Congo Actualité n. 369

SOMMAIRE

ÉDITORIAL: UN DEUXIÈME « CANDIDAT COMMUN » DE L’OPPOSITION POUR LA PROCHAINE PRÉSIDENTIELLE
1. MESSAGE DE LA CONFERENCE ÉPISCOPALE NATIONALE DU CONGO (CENCO)
« Des élections crédibles pour une véritable alternance démocratique »
2. LE PROCESSUS ÉLECTORAL
a. Réception et déploiement du matériel électoral
b. Lancement de la campagne électorale
c. Les incertitudes qui persistent
3. L’OPPOSITION
a. La coalition « LAMUKA » (=Réveilles-toi)
– Après l’accord de Genève
– Le retour de Martin Fayulu à Kinshasa
b. Une nouvelle coalition dénommée « Cap pour le Changement »
– L’accord de Nairobi
– Le retour de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe à Kinshasa


ÉDITORIAL: UN DEUXIÈME « CANDIDAT COMMUN » DE L’OPPOSITION POUR LA PROCHAINE PRÉSIDENTIELLE

1. MESSAGE DE LA CONFERENCE ÉPISCOPALE NATIONALE DU CONGO (CENCO)

Des élections crédibles pour une véritable alternance démocratique

Les évêques, membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) se sont réunis en Assemblée Plénière extraordinaire à Kinshasa du 20 au 22 novembre 2018, pour une évaluation du processus électoral en cours. Voici quelques extraits de leur message final:
«I. CONSTATS
Nous constatons la détermination de plus en plus affichée du Gouvernement et de la CENI à tenir les élections le 23 décembre 2018, conformément au Calendrier électoral. Malgré les divergences de vue sur certains points importants du processus, tous les partis et regroupements politiques semblent résolus d’aller aux élections.
Alors que la campagne électorale a démarré, le manque de consensus persiste notamment sur l’utilisation ou non de la machine à voter et sur la fiabilité du fichier électoral.
Par ailleurs, d’autres compatriotes doutent encore de la possibilité d’organiser de bonnes élections.
L’Accord de la Saint-Sylvestre avait arrêté des mesures de décrispation du climat politique mais, jusqu’à présent, certains opposants politiques sont toujours soit en prison soit en exil.
La liberté de manifestation n’est pas encore un acquis pour tous et l’accès aux médias publics n’est pas équitable.
Contrairement aux dispositions légales, les Agents de la territoriale et les administratifs, des ministres aux chefs des villages, sont contraints de battre campagne pour une seule tendance politique; et les moyens de l’Etat sont réquisitionnés, et mis à la disposition d’une seule plateforme politique. Ce qui consacre l’inégalité des chances, inadmissible dans une compétition démocratique (cf. Loi électorale, art. 36).
Malgré l’arsenal militaire déployé, l’insécurité persiste dans certaines zones du Pays, entre autres le Nord et le Sud Kivu, l’Ituri et le Tanganyika.
A cela s’ajoute, d’un côté, l’épidémie d’Ebola dans le Territoire déjà sinistré de Beni et, de l’autre, l’arrivée massive de nos compatriotes expulsés violemment de  l’Angola dans les provinces de Kongo Central, Kasaï, Kasaï Central, Kwango et Lualaba.
Ce tableau nous permet-il d’aller aux élections sans que les résultats ne soient contestés? Le climat socio-politique actuel est-il de nature à nous amener aux élections inclusives où toutes les parties prenantes jouissent de l’égalité de chance et dont les résultats sont effectivement l’expression de la volonté du peuple?
Les élections ne sont pas une fin en soi. Elles ne nous seront utiles que si nous sommes conscients de ce qui doit être changé pour l’avènement d’un Congo plus beau qu’avant. Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est l’unité de notre pays, l’intégrité de notre territoire national, la justice, la paix et l’amélioration des conditions de vie de la population. C’est seulement par des élections transparentes que nous pourrons nous choisir des dirigeants responsables, à même d’assurer un nouveau mode de gouvernance de notre pays et de nous aider à construire un Etat de droit.
II. RECOMMANDATIONS
– AU PEUPLE CONGOLAIS
Aujourd’hui c’est le moment d’exercer notre droit de souverain primaire, en vue d’un nouveau leadership capable de mettre au centre de ses préoccupations le bien-être du Peuple congolais. L’heure est venue de procéder à un vote responsable, c’est-à-dire choisir des hommes et des femmes soucieux de défendre notre pays; de promouvoir le bien commun; de garantir les libertés fondamentales; de défendre les droits humains. Il nous faut des dirigeants qui respectent la loi fondamentale et la parole donnée; des personnes honnêtes et de bonne moralité qui ne s’approprient pas les ressources du pays. Attention aux corrompus et aux corrupteurs.
Nous vous prévenons contre les beaux parleurs et les vendeurs d’illusions qui font des promesses séduisantes qu’ils ne pourront pas tenir. Méfiez-vous surtout de ceux qui distribuent l’argent et d’autres multiples cadeaux pour acheter vos voix.
La Cenco ne soutient aucun candidat. Libres de toute contrainte, en âme et conscience, que chacun donne sa voix à la personne jugée digne de confiance pour le bien-être de tous. Demeurons vigilants pour ne pas nous faire voler notre vote. Ne cédons pas au tribalisme, au régionalisme, au favoritisme, à toute forme de clientélisme. Evitons la violence pour résoudre d’éventuels différends électoraux.
– A LA CENI
Puisqu’elle a la responsabilité d’organiser les élections, nous lui demandons de ne pas se lasser d’œuvrer pour chercher le consensus sur les points de divergence; de chercher à convaincre plutôt qu’à s’imposer.
Nous pensons qu’il est encore possible de trouver un consensus sur l’utilisation ou non de la machine à voter. Si l’usage de cette machine s’avérait inéluctable, nous demandons à la CENI de rassurer  le Peuple congolais que la machine ne sera exclusivement utilisée que pour l’identification des candidats et l’impression des bulletins de vote ; de procéder uniquement au comptage manuel des voix et d’afficher les procès-verbaux (PV) dans tous les bureaux de vote et de dépouillement le même jour.
Pour la crédibilité des élections, il lui incombe de faciliter les accréditations et le travail des témoins, des journalistes ainsi que des observateurs nationaux et internationaux, dans les bureaux de vote et les centres de compilation.
– AU GOUVERNEMENT
Nous ne nous lasserons pas d’exiger le parachèvement des mesures de décrispation politique telles que prévues dans l’Accord de la Saint-Sylvestre.
Pour des élections apaisées, il lui incombe de sécuriser davantage le Nord et le Sud Kivu, l’Ituri, le Tanganyika et toutes les zones où sévissent les groupes armés pour que la population puisse participer aux élections en toute quiétude.
Nous demandons de ne pas utiliser les Agents et les moyens de l’Etat pour la campagne d’un candidat, d’un parti ou d’une plateforme politique.
Il est impérieux de garantir la liberté d’expression et de lever l’interdiction de manifestations publiques.
Nous demandons une prise en charge digne et effective des expulsés d’Angola, des déplacés internes et des victimes de l’épidémie d’Ebola en veillant à ce que leur présence n’impacte pas négativement sur le scrutin.
AUX PARTIS ET REGROUPEMENTS POLITIQUES
Nous les exhortons à faire preuve de sens de responsabilité, en facilitant le consensus sur les points de divergence et en prenant au sérieux l’enregistrement, la formation et la prise en charge des témoins. Nous leur recommandons de dépasser l’esprit de positionnement personnel et de privilégier l’intérêt supérieur de la Nation et de bannir l’incitation à la violence.
– AUX CANDIDATS
Nous recommandons de mener la campagne électorale dans le respect des règles établies, notamment celui des adversaires politiques qui ne sont pas à considérer comme des ennemis, mais plutôt des compatriotes; de convaincre les électeurs par la pertinence de programmes politiques et non par des cadeaux.
– A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
Nous demandons de nous accompagner dans ce processus en privilégiant les intérêts du Peuple congolais et de ne prendre en considération que les résultats qui soient conformes à la vérité des urnes
».[1]

2. LE PROCESSUS ÉLECTORAL

a. Réception et déploiement du matériel électoral

Le 17 novembre, à Kinshasa, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a réceptionné 13 camions contenant des batteries à lithium, des racks de chargement et des générateurs. Les 157 camions réceptionnés il y a quelques jours à Dar es Salam sont déjà en route.
Le démarrage de la campagne électorale sur l’ensemble du pays est maintenu au 22 novembre.[2]

Le 19 novembre, 9 conteneurs transportant des matériels électoraux sont arrivés en ville de Beni en provenance de l’Afrique de l’Est, notamment de Mombasa, passant par l’Ouganda. Cette cargaison est constituée de machines à voter, isoloirs et urnes qui seront déployés dans toute la partie du Grand Nord-kivu, notamment dans les ville et territoires de Beni, Butembo et Lubero.[3]

Le 21 novembre, le Président de la CENI, Corneille Nangaa, a livré quelques données chiffrées du processus électoral en cours, dont:
46.862.243 électeurs inscrits après l’enrôlement;
6.837.526 radiés après traitement qualitatif du fichier;
40.024.897 électeurs après radiation;
21 candidats à la présidentielle pour 1 siège;
15.358 candidats à la députation nationale pour 500 sièges;
19.640 candidats à la députation provinciale pour 715 sièges;
75.563 bureaux de vote;
21.699 centres de Vote;
179 centres locaux de compilation des résultats (CLCR);
239 sites de formation;
452.520 membres des Bureaux de Vote et de Dépouillement (BVD);
600 électeurs au maximum par Bureau de Vote en province;
105.257 machines à voter (1.908.000 Kg.);
49.871.580 bulletins de vote (498.715 Kg.);
1.662.386 fiches, PV de vote et de dépouillement (166.239 Kg.);
85.700 urnes (764.698 Kg.);
87.500 isoloirs (581.835 Kg.);
485.700 kits bureautiques pour les Bureaux de Vote et de Dépouillement (1.496.147 Kg.);
200 kits pour les centres locaux de compilation des résultats CLCR;
D’autres matériels et documents pour la formation, sensibilisation et télécoms (3.022.520 Kg.).
Pour déployer sur le terrain tout ce matériel, la CENI a affirmé de disposer de:
150 camions militaires déjà reçus à Kinshasa, pour couvrir la partie Ouest du pays;
135 camions à recevoir à partir de à Mombasa, pour les villes de la partie Est du pays;
171 pick-up;
1.800 motos;
10 avions cargos (1 Iliouchine-76, 1 DC-8, 3 Boeings 727, 1 Boeing-737, 2 Antonovs-26, 2 Antonovs-72), 1 Boeing-737 pour passagers, 5 hélicoptères d’une capacité de 1,5 tonne et 2 hélicoptères de supervision.
Pour le Président de la CENI, 70% des Kits et matériels électoraux ont déjà atteint leurs destinations et le 30% restant arrivera à sa destination au plus tard le 7 décembre. Cette avancée des préparatifs des élections a permis à Corneille Nangaa de réaffirmer la tenue des scrutins combinés présidentiel, législatifs national et provincial pour ce 23 décembre 2018.[4]

Le 23 novembre, la CENI du Sud-Kivu a réceptionné, à Bukavu, un premier lot important des kits électoraux pour les élections du 23 décembre 2018. Le deuxième lot est prévu pour le jour suivant.
Six camions sont arrivés en provenance d’Uvira où les matériels étaient reçus par le port de Kalundu. D’autres six camions transportant des matériels qui ont transité par le port de Mombasa, au Kenya, sont annoncés pour le lendemain à Bukavu. «Ces camions contiennent les urnes, les fiches, les tenues des agents et les lampes pour travailler la nuit. Parmi les matériels réceptionnés, il y a aussi 5.386 isoloirs, 5.386 kits bureautiques qui pèsent à peu près 6 kg chacun et 10.771 flacons d’encre indélébile. Enfin, nous attendons 7.000 machines à voter», a dit Gaudens Maheshe, secrétaire exécutif de la CENI au Sud-Kivu., en précisant que, dans cette province, on a prévu 4.200 bureaux de vote.[5]

Le 29 novembre, à Kananga, le secrétariat exécutif provincial (SEP) de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) au Kasaï Central a réceptionné, à la gare de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC), des kits électoraux en provenance de Lubumbashi (Haut-Katanga). Il s’agit de 13 wagons de la SNCC transportant des machines à voter et d’autres matériels destinés aux provinces du Kasaï Central et du Sankuru. Vingt autres wagons embarqués dans les bateaux à partir de Kinshasa arriveront dans la journée. Ils sont déjà à Demba, à 60 km de Kananga.[6]

b. Lancement de la campagne électorale

Le 21 novembre, le président de la CENI, Corneille Nangaa, a officiellement annoncé le début de la campagne électorale pour les prochaines élections présidentielles, législatives nationales et législatives provinciales. Selon le calendrier électoral de la CENI, cette opération se déroulera du 22 novembre au 22 décembre 2018. Corneille Nangaa a affirmé que les défis juridiques, politiques, sécuritaires, financiers et logistiques qui restent ne constituent pas d’obstacle à la tenue de prochains scrutins. Il a déclaré que sur 105.257 machines à voter, 83.000 sont déjà déployées partout au pays et les 22.000 qui restaient sont déjà arrivées. Il a invité les 21 candidats à la présidentielle, les 15.355 candidats aux législatives nationales et les 19.640 candidats aux législatives provinciales à la retenue et à la courtoisie. Il a une fois de plus mis un accent particulier sur la présence des témoins dans les bureaux de vote le jour des élections, pour surveiller les opérations électorales, y compris celles du dépouillement et de la compilation des fiches des résultats, en vue de rendre crédible le processus électoral en cours.[7]

Le 21 novembre, le président de la CENI, Corneille Nangaa, a annoncé qu’il n’y aura pas de dérogation pour les électeurs lors des élections du 23 décembre, contrairement aux années antérieures où le déplacement d’une ville à une autre ne posait aucun problème lors du vote. Il a donc affirmé que «ceux qui n’ont pas de cartes d’électeurs ne voteront pas. Ceux qui ne sont pas dans leurs endroits où ils se sont enrôlés ne voteront pas, même s’ils ont les cartes d’électeurs. Pas de liste des omis. Ne voteront que ceux dont les noms figurent sur la liste électorale».
Il a également déclaré que l’opération de la délivrance des duplicatas continue dans les antennes de la CENI, concomitamment avec la formation des formateurs électoraux territoriaux et le déploiement des matériels dans les sites de formation.
Au total, 46.862.423 électeurs ont été enrôlés mais 6.837.526 (doublons et mineurs d’âge) ont été radiés lors du nettoyage du fichier électoral. 40.024.897 sont répertoriés dans le fichier électoral final de la CENI.[8]

c. Les incertitudes qui persistent

Alors que le début de la campagne électorale est officiellement prévu pour le 22 novembre, les incertitudes ne manquent pas. Il y a d’abord l’absence de consensus autour de la machine à voter. Une partie des 21 candidats en lice la rejette, considérant qu’elle n’est ni fiable ni légale. Même chose pour le fichier électoral jugé « corrompu » par certains, à cause notamment des 6 millions d’électeurs enregistrés sans empreinte. Beaucoup se demandent si, dans ces conditions, les résultats de l’élection peuvent-ils être acceptés par tous.
Autre source d’incertitude: la formation des quelque 500.000 agents électoraux, maillons essentiels au bon déroulement du vote, a débuté mais accuse des retards. Surtout, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) prévoit de former le gros des troupes entre le 2 et le 7 décembre, dans 239 sites de formation dans tout le pays. Au rythme où vont les choses, les machines à voter seront-elles là à temps pour ces formations? Question d’autant plus importante que c’est à partir des sites de formation que les responsables des centres de vote doivent eux-mêmes acheminer tout le matériel électoral jusqu’aux bureaux de vote. Un retard dans ces formations risque donc d’avoir un impact direct sur leur capacité à ouvrir les bureaux le jour du scrutin. Sans oublier le retard dans l’affichage des listes électorales ou encore dans l’accréditation des observateurs qui, dans certaines parties du pays, n’a toujours pas débuté.
En ce qui concerne les machines à voter, dans l’ouest du pays, malgré les retards, le déploiement progresse petit à petit. Une partie des 40.000 machines arrivées à Kinsahsa est déjà en route vers l’intérieur. La Céni avance le chiffre de 70%, un chiffre impossible à vérifier. Pour la partie est, c’est plus compliqué. Sur les 33.000 machines arrivées au port de Dar es Salam, 28 000 environ sont désormais à Lubumbashi, d’où elles doivent être redéployées. Les 5.000 restantes ne sont pas encore arrivées. Ce qui inquiète les observateurs, c’est surtout le choix qu’a fait la Céni de ne pas utiliser, pour le moment, les avions et les hélicoptères mis à sa disposition par l’armée. Tout se fait pour l’instant par la route, les voies fluviales et par le train. Il faut minimiser les coûts et il n’y a pas urgence, explique la Céni. Une analyse qui surprend plusieurs experts électoraux dans un pays où certaines zones sont en proie à l’insécurité, d’autres font face au manque d’infrastructures routières et d’autres encore sont restées enclavés.[9]

La Commission Électorale Nationale Indépendante (Céni) a assuré qu’elle ne fera pas recours à la transmission électronique des résultats électoraux, mais au sein de la société civile congolaise l’inquiétude demeure, suite à l’utilisation de la machine pour voter. Cet ordinateur doit servir à imprimer les bulletins de vote mais, équipé d’une carte Sim et de la possibilité de se connecter à Internet, peut également transmettre les résultats.
Toutefois, le rapporteur de la Céni, Jean-Pierre Kalamba, assure que les machines à voter vont servir à imprimer les bulletins de vote. Une fois les bureaux de vote fermés, les bulletins glissés dans l’urne seront comptés un à un et les voix attribuées à chaque candidat seront consignées dans un procès-verbal de façon manuelle.
Le procès-verbal de la machine à voter sera lui aussi consulté, mais seulement pour avoir deux sources, assure la Commission électorale. En cas d’informations différentes, c’est le comptage manuel qui l’emporterait.
Ces procès-verbaux seront ensuite transportés, par véhicule ou bateau, vers un centre de compilation des résultats (176 au total dans tout le pays). Là-bas, même opération: les votes des différents bureaux seront additionnés, puis inscrits dans un procès-verbal consolidé.
Un document qui sera scanné, sera ensuite envoyé par mail à Kinshasa, via une valise satellitaire. Aucune transmission électronique des résultats à partir de la machine à voter donc, promet la Céni, même si cela reste techniquement possible.
La présence massive d’observateurs à toutes les étapes de l’élection sera donc un enjeu crucial pour s’assurer que les engagements soient bien tenus et la procédure respectée.
La publication des résultats est prévue pour le 30 décembre. Un délai de 6 jours donc, qui paraît difficile à tenir dans un pays où il faut souvent plusieurs jours pour rejoindre le centre de compilation. En 2011 il avait fallu pas moins de 12 jours pour avoir des résultats provisoires partiels pour la présidentielle.
A un mois des élections, la machine à voter est toujours loin de faire consensus. «Tant que cette machine offrira la possibilité de se connecter à Internet, il y aura toujours la crainte d’une modification des votes par voie électronique», insiste un candidat de l’opposition.
La conférence épiscopale a elle aussi appelé à ce que les votes soient transmis manuellement uniquement et non de façon électronique à partir de la machine à voter.[10]

3. L’OPPOSITION

a. La coalition « LAMUKA » (=Réveilles-toi)

– Après l’accord de Genève

Le 17 novembre, dans une déclaration conjointe, 28 organisations de la société civile congolaise ont appelé Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi, respectivement présidents de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) et de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), à rejoindre l’accord de Genève qu’ils ont quitté après la désignation de Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition pour la prochaine présidentielle. Ces organisations, dont ACAJ, ASADHO, Les amis de Nelson Mandela, AETA et Centre d’études (CEP/UNIKIN) soutiennent la désignation de Fayulu comme candidat commun de l’opposition.
Les deux candidats à l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, ont entamé des discussions à Bruxelles. Selon leurs proches, un accord devrait ressortir de ces pourparlers, en vue d’affronter conjointement les échéances électorales à venir.[11]

Le 17 novembre, les six composantes majoritaires du Rassemblement des Forces Politiques et sociales acquises au changement en RDC à savoir: les Alliés de l’UDPS (ADU), la Convention des Républicain (CR), le Front du Peuple (FP), le Groupe des 14 (G14), la Majorité Présidentielle Populaire (MPP) et la Société Civile (SC) ont fait la déclaration politique suivante:
«1. Dénonçons et rejetons les conclusions de l’accord de Genève dans leur caractère immoral et anticonstitutionnel,
2. Félicitons le Président Félix Antoine Tshisekedi pour son courage politique de s’y être désengagé,
3. Désignons notre candidat unique pour l’élection présidentielle du 23 décembre 2018, le Président du Rassemblement et Président de l’UDPS, Félix Tshisekedi Tshilombo,
4. Invitons l’ensemble du peuple congolais à lui apporter un soutien inconditionnel
».[12]

Le 18 novembre, un juriste et notable du grand Équateur, Jeddy Bolangando, s’est prononcé sur la désignation de Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition. Il accuse les leaders de l’opposition de «ne militer que pour leurs intérêts égoïstes, au détriment des aspirations profondes de la population». Pour lui, les discussions de Genève ont accouché d’une souris. «Elles ont par malheur créé une grande déception de la population», a-t-il renchéri. A l’en croire, «seuls les intérêts égoïstes et inavoués de leaders de l’opposition ont prévalu sur la désignation de Fayulu contre tout attente». Certaines informations font état d’un égoïsme de la part des négociateurs. Il y a eu d’un côté le refus catégorique de Jean-Pierre Bemba de soutenir Felix Tshisekedi, puis de l’autre, celui de Moise Katumbi vis-à-vis de Vital Kamerhe, alors que «l’opinion attendait un candidat parmi ces deux hommes challengers», a-t-il fait savoir, en estimant que faire accepter Fayulu dans l’opinion publique joue en défaveur de l’opposition: «Le prétendu choix de Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition passe très mal dans l’opinion publique. Ce choix est un échec cuisant, car le candidat n’a aucune base électorale malgré ses compétences».[13]

Le 19 novembre, le président de la plateforme « Congo na Biso », Freddy Matungulu, a confirmé que la nouvelle coalition de l’opposition LAMUKA née à Genève a réaffirmé son refus de participer aux élections avec la machine à voter et le fichier électoral actuel.[14]

Le 22 novembre, le secrétaire général de la plateforme électorale Ensemble pour le Changement, Delly Sesanga, a déclaré que cette coalition de partis de l’opposition entend activer ses témoins et militants à travers le pays, à fin de collecter les « vrais » résultats et de les publier avant la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI).  Il a souligné que les témoins déployés dans les bureau de vote et les militants des différents partis de l’opposition vont récolter ces résultats à la sortie des bureaux de vote, des centres de vote et au niveau des bureaux de compilation. «Nous donnerons ces résultats avec preuve à l’appui et nous voudrions que la CENI puisse proclamer les mêmes résultats, car nous n’accepterons pas un résultat qui serait différent. Avec nos témoins et nos bases politiques sur toute l’étendue du territoire national, nous proclamerons bien avant les résultats des élections et nous voudrions que Nangaa puisse se conformer aux vrais résultats qui seront sortis des urnes. Nous ne nous laisserons pas ici impressionner par une CENI qui veut proclamer un résultat qui est en soit le résultat issu d’un vote électronique», a martelé Delly Sesanga devant la presse. Il a enfin répété que la CENI devrait abandonner l’usage de la machine à voter, car non prévue par la loi, et procéder à la révision du fichier électoral, en y éliminant les électeurs enrôlés sans empreintes digitales.[15]

Le 24 novembre, dans une interview, Félix Tshisekedi a réaffirmé qu’il a été grugé par d’autres opposants de la coalition Lamuka, mais il pense que c’était un déclic pour un nouveau départ: «Le raté de Genève était un mal pour un bien. C’était un choc psychologique pour provoquer cette prise de conscience».[16]

Le 24 novembre, dans une interview, le député national André Claudel Lubaya, président de la plateforme Alliance des Mouvements du Kongo (AMK) et cadre de Ensemble pour le changement de Moïse Katumbi, a dit souhaiter qu’il y ait un accord à Kinshasa entre les signataires des accords de Genève et de Nairobi, afin d’envisager un Accord final pour consolider l’unité de l’opposition et maximiser les chances de remporter les élections face au candidat du Front Commun pour le Congo (FCC).[17]

– Le retour de Martin Fayulu à Kinshasa

Le 19 novembre, la coalition Lamuka a saisi le gouverneur de Kinshasa au sujet du retour au pays, le 21 novembre, de son candidat à la présidentielle, Martin Fayulu. Elle demande aux autorités de faciliter son accueil par les militants à l’aéroport international de N’djili. La correspondance a été signée par le MLC, l’ECIDE, le Nouvel Elan, l’UNAFEC et Congo na Biso.
La coalition Lamuka rapporte que le jet privé loué pour le retour de Martin Fayulu à Kinshasa n’a pas reçu l’autorisation de l’Autorité d’Aviation Civile pour atterrir sur l’aéroport international de N’djili. Par conséquent, Martin Fayulu embarquera à bord d’un régulier d’Ethiopian Airlines, a précisé Freddy Matungulu, membre de la coalition. Il arrivera à Kinshasa un jour avant le début de la campagne électorale. Un communiqué a été publié et les partis de la coalition se mobilisent déjà pour se rendre à l’aéroport international de Ndjili, dès 8 heures du matin.[18]

Le 20 novembre, dans une correspondance relative au retour de Martin Fayulu, le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta, a demandé aux membres de la coalition de l’opposition LAMUKA de prendre contact avec la Police nationale congolaise, pour prendre les dispositions pratiques nécessaires.[19]

Le 21 novembre, vers 12h50, Martin Fayulu est arrivé à l’aéroport de Ndjili (Kinshasa), avec un vol régulier d’Éthiopian Airlines provenant de Bruxelles. Entre 2.000 et 3.000 militants des partis et regroupements politiques de l’opposition, ainsi que plusieurs leaders de l’opposition membres de la coalition Lamuka, dont José Endundo, Pierre Lumbi, Jean Bertrand Ewanga, Fidèle Babala, Freddy Matungulu et Ève Bazaiba, sont arrivés à l’aéroport de N’Djili pour l’accueillir.
Devant la presse à l’aéroport de N’djili, Martin Fayulu a une fois de plus rejeté la machine à voter et affirmé que les mécanismes sont mis en place pour éviter les fraudes massives le jour du scrutin: «Nous devons à tout prix arracher l’alternance démocratique. Pour arriver à ça il faut des élections transparentes et crédibles, c.à.d. sans machine à voter, avec des bulletins papiers et un fichier électoral clair et nettoyé». La Police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les militants, en vue de permettre que le convoi de Martin Fayulu quitte le site aéroportuaire. Vers 16h00, Martin Fayulu et les autres cadres de la coalition “Lamuka” sont arrivés au terrain situé près du stade des Martyrs, entre le boulevard Triomphal et l’avenue de l’enseignement, où ils ont improvisé un bref meeting. Martin Fayulu a remercié les militants et ses camarades de l’opposition et a promis la victoire lors des élections du 23 décembre.[20]

Le 26 novembre, le candidat de la coalition « LAMUKA » à l’élection présidentielle du 23 décembre 2018, Martin Fayulu, a rendu publique la composition de son équipe de campagne électorale:
– Pierre Lumbi: directeur national de campagne,
– Ève Bazaiba: porte-parole et chargée des médias,
– Olivier Kamitatu: chargé de communication et de nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC),
– Mbozi wa Mbozi: chargé de la mobilisation et de la propagande,
– Jean-Bertrand Ewanga, Francis Kalombo, Jean-Claude Vuemba: collège des porte-paroles,
– Salomon Kalonda et Jacques Lungwana: respectivement trésorier national et trésorier adjoint,
– José Endundo: relations diplomatiques,
– Darius Tshiey-a-Tshiey: chargé des relations avec la société civile et les mouvements citoyens,
– Gabriel Kyungu wa Kumwanza: coordonnateur de campagne dans la région du Katanga (4 provinces).[21]

Le 29 novembre, Pierre Lumbi, directeur national de l’équipe de campagne de Martin Fayulu, est revenu sur la position de la coalition Lamuka en ce qui concerne la machine à voter prévue lors des élections du 23 décembre prochain. Il a affirmé que la coalition ne boycottera pas les élections: «Nous irons aux élections le 23 décembre prochain. Mais cela ne nous empêche pas de lutter contre l’illégalité de la machine à voter. Nous allons lutter contre l’usage de cette machine jusqu’au bout, parce que c’est illégal, mais nous irons aux élections».[22]

b. Une nouvelle coalition dénommée « Cap pour le Changement »

– L’accord de Nairobi

Le 23 novembre, à Nairobi au Kenya, Félix Tshisekedi (UDPS) et Vital Kamerhe (UNC) ont signé un accord pour constituer une alliance stratégique entre leurs partis, en vue de gagner ensemble les différentes élections (présidentielle, législatives nationales et provinciales).
À cet effet, ils ont créé une nouvelle plateforme politique et électorale dénommée « Cap pour le Changement » et présidée par Félix Tshisekedi. Le principal point de cet accord prévoit le désistement de Vital Kamerhe au profit de Félix Tshisekedi qui, en cas de victoire, lui garantit le poste de Premier ministre. En plus de la primature, l’UNC obtiendra la présidence du Sénat, la gouvernance de la Banque centrale, les ministères des Finances, des Infrastructures, de la Défense et de la Justice. Puis au bout de cinq ans, ils inverseront les rôles. Donc l’accord couvre une décennie, avec un mandat présidentiel chacun. Suite à cet accord, Félix Tshisekedi a été désigné candidat unique de « Cap pour le Changement » pour la présidentielle de décembre prochain et Vital Kamerhe a été choisi au poste de directeur national de la campagne électorale. Le but de cet accord est la convergence des voix entre l’UNC, bien implantée dans l’est, et l’UDPS plutôt bien installé au centre et à l’ouest.
Le chef de l’UNC a vanté les aptitudes de Félix Tshisekedi et les combats qu’il a menés avec son père Etienne Tshisekedi. Il a même décrit l’UDPS comme «le plus grand parti du Congo».
Félix Tshisekedi a promis la paix dans l’Est, la réconciliation des Congolais, un Etat de droit et une gouvernance commune avec son allié politique, «sans que l’un essaie de mater l’autre».
Ils ont chacun appelé leurs bases électorales à soutenir cet accord et à aller les accueillir à Kinshasa, lors de leur retour au pays. Par ailleurs, Félix Tshisekedi aura réussi un exploit en ralliant le président de l’UNC à sa cause, là où son père avait échoué en 2011.
Par cet acte, V. Kamerhe aussi démontre qu’il sait taire ses ambitions au nom de l’intérêt collectif.
Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi s’étaient retirés de l’accord de Genève (Suisse), signé le dimanche 11 novembre dernier, qui avait abouti à la désignation de Martin Fayulu Madidi comme candidat commun de l’opposition. Les deux ont dénoncé le mode de désignation qui, selon eux, n’a pas tenu compte du poids politique des candidats de l’opposition, au départ quatre (Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Félix Tshisekedi et Freddy Matungulu).[23]

Avec cet accord, le jeu politique s’éclaircit avec 4 blocs qui vont s’affronter:
– Le camp politique du président sortant Joseph Kabila avec la coalition FCC, dont Emmanuel Ramazani Shadary est le porte-étendard;
– Le camp du trio Bemba-Katumbi-Muzito avec la coalition Lamuka, dont le candidat est Martin Fayulu;
– La coalition UDPS-UNC avec Félix Tshisekedi comme candidat;
– Le camp des «petits candidats», plus d’une dizaine, qui n’arrive pas à s’unir autour d’un candidat commun.[24]

Le 25 novembre, invité du journal Afrique sur Tv5, le président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), Vital Kamerhe, a qualifié d’arnaque l’accord de Genève qui, d’après lui, était un simple jeu pour permettre à Katumbi et Bemba de revenir au pays. Il a par ailleurs demandé aux membres de la coalition Lamuka de rejoindre le Camp du Changement dont le candidat est Félix Tshisekedi. «Moïse Katumbi disait qu’il voulait Félix, je dis maintenant: voici Félix. Donc Moïse peut maintenant venir», a indiqué le directeur de campagne de Félix Tshisekedi.[25]

– Le retour de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe à Kinshasa

Le 27 novembre, vers 13h00, Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi sont arrivés à l’aéroport international de N’djili par vol régulier d’Ethiopian Airlines provenant de Bruxelles. Ils ont été accueillis par Mbayo Mambeke et Jean-Marc Kabund, respectivement secrétaires généraux de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) et de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). Plusieurs centaines de militants étaient déjà sur place. Les deux opposants reviennent à Kinshasa après avoir annoncé un accord de coalition à Nairobi, au Kenya, soutenant la candidature du président de l’UDPS à la présidentielle du 23 décembre. Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe ont quitté l’aéroport international de N’djili accompagnés par plusieurs milliers de militants de l’UNC et de l’UDPS. À environ un kilomètre de l’aéroport, précisément au niveau du camp Badara, la Police a utilisé des grenades lacrymogènes pour dégager la voie et permettre au cortège de quitter l’aéroport. Malgré cette intervention de la police, le cortège n’avançait toujours pas. La police a, une fois de plus, utilisé les grenades lacrymogènes à la hauteur du quartier 3 à Ndjili. Le cortège s’est de nouveau bloqué au niveau de la maison communale de Kimbanseke, à environ 3 km au sortir de l’aéroport.
Le Boulevard Lumumba est bouché dans tous les sens, toutes les 8 bandes sont saturées par une marée humaine. Pas de passage pour les véhicules. Bouchon total. Certains parlent de centaines de milliers de personnes, selon d’autres il s’agit de plus d’un million. Le cortège de Félix Tshisekedi et de Vital Kamerhe est finalement arrivé à Limete, au siège de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social), vers 18h40. Le président de l’UDPS, Félix Tshiskedi, a salué la « maturité politique » de son homologue de l’UNC, Vital Kamerhe, qui s’est retiré de la course à la magistrature suprême en sa faveur. «Malgré son background et son expérience politique, il a mis l’intérêt du pays en avant. Nous félicitons la maturité politique de Vital Kamerhe« , a-t-il déclaré devant des millier de militants. «Dans la vie, il faut savoir respecter les grands. L’UDPS a 38 ans de lutte, l’UNC n’en a que 10 ans. Nous avons donc décidé de laisser la place à l’aîné», a ajouté l’ancien président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe.[26]

Le 29 novembre, sur Top Congo, Théodore Kabamba, Patron du G14, a déclaré que l’opposition va perdre les élections du 23 décembre prochain, si Félix Tshisekedi, candidat à la présidentielle du ticket UNC-UDPS et Martin Fayulu, candidat président de Lamuka, n’arrivent pas à s’entendre. Pour lui, une union de ces deux coalitions serait encore possible.[27]

[1] Cf texte complet http://cenco.org/message-de-lassemblee-pleniere-extraordinaire-de-la-cenco/
[2] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 17.11.’18
[3] Cf Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 20.11.’18
[4] Cf Ceni.cd, 21.11.’18
[5] Cf Justin Mwamba – Actualité.cd, 23.11.’18
[6] Cf Sosthène Kambidi – Actualité.cd, 29.11.’18
[7] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 21.11.’18; Radio Okapi, 21.11.’18
[8] Cf Fonseca Mansianga – Actualité.cd, 21.11.’18
[9] Cf RFI, 22.11.’18
[10] Cf RFI, 26.11.’18
[11] Cf Auguy Mudiayi – Actualité.cd, 17.11.’18
[12] Cf Le Phare – Kinshasa, 19.11.’18
[13] Cf JKM – 7sur7.cd, 18.11.’18
[14] Cf Mediacongo.net, 19.11.’18
[15] Cf Actualité.cd, 23.11.’18; Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 23.11.’18
[16] Cf Actualité.cd, 24.11.’18
[17] Cf Stanis Bujakera Tshiamala – Actualité.cd, 24.11.’18; Jeff Kaleb – 7sur7.cd, 24.11.’18
[18] Cf Auguy Mudiayi – Actualité.cd, 19.11.’18
[19] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 20.11.’18
[20] Cf Actualité.cd, 21.11.’18; RFI, 22.11.’18
[21] Cf Stanis Bujakera Tshiamala – Actualité.cd, 26.11.’18
[22] Cf Stanys Bujakera Tshiamala – Actualité.cd, 29.11.’18
[23] Cf RFI, 23.11.’18; Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 23.11.’18
[24] Cf 7sur7.cd. 23.11.’18
[25] Cf Jeff Kaleb Hobiang – 7sur7.cd, 26.11.’18
[26] Cf Christine Tshibuyi et Auguy Mudiayi – Actualité.cd, 27.11.’18; Jephté Kitsita et Jeff Kaleb Hobiang – 7/sur7.cd, 27.11.’18
[27] Cf Chris Elongo – Cas-info.ca, 29.11.’18