RÉSURGENCE DU M23: TOUJOURS LES MÊMES ACTEURS, LES MÊMES MOTIFS, LES MÊMES ALLIÉS
SOMMAIRE
1. INTRODUCTION
2. LE MESSAGE DE L’ARCHEVÊQUE DE BUKAVU (SUD KIVU)
3. DÉCLARATIONS ET DISPOSITIONS POUR UNE SOLUTION DU CONFLIT
4. SUR LE TERRAIN DES COMBATS
1. INTRODUCTION
Le 6 juin, après une semaine de relative accalmie, les combats ont repris entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et le Mouvement du 23 Mars (M23) dans la zone de Runyonyi et Chanzu, territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Le M23 a réussi à occuper certaines zones, dont la ville de Bunagana, un poste frontalier très important entre la République Démocratique du Congo (RDCongo) et l’Ouganda, et certaines autres localités, dont Chengerero, Ruvumu, Buharo et Rutokara. Particulièrement violents ont été les affrontements du 21 juin à Bukenge et Ruvumu (groupement de Gisigari), où le M23 a brutalement tué au moins 17 civils.
Par cette situation, l’armée congolaise a une fois de plus démontré sa intrinsèque faiblesse structurelle, surtout dans un contexte d’accusations mutuelles entre les autorités congolaises et rwandaises: la RDCongo accuse le Rwanda de soutenir le M23 et le Rwanda accuse la RDCongo de collaborer avec les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR).
Face à ce constat, lors de leur réunion du 20 juin à Nairobi (Kenya), les chefs d’État de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), dont le Kenya, la Tanzanie, le Soudan du Sud, la RD Congo, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, ont décidé d’envoyer, dans les prochaines semaines, une force militaire régionale pour soutenir l’armée congolaise.
Cependant, de nombreuses associations et personnalités de la Société Civile s’y sont opposées, car au moins 3 des 7 pays membres de l’EAC (Rwanda, Ouganda et Burundi) sont impliqués depuis plus de deux décennies dans l’invasion et la déstabilisation de la RDCongo et 2 autres (Tanzanie et Kenya) ont déjà fourni des troupes aux Forces de la Monusco (la mission de l’ONU en RD Congo). Selon le Dr Dénis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 pour son engagement en faveur des femmes victimes de viol comme arme de guerre, «la création d’une force militaire régionale composée de troupes des pays qui sont à la base de la déstabilisation de la RDC et de l’exploitation illégale de ses ressources naturelles et qui sont responsables de nombreux crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis sur le territoire congolais, ne contribuera ni à la stabilisation de la RDCongo, ni au retour de la paix et risque même d’aggraver encore plus la situation d’insécurité et de violence dont est victime l’Est du Pays».
De sa part, le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) insiste sur la réforme des forces armées congolaises, comme priorité absolue au niveau national, pour assurer la paix.
Plutôt que l’arrivée d’autres troupes étrangères, ce mouvement citoyen exige que l’armée congolaise soit « réformée » et « renforcée », que ses soldats soient « bien payés » et disposent des rations nécessaires et des moyens logistiques et militaires adéquats, que les « officiers corrompus, qui profitent de la guerre » pour s’enrichir, en détournant la solde des autres militaires et s’adonnant à la contrebande d’armes et de minerais, soient remplacés, qu’on facilite le recrutement de nouveaux soldats parmi les jeunes gens, en leur assurant une formation militaire spécialisée.
Par ailleurs, le Gouvernement congolais devrait se poser une série de questions qui nécessitent une solution concertée, urgente et durable: la participation de tous les citoyens au développement du Pays, l’accès à la terre et aux ressources naturelles, l’exercice du pouvoir traditionnel, les conditions d’accès à la nationalité congolaise, le rapatriement des groupes armés étrangers dans leurs pays d’origine respectifs, la réinsertion des anciens membres des groupes armés locaux dans la vie sociale du pays, la présence des réfugiés et des déplacés internes en RDCongo et le type des relations politiques, économiques, diplomatiques et militaires de la RDCongo avec les pays voisins.
2. LE MESSAGE DE L’ARCHEVÊQUE DE BUKAVU (SUD KIVU)
Le 24 juin, l’Archevêque de Bukavu (Sud Kivu), Mgr. François-Xavier Maroy Rusengo, a adressé un message aux fidèles de son Archidiocèse et à toutes les personnes de bonne volonté.
Au regard du contexte politique et sécuritaire actuel et du climat de violence qui a tendance à se diffuser, il a appelé à affronter cette situation comme citoyens et en personnes humaines éprises du souci de la paix véritable pour le pays en particulier et pour toute la sous-région en général.
Sous les yeux de tout le monde
1. L’heure est grave. Un vent de guerre et d’insécurité souffle à nouveau sur cette partie Est du Pays. Toujours les mêmes acteurs, les mêmes motifs, avec les mêmes alliés qui exigent des solutions de négociation, de partage de pouvoir et peut-être même la partition vitale de notre pays.
2. Les regards s’arrêtent particulièrement sur la situation très critique suite à l’occupation récente de la cité de Bunagana, en territoire de Rutshuru, par le groupe armé de M23, qui a repris des combats dans un cycle infernal de violence, de pertes en vies humaines, de déplacement massif des populations et de destruction de notre tissus économique et social. C’est l’histoire qui se répète!
3. Curieusement, le soutien extérieur est toujours le même, avec le même schéma et les mêmes visées: la soustraction de cette partie du pays au contrôle du gouvernement centrale et, peut-être, son annexion pure et simple aux pays voisins.
Délivre-nous du mal
5. La déclaration de guerre et l’usage légitime de la force en vue de la paix et de la sécurité sont des fonctions régaliennes qui reviennent exclusivement à l’Etat, via la Police et l’Armée. Tout autre usage privé, même compréhensible, comme dans certains cas, reste illégal, immoral et non recommandable.
6. Martin Luther King disait: «Celui qui accepte le mal sons lutter contre lui coopère avec lui». C’est ce mal que nous voulons finalement dénoncer et combattre, en nous libérant nous-mêmes, tout d’abord, de toute complicité et, ensuite, en refusant de céder à la tentation d’actes barbares et anarchiques, auxquels des réseaux sociaux malveillants cherchent à pousser les esprits faibles.
8. Si d’un côté, dans le langage humanitaire on parle de plus en plus des « minerais de sang », il conviendrait que l’on parle également du « pouvoir de sang versé ». En effet, depuis 1996, pour se hisser au pouvoir, des frères compatriotes n’hésitent pas à se constituer en chef de guerre, en marchant sur les cadavres de leurs frères et sœurs, au besoin avec l’aide des puissances étrangères.
13. Nous avons le devoir d’aimer notre Pays, de le protéger, de le développer, de lui assurer grandeur et respectabilité, pour son développement et celui de toute l’Afrique.
Ne tombons pas dans le piège de la haine ethnique et de la xénophobie. Nous savons que les simples gens n’ont pas de problèmes entre eux, souvent ils désapprouvent la politique de leurs chefs sans pouvoir s’exprimer; de fois ils en sont eux-mêmes victimes. Evitons donc de nous substituer aux forces de l’ordre, en agressant les innocents. Soyons des véritables artisans de paix.
Veillons en outre à nos pensées, nos paroles et nos actions, de manière à ne jamais stigmatiser tout un groupe, toute une communauté, tout un peuple et tenons compte de la présomption d’innocence à laquelle chacun a droit, conformément à la loi.
14. En ce temps, souvenons-nous en particulier des derniers messages du Serviteur de Dieu Mgr Christophe Munzihirwa. Le 27 septembre 1996, il écrivait: «Restons accueillants pour tous, afin de nous enrichir des valeurs multiples qu’apportent les différences des ethnies. {…} C’est une folie que de s’attaquer d des personnes paisibles, tout simplement parce qu’elles sont de telle ou telle ethnie. Personne d’entre nous n’a choisi ses parents et donc son ethnie. Nous les acceptons et nous les défendons» . Les derniers mots qu’il nous a écrits à la veille de sons assassinat allaient dans ce sens-là: «Dieu ne nous abandonnera pas, si nous nous engageons à respecter la vie de nos voisins, quelle qu’elle soit leur ethnie d’appartenance».
Que devons-nous faire?
15. Les personnes de bonne volonté
Elles sont appelées à éviter la haine envers quiconque et à lutter contre le mal par l’amour et la recherche de la paix.
16. Les responsables politiques
L’État a comme premier devoir d’assurer la sécurité intérieure et la paix vis-à-vis des pays tiers. Pour cela, il est appelé à:
– prendre toute disposition pour mettre fin à ce cycle de violences basé sur la pratique de gratification des chefs des guerres souvent promus en proportion du sang versé.
– procéder à la réforme des forces de l’ordre et de sécurité, pour constituer une force armée républicaine et non une simple collection des rébellions mal intégrées depuis tout ce temps.
– éviter de signer des accords occultes, souvent avec des rebellions, des partis politiques ou des pays tiers qui semblent souvent mis en œuvre sans examen et ratification préalables par le parlement.
17. La communauté internationale
Nous lui demanderions plus d’équité et de justice envers la République Démocratique du Congo et son peuple, humilié et sacrifié à l’autel des intérêts économiques et géostratégiques et réduit à une misère sans nom, tout en habitant un pays doté de toutes sortes de ressources. Il n’est pas juste que ce peuple soit récompensé de cette manière pour l’hospitalité dont il a fait montre tout au long de son histoire passée et récente. Que cesse toute ambigüité de la Communauté internationale vis-à-vis de la souveraineté nationale et internationale de la République Démocratique, qui n’est pas négociable, 62 ans après son accès à l’indépendance.
3. DÉCLARATIONS ET DISPOSITIONS POUR UNE SOLUTION DU CONFLIT
Le 11 juin, les autorités angolaises ont rapporté que les deux militaires rwandais arrêtés sur le sol congolais ont été libérés et remis aux autorités du Rwanda. L’agence de presse angolaise a précisé que leur libération s’est déroulée le 8 juin dernier et que cela a été rendu possible grâce à la médiation du Président João Lourenço: «Les deux soldats de l’armée rwandaise sont arrivés à Luanda, en provenance de Kinshasa (RDC) le 8 juin et sont repartis peu après vers leur pays».[1]
Le 11 juin, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a de nouveau appelé tous les groupes armés à cesser immédiatement toute forme de violence: «Nous exhortons les groupes armés congolais à participer sans condition au Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS), et les groupes armés étrangers à désarmer immédiatement et à retourner dans leurs pays d’origine». Il a également reconnu implicitement la présence d’acteurs étrangers dans la crise: «Nous réaffirmons notre attachement ferme à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo, et nous condamnons l’utilisation de groupes armés agissant par procuration».[2]
Le 15 juin, au sujet de la situation sécuritaire dans l’Est du Pays, le Conseil Supérieur de la Défense présidé par le chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a exigé au Rwanda de procéder au retrait immédiat de ses troupes déployées sur le sol congolais sous couvert du groupe terroriste M23. Il a aussi demandé au gouvernement de la RDCongo de suspendre tous les protocoles d’accords, accords et conventions conclues avec le Rwanda et de mettre davantage les moyens nécessaires à la disposition des Forces de défense et de sécurité, pour assurer la défense et l’intégrité du territoire national de la République démocratique du Congo.
Parmi les accords qui pourraient être frappés de suspension, on peut citer les trois qui avaient été signés par les deux présidents de la RDCongo et du Rwanda le 26 juin 2021. Le premier porte sur la promotion et la protection des investissements. Le deuxième est une convention qui permet d’éviter la double imposition et de prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôts sur le revenu. Le troisième est un protocole de coopération signé entre la société aurifère du Kivu et du Maniema (Sakima SA) et la société rwandaise Dither LTD. Par ce dernier accord, Kinshasa avait accepté que l’or extrait par Sakima soit raffiné au Rwanda. Selon plusieurs députés, tous ces accords se sont avérés très bénéfiques pour l’économie rwandaise au détriment de la RDC et leur suspension pourrait être une forme de sanction économique pour répondre à l’agression rwandaise. Dans l’entourage du président Félix Tshisekedi, on n’exclut pas de passer à un niveau supérieur si le soutien du Rwanda au M23 se poursuit. La prochaine étape pourrait être l’expulsion de l’ambassadeur rwandais en poste à Kinshasa ou encore la rupture des relations diplomatiques.[3]
Le 20 juin, à Nairobi (Kenya), le 3ème conclave des chefs d’Etat de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) a été consacré à la situation sécuritaire à l’Est de la RDCongo.
Ce 3eme conclave de Nairobi a connu la participation des présidents Uhuru Kenyatta (Kenya), Felix Antoine Tshisekedi (RDC), Yoweri Museveni (Ouganda), Paul Kagame (Rwanda), Evariste Ndayishimiye (Burundi), Salva Kiir Mayardit (Sud Soudan). La Présidente de la République Unie de Tanzanie était représentée par l’Ambassadeur de Tanzanie au Kenya, le Dr. John Steven Simbachawene.
Au menu de ce conclave, il y a eu le rapport de la réunion des chefs d’état major généraux des pays de l’EAC qui s’est tenue la veille, ainsi que celui des consultations menées par l’équipe du secrétariat mixte RDC-Kenya dans les provinces de l’Est de la RDC.
Au terme de leur 3eme conclave, les dirigeants des pays membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) sont tombés d’accord sur le déploiement d’une force régionale pour «imposer» la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Ils ont indiqué que cette force régionale devrait, en coopération avec l’armée et les forces administratives de la RDC, chercher à stabiliser et assurer la paix en RDC.
Placée sous le commandement militaire du Kenya, cette force régionale devrait être opérationnelle dans les prochaines semaines, indique la cellule de communication de la Présidence de la RDC dans une dépêche. À en croire la même source, le mandat, la composition et la taille de cette force, la durée des opérations et d’autres informations opérationnelles feront l’objet d’une communication ultérieure spécifique. «En attendant cette ultérieure communication, une source bien introduite au palais présidentiel de Nairobi nous a confirmé que les troupes rwandaises ne seront pas déployées en terre congolaise», lit-on dans cette dépêche. En réalité, la RDC a demandé que le Rwanda ne fasse pas partie de cette force régionale à cause de son appui avéré au Mouvement du 23 Mars (M23), mais le communiqué final est resté muet sur cette question.
Les Chefs d’État de l’EAC ont appelé à «une cessation immédiate de toutes les hostilités dans l’Est de la RDCongo, y compris le retrait des positions récemment conquises. Ils ont demandé à tous les groupes armés, tant étrangers que locaux, de déposer les armes immédiatement et sans condition». Le communique final appelle en outre à «la déclaration des provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu (Bunagana, la plupart des régions du Petit Nord, Masisi, Lubero, Axe principal Beni-Kasindi) et du Sud-Kivu « zones sans armes », où tout individu ou groupe portant des armes en dehors des forces loyalistes et légalement déployées et mandatées dans le pays, sera désarmé».
Les Chefs d’État ont convenu aussi que le processus politique devrait être intensifié par toutes les parties afin de permettre aux citoyens de la RDC de se sentir en sécurité et de pouvoir reprendre et poursuivre leurs activités sociales, culturelles et économiques respectives. À propos du processus politique interne, d’après la présidence congolaise, 56 groupes armés et 40 leaders congolais ont été consultés par les experts de la RDC et du Kenya dans le cadre du processus dit de Nairobi.
Les chefs d’État de l’EAC ont également listé un certain nombre de problèmes qui nécessitent une solution concertée, urgente et durable: la priorisation et la participation au développement de la nation, la citoyenneté́, la présence d’éléments étrangers négatifs, le sort des combattants lors de la réintégration et le statut des réfugiés et des personnes déplacées internes en RDC.
Les Chefs d’Etat se sont engagés à contribuer à trouver une solution rapide et durable au conflit en RDC, en particulier dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu ainsi que de l’Ituri.
Ils ont également souligné que, tout langage offensant et tout discours de haine ethnique doivent cesser et être découragés par toutes les parties et que le peuple congolais doit être encouragé à travailler ensemble afin d’assurer la stabilité, la paix et le développement de l’est de la RDCongo.[4]
Le 20 juin, dans un communiqué, le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) s’est opposé au déploiement, dans les prochains jours, d’une force régionale militaire pour appuyer l’armée congolaise dans la traque des groupes armés dans l’Est du pays.
Ce mouvement de la société civile a demandé au président de la République, Félix Tshisekedi, de renoncer sans hésitation à ce projet, qui pourrait aggraver la situation sécuritaire qui prévaut dans l’Est du pays. Pour la LUCHA, la présence d’une nouvelle force régionale militaire ne se justifie pas pour 3 raisons.
Primo, toutes les armées de la Communauté des États d’Afrique de l’Est sont déjà présentes sur le sol congolais, sous une forme ou une autre.
Secundo, au moins 3 sur 7 pays membres de l’EAC sont impliqués, depuis plus de deux décennies, dans l’agression et la déstabilisation de la RDC, notamment le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi.
Tertio, en plus de l’armée congolaise et des armées des pays voisins, il y a la présence des Casques bleus de l’ONU déployés dans l’Est depuis plus de 20 ans.
Selon LUCHA, «au regard de ces factuels, l’idée d’une force régionale, comprenant des armées hostiles ou déjà présentes sur notre territoire, pose de multiples problèmes d’ordre politique, stratégique et même opérationnel. Et il ne suffit pas de mettre à l’écart l’armée rwandaise de cette force régionale: la participation des armées ougandaise, burundaise et sud-soudanaise est tout aussi indésirable. Monsieur le président, pour toutes ces raisons, nous rejetons vigoureusement le projet de déploiement d’une nouvelle force régionale et vous appelons à y renoncer sans atermoiements».
La LUCHA préconise que la RDC puisse requérir du Conseil de sécurité de l’ONU le renforcement de la Brigade d’intervention de la Monusco en troupes, par les pays de la région à l’exclusion du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi et du Soudan du Sud.
Elle réclame la fin de l’opération Shujaa menée par les armées congolaise et ougandaise.
Ce mouvement citoyen insiste sur la réforme des forces de défense et de sécurité congolaises qui doit être la priorité nationale absolue. Plutôt que l’arrivée d’autres troupes étrangères, il demande que l’armée congolaise soit « réformée » et « renforcée », que ses hommes soient « bien payés » et disposent des rations nécessaires et des moyens logistiques et militaires adéquats, que les « officiers corrompus, qui profitent de la guerre » pour s’enrichir, en détournant la solde des militaires et s’adonnant à la contrebande d’armes et de minerais, soient remplacés, qu’on facilite le recrutement de nouveaux soldats parmi les jeunes gens, en leur assurant une formation militaire spécialisée.[5]
4. SUR LE TERRAIN DES COMBATS
Le 6 juin, après une semaine d’accalmie, les combats ont repris très tôt le matin entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les combattants du Mouvement du 23 mars (M23) dans la région de Runyonyi et Chanzu, territoire de Rutshuru (Nord-Kivu).
Selon le porte-parole des FARDC, le lieutenant-colonel Njike Kaiko, l’armée a répondu à la provocation du M23 qui a lancé les hostilités vers 5 heures du matin, sur ses positions à Muhati et à Bugusa, près de Jomba.
De son côté, Bertrand Bisimwa, membre du M23, a accusé les FARDC d’avoir lancé les offensives contre ses positions depuis 2 heures du matin.
Dans une communication officielle, le porte-parole du gouverneur du Nord-Kivu, le général Sylvain Ekenge. a déclaré que, au cours de l’attaque du M23 à Bugusa, au moins deux militaires ont été tués et cinq autres blessés. Le général Ekenge a dénoncé l’usage de canons à longue portée, ce qui, selon lui, témoigne du soutien que le M23 bénéficierait de la part de l’armée rwandaise.[6]
Le 7 juin, des affrontements ont continué à opposer les FARDC au M23 sur les collines de Chanzu et Runyonyi, à plus 70 km au Nord-Est de Goma. L’armée nationale a dit conserve toujours sa position de Muhati, malgré l’attaque du M23 et ses alliés des Forces de Défense Rwandaises (RDF) sur cette position le jour précédent. Des sources concordantes ont affirmé que le M23 garde aussi ses positions de Chanzu et Runyonyi, malgré les bombardements des forces loyalistes. Selon les témoignages des habitants, l’armée tentait de reprendre deux stratégiques collines, Tchanzu et Runyoni, considérées comme des QG du M23 dans le territoire de Rutshuru.[7]
Le 8 juin, dans un communiqué, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont accusé le gouvernement rwandais d’appuyer le M23 avec 500 militaires: «Pour appuyer le M23, le Rwanda a déployé dans les environs de Tchanzu et Runyonyi 500 militaires des Forces Spéciales, tous habillés d’une nouvelle tenue de couleur vert-noir et coiffés des casques de sa Force Spéciale». De sa part, Kigali a qualifié ces nouvelles accusations de « sans fondement ».[8]
Le 10 juin, de violents combats ont été signalés entre 11 heures et 12 heures locales entre les FARDC et le M23 dans la localité de Bigega, à environ 7 kilomètres au Sud-Est de la cité de Bunagana, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu).[9]
Le 10 juin, l’Armée rwandaise a accusé les FARDC d’avoir tiré deux roquettes vers le territoire rwandais. Elle a ajouté que les tirs sont partis de la zone de Bunagana en RDC et ont atteint Nyabigoma, dans le district de Musanze, à 11 h 55. Même s’il n’y a pas eu de victimes, Kigali a dit avoir rapporté ces incidents au Mécanisme conjoint de vérification élargi de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). De sa part, l’armée congolaise a nié les faits.[10]
Le 10 juin, les Forces Armées de la RDC (FARDC) ont accusé l’armée rwandaise d’avoir tiré, depuis la colline de Muhabura, au Rwanda, dans l’après-midi, une dizaine de bombes sur les localités de Biruma et Kabaya, dans le groupement de Kisigari, chefferie de Bwisha territoire de Rutshuru, en RDC. Selon l’armée congolaise, ces bombardements rwandais ont détruit une école et tué deux élèves. Selon un communiqué des FARDC, «pour les bombes de Kabaya, tombées plus précisément dans l’enceinte de l’Institut Saint Gilbert, le bilan encore provisoire est de deux enfants de sexe masculin tués. Il s’agit de Ishaka Mapenzi âgé de 7 ans et de Jérémie Nziuvira âgé de 6 ans. Un autre garçon dont l’identité n’est pas encore précisée a été blessé et est admis dans un centre hospitalier de la place». De son côté, dans un communiqué, le M23 a accusé l’armée congolaise d’être à la base de la mort des deux enfants, car elle avait positionné ses canons en pleine cité de Bunagana,[11]
Le 12 juin, des combats à l’arme lourde ont repris aux alentours de Bunagana, dans le territoire de Rutshuru, près de la frontière avec l’Ouganda et non loin du Rwanda. Bunagana est considérée comme une agglomération d’une grande importance stratégique, commerciale et militaire dans la région. Le porte-parole militaire, le lieutenant-colonel N’Djike Kaiko Guillaume, a parlé d’une attaque du M23 qui, à partir des collines de Chanzu et Runyoni et appuyé par des éléments de l’armé rwandaise, a visé les positions des FARDC à Bigega 1 et 2, près de Bunagana, cité frontalière avec l’Ouganda et proche du Rwanda. Dans un communiqué, les forces régulières ont déclaré que l’objectif du M23 était d’occuper la cité de Bunagana, afin de paralyser et asphyxier la ville de Goma et mettre la pression sur le Gouvernement congolais, pour qu’il accepte de négocier avec lui.[12]
Le 13 juin, aux premières heures du matin, la situation à Bunagana était très confuse. Difficile de préciser qui l’occupait. Dans la matinée, le porte-parole du secteur opérationnel Nord-Kivu Sokola 2, le Lieutenant colonel Njike Kaiko Guillaume, a annoncé que, jusqu’à 8h locales, l’armée avait encore le contrôle sur Bunagana, même si plusieurs sources locales ont affirmé que certains éléments du M23 étaient déjà dans la cité aux alentours de 20 heures du jour précédent. Selon un habitant de Bunagana ayant traversé la frontière ougandaise pour fuir les combats, «certains militaires des FARDC aussi et des éléments de la police qui étaient à Bunagana ont pris la direction de l’Ouganda vers 8h de ce matin. Même le chef de groupement de Jomba a traversé la frontière hier soir. Bref, toutes les autorités locales ont traversé la frontière».
Selon Damien Sebusanane, responsable d’une association locale de la société civile, qui se trouvait à la frontière ougandaise, les Forces Armées de la RDC (FARDC) auraient reçu l’ordre de se retirer sans combat de Bunagana. «L’armée s’est retirée de Bunagana. Un camion de l’armée, quatre jeeps et d’autres véhicules pleins de militaires viennent de passer la frontière avec l’Ouganda», a-t-il ajouté, estimant à une centaine le nombre de militaires des FARDC (Forces armées de la RDC) partis se réfugier en Ouganda.
Selon un officier des forces de sécurité ougandaises, Hajj Sadiq Sekandi, interrogé depuis Kampala, «137 soldats congolais et 37 policiers qui fuyaient les combats et recherchaient une protection se sont rendus à l’armée ougandaise».
Selon une source humanitaire sur le terrain, lors de nouveaux affrontements violents qui avaient éclaté le matin du jour précédent, ces militaires se sont retrouvés acculés à Bunagana, sans autre voie de sortie que la frontière. La cité de Bunagana est donc passée, depuis le matin, sous contrôle du M23.[13]
Le 13 juin, dans une communication officielle faite dans la soirée, les Forces Armées de la RDCongo (FARDC) ont affirmé une nouvelle fois que les M23 ont été soutenus par des militaires rwandais: «Après avoir constaté d’énormes revers subis par leurs protégés sur le terrain, les Forces de Défense du Rwanda ont, cette fois et à découvert, décidé de violer l’intangibilité de notre frontière et l’intégrité de notre territoire en occupant la cité frontalière de BUNAGANA ce lundi 13 juin 2022 aux environs de 07 heures du matin. Ce qui constitue ni plus ni moins une invasion de la RDC et les Forces Armées de la République Démocratique du Congo tireront toutes les conséquences qui s’imposent et défendront la Patrie».
Dans un autre communiqué publié après la prise de Bunagana, le Mouvement du 23 mars (M23) a déclaré: «Notre mouvement réaffirme son engagement à poursuivre la recherche de la réponse à ses revendications par des voies pacifiques. Ainsi, nous demandons, une fois de plus, au président de la République, de saisir cette opportunité pour mettre fin à la violence que provoque cette guerre inutile et ouvrir des négociations directes avec notre mouvement, pour éteindre définitivement le conflit».
Dans un interview, l’analyste politique et spécialiste des questions militaires, Jean-Jacques Wondo, a affirmé que le M23 est un acteur proxy qui représente les intérêts des pays frontaliers, notamment le Rwanda. Dans son intervention à Radio Okapi, il a affirme que Kigali a toujours voulu exercer une influence sur la politique et la sécurité de la RDC. «Une rébellion ne peut pas prospérer sans bénéficier des soutiens frontaliers. Ce que le M23 n’a pas obtenu lors des négociations à Nairobi, il cherche à l’obtenir par la force, en mettant les autorités congolaises devant le fait accompli», a déclaré M. Wondo, qui suppute qu’il y aurait une coalition pour occuper une partie du Nord-Kivu. Il a aussi indiqué que le M23 utilise la tactique « fight and talk »: le M23 discute quand ça l’arrange et recourt aux moyens militaires quand il n’obtient pas ce qu’ils veut par la négociation.[14]
Le 13 juin, pendant la nuit, des éléments du M23 ont pillé des biens de la population qui avait fui les combats à Bunagana. Nombreux habitants qui ont regagné la cité le matin du 14 juin ont trouvé les portes de leurs habitations et des boutiques, cassées par les rebelles du M23 qui ont emporté, pour la plupart, des vivres, dont des sacs de riz, et de farine de maïs et même des boissons. Certaines portes des bureaux de la douane ont été également cassées, ce qui a provoqué la fermeture de toute activité de importation et d’exportation. Selon le témoignage d’un habitant, dans la matinée du 14 juin, le porte-parole du M23, Willy Ngoma, a tenu un meeting appelant la population au retour.[15]
Le 14 juin, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont déjoué une nouvelle tentative d’attaque d’une des leurs positions à Chengerero, à moins de 10 Km de Bunagana, dans le groupement de Jomba, territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Le porte-parole du secteur opérationnel Nord-Kivu Sokola 2, le lieutenant colonel Ndjike Kaiko Guillaume, a déclaré que les FARDC sont en train de poursuivre le M23, afin de le délocaliser du sol congolais. Il a ajouté que la reprise de Bunagana par les forces loyalistes n’est qu’une question de quelques heures.[16]
Le 15 juin, une accalmie est observée, tôt le matin, sur toutes les lignes de fronts, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Dans l’après-midi, des affrontements ont opposé les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23 dans le village de Rubavu (groupement de Busanza), dans le territoire de Rutshuru. Selon les autorités locales, l’attaque de Rubavu menée par le M23 depuis Bunagana a été repoussée par les FARDC.[17]
Le 16 juin, tôt le matin, les Forces Armées de la RDC (FARDC) ont lancé une offensive contre le M23 à Kabindi, à 12 km de la cité de Bunagana. Le porte-parole des opérations Sokoka 2, le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike a affirmé que «les FARDC sont en train de repousser l’ennemi».[18]
Le 17 juin, des combats ont opposé depuis 3 heures du matin, les Forces Armées de la RDC (FARDC) au M23, dans la région de Chengerero, à une dizaine de kilomètres à l’Ouest de Bunagana. A l’issue de ces affrontements, les FARDC ont effectué un repli stratégique de certaines de leurs positions. Il s’agit notamment de Chengerero, Bugusa, Kabindi et Rangira, des localités passées désormais sous contrôle du M23.[19]
Le 19 juin, des nouveaux affrontements ont opposé les FARDC au M23 à Kavumu et Bikenke, sur l’axe Runyoni- Rumangabo, dans le groupement Bweza, territoire de Rutshuru (Nord-Kivu).
Les M23 a effectué des tirs de mitrailleuses et de mortier probablement depuis Muhati et Runyoni, 18 km au sud-est de Rutshuru-centre. Au moins six ont touché la base de la MONUSCO à Shangi, située à 15 km au sud-est de Rutshuru-centre, mais sans faire de victimes, D’autres tirs auraient touché les positions des FARDC à Kakimore, Bikenge et Busumba, 14 km au sud-est de Rutshuru-centre. Sur l’axe Rutshuru-centre-Bunagana, l’armée congolaise maintient toujours ses positions au niveau de Rwanguba, alors que le M23 se trouve au niveau de Tchengerero et de certains autres villages des groupements de Jomba et Busanza.[20]
Le 20 juin, entre 8 et 9 heures locales, des combats ont opposé à nouveau les FARDC et le M23 dans la zone de Bikenge et Shangi, dans le groupement Bweza, en territoire de Rutshuru. D’autres affrontements ont été signalés dans le groupement Busanza. Selon des sources locales, le M23 vise le contrôle de la frontière de Kitagoma avec l’Ouganda, à 20 Kms de Bunagana.[21]
Le 20 juin, le Mouvement du 23 Mars (M23) a annoncé la réouverture du poste frontalier de Bunagana, dont il s’était emparé le 13 juin. «Aujourd’hui nous avons procédé à l’ouverture de la frontière au poste frontalier de Bunagana. La population commence à revenir… Ils doivent rentrer, afin que les enfants aillent à l’école», a déclaré Willy Ngoma, porte-parole du M23, dans une vidéo transmise à la presse. «Oui, le M23 vient d’ouvrir la frontière (…) mais certaines des personnes qui traversent viennent pour prendre quelques affaires puis retourner en Ouganda», a indiqué Damien Sebusanane, responsable de la société civile locale.[22]
Le 20 juin, le gouvernement provincial du Nord-Kivu a interdit, jusqu’à nouvel ordre, toute «importation et exportation» des marchandises par les opérateurs économiques et les commerçants, via le poste frontalier de Bunagana, entre la RDC et l’Ouganda. Cette décision est contenue dans le communiqué officiel signé par le gouverneur du Nord-Kivu, le Lieutenant-général Constant Ndima, qui a déclaré que «toute personne dont la marchandise, de quelle que nature que ce soit, entrerait par ce poste frontalier sera considérée comme fraudeur, collaborateur de l’ennemi et subira la rigueur de la loi». Le Gouverneur du Nord-Kivu a demandé aux services œuvrant aux frontières, notamment la DGM, la DGDA, l’OCC et le PNHF, de prendre contact avec leurs homologues ougandais afin de faciliter l’exécution de cette mesure. Les effets de cette mesure prendront fin dès la reprise de Bunagana par les FARDC.[23]
Le 21 juin, les affrontements entre les FARDC et les rebelles du M23 se sont intensifiés, depuis tôt le matin, dans la zone de Bikenge et Ruvumu, vers les limites entre les groupements de Kisigari et Jomba, dans le territoire de Rutshuru. Commencés, autour de 23 heures du 20 juin, ces affrontements se sont intensifiés entre 2 heures et 3 heures du matin du 21 juin et se sont poursuivis pendant toute la journée . Les rebelles M23 ont pris pour cible, les positions FARDC vers Bikenke et Ruvumu sur l’axe Kabaya-Rumangabo,
D’après des sources locales, le M23 a attaqué et occupé les villages Bikenke, Shangi, Bukima et Ruvumu, mais l’armée est parvenue à les repousser de ces villages. D’autres sources cependant indiquent que d’autres localités limitrophes sont encore contrôlées partiellement par les M23. Il s’agit notamment de Ruvumu, Buharo et Rutokara, dans le groupement de Kisigari où, selon des sources locales, au moins dix-sept civils ont été tués. Selon les sources, les victimes ont été tuées par le M23 et ses alliés Rwandais de la RDF, les unes par armes blanches, les autres par armes à feu, dont des bombes. Entre-temps, les cités de Bunagana et de Chengerero, deux de grandes agglomérations de la région sont toujours sous contrôle du M23.[24]
[1] Cf Actualité.cd, 11.06.’22
[2] Cf Actualité.cd, 12.06.’22
[3] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 16.06.’22; RFI, 16.06.’22
[4] Cf Radio Okapi, 20 et 21.06.’22; Actualité.cd, 20.06.’22; Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 20.06.’22; AFP – Actualité.cd, 21.06.’22
[5] Cf Merveil Molo – 7sur7.cd, 20.06.’22
[6] Cf Radio Okapi, 06 et 07.06.’22
[7] Cf Radio Okapi, 08.06.’22
[8] Cf Auguy Mudiayi – Actualité.cd, 08.06.’22
[9] Cf Radio Okapi, 10.06.’22
[10] Cf Actualité.cd, 10.06.’22
[11] Cf Auguy Mudiayi – Actualité.cd, 10.06.’22
[12] Cf Isaac Kisatiro – 7sur7.cd, 12.06.’22
[13] Cf Jonathan Kombi – Actualité.cd, 13.06.’22; AFP – Lalibre.be/Afrique, 13.06.’22; Radio Okapi, 13.06.’22
[14] Cf Auguy Mudiayi – Actualité.cd, 13.06.’22; Alphonse Muderwa – 7sur7.cd, 14.06.’22; Radio Okapi, 14.06.’22
[15] Cf Jonathan Kombi – Actualité.cd, 14.06.’22
[16] Cf Jonathan Kombi – Actualité.cd, 14.06.’22
[17] Cf Radio Okapi, 15.06.’22; Patrick Maki – Actualité.cd, 16.06.’22
[18] Cf Radio Okapi, 16.06.’22
[19] Cf Radio Okapi, 17.06.’22
[20] Cf Radio Okapi, 20.06.’22
[21] Cf Radio Okapi, 20.06.’22
[22] Cf AFP – Actualité.cd, 20.06.’22
[23] Cf Radio Okapi, 21.06.’22
[24] Cf Radio Okapi, 21-22-23.06.’22