NOVEMBRE TRAGIQUE À BENI (NORD KIVU):
171 PERSONNES MASSACRÉES PAR DES MILICIENS ADF
SOMMAIRE
1. LE DÉBUT DES OPÉRATIONS MILITAIRES CONTRE LES ADF
2. LES ATTAQUES DES ADF CONTRE LA POPULATION CIVILE
3. LES OPÉRATIONS MILITAIRES CONTRE LES ADF
a. Sur le terrain
b. Les décisions du Conseil National de Sécurité
c. La collaboration entre l’armée congolaise et la force de la Mission de l’ONU
4. MANIFESTATIONS À BENI, BUTEMBO E GOMA
a. 10 jours dans la rue
b. La MONUSCO contestée
c. La MONUSCO réagit
d. Les soutiens apportés à la MONUSCO
1. LE DÉBUT DES OPÉRATIONS MILITAIRES CONTRE LES ADF
Le 30 octobre, le porte-parole de l’armée congolaise, Léon Kasonga, a annoncé le lancement depuis la veille des «opérations offensives de grande envergure» contre tous les groupes armés actifs dans l’Est de la RDC, notamment les différents groupes Maï-Maï et, surtout, les Forces Démocratiques Alliées (ADF), un groupe armé islamiste d’origine ougandaise.
Le général-major Kasonga a affirmé que toutes les ressources sont disponibles pour permettre aux FARDC de mener ces opérations dans les bonnes conditions et il a souligné que cette offensive serait la dernière pour apporter la paix à la population.
Selon le général-major Léon Kasonga, les opérations se feront sur terrain avec l’appui de la Mission onusienne: «La MONUSCO est un partenaire essentiel privilégié. Non seulement qu’elle continuera de protéger les agglomérations et la population congolaise, mais, également à la demande des forces armées congolaises, la MONUSCO pourra apporter des appuis de différentes sortes».[1]
Le 5 novembre, le président de la société civile du territoire de Beni, Janvier Kasayiryo, a requis la mise en œuvre de mesures de protection des agglomérations, pour ne pas exposer les populations à des actes de représailles de la part des Forces Démocratiques Alliées (ADF): «Il va falloir que des mesures de protection des agglomérations soient bien maintenues, de sorte que, pendant qu’on est en opération, les agglomérations soient bien sécurisées, car l’ennemi peut venir frapper».[2]
2. LES ATTAQUES DES ADF CONTRE LA POPULATION CIVILE
Le 5 novembre, dix personnes, dont sept femmes et trois hommes, sont mortes dans une attaque des rebelles ougandais des Forces Démocratiques Alliées (ADF) perpétrée i dans la localité de Kokola, en territoire de Beni (Nord-Kivu). D’autres sources de la société civile font état de au moins 16 personnes tuées. Les miliciens ADF ont aussi emporté des chèvres et des poules pendant cette opération qui a eu lieu aux environs de 20 heures et a duré plus d’une heure.[3]
Le 11 novembre, pendant la nuit, cinq personnes ont été tuées dans une nouvelle attaque attribuée aux ADF à Kichanga, un village du territoire de Beni à plus ou moins 40 km de la ville de Beni. Selon la société civile locale, l’attaque a débuté à 21 heures et s’est déroulée près d’une position de la Monusco. Les casques bleus ne sont pas intervenus et l’armée est arrivée en retard.
De leur part, les FARDC poursuivent les opérations contre la rébellion ADF dans la région de Beni et, dans un communiqué, elles ont annoncé avoir tué 28 combattants depuis le 30 octobre dernier.[4]
Le 15 novembre, au moins 14 civils ont été tués pendant la nuit dans la localité de Mbau située dans le territoire de Beni (Nord-Kivu). Six personnes, dont un nourrisson, toutes d’une même famille, ont été tuées au quartier Mabasele, dans l’ouest de la cité d’Oicha et les autres huit ont été tuées à Mambalasa, dans la localité de Bololoma, près de Mbau.
Teddy Kataliko, un des responsables de la société civile de Beni, estime qu’il n’y a aucun doute et qu’il s’agit bien d’une attaque de représailles perpétrée par les Forces Démocratiques Alliées (ADF) en réponse à l’offensive menée par l’armée congolaise contre elles depuis le mois d’octobre.
«Comme d’habitude, le mode opératoire est presque le même: ils ont opéré à la hache et à la machette, en découpant plusieurs civils ou en cognant les têtes des enfants contre les murs. C’est une façon cruelle, une manière de faire peur à la population. Ils se déguisent avec des tenues de la police et des tenues FARDC [Forces armées de la République démocratique du Congo], mais aussi avec des tenues civiles. Ce qui prête à confusion, c’est qu’en les voyant, on peut penser que ce sont des militaires, des FARDC, qui sont en patrouilles», a-t-il déclaré.
Les attaques menées par les ADF ces derniers jours, soit du 5 au 15 novembre, font état d’au moins 40 morts, dont six militaires. [5]
Le 19 novembre, vingt et une personnes ont été tuées, quatre autres blessées et des enfants kidnappés dans deux attaques perpétrées par les ADF dans la nuit dans la ville de Beni et dans la commune rurale d’Oicha, chef-lieu du territoire de Beni. La société civile a déclaré avoir été informée de 7 morts au quartier Boikene, de la commune de Rwenzori, dans la ville de Beni et de 14 autres à Mavete et Musandaba, dans la commune rurale d’Oicha.
Selon des rescapés, les assaillants seraient arrivés au quartier Boikene de la ville de Béni aux environs de 18h, heure locale Ils étaient habillés à tenues militaires, chose qui leur aurait permis de se faire passer pour des patrouilleurs. Cette attaque est la première de l’ADF dans la ville de Beni depuis octobre 2018. Selon d’autres témoins, les attaques de Mavete et Musandaba ont ciblé majoritairement des habitants d’Oicha qui revenaient de leurs champs. Depuis le 6 novembre, au moins 64 personnes ont été tuées dans diverses attaques attribuées aux ADF.[6]
Le 24 novembre, pendant la nuit, les ADF ont de nouveau ciblé le quartier Masiani, à Beni-ville (Nord-Kivu), où environ 7 civils ont été tués par armes blanches (machettes) ou à feu. «Nous avons alerté les autorités la soirée du dimanche sur la présence de l’ennemi à Kipriani qui préparait la nourriture, aucune mesure n’a été prise pour faire l’offensive contre lui. À 19h, il est venu tuer ici près de chez mois. Nous sommes déçus», a déclaré un habitant de Masiani, attaqué par les ADF.[7]
Le 27 novembre, vers six heures du matin, 19 civils ont été abattus par des combattants de l’ADF à Maleki, agglomération située à une dizaine de kilomètres à ouest de la cité d’Oicha, chef-lieu du territoire de Beni. Les personnes tuées sont des cultivateurs qui se rendaient dans leurs champs pour se ravitailler en vivres.[8]
Le 28 novembre, des jeunes de la société civile ont récupéré les corps de 10 autres personnes tuées le jour précédent à Maleki, plus précisément à Musuku, un village situé à environ 4 kms du centre de Maleki. Le bilan du dernier massacre des civils au village de Maleki s’est donc alourdi et est passé de 19 à 29 civils tués. Craignant les attaques des FARDC, les ADF fuient l’Est pour l’Ouest et promettraient de continuer à s’attaquer aux civils pour se venger. Plus de cent personnes ont été tuées depuis le 30 octobre dans au moins quinze attaques.[9]
Le 29 novembre, les miliciens des ADF ont attaqué les villages de Kakutama, Avei et Kazaroho, à une dizaine des kilomètres au sud-ouest d’Oicha (chef-lieu du Territoire de Béni) et ont tué 13 personnes, essentiellement à l’arme blanche. Ce massacre perpétré à partir de 13h00 locale se serait poursuivi jusque tard l’après-midi, avant que les Forces Armées ne soient mises en alerte. Ce nouveau carnage porte à 127, le nombre de civils tués par des présumés ADF depuis le 30 octobre.[10]
Le 3 décembre, entre 4h00 et 5h00 du matin, les ADF ont fait leur irruption dans le village Pulu-Pulu, à 12 km de Ndama, dans le Groupement des Batalinga. Après leur raid à Pulu-Pulu, les miliciens ADF ont opéré dans le village voisin d’Orototo, où ils ont tué d’autres personnes, portant à 18 le bilan provisoire de civils massacrés par les ADF à Pulu-Pulu et Orototo. L’armée dont la position la plus rapprochée est située à Kombo proche de Ndama (à 12m des villages concernés) a été alertée après que l’irréparable soit commis. Ce dernier attaque porte à 147 les civils tués par les ADF en représailles aux offensives de grande envergure lancées contre elles par les FARDC depuis le 30 octobre 2019 jusqu’au 3 décembre.[11]
Le 5 décembre, quatorze civils ont été tués à Kolikoko et dix autres à Mantumbi, lors des incursions des ADF dans ces deux localités du secteur de Beni-Mbau.
La première incursion a été celle de Kolikoko, au quartier Mabasele, dans la commune rurale d’Oicha aux environs de 4heures du matin. Selon la société civile locale, trois hommes ont été tués à l’arme blanche sur l’axe Oicha -Maleki, juste devant les dispositifs de lavage des mains dans le cadre de la lutte contre Ebola. Les rebelles ont coupé la tête d’une victime et les mains des autres. Et une Bible a été trempée dans le sang d’une autre victime. C’est vers 6 heures du matin que les premiers éléments des FARDC ont pu intervenir sur le lieu. Un peu plus loin, vers l’ouest dans le village de Mantumbi, ces ADF ont fait leur deuxième raid vers 14 heures. Dix civils ont été tués, dont quatre à l’arme blanche. La société civile locale, qui donne cette information, craint que le bilan ne s’alourdisse, car il y a toujours des personnes portées disparues. Le nombre des victimes s’élève désormais à 171, depuis le 5 novembre dernier.[12]
3. LES OPÉRATIONS MILITAIRES CONTRE LES ADF
a. Sur le terrain
Le 15 novembre, un des responsables de la société civile de Beni, Teddy Kataliko, a déclaré que, suite aux attaques perpétrées par les ADF, «la population entière est en train de se déplacer de l’Est vers l’Ouest» et que toutes les grandes agglomérations telles que Oicha, Eringeti, Kokola et Mbau sont vidées de leur population.
La société civile d’Oicha a appelé l’armée à mener une offensive également dans l’ouest du territoire de Beni, dans la zone dite « triangle de la mort » qui comprend Mbau-Kamango-Eringeti, où se seraient retranchés les combattants qui s’attaquent aux civils depuis le début des opérations militaires lancées, le 30 octobre dernier, par l’armée dans l’est du territoire de Beni (Mwalika, Kididiwe, P46, Masulukwede et actuellement Mayangose). Il y a une semaine, l’armée avait avancé un bilan de 28 combattants ADF tués depuis les grandes opérations.[13]
Le 17 novembre, les forces armées de la RDC (FARDC) ont récupéré un des importants bastions des rebelles ougandais des ADF. Il s’agit de Mapobu 3. Le porte-parole des opérations Sokola1, le Major Mak Hazukay, a affirmé: «Nous pensons que c’est un bastion important, car on y a trouvé une mosquée, un centre d’entrainement, un dispensaire, une quantité importante de produits pharmaceutiques, plus de 20 bidons d’huile, des panneaux solaires et beaucoup d’autres choses», Selon lui, après plus d’une semaine de combats, 7 positions des ADF ont été récupérées et deux grands chefs et combattants des ADF ont été tués lors de ces affrontements.
Mak Hazukay a aussi parlé de l’appui de la Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO), tant en logistique qu’en renseignements, durant toutes ces opérations: «La MONUSCO nous aide en renseignements, via les drones et aussi dans l’EVASAN (évacuation sanitaire). Avec ses hélicoptères, la MONUSCO nous aide à évacuer nos blessés et nos morts».[14]
Le 25 novembre, Trésor Kibangula, journaliste et analyste pour le Groupe d’Étude sur le Congo, a déclaré: «L’armée a lancé le 30 octobre, ce qu’elle appelle la « Grande offensive contre les ADF ». L’armée affirme avoir avancé dans des positions des ADF dans la brousse. Elle est en train de traquer les rebelles à l’intérieur du territoire. Et derrière la police congolaise et les casques bleus devraient protéger les agglomérations. Mais on constate que derrière l’armée, il y a des nouveaux massacres commis tout près des grandes villes».[15]
Le 25 novembre, suite aux attaques sanglantes de ces derniers jours, le comité provincial de sécurité du Nord-Kivu a décrété un couvre-feu à partir de 18h jusqu’à 6h du matin. Les entités concernées sont Beni-Ville, Mbau, Mavivi, Oicha, Kokola, Erigengeti et Mayimoya.
D’après les statistiques fournies par Kivu Security, un projet commun du Groupe d’Etude du Congo (GEC) et Human Right Watch (HRW), au moins 75 civils ont été tués depuis le 5 novembre dans le territoire de Beni (Nord-Kivu).[16]
Le 29 novembre, après l’arrivée du chef d’état-major général de l’armée, le lieutenant général Célestin Mbala Munsense, le comité provincial de sécurité du Nord-Kivu a levé la mesure de couvre-feu dans la ville de Beni, Mbau, Mavivi, Oicha, Kokola, Erigengeti et Mayimoya.[17]
Le 2 décembre, lors d’un point de presse à Béni, le porte-parole de l’armée, le général Léon Richard Kasonga, a annoncé que plus de 80 combattants des ADF, dont 4 de six leaders du mouvement, ont été tués depuis le début, fin octobre dernier, des opérations dites de « grande envergure » dans la région de Beni (Nord-Kivu). Les quatre « généraux » tués sont: le général Nasser Abdou Hamed, le général Tankatanka, le Général Ibrahim Mouss et le général Muhamed Mukubwa.
Il a aussi annoncé la reconquête de Tchochota, présenté comme un important centre d’entraînement des ADF, où on a trouvé un dispensaire, des panneaux solaires et un lieu où s’effectuait la pendaison des congolais qui avaient été arrêtés. On a récupéré aussi Kididiwe 1 et 2, le quartier général où se planifiaient toutes les activités de l’ADF, et Mwalika, considéré comme le grainier des ADF qui pratiquaient les activités champêtres, en cultivant le manioc, le haricot, le maïs et le riz. Mwalika était aussi le lieu de regroupement de toutes les recrues et un centre de radicalisation de la jeunesse. Toujours selon le général Léon Richard Kasonga, dans ce dernier campements on a trouvé aussi de l’argent de pays étrangers, notamment la Tanzanie, le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda. On a récupéré aussi Lahe, un camp ADF érigé à Mayangose, au Nord-est de la ville de Beni. D’après le général Léon Richard Kasonga, c’est à partir de Lahe que les rebelles ADF planifiaient les infiltrations et attaques contre Beni et Butembo.[18]
Le 2 décembre, dans une conférence de presse organisée à Kinshasa, le porte-parole de l’armée, le général Léon Kasonga, a annoncé la mise en place d’un numéro vert (243820800005) pour alerter le centre de coordination des opérations des FARDC contre tout mouvement suspect des groupes armés dans la région de Beni.[19]
b. Les décisions du Conseil National de Sécurité
Le 25 novembre, dans un communiqué de presse, le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) a appelé le gouvernement à donner aux FARDC les moyens et tout le soutien dont elles ont besoin pour réussir leur mission de neutralisation des ADF. Il a aussi demandé au chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo d’écarter sans atermoiement les officiers à la tête de l’armée, des services de renseignement ou d’autres unités, qui ont été impliqués dans des violations des droits de l’homme et dans la collusion avec les groupes armés.[20]
Le 25 novembre, le président de la République, Félix Tshisekedi, a présidé un conseil de sécurité d’urgence, à la cité de l’Oua. Il a été décidé l’installation d’un quartier général avancé des forces armées de la RDC (FARDC) à Beni (Nord Kivu) et de la mise en œuvre d’opérations conjointes entre l’armée nationale et la Monusco pour assurer la paix et la sécurité à la population civile de Béni. La représentante du secrétaire général des nations unies en RDC Madame Leila Zerougui, le Vice-Premier Ministre, ministre de l’intérieur et sécurité, Gilbert Kankonde, le ministre de la défense nationale Aimé Ngoy Mukena, l’administrateur de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), le chef d’Etat-Major des FARDC et les chefs de corps de l’armée et de la police ont pris part à cette réunion.
Au cours des actuelles opérations que les FARDC mènent contre les ADF, la MONUSCO donne un appui pour notamment évacuer les blessés et partager des renseignements éventuels.[21]
La Monusco insiste sur une approche plus globale pour lutter contre ces violences: «Il y a un ensemble d’acteurs à Beni: les ADF, mais aussi d’autres groupes armés, qui vivent de l’économie de la guerre et qui ont intérêt à ce que l’instabilité et l’insécurité continuent de régner».[22]
Le 26 novembre, dans une déclaration signée par le député Denis Kashoba, les groupes parlementaires MS-G7 et AMK et alliés membres d’Ensemble pour le changement de Moïse Katumbi, déplorent le fait que les opérations lancées depuis le 30 octobre contre les ADF n’aient pas été accompagnées par des actions préventives pouvant sécuriser les populations en cas de représailles. Outre cela, ils déplorent la non identification claire de l’ennemi et l’absence d’une enquête sérieuse sur les allégations de complicité de certains membres des forces de défense et de sécurité, c’est-à-dire de l’armée et de la police nationale congolaise.
Dans cette même déclaration, ces élus exigent au gouvernement de mettre fin à l’impunité en ouvrant des enquêtes urgentes et sérieuses sur les officiers soupçonnés de complicité avec l’ennemi.
Ils demandent au chef de l’État Félix Tshisekedi, en sa qualité de commandant suprême des forces armées, de permuter tous les officiers ayant travaillé dans la région de Béni depuis longtemps, risquant de devenir complices avec les chefs des groupes armés encore actifs sur place.[23]
Le 27 novembre, le Professeur José-Adolphe Voto, Coordonnateur Adjoint du Chemin de la Paix, mouvement initié par le Dr Denis Mukwege, a déclaré que les mesures prises à l’issue du Conseil de Sécurité du 25 Novembre élargi à la Monusco, ne sont pas efficientes au regard de l’ampleur et la complexité du drame qui se déroule dans la région de Beni depuis près de cinq ans et qui s’est exacerbé ces derniers jours. Pour le Chemin de la Paix, il ne suffit pas d’établir un QG avancé des Fardc à Beni et continuer les opérations conjointes avec la Monusco pour résoudre le problème. Les Fardc ont toujours travaillé avec la Monusco et cela n’a rien produit. Le problème dans la région de Beni est double et il est connu de la population et des leaders de la province: c’est la complicité de certains commandants avec l’ennemi et l’inefficacité de la Monusco. C’est à ces niveaux qu’il faut apporter des solutions. Premièrement, permuter les commandants des troupes qui ont tissé des liens d’affaires avec l’ennemi et qui l’alimentent en informations et même en logistique. Deuxièmement, demander au Conseil de Sécurité des Nations Unies d’activer le chapitre 7 des résolutions relatives à la mission de la Monusco pour permettre à celle-ci d’imposer la paix à Beni dans une situation de crime contre l’humanité,[24]
Le 27 novembre, dans une déclaration, la société civile a recommandé au gouvernement de «procéder à la restructuration de l’armée et à la mutation des anciens officiers militaires CNDP et M23 qui ne veulent pas quitter leur milieu d’origine, comme si, en RDC, existait une armée régionale, provinciale ou territoriale».[25]
Le 29 novembre, le vice-président de la société civile de Goma, Vicar Batundi Hangi, a affirmé que «il faut changer le commandement militaire à partir même de Kinshasa. On doit renforcer la logistique, il y a suffisamment des troupes plus de 20.000 dans la zone opérationnelle de Beni. En second lieu, c’est de demander au conseil de sécurité des nations unies de prendre une résolution pour activer la brigade d’intervention rapide de la Monusco, comme c’était le cas en 2013, lors de la guerre contre le Mouvement du 23 Mars (M23)».[26]
c. La collaboration entre l’armée congolaise et la force de la Mission de l’ONU
Le 26 novembre, l’Etat-major général des Forces armées de la RDC (FARDC) et le bureau des opérations de la MONUSCO ont annoncé la reprise effective des opérations conjointes entre l’armée congolaise et les forces de la Monusco et le renforcement des dispositifs de leur partenariat. Au cours d’une annonce aux médias à Goma, le chef d’Etat-major des FARDC, le général Célestin Mbala, a déclaré que cette reprise est la mise en œuvre des décisions du conseil de sécurité nationale élargie à la MONUSCO prises lundi à Kinshasa entre les deux parties.
Le général Célestin Mbala a déclaré que, «au niveau de Beni, la MONUSCO est à coté des FARDC, elle évacue les blessés, elle ravitaille les blessés. Je crois que ce sont, probablement, des choses que la population n’a pas pu percevoir».[27]
Le 27 novembre, le représentant spécial adjoint intérimaire du Secrétaire général de l’ONU en charge de la protection et des opérations, François Grignon, est arrivé à Beni au Nord-Kivu, accompagné du commandant de la Force de la MONUSCO [Force commander] par intérim, le général Thierry Lion. Ensemble, ils ont rencontré le commandant du secteur opérationnel Sokola 1 Grand Nord, le général Jacques Nduru Ychaligonza. D’après François Grignon, au cours de cette rencontre au quartier général des FARDC, il a été décidé des modalités de travail pour des opérations conjointes FARDC-MONUSCO contre les rebelles ougandais des ADF, actifs dans la région de Beni.
Il a déclaré que «il y a la volonté ferme de la MONUSCO et des FARDC à travailler ensemble pour, d’une part, appuyer les opérations offensives que les FARDC continuent de mener contre les rebelles ougandais des ADF et renforcer le dispositif de protection des civils sur les zones arrières, pour essayer d’avoir le maximum d’efficacité et prévenir le maximum d’attaques sur les populations civiles … Nous devons redoubler les efforts pour définir les objectifs et les moyens, accélérer la planification et l’exécution. C’est un travail qui va s’opérer dans les jours qui viennent
… Si les FARDC le demandent et qu’on est dans une situation où on peut s’assurer que ce sont des cibles qui ne vont pas causer des dommages chez les populations civiles, il n’y a aucun doute, nous sommes mandatés et nous avons les moyens et l’autorisation pour appuyer les FARDC. Notre souci principal dans l’appui et l’utilisation des moyens offensifs, c’est de ne pas infliger de pertes supplémentaires aux populations civiles. Comme l’on sait, il y a des civils et des familles kidnappés par les ADF. On ne veut pas qu’en opérant des bombardements ou des attaques avec des hélicoptères de combat, prendre des risques de tuer des civils supplémentaires. C’est ça notre objectif principal. Mais à partir du moment où nous avons défini les objectifs clairs, nous devons et nous pourrons appuyer les FARDC avec la puissance de feu de la mission».[28]
Le 28 novembre, à Beni, le chef d’Etat-major général des FARDC, le général Célestin Mbala et le commandant de la Force de la MONUSCO, le général Thierry Lion, ont échangé sur le renforcement de la collaboration entre les FARDC et les Casques bleus pour mieux protéger la population contre les attaques des ADF.[29]
4. MANIFESTATIONS À BENI, BUTEMBO E GOMA
a. 10 jours dans la rue
À partit du mercredi 21 novembre, à Béni, Butembo e Goma, les jeunes sont descendus dans la rue pour protester contre la résurgence des tueries des civils dans le territoire de Béni par des présumés combattants ADF, dénoncer la passivité, l’inaction et la complicité de la Mission des Nations Unies en RD Congo (Monusco) face à ces massacres et exiger son départ, en l’accusant de n’avoir rien fait pour empêcher la résurgence des violences qui endeuillent Beni depuis plus de 5 ans.
Beaucoup d’activités sont restées paralysées: marchés, boutiques, magasins, banques, maisons de télécommunication, stations d’essences et même des écoles ont généralement fermé leurs portes. Les jeunes manifestants ont souvent barricadé les grandes routes en plaçant des pierres et en brûlant des pneus. Parmi les dégâts matériels: l’incendie de la mairie de Beni, d’une partie de la base de la MONUSCO à Boikene et d’un poste de contrôle sanitaire de la riposte contre Ebola à Mambabeka, dans la cité d’Oïcha. Les jeunes du groupe de pression de la « véranda Mutshanga », du groupe de pression « Parlement debout de Furu », de l’association culturelle Kyaghanda de la communauté Yira du mouvement citoyen de la « Lutte pour le Changement » ont été particulièrement actifs dans ces manifestations. Souvent, les manifestants ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène et des tirs de sommation par les forces de l’ordre et de sécurité intervenues pour dégager les routes barricadées.
Le 21 novembre, lors d’une manifestation à Butembo, le président des étudiants ressortissants d’Oicha et environs, Prince Musavuli, a déclaré: «Nous dénonçons l’insécurité permanente dans notre territoire de Beni, notamment des carnages devant l’impuissance des forces armées de la République et de la communauté internationale, représentée par les casques bleus de la Monusco. La persistance de ces massacres laisse à croire qu’il y aurait une complicité voilée de certains militaires malintentionnés qui appuient l’ennemi pour tuer, kidnapper et piller les biens des civils, jours et nuits, pendant plus de 6 ans».
Dans un mémorandum remis au maire de la ville, Sylvain Kanyamanda, les étudiants ressortissants d’Oicha, ont recommandé: «Nous demandons au président de la République: de bien payer les militaires engagés au front dans la zone sinistrée, de changer le chef d’état-major de l’armée et de relever tous les anciens officiers dans le territoire de Beni, de constituer une commission d’enquête indépendante et neutre, de déclarer la zone de Beni sinistrée et l’exonérer de tout paiement de taxes, d’impôts, afin de soulager tant soit peu la population de cette partie du pays, aux élus de Beni ville et territoire (nous leur demandons) de sécher les activités au parlement jusqu’à ce que la question de Beni soit une préoccupation de la nation et trouver une solution durable et permanente, à la Monusco de s’impliquer sérieusement dans la question de Beni, de fournir les explications claires sur les rumeurs faisant état de son implication dans le massacre des civils, d’inciter la Cour pénale internationale de se pencher sur la question des massacres à travers une enquête judiciaire et qui débouchera sur l’arrestation des auteurs de ces crimes».[30]
Le 2 décembre, à Kinshasa, le Mouvement des Indignés de la Situation Sécuritaire dans l’Est (Miss) a organisé un sit-in devant le palais présidentiel pour appeler au départ des troupes onusiennes, accusées de passivité dans la sécurisation des populations civiles du Nord Kivu.
Les « indignés » ont demandé au Président de la République, Félix Tshisekedi, de prendre des mesures urgentes pour sauver la situation: «purgez l’armée, radiez les infiltrés étrangers au sein des FARDC, affectez les militaires non originaires au front, changez la chaine de commandement, suspendez les officiers sous sanction, poursuivez les officiers affairistes».[31]
Le 2 décembre, l’Auditorat près la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire contre les responsables des groupes de pression « La Veranda Mutsanga Beni » et « Je suis Beni », notamment pour incendie de la mairie de Beni et des installations de la MONUSCO. Selon l’avocat général militaire près de cette juridiction, le colonel Kumbu, ces personnes seront poursuivies pour utilisation de groupes Maï-Maï dans les manifestations, l’incendie de la mairie de Beni, de la base de la MONUSCO au quartier Boikene, du bureau de la police au quartier Ma Campagne et du meurtre d’un policier au cours de différentes manifestations organisées depuis le 25 novembre dernier. Selon le colonel Kumbu Ngoma, toutes les personnes, quelque soient leurs grades et titres, qui ont financé ces attaques ou qui seront citées dans ces affaires, seront interpellées par la justice.[32]
Au moins quinze civils, huit militaires lynchés par les manifestants et deux policiers ont été tués lors des manifestations anti-MONUSCO organisées par la société civile et autres mouvements citoyens à Béni, Butembo et Goma (Nord-Kivu).[33]
b. La MONUSCO contestée
Le 25 novembre, le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) a, dans un communiqué relatif à la situation dans la région de Beni (Nord-Kivu), appelé la Mission de l’Organisation des Nations-Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) à « accomplir réellement sa mission », celle de protection des civils. Au cas contraire, ce mouvement citoyen invite les casques bleus de la Monusco à plier leurs bagages: «La LUCHA redit à la MONUSCO ce qui suit: faites votre travail de protection effective des civils, ou pliez les bagages et rentrez dans vos pays! Nous en avons assez de mourir sous votre regard faussement compatissant, à côté de vos bases qui ne protègent personne d’autre sinon vous-mêmes».
De sa part, Ghislain Muhiwa, un militant de la Lucha, a ajouté: «la Monusco doit s’associer le plus vite possible à l’armée. Elle aussi doit être sur le front avec l’armée. Et si cela n’est pas fait, elle doit partir».[34]
Le 27 novembre, dans un point de presse tenu à Goma, le président du Parlement des Jeunes du Nord-Kivu, Johnson Ishara, a annoncé le lancement, à partir de lundi 02 décembre prochain, d’une campagne « province sans engins roulants de la MONUSCO »: «Tout en espérant que cette mesure sera mise en application avant que le pire n’arrive, les jeunes réunis ont demandé à ce que la MONUSCO et particulièrement ses casques bleus, se retirent de tout le territoire en opérations militaires et qu’ils laissent la traque des ennemis exclusivement aux Forces Armées de la RDC. Et à partir de ce lundi, 1 décembre, aucune circulation des engins roulants de la MONUSCO sera permise sur toute l’étendue de la province».[35]
c. La MONUSCO réagit
Les responsables de la Monusco dénoncent une campagne de «désinformation», qui place les casques bleus dans une position de «bouc émissaire». La Monusco rappelle qu’elle n’a pas été associée, ni par l’armée, ni par le gouvernement, à la planification de l’opération lancée par l’armée congolaise fin octobre dans la région. En effet, la Monusco a une capacité d’action limitée, dont les contours sont définis par l’armée congolaise: l’opération contre les ADF a été lancée unilatéralement par l’armée, qui lui a demandé de l’aide pour des échanges d’information et l’évacuation de blessés, mais rien de plus. Ensuite, les attaques armées perpétrées par les ADF se déroulent la nuit, dans des villages séparés par la jungle, ce qui retarde toute alarme ou intervention. Reste que l’un des mandats principaux de la Monusco est bien de protéger les civils, désormais à bout face à la recrudescence des attaques des ADF.[36]
Le 24 novembre, le représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU chargé de la protection et des opérations, François Grignon, a réagi à la suite des manifestations des jeunes de Beni, qui accusent la MONUSCO d’inaction depuis le début de cette offensive le 30 octobre dernier, bien que, au cours de cette dernière opération, la MONUSCO soit venue en appui des FARDC, en évacuant les militaires blessés et en partageant des renseignements.
François Grignon a précisé que la MONUSCO ne peut pas participer directement à l’offensive lancée par les FARDC contre les ADF au Nord-Kivu, si l’armée congolaise ne l’y invite pas. Intervenant sur à Radio Okapi, François Grignon a déclaré: «On ne peut pas participer aux opérations des FARDC si les FARDC ne nous invitent pas à y participer. Les opérations qui étaient lancées le 30 octobre sont des opérations que les FARDC ont voulu comme étant nationales, c’est-à-dire sans soutien, sans planification, sans exécution conjointe avec la MONUSCO».
Selon lui, c’est le droit de l’armée nationale, mais la mission onusienne ne peut pas engager des opérations offensives dans une pareille situation opérationnelle. Toutefois, il a précisé que «la Monusco est prête à utiliser ses moyens d’attaque, soit aériens que terrestres, à partir du moment où l’on identifie des cibles militaires claires», en insistant sur la nécessité d’éviter de faire des victimes parmi les civils.[37]
Le 25 novembre, le porte-parole par intérim de la MONUSCO, Mathias Gillmann, a affirmé que «la Représentante spéciale du Secrétaire général en République démocratique du Congo, Leila Zerrougui, a bien compris la colère et la frustration de la population après de nouvelles attaques meurtrières perpétrées par les ADF. Elle a néanmoins souligné que s’attaquer aux installations de la Mission et à celles des autorités locales ne fait qu’affaiblir la lutte menée par les Forces armées de la République démocratique du Congo contre les ADF». Il a rappelé que les rumeurs selon lesquels la Monusco appuie les ADF ou tire sur la population civile constituent de la propagande qui profite à l’ennemi qui peut, dès lors, penser d’être appuyé par la population.[38]
Le 30 novembre, à Beni, la cheffe de la Monusco, Leila Zerrougui, s’est exprimée sur les différentes manifestations organisées les derniers jours dans plusieurs villes du pays pour exiger le départ de cette mission. Pour elle, la mission est déployée en RDC par le Conseil de sécurité de l’ONU avec l’accord du gouvernement congolais et ne peut se retirer que sur demande de ce dernier: « Si c’est la population qui demande le retrait de la MONUSCO, cette requête ne sera prise en considération que si elle intervient au nom du gouvernement congolais, parce qu’il a le pouvoir de décider du mandat. On ne s’impose pas en RDC, on est déployé par le Conseil de sécurité, avec l’accord du gouvernement congolais. Si cette décision n’est pas voulue, ceux qui ont le pouvoir de décider, prendront la décision».[39]
Le 2 décembre, lors d’une conférence de presse animée à Kinshasa, le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, a affirmé qu’il ne faut pas se tromper d’ennemi: «Il ne faut pas se tromper d’ennemi. Ceux qui sont l’ennemi, ce sont les groupes qui attaquent et tuent les populations». Il a dénoncé les « messages de manipulation et de désinformation » qui, selon lui, sont véhiculés à travers les réseaux sociaux et il a rejeté les accusations selon lesquelles la Monusco serait de connivence avec les groupes armés: «Quand on affirme dans les réseaux sociaux que la MONUSCO travaille avec les ADF, nous ne pouvons pas le tolérer et je le dis sans méconnaitre du tout la frustration, la tristesse et l’angoisse que peuvent ressentir les populations».
Jean-Pierre Lacroix a souligné que «on ne peut pas se cacher qu’il y a des problèmes sécuritaires sérieux dans la région de Béni, mais aussi des problèmes d’une économie de guerre qui se sont installés avec des intérêts qui contribuent à maintenir cette insécurité».
Dans ce contexte, il a révélé que «les actes commis ces deniers jours: les attaques contre nos collègues de l’OMS et contre le site de la MONUSCO à Boikene, n’étaient pas spontanées, mais planifiées, organisées et financées … Il faut que les responsables de ces actes à tous les niveaux soient démasqués et qu’ils puissent répondre de leurs actes».
Il a admis qu’il y a des améliorations sensibles à apporter dans la manière dont on travaille, par exemple, dans le domaine opérationnel: «Nous avons dit qu’une chose était de récupérer un certain nombre de positions occupées par les ADF. Une autre était de les tenir et faire en sorte qu’une présence durable des autorités et des forces légitimes de ce pays y soient déployées».
Jean-Pierre Lacroix a cité le ministre de la Défense qui a rappelé le succès du partenariat entre les forces de sécurité congolaises et la Monusco: «Il a indiqué que, sur les 145 territoires de la RDC, 135 allaient mieux et ne connaissaient plus une situation de guerre. C’est un partenariat qui a été efficace et qui l’est encore aujourd’hui dans beaucoup d’endroits. Donc il n’y a pas de raisons pour lesquelles ce partenariat ne réussirait pas aussi dans l’Est, dans les Kivus». Jean-Pierre Lacroix a souligné aussi la réaffirmation des autorités congolaises, politiques et militaires, de l’importance du partenariat avec la MONUSCO. Au nom du Secrétaire général de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix a enfin exprimé la totale solidarité et compassion vis-à-vis de la population qui souffre et en particulier, vis-à-vis des victimes de ces dernières semaines.[40]
d. Les soutiens apportés à la MONUSCO
Le 26 novembre, le vice-premier ministre, ministre congolais de l’intérieur et sécurité, Gilbert Kankonde, est arrivé à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Il a réitéré le soutien du gouvernement congolais aux Forces de la Mission de l’Organisation des Nations-Unies pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO): «La MONUSCO est ici et souvent elle intervient en terme de logistique. Mais le maintien de l’ordre et la sécurité de nos populations sont des taches qui relèvent principalement des responsabilités régaliennes de l’Etat. Cependant, la MONUSCO intervient sur plusieurs domaines, en tant que partenaire international. Il ne faut pas que la population suive les messages de manipulation qui voudraient faire croire que la MONUSCO ferait partie du problème, alors qu’elle nous apporte des soutiens internationaux qui nous ont été nécessaires et qui nous sont encore nécessaires».[41]
Le 28 novembre, le ministre provincial de l’intérieur et sécurité du Sud Kivu, Lwabandji Luasingabo, a affirmé que les mouvements de colère qui ciblent la MONUSCO ne choisissent pas la bonne solution. Il a indiqué que le gouvernement provincial du Sud-Kivu appelle la population du Nord Kivu à l’apaisement et à ne pas céder à la manipulation et à la violence.
Lwabandji Luasingabo estime que la responsabilité première de sécuriser la population revient au gouvernement congolais: «La MONUSCO est un instrument d’appui. L’essentiel du travail doit être fait par nous, le gouvernement Congolais et l’armée Congolaise. La MONUSCO ne nous vient qu’en appui. S’en prendre à la MONUSCO tel que ça a été fait, je crois que ce n’est pas la meilleure réponse».[42]
Le 29 novembre, la porte-parole de l’Union Européenne (UE), Maja KOCIJANCIC, s’est exprimée sur la situation sécuritaire en RDC, depuis Bruxelles. Dans sa déclaration, elle condamne les attaques des groupes armés dans les provinces du Nord-Kivu et appelle la population à exprimer ses revendications de manière pacifique. L’UE exige des poursuites judiciaires contre les auteurs des violences contre la MONUSCO: «Alors que la Monusco joue un rôle essentiel dans la stabilisation de la région, les actes de violence à son encontre sont injustifiés. Les auteurs de toutes ces violences doivent être traduits en justice. Les populations vivant dans les zones affectées doivent pouvoir exprimer leurs revendications, leur besoin légitime de sécurité et justice de manière pacifique». Le communiqué de l’UE ajoute: «Comme annoncée par les autorités congolaises, une coopération plus étroite entre les FARDC et la MONUSCO est nécessaire pour renforcer les mesures de protections des civils. Ce n’est que dans ces conditions qu’un retour à une stabilité durable dans la région sera possible». La population en colère avait saccagé le lundi 25 novembre passé la base de la MONUSCO située à Boikene, à Beni (Nord-Kivu). Après avoir tenté de mettre le feu, plusieurs biens ont été détruits et d’autres pillés.[43]
Le 2 décembre, dans une conférence de presse organisée à Kinshasa, le porte-parole de l’armée, le général Léon Kasonga, a affirmé que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), la Police et la Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO) ne sont pas ennemis de la population de Beni. Les vrais ennemis de la population de Béni ce sont les rebelles ougandais des ADF. Il a aussi mis en garde tous les médias qui diffusent les messages de haine et qui font l’apologie de la violence.[44]
[1] Cf Radio Okapi, 31.10.’19
[2] Cf Radio Okapi, 05.11.’19
[3] Cf Radio Okapi, 06.11.’19
[4] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 12.11.’19
[5] Cf RFI, 16.11.’19
[6] Cf Radio Okapi, 20.11.’19 ; Roger Kambale – 7sur7.cd, 20.11.’19
[7] Cf Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 25.11.’19
[8] Cf Actualité.cd, 27.11.’19; 7sur7.cd, 27.11.’19 ; RFI, 27.11.’19
[9] Cf Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 28.11.’19
[10] Cf Jean Pierre K – Cas.info.ca, 30.12.’19
[11] Cf Radio Okapi, 04.12.’19; Bantou Kapanza Son – 7sur.cd, 04.12.’19
[12] Cf Radio Okapi, 06.12.’19
[13] Cf RFI, 16.11.’19; Yassin Kombi – Actualité.cd, 16.11.’19
[14] Cf Radio Okapi, 20.11.’19
[15] Cf RFI, 25.11.’19
[16] Cf Fonseca Mansianga – Actualité.cd, 25.11.’19
[17] Cf Christine Tshibuyi – Actualité.cd, 29.11.’19
[18] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 02 et 03.12.’19; Bantou Kapanza Son – 7sur7.cd, 02.12.’19
[19] Cf Radio Okapi, 03.12.’19
[20] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 25.11.’19
[21] Cf Fonseca Mansianga – Actualité.cd, 25.11.’19
[22] Cf RFI, 27.11.’19
[23] Cf Dostin Eugene Luange et Merveil Molo – 7sur7.cd, 26.11.’19
[24] Cf Actualité.cd, 27.11.’19
[25] Cf Justin Mwamba – Actualité.cd, 28.11.’19
[26] Cf Radio Okapi, 29.11.’19
[27] Cf Radio Okapi, 27.11.’19
[28] Cf Radio Okapi, 28.11.’19
[29] Cf Radio Okapi, 29.11.’19
[30] Cf Claude Sengenya – Actualité.cd, 21.11.’19
[31] Cf Cas-info.ca, 02.12.’19
[32] Cf Radio Okapi, 03.12.’19
[33] Cf Jonathan Kombi – Actualité.cd, 04.12.’19
[34] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 25.11.’19
[35] Cf Glody Murhabazi – 7sur7.cd, 27.11.’19
[36] Cf RFI, 25 et 26.11.’19
[37] Cf Radio Okapi, 25.11.’19
[38] Cf Actualité.cd, 25.11.’19
[39] Cf Yassin Kombi – Actualité.cd, 30.11.’19
[40] Cf Radio Okapi, 02.’12.’19; Jephté Kitsita – 7sur7,cd, 02.12.’19; Actualité.cd, 02.12.’19
[41] Cf Yvonne Kapinga – Actualité.cd, 26.11.’19
[42] Cf Radio Okapi, 29.11.’19
[43] Cf Thérèse Ntumba – Actualité.cd, 30.11.’19
[44] Cf Radio Okapi, 03.12.’19