L’ÉTAT DE SIÈGE AU NORD KIVU ET EN ITURI
SOMMAIRE
1. LA 5ème PROROGATION
a. De la proposition du Gouvernement jusqu’à la promulgation par le Chef de l’État
b. Un bilan des trois premiers mois
2. LA PERSISTANCE DES VIOLENCES
a. La liste des victimes s’allonge
b. Deux journalistes tués
c. Nombreuses les arrestations, rares les opérations militaires
3. LA NOMINATION DES MEMBRES DE LA COORDINATION DU PROGRAMME DE DÉSARMEMENT ET RÉINSERTION COMMUNAUTAIRE
1. LA 5ème PROROGATION
a. De la proposition du Gouvernement jusqu’à la promulgation par le Chef de l’État
Le 26 juillet, le vice-président de l’assemblée provinciale du Nord-Kivu, Jean-Paul Lumbu Lumbu, a plaidé pour l’évaluation préalable de l’état de siège avant toute nouvelle prorogation. Il a affirmé que, plus de deux mois après sa proclamation, l’état de siège n’a apporté aucun changement dans la situation sécuritaire au Nord-Kivu: «Les ADF continuent à tuer à Beni, comme ce fut dans le temps avant même la proclamation de l’état de siège. Peut-être, ils ont élargi leur champ d’actions. Les groupes armés internes, à Lubero, Rutshuru, Masisi, Nyiragongo et Walikale continuent à faire la loi, comme ce fut le temps avant la proclamation de l’état de siège». Selon lui, «il faut qu’on se pose les questions suivantes: quelle est la mission de l’état de siège? Qu’est ce qui n’a pas marché? Qu’est ce qu’il faut améliorer?».[1]
Le 26 juillet, dans un communiqué, l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) a demandé au gouvernement Sama Lukonde de procéder à une évaluation de l’état siège dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri, afin de s’assurer de son efficacité sur le terrain et ce, au regard de la recrudescence de la violence dans ces régions.[2]
Le 30 juillet, le Conseil des ministres a adopté le projet de loi portant autorisation de la prorogation de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Il s’agira d’une cinquième prorogation pour 15 autres jours.[3]
Le 2 août, l’ONG l’Union des Familles pour la Recherche de la Paix (UFAREP) a rendu public un rapport faisant état de quatre cent trois (403) cas de violations de droits de l’homme, enregistrés dans quatre territoires (Nyiragongo, Rutshuru, Lubero et Beni) de la province de Nord-Kivu, depuis l’instauration de l’état de siège au mois de mai dernier. «Ces cas de violations des droits de l’homme qui ont été perpétrées par les groupes armés ainsi que par les forces de l’ordre, entre autres les FARDC, la PNC et l’ANR», a affirmé le responsable de l’ UFAREP, Janvier Kaikolo. Selon cette même source, ces violations sont souvent caractérisées par des tueries, des kidnappings, des arrestations arbitraires et « des barrières illégales encore visibles sur certains tronçons routiers » de la province.[4]
Le 2 août, le président de la chambre basse du parlement, Christophe Mboso N’kodia, a annoncé que l’évaluation de l’état de siège instauré dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, sera faite par la commission Défense et sécurité de l’Assemblée nationale en lieu et place de l’Assemblée plénière. D’après certaines information, un délai de 48 heures a été donné au président de cette commission pour commencer les auditions avec les membres du gouvernement. Ces auditions prendront 3 jours, car la commission va auditionner un ministre par jour: le vice-premier ministre de l’Intérieur, le ministre de la défense nationale et le ministre de la justice, Après cela, un rapport sera présenté à la plénière dans les jours à venir. Sauf imprévu, la première audition démarre déjà ce mercredi 04 août.[5]
Le 3 août, le député Gratien Iracan de Saint Nicolas, coordonnateur du Collectif des députés des 26 provinces (C26), a déclaré qu’un groupe de 94 députés a décidé de ne pas participer à toute plénière visant une 5e prorogation de l’état de siège en cours dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, car ils estiment qu’il n’y a pas de résultats encourageants sur le terrain et exigent une évaluation de l’application de cet état de siège, car «tous les rapports du terrain démontrent des faits contraires aux informations qui sont mises sur la place publique par le gouvernement. On signale de dégâts tant humains que matériels plus qu’avant même l’état de siège». Pour cet élu de Bunia, ce groupe de parlementaires a analysé la situation et a plaidé pour une évaluation de l’état de siège par les députés, en présence du gouvernement et des états-majors de l’armée et de la police.[6]
Le 3 août, l’Assemblée Nationale a autorisé, sans débat après évaluation, le projet de loi autorisant la prorogation de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Pour cette 5ème prorogation, 337 des 342 députés présents ont voté « pour », 3 ont voté « contre » et 2 se sont abstenus. Cette prorogation de 15 jours prend cours du mercredi 4 août au jeudi 19 août 2021. Cette nouvelle prolongation a été précédée par une plénière d’évaluation à huis clos de cet état de siège exigée par les élus de ces deux provinces. Au cours de cette évaluation, on a affirmé que, en dépit des efforts consentis, plusieurs problèmes sécuritaire, administratif et financier perdurent dans les deux provinces et qu’il faut trouver des solutions sans tarder. Quelques députés nationaux se sont dits satisfaits de cette évaluation, qui selon eux était la condition pour proroger l’état de siège.
De cette évaluation, ont-ils affirmé, il ressort que l’état de siège a été confronté à l’impréparation et au sabotage. Impréparation, parce qu’aucune administration militaire, aucune étude stratégique n’a été faite. Ce qui a occasionné un problème d’effectif et des moyens nécessaires pour mener les opérations conséquentes susceptible de ramener la paix dans cette partie du pays.
À en croire les révélations des membres du gouvernement présents à cette plénière, sur près de 33 millions USD décaissés du trésor public pour financer l’état de siège, seuls 5 millions USD ont valablement servi à cet objectif en Ituri, et presque le même montant au Nord-Kivu. Pour les députés, plus de 20 millions USD ont donc été détournés et les enquêtes sont déjà en cours.
On poursuivra cette évaluation au sein de la commission Défense et Sécurité.[7]
Le 4 août, le Sénat a adopté en seconde lecture le projet de loi portant prorogation de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Au cours de cette plénière tenue par visioconférence pour des raisons de la pandémie, sur 80 sénateurs présents, 78 ont voté pour, 2 ont voté contre, aucune abstention.[8]
Le 4 août, le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi a promulgué la loi portant prorogation de l’état de siège décrété dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.[9]
b. Un bilan des trois premiers mois
Le 5 août, des experts du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST) ont fait savoir que, en Ituri et au Nord-Kivu, les groupes armés « ont tué 485 civils » depuis le 6 mai. Les Forces Démocratiques Alliées (ADF), un groupe armé d’origine ougandaise, est responsable à lui seul de la mort de 254 civils.
Pour la période du 1er février au 5 mai 2021, le KST avait documenté « 464 civils tués par tous les groupes armés confondus » dans les deux provinces. A eux seuls, les ADF avaient massacré « 225 personnes ».
De son côté, l’armée dresse en Ituri le bilan des miliciens tués depuis l’instauration de l’état de siège: 121, dont 32 ADF. A Beni, sur 39 miliciens tués, 31 sont des ADF.
« C’est un fiasco qui ne devrait pas être renouvelé indéfiniment », s’est emporté Patrick Mundeke, habitant de Goma (Nord-Kivu) et membre du parti « Ensemble pour la République » de l’ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi.
« L’état de siège est un échec cuisant. Les gens continuent à être tués, les kidnappeurs opèrent de la même manière sans se faire prendre. La situation devient plus grave qu’avant », se désole Masika Salama, une étudiante de 25 ans de Beni.
« La situation s’est dégradée. Avant l’état de siège, on pouvait partir de Beni et arriver à Bunia. Pendant l’état de siège, il est devenu extrêmement dangereux d’effectuer le trajet. Le rayon des tueries s’est étendu. Les assaillants sont désormais actifs aussi dans l’Ituri au nord de Beni », martèle le professeur Mughanda. « Qu’on suspende cette mesure. On ne peut décréter l’état de siège avec une armée infiltrée, une armée indisciplinée, une armée avec des officiers qui détournent les rations et les soldes des militaires au front », s’indigne-t-il.
« Il faut circonscrire l’état de siège dans les territoires de Beni (Nord-Kivu) et Irumu (Ituri) » où sont commis plus d’atrocités, préconise le député provincial Promesse Matofali Yonama.[10]
Le 5 août, lors d’une réunion axée sur l’évaluation de l’état de siège tenue à la commission Défense et sécurité de l’Assemblée nationale, les députés du Nord-Kivu et de l’Ituri ont fait savoir au ministre de la Défense nationale, Gilbert Kabanda, que l’état de siège n’a pas produit des résultats attendus à cause des tracasseries militaires. D’après un député qui a pris part à cette réunion, ils ont demandé à ce que l’état de siège soit recadré dans cette partie du pays: «Il faut qu’on recadre l’état de siège dans la mesure où il y a plus du mal que du bien sur le terrain, parce qu’en évaluation, plusieurs questions tournent autour des tracasseries militaires, car l’ennemi se trouve plus dans l’armée que chez les civils. Nous avons formulé des recommandations pour que l’état de siège soit recadré».[11]
Le 6 août, dans un point de presse, le porte-parole du gouverneur de la province du Nord-Kivu, le général de brigade Sylvain Ekenge, a déclaré que, depuis l’instauration de l’état de siège le 6 mai dernier, 625 membres des groupes armés se sont rendus, 145 collaborateurs des ADF ont été arrêtés, 328 armes ont été récupérées, 10 véhicules et 15 motos ont été saisis des mains des ADF. Il a ajouté qu’une centaine de combattants ADF ont été capturés et mis en prison. Une cinquantaine d’entre eux sont des Congolais originaires de Butembo et Beni, deux grandes villes du nord du Nord-Kivu. Il a enfin rappelé que, depuis octobre 2014, l’armée congolaise a perdu au moins 2.000 militaires dans la région de Beni, lors de combats contre les Forces Démocratiques Alliées (ADF).[12]
Le 8 août, dans une interview, le député national Gratien Iracan a affirmé que le bilan de l’état de siège est négatif à la suite de détournement de fonds, Cet élu de l’Ituri regrette que 33 millions USD aient été débloqués pour le financement de l’état de siège, mais les deux provinces n’ont pu recevoir que 8 millions USD. Sur les 25 millions restants, 13 millions USD ont été retrouvés à l’état-major général des Forces armées de la RDC à Kinshasa. Ses responsables disent avoir gardé cet argent dans un coffre-fort, en vue d’un achat d’un avion. Le député Iracan s’interroge: «Comment expliquer que l’argent qui devrait être gardé dans une banque, se retrouve dans un coffre-fort?». Il évoque également le déficit d’effectifs militaires et le manque de moyens logistiques qui empêchent le bon déroulement de l’état de siège.
Pour ce même député, le Chef de l’Etat a été piégé par ceux qui l’ont encouragé à le décréter, dont certains officiers de l’armée, qui sont notamment à l’origine des détournements constatés: «Nous avons une bonne armée, mais certains commandants sont mauvais. Ils construisent des maisons en étage ici à Kinshasa et roulent carrosse, alors que les militaires sont privés de tout dans les zones d’opérations». Le député national se demandent aussi pourquoi la Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO) a été écartée des opérations de l’état de siège, alors qu’elle pourrait apporter son appui logistique notamment.
Pour cet élu de Bunia en Ituri, la situation sécuritaire s’est dégradée sous l’état de siège et les informations fournies par le gouvernement et l’état-major général de l’armée ne sont pas toujours exactes par rapport à la réalité constatée sur le terrain. Pour éclairer sa position, il révèle que, avant l’état de siège, la province de l’Ituri comptait 8 groupes armés, mais actuellement il y en a 11; les effectifs de déplacés internes sont passés de 1 à 2 millions; les axes routiers fréquentables sont passés de 5 à 1 seul, la nationale n. 27, et avec beaucoup de risques. Plus de 30 villages ont été incendiés par les groupes armés dans le territoire d’Irumu. Dans la même province, les barrières illégales de perception d’argent par les FARDC sont passées de 27 à près de 189. Le député révèle qu’à certaines barrières, les militaires cohabitent avec les miliciens pour percevoir l’argent.[13]
Le 9 août, dans un communiqué de presse, le Centre d’Études pour la Promotion de la paix, la démocratie et les droits de l’homme (CEPADHO) a déclaré que au moins 75 civils ont été tués en l’espace de deux semaines dans les territoires de Beni (Nord-Kivu) et d’Irumu (Ituri). Pour le CEPADHO, les attaques perpétrées ces jours par les ADF ont pour objectif d’inciter la population à s’opposer à l’état de siège.[14]
2. LA PERSISTANCE DES VIOLENCES
a. La liste des victimes s’allonge
Le 2 août, au début de la nuit, au moins 17 personnes ont été tuées et d’autres ont été prises en otage dans une nouvelle incursion attribuée aux ADF, dans la chefferie de Walese-vonkutu en territoire d’Irumu, province de l’Ituri. Le drame a eu lieu dans le village de Idohu situé sur axe routier Beni-Komanda de la route nationale numéro 4. Des témoins indiquent que cette attaque est intervenue à 17 heures locales à Idohu. Des présumés rebelles ADF ont tiré plusieurs coups de feu pour immobiliser la population. La société civile locale précise que quelques agriculteurs, qui revenaient du champ, ont été les premières cibles de ces hommes armés. Ils les ont ligotés puis décapités.[15]
Le 5 août, dans la matinée, au moins 8 civils dont trois femmes ont été tués par balles et à coups de machette, dans une nouvelle attaque des combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF), dans le village de Mbingi, près de la localité de Mamove (territoire de Beni), province du Nord-Kivu. Quatre personnes sont grièvement blessées et plusieurs autres portées disparues. Les assaillants sont venus du village voisin de Tchanitchani et ont visé notamment les villageois qui se rendaient aux champs, a expliqué le président de la société civile de Mamove, Kinos Katuho, qui a aussi déclaré que les assaillants étaient visibles dans les villages environnants depuis au moins deux semaines. Cette présence des combattants avait occasionné les déplacements de certains habitants: «Ça fait plus ou moins une à deux semaines que l’ennemi était toujours dans ces contrées à partir de Tchanichani, où il avait tué une dizaine de personnes et à partir de ce jour-là l’ennemi était toujours caché en brousse en train de sillonner les champs de la population et ça n’a pas permis la population de vaguer librement à ses occupations».[16]
Le 6 août, 5 personnes ont tuées dans une nouvelle attaque attribuée aux Forces Démocratiques Alliées (ADF) dans l’agglomération de Mapasana, qui se situe au nord-est de Mamove, en territoire de Beni (province du Nord-Kivu).[17]
Le 11 août, au moins quatre civils ont été tués par les combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF) dans le village de Kengele, à 15 kilomètres à l’ouest de la cité d’Oicha (territoire de Beni), au Nord-Kivu. Selon Omar Kalisya, président de la société civile territoire de Beni, les victimes ont été exécutées le matin, lorsqu’elles se rendaient au champ. Il s’agit des paysans déplacés qui habitent la cité d’Oicha et qui allaient se ravitailler en vivres.[18]
Le 11 août, au moins trois civils ont été tués et deux blessés dans une nouvelle attaque débutée à 19 heures locales et attribuées aux Forces Démocratiques Alliées (ADF) à Muziranduru, au centre de la localité de Kainama (territoire de Beni), en province du Nord-Kivu. Selon le délégué du gouverneur, Muhindo Isaya, les victimes ont été tuées alors qu’une petite accalmie venait de s’observer: «C’est à ce moment-là que les gens sont sorties de leurs maisons pour aller s’imprégner de la situation et qu’on a commencé à tirer sur eux».[19]
Le 12 août, le président de la société civile locale, Kinos Katuo, a déclaré que, en l’espace de 24 heures, 9 personnes ont été tuées dans la chefferie Walese-Vonkutu, territoire d’Irumu, en province de l’Ituri: «3 civils ont été tués à Tapi Rouge/Kalangwe vers Kisalaba, 4 autres près de Bayeyi, au nord-est de Mamove et 2 autres à Mambume, tous habitants du Nord-Kivu et qui partaient en Ituri pour les activités champêtres».[20]
Le 14 août, très tôt le matin, les ADF ont attaqué Kikingi, un village situé près de Mwenda en secteur de Ruwenzori au territoire de Beni dans la province du Nord-Kivu. Le bilan provisoire fait état de 17 morts, dont 10 civils, 4 rebelles ADF et 3 éléments de sécurité qui étaient intervenus, afin de limiter les dégâts humains. Outre les victimes tuées, des blessés ont été enregistrés et plusieurs autres personnes sont portées disparues et des biens pillés.[21]
b. Deux journalistes tués
Le 7 août, un jeune journaliste de la sous-station de la RTNC à Rutshuru, Héritier Magayane, a été tué à l’arme blanche, lorsqu’il rentrait à la maison vers 19h30 locales, à Bunyangula, un petit village qui sépare Rutshuru-centre de la voisine cité commerciale de Kiwanja, à environ 70 Km au nord de Goma, dans le territoire de Rutshuru.
Éric Waseburo, directeur des programmes à la radio la Colombe de Rutshuru, a précisé qu’il rentrait chez lui de son kiosque, puisqu’il il était en même temps revendeurs des crédits d’appels. Il a ajouté que, à Rutshuru, les journalistes de vivent la peur au ventre, en dépit de l’état de siège instauré dans la région, en vue de restaurer la paix et la stabilité: «Moi personnellement, en tant que directeur des programmes à la radio la Colombe à Rutshuru, je réfléchis comment on peut ramener nos éditions des journaux de 20h ou 21h à 18h parce que ça fait peur à Rutshuru, surtout quand on circule la nuit. Les journalistes sont toujours menacés de mort par des inconnus. Nous diffusons souvent des informations qui portent sur les cas de kidnapping, des tracasseries militaires et policières. Nous estimons que ce sont eux qui nous menacent et qui peuvent arriver à nous ôter la vie. Surtout que nous sommes dans une zone où des cas de pillage et de kidnapping sont légions».
Un de ses collègues, Roger Sebyeradu, a affirmé que «diverses bandes armées sévissent dans la région, mais le secteur concerné étant contrôlé par l’armée congolaise, ce meurtre pourrait être lié aux services de sécurité car, après l’avoir tué, ils lui ont arraché la langue et sont partis avec son téléphone». D’après Luc Albert Bakole Nyengeke, administrateur militaire du territoire de Rutshuru, il avait reçu un appel téléphonique d’un interlocuteur qui lui avait donné rendez-vous et c’est là qu’il a été tué. Selon la Nouvelle société civile de Rutshuru, son père aussi avait été tué, il y a une année, dans des circonstances presque similaires.[22]
Le 14 août, vers 1:30. le journaliste Joël Mumbere Musavuli et son épouse ont été assassinés chez eux, à l’arme blanche, à Kenya – Bucha, une localité située près de Lwemba, dans le territoire de Mambasa, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Bunia, la capitale provinciale de l’Ituri. Il était le directeur de la radio communautaire RTCB/Biakato. Joël Musavuli et sa femme ont été attaqués chez eux. à l’arme blanche, par un groupe d’hommes non autrement identifiés.
Selon les informations recueillies par Journaliste en danger (JED) auprès des diverses sources indépendantes locales, le journaliste a animé, le 26 juillet 2021, une émission intitulée «Raïya fungula matsho» (Population ouvre tes yeux), au cours de laquelle il a dénoncé plusieurs cas des violations des droits de l’homme commis par des éléments de l’armée loyaliste ainsi que par les groupes armés en cette période de l’état de siège, décrété par le Président de la République pour instaurer la paix notamment dans la province de l’Ituri. Deux jours après la diffusion de cette émission, Joel Mumbere a reçu une série de menaces de mort et d’arrestation proférées aussi bien par des personnes se réclamant de l’armée régulière et de groupes armés.
En compagnie de sa femme, le journaliste s’était rendu dans la localité de Kenya-Bucha dans le cadre de leur activité agricole. Le 10 août 2021, des éléments des Forces Armées de la RD Congo ont fait une perquisition dans toutes les maisons de la localité. A l’issue de cette opération, des militaires auraient emporté des biens matériels de la population locale et procédé à l’arrestation de plusieurs personnes, dont le journaliste Joel Mumbere, soupçonnées d’être en connivence avec les groupes armés.
Arrêté, le journaliste ainsi que toutes les autres personnes ont été conduits et détenus dans les installations de la police nationale congolaise de Luemba, une localité située à 2 Km de Kenya-Bucha. Joel Mumbere a été libéré le lendemain après que la police ait découvert sa carte de presse.
Le samedi 14 août 2021 vers 1h 30’, le domicile du journaliste a été attaqué par un groupe de personnes munies des machettes et des couteaux. Après avoir cassé la porte, ces assaillants ont tué le journaliste en le poignardant au cou. Sa femme a été blessée à la machette et conduite dans un centre hospitalier où son état de santé serait critique.
Contacté par JED, le général Ngoy Sengelwa, commissaire provincial de la police nationale congolaise / Ituri a confirmé l’assassinat du journaliste. «Ce sont les mai mai qui ont tué le journaliste. Les investigations sont en en cours».
Joël Mumbere était parmi les journalistes de la Radio Communautaire Lwemba qui avaient dû vivre en clandestinité au lendemain de l’assassinat de leur confrère Papy Mahamba. Le journaliste ainsi que ses collègues recevaient une série de menaces de mort pour avoir animé des émissions de sensibilisation sur l’éradication de la maladie à virus Ebola dans la province de l’Ituri.
Journalistes en danger (JED) condamne avec la dernière énergie cette nouvelle tragédie dans le rang des journalistes et exige une enquête sérieuse et indépendante pour élucider ce meurtre.[23]
c. Nombreuses les arrestations, rares les opérations militaires
Le 2 août, le chargé de communication de la Police Nationale Congolaise (PNC), Nasson Murara, a déclaré que 136 personnes, dont 49 femmes, ont déjà été interpellées par les éléments du commissariat urbain de la police de Beni (Nord-Kivu) depuis la mise en vigueur de l’état de siège.
Il a aussi indiqué que ces personnes ont été interpellées lors d’opérations de bouclage dans différents quartiers de la ville de Beni. Il a ajouté que 18 armes du type AK-47 ont aussi été récupérées, ainsi que plusieurs armes blanches et des stupéfiants prohibés.[24]
Le 2 août, la police nationale congolaise (PNC) a annoncé l’arrestation de 5 personnes suspectées d’appartenir à des groupes armés actifs dans les territoires de Djugu et Irumu (Ituri).
Selon le porte-parole de la police en Ituri, le commissaire Roger Tibasima, parmi les détenus, on note la présence de Lailabo Sungurabo alias Layi, un chef du mouvement FPIC et commandant de la faction de ce groupe armé basé à Kunda, en territoire d’Irumu. Il a été arrêté avec deux autres miliciens du même groupe. Un autre arrêté c’est Vyembeza Moïse, chef d’un mouvement insurrectionnel dénommé “Umoja ya wa Hema”(Unité des Hema) en gestation dans le territoire de Djugu. Il a été arrêté avec Ngabu Sumbu Christophe, un policier qui servait de fournisseur en armes et munitions. Selon la même source, ces présumés criminels ont été conduits à Bunia (chef-lieu de l’Ituri) où ils sont détenus en attendant la fixation de leurs dossiers devant la justice militaire.[25]
Le 3 août, à l’issue d’une mission de l’inspection générale de l’armée, dirigée par le général d’armée Amisi Kumba Gabriel, 9 officiers supérieurs, dont deux colonels, des Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont été arrêtés à Goma, au Nord-Kivu et mis à la disposition de la justice. D’après le major Gerry Bgelo, porte-parole de l’inspection générale de l’armée, ces officiers sont accusés de «détournement avéré» des fonds alloués aux opérations militaires planifiées dans le cadre de l’état de siège. Pour rappel, ces 9 officiers arrêtés à Goma viennent s’ajouter aux 6 autres arrêtés à Beni et 9 autres de Bunia dans la province de l’Ituri en tout début de la mission.[26]
Le 4 août, dans la ville commerciale de Butembo au territoire de Lubero (Nord-Kivu), le comité urbain de sécurité a présenté à la presse locale 23 présumés criminels. Leur âge varie entre 12 et 35 ans. Selon le maire intérimaire de Butembo, le commissaire supérieur Roger Mowa Baeki-Teli, ces sujets membres de six différents groupes ont été impliqués dans plusieurs actes de cambriolage et de vols à mains armées enregistrés ces dernières semaines dans plusieurs communes de Butembo et ses environs.[27]
Le 10 août, dans la nuit, les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont organisé un bouclage ciblé dans les quartiers Mikeno et Mapendo, dans la ville de Goma (Nord-Kivu). Le bilan de cette opération fait état de 243 personnes interpellées, plusieurs machettes, des boissons fortement alcoolisées et une importante quantité de chanvre ont été récupérées. Parmi les personnes interpellées figurent une trentaine d’étrangers dont des rwandais, des ougandais et un burundais qui se retrouveraient illégalement sur le sol congolais. Il s’agit d’une opération qui s’inscrit dans le cadre de l’état de siège en vigueur depuis le 06 mai dernier dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.[28]
Le 12 août, depuis la ville de Butembo, le porte-parole du secteur opérationnel Sokola 1 Grand-Nord, le lieutenant Mualushayi, a annoncé que, suite à des offensives menées contre les ADF dans la vallée de Mwalika, en chefferie de Bashu, depuis le 8 août, l’armée a tué 45 combattants membres de ce groupe armé. Il s’agit d’une énième opération militaire dans le cadre de l’état de siège en vigueur dans le Nord-Kivu et l’Ituri depuis le 6 mai dernier.[29]
Le 12 août, depuis la ville de Beni, le porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général Sylvain Ekenge, a annoncé que l’armée a conquis la vallée de Mwalika, où se situait le «centre stratégique de formation et d’entraînement» des ADF, dans le territoire de Beni au Nord-Kivu.[30]
3. LA NOMINATION DES MEMBRES DE LA COORDINATION DU PROGRAMME DE DÉSARMEMENT ET RÉINSERTION COMMUNAUTAIRE
Le 6 août, le coordonnateur provincial du programme de Démobilisation, désarmement et réinsertion communautaire (DDR-C) au Nord Kivu, Jacques Katembo, a affirmé que l’effectivité de ce programme est la seule voie pour restaurer la paix au Nord-Kivu: «la reddition de certains groupes armés n’est pas le résultat des opérations militaires dans le cadre de l’état de siège. Les groupes armés du Nord-Kivu n’ont pas besoin de l’Etat de Siège pour se rendre. Ils sont déjà suffisamment sensibilisés et la plupart d’entre eux ont déjà signé des actes d’engagement, attestant qu’ils ont la volonté de déposer les armes. Ce qu’ils attendent c’est l’effectivité du programme du chef de l’Etat. Nous avons déjà l’ordonnance présidentielle, les partenaires sont déjà prêts à accompagner le RDC pour le DDR-C, ce qui manque c’est de nommer les animateurs du PDDR-C, pour que le programme puisse commencer».[31]
Le 7 août, le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, a procédé à la nomination des membres de la coordination du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation, (P/DDRCS).
Tomy Tambwe Ushindi, ancien membre du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), a été nommé coordonnateur national du Programme de DDRCS.
Les autres membres de la coordination nommés sont les suivants:
– Le colonel Pierre Vosale Ikilingayi: Coordonnateur national adjoint chargé des questions techniques et opérationnelles
– Patricia Undele Tuluka : coordonnatrice nationale adjointe chargée des questions administratives et financières.[32]
À peine les noms de l’équipe publiés, la polémique monte au sujet du passé d’Emmanuel Tommy Tambwe Ushindi, le coordonnateur du programme.
Tommy Tambwe Runiga est originaire du Sud-Kivu, dans la plaine d’Uvira.
D’après plusieurs documents et sources, en 1998 il a été parmi les 50 signataires de la naissance officielle du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), une rébellion soutenue par le Rwanda, contre le gouvernement de Laurent Desire Kabila, Au sein de cette rébellion, il avait occupé le poste de vice-gouverneur du Sud-Kivu.
En 2000, Tommy Tambwe a eu des démêlées avec le RCD. Pendant 3 mois, il avait été incarcéré dans un cachot célèbre du RCD à Goma dénommé » chien méchant »,
Lors du partage du pouvoir de 1+4, à la suite des négociations à Sun-City en Afrique du Sud entre les belligérants, il s’est retrouvé sans poste.
A la suite de cette déception, il va rejoindre le Congrès National pour la défense du peuple (CNDP), une nouvelle rébellion créée en janvier 2006, par le général déchu Laurent Nkunda.
Puis, à la création du Mouvement du 23 mars (M23), Tommy Tambwe rejoint la branche politique de cette rébellion, avec d’autres anciens de la rébellion RCD/Goma et du CNDP.
En juillet 2012, Tommy Tambwe alors en refuge au Rwanda, rejoint le mouvement «Alliance pour la libération de l’Est du Congo (ALEC). Le mouvement armé ALEC s’était alors allié à un autre mouvement armé appelé Mouvement congolais pour le changement (MCC) et au M23, dans le but d’instaurer une « République indépendante du Kivu ».
En 2013, Tambwe Runiga fut rappelé par le M23 pour participer aux négociations de paix entre le gouvernement congolais et le M23 à Munyonyo à Kampala.[33]
Pendant la période de l’Alliance des Forces Démocratiques de Libération (AFDL), un mouvement armé créé et appuyé par le Rwanda, Emmanuel Tommy Tambwe Ushindi était directeur chargé de la sécurité intérieure et agent du Service nationale d’Intelligence et Protection (SNIP).
En 2002, pendant la période du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), une deuxième rébellion créée et soutenue par le Rwanda, alors qu’il était vice-gouverneur du Sud-Kivu, il a été cité par Reporters sans Frontières et Amnesty International comme commanditaire des arrestations de plusieurs journalistes.
Selon des ressortissants du Sud Kivu, il avait ordonné l’arrestation de deux journalistes de la RTNC Station d’Uvira, lorsqu’il était vice gouverneur, Ces deux journalistes furent ensuite exécutés. Il ordonna la fermeture de Radio Maendeleo à Bukavu et il ordonna l’arrestation de paisibles citoyens qui participaient à une émission interactive de Radio Maria de Bukavu. Il est soupçonné d’être l’auteur du massacre de Makobola, coauteur du massacre de Lulinda et complice dans le massacre de Katogota.
Toujours actif dans les mouvements armés, en 2012 il avait pris la tête d’un mouvement proche de la rébellion du M23, l’Alliance pour la Libération de l’Est du Congo (ALEC). Créé par un groupe de Banyamulenge appartenant à la diaspora, ce mouvement militait notamment pour la création d’un État indépendant du Kivu, détaille un rapport du groupe d’experts de l’ONU. Plus grave, ajoute Amnesty International, cette rébellion aurait commis des crimes au Sud-Kivu parmi lesquels des recrutements forcés d’enfants. Concernant sa participation à la rébellion du M23, il affirme qu’il n’a servi que comme consultant pendant les négociations politiques de 2013 à Kampala (Ouganda).[34]
Le 11 août, dans un communiqué, le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, a exprimé son inquiétude face à cette nomination, a dénoncé ce qu’il qualifie de «promotion des criminels» et a invité le gouvernement congolais à «rompre avec les politiques qui ont prolongé et aggravé la souffrance du peuple congolais». Selon ce communiqué, «les processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion sous-financés et bâclés, ainsi que les politiques de mixage et de brassage souvent accompagnées de promotions, ont favorisé l’indiscipline au sein des institutions, et ce jusqu’au plus haut niveau de l’État. En gratifiant ainsi des criminels au lieu de les traduire en justice, cette stratégie a plutôt encouragé les groupes armés au lieu de les décourager».
Selon le Dr Mukwege, «cette stratégie résulte des différents accords politiques visant à mettre fin à la violence, mais qui ont planté les graines de l’instabilité et de la culture de l’impunité, en intégrant des éléments des groupes armés rebelles, congolais et étrangers, au sein des forces de sécurité et de défense de la République. Elle favorise l’émergence d’un système légitimant la violence et la commission de crimes comme mode d’accès au pouvoir. Elle entretient une spirale infernale de violences sans fin et hypothèque l’instauration d’une paix durable. Si les gens ont l’impression qu’ils finiront par être gratifiés pour le mal qu’ils font à la population, pourquoi voulez-vous qu’ils arrêtent?».
Selon le Dr. Denis Mukwegue, «cette stratégie encourage tous les autres criminels qui sont encore en brousse de continuer à tuer, à violer, à détruire puisqu’ils savent qu’un jour, la stratégie de détruire va les amener au pouvoir ou les amener à occuper des positions dans l’administration, l’armée, la police, etc. C’est une façon de pérenniser la souffrance de la population».
Le prix Nobel de la paix 2018 a ainsi plaidé pour l’adoption d’une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle qui priorise des réformes institutionnelles visant à prévenir la non-répétition des atrocités commises sur les populations civiles, notamment par une réforme profonde des secteurs de la sécurité et de la justice. Pour lui, cette justice transitionnelle et la réforme des institutions visent à l’identification et à la mise à l’écart des institutions publiques des personnes responsables de violations des droits humains et du droit international humanitaire.
Dénis Mukwege a souligné que, s’il existe une réelle volonté politique d’éradiquer les groupes armés, le gouvernement devrait rompre avec des politiques visant à accorder des promotions à ceux qui devraient répondre de leurs actes devant la justice, et à exploiter plutôt les femmes et hommes intègres sans antécédent de violations graves des droits humains que la nation congolaise regorge.[35]
Le 11 août. dans une déclaration rendue publique à Bukavu, une trentaine d’organisations membres de la société civile et mouvements citoyens de la province du Sud-Kivu ont recommandé au Président de la République Félix Tshisekedi de revoir son ordonnance nommant Tommy Tambwe Ushindi, comme coordonnateur du programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS). Ces organisations s’opposent à cette nomination au regard du passé rebelle de Tommy Tambwe qui fut notamment vice-gouverneur de la province du Sud-Kivu, alors administrée par la rébellion du RCD. «Comment un ex-chef rebelle qui pendant les 30 dernières années a participé à tous les conflits armés (RDC, M23, ALEC…) qui ont déstabilisé la partie Est de la RDC peut-il se retrouver à la tête d’une structure qui veut contribuer à la pacification de la même région? Quel crédit moral aura-t-il devant les différents groupes armés dans cette région? N’est-ce pas un précédent encourageant les belligérants à continuer leur quête de positionnement? Quel message de la part des gouvernants, ce choix envoie aux familles des victimes des différentes atrocités commises sous la houlette de ces différents chefs de guerre?» s’interrogent ses organisations de la société civile du Sud-Kivu, qui appellent le Chef de l’Etat à revoir son ordonnance, en écartant toutes les personnes aux mains souillées par le sang de leurs compatriotes, et à choisir, comme coordonnateur du P-DDRCS, une autre personne d’une grande moralité et d’expertise avérée.[36]
Le 13 août, dans un communiqué, l’organisation internationale des droits de l’homme Human Rights Watch (HWR) a rappelé le passé sombre de Tommy Tambwe, ancien chef rebelle cité dans plusieurs rapports internationaux, pour des crimes graves commis lors des plusieurs rébellions dont il a fait partie. HWR a affirmé que sa nomination comme coordonnateur du programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS) risque de compromettre ce même programme censé tourner la page des groupes armés dans l’est de la RDC: «Retirer les armes des combattants, poursuivre les responsables de crimes graves et réintégrer le reste d’entre eux dans les communautés est essentiel pour mettre fin aux cycles de violence dans l’est du Congo. Mais la nomination par Tshisekedi de l’ancien chef rebelle Tommy Tambwe pour coordonner ce nouveau programme soulève de sérieuses inquiétudes. La nomination de Tommy Tambwe risque de compromettre les efforts de désarmement et de stabilisation».[37]
[1] Cf Radio Okapi, 27.07.’21
[2] Cf Ivan Kasongo – Actualité.cd, 30.07.’21
[3] Cf Merveilles Kiro – Politico.cd, 31.07.’21
[4] Cf Radio Okapi, 04.08.’21
[5] Cf Roberto Tshahe – 7sur7.cd, 03.08.’21
[6] Cf Berith Yakitenge – Actualité.cd, 03.08.’21
[7] Cf Berith Yakitenge – Actualité.cd, 03.08.’21; Radio Okapi, 04.08.’21
[8] Cf Clément Muamba – Actualité.cd, 04.08.’21
[9] Cf Moise Dianyishayi – 7sur7.cd, 05.08.’21
[10] Cf AFP – Actualité.cd, 06.08.’21
[11] Cf Roberto Tshahe – 7sur7.cd, 05.08.’21
[12] Cf Radio Okapi, 09.08.’21; AFP – Actualité.cd, 06.08.’21
[13] Cf Radio Okapi, 09.09.’21; Berith Yakitenge – Actualité.cd, 09.08.’21
[14] Cf Radio Okapi, 09.08.’21
[15] Cf Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 03.08.’21; Radio Okapi, 03.08.’21
[16] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 06.08.’21; Radio Okapi, 06.08.’21
[17] Cf 7sur7.cd, 06.08.’21
[18] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 11.08.’21
[19] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 11.08.’21
[20] Cf Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 12.08.’21
[21] Cf Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 14.08.’21
[22] Cf Radio Okapi, 09.08.’21; Jonathan Kombi – Actualité.cd, 08.08.’21; AFP – Actualité.cd, 08.08.’21
[23] Cf Actualité.cd, 14.08.’21
[24] Cf Azarias Mokonzi – Politico.cd, 03.08.’21
[25] Cf Freddy Upar – Actualité.cd, 03.08.’21
[26] Cf Glody Murhabazi – 7sur7.cd, 03.08.’21
[27] Cf Joël Kaseso – 7sur7.cd, 04.08.’21
[28] Cf Jonathan Kombi – Actualité.cd, 11.08.’21
[29] Cf Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 12.08.’21
[30] Cf Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 13.08.’21
[31] Cf Radio Okapi, 06.08.’21
[32] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 07.08.’21
[33] Cf Radio Okapi, 12.08.’21
[34] Cf Patient Ligodi – RFI, 10.08.’21; Actualité.cd, 10.08.’21
[35] Cf Alphonse Muderwa – 7sur7.cd, 11.08.’21; AFP – lalibre.be/Afrique, 11.08.’21; RFI, 12.08.’21
[36] Cf Justin Mwamba – Actualité.cd, 14.08.’21
[37] Cf Fonseca Mansianga – Actualité.cd, 14.08.’21