POUR UNE ARMÉE NOUVELLE ET RÉPUBLICAINE

Congo Actualité n. 160 – Editorial par la Réseau « Paix pour le Congo »

 

Le Mouvement du 23 mars (M23), un groupe armé récemment constitué et appuyé par le régime rwandais, continue à occuper le territoire de Rutchuru, au Nord Kivu, en République Démocratique du Congo (RDCongo). L’armée régulière, les Forces Armées de la RDCongo (FARDC), ne parvient pas à le déloger de ce territoire, moins encore à le désarmer. Dans ce contexte, l’État major des FARDC a lancé une campagne de recrutement de jeunes au sein de l’armée, bien qu’il assure que cette opération n’est pas forcément liée à la guerre dans l’Est contre le M23.

À ce propos, l’ONG congolaise de défense de droits de l’homme, la Voix des Sans Voix (VSV) plaide pour que le recrutement des jeunes au sein des FARDC se fasse de manière «responsable». Pour le directeur technique de cette ONG, Dolly Ibefo, les FARDC doivent s’assurer du niveau d’éducation de leurs recrues et les former au respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Le directeur technique de la VSV estime qu’il faut que les recrues disposent d’une éducation de base et d’une certaine instruction. Les FARDC devraient aussi, en préalable à ce recrutement, assainir et maîtriser leurs effectifs, notamment en mettant hors d’état de nuire les «brebis galeuses», affirme Dolly Ibefo, pour qui le brassage et mixage dans l’armée ont donné lieu à l’impunité. Dolly Ibefo recommande au gouvernement de ne plus intégrer dans l’armée des militaires issus des groupes armés et autres rebellions, dont le M23, afin d’assurer l’unité et la discipline au sein des forces armées. «On connaît la plupart des rebelles comme des gens indisciplinés. Ils se permettent tout et on les fait entrer dans l’armée, alors qu’ils ne le méritent pas. Nous demandons de cesser ça. Qu’on puisse recruter des gens qui ont un niveau voulu et qui sont bien éduqués», a-t-il exhorté.

La VSV recommande aussi l’amélioration des conditions de vie des militaires déjà engagés dans l’armée, dénonçant notamment le détournement de leurs soldes «modiques» ainsi que leur mauvaise prise en charge par l’armée.[1]

Selon certains observateurs, la vraie question c’est de savoir: Est-il opportun pour les FARDC de procéder au recrutement de nouvelles unités maintenant? Les opinions divergent. Il y en a qui sont pour, d’autres contre. Pour ces derniers, trois sont les motivations: 1. perte insensée de temps, 2. dispersion inutile des moyens financiers et 3. mauvaise utilisation des cadres disponibles.

1. Perte insensée de temps.

Si les FARDC procédaient au recrutement de nouvelles recrues, ces dernières devront être formées au métier des armes durant six mois minimum et neuf mois tout au plus. Quelle perte de temps au moment où une partie du territoire national est occupée. Or la mise en valeur d’éléments déjà disponibles et préalablement  bien sélectionnés prendrait au maximum deux mois sinon moins. La case brûle. Chercher à recruter aujourd’hui, c’est agir comme un propriétaire d’une maison qui, au moment où celle-ci brûle, il va contacter la Régideso pour venir raccorder l’eau qu’il doit utiliser pour éteindre le feu. Dans l’entretemps toute la maison sera déjà consumée. La patrie ne peut être bien défendue que par des éléments déjà existant au sein des FARDC.

2. Dispersion inconsidérée des moyens financiers.

Recruter de nouvelles recrues implique de nouvelles dépenses. Ces moyens peuvent être utilisés pour doter les éléments existants, préalablement bien sélectionnés, d’un équipement adéquat.

3. Mauvaise utilisation des Cadres disponibles.

Il y a de nombreux cadres qui ont été formés dans différentes académies militaires et qui sont mal ou non utilisés. Ils pourraient être immédiatement mis à profit, pour assurer l’encadrement et la mise en train de nouvelles unités combattantes à constituer.

A présent quoi faire donc? Il faut à tout prix parer au plus pressé, en d’autres termes, prendre des mesures immédiates qui s’imposent notamment:

1. Renouvellement de toute la chaîne de commandement des FARDC, à tous les niveaux: Etat major général, Etat major des forces, commandement des unités combattantes.

S’il est admis qu’on ne change pas l’équipe qui gagne, il est absurde de maintenir en place une équipe qui échoue sur toute la ligne. La chaîne actuelle aux commandes des FARDC a lamentablement échoué. Il s’avère impérieux de la remplacer par des cadres compétents. Ils sont là. Ils existent. Il faut une réelle volonté politique pour y arriver.

2. Séparer le bon grain de l’ivraie

Les désertions, défections, insurrections, mutineries en cascade constatées ces derniers temps au sein des FARDC, sont un signe manifeste que ces dernières renferment en leur sein des éléments douteux anti-patrie. Ces derniers doivent être extirpés des FARDC. Il y a lieu de procéder à une sélection minutieuse des éléments loyaux, patriotiques et prêts à défendre la patrie.

Les troupes à envoyer au front doivent être réellement motivées à la mesure de la mission sublime que la Nation leur confie. Elles doivent être bien payées, bien équipées, bien vêtues et bien nourries.[2]


[1] Cf Radio Okapi, 29.08.’12

[2] Cf Wa Mutuishayi – Le Potentiel – Kinshasa, 29.08.’12             http://www.lepotentielonline.com/661-wa-mutuishayi