LES CONSULTATIONS ENTAMÉES PAR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE POUR UNE UNION SACRÉE DE LA NATION (1)
SOMMAIRE
1. L’ACCORD DE COALITION SIGNÉ LE 8 JANVIER 2019 PAR LE FCC ET LE CACH
2. LA CRISE POLITIQUE ISSUE DES PROFONDES DIVERGENCES DANS L’APPLICATION DE L’ACCORD
3. LES CONSULTATIONS DU PRÉSIDENT DE LA REPUBLIQUE
4. LA POSITION DU FRONT COMMUN POUR LE CONGO (FCC)
5. LA POSITION DE L’UNION POUR LA DÉMOCRATIE ET LE PROGRÈS SOCIAL (UDPS) ET SES ALLIÉS
6. L’ENTRETIEN DES ÉVÊQUES DE LA CENCO AVEC LE SÉNATEUR À VIE JOSEPH KABILA
7. QUEL AVENIR POUR LES CONSULTATIONS?
1. L’ACCORD DE COALITION SIGNÉ LE 8 JANVIER 2019 PAR LE FCC ET LE CACH
L’accord entre le FCC et CACH avait été signé à Kingakati par Joseph Kabila et Félix Tshisekedi le 8 janvier 2019, soit deux jours avant la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle de décembre 2018 par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI).
Dénommé «Accord pour la stabilité et la paix au Congo», voici son contenu:
– Immunité totale pour le clan Kabila (famille et dignitaires de son régime). Pas de poursuites pénales pour tous les crimes possibles commis (crimes de sang, crimes économiques et autres).
– Concertation entre les deux leaders (Tshisekedi-Kabila) avant toute mise en place notamment dans les services de sécurité (Armée, police et services de renseignements), entreprises publiques, et territoriale. C’est le fameux concept de la cogestion.
– Soutien lors de la présidentielle de 2023 par la famille politique de Tshisekedi (CACH) de la candidature de la famille politique de Kabila (FCC), selon le principe de la «réciprocité» (je te soutiens, tu me soutiens).
– Témoins internationaux: 3 présidents, dont le Kenyan Uhuru Kenyatta, l’Égyptien Al-Sisi, et le Sud-Africain Cyrille Ramaphosa.
– Témoins nationaux: 5 généraux, dont Delphin Kahimbi (ex-patron des renseignements et ancien numéro 2 de l’armée, décédé depuis), Célestin Mbala (ex-chef aide de camps de Kabila et actuel patron de l’armée), John Numbi (ex-chef de la police, ancien patron de l’armée de l’air, ex-inspecteur de l’armée, aujourd’hui à la retraite), Amisi Kumba dit Tango Four (ex-patron de la zone de défense 1 et actuel inspecteur général de l’armée) et Jean-Claude Yav Kabey (ex-patron de la sécurité personnelle de Kabila et donc de la garde républicaine).
Le 26 février 2019, lors de sa visite à Windhoek (Namibie), Félix Tshisekedi avait admis avoir eu une entente avec son prédécesseur Joseph Kabila, mais pour un gouvernement de coalition.
«C’est un deal que nous avons fait pour que, d’abord, l’alternance se fasse pacifiquement. Donc, il y a eu cette entente, et elle s’est faite pacifiquement pour qu’après les élections législatives et la majorité qui s’en est dégagée, il y ait une coalition avec le camp de M. Kabila, le camp sortant», avait déclaré le président Tshisekedi en réponse à une question d’un journaliste.
Depuis plusieurs semaines, le camp Kabila se plaint de la violation de ce «deal» par le Président de la République, en signant les ordonnances présidentielles de juillet dernier relatives aux nouvelles nominations dans les services de sécurité et dans la magistrature. En outre, ces ordonnances présidentielles n’avaient pas été contresignées par le Premier Ministre, mais par le vice-premier ministre chargé de l’Intérieur, Gilbert Kandonde.
La crise au sein du FCC-CACH s’est aggravée d’abord par la nomination de 3 nouveaux juges auprès de la Cour constitutionnelle par le président Tshisekedi, puis par leur prestation de serment. Le FCC accuse le chef de l’État d’avoir violé intentionnellement la constitution par ces nominations.
Face à ces critiques, les partisans du président Tshisekedi soutiennent que «le salut du peuple est la loi suprême» et, dans ses discours, Tshisekedi reprend de plus en plus ce principe. Près de deux ans après l’accord de coalition gouvernementale, la confiance entre les deux partenaires a laissé la place à la méfiance et à la défiance. C’est ainsi que la coalition au pouvoir est au bord de l’éclatement.[1]
2. LA CRISE POLITIQUE ISSUE DES PROFONDES DIVERGENCES DANS L’APPLICATION DE L’ACCORD
Deux petites années auront eu raison de la coalition contrenature formée par le président Félix Tshisekedi et Joseph Kabila. Les différends autour de la présidence de la Commission électorale, ou la nomination de juges de la Cour constitutionnelle, ont poussé Félix Tshisekedi a annoncé des consultations politiques pour «redéfinir sa majorité en attirant de nouveaux alliés». Kris Berwouts, chercheur indépendant et auteur de Congo’s Violent Peace: Conflict and Struggle Since the Great African, analyse cette crise.
Afrikarabia: En plein bras de fer politique avec Joseph Kabila, dans son discours à la Nation du 23 octobre, Félix Tshisekedi a déploré «les divergences profondes» qui l’opposent à son partenaire. Il a annoncé des consultations avec l’ensemble des acteurs politiques, afin de refonder l’action gouvernementale. Certains s’attendaient à une rupture plus radicale avec le FCC pro-Kabila.
Pourquoi tant de prudence?
Kris Berwouts: Nous sommes dans un énième épisode d’une cohabitation difficile entre deux partenaires inégaux. Le président Tshisekedi, qui a entamé son mandat en position de faiblesse, a d’abord cherché à défendre le peu d’espace qu’il avait à sa disposition. Mais ces derniers temps, on a vu Félix Tshisekedi vouloir se renforcer dans des domaines-clés comme la Commission électorale (CENI), la Cour constitutionnelle, la justice et l’armée. Et Joseph Kabila sait que ce sont des institutions qu’il doit continuer de contrôler pour conserver le pouvoir. Dans cette situation de tension extrême, Félix Tshisekedi sait qu’il ne peut pas aller trop loin pour l’instant. Il ne peut pas annoncer une rupture brutale. C’est pourquoi il a décidé de contourner la difficulté en annonçant des consultations politiques.
Afrikarabia: Quel est le but de ces consultations?
Kris Berwouts: Chercher de nouveaux alliés, même si nous savons que Joseph Kabila possède la majorité au Parlement. La seule façon d’avancer pour Félix Tshisekedi, c’est de miser sur des personnalités du FCC qui pourraient être moins loyaux envers Kabila et qui pourraient venir le rejoindre dans une nouvelle coalition. L’objectif de Félix Tshisekedi est de redéfinir sa majorité en attirant de nouveaux alliés venant de Lamuka, mais surtout du FCC de Joseph Kabila.
Afrikarabia: Le président Tshisekedi peut-il inverser le rapport de force à l’Assemblée nationale, ou est-il trop minoritaire pour pouvoir procéder à cette recomposition?
Kris Berwouts: Pour cela, il doit attirer de nombreuses personnalités du camp Kabila. Actuellement, on voit une vraie nervosité au sein du FCC, avec l’organisation d’une multitude de réunions en cascade. Certains membres du FCC en soupçonnent d’autres de vouloir rejoindre Tshisekedi.
Il ne faut pas oublier que la politique congolaise reste un système clientéliste assez raffiné. Chaque leader, y compris Tshisekedi, a une clientèle à servir, et même si Kabila parvenait à garder l’essentiel du pouvoir, il n’est plus en mesure de distribuer autant de fonctions ou de titres qu’avant.
Afrikarabia: Si Félix Tshisekedi ne parvient pas à inverser le rapport de force à l’Assemblée, peut-il néanmoins le rééquilibrer?
Kris Berwouts: C’est la seule façon d’avancer pour lui, alors que l’on se trouve déjà dans un climat pré-électoral dans la perspective des prochaines élections de 2023. On voit que les Congolais attendent toujours la mise en œuvre des promesses de Félix Tshisekedi et que le FCC se comporte déjà comme s’il allait gagner les prochaines élections. Cette situation explique la bataille pour le contrôle des deux institutions les plus importantes pour le prochain scrutin: la Commission électorale et la Cour constitutionnelle.
Afrikarabia: Avec l’annonce des consultations politiques de Félix Tshisekedi, n’est-on pas en train de rentrer dans un cycle que l’on connait bien en RDC: celui des dialogues et des consultations à l’infini, qui n’ont jamais vraiment résolus les problèmes?
Kris Berwouts: En effet, c’est une dynamique que l’on connaît depuis très longtemps et la population voit cela d’un très mauvais œil. Il y a un risque que ces consultations ne soient qu’un énième partage du pouvoir politique. Malgré l’arrivée au pouvoir contestée de Félix Tshisekedi, les Congolais et les partenaires internationaux avaient fini par accepter Félix Tshisekedi sur la base d’un changement profond. Mais le changement se fait attendre. Et un nouveau cycle de consultations, de concertations, n’est pas le signal de changement attendu par la population.[2]
3. LES CONSULTATIONS DU PRÉSIDENT DE LA REPUBLIQUE
Le 23 octobre, dans un message à la nation, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a apporté une fois de plus son soutien aux trois nouveaux juges constitutionnels car, selon lui, leur prestation de serment a conforté l’Etat de droit. Il a rappelé que les résultats des élections de 2018 avaient forcé l’opposition et l’ancien pouvoir à travailler ensemble: «Nous avions choisi de gérer le pays au sein d’une coalition qui semblait constituer la solution idoine pour sortir le pays de ses différentes crises récurrentes et préserver ainsi les acquis de l’alternance». Il a toutefois constaté que, près de deux ans après, les divergences qui persistent entre les parties prenantes de cette coalition ont empêché d’aller de l’avant, notamment dans plusieurs secteurs: «Ces divergences portent notamment sur les questions relatives à la paix et la sécurité nationale, à la composition de la Commission électorale, à l’organisation des élections, a la gestion du portefeuille de l’Etat, à l’indépendance de la justice, à l’instauration de l’Etat de droit, à la territoriale et à la diplomatie».
Pour le président Tshisekedi, ces questions importantes nécessitent un large consensus national.
C’est pourquoi il a annoncé d’avoir décidé de «entamer, dès la semaine prochaine, une série de contacts visant à consulter les acteurs politiques et sociaux pour créer une union sacrée de la nation». Le président de la République a promis que, à l’issue de ces consultations, il fera part à la population des décisions qui seront prises. Ces décisions, a-t-il dit, n’excluront aucun cas de figure.
Enfin, il s’est engagé à préserver l’unité et l’intérêt supérieur de la nation: «Je ne laisserai aucun engagement politique de quelque nature que ce soit primer sur les prérogatives constitutionnelles et sur l’intérêt supérieur du peuple congolais. Je ne transigerai jamais avec les intérêts supérieurs de la nation. Je ne cèderai la moindre portion de notre souveraineté nationale. Je ne ménagerai aucun effort pour préserver la paix et l’unité nationale».[3]
Le 29 octobre, au cours d’une émission du magazine «Face-à-Face» sur Top Congo, le président du Mouvement Lumumbiste Progressiste (MLP), Franck Diongo, a affirmé que, désormais «il n’y a plus de FCC-CACH. Il n’y a plus d’accord de Naïrobi, créant le Cap pour le changement (CACH) signé avec Vital Kamerhe … C’est ce que j’ai compris de la lecture attentive et approfondie du (dernier) message du président de la République (prononcé le 23 octobre). Il a rompu toutes les alliances, parce qu’il a dit qu’aucun engagement politique ne peut être au-dessus de son serment, de son pouvoir constitutionnel et de l’intérêt général du peuple congolais». Pour l’ancien député national et farouche opposant de Joseph Kabila, les consultations annoncées par le président de la République doivent «aboutir à un changement de la majorité parlementaire qui va faire tomber le bureau de l’Assemblée nationale et désigner un autre Premier ministre, à travers l’informateur qui va identifier la (nouvelle) majorité parlementaire».[4]
Le 2 novembre, le président Félix Tshisekedi a initié les consultations qu’il avait annoncées le 23 octobre. Outre les politiciens, il va rencontrer plusieurs autres sensibilités, dont notamment les institutions d’appui à la démocratie, les confessions religieuses, les associations de la société civile et les différentes couches sociales.[5]
Le 2 novembre, la plateforme Agir pour des Élections Transparentes et Apaisées (AETA), un regroupement des ONGs de la société civile oeuvrant dans le domaine électorale a été reçue par le Président de la République, Félix Tshisekedi. Elle a plaidé pour la dépolitisation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui devrait être composée par des experts de la société civile en matières électorales. Elle a encouragé le chef de l’État à doter l’ONIP des moyens conséquents pour recenser la population congolaise avant les élections générales prévues en 2023. Elle a demandé au chef de l’État de constituer un fonds spécial où on va mettre l’argent de 3 exercices budgétaires pour que ce fonds là puisse être toujours disponible pour le financement des élections.[6]
Le 2 novembre, la Synergie des Missions d’Observation Citoyenne des Élections (Symocel) a profité de sa rencontre avec le Président de la République Félix Tshisekedi pour lui remettre son cahier des charges. Dans ce document, elle a insisté pour que les réformes électorales soient faites avant la désignation des nouveaux animateurs de la Commission électorale nationale indépendante, pour permettre à ces derniers d’être totalement indépendants des institutions politiques.[7]
Le 3 novembre, les membres de la Société Civile ont recommandé au président de la République de dissoudre le parlement. C’est dans le cadre des consultations présidentielles que Jonas Tshiombela, Patient Bashombe et Christopher Ngoy ont été reçus par le Président Félix Tshisekedi. «Nous avons expliqué au président que la population, souverain primaire, ne se sent plus représentée par ses mandataires qui sont dans les institutions et qu’il faut penser très sérieusement à pouvoir restructurer et/ou reconfigurer l’Assemblée nationale. La dissolution du parlement est plus qu’inévitable, suite aux divergences constatées au sein de la coalition FCC-CACH et au blocage des institutions qui en découle», a dit Christopher Ngoy, coordonnateur de la société civile du Congo. Selon un membre de cette délégation, le président Tshisekedi a répondu que cette option n’était sans doute que l’ultime recours, en raison du coût des élections et des difficultés à composer un nouveau bureau de la Céni. La société civile a aussi proposé que les réformes électorales précèdent la nomination des animateurs de la CENI. [8]
Le 3 novembre, dans le cadre des consultations initiées par le président de la République, l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) et la Voix des Sans Voix (VSV) ont encouragé Félix Tshisekedi à poursuivre les consultations afin de requalifier une nouvelle majorité parlementaire et une nouvelle action gouvernementale, soucieuses du bien-être social de la population et d’un véritable Etat de droit.[9]
Le 4 novembre, le Président de la République a reçu les délégations de plusieurs associations de la Société Civile, pour qui la politisation de certaines institutions est à l’origine de la crise actuelle. Selon Floribert Anzuluni, du mouvement citoyen Filimbi (« coup de sifflet », en swahili), «la raison pour laquelle le pays se trouve dans cette situation aujourd’hui, c’est le chaos électoral de 2018. Nous devons dépolitiser la centrale électorale, la justice et toutes les fonctions publiques qui n’ont pas vocation à être politisées».
« Dépolitiser » est aussi le mot d’ordre des syndicats, des organisations professionnelles et des associations des femmes. Selon Rose Mutombo Kiese, du Cadre permanent de concertation des Femme Congolaise (Cafco), il faut «éviter à ce qu’on puisse politiser l’administration territoriale, la magistrature et la diplomatie. Il est grand temps que les gens travaillent pour le service de la nation, au lieu de travailler pour les partis politiques».
Le dirigent de l’Association nationale des établissements publics et entreprises du portefeuille (Anep), Patrick Ngulule, a également déclaré: «Nous avons demandé au chef de l’État de veiller à ce qu’il n’y ait pas de politisation des entreprises publiques et qu’on puisse privilégier la compétence, au lieu du militantisme ou du clientélisme politique».[10]
Le 5 novembre, l’ancienne candidate à l’élection présidentielle de 2018, Marie-José Ifoku, a invité le Chef de l’Etat à nommer un informateur, en vue de dégager une nouvelle majorité et former un nouveau gouvernement.[11]
Le 5 novembre, après avoir été reçu par le Chef de l’Etat dans le cadre des consultations, Théodore Ngoy, candidat à la présidentielle de 2018, a déclaré que le Président Félix Tshisekedi n’est pas autorisé à «balayer» la majorité parlementaire détenue par son partenaire Joseph Kabila, au risque de violer la constitution: «J’ai dit au président de la République qu’il y a une majorité parlementaire qu’il a approuvée et avec laquelle il a fait un accord pour pouvoir gouverner. Va-t-il se lever un matin et balayer cette majorité? Ça serait violer la constitution, étant donné qu’il faut qu’il y ait une crise persistante entre le Gouvernement et l’Assemblée nationale, mais aujourd’hui on n’est pas dans le cas d’espèce».[12]
Le 6 novembre, lors d’un point de presse à Kinshasa, le secrétaire exécutif provincial du Réseau Provincial des ONG des droits de l’Homme de la ville de Kinshasa (REPRODHOC), William Wenga, a recommandé «un dialogue franc» entre le Président de la République Felix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila. Il a indiqué que ce dialogue va préserver un climat de paix, de stabilité et de développement de la RDC. Pour le REPRODHOC, en tentant à dissoudre le Parlement, alors que le pays a d’autres problèmes cruciaux, le Président de la République pourrait provoquer une crise aux conséquences néfastes. Selon William Wenga, «seul le dialogue entre le FCC et CACH pourra sauver le pays, car l’idée de dissoudre le parlement constituera une violation de certains articles de la constitution qui est la loi fondamentale de la RDC. Seul le dialogue pourra encore sauver l’avenir du peuple congolais».[13]
Le 9 novembre, une délégation des sénateurs de la coalition Cap pour le Changement (CACH) a été reçue par le chef de l’État, dans le cadre des consultations présidentielles. À la fin de la rencontre, le sénateur Célestin Vunabandi Kanyamihigo, membre de la délégation, a déclaré qu’il est important qu’une nouvelle coalition se mette en place, afin d’accompagner le chef de l’État dans sa vision axée sur « le peuple d’abord ». Selon lui, il est possible de dégager une nouvelle majorité parlementaire, «étant donné qu’il y a aussi beaucoup de sénateurs qui ne sont pas de CACH mais qui sont d’accord avec la vision du président Tshisekedi». Il sied de préciser par ailleurs qu’au stade actuel, les sénateurs du Front Commun pour le Congo (FCC) n’ont pas adhéré à cette initiative du chef de l’État, qui a pour but de créer l’union sacrée de la Nation.[14]
Le 13 novembre, le Chef de l’Etat a échangé avec les gouverneurs des provinces, presque tous membres du Front commun pour le Congo (FCC). Dans ce cadre de consultations, les gouverneurs ont suggéré au chef de l’Etat de réfléchir profondément sur la possibilité de renforcer la coalition FCC-CACH. Le gouverneur de la province du Lualaba et porte-parole des gouverneurs, Richard Muyej, s’est dit heureux d’avoir constaté que les gouverneurs ont le même entendement que le Président de la République sur un nouvel élan pour le renforcement de la cohésion nationale à travers une union sacrée de la Nation. Il a indiqué qu’il ne s’agit pas d’une stratégie pour consolider un camp contre un autre ou pour minorer un camp par rapport à un autre.[15]
4. LA POSITION DU FRONT COMMUN POUR LE CONGO (FCC)
Le 27 octobre, une source du Front Commun pour le Congo (FCC) de l’ancien président Joseph Kabila a déclaré que cette plateforme politique tient à consolider la cohésion de tous ses membres pour conserver sa majorité au Parlement et se dit disposée à appliquer la cohabitation, en cas de rupture avec son allié Cap pour le changement (CACH) du Président Félix Tshisekedi.
En effet, lorsque le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, dans son adresse à la nation avait a annoncé les consultations de toutes les couches pour créer une union sacrée de la République, il avait laissé entendre qu’aucun engagement politique, de quelque nature que ce soit, ne pourra primer sur les prérogatives constitutionnelles et sur l’intérêt supérieur du peuple congolais.[16]
Le 29 octobre, à l’issue d’une rencontre avec Joseph Kabila Kabange à Kingakati, dans la commune de la Nsele, les députés nationaux et sénateurs membres du Front Commun pour le Congo (FCC), ont réitéré leur soutien et leur fidélité à leur autorité morale et promis de maintenir l’unité et la discipline au sein du FCC.[17]
Le 8 novembre, le Front Commun pour le Congo (FCC) a clôturé sa retraite de deux jours à Safari Beach. D’après la déclaration finale, le FCC a dénoncé toute tentative de recomposition de la majorité parlementaire et toute menace de dissolution de l’Assemblée nationale.
Le FCC a regretté que cela se fasse au lendemain d’un forcing fait par Félix Tshisekedi à la Cour constitutionnelle: «L’initiative actuelle du chef de l’État intervient au lendemain du forcing de prestation de serment des trois nouveaux juges constitutionnels, irrégulièrement nommés, lequel a cristallisé les violations de la constitution et des lois pertinentes de la République et ce en dépit de son appel, lancé au chef de l’État, de respecter son serment constitutionnel, en retirant ses ordonnances de nomination des jugés concernés, tenant compte du rôle régulateur du fonctionnement des institutions et de juge électoral reconnu à la cour constitutionnelle. Le FCC réitère en conséquence sa position de ne pas reconnaître lesdits nouveaux juges, encore moins les effets des actes qu’ils poseront».
Le FCC, détenteur de la majorité parlementaire et partie prenante d’une coalition de gouvernement avec le CACH, a fait savoir que «le Président de la République ne l’a pas encore formellement informé ni sur les consultations en cours, ni sur le sort réservé à l’accord de coalition qui les lie». Toutefois, le FCC a affirmé qu’il reste ouvert au dialogue avec le Chef de l’État, mais dans le cadre des structures et mécanismes prévus par l’accord de coalition: «le cadre de concertation prévu par ledit accord reste le seul mécanisme de discussion des divergences qui opposeraient les deux parties».
A propos d’une éventuelle recomposition de la majorité parlementaire, «le FCC ne peut cautionner aucune démarche tendant à la recomposition de la majorité parlementaire en pleine législature sur fond de la corruption des élus d’un partenaire, antivaleur au cœur d’une lutte convenue dans le cadre du programme commun du gouvernement. Bien plus, aux termes de la constitution et du règlement de l’assemblée nationale, toute majorité est issue des élections et portée par les groupes parlementaires et groupes politiques qui soutiennent l’action gouvernementale pour toute la législature et ne peut être renouvelée qu’au cours des élections générales et non du fait de la création des acteurs politiques. Pour le FCC, l’alternative à cette option reste celle, pour toutes les parties prenantes, de se soumettre à la sanction du souverain primaire, à travers des élections générales à tous les niveaux».
Sur la question de dissolution de l’Assemblée nationale, souvent évoquée par certains acteurs comme solution à la crise de gouvernance que connait la coalition FCC-CACH, le FCC tient à souligner que «si les prérogatives de cette option sont reconnues au Président de la République, elles sont néanmoins fortement encadrées et bien déterminées par la constitution … La dissolution ne peut donc, sauf à violer une fois de plus la constitution, être décidée à la seule initiative du Président de la République, en l’absence d’une crise persistante qui n’existe pas fort heureusement, entre le gouvernement et l’Assemblée nationale, et du concours du premier ministre à travers son contreseing».[18]
Le 18 novembre, lors d’un point de presse à Kinshasa, le président de la Nouvelle génération pour l’émergence du Congo (NOGEC), Constant Mutamba, a réaffirmé que le Front Commun pour le Congo (FCC) ne participera pas aux consultations du Chef de l’Etat pour la création de l’Union sacrée pour la Nation. A cette occasion, il a réitéré l’appel de sa famille politique à aller aux élections anticipées pour mettre un terme à «la crise de légitimité des institutions évoquée par une tendance politique». Constant Mutamba a déclaré que «le FCC reste attaché au respect de la constitution et à l’accord de coalition. Donc, tout schémas qui serait mis en place, devrait l’être dans le cadre de la constitution … S’il y a un problème de légitimité des institutions, il revient donc au peuple souverain de pouvoir nous départager et non à un groupe de politiciens qui décide à la place du souverain primaire».[19]
5. LA POSITION DE L’UNION POUR LA DÉMOCRATIE ET LE PROGRÈS SOCIAL (UDPS) ET SES ALLIÉS
Le 14 novembre, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) et ses alliés étaient dans les rues de plusieurs villes pour soutenir les consultations nationales initiées par le Président de la République Félix Tshisekedi, mais aussi pour réclamer la fin de la coalition entre le Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila et le Cap pour le Changement (CACH) du Président Félix Tshisekedi.
À Kinshasa, Jean-Marc Kabund-a-Kabund, président a.i de l’Udps, le secrétaire général Augustin Kabuya ou encore Franck Diongo du MLP, le Sénateur Lola Kisanga, des cadres de l’AFDC-A, de Ensemble et d’autres étaient à la tête de cette marche. Selon le président du parti présidentiel, la dissolution de l’Assemblée nationale est une option irréversible au cas où les choses ne s’améliorent pas sur le plan politique.
À Lubumbashi, cette manifestation a été rehaussée de la présence d’autres partis et plateformes alliés à l’UDPS. Il s’agit de l’Union nationale des fédéralistes du Congo ( UNAFEC ) de Gabriel Kyungu wa Kumwanza, de l’AFDC-A de Modeste Bahati Lukwebo, ainsi que la Solidarité congolaise pour le développement (SCODE) de Jean Claude Muyambo.
Pour Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza, le soutien aux consultations revient à dire que le Front commun pour le Congo est désormais dans l’opposition: «Le FCC est désormais dans l’opposition, c’est nous qui avons le contrôle du pouvoir. Pour ce faire, nous allons ouvrir pour tous les membres du FCC, des écoles où ils doivent apprendre des leçons sur leur nouveau statut d’opposants». Pour cet allié de Félix Tshisekedi dans la région du Katanga, l’accord brandi par le Front commun pour le Congo n’est pas repris dans la constitution et, donc, ne peut pas modeler la vie de la Nation ainsi que celle du chef de l’Etat.
À Goma, les militants de l’UDPS ont été rejoints par ceux du Rassemblement des congolais pour la démocratie, Kisangani mouvement de libération (RCD-KML) de Mbusa Nyamwisi et de l’Alliance des Forces Démocratiques pour le Congo (AFDC) de Bahati Lukwebo.
À Kikwit, lors d’un meeting populaire tenu le jour suivant, le président intérimaire de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, a déclaré: «Comme il est clairement établi que Kabila et ses hommes veulent ramener le pays en arrière en bloquant Félix Tshisekedi afin qu’il ne serve pas le pays, je déclare le FCC et Kabila ennemis numéro 1 du peuple Congolais, Par conséquent, il n’y aura plus de coalition FCC-CACH».[20]
6. L’ENTRETIEN DES ÉVÊQUES DE LA CENCO AVEC LE SÉNATEUR À VIE JOSEPH KABILA
Le 11 novembre, les évêques de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) ont échangé avec l’ancien Président de la République Joseph Kabila. Le secrétaire général de la CENCO, l’Abbé Donatien Nshole, a indiqué que les évêques ont voulu « écouter » le sénateur à vie Joseph Kabila, «afin de continuer à réfléchir», compte tenu des enjeux de la situation socio -politique actuelle, caractérisée par le blocage au niveau de la coalition au pouvoir. Selon l’Abbé Nshole, les évêques ont aussi voulu dire au sénateur à vie ce qu’ils pensent [de cette situation de blocage], et lui « prodiguer des conseils utiles pour ce moment».
Dans un mémorandum consigné au sénateur à vie Joseph Kabila et diffusé sur les social media, les évêques de la CENCO ont écrit:
«Les trois derniers messages des évêques de la Cenco … déplorent le fait que les alliés au pouvoir s’illustrent par des querelles intestines, au lieu de se consacrer au travail pour servir la population. En effet, la coalition FCC – CACH au pouvoir se trouve actuellement au point mort.
Il sied de mentionner que ces disputes au sein de la coalition ne portent pas sur les divergences dans les solutions à trouver pour répondre aux défis auxquels est confronté le Pays, mais plutôt sur le positionnement politique. Il nous semble que chaque partie se bat plus pour contrôler les Institutions censées garantir le pouvoir que pour répondre aux attentes de la population.
Malheureusement, ces conflits au sein de la coalition ne font que s’aggraver. Ils se répercutent sur la gouvernance et le fonctionnement de l’État. Pire encore, ils impactent sur la vie des Congolais qui se dégrade quotidiennement.
Nous sommes convaincus qu’avec la dynamique actuelle de la coalition, nous ne pourrons pas attendre la reconstruction du Pays. Il y a nécessité d’une solution politique, qui devra tenir compte des principes suivants:
– le primat du bien-être de la population sur toute considération ou compromis d’ordre politique,
– le respect de la Constitution,
– la sécurité nationale,
– l’intégrité territoriale,
– la stabilité de l’État et de ses Institutions,
– la paix sociale
– l’État de droit et
– la démocratie.
Pour cela, nous vous exhortons à revisiter et à évaluer l’Accord qui régit la coalition dans une perspective dynamique. Dans le cas où, en toute conscience, vous vous rendez compte de l’impossibilité de changer la dynamique actuelle de la coalition pour servir davantage la population, vous gagnerez en vous ouvrant sagement à une autre solution politique plus avantageuse pour le Pays. Le service du bien-être du peuple, la vérité, la justice et la paix font partie de ces valeurs qui sont incontournables.
Ensuite, considérant que la cause profonde de la crise actuelle se trouve dans la mauvaise gestion des élections de 2018, nous recommandons vivement le reformes consensuelles devant consolider l’appareil électoral de notre Pays. Nous insistons avant tout sur la dépolitisation et le renforcement de l’indépendance des membres du bureau de la CENI».
Les évêques de l’Eglise catholique avaient été reçus lundi 9 novembre dernier par le Président de la République, dans le cadre des consultations nationales. A ce sujet, la CENCO a dit avoir transmis au Chef de l’Etat un mémorandum, selon lequel, en ce qui concerne la résolution de la crise proprement dite, ils lui ont proposé deux pistes: «l’axe politique qui porte sur l’évaluation de la coalition et l’axe électoral qui appelle les réformes nécessaires en vue de redonner à notre peuple la confiance au prochain processus électoral».
Les Évêques de la CENCO prévoient de s’entretenir aussi avec le Premier Ministre Sylvestre Ilunkamba et l’actuel président de LAMUKA, Martin Fayulu.[21]
7. QUEL AVENIR POUR LES CONSULTATIONS?
Les coalitions de Félix Tshisekedi (CACH) et de Joseph Kabila (FCC) ont reconnu de ne pas s’être mises d’accord sur la composition de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et de la Cour constitutionnelle, mais aussi sur la désignation de officiers de l’armée et de certains mandataires publics.
Le FCC dispose de 338 députés nationaux sur un total de 500 et plus de 90 sénateurs sur 109, tandis que le CACH dispose à ce jour de 48 députés nationaux seulement. Pour se défaire de l’influence de son prédécesseur Joseph Kabila, le président de la République Félix Tshisekedi aurait besoin d’une nouvelle majorité parlementaire. Comment l’obtenir?
Le sénateur Jean-Pierre Bemba est à la tête d’un groupe parlementaire de 28 députés.
Un autre opposant, l’ancien gouverneur Moïse Katumbi, de la plateforme Ensemble pour la République, dispose de près de 68 députés.
L’ancien ministre de l’Economie, Modeste Bahati Lukwebo, a déjà opéré un certain rapprochement avec Felix Tshisekedi. À l’issue des élections 2018, son parti, l’AFDC, disposait d’une quarantaine de députés. Mais depuis l’an dernier, plus d’une vingtaine de ces élus avait prêté allégeance à la ministre du Travail, Néné Nkulu, restée fidèle au FCC. Toutefois, tout récemment Modeste Bahati Lukwebo a obtenu une décision de justice en sa faveur.
Le ministre d’Etat en charge de l’urbanisme et de l’habitat, Pius Mwabilu, a déjà été reçu par le président Tshisekedi. Mais lui aussi connait des problèmes du même ordre, depuis qu’il a participé à la prestation de serment des juges constitutionnels désignés par Felix Tshisekedi, cérémonie boycottée par le FCC. Une décision de justice a tranché le conflit en sa faveur, mais il fait face lui aussi à une fronde au sein de son groupe Alliance pour l’Avenir et Alliés (AAA) qui compte 20 députés.[22]
Depuis le 2 novembre, le président Félix Tshisekedi a entamé des consultations politiques et sociales en vue de « la refondation de l’action gouvernementale autour des principes de participation à la gestion du pays».
Ce processus a soulevé beaucoup d’espoirs dans la population congolaise qui, fin 2018, voulait en finir avec 18 ans de pouvoir Kabila et qui se rende compte aujourd’hui qu’il continue à être déterminant dans la vie politique du Pays. L’accord secret passé entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi, qui accordait au second la Présidence en échange du pouvoir législatif pour le premier, accord présenté comme une « alternance » au sommet de l’Etat, est en effet rapidement apparu comme un piège pour le plus néophyte des deux protagonistes. En effet, le Président Félix Tshisekedi n’a que l’apparence du pouvoir, pas sa réalité. Pour défaire la puissance de son prédécesseur Joseph Kabila, il se voit obligé à violer les règles écrites.
Et quelle légitimité a-t-il pour le faire? On se rappelle que la Ceni (Commission électorale nationale indépendante; acquise à Kabila) n’a jamais fourni les résultats détaillés des élections de 2018, alors que les comptages parallèles de ceux-ci, effectués par l’Eglise catholique et des ONG, donnaient perdants Tshisekedi et le candidat kabiliste, et la victoire à Martin Fayulu. En outre, les députés pro-Kabila ont une large majorité aussi dans toutes les assemblées législatives provinciales du pays.
Bien sûr, Félix Tshisekedi pourrait avoir lancé ce processus de consultations pour réveiller à son profit le fort sentiment anti-Kabila des Congolais. Il laisse ainsi le président ad interim de son parti, Jean-Marc Kabund, «annoncer officiellement» à Kikwit que «la coalition n’aura plus lieu». Rouler ainsi des biceps attise certainement les passions des foules, mais que faire de celles-ci ensuite?
De nouvelles élections? Il n’y a toujours pas de nouvelle Ceni pour les organiser.
Dissoudre l’Assemblée nationale? Dans ce cas, le Président doit avoir le contre-seing du Premier ministre, un kabiliste.
Acheter des députés à son profit? Félix Tshisekedi a-t-il l’argent pour le faire alors que les budgets sont pulvérisés par les dépenses indues, que les prévisions économiques annoncent une chute de 25% des rentrées de la RDC en 2021 et que Joseph Kabila a accumulé les richesses durant ses 17 ans à la Présidence?
Le chef de l’Etat entend-il mener le Congo sur la voie de nouvelles confrontations violentes? Ou laisser ses consultations accoucher de changements purement cosmétiques? Prévues pour être clôturées le 8 novembre, ces consultations sont toujours en cours dix jours plus tard; un indice du degré de préparation de l’opération, qui ne laisse pas d’inquiéter.[23]
[1] Cf Alphonse Muderwa – 7sur7.cd, 30.10.’20
[2] Cf Christophe Rigaud – Afrikarabia.com, 27.10.’20
[3] Cf Actualité.cd, 23.10.’20; Radio Okapi, 23.10.’20
[4] Cf Actualité.cd, 29.10.’20
[5] Cf Radio Okapi, 02.11.’20
[6] Cf Actualité.cd, 02.11.’20
[7] Cf Actualité.cd, 02.11.’20
[8] Cf Ivan Kasongo – Actualité.cd, 03.11.’20
[9] Cf Thérèse Ntumba – Actualité.cd, 03.11.’20
[10] Cf Sonia Rolley – RFI, 05.11.’20
[11] Cf Radio Okapi, 05.11.’20
[12] Cf Ivan Kasongo – Actualité.cd, 06.11.’20
[13] Cf Radio Okapi, 07.11.’20
[14] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 09.11.’20
[15] Cf Radio Okapi, 13.11.’20; Ivan Kasongo – Actualité.cd, 13.11.’20
[16] Cf Radio Okapi, 27.10.’20
[17] Cf Actualité.cd, 29.10.’20
[18] Cf Claude Sengenya – Actualité.cd, 08.11.’20; Prince Mayiro – 7sur7.cd, 08.11.’20
[19] Radio Okapi, 19.11.’20
[20] Cf José Mukendi – Actualité.cd, 14.11.’20; Jonathan Kombi – Actualité.cd, 14.11.’20; Siméon Isako – Cas-info.ca, 16.11.’20
[21] Cf Radio Okapi, 11.11.’20 ; Actualité.cd, 11.11.’20
[22] Cf Sonia Rolley – RFI, 04 et 05.11.’20; RFI, 12.11.’20
[23] Cf Marie-France Cros – Lalibre.be/Afrique, 18.11.’20