]
Le 28 février, les FARDC ont repris le contrôle de la cite minière de Rubaya, en territoire de Masisi, après des combats avec le M23. Elles ont également délogé ces rebelles des localités de Karuba et de Misekera, prês de Mushaki, à 13 km de Sake. en territoire de Masisi.
Une accalmie a été, cependant, observée à Mushaki, Kitshanga et Mweso, des entités encore sous occupation du M23, dans le territoire de Masisi.
Pour l’instant, seul l’axe Minova (Sud-Kivu) reste ouvert pour approvisionner la ville de Goma, le chef-lieu de la province du Nord Kivu, les axes Rutshuru-Kanyabayonga, Sake-Kitshanga et Sake-Masisi-centre étant déjà coupés par le M23.[11]
Du 28 février au 3 mars, une délégation du M23 s’est rendue à Loanda (Angola) sur invitation du Président Joao Lourenço, chargé par les Chefs d’États de l’EAC de maintenir les contacts avec le M23. Sur le terrain des combats, on a observé une relative accalmie.
Le 5 mars, après une période d’une certaine accalmie, les combats ont repris entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23 dans le territoire de Masisi. Le M23 a attaqué les positions de l’armée sur au moins trois fronts aux environs de Sake, à une trentaine de kilomètres de Goma: à Kingi sur l’axe Sake-Kirolirwe-Kitshanga, à Malehe et Neenero sur l’axe Sake-Mushaki et à Karuba sur l’axe Sake-Ngungu.
Plus au nord, sur l’axe Kitshanga-Mwesso-Pinga, après la prise de Mwesso, le M23 a déjà avancé jusqu’à Kashuga et d’autres villages environnants dans le groupement de Bashali Mukoto. Cette reprise des combats intervient alors que le M23 s’était engagé, le 3 mars, à cesser les hostilités, dès le mardi 7 mars à partir de 12 heures.[12]
Le 6 mars, autour de 14h00, le M23 appuyé par le Rwanda a pris le contrôle de Kibirizi, localité située au sud-ouest de Rwindi, en groupement Mutanda, en chefferie de Bwito. Ils sont entrés à pied. Il n’y a pas eu de combats, ayant les FARDC replié vers Rwindi (17 km de Kibirizi).[13]
Le 7 mars, malgré la déclaration d’une cessation des hostilités émise par le M23 depuis la mi-journée, le M23 a reconquis la localité de Karuba, un centre important d’approvisionnement en produits agricoles, situé à une quinzaine de kilomètres au Nord de Sake et à une trentaine de km à l’ouest de la capitale provinciale Goma.[14]
Le 8 mars, un jour après la date annoncée par le M23 pour observer un cessez-le feu, des violents combats ont opposé les FARDC aux rebelles du M23/RDF, sur les collines surplombant le village Kirotshe, territoire de Masisi, à environ 10 KM à l’ouest de Sake. L’objectif du M23 serait de couper la route Sake-Minova à partir de Kirotshe, la seule voie qui reste pour approvisionner Goma en vivres et autres produits. D’autres accrochages sont signalés sur l’axe Mabenga-Rwindi, sur le front Nord (territoire de Rutshuru).[15]
3. LES INITIATIVES DIPLOMATIQUES DU PROCESSUS DE PAIX
Le 22 février, dans un communiqué du Département américain, les États-Unis ont exhorté à la mise en œuvre rapide des résolutions du dernier mini – sommet de l’EAC du 17 février 2023 et celles de Luanda signées en novembre de l’année dernière: «Nous réitérons notre appel au Rwanda à cesser de soutenir le groupe armé du M23 et de retirer ses troupes de la RDC, afin de faciliter la mise en œuvre des engagements pris, conformément au calendrier approuvé lors du mini-sommet de l’EAC du 17 février». Les États-Unis ont également affirmé se joindre au Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine, pour exprimer leur préoccupation face à la dégradation de la situation humanitaire et condamner les violations des droits de l’Homme commises par les groupes armés dont, en particulier, le M23, les ADF, la CODECO et les FDLR. Selon le communiqué, «les États-Unis exigent que tous les groupes armés cessent les hostilités et qu’ils se retirent, sans condition. des zones sous leur influence».[16]
Le 25 février, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et chef du bureau des Nations Unies en Afrique centrale, Abou Abah, a déclaré que «la résolution du conflit dans l’Est de la RDC passe par une solution politique». Il a tenu ces propos à l’ouverture de la XXIIe session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la communauté économique des États de l’Afrique centrale, (CEEAC) à Kinshasa.
Abou Abah a réitéré l’appel des Nations Unies à la cessation de tout soutien extérieur aux groupes armés y compris le M23 et au retrait de celui-ci des positions occupées: «Les Nations Unies qui soutiennent les initiatives de paix de Nairobi et de Luanda en vue de l’instauration d’une paix définitive et durable dans l’est de la RDC demandent la fin de toute forme des violences perpétrées par les groupes armés actifs dans la région, appellent à leur désarmement, au retrait du M23 des zones occupées, et à la fin de tout soutien extérieur aux acteurs armés non-étatiques y compris le M23, conformément à la résolution 2666 des Nations Unies, et aussi nous saluons le communiqué du conseil de paix et de sécurité de l’union africaine adopté le 17 février 2023 et qui exige je cite : que tous les groupes armés et particulièrement le M23 ainsi que les ADF et les FDLR cessent immédiatement les hostilités et se retirent sans conditions de l’est de la RDC».[17]
Le 3 mars, dans un communiqué, le Président angolais et président en exercice de la Conférence internationale pour la région des Grands lacs (CIRGL), Joao Lourenço, a déclaré que la délégation du M23, en séjour à Luanda depuis le 28 février, s’est engagée à cesser les hostilités dans toute la région orientale de la République démocratique du Congo à partir de mardi 7 mars à 12 heures.
Il sied de rappeler que, lors du Mini-sommet sur la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs, tenu à Addis-Abeba, en Éthiopie, le 17 février 2023, les chefs d’État et de gouvernement de l’EAC avaient mandaté le Président angolais pour maintenir le contact avec la direction du M23.[18]
Le 5 mars, un contingent d’une centaine de militaires burundais est arrivé à Goma (Nord-Kivu) dans le cadre de la force régionale de l’EAC. Il sera déployé à Sake, Kirolirwe et Kitchanga, dans le territoire de Masisi, pour s’assurer de la mise en application de la feuille de route signée à Addis-Abeba le 17 février.[19]
Le 6 mars, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté le M23 à respecter le cessez-le-feu, afin de créer les conditions nécessaires à son retrait total et effectif de toutes les zones occupées à l’est de la République démocratique du Congo, conformément aux décisions du mini-sommet de Luanda tenu le 23 novembre 2022. Le chef de l’ONU s’est félicité de l’initiative récente du Président de l’Angola, João Lourenço, qui a abouti à l’annonce du respect par le Mouvement du 23 mars (M23) d’un cessez-le-feu à partir du 7 mars. Le Secrétaire général a condamné toute violence contre les civils et a renouvelé son appel à tous les groupes armés congolais et étrangers à déposer les armes et à désarmer sans condition. Il a aussi demandé à toutes les parties au conflit d’assurer un accès humanitaire immédiat et sans entrave à la population touchée, de garantir la protection des civils, de respecter le droit international humanitaire et de s’abstenir de tout discours de haine et d’incitation à la violence.[20]
Le 7 mars, dans un communiqué, la direction du Mouvement du 23 mars (M23) a déclaré «un cessez-le-feu effectif qui entre en vigueur le mardi 7 mars 2023, à 12h00 heure de Bunagana, afin d’ouvrir la voie au dialogue direct avec le Gouvernement de Kinshasa. Le M23 réitère son engagement à résoudre pacifiquement le conflit en cours dans l’Est de la RDC, mais se réserve également le plein droit de se défendre une fois attaqué». Selon le communiqué, cette annonce de cessez-le-feu fait suite aux résultats des consultations entre le M23 et le Président João Manuel Gonçalves Lourenço, tenues à Luanda, Angola, et aux décisions prises lors de différents Sommets Régionaux tenus à Bujumbura, Nairobi et Addis-Abeba.[21]
Le 10 mars, l’Ambassadeur des Etats-Unis en RDC a condamné l’attitude expansionniste du M23 qui, au lieu d’amorcer le retrait de ses troupes des zones occupées, continue les combats près de Sake, dans le territoire de Masisi.[22]
Le 11 mars, une délégation du Conseil de Sécurité des Nations-Unies s’est rendue à Goma, deuxième étape de sa mission après Kinshasa, pour évaluer, avec les autorités locales dont le gouverneur militaire Constant Ndima, la situation sécuritaire et humanitaire dans la Province du Nord-Kivu qui ne cesse de se détériorer, à la suite de l’activisme des groupes armés locaux et étrangers. Selon Nicolas de Rivière, ambassadeur de la France au Conseil de sécurité des Nations unies, le gouvernement congolais doit assumer sa responsabilité, l’ONU ne vient qu’en aide: «Protéger l’intégrité territoriale de la RDC incombe au gouvernement congolais et à son armée. N’attendez pas des Nations-Unies qu’elles règlent les choses de manière magique et de manière instantanée à la place des autorités congolaises». Il a affirmé que «il n’y a plus à démontrer que le Rwanda soutient le M23 et que des éléments de l’armée régulière rwandaise font régulièrement des incursions dans la province congolaise du Nord-Kivu», en précisant que «cela est inacceptable et il faut que ça cesse, car la RDC est un pays souverain qui vit dans des frontières reconnues, ses frontières doivent être respectées, son intégrité territoriale aussi» et en ajoutant aussi que le M23 devait se retirer des territoires qu’il occupe. Pour lui, la voie militaire est insuffisante et seul un dialogue pourra résoudre ce conflit: «La sortie de ce conflit ne peut-être que politique et ne peut se faire que par des négociations».
L’ambassadeur du Gabon aux Nations Unies, Michel Xavier Biang, a déclaré que «le Conseil de sécurité a un large éventail d’outils pour ramener la paix et la sécurité. Les sanctions sont un de ces leviers, mais il n’y a pas que les sanctions. Il y a aussi la négociation, et la négociation est l’outil par excellence de la diplomatie et des Nations-Unies». Il a également souligné la dimension régionale des conflits en RDC. Selon lui, le retour de la paix en RDC nécessite l’engagement de l’ensemble de la région, en conformité avec l’accord cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et la Région des Grands Lacs Africains, signé à Addis-Abeba le 24 février 2013.
Selon cet accord, l’État congolais s’était engagé à réformer en profondeur le secteur de la sécurité, à consolider l’autorité de l’État dans les Provinces de l’Est du pays et à promouvoir la réforme des institutions du pays. Les pays de la région avaient souscrit à respecter la souveraineté et l’intégrité du pays et à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures, à ne pas tolérer ni fournir une assistance aux groupes armés, à renforcer la coopération régionale, à ne pas héberger ni fournir une protection à des personnes impliquées dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des actes de génocide ou des crimes d’agression et à faciliter l’administration de la justice grâce à la coopération judiciaire dans la région.[23]
Du 13 au 18 mars, à Bahreïn, capitale de Manama, a eu lieu la 146ème Session de l’Union Interparlementaire (UIP). Le chef de la délégation parlementaire congolaise, le député André Mbata, également vice-président de l’Assemblée nationale congolaise, a sollicité l’inscription de la situation sécuritaire dans la partie Est de la RDC à l’ordre du jour des travaux, en proposant aussi une résolution qui demande des sanctions contre le Rwanda, à cause de son appui au M23. Cette motion a recueilli 88 votes favorables contre 705 votes défavorables et 700 abstentions. Selon André Mbata, l’adoption de la Résolution aurait été un geste de «solidarité» vis-à-vis du peuple congolais «agressé par le Rwanda». A cette accusation de Mbata, Nyirasafari Espérance, vice-président du Sénat rwandais, a répliqué en soutenant: «Permettez-moi de vous rappeler que plus de 120 groupes armés opèrent en RDC. Le gouvernement de la RDC doit s’approprier pleinement ses problèmes internes au lieu de faire du Rwanda son bouc-émissaire».[24]
Le 17 mars, le Parlement angolais a approuvé l’envoi, pour douze mois, d’un contingent d’environ 500 soldats en République démocratique du Congo (RDC), pour sécuriser les zones où sont censés être cantonnés les combattants du M23, après leur retrait des zones par eux occupées.[25]
4. LE FAUX RETRAIT DU M23 DE QUELQUES LOCALITÉS
Le 13 mars, dans le territoire de Masisi, on a remarqué une certaine accalmie sur les différentes lignes de front. Dans la chefferie des Bashali, les M23 ont quitté la localité de Mweso, aussitôt occupée par des Maï-Maï et des Nyatura. Les M23 seraient partis à Kitshanga, alors que d’autres éléments seraient encore positionnés à Muongozi, Busumba et Kirumbu, aux alentours de Mweso. Autour de Sake, les M23 ont quitté les villages de Muremure, Nkingo, Kagano et Kihuli.[26]
Le 14 mars, les M23 se sont retirés de quelques positions qu’ils occupaient autour de la cité de Kitshanga, territoire de Masisi. Cependant, ils sont toujours présents dans la cité de Kitshanga.
Toujours dans le Masisi, le M23 a quitté quelques collines autour de Sake. Il s’agit entre autres, de Ngingwe, Neenero et Malehe. Ils ont pris la direction de Kilolirwe, en passant par Kabati. Cependant, ils sont toujours présents à Karuba et à Mushaki.
Du côté de Rutshuru, les M23 ont quitté Kibirizi, dans la chefferie de Bwito. L’armée en a pris le contrôle, mais on y trouverait aussi des combattants Maï-Maï.
Les vrais motifs de ce retrait ne sont pas encore connus. Ces quelques mouvements de retrait sont interprétés très prudemment par les habitants, échaudés par de précédentes annonces de retraits sans aucun effet concret.
Des habitants de cette partie du pays «redoutent une stratégie des rebelles pour renforcer leurs positions dans le parc des Virunga, autour de Goma et Sake pour des prochains assauts».
«C’est un faux retrait», a déclaré Jean-Claude Bambaze, président de la société civile de Rutshuru. Selon lui, le M23 organise la relève de certains de ses hommes « fatigués », par de nouvelles recrues, tandis que « le gros de ses troupes » se prépare à de nouvelles attaques.
Entre temps, la force régionale de l’EAC n’a pas encore communiqué sur le programme de son déploiement dans ces zones où les rebelles se retirent.[27]
Le 16 mars, des sources locales ont affirmé avoir constaté, depuis le 13 mars, un retour timide des populations déplacées dans certains villages abandonnés par le M23, soit dans le territoire de Rutshuru que dans celui de Masisi. Toutefois, selon les mêmes sources, ces populations sont victimes des tracasseries des groupes armés locaux qui ont occupé ces villages. Il s’agit notamment de localités de Mutanda, de Birundule et de Kirima, dans la chefferie de Bwito, récupérées par les FARDC, mais on y signale aussi la présence des groupes armés Mai-Mai et Nyatura. Ces miliciens armés se livrent à des actes d’extorsions, d’arrestations arbitraires et font payer des taxes illégales aux populations civiles. D’après des sources locales, ces groupes armés arrêtent certains civils qu’ils accusent d’avoir collaboré avec les M23 pendant leur occupation.[28]
Le 17 mars, des troupes de l’Armée burundaise membres de la Force militaire régionale de l’EAC se sont déployées dans le territoire de Masisi, particulièrement à Mushaki, Matanda et Kirolirwe, pour superviser le retrait du M23, ouvrir la route principale d’approvisionnement Sake-Kirolirwe-Kitchanga, sécuriser les populations et permettre une plus libre circulation des personnes et des biens. D’autres troupes burundaises étaient déjà positionnées à Sake, à une trentaine de kilomètres de Goma.[29]
Le 17 mars, lors du conseil des ministres, le ministre de la défense a évoqué le retrait du M23/RDF de Kibirizi et d’autres localités situées entre Mushaki, Mweso et Sake, en vue de se concentrer sur les axes Kitshanga, Tongo et Kibumba. Dans leur désengagement progressif, les M23/RDF se renforcent et emportent des jeunes gens en vue de les soumettre à une formation militaire forcée à Chanzu.[30]
Le 17 mars, le gouverneur du Nord-Kivu, lieutenant-général Constant Ndima, a accusé le M23 d’une nouvelle violation du cessez-le-feu, pour avoir attaqué, dans la matinée, les positions de l’armée à Mpati, à Kabaya, à Nyabibwe, à Kadirisha, à Rubare et à Nyamuzimu, dans le territoire de Masisi. Dans la foulée, le gouvernement provincial appelle la communauté internationale et les différentes organisations de la sous-région dont l’East African Community/RF, le Mécanisme Conjoint de Vérification Élargie ainsi que le Mécanisme Ad hoc de vérification de se saisir d’urgence de cette énième attaque, dans le but de tirer toutes les conséquences.[31]
Le 22 mars, la force militaire régionale de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC) a affirmé que le M23 s’est retiré de Karuba, Mushaki, Neenero, Kirolirwe, Kibirizi et Mweso. Elle a parlé «d’une étape importante qui a été franchie». Les soldats burundais, eux, disent avoir le contrôle de plusieurs entités comme Karuba, Mushaki et Kirolirwe. Après le déploiement des troupes burundaises dans la zone et ses alentours, on constate aussi que la population civile retourne progressivement à Sake, à environ 27 km de Goma. D’autre part, certains déplacés hésitent encore à le faire, surtout aux alentours de la cité de Sake. A Kimoka, Kingi et Murambi, par exemple, les retours sont timides. Par ailleurs, les activités ont repris sur la route Sake-Kitshanga et Sake-Masisi. La société civile locale dénonce cependant une double taxation imposée aux véhicules et motos, d’un côté par l’administration officielle et de l’autre par le M23: 400 dollars par camion et 10 dollars ou 5 pour les motos, selon que l’on transporte des individus ou des marchandises.[32]
Le 24 mars, dans un communiqué, le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu, a affirmé que, si le M23 appuyé par l’armée rwandaise cède ces dernières semaines plusieurs localités du territoire de Masisi à la force militaire régionale de la Communauté des États d’Afrique de l’Est, toutefois il renforce ses positions dans d’autres localités du même territoire de Masisi, dans le Nyiragongo et dans le Rutshuru, notamment à Kishishe, Bambo, Karega et Kibumba. Selon ce communiqué, «les retraits annoncés avec pompe par la coalition M23/RDF ne constituent en réalité qu’une diversion (…) En effet, ils refusent de se retirer de Kichanga, en subordonnant leur retrait de cette ville à une négociation préalable avec le gouvernement».[33]
5. L’ARRESTATION DU DÉPUTÉ ÉDOUARD MWANGACHUCHU
Le 3 mars, le député national Édouard Mwangachuchu, élu pour le territoire de Masisi, a été mis aux arrêts par la Justice congolaise. La Haute Cour Militaire a ouvert contre lui un procès en procédure de flagrance, après la découverte, le 1er mars dernier, à son domicile, situé dans la commune de Gombe à Kinshasa, d’effets militaires, dont des armes, munitions, Motorola, clés USB, ordinateurs etc. Le ministère public a retenu des lourdes charges contre ce député, notamment; détention illégale d’armes, atteinte à la sûreté de l’État, participation à un mouvement insurrectionnel et à une association de malfaiteurs.
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux après la prise de la cité minière de Rubaya, le 26 février, par le M23, une force locale d’autodéfense avait affirmé avoir découvert, dans une concession du député près de Rubaya, dans le territoire de Masisi, une cache d’armes, probablement destinées au M23.
Né en septembre 1953, Édouard Mwangachuchu a été cadre du RCD, puis président du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), une milice armée muée en 2009 en parti politique. Il a été plusieurs fois accusé d’entretenir une milice privée, qui aurait contribué à fomenter l’insécurité dans le Masisi, son fief électoral.
Patron de la Société Minière de Bisunzu (SMB), il est impliqué dans l’exploitation et le commerce des minerais 3 T sur fond de superposition des titres de la SMB sur ceux de la Société Aurifère de Maniema (SAKIMA). En effet, selon un article de Zoom Éco, le périmètre PE 4731 (36 carrés miniers) attribué à la SMB et sur lequel cette dernière exerce ses activités minières, résulte de l’amputation, en 2000, lors de la rébellion du RCD/Goma, dont Edouard Mwangachuchu fut haut cadre, de la concession de la SAKIMA, ainsi réduite à 324 carrés, bien qu’il n’y ait jamais eu cession par SAKIMA d’une partie de son patrimoine. Depuis des années, Édouard Mwangachuchu est suspecté d’alimenter des rébellions avec les fonds provenant de la Société Minière de Bisungu, dont il est le patron.[34]
[1] Cf Christophe Rigaud – Afrikarabia.com, 12.03.’23 http://afrikarabia.com/wordpress/rdc-echec-du-cessez-le-feu-et-diplomatie-en-panne/
[2] Cf Congovirtuel.com, 22.02.’23
[3] Cf Radio Okapi, 20.02.’23
[4] Cf Jonathan Kombi – Actualité.cd, 22.02.’23
[5] Cf Radio Okapi, 24.02.’23
[6] Cf Radio Okapi, 24.02.’23
[7] Cf Jonathan Kombi – Actualité.cd, 25.02.’23
[8] Cf Radio Okapi, 26.02.’23
[9] Cf Jonathan Kombi – Actualité.cd, 28.02.’23
[10] Cf Radio Okapi, 28.02.’23
[11] Cf Radio Okapi, 01.03.’23; Jonathan Kombi – Actualité.cd, 01.03.’23
[12] Cf Radio Okapi, 05.03.’23
[13] Cf Claude Sengenya – Actualité.cd, 06.03.’23
[14] Cf Radio Okapi, 07.03.’23
[15] Cf Radio Okapi, 08.03.’23
[16] Cf Monge Junior Diama – Politico.cd, 23.02.’23
[17] Cf Radio Okapi, 25.02.’23
[18] Cf Radio Okapi, 04.03.’23
[19] Cf Yvonne Kapinga – Actualité.cd, 06.03.’23
[20] Cf Radio Okapi, 06.03.’23
[21] Cf Actualité.cd, 07.03.’23
[22] Cf Actualité.cd, 10.03.’23
[23] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 12 et 13.03.’23 ; AFP – Actualité.cd, 13.03.’23
[24] Cf 7sur7.cd, 13.03.’23; Laurent Omba – Info.cd, 19.03.’23
[25] Cf AFP – Actualité.cd, 17.03.’23
[26] Cf Radio Okapi, 13.03.’23
[27] Cf Radio Okapi, 14.03.’23
[28] Cf Radio Okapi, 16.03.’23
[29] Cf Actualité.cd, 18.03.’23
[30] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 18.03.’23
[31] Cf Glody Murhabazi et Patient Lukusa – 7sur7.cd, 19.03.’23
[32] Cf Actualité.cd, 23.03.’23
[33] Cf Glody Murhabazi – 7sur7.cd, 24.03.’23
[34] Cf Carmel Ndeo – Politico.cd, 06.03.’23