Congo Actualité n. 396

SOMMAIRE

1. LE RISQUE DE LA BALKANISATION DU PAYS
a. Les déclarations du cardinal de Kinshasa
b. Les précisions du porte parole de l’armée
c. Les réactions qui ont suivi
d. Deux déclarations dignes de foi
2. LES GROUPES ARMÉS
a. Nord Kivu
– Quelques avancées dans la lutte contre les ADF en territoire de Beni
– Rapport 2019 sur l’opération « Sokola 2 » dans les territoires de Masisi, Rutshuru, Nyiragongo et Walikale
– Les FDLR dans le Territoire de Rutshuru
b. Sud Kivu
– Le CNRD dans les Territoires de Kalehe et de Mwenga
– Territoires de Uvira et Fizi
– Insécurité et crise humanitaire
c. Ituri
– Un rapport sur les tueries en Territoire de Djugu
d. Quelques redditions: un signal positif
3. LE RAPPORT DU GROUPE D’EXPERTS DE L’ONU: DEUX CAS EMBLÉMATIQUES

1. LE RISQUE DE LA BALKANISATION DU PAYS

a. Les déclarations du Cardinal de Kinshasa

Le 3 janvier, lors d’une conférence de presse tenue à Kinshasa après sa tournée de paix effectuée dans le Nord-Kivu, le Cardinal Fridolin Ambongo a affirmé que la RD Congo est en danger et que le risque de la partition du pays est bien réel, si l’on n’y prend garde.
Selon le Cardinal, des populations d’origine rwandophone et ougandophone sont en train d’être déversées dans l’Est du Pays et occupent les champs et les maisons abandonnés par les autochtones qui fuient la guerre. «Les Congolais d’origine rwandaise ou ougandaise qui sont au Congo depuis des années, personne ne peut contester leur nationalité congolaise. Ce qui fait problème, c’est le déversement des autres qui arrivent et qu’on essaie de faire passer comme des Congolais», a affirmé le prélat, en ajoutant que «le cas le plus criant [est celui des] immigrés rwandais qui ont été chassés de la Tanzanie il y a quelques années et on a fini par les déverser au Congo, créant un sentiment de frustration et de colère parmi les populations autochtones». Il a insisté sur le cas de la porosité des frontières dans l’Est de la RDC: «Il est très difficile de distinguer les populations qui sont au Congo depuis longtemps des autres qu’on est en train de déverser aujourd’hui au Congo. Pour cela, il faut un Etat organisé et capable de contrôler ses frontières. Le malheur dans l’Est, c’est que les frontières sont poreuses. On peut entrer et sortir comme on veut, car il s’agit souvent de zones montagneuses et forestières». Il a cependant mis en garde sur le risque de généralisation: «il faut éviter le risque de considérer quiconque d’expression rwandophone comme étranger, car ce serait une grosse erreur».
Le cardinal Ambongo a dénoncé l’infiltration des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) par des militaires étrangers. Cependant, il a appelé les uns et les autres à encourager et à reconnaître les mérites de l’armée, plutôt que de donner toujours une mauvaise image de celle-ci: «Notre armée, c’est l’unique armée que nous avons. L’erreur que nous commettrions, et que nous commettons effectivement, c’est de donner toujours une image trop négative de notre armée. L’armée est constituée de nos frères et sœurs qui sont au front. Ce sont des gens qui ont quitté leurs familles et qui s’exposent pour sécuriser le front Est de notre pays».
Le Cardinal Fridolin Ambongo a aussi évoqué la question de la Mission de l’Organisation des Nations-Unies pour la Stabilisation du Congo, (MONUSCO), en affirmant qu’elle ne remplit pas correctement sa mission, qui est celle de protéger les civils. Cependant, il a déclaré que la RD Congo commettrait une erreur si elle obligeait la mission onusienne à quitter le Pays.
Pour mettre fin aux massacres des civils dans la partie Est de la RD Congo, le Cardinal Fridolin Ambongo a affirmé que la solution se trouve notamment du point de vue diplomatique.
Pour lui, il faut que l’exécutif national mette tout en œuvre pour convaincre les Pays voisins de la RD Congo à ne plus déverser leurs populations en RD Congo: «Il appartient à notre gouvernement de rechercher le dialogue avec les Pays voisins, particulièrement l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi et de déployer son arsenal diplomatique pour les convaincre d’arrêter de déverser leurs populations au Congo».[1]

b. Les précisions du porte parole de l’armée

Le 4 janvier, dans un communiqué de presse, le porte-parole de l’armée, le général Léon-Richard Kasonga, a confirmé l’existence d’un plan de balkanisation du Pays.
Il a affirmé que les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) font face à des individus qui ne visent que la balkanisation de l’Est de la République Démocratique du Congo: «L’État-Major général des FARDC tient à rappeler à l’opinion tant nationale qu’internationale que, dans le cadre de la guerre non conventionnelle menée dans le grand Nord, les FARDC font face à des insurgés dont le but final est la balkanisation de la partie Est du territoire national. Ce qui se passe au Grand nord n’est qu’une machination des personnes malveillantes aux ambitions sécessionnistes».
En outre, le porte-parole de l’armée a affirmé que pour légitimer leurs activités insurrectionnelles, ces insurgés s’appuient sur des causes de mécontentement réelles ou imaginaires, diffusées à travers toutes les couches sociales et par divers canaux de communication.
«L’effet recherché est l’effondrement des institutions légales, en les discréditant aux yeux de l’opinion nationale et internationale, dans le but de prendre le contrôle politico-administratif de cet espace et ainsi concrétiser la balkanisation pourtant désavouée par la population du Grand Nord», a renchéri le général major Léon-Richard Kasonga, en appelant la population à plus de vigilance, à se désolidariser de ces insurgés et à faire confiance en elle, en la soutenant totalement.
À propos de ceux qui évoquent des complicités avec l’ennemi au sein de l’Armée, le général major Léon-Richard Kasonga a affirmé qu’il s’agit d’une campagne d’intoxication menée contre l’armée:
«Les FARDC affirment être au courant et suffisamment documentés sur la combine montée par les ennemis de la nation visant à les décourager dans la poursuite et l’exécution de leur mission. Nous nous indignons de cette accusation gratuite de nature à démoraliser nos troupes et à remettre en cause le lourd sacrifice consenti pour la protection de la population». À ce propos, il a rappelé que, en l’espace de deux mois, 60 militaires sont morts sur le champ de bataille et que 175 ont été blessés.[2]

c. Les réactions qui ont suivi

Le 4 janvier, lors de la commémoration du 61 ème anniversaire de la fête des martyres de l’indépendance, le président national de l’église du Christ au Congo ( ECC), le Revend docteur André Bokundoa-bo-Likabe, a affirmé que la RDC court actuellement le plus grand risque de balkanisation de son histoire.
Il a déclaré que les massacres barbares perpétrés contre les populations de l’Est ne visent qu’à créer la terreur, dans le but de pousser les populations locales à se délocaliser de cette partie du pays.
Il a affirmé que ces tueries sont orchestrées par les multinationales qui sont les premières bénéficiaires de l’exploitation illicite des ressources naturelles qui en résulte.
Il a saisi cette même occasion pour dénoncer avec véhémence l’infiltration dont font l’objet les forces de défense et de sécurité de la RDC.
Il a donc lancé un appel pathétique d’éveil de conscience patriotique aux dirigeant du Pays, à la classe politique, aux leaders religieux, aux acteurs des mouvements de la société civile, aux syndicalistes, aux étudiants, aux artistes et à toute la population de manière générale: «J’exhorte le Président de la République, en sa qualité de garant de la Nation, à un dépassement personnel aux fins de convoquer en toute urgence des consultations nationales en vue d’impliquer toutes les forces de la société à la démarche des solutions durables et consensuelles aux problèmes susmentionnés».[3]

Le 4 janvier, le secrétaire exécutif de la ligue des jeunes de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Ted Beleshayi, a déclaré que les sonnettes d’alarmes tirées ça et là au sujet d’un éventuel risque de balkanisation du pays, sont en réalité une stratégie pour obtenir un nouveau dialogue pour le partage du pouvoir, après avoir constaté l’échec du combat sur la vérité des urnes: «Ces discours alarmistes sur l’Est du pays, pied de nez pour la tenue d’un dialogue, sont très étonnants car ils tombent à un moment où notre armée a nettement pris le dessus sur tous les groupes armés et est en phase de pacifier le pays … Comprenant que le discours sur la vérité des urnes ne prend plus, ils tiennent un discours de la peur et du complot. Dans tous les cas, établir l’autorité de l’État sur nos frontières est le travail de l’armée, pas d’un dialogue quelconque». Selon Ted Beleshayi, «comme jamais auparavant, les FARDC ont une position de force face à tous les groupes armés dans l’Est du pays …  Les nouvelles des redditions et des dépôts des armes nous réjouissent. La solution est militaire et diplomatique (bon voisinage), pas de dialogue ou de consultations nationales».[4]

Le 8 janvier, le secrétaire permanent du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), Emmanuel Ramazani Shadary, a affirmé que son parti rejette toute idée de dialogue ou de consultations d’où qu’elle émane, entre les forces vives de la République, dans le contexte politique actuel. Selon lui, toute proposition de conciliabule qui viendrait remettre en cause la légitimité des institutions en place est inopportune: «Ce n’est plus le moment de venir proposer des idées rétrogrades sur des soi-disant forums ou consultations qui viendraient remettre en cause la légitimité des institutions en place. Le PPRD s’opposera donc à toute tentative de réédition des conciliabules avec des acteurs qui avaient refusé de rejoindre la logique du Comité National de Suivi de l’Accord (CNSA) du 31 décembre 2016».
Shadary a dénoncé par la même occasion «des politiciens en mal de positionnement, qui font de la souffrance et des tueries des populations de Beni, un fonds de commerce».
Dans la foulée, il a appelé à une mobilisation tous azimuts pour «la fin de cette guerre asymétrique dans l’Est du Pays, qui n’est qu’un terrorisme bien planifié par l’extérieur, avec la complicité de certains Congolais à la recherche des responsabilités dans les institutions de l’État».[5]

Le 13 janvier, dans une conférence de presse, Martin Fayulu, ancien candidat à la présidentielle de 2018, a accusé l’ancien chef de l’Etat Joseph Kabila d’œuvrer pour la balkanisation du pays. Il a même affirmé que cette mission, déjà accomplie par Joseph Kabila jusqu’à 55%, elle aurait avancé jusqu’à 70% avec la complicité de l’actuel président de la république Félix Tshisekedi.[6]

d. Deux déclarations dignes de foi

Le 10 janvier, au cours de la 17ème réunion ordinaire du conseil des ministres qu’il a présidée à la Cité de l’Union Africaine, le chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo s’est exprimé sur le plan de balkanisation de la RD Congo dénoncé notamment par le cardinal Fridolin Ambongo et les Forces Armées de la RDC (FARDC). Il a rassuré que la balkanisation n’aura pas lieu aussi longtemps qu’il sera au pouvoir. Il a dit sa détermination de ne laisser partir aucun m² du territoire national et de poursuivre les actions de pacification de tout l’Est du Pays, notamment dans Beni, Butembo, l’Ituri, le Haut et Moyen Plateaux de Minembwe ainsi qu’à Uvira.[7]

Le 15 janvier, la représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU en RDC, Leila Zerrougui, s’est exprimée sur les rumeurs qui circulent au sujet d’une possible « balkanisation » du pays.
La chef de la Monusco a, avant tout, reconnu l’amour des Congolais envers leur pays, mais elle a réfuté un quelconque complot de la part de la communauté internationale ou des pays voisins qui viserait la balkanisation de la RDC: «je crois qu’il n’y a personne, que ça soit dans la communauté internationale, que ça soit chez les pays voisins, qui a des visés territoriales sur le Congo. Le Congo dans ses frontières héritées de la colonisation, personne ne le conteste, les congolais eux-mêmes ne veulent pas se séparer du Congo et créer un Etat».[8]

2. LES GROUPES ARMÉS

a. Nord Kivu

– Quelques avancées dans la lutte contre les ADF en territoire de Beni

Le 5 janvier, lors d’une séance de prière organisée à Beni par la 20e Communauté Évangélique au Centre de l’Afrique (CECA), pour soutenir les forces armées engagées au front dans cette partie du pays, le maire adjoint de Beni, Modeste Bakwanamaha, a affirmé que la réussite des opérations militaires en cours dépend de la dénonciation des ennemis et des traitres qui se cacheraient au sein de l’armée et de la population locale: «Si on peut avoir des traitres au sein de l’armée, aidez-nous à les sortir de l’armée. S’il y a des traitres dans le chef des politiciens, aidez-nous à les dénoncer. Mais, moi, j’ajoute aussi, s’il y a des traitres au sein de la population, dénonçons-les. On ne peut pas avancer avec des traitres, ça ne peut pas nous donner la victoire».[9]

Le 9 janvier, les Forces Armées de la RDC (FARDC) ont annoncé avoir repris Madina, considéré comme le quartier général des combattants des Forces Démocratiques Alliées (ADF). Ce n’est pas la première fois que cette position est reprise par l’armée, car elle avait été déjà conquise à l’époque du général Jean Lucien Bauma Ambamba et reprise par les ADF il y a environ un an. L’armée avait déjà annoncé précédemment la conquête de plusieurs autres positions de la rébellion ADF avant d’arriver à Madina dont PK40, New Madina, 100 dollars, etc.
Dans son rapport de 2013, le groupe d’experts de l’ONU avait présente l’ADF comme une «organisation fonctionnant grâce à l’exploitation forestière et aurifère illégale, à un réseau de taxis et de mototaxis opérant dans les villes de Butembo, Beni et Oicha et à des virements de Londres, du Kenya et de l’Ouganda, l’argent étant encaissé par des intermédiaires congolais à Beni et Butembo».[10]

Le 11 janvier, dans un point de presse tenu à Beni, le porte-parole des opérations militaires Sokola 1 dans la partie Grand Nord de la province du Nord-Kivu, le major Mack Hazukayi, a déclaré que quarante combattants ADF ont été tués, parmi lesquels 5 de leurs leaders, lors de derniers affrontements entre les forces loyalistes et les miliciens ADF dans la partie Nord-Est de la ville de Beni, notamment dans la zone de Mapobu, Liva et Madina, sur l’axe Mbau-Kamango.
Parmi les 5 leaders ADF tués, il y a monsieur Kambale Atshubola, qui était originaire de la localité de Mayimoya et qui fut secrétaire particulier de Djamil Mukulu, ancien chef de l’ADF actuellement en détention en Ouganda. Des armes et munitions ont aussi été récupérées, notamment 5 PKM, 21 armes à feu, 5 bombes artisanales et des armes blanches.
Le Major Mak Hazukay a aussi annoncé le nombre des militaires qui ont péri depuis le déclenchement, le 31 octobre dernier, de cette opération militaire menée contre les ADF jusqu’ à la reconquête de Medina: 30 soldats tués,70 autres grièvement blessés.
Le porte parole de l’armée a dénoncé le comportement de certains Maï-Maï, groupes armés locaux d’autodéfense, qui servent « des béquilles » aux ADF: «L’ennemi commun que nous devons à tout prix éradiquer, ce sont les ADF. Des compatriotes qui se disent Maï-Maï ont joué un faux jeu du côté de l’ouest, ce qui a permis à l’ennemi de se déplacer vers l’ouest et cela nous a un peu compliqué … Malheureusement, 9 Maï-Maï qui servaient de pisteurs aux ADF dans leurs mouvements de l’Est à l’ouest ont été neutralisés et trois autres capturés».
Enfin, le major Mack Hazukayi  a déclaré que «cette victoire sur le mal c’est le fruit de travail de tout le monde. Après la conquête de Mapobu et de Madina, nous sommes en train d’aller petit à petit vers Kamango. Il faut retenir le message le plus essentiel: l’union fait la force. La victoire, on la partage, c’est la victoire de tout le monde».[11]

En deux mois environ, l’armée a reconquis quatre bastions importants des ADF. Ces campements sont présentés comme des foyers de transit et de formation. Il s’agit de:
– Mayangose, situé à une dizaine de Kilomètres au Nord Est de la ville de Beni, était un point de transit des recrues ADF qui se dirigeaient dans le triangle dit de la mort, entre les localités de Mbau, Kamango et Eringeti.
– Mwalika, situé dans la forêt du territoire de Beni, était un campement utilisé comme centre de formation des combattants ADF qui attaquent les grandes agglomérations de la région.
– Chochota, était un campement relais des ADF permettant la traversée de la nationale numéro 4, pour mener des opérations de pillage et de ravitaillement à Oicha, Kokola, Mamove et Eringeti.
– Medina, conquis dernièrement par les FARDC, était le quartier général des ADF.
Mais selon des sources militaires, le défi actuel de l’armée serait de consolider ses positions dans ces bastions conquis et identifier le campement ou se trouverait Seka Baluku, l’actuel chef des ADF et certains de ses collaborateurs.[12]

Le 14 janvier, le maire de la ville de Beni, Nyonyi Bwanakawa, a déclaré que des combattants des ADF, des miliciens Maï-Maï et des bandits armés se seraient infiltré au sein de la population. En estimant que cette situation constitue un danger sécuritaire permanent, il a appelé la population à la vigilance et lui a demandé de dénoncer la présence de toute personne suspecte.[13]

– Rapport 2019 sur l’opération « Sokola 2 » dans les territoires de Masisi, Rutshuru, Nyiragongo et Walikale

Le 9 janvier, dans une communication à la presse, le porte-parole des opérations Sokola 2, le major Ndjike Kaiko, a présenté un rapport sur l’opération « Sokola 2 » dans les territoires de Masisi, Rutshuru, Nyiragongo et Walikale (Nord Kivu) pour l’année 2019.
Il a affirmé que, dans le cadre de l’opération « Sokola 2 », l’armée a neutralisé 1388 combattants et récupéré plus de 660 armes, toutes calibres confondus. Selon le porte-parole de ces opérations, plus de la moitié des combattants neutralisés et armes récupérées, du 1er janvier au 31 décembre 2019, proviennent de 4 factions des groupes Nyatura. Les autres sont issues de 4 factions FDLR, trois factions Maï-Maï, de NDC Rénové de Guidon Shimiray Mwissa, MAC de Mbura, Pi FIVE et au moins 7 ex M23 et CNDP. Sur la même liste, les FARDC reviennent sur les 16 leaders des groupes armés qui ont été tués ou arrêtés, dont le feu général Sylvestre Mudacumura des FDLR/FOCA. Le porte-parole des opérations Sokola 2 appelle la population à se désolidariser d’avec les groupes armés et les combattants armés à se rendre.
Le major Ndjike rejette également les allégations de collaboration entre l’armée et le groupe NDC-Rénové de Guidon, tel que dénoncé dans le rapport mi-parcours du groupe d’experts des Nations Unies publié le 20 décembre dernier.[14]

– Les FDLR dans le Territoire de Rutshuru

Le 6 janvier, des affrontements ont été signalés entre des miliciens de Nduma Defense Of Congo Rénové (NDC-R) et des rebelles Hutus Rwandais des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) alliés du CMC/Nyatura de Domy, à Katsiru, dans le groupement Bukumbo, chefferie de Bwito en territoire de Rutshuru, province du Nord-Kivu dans l’Est en RDC. D’après Désiré Ngabo, porte-parole de NDC-R qui livre l’information, le bilan provisoire est de plus de 25 personnes tuées, parmi lesquelles, 4 femmes « civiles », épouses des soldats de NDC-R et une vingtaine des rebelles FDLR. Les combats auraient commencé vers 4 heures du matin et se seraient poursuivis à Ngoromba, un village à 6 Kilomètres de Nyanzale.[15]

Le 15 janvier, les rebelles des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) ont tué au moins dix personnes lors d’une attaque dans la localité de Kinyandoni, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Parmi les dix victimes, sept sont membres d’une seule famille et trois sont des voisins de cette famille. Apparemment, il s’agit d’une opération de vengeance, parce que la famille qui a été visée est celle d’un agent de l’ANR. La localité de Kinyandoni est située à dix kilomètres au nord de la cité de Kiwanja, sur la route pour Ishasha. Dans la région, les rebelles rwandais sont traqués par l’armée congolaise. Actuellement ce sont les FDLR/RUDI qui sont plus actifs et agressifs dans la région de Kinyandoni.[16]

b. Sud Kivu

– Le CNRD dans les Territoires de Kalehe et de Mwenga

Le 2 janvier, le président du cadre de concertation territoriale de la société civile de Kalehe, Delphin Birimbi, a révélé que plus de 1.000 habitants de Katasomwa, une localité du  territoire de Kalehe, ont abandonné leur village, suite à une nouvelle présence des combattants du Conseil National pour la Renaissance et la Démocratie (CNRD), dissidents des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR). Il a appelé les forces loyalistes à continuer les opérations contre ces rebelles CNRD qui sont encore visibles à Kalehe. De leur part, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont appréhendé deux rebelles Rwandais CNRD, ainsi que 12 jeunes détenteurs illégaux d’armes.[17]

Le 7 janvier, l’ administrateur assistant du territoire de Kalehe (Sud-Kivu), Pascal Cimana, a déclaré que, à Katasomwa, dans le territoire de Kalehe, la réapparition des rebelles Rwandais du Conseil National pour la Renaissance et la Démocratie (CNRD) a fait déjà plus de 2700 déplacés. Il a précisé que, « actuellement, ces déplacés vivent dans des conditions humanitaires déplorables. Ils n’ont pas à manger, certains tombent déjà malades et n’accèdent pas aux soins de santé». D’après lui, à Ngazo et à Rutale, plus de 300 rebelles CRND circulent avec des armes à feu, surtout pendant la nuit.[18]

Le 13 janvier, le président de la communauté Nyindu, Laban Kyalangaliliwa, a affirmé que, «depuis 20 jours, des présumés rebelles rwandais du Conseil National pour la Renaissance et la Démocratie (CNRD) sont en train de circuler à Kasika, dans les groupements d’Iyanga et de Mukangala, voire même dans la vallée de Lwindi, territoire de Mwenga. Certains se sont volatilisés dans les forêts de Kashindaba et Muhuzi. Par conséquent, la population vit dans la peur». Il a donc demandé aux forces armés de la RD Congo et aux autorités de s’impliquer, pour que ces rebelles soient rapatriés dans leur pays d’origine, le Rwanda.[19]

– Territoires de Uvira et Fizi

Le Sud-Kivu se trouve depuis 2017 en proie à une recrudescence de la violence. On parle d’une guerre par rébellions interposées entre le Rwanda et le Burundi. Il y a d’un côté les rebelles burundais, les Forces nationales de libération (FNL), une rébellion hutue et Red Tabara (Résistance pour un État de Droit), soutenus par le Rwanda dès 2015, notamment en matière de recrutement et de formation, selon un rapport du groupe d’experts de l’ONU, ainsi que les groupes ma-maï, dont les Yakutumba et des maï-maï Bembe et Bafuliro.
De l’autre côté, il y a les Gumino, un groupe Banyamulenge soutenu par le Congrès national rwandais (RNC) du général dissident Kayumba Nyamwasa, qui veut renverser le président rwandais Paul Kagame. Selon un rapport du groupe d’expert des Nations-Unies sur la RD Congo, le RNC s’installe dans la forêt de Bijabo, au Nord de Minembwe, et noue une alliance avec les combattants Banyamulenge Gumino.
C’est dans cet imbroglio sociologique congolais et géopolitique régional que les unités spéciales de l’armée rwandaise interviennent en appui aux maï-maï congolais qui combattent les Banyamulenge qui soutiennent le RNC de Kayumba et en appui aux rebelles rwandais qui veulent chasser Nkurunziza du pouvoir, mais aussi contre les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé hutu d’origine rwandaise.[20]

Le 3 janvier, des violents affrontements ont eu lieu à Masango,  près de Bijombo, dans les hauts et moyens plateaux de la chefferie de Bavira, entre les éléments Maï-Maï d’auto défense et les rebelles Gumino qui voulaient rejoindre la localité de Rurambo. Selon la société civile locale, le bilan fait état de 10 morts côté rebelles et 16 blessés.[21]

Le 5 janvier, le commandant second en charge des opérations du secteur de Walikale (Nord Kivu), le colonel Michel Rukundo Makanika, a fait défection de l’armée, pour rejoindre la milice Ngumino, active dans le territoire de Fizi (Sud-Kivu).
Avant de rejoindre les FARDC en 2011, Makanika dirigeait la branche armée des ex-Forces Républicaines Fédéralistes (FRF), une autre milice Banyamululenge présente dans le hauts et moyens plateaux d’Uvira, Fizi et Mwenga. Selon plusieurs informations, il devrait prendre la tête de la milice Ngumino, dont le chef, Ngumino Semahungure, avait été tué le 7 septembre 2019, dans les combats avec la coalition Ebwela et Twigwanihero.
D’après les renseignements de Kivu Security, le mouvement Ngumino a été créé à partir d’anciens groupes armés Banyamulenge, dont l’ex-FRF et le groupe dirigé par le colonel Tawimbi.[22]

Le 10 janvier, au moins une personne a perdu la vie et autres quatre ont été blessées  lors des affrontements entre les maï-maï et la coalition Ngumino -Twagiraheno à Kawela, dans la commune rurale de Minembwe, dans le territoire de Fizi au Sud-Kivu. Selon Gadi Mukiza, bourgmestre de la commune rurale de Minembwe, «c’est depuis 5h00 qu’on a entendu des coups de feu dans le village de Kawela, à une dizaine de kilomètres de Minembwe Centre. Les Maï-Maï ont attaqué une position de rebelles Twigwaneho. Voulant avancer vers les villages Rubanda, Banganji et Musinji, les forces loyalistes sont intervenues et ont repoussé ces Maï-Maï. Au moins 3 villages essentiellement Banyamulenge se sont vidés de leurs habitants. Des maisons ont été brûlées et plusieurs vaches ont été pillées par les miliciens maï-maï». Il sied de noter que, ces deux derniers mois, la commune de Minembwe était dans une relative accalmie. [23]

Le 13 janvier, le nouveau commandant du secteur opérationnel Sokola 2 au Sud-Kivu, le général Boswane Gaby, a annoncé que les Forces Armées de la RD Congo, (FARDC) ont repris le contrôle de Bijombo dans les hauts et moyens plateaux d’Uvira au Sud-Kivu. Les vaches, qui avaient été pillées lors de récents affrontements entre groupes armés, ont été récupérées par les forces loyalistes.[24]

– Insécurité et crise humanitaire

Le 6 janvier, en marge de la Journée mondiale des orphelins de guerre, le directeur général du Bureau pour le volontariat au service de l’enfance (BVES) du Sud Kivu, Namegabe Murhabazi, a révélé que la moyenne des enfants orphelins des conflits armés est passée de 350 par mois jusqu’à entre 300 et 500 orphelins par jour: «Les choses changent à tout moment: quand il y a accalmie, nous pouvons arriver jusqu’à 350 enfants par mois dans tous nos centres d’Uvira, Kabare, Kalehe et Bukavu, mais quand il y a des conflits, comme actuellement dans les moyens plateaux de Fizi, Uvira, Mwenga et Kalehe, nos centres sont toujours pleins et on a une moyenne de 350 à 500 par jour pour nos centres de transit et d’orientation constitués d’orphelins de faits, c’est-à-dire, ils ne sont pas tous des orphelins de père, de mère ou de 2 parents à la fois, mais il y a ceux-là qui ont été séparés de leurs parents et de leurs familles. Tous ces enfants nous arrivent dans des conditions très difficiles: malades, mal nourris, non scolarisés et analphabètes. Il faut donc trouver une nouvelle vie pour ces orphelins».[25]

Le 9 janvier, dans son bulletin sur le programme de lutte contre la criminalité et l’insécurité, la Synergie des Associations des Jeunes pour l’Éducation Civique, Électorale et la Promotion des droits de l’homme au Sud-Kivu (SAJECEK/FORCES VIVES), a dénoncé l’insécurité grandissante qui a caractérisé la province du Sud-Kivu en 2019: «L’année 2019 a été caractérisée par une insécurité grandissante au Sud-Kivu: 230 personnes tuées, 462 maisons attaquées par des bandits armés, 52 véhicules braqués, 181 cas d’enlèvement et 66 cas de justice populaire. La ville de Bukavu a été l’entité la plus touchée avec 62 cas de personnes tuées, 18 cas de justice populaire et avec 139 cas d’attaques des maisons. Le territoire d’Uvira est l’entité la plus secouée par les cas des braquages des véhicules avec plus de 16 cas et 54 cas de kidnapping. Seul le territoire d’Idwji n’a pas enregistré de cas d’attaques ou des personnes tuées par des hommes armes, mais s’en sort avec 4 cas de justice populaire».[26]

c. Ituri

– Un rapport sur les tueries en Territoire de Djugu

Le 10 janvier, dans un rapport, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) a évoqué des «crimes contre l’humanité» et peut-être même «de génocide» contre une communauté de l’est de la République démocratique du Congo. Le rapport  cite les meurtres, persécutions et déplacements forcés de populations qui visent les Hema en Ituri.
Selon le rapport du BCNUDH, les tueries dans le territoire de Djugu (Ituri), reprises depuis décembre 2017, « pourraient présenter des éléments constitutifs de crimes contre l’humanité » voire de « crime de génocide ». Selon le rapport des Nations unies, «les attaques semblent avoir été planifiées et organisées dans le but d’infliger des pertes graves et un traumatisme à long terme aux membres de la communauté Hema vivant dans le territoire de Djugu, afin de les empêcher de retourner dans leurs villages et de pouvoir ainsi prendre le contrôle de leurs terres. L’un des enjeux majeurs du conflit est en effet le contrôle des terres par les Lendu».
Entre septembre 2017 et septembre 2019, «au moins 701 personnes ont été tuées, 168 autres ont été blessées et 142 personnes ont été victimes des violences sexuelles», ajoute le rapport. « La grande majorité des victimes des attaques semble avoir été visée en raison de leur appartenance à la communauté hema (au moins 402 membres de cette communauté tués)». Le rapport cite aussi au moins 218 cas de pillage et/ou de destruction de maisons, écoles et centres de santé dans différents villages. Le bilan sur le plan humanitaire est également lourd. Près de 57.000 personnes se seraient réfugiées en Ouganda et plus de 556.356 autres se seraient déplacées vers les territoires voisins et à proximité de la ville de Bunia depuis février 2018.
Abdoul Aziz Thioye, responsable du Bureau conjoint des Nations unies et représentant du haut-commissaire des droits de l’homme à Kinshasa, revient sur les attaques qui ont visé cette communauté, des attaques attribuées à des combattants lendus: « Il y a eu une volonté claire de la part des assaillants d’infliger des souffrances à cette communauté-là. Ils ont détruit des postes de santé et ils continuent à attaquer quelquefois  les camps des déplacés dans lesquels des membres de la communauté hema ont été regroupés. Il est clair qu’il y a une volonté réelle de la part des assaillants lendu d’obliger la communauté hema à réellement quitter certaines terres pour pouvoir les occuper ou simplement pouvoir procéder à leur exploitation. »
Entre 1999 et 2003, la province de l’Ituri avait été l’épicentre d’affrontements violents et de massacres entre les communautés hema et lendu. Selon le bilan établi par les Nations Unies, entre janvier 2002 et décembre 2003, environ 8,000 civils ont été victimes de meurtres, plus de 600,000 civils ont fui leurs villages d’origine, des milliers d’enfants âgés de 7 à 17 ans ont été enrôlés de force ou volontairement par des groupes armés, d’innombrables femmes ont été enlevées et ont été victimes de violences sexuelles, et des villages entiers ont été détruits. Les violences entre Lendu, majoritairement agriculteurs, et Hema, éleveurs et commerçants, ont repris fin 2017 dans cette province frontalière de l’Ouganda, par ailleurs convoitée pour son or et son pétrole, sur les bords du lac Albert.[27]

d. Quelques redditions: un signal positif

Le 2 janvier, le porte-parole de l’armée au Sud-Kivu, le capitaine Dieudonné Kasereka, a présenté aux membres du conseil urbain de sécurité et aux médias d’Uvira seize miliciens du groupe armé Ethiopie et deux de la milice Yakutumba, qui se sont rendus aux Forces armes de la RDC (FARDC) du secteur opérationnel SOKOLA 2 au Sud du Sud-Kivu. Selon l’armée, il s’agit de miliciens qui opéraient, les premiers, dans le territoire de Kabambare, dans la province du Maniema et, les deuxièmes, dans le territoire de Fizi, au Sud de la province du Sud-Kivu. Ces miliciens se sont rendus avec neuf armes Ak 47 et des munitions. Sous les ordres du colonel autoproclamé connu sous le nom de Mango Mwamadi, le groupe armé Ethiopie opérait dans les plateaux de Lwama, au village Kalunga Mukabo, dans le secteur de Babuyu, en territoire de Kabambare.[28]

Le 3 janvier, l’ONG locale JAPED (Jeunes Ambassadeurs de la Paix et du Développement) a déclaré que, grâce à son action, le 1er janvier, à Kinyatsi, environ 10 km au nord de Lubero Centre (Nord-Kivu), 39 combattants du groupe armé Maï-Maï dénommé Force Patriotique pour la Paix/Armée du Peuple (FPP/AP) du général autoproclamé Kasereka alias, Kabindon, se sont désolidarisés de leur groupe. Ils se sont rendus avec deux armes à feu et une dizaine d’armes blanches et ils ont été cantonnés au camp de transit de Kirumba.[29]

Le 3 janvier, dans le territoire de Djugu (Ituri), au moins 233 miliciens du groupe armé dénommé Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO) se sont rendus après que, le 1er janvier, 7 d’entre eux aient été tués pendant des affrontements avec les Forces Armées de la RDC (FARDC). D’après le Colonel Kamuhanda Lobho Désiré, ces éléments proviennent du village de Jiba et sont actuellement installés dans le site de pre-cantonnement de Kpandroma, dans le territoire de Djugu (Ituri). Dans le territoire de Djugu, les dernières violences armées ont éclaté depuis décembre 2017. Deux communautés sont souvent en conflit: les hema et les lendu. Des milliers de civils ont été tués et plusieurs maisons incendiées.[30]

Le 10 janvier, à Kinshasa, le conseil des ministres a adopté le projet d’accord entre le gouvernement et la milice Forces de Résistance Patriotique de l’Ituri (FRPI). Ce projet, dont le contenu n’est pas encore dévoilé, a été présenté par la Vice-première ministre, ministre du plan, Elysée Minembwe. Dans le cadre du projet « pamoja KWA AMANI » mis en œuvre pour stabiliser le Sud de l’Ituri, le comité de pilotage du Programme National de Stabilisation et Reconstruction (STAREC) a initié un processus de démobilisation de ce groupe armé. Plus d’un millier de miliciens de la FRPI et leurs dépendants sont pré-cantonnés, depuis août dernier, au village Azita, près de Gety, dans le territoire d’Irumu. Cette étape précède le cantonnement proprement dit et le désarmement des miliciens. Cependant, contrairement au chronogramme annoncé précédemment par le gouvernement, la signature de l’accord avec cette milice tire à longueur. Le gouvernement, après réunion avec le comité de pilotage du Programme National de Stabilisation et Reconstruction (STAREC) avait prévu la signature de l’accord fin novembre 2019.[31]

Le 13 janvier, soixante-trois (63) miliciens du groupe armé Nyatura Kigingi, allié aux Mai-Mai de Kapasi, se sont rendus auprès des forces armées de la République démocratique du Congo (RDC). Cette reddition a eu lieu dans le village Kikoma, Secteur Katoyi, Groupement Nyamaboko, 2 en territoire de Masisi, dans la zone de responsabilité du 3410e Régiment. La reddition a été effectuée «après une forte pression des FARDC, dans le cadre des opérations militaires entreprises contre les groupes armés et voulues par le Chef d’Etat- major General des FARDC. Les miliciens se sont rendus avec 14 armes dont 13 de type AKA 47 et un RPG 7.[32]

3. LE RAPPORT DU GROUPE D’EXPERTS DE L’ONU: DEUX CAS EMBLÉMATIQUES

Dans leur rapport présenté le 22 novembre 2019 au comité du Conseil de sécurité de l’ONU et publié le 20 décembre 2019, le groupe des experts de cette organisation internationale ont affirmé que le Nduma Defense of Congo/ Rénové (NDC/R), un groupe armé actif dans le territoire de Masisi et Rutshuru (Nord-Kivu), a reçu la collaboration des forces armées de la RDC, en achetant des armes et munitions chez certains officiers congolais.
Créé par Guidon Shimiray Mwissa en 2015, le NDC-R avait repris plusieurs zones minières contrôlées par les FDLR dans le nord-est du territoire de Walikale et d’autres qui étaient gérés par l’Union des patriotes congolais pour la paix (UPCP) de Lafontaine. Ce groupe armé est aujourd’hui aussi influent au sud de Lubero.
Selon les experts de l’ONU, ce groupe armé est opérationnel malgré le mandat d’arrêt émis contre Guidon Shimiray, son chef, par l’auditorat militaire supérieur près la cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu.
A Pinga, dans le territoire de Walikale, les miliciens de NDC/Rénové ont cohabité avec les FARDC. A Buabo, dans le territoire de Masisi, les forces armées congolaises et ce groupe armé ont mené des opérations militaires conjointes contre l’APCLS (Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain) de Janvier Kalahiri.
Le Groupe d’experts onusiens a pu établir également que, à Kashuga, certains officiers de l’armée régulière avaient notamment transféré au NDC-R des armes et des munitions, parmi lesquelles deux mortiers de 82 mm et une mitrailleuse lourde de 12,7 mm. Le NDC-R avait préalablement acheté des uniformes militaires auprès des FARDC.
Selon les témoignages recueillis sur le terrain par les experts de l’ONU, en mai 2019 les combattants de Guidon avaient passé une journée dans une position des FARDC près du village de Mukohwa, et le 10 mai 2019, des membres des FARDC avaient remis cinq boîtes de munitions à des éléments du NDC-R, basés à Loashi, dans le territoire de Masisi.
Selon toujours les experts de l’ONU, le NDC/R poursuit le recrutement. Le 7 septembre dernier, Guidon Shimiray Mwissa a présidé à Pinga, dans le Walikale, une cérémonie marquant la fin de la formation de 250 nouveaux combattants.
Certains notables Nyanga et Hunde de Pinga ont contribué à l’effort de recrutement en faisant campagne auprès des jeunes.[33]

Dans le même rapport, le Groupe d’experts de l’ONU a affirmé qu’on ne connait pas encore très bien ces miliciens qui tuent depuis juin 2019 dans le territoire de Djugu (Ituri), mais il rapporte que la simultanéité avec laquelle ces attaques se sont produites de même que la participation d’attaquants venant de plusieurs localités, dénoteraient d’un certain niveau de coordination, d’organisation et de planification.
Selon le Groupe d’experts, le mouvement s’appellerait « Union des révolutionnaires pour la défense du peuple congolais » (URDPC) et Ngudjolo Mapa Innocent serait son chef. L’objectif principal serait de lutter contre le harcèlement de la population congolaise par la police et les FARDC. Jusque-là, les autorités congolaises disent qu’une secte appelée CODECO soutenait les milices lendu, mais le Groupe d’experts dit qu’il n’a trouvé aucune preuve concluante à ce sujet. Ce groupe, qui s’identifie comme « un mouvement d’autodéfense », comprendrait 853 combattants, tous Lendu et sous le contrôle effectif de Ngudjolo.
Le Groupe d’experts ajoute que certains attaquants étaient vêtus de treillis militaires et portaient des armes à feu, y compris des fusils-mitrailleurs (des « SMG », d’après les témoins) et des armes de type AK47, tandis que la plupart utilisaient des machettes, des haches, des flèches ou des lances. Des témoins et des membres des FARDC ont observé la présence de quelques mortiers, de lance-roquettes RPG-7 et de mitrailleuses PKM.
Selon le groupe d’experts de l’ONU, la base du mouvement se trouverait dans le Groupement de Loe, près de Jiba, et les combattants seraient dispersés en divers endroits du territoire de Djugu. Selon la même source, le mouvement serait équipé de 148 fusils d’assaut de type AK-47, de 5 mitrailleuses PKM, de 7 lance-roquettes et de 3 mortiers, qui seraient pris aux FARDC lors de combats.
Le Groupe d’experts de l’ONU a aussi remarqué que les milices lendu avaient contraint la population lendu à contribuer financièrement à l’effort de guerre dans plusieurs endroits, notamment à Ndr’li, Andri, Ndjalo et Jiba, par l’intermédiaire de taxes ou de pourcentages prélevés sur les marchandises.[34]

[1] Cf Radio Okapi, 03.01.’20; AFP – Lalibre.be/Afrique, 03.01.’20; Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 03.01.’20; Christine Tshibuyi – Actualité.cd, 03.01.’20
[2] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 04.01.’20 ; Actualité.cd, 05.01.’20
[3] Cf Alphonse Muderwa – 7sur7.cd, 04.01.’20
[4] Cf Jeff Kaleb Hobiang – 7sur7.cd, 04.01.’20
[5] Cf Merveil Molo – 7sur7.cd, 08.01.’20
[6] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 13.01.’20
[7] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 11.01.’20
[8] Cf Ivan Kasongo – Actualité.cd, 15.01.’20
[9] Cf Radio Okapi, 06.01.’20
[10] Cf Actualité.cd, 10.01.’20
[11] Cf Radio Okapi, 12.01.’20; Yassin Kombi – Actualité.cd, 11.01.’20; Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 11.01.’20
[12] Cf Radio Okapi, 14.01.’20
[13] Cf Radio Okapi, 15.01.’20
[14] Cf Radio Okapi, 09.01.’20
[15] Cf Glody Murhabazi – 7sur7.cd, 06.01.’20
[16] Cf Patrick Maki – Actualité.cd, 15.01.’20
[17] Cf Déogratias Cubaka – 7sur7.cd, 02 et 04.01.’20
[18] Cf Déogratias Cubaka – 7sur7.cd, 07.01.’20
[19] Cf Déogratias Cubaka – 7sur7.cd, 13.01.’20
[20] Cf Jean-Jacques Wondo – Deskwondo.org, 16.12.’19
[21] Cf Déogratias Cubaka – 7sur7.cd, 06.01.’20
[22] Cf Justin Mwamba – Actualité.cd, 09.01.’20
[23] Cf Déogratias Cubaka – 7sur7.cd, 10.01.’20 ; Justin Mwamba – Actualité.cd, 10.01.’20
[24] Cf Déogratias Cubaka – 7sur7.cd, 14.01.’20
[25] Cf Justin Mwamba – Actualité.cd, 07.01.’20
[26] Cf Déogratias Cubaka – 7sur7.cd, 09.01.’20
[27] Cf RFI, 10.01.’20; Radio Okapi, 10.01.’20; Actualité.cd, 10.01.’20
[28] Cf Radio Okapi, 03.01.’20; Deogratias Cubaka – 7sur7.cd, 03.01.’20
[29] Cf Radio Okapi, 03.01.’20
[30] Cf Franck Asante – Actualité.cd, 03 et 05.01.’20
[31] Cf Patrick Maki – Actualité.cd, 11.01.’20
[32] Cf Actualité.cd, 14.01.’20: Muhindo Kisatiro – 7sur7.cd, 14.01.’20
[33] Cf Radio Okapi, 06.01.’20; Actualité.cd, 06.01.’20
[34] Cf Actualité.cd, 06.01.’20