SOMMAIRE:
1. DES OPÉRATIONS MILITAIRES CONTRE DES GROUPES ARMÉS D’ORIGINE RWANDAISE
a. Contre les FDLR au Nord Kivu
b. Contre le CNRD au Sud Kivu
2. LA SITUATION À BENI (NORD KIVU)
a. Des nouveaux massacres
b. Le Cardinal Fridolin Ambongo à Béni et à Butembo
3. LES GROUPES ARMÉS LOCAUX: VERS DES NÉGOCIATIONS AVEC KINSHASA?
4. LES DÉPLACEMENTS DES POPULATIONS DANS LES TERRITOIRES D’UVIRA, FIZI ET MWENGA (SUD-KIVU) EN 2019
1. DES OPÉRATIONS MILITAIRES CONTRE DES GROUPES ARMÉS D’ORIGINE RWANDAISE
a. Contre les FDLR au Nord Kivu
Le 18 septembre, le porte-parole des Forces Armées de la RD Congo (FARDC), général Richard Kasonga, a annoncé que le commandant des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), Sylvestre Mudacumura, a été abattu par les FARDC dans le groupement de Bwito, territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Cet ancien commandant en second de la garde présidentielle rwandaise de Juvénal Habyarimana avait combattu ensuite au côté de l’armée congolaise sous Kabila; il était réputé avoir liquidé plusieurs de ses officiers qui voulaient rentrer au Rwanda; il était impliqué dans le trafic d’armes et, depuis novembre 2005, il était sous sanctions des Nations Unies, conformément aux mesures relatives à l’embargo sur les armes établies par la résolution 1493 de 2003 et, enfin, il était visé par un mandat d’arrêt de la CPI (Cour pénale internationale) depuis 2012 pour crimes de guerre et contre l’humanité au Kivu.[1]
Le 10 novembre, le porte-parole de la 34e région militaire, le major Guillaume Njike, a annoncé que les FARDC ont tué un leader des rebelles rwandais des FDLR, dans la localité de Makoka, en territoire de Rutshuru (Nord Kivu). Il s’agit de Nsabimana Juvénal, connu sous le nom de général Jean Michel Africa. Ce chef rebelle a été tué avec 4 de ses gardes du corps. Ancien officier d’Habyarimana, ancien des FDLR-FOCA, il avait pris la tête d’une dissidence, Rud-Urunana, groupe armé lié, selon Kigali, à l’opposante Victoire Ingabire et soutenu par l’Ouganda, en guerre larvée contre le Rwanda.[2]
Le 14 décembre, dans un communiqué de presse, le major Guillaume Ndjike-Kaiko, porte-parole du secteur opérationnel Sukola 2, a indiqué qu’un chef de la milice Nyatura a été tué par l’armée congolaise à Masisi (Nord-Kivu). Il s’agit de Turukumwe Ndinda, présenté par l’armée congolaise comme commandant second du groupe Nyatura FDD. Ce chef milicien a été abattu lors d’une patrouille des FARDC dans les villages de Katobotobo, Kazinga, Ndete et Kinigi, respectivement dans les groupements Nyamaboko 1er et Kibabi.[3]
b. Contre le CNRD au Sud Kivu
Le 26 novembre, sur ordre de la haute hiérarchie militaire, le secteur opérationnel Sukola 2 Sud Kivu a lancé une offensive contre deus groupes armés étrangers d’origine rwandaise: les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) et le Congrès National pour la Renaissance Démocratique (CNRD), un groupe dissident des FDLR, avec comme objectif de les neutraliser.
Le porte parole militaire de l’opération Sukola 2 Sud Kivu, capitaine Dieudonné Kasereka, a déclaré que, «pour la seule journée du 26 novembre, dans le territoire de Kalehe (Sud Kivu), les FARDC ont déjà récupéré les localités de Kitindiro, Rutare1 et 2, Bibatama et Nganjo, jadis sous contrôle du CNRD». Selon le porte-parole des opérations militaires Sokola 2 au Sud-Kivu, ces rebelles hutu rwandais ont décidé de se réfugier au sein du Parc National de Kahuzi Biega (PNKB). Ce même jour, dans une autre partie de Kalehe, les Maï-Maï Nyatura, un groupe armé congolais allié avec les FDLR, ont abandonné plusieurs villages à l’annonce de l’arrivée des FARDC, alors qu’ils occupaient plusieurs agglomérations, entre autre le Centre de Shanje et Kavumo dans le Groupement de Buzi et le Centre de Tchambombo dans le Groupement de Ziralo.[4]
Le 4 décembre, le porte-parole de l’armée congolaise, Léon Richard Kasonga, a annoncé que, dans le Parc National de Kahuzi Biega, en territoire de Kalehe (Sud Kivu), plus de 300 combattants du CNRD se sont rendus aux forces armées congolaises qui ont récupéré aussi 25 Kalachnikovs, une lance roquette multiple 7 mm, une arme Mag de type belge et un mortier 60. Dans le même jour, les habitants de Kalonge, dans le PNKB, en territoire de Kalehe, ont capturé 36 combattants présumés FDLR-CNRD fuyant les affrontements avec les FARDC dans les collines de Karera et aux alentours [5]
Le 4 décembre, plus de 100 éléments Maï-Maï Nyatura dirigés par le dénommé Ndanyereye, Commandant en second en charge des opérations de cette milice, se sont rendus aux FARDC à Lumbishi (Sud-Kivu), auprès du commandant en second du 3312 Régiment basé à Numbi, le Colonel Ganishuri Roger.[6]
Le 7 décembre, des sources militaires ont annoncé qu’au moins 1000 combattants FDLR et leurs dépendants se trouvent déjà entre les mains des FARDC. Jusqu’au 6 décembre, c’est environs 600 FDLR et leurs dépendants qui sont acheminés au camp militaire Nyamunyunyi, situé aux alentours de l’aéroport de Kavumu. Plus de 400 autres étaient encore à Bitale dans le territoire de Kalehe.
Les conditions de vie de ces personnes ont commencé à se détériorer. Il s’agit notamment des besoins alimentaires et sanitaires pour les blessés, les femmes et les enfants malades. La Commission nationale pour les réfugiés affirme avoir déjà été contacté par certains d’entre eux qui sollicitent un rapatriement volontaire vers le Rwanda.[7]
Le 8 décembre, le porte-parole de l’opération Sokola 2 au Sud-Kivu, le capitaine Dieudonné Kasereka, a confirmé l’arrivée d’une première vague de miliciens CNRD / FDLR au camp de Nyamunyunyi, dans le territoire de Kabare, à moins de 30 kilomètres de la ville de Bukavu. Cette vague est composée de 183 combattants et de 684 dépendants.[8]
Le 8 décembre, le cadre de concertation de la société civile de Kalehe a annoncé que la population de Kalonge, en territoire de Kalehe, a capturé et remis aux forces loyalistes au moins 140 combattants du CNRD, un groupe armé dissident des FDLR-FOCA. Cette structure révèle que 34 autres éléments du CNRD capturés à Katasomwa, une localité de la chefferie de Buhavu, étaient à Lemera. Le général Léon Richard Kasonga, porte-parole de l’armée congolaise, a précisé que cela porte à 1200, le nombre d’éléments et dépendants du CNRD qui se sont rendus aux forces armées. D’autres sources ont ajouté que l’armée a réussi à déloger les combattants du CNRD de leur quartier général de Katasomwa et que, en débandade, certains d’entre eux se sont retranchés dans le parc national de Kahuzi Biega, alors que les autres ont pris la direction de Shabunda.[9]
Le 15 décembre, dans un communiqué de presse, le commandant de la 33ème Région Militaire, le Général Major Akili Muhindo Mundos Charles, a annoncé que 1831 combattants et dépendants du CNRD /FDLR et 120 éléments de différents groupes armés locaux ont été capturés dans les opérations militaires en cours dans les hauts plateaux de Kalehe. Toutes leurs positions ont été détruites et plusieurs armes et munitions ont été récupérées. Ils ont été regroupés à Nyamunyunyi, Bitale, Cifunzi et Numbi. Le général Mundos a souligné que ce bilan est évolutif car les opérations continuent et il a précisé que les femmes et les enfants de ces combattants ont été mis à la disposition des autorités provinciales pour les formalités de leur rapatriement au Rwanda.[10]
Le 16 décembre, deux cent quatre-vingt-onze combattants du CNRD/FDLR ont été rapatriés, très tôt le matin, par la frontière Ruzizi 1 près de Bukavu (Sud-Kivu). Ils ont été escortés par les services de la 33e région militaire du Sud-Kivu et ils ont été accueillis de l’autre côté de la frontière par un dispositif militaire de l’armée Rwandaise.[11]
Le 18 décembre, plus de 400 miliciens du CNRD se sont rendus aux Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et d’autres capturés dans les villages compris entre la chefferie de Nindja en Territoire de Kabare et le groupement de Kanyola en Territoire de Walungu.[12]
Le 20 décembre, le Mwami de la chefferie de Basile, Kalenga Riziki, a déclaré que plus de 500 dépendants et rebelles du CNRD ont envahi le territoire de Mwenga. Il a précisé que ces rebelles se trouvent entre les villages Kamikili et Kashombo, dans le groupement de Banamocha, en territoire de Mwenga. Le Mwami Kalenga a invité la population à dénoncer tout mouvement suspect et tout élément porteur d’armes non en uniforme des FARDC. Le capitaine Dieudonné Kasereka, l’un des portes paroles de l’armée au Sud-Kivu, a confirmé cette information et a affirmé que des dispositions sont prises pour lancer les offensives contre ces rebelles à Mwenga aussi.[13]
Le 21 décembre, 1542 personnes (71 combattants CNRD ainsi que leurs femmes et enfants) regroupées dans le camp militaire de Nyamunyunyi dans le territoire de Kabare, ont été rapatriées au Rwanda par la frontière de Ruzizi 1 qui sépare la ville de Bukavu du Rwanda.[14]
Le 23 décembre, le porte-parole des FARDC, le général Léon Richard Kasonga, a déclaré que l’armée congolaise a arrêté deux hauts responsables du CNRD. Il s’agit de Uiyamu Mutabazi et François Muvuni, respectivement secrétaire général et haut cadre politique du CNRD.[15]
Au Sud Kivu, tout le monde pense que, dans cette opération militaire contre le CNRD/FDLR, il y a des miliaires rwandais en uniforme congolais, avec le feu vert de Félix Tshisekedi. Les élites kivutiennes notent en effet l’exceptionnelle efficacité de cette offensive de l’armée congolaise. Celle-ci survient après l’annonce, en octobre, d’opérations conjointes avec les armées de plusieurs pays des Grands lacs contre la multiplicité de groupes armés présents à l’est du Congo; ces opérations avaient été annulées en raison de l’hostilité de l’opinion congolaise à toute présence militaire du Rwanda et de l’Ouganda dans leur pays. Beaucoup soupçonnent que ce qui ne peut se faire ouvertement se fait sous le manteau. Côté rwandais, on se contente de dire que «Tshisekedi a promis à Kagame de mettre de l’ordre au Kivu».
Selon des sources locales, dans cette opération militaire il y a eu beaucoup de morts et de blessés parmi les membres du CNRD/FDLR. D’aucuns n’hésitent donc pas à dire que les FDLR sont en train d’être «structurellement affaiblies».
On peut en voir un indice dans un communiqué du 29 novembre du MRCD, une plateforme rwandaise d’opposition qui regroupe des opposants politiques autour du CNRD, sous la présidence du colonel Wilson Irategeka (passé des FDLR au CNRD). En effet, cette plateforme n’hésite pas à crier au « génocide » contre les siens, accusant l’armée congolaise et des «militaires rwandais sous uniforme de l’armée congolaise» de massacrer des «réfugiés rwandais» à Kalehe. «L’objectif est de massacrer tous ces réfugiés et que personne ne puisse survivre».[16]
2. LA SITUATION À BENI (NORD KIVU)
a. Des nouveaux massacres
Le 27 décembre, entre 20 et 22h30, les ADF ont fait incursion au Quartier Kitschanga de May-Moya, où ils y ont incendié 3 habitations dans différentes parcelles. Fort heureusement la plupart des familles qui y passent la journée, dorment ailleurs. Les assaillants ont effectué le porte à porte, pillant et emportant des vivres et autres biens de valeur. Dans cette attaque, un homme a été calciné dans sa maison.[17]
Le 28 décembre, vers 17h00, à Mulobya, un village à 4 km-ouest de May-Moya, les ADF/MTM ont tué un couple qui quittait son champ à Tshani-Tshani (10 km-ouest de May-Moya) pour rentrer à Oicha, le chef-lieu du Territoire de Beni. Les miliciens ont incendié la moto à bord de laquelle ils roulaient. Le massacre de Mulobya porte à 224 le nombre des civils tués par les ADF depuis le lancement, fin octobre, des opérations militaires menées contre elles.[18]
Le 28 décembre, dans une nouvelle attaque attribuée aux combattants ADF, deux militaires ont été tués dans le quartier Boikene à Beni. C’est la position des FARDC basée à Matete, au nord-est de la ville, qui a été visée. Les tirs ont duré plusieurs minutes. L’attaque a été repoussée. Deux autres soldats ont été grièvement blessés.[19]
Le 29 décembre, dans une attaque perpétrée peu avant 16h00 à Apetina-Sana, une localité située à 25 kilomètres à l’ouest de Mayimoya, dans le territoire de Beni, des miliciens ADF ont tué au moins dix-huit personnes et incendié des maisons. La contrée étant non couverte par le réseau téléphonique, ce n’est que le lendemain matin que le drame a été connu.[20]
b. Le Cardinal Fridolin Ambongo à Béni et à Butembo
Le 28 décembre, au cours d’une conférence de presse animée à Beni, le Cardinal de Kinshasa, Fridolin Ambongo Besungu, a évoqué la présence de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco) dans cette région frappée par des massacres chroniques des civils, depuis 6 ans.
Le prélat catholique dit comprendre la révolte de la population contre cette mission au regard du résultat sur le terrain, mais il souligne néanmoins l’importance de la présence de cette mission, dont l’absence ferait davantage mal: «Je me pose la question: quelle serait la situation si la Monusco n’était pas là? Nous ne devons pas nous voiler la face, parce qu’il y a aussi beaucoup de gens et de forces obscures qui ont intérêt à ce que la Monusco s’en aille, pour réaliser leur plan macabre, peut-être même de balkanisation. C’est pourquoi, face à cette situation de la faiblesse reconnue de la Monusco, nous ne devons pas faire comme on le dit: jeter l’eau sale avec le bébé. Sortons d’abord le bébé et puis jetons l’eau sale. Nous devons y aller avec beaucoup de discernement. Sinon nous risquons peut-être de faire pire que ce que nous aurions voulu faire».
Le Cardinal Fridolin Ambongo a aussi souligné le rôle de la justice dans la situation actuelle sur les massacres des civils dans la ville de Beni. Pour F. Ambongo, la situation dans cette région s’est aggravée à cause de l’absence d’une vraie justice: «Un pays ne peut pas se construire s’il n’y a pas une vraie justice. Je crois que le cas de Beni s’est aggravé à cause de l’impunité, car il y a des auteurs qui n’ont jamais été poursuivis ni jugés. Quelqu’un peut prendre une arme, faire ce qu’il veut et croire qu’il n’est pas redevable à la justice».
Au cours d’une messe pour la paix célébrée à l’esplanade de la paroisse Sainte Thérèse de Beni, le cardinal Fridolin Ambongo a appelé la population à soutenir l’armée, la police ainsi que les casques bleus de la MONUSCO afin de pacifier l’est de la RDC. «Apprenons à faire la part des choses. Si une erreur a été commise par un militaire, résistons à la tentation de généraliser. Les militaires qui sont là ne sont pas venus faire de l’aventure mais, ils sont là pour vous. Il en est de même pour les éléments de la police et de la MONUSCO», a-t-il déclaré.[21]
Le 29 décembre, dans l’homélie prononcée au cours d’une messe célébrée à l’Esplanade Tshaka Tshaka de Butembo, le Cardinal Fridolin Ambongo a fustigé les comportements de certains qui accusent la population d’être complice des massacres: «Dire que tout ce qui se passe à Beni est la faute de la population locale c’est irresponsable! Naturellement, on peut trouver parmi la population à Beni et à Butembo certains qui collaborent avec l’ennemi, mais de là à conclure que la population joue le jeu de l’ennemi est un affront à notre peuple. C’est inacceptable». Il a également dénoncé la généralisation et apporté son soutien à l’Armée, à la police et à la Monusco: «De la même manière, nous ne pouvons pas rendre l’armée, la police ou la Monusco responsables de nos malheurs. Ces gens ne sont pas nos ennemis. On peut avoir des cas de ratés. Résistons à la généralisation, pour ne pas risquer de faire le jeu de l’ennemi … Il faut avoir une attitude de reconnaissance et de gratitude vis-à-vis de ces gens. Ils ont peut-être abandonné leurs familles et sont là pour nous. Confiance en l’armée, confiance en la police, confiance en la Monusco. Les erreurs, on peut les corriger».[22]
Le 30 décembre, dans une interview accordée aux journalistes, le Cardinal Fridolin Ambongo s’est inquiété de l’origine de ceux qui tuent dans cette région du pays: «la façon dont les atrocités se commettent, parfois à côté d’une base de l’armée, parfois à côté de la Monusco, des gens qui sortent de la brousse avec parfois des morphologies qui inquiètent, qui parlent des langues qui inquiètent. Tout cela jette des troubles dans la conscience du peuple, de telle sorte qu’on se demande finalement qui est l’ennemi, surtout lorsqu’on constate que le risque de la balkanisation du Pays est bien réel».[23]
3. LES GROUPES ARMÉS LOCAUX: VERS DES NÉGOCIATIONS AVEC KINSHASA?
Le 29 novembre, six “puissants” groupes armés du Nord et Sud-Kivu, du Maniema ainsi que de la Tshopo ont décidé de coaliser, pour donner naissance à une nouvelle plateforme dénommée « Réseau de Patriotes Résistants Congolais (RPRC)« . Il s’agit de Nduma Defense of Congo-Renové de Shimiray Mwisha Guidon (Walikale, Masisi, Rutshuru et Lubero au Nord-Kivu, Lubutu au Maniema et Bafwasende dans la Tshopo), de Mai-Mai Kifuafua de Delphin Mbaenda (Nord et Sud-Kivu), de Mai-Mai Simba UPLD de Luc Yabili (Tshopo), de Mai-Mai Mazembe UPDI de Kitete Bushu (Lubero au Nord-Kivu), de Mai-Mai MAC de Mbura Matondi (Walikale) et Mai-Mai Raïa Mutomboki de Shebi Bazungu (Walikale et Maniema).
S’ils sont parvenus à cet accord, c’est parce qu’ils partagent le même objectif, a déclaré Désiré Ngabo Kisuba, porte parole de NDC-R: «Nous avons les mêmes objectifs et nous combattons les mêmes ennemis, à savoir les FDLR (combattants hutus rwandais) et les ADF (rebelles ougandais) qui menacent nos compatriotes».
Selon certaines informations, il n’y a pas que la coïncidence d’ennemis qui a concouru à la création du réseau de ces groupes armés. D’après un analyste, l’alliance semble avoir été dictée par les enjeux de l’heure: la difficulté de survie, les poursuites judiciaires engagées contre leurs leaders (à l’instar de Guidon, qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt national) et les opérations militaires à leur encontre. Mais le porte-parole de NDC-R rétorque qu’ils ne font face à aucune pression, mais ils veulent, d’après eux, se préparer à engager des discussions avec Kinshasa. Parmi les revendications que le Réseau des Patriotes Résistants Congolais (RPRC) compte soumettre au chef de l’État Félix Tshisekedi figure notamment l’intégration de ses éléments au sein de l’armée loyaliste, afin de « défendre la patrie ». Mais en attendant le dialogue, ces groupes armés poursuivent leurs activités sur terrain.[24]
Le 20 décembre, à l’issue d’une rencontre organisée a Murhesa, dans le territoire de Kabare (Sud Kivu), trente quatre (34) groupes armés locaux du Sud Kivu ont décrété un cessez-le-feu à dater du 23 décembre dans les milieux qu’ils contrôlent et s’engagent sur le chemin de la paix et du développement. Les signataires du communiqué final exigent « la libération immédiate de tous les prisonniers des groupes armés locaux, la libre circulation de tous les combattants des groupes armés, la démobilisation communautaire des vieux combattants et leur intégration sans condition dans les FARDC et la police« . Les commandants et présidents des groupes armés signataires se sont fixés un calendrier de démobilisation du 23 décembre 2019 au 15 mars 2020. Cet engagement n’est pas un fruit du hasard. Il intervient après qu’une frange majoritaire des groupes armés du Nord-Kivu ont créé une nouvelle plateforme en vue des négociations prochaines avec Kinshasa. Les groupes armés Yakutumba, Nakiliba, Mushombe, Gumino et Kashumba n’ont pas participé à la rencontre de Kabare.[25]
4. LES DÉPLACEMENTS DES POPULATIONS DANS LES TERRITOIRES D’UVIRA, FIZI ET MWENGA (SUD-KIVU) EN 2019
Le 13 décembre, le Coordinateur du Comité d’Action pour le Développement Intégral (CADI) et Président de la Société Civile d’Uvira (Sud Kivu), Majaliwa Kanazi Japhet, a publié une synthèse de la situation générale des mouvements des populations dans les territoires d’Uvira, de Fizi et de Mwenga (Sud-Kivu), à l’est de la RD Congo.
Dans la Plaine de Ruzizi, Moyens et Hauts Plateaux d’Uvira, de Fizi et d’Itombwe/Territoire de Mwenga (Sud Kivu), la population vit une multiplication d’attaques des groupes armés à caractère communautaire d’une part et d’autres part des groupes armés étrangers. Ces attaques entrainent la violation des Droits humains, mort d’homme et vol massif de bétail. Des maisons sont brulées, des biens du ménage sont pillés, le stock des semences agricoles est volé, les champs sont dévastés, des maisons sont détruites: la condition socio-économique est donc très endommagée.
Des massacres, des tueries, des enlèvements, des prises en otage, des violences sexuelles et des pillages se perpétuent par des groupes armés locaux et étrangers. Tout cela cause des déplacements massifs de la population. C’est dans les villages où se trouvent les positions de la Monusco et des FARDC que les déplacés se réfugient. Aujourd’hui, les déplacés sont hébergés dans des familles d’accueils ou dans des bâtiments publics.
Selon les estimations actuelles, ce sont 363.708 les personnes qui ont fui leur foyer en 2019:
Zones | Février | Mars | Avril | Mai | Juin | Juillet | Septembre | Octobre | Novembre | Total |
Minembwe | 24483 | 15000 | 55735 | 12690 | 21078 | 7400 | 136386 | |||
Fizi | 1905 | 10000 | 49000 | 37598 | 98503 | |||||
Itombwe | 11000 | 63561 | 563 | 16310 | 91434 | |||||
Nundu | 2915 | 10000 | 4450 | 17365 | ||||||
Lulenge | 500 | 15495 | 15995 | |||||||
Uvira | 2799 | 2799 | ||||||||
Hauts Plateaux | 1226 | 1226 | ||||||||
Total | 26388 | 28415 | 11000 | 144791 | 66703 | 74986 | 8626 | 2799 | 363708 |
La continuation de l’afflux de déplacés aggrave la situation des familles d’accueils.
Le 80% des déplacés et des familles d’accueils vivent au-dessous du niveau de pauvreté absolue, sans aucune assistance, sans accès à l’eau potable, aux services de base, tels que les soins de santé, l’éducation et l’approvisionnement alimentaire.
Ces populations ont fort besoin d’un soutien total pour sauver leurs vies. Hypothèses des solutions:
– Cessation des hostilités, grâce à l’intervention de la FARDC et la MONUSCO
– Intervention urgente d’aides humanitaires rapides aux sinistrées et déplacés internes
– Proposition de rencontres de dialogue entre, d’une part, les chefs des groupes armés et, de l’autre, les autorités politiques, militaires et administratives, locales et nationales.
– Démobilisation des miliciens et leur réintégration sociale o rapatriement.
– Interventions de protection et d’accompagnement des retournés internes.
[1] Cf Radio Okapi, 18.09.’19
[2] Cf Radio Okapi, 10.11.’19
[3] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 14.12.’19
[4] Cf Justin Mwamba – Actualité.cd, 27.11.’19
[5] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 05.12.’19; Justin Mwamba – Actualité.cd, 04.12.’19
[6] Cf Justin Mwamba – Actualité.cd, 06.12.’19
[7] Cf Radio Okapi, 07.12.’19
[8] Cf Justin Mwamba – Actualité.cd, 09.12.’19
[9] Cf Justin Mwamba et Yassin Kombi – Actualité.cd, 09.12.’19
[10] Cf Déogratias Cubaka – 7sur7.cd, 15.12.’19
[11] Cf Radio Okapi, 16.12.’19
[12] Cf Déogratias Cubaka – 7sur7.cd, 18.12.’19
[13] Cf Déogratias Cubaka – 7sur7.cd, 20.12.’19
[14] Cf Radio Okapi, 21.12.’19; Justin Mwamba – Actualité.cd, 21.12.’19
[15] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 23.12.’19
[16] Cf Marie-France Cros – Lalibre.be/Afrique, 19.12.’19
[17] Cf Omar Kavota – Cepadho, 28.12.’19
[18] Cf Omar Kavota – Cepadho, 29.12.’19
[19] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 29.12.’19
[20] Cf Radio Okapi, 30.12.’19
[21] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 28.12.’19: Roger Kakulirahi – 7sur7.cd, 28.12.’19
[22] Cf Claude Sengenya – Actualité.cd, 29.12.’19
[23] Cf Claude Sengenya – Actualité.cd, 30.12.’19
[24] Cf Yvonne Kapinga et Claude Sengenya – Actualité.cd, 04.12.’19
[25] Cf Justin Mwamba – Actualité.cd, 22.12.’19