SOMMAIRE
1. L’ACTUELLE SITUATION DES ECOLES PRIMAIRES ET SECONDAIRES
2. LA TABLE RONDE SUR L’OPÉRATIONNALISATION DE LA GRATUITÉ DE L’ENSEIGNEMENT DE BASE
3. LA SUPPRESSION DE TOUS LES FRAIS DE SCOLARITE DANS LES ECOLES PRIMAIRES PUBLIQUES
1. L’ACTUELLE SITUATION DES ECOLES PRIMAIRES ET SECONDAIRES
Promesse de campagne du président Félix Tshisekedi, la gratuité de l’école primaire devrait entrer en vigueur le 2 septembre 2019, pour permettre aux Congolais les moins fortunés d’offrir à leurs enfants un enseignement jusque-là inaccessible.
Ce sont en effet les parents qui paient les fournitures scolaires et une partie du salaire des enseignants. « En principe, nous touchons à peine 100 000 francs congolais (l’équivalent de 60 dollars) en plus d’une prime d’encouragement de 20 dollars tout au plus. Soit 80 dollars par mois (72 € NDLR) », témoigne un enseignant d’une école primaire.
L’éducation est inabordable pour beaucoup dans un pays où le PIB moyen par habitant est de 495 dollars par an (l’équivalent de 448 €), soit 1,35 dollar par jour.
Selon les derniers chiffres du gouvernement qui datent de 2014, l’État « dépense environ 57 dollars par an pour chaque élève de primaire. En guise de comparaison, le Cap Vert dépense environ 1 157 dollars par tête chaque année», souligne Nicole Bella, statisticienne en charge de l’analyse des politiques éducatives à l’Unesco. À ce propos, l’analyse de la société civile sur le projet de Loi de finances 2019 renseigne que sur 25 millions d’enfants à l’âge de scolarisation, la RD Congo investi par élève 38,7 USD par an. Par contre en Angola, le budget investi à chaque élève par an est de 690,7 USD; le Congo Brazzaville est à 334,60 USD.[1]
Avec un Budget de 5,9 milliards USD en 2019, les dépenses de l’enseignement primaire et secondaire sont évaluées à 692,9 millions USD (11,74 % du Budget total) et représentent 71,24% de l’ensemble du budget alloué à l’enseignement national (972.627.737 USD). 80% des allocations budgétaires de l’EPSP sont affectés à la rémunération du personnel administratif et enseignant.
Une étude menée par l’Observatoire de la Dépense Publique sur les dépenses des secteurs sociaux de 2012-2016, démontre que l’exécution du budget de l’EPSP reste marquée par une prépondérance des dépenses de la rémunération (90%) et un faible taux d’exécution des dépenses d’investissement. Cette tendance s’est confirmée en 2017 et 2018.
A ces jours, environs 140.269 enseignants attendent la mécanisation et réclament le paiement de 100 USD pour un huissier. Il faudra aussi noter que la stratégie sectorielle de l’éducation et de la formation 2016-2025 prévoit la construction de 1.000 écoles par ans. Les différents budgets proposés chaque année ne couvrent que les dépenses d’environ 400 écoles par an.
Depuis désormais 26 ans, par manque des moyens et de volonté politique pour la prise en charge des enseignants par l’Etat, les parents ont assuré le paiement d’une contribution volontaire, pour améliorer tant soit peu, leurs maigres salaires perçus des caisses de l’Etat. Selon une étude de l’Observatoire de la Dépense Publique, «en 2018, l’apport des parents a été évalué 16.329.057,93 USD dans la ville de Kinshasa; 8.852.186,8 USD dans la province de l’Equateur et 11.382633,3 USD au Kasaï central». Cette contribution des parents a été utilisée pour la motivation des enseignants, le fonctionnement des écoles, l’organisation des épreuves de fins d’année, notamment l’examen d’Etat et le TENAFEP.
Le faible financement de l’éducation affecterait la qualité de l’enseignement. On note la corruption dans le système éducatif (élèves, parents, inspecteurs, enseignants, etc.), l’absence de qualification du personnel enseignant, le phénomène 100% des réussites pour le diplôme d’Etat; la multiplicité des frais conduisant les familles pauvres à ne pas envoyer leurs enfants à l’école.
Selon certains observateurs, au regard de ce qui précède, il est trop tôt pour le Chef de l’Etat d’envisager la gratuité de l’enseignement primaire et secondaire sur toute l’étendue du territoire national en 2020. Personne n’y croit. Beaucoup reste à faire, notamment des mesures claires tendant à une meilleure mobilisation des recettes publiques.[2]
À Kinshasa, les parents ont reçu pendant les vacances scolaires une demande d’acompte allant de 100 000 à 150 000 francs congolais (62,5 à 90 dollars) pour inscrire leur enfant à l’école primaire du quartier résidentiel de la Gombe, a constaté l’AFP. Le montant total des frais scolaires demandés s’élève à 220 000 FC (137,5 dollars).
«La RDC reste l’un des pays avec le plus grand nombre d’enfants non scolarisés», notait en mai le Partenariat mondial de l’éducation (PME). «On estime que 3,5 millions, soit 26,7 % des enfants en âge de fréquenter le primaire, ne sont pas scolarisés», ajoute cette structure d’aide à l’éducation dans les pays pauvres. La RDC a tout de même progressé, avec 70% d’élèves achevant le primaire en 2014 contre 29% en 2002, d’après le PME.[3]
Selon Jacques Tati Mvmwakupemba, président de la Fédération Nationale des Enseignants et Éducateurs Sociaux du Congo, «il y a des établissements scolaires qui existent dans les fardes des politiciens. Il y a des écoles que certaines églises ont créé pour nourrir les pasteurs. Il faut qu’on puisse vérifier le statut des différentes écoles qui doivent bénéficier de la gratuité de l’enseignement de base, même des écoles conventionnées, qui sont des écoles de l’Etat qui a cédé leur gestion aux confessions religieuses. L’Etat n’a que 10% des écoles qui lui appartiennent, 80 % sont des écoles conventionnées et 10% des écoles privées qui n’existent que dans les villes et non dans les villages».[4]
En 2018, le budget global de l’éducation était à 15,7 %. Il comprenait quatre secteurs: l’enseignement primaire, secondaire et technique, enseignement supérieur et universitaire, le ministère des affaires sociale avec l’enseignement non formelle, ainsi que le ministère de formation professionnelle. En 2019, le budget de l’éducation de base est de 0,58% sur les 17,80% prévu dans le budget global de l’éducation.[5]
Sur l’ensemble des dépenses de 692,9 millions USD du budget alloué au Ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel (EPSP) pour l’an 2019, 80% des allocations budgétaires de l’EPSP ont été affectés à la rémunération du personnel administratif et enseignant.
Le Budget 2019 de 692,9 millions USD alloué au Ministère de l’EPSP a prévu la mécanisation de 8.300 enseignants sur 140 269, le financement de 2,8 millions USD pour la formation de 560.000 enseignants, soit 5,1 USD par enseignant; 28,6 millions USD pour le fonctionnement de 2.406 bureaux gestionnaires et de 27.696 écoles primaires, soit 951,4 USD par école, alors qu’il y en a 51.574. Toutefois, ce budget 2019 ne prend pas en compte la prise en charge de la gratuité de l’enseignement de base pour les quatre premiers mois de l’année scolaire, soit de septembre à décembre 2019.[6]
Les données de la Direction de la préparation et de suivi du budget renseignent que le Trésor public a dépensé 620.163.043.528 Franc congolais / FC (371,55 millions USD au taux budgétaire moyen annuel révisé de 1.669 francs congolais le dollar américain) “pour l’enseignement primaire et secondaire, au 31 août 2019.
Comparées aux prévisions linéaires estimées à 801.673.708.995 FC (480.331.761 $), ces dépenses de l’enseignement primaire et secondaire dégagent un taux d’exécution de 77,35%.
Ces dépenses concernent:
– les rémunérations du personnel 542.897.083.887 FC (325.282.854 $),
– les biens et matériels 1.522.325.275 FC (912.118 $);
– les dépenses de Prestations 7.857.606.196 FC (4.707.073 $);
– les transferts et interventions de l’Etat 8.651.294.292 FC (5.183.520 $);
– les équipements 22.069.273.216 FC (13.223.052 $); ainsi que
– les constructions, réfection, réhabilitation, addition d’ouvrage 37.165.460.662 FC (22.268.101 $).
Les crédits budgétaires annuels alloués à l’enseignement primaire et secondaire sont de l’ordre de 1.202.510.563.493 FC (720,49 millions USD) représentant 12,51% du budget 2019 évalué à 9.604 890 657 337 FC (5.754.877.566 $).[7]
2. LA TABLE RONDE SUR L’OPÉRATIONNALISATION DE LA GRATUITÉ DE L’ENSEIGNEMENT DE BASE
Le 21 août, au cours d’une conférence de presse, le ministre intérimaire de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel, Emery Okundji a annoncé l’organisation d’une table ronde sur la gratuité de l’enseignement de base, qui aura lieu à Kinshasa du 22 au 24 août. L’objectif de cette table ronde est d’examiner les modalités pratiques qui permettent la mise en œuvre effective de cette gratuité. À signaler que l’article 43 de la constitution pose clairement le principe de la gratuité de l’enseignement de base.[8]
Le 24 août, les participants à la table ronde sur l’opérationnalisation de la gratuité de l’enseignement de base ont recommandé la prise en charge de tous les enseignants concernés par le secteur de l’enseignement public. Ils ont également suggéré l’amélioration des salaires de tous les enseignants, l’octroi d’une prime de diplôme aux enseignants pédagogues et d’une prime de technicité aux enseignants des écoles techniques et professionnelles. Ils ont aussi suggéré la valorisation de la prime d’itinérance pour les inspecteurs et la restauration d’une prime des brousses au profit des enseignants des milieux ruraux. Ils ont recommandé la création d’une «taxe de solidarité» sur les ressources naturelles (cobalt, cuivre, coltan, bois, …) pour augmenter le financement interne de l’éducation et diminuer la pression sur les ménages. Enfin, ils ont demandé au gouvernement d’obliger les écoles à rembourser immédiatement les frais de scolarité payés comme acomptes et autres frais perçus auprès des élèves dans les établissements concernés par la gratuité de l’enseignement de base.[9]
Selon le rapport des experts qui ont participé à la table ronde de Kinshasa, «le coût global de la gratuité de l’enseignement de base pour l’année budgétaire 2020 est estimé à 4 225,346 milliards de francs congolais (2,64 milliards de dollars)». À elle seule, cette somme représente 44, 75 % du budget de l’État pour l’année 2019 en cours, chiffré à un peu moins de six milliards de dollars (5.900.000.000 de $) pour 80 millions d’habitants.
À ce propos, selon les Objectifs de Développement Durable, pour assurer la gratuité de l’enseignement, le Gouvernement congolais doit chercher environ 2,9 milliards USD par an. Un prélèvement de 1,6 milliards, soit 54%, doit être affectés à l’enseignement de base.[10]
3. LA SUPPRESSION DE TOUS LES FRAIS DE SCOLARITE DANS LES ECOLES PRIMAIRES PUBLIQUES
Le 21 août, au cours d’une conférence de presse, le ministre intérimaire de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel, Emery Okundji, a annoncé la suppression de tous les frais de scolarité dans les écoles primaires publiques. D’après le ministre intérimaire de l’EPSP, les frais supprimés sont les frais de minerval, de fonctionnement, des épreuves, des bulletins scolaires, de l’assurance et de l’identification des élèves. Ces frais seront alloués mensuellement aux écoles par l’État. Pour les établissements qui ont déjà perçus certains frais supprimés, le ministre Emery Okundji leur a demandé de les restituer aux parents des élèves. Il a promis des sanctions exemplaires vis-à-vis de ceux qui ne vont pas respecter toutes ces décisions.
Le ministre Emery Okundji a également donné quelques détails sur la mise en œuvre de cette réforme: «Il n’y aura plus de frais de scolarité ni de motivation des enseignants. Les parents doivent savoir que c’est le gouvernement qui va prendre en charge l’entièreté du fonctionnement des écoles primaires publiques».[11]
Selon certains observateurs, au niveau des écoles primaires publiques, les frais de scolarité supprimés représentent 7.600 FC, soit 4,6 USD par élève sur un coût global de 158.650 FC ou 91,1 USD. Au niveau des écoles conventionnées, certaines d’entre elles perçoivent annuellement jusqu’à 422 USD par élève. Selon Jean Pierre Wafwana, directeur adjoint de la communication du président de la République, dans le contexte actuel, la suppression de ces frais coûtera à l’État 28 millions de dollars américains par mois. Sur une année ça fera 336 millions $. C’est l’Etat qui prendra totalement en charge ce coût.[12]
Le 27 août, dans un courrier adressé aux directeurs provinciaux du sous-secteur de l’éducation, le Secrétaire général à l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel (EPSP), Jean-Marie Mangobe Bomungo, a annoncé que le gouvernement de la RDC s’est engagé à payer le premier palier des salaires réajustés des enseignants dès le mois d’octobre 2019 et que les deuxième et troisième paliers seront payés dans le cadre de la loi des finances de l’exercice 2020.
Il a précisé que seuls 15.000 enseignants sur 132.614 non payés seront pris en charge dès le mois d’octobre 2019. Cependant, le budget 2019 prévoyait déjà 5 millions de dollars américains pour la prise en charge de 8.838 enseignants, dont 5.000 à mécaniser sur fonds propre et 3.200 dans le cadre du projet d’amélioration de la qualité de l’éducation (PAQUES) pour les provinces de l’Equateur et le Kasaï. Cela suppose qu’un effectif supplémentaire de 6.162 seulement a été ajouté par le Ministère de l’EPSP, alors que le premier palier en prévoyait 105.000.
Par ailleurs, le courrier annonce d’autres modalités quant à l’application de la gratuité de l’enseignement de base, notamment : la paie au premier palier de salaires ajustés des enseignants des établissements publics d’enseignement, dès la paie du mois d’octobre 2019 ; le paiement des indemnités de logement et de transport aux enseignants de la ville de Kinshasa et des chefs-lieux des provinces, dès la paie du mois d’Août 2019 ; l’allocation des frais de fonctionnement ajoutés aux établissements publics d’enseignement primaire et aux bureaux gestionnaires, dès la paie du mois d’octobre 2019 ; la suppression de frais d’organisation de Test national de fin d’études Primaires (TENAFEP) et leur prise en charge totale par le trésor public; et le paiement dans deuxième et troisième paliers dans le cadre de la Loi de finances 2020.
Dans le même courrier, le Secrétaire Général à l’EPSP, Jean-Marie Mangobe Bomungo, renseigne que la gratuité de l’enseignement de base ne concerne que les établissements publics d’enseignements «budgétisés». Sur 51.574 écoles publiques recensées par le Ministère de l’EPSP, 30.773 seulement sont budgétisées. Ce qui laisse à croire que 20.801 établissements publics vont encore attendre la matérialisation de la gratuité de l’enseignement de base.
Par ailleurs, le secrétariat général de l’EPSP rappelle l’interdiction de transformer les écoles en maison d’approvisionnement et de vente des fournitures et articles scolaires (uniformes, écussons, journaux de classe, cahiers, cravates, etc.).[13]
Le 10 septembre, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a annoncé que les dépenses de l’éducation passeront de 8% à près de 20% dans le nouveau budget pour l’année 2020. La session parlementaire du mois de septembre, essentiellement budgétaire, devrait apporter plus de lumière. Lors du séminaire d’orientation budgétaire organisé au début du mois d’août 2019 pour l’exercice budgétaire 2020, le Ministère du Budget avait présenté un budget en recette de l’ordre de 10.284,8 milliards des FC, soit 6,2 milliards USD et en dépense de l’ordre de 15.153,4 milliards des FC, soit 9,1 milliards de dollars US.[14]
Le 11 septembre, le Gouvernement a annoncé que, dès ce mois de septembre, il va décaisser l’enveloppe nécessaire à la paie des enseignants et au fonctionnement des écoles publiques. L’annonce a été faite à l’issue d’une séance de travail entre le premier ministre Ilunga Ilukamba, le ministre d’Etat à l’EPST, Willy Bakonga ainsi que le vice-premier ministre en charge du Budget, Mayo Mambeke, le ministre des finances, Sélé Yalaghuli, le gouverneur de la banque centrale du Congo, Deogratias Mutombo et la directrice de la paie. Aucun mot en revanche sur le volume de l’enveloppe allouée ni sur le salaire moyen de chaque enseignant. Certains enseignants disent ne pas croire aux déclarations du Gouvernement qui « n’a ni planifié cette mesure ni prévu son financement». Les syndicats campent sur leurs revendications qui n’ont pas été jusque-là prises en compte par le gouvernement: un salaire compris entre 375 dollars et 900 pour un enseignant du primaire.
Sur le plan financier, pour rendre effective la gratuité de l’enseignement primaire de l’année scolaire 2019 – 2020 dès le mois de septembre 2019, il faut trouver environ 2,6 milliards USD, pour payer le salaire de 542.834 enseignants et le fonctionnement de 51.574 écoles publiques. Un effectif du personnel enseignant de 410.220 était déjà pris en charge par le trésor public. Le défi est de résorber le gap pour payer le salaire aux autres 132.614 enseignants restants. Il faudra aussi trouver l’argent pour assurer le fonctionnement régulier de 20.801 écoles publiques non prises en charge jusque-là par le trésor public.
L’Observatoire de la dépense publique (Odep) fait remarquer que ce réajustement intervient prématurément, car il n’est pas pris en compte par le budget général 2019. Pire pour l’Odep, la procédure enclenchée par le nouveau gouvernement n’est pas «légale», car «seul le Parlement est autorité budgétaire».[15]
Le 17 septembre, le nouveau ministre de l’EPSPT, Willy Bakonga, a précisé que, pour les quatre derniers mois de 2019 (dès septembre à décembre), les parents des élèves inscrits dans les classes de la 7ème et 8ème année (anciennement appelées 1ere et 2e secondaire) ne paieront pas les frais de motivation des enseignants, mais il devront payer les frais de scolarité qui seront fixés par les gouverneurs des provinces. Le ministre de l’EPSP a donc demandé aux responsables des écoles qui avaient perçu les frais de motivation auprès des parents de les rembourser sans tergiverser. Le ministre de l’EPST a fait savoir que la gratuité de l’enseignement de base pour les classes de la 7ème et de la 8ème année, sera complétée dans le cadre du budget du gouvernement pour l’exercice 2020.[16]
Le 19 septembre, le secrétaire général à l’Enseignement primaire, secondaire et technique, Jean-Marie Mangobe, a annoncé que la paie des enseignants du secteur public pour le mois de septembre a déjà commencé. Selon lui, cette paie sera faite en deux paliers car, quand le gouvernement a pris la décision de payer les avantages liés à la gratuité au mois de septembre au lieu d’octobre comme initialement prévu, la paie du mois de septembre était déjà lancée.
Selon le secrétaire Jean-Marie Mangobe, «il s’agit d’une paie particulière, parce qu’elle va être exécutée en deux temps. Le premier temps, c’est celui de la paie ordinaire du mois de septembre. Le deuxième temps, c’est celui d’une paie complémentaire liée aux avantages accordés aux enseignants dans le cadre de la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement pour le mois de septembre».[17]
Le 24 septembre, le gouvernement congolais a décidé un réajustement des salaire des enseignants. Ainsi chaque enseignant de l’école publique touchera un salaire de 410.284 FC, soit 245 $. Cette mesure concerne les 410.284 enseignants déjà inscrits dans la liste de payement. L’Etat congolais a aussi pris l’engagement de prendre en charge 34. 740 enseignants sur le stock de 132.613 enseignants non payés. Les indemnités de transport et de logement de l’enseignant ont été fixées à 41,9 $. Ainsi, une enveloppe mensuelle de 4,603 millions $ tout grade confondu, soit 13,811 millions USD sera débloquée d’octobre à décembre 2019.[18]
L’actuel gouvernement Ilunga a élaboré un plan budgétaire pour couvrir les indemnités de transport et de logement des enseignants. Ce planning prévoit un paiement au titre des indemnités de transport et de logement aux enseignants de 24 chefs-lieux des provinces. Il concerne 62.859 enseignants, pour un montant de 35.000 FC pour le logement et 35000 FC pour le transport soit 70.000 fc (41,9 USD). Ce qui fait un enveloppement de 2,636 millions USD le moi, soit 7,909 millions d’octobre à décembre 2019. Quant à la ville de Lubumbashi, il sera octroyé aux enseignants de la ville un montant de 70.000 FC comme frais de transport et 70.000 FC de logement pour un effectif de 7.472, soit une enveloppe mensuelle de 625.770 USD soit 1,880 millions USD d’octobre à décembre 2019. Pour la ville-province de Kinshasa, le transport et le logement seront payés à 44.889 enseignants. Ce qui va occasionner une dépense mensuelle de 3,765 millions USD soit 11,295 millions USD d’octobre à décembre 2019.
Cette rubrique d’indemnité de transport et de logement coûtera donc au trésor public d’octobre à décembre un montant d’environ 21,085 millions USD soit une dépense mensuelle de 7,028 millions USD pour lequel le financement est à rechercher.
Puisque le gouvernement précédent avait prévu un premier paiement au mois d’octobre 2019, un paiement additionnel sera fait pour le mois de septembre 2019.[19]
Le 24 septembre, le gouvernement congolais a fixé les frais de fonctionnement des écoles publiques à 50 $ par mois pour chaque établissement. Selon le rapport de l’examen de la mise en œuvre de la gratuité de l’éducation de base, l’Etat congolais va débourser mensuellement 2,693 millions au titre de frais de fonctionnement alloués aux 42.170 écoles primaires publiques et aux bureaux gestionnaires. Et ce, à raison de 45.000 FC par école primaire, soit 26,9 USD le mois.
Pour porter ce fonctionnement à 50 USD (82.500 FC) le mois en faveur des écoles primaires publiques, une enveloppe additionnelle de 37.500 FC (22,4U SD) sera payée à chaque école, soit 947.498 USD le mois et 2,842 millions pour 42.170 écoles primaires d’octobre à décembre 2019.[20]
Selon le scénario élaboré par la cellule budgétaire du Ministère de l’EPSP, la projection des dépenses pour la période de 2020-2022 est de 3,233 milliards USD soit 1,077 milliards USD par an. En ce qui concerne les épreuves, le Ministère prévoit de financer le déroulement de l’Examen National de Fin d’Étude Primaire (ENAFEP) à hauteur de 18 millions USD et l’organisation du Test National de sélection, et d’Orientation Scolaire Professionnelle pour les élèves de la 8ème année à hauteur de 22 millions USD. A cela il faut 113 millions USD pour le frais de fonctionnement de 51.574 écoles publiques, répertoriées par le Secrétariat Général à l’EPSP. Le Gouvernement prévoit de pouvoir résorber en trois ans l’effectif de 130.000 enseignants non payés. Selon le barème salarial de l’EPSP, le salaire d’un enseignant pourrait nager entre 250 à 450 dollars.[21]
Des nombreuses écoles ont remboursé les frais payés par les parents, en réponses aux instructions du Secrétaire Général à l’Enseignement Primaire, Secondaire et Techniques (EPST), Jean-Marie Mangobe Bomungo. Par manque d’allocation des frais de fonctionnement par l’Etat, d’autres écoles ont refusé d’obtempérer.
Contrairement à la mesure prise par le gouvernement pour la gratuite de l’enseignement de base, le Collège Notre-Dame du Congo exige aux parents d’élèves de la 7ème et de la 8ème année de verser les frais de scolarité. L’abbé recteur de cette école a dans un communiqué ce lundi 23 septembre sommé les parents à payer la première tranche de 300 $ avant le 30 décembre: «Pour terminer la première tranche de 300$, les parents qui ont déjà payé 110$ sont priés de compléter 190$ avant le 30 novembre 2019. Le reste des frais, c’est-à-dire 150$ seront payés au retour de congé de Noël », peut- on lire dans un communiqué adressé aux parents des élèves qui sont en 7e et 8e années».[22]
Le 25 septembre, à Bukavu (Sud Kivu), les enseignants des écoles privées conventionnées, notamment celles gérées par les confessions religieuses catholique et protestante, ont entamé un mouvement de grève. Ils exigent l’application des mesures d’accompagnement de la gratuité de l’enseignement. Pour le secrétaire provincial du Syndicat des enseignants catholiques au Sud-Kivu, Jacques Cirimwami, l’objectif n’est pas de faire pression sur les parents, mais bien sur l’État, qui n’a pas tenu ses engagements en cette fin de mois de septembre. Selon lui, «les enseignants ont été surpris en allant à la banque récupérer leur salaire. Ils n’ont reçu que ce qu’ils ont toujours reçu».
Les syndicalistes précisent que 13.000 enseignants n’étaient payés que par les primes versées par les parents et qu’en ce mois de septembre, ils n’ont donc touché aucun salaire. Du côté des parents, certains demandent aux enseignants de la patience et d’accorder plus de temps au gouvernement.[23]
[1] Cf Caroline Vinet – LaCroix.com, 30.08.’19 ; Valery M – Deskeco.com, 07.02.’19
[2] Cf Valery M – Deskeco.com, 07.02.’19
[3] Cf AFP – Jeune Afrique, 25.08.’19
[4] Cf Thérèse Ntumba – Actualité.cd, 24.08.’19
[5] Cf Actualité.cd, 10.09.’19
[6] Cf VM Goffman – Actualité.cd, 24.08.’19
[7] Cf Amédée MK – Actualité.cd, 21.09.’19
[8] Cf Radio Okapi, 21.08.’19
[9] Cf Actualité.cd, 24.08.’19
[10] Cf AFP – Jeune Afrique, 25.08.’19; Valery M – Deskeco.com, 07.02.’19
[11] Cf Radio Okapi, 21.08.’19 ; Ivan Kasongo – Actualité.cd, 22.08.’19; 7sur7.cd, 22.08.’19
[12] Cf VM Goffman – Actualité.cd, 22.08.’19
[13] Cf VM Goffman – Actualité.cd, 29.08.’19; Radio Okapi, 29.08.’19
[14] Cf Actualité.cd, 10.09.’19
[15] Cf Actualité.cd, 11.09.’19 ; RFI, 12.09.’19
[16] Cf Radio Okapi, 17.09.’19; Florent N’lunda N’silu – Le Potentiel – Kinshasa, 19.09.’19
[17] Cf Radio Okapi, 19.09.’19
[18] Cf Siméon Isako – Cas-info.ca, 24.09.’19 ; Ange Makadi Ngoy – 7sur7.cd, 24.09.’19
[19] Cf VM Goffman – Deskeco.com, 24.09.’19
[20] Cf VM Goffman – Deskeco.com, 24.09.’19
[21] Cf VM Goffman – Actualité.cd, 22.08.’19
[22] Cf Siméon Isako – Cas-info.ca, 23.09.’19
[23] Cf RFI, 27.09.’19