SOMMAIRE
1. CONGO L’OUBLIÉ: LES CHIFFRES DERRIÈRE LA PLUS LONGUE CRISE HUMANITAIRE EN AFRIQUE
a. Tendances générales du conflit dans le Kivu
b. Violence et ressources naturelles
c. Divers facteurs ont contribué à la persistance des conflits
d. La nécessité de réformes systémiques
2. LES REBELLES ET LA VILLE – DIMENSIONS URBAINES DE LA MOBILISATION ARMÉE DANS L’EST DU CONGO
a. Points saillants
b. Introduction
c. Mobilisation et soutien politiques
d. Recrutement
e. Démobilisation
f. Répertoires de la violence
g. Activités économiques
h. Considérations politiques
3. LA RENCONTRE DES CHEFS DES ÉTATS MAJORS DES ARMÉES DE RD CONGO, RWANDA, OUGANDA ET BURUNDI
a. La proposition d’un État-major intégré pour coordonner des opérations militaires conjointes contre les groupes armés toujours actifs dans l’est de la RD Congo
b. Pas de troupes étrangères dans les opérations militaires contre les groupes armés
1. CONGO L’OUBLIÉ: LES CHIFFRES DERRIÈRE LA PLUS LONGUE CRISE HUMANITAIRE EN AFRIQUE
Groupe d’Étude sur le Congo – Centre de coopération internationale – Université de New York,
août 2019
Les conflits continuent d’affecter la vie de millions de personnes dans l’est de la République Démocratique du Congo. En 2018, l’on a compté 1,8 million de personnes nouvellement déplacées du fait de la violence. En 2019, environ 12,8 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire et de protection dans le pays, soit 10 % du nombre total des cas dans le monde.
Il existe actuellement plus de 130 groupes armés dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, qui s’affrontent pour d’innombrables raisons. Cela constitue une hausse par rapport à 2015 (70 groupes armés) et à 2017 (120 groupes armés).
a. Tendances générales du conflit dans le Kivu
Entre le 1e juin 2017 et le 26 juin 2019, le Kivu Security Tracker (KST) a documenté 3.015 incidents d’affrontements et d’abus, lesquels ont touché 6.655 victimes dans les catégories suivantes:
– Mort violente: 1.041 incidents avec 1.897 victimes
– Viol collectif: 24 incidents avec 100 victimes
– Enlèvement / kidnapping contre rançon: 848 incidents avec 3.316 victimes
– Destruction de biens: 148 incidents
– Répression politique: 106 incidents
– Affrontement: 1.290 incidents.
Le nombre moyen d’incidents vérifiés par mois est d’environ 120.
Ces données indiquent que, en 2018, dans les Kivus, 8,38 civils ont été tués pour 100.000 habitants.
Pour mettre cela en perspective, au cours de la même période, l’État du Borno au Nigeria, l’État le plus touché par Boko Haram et Al-Qaïda en Afrique de l’Ouest, avait enregistré un taux de décès de 6,87 pour 100.000 habitants. Le taux comparable pour l’ensemble du Yémen était de 4,13 en 2018. En général, la violence armée est concentrée dans les hautes terres densément peuplées de l’extrême est des provinces du Kivu, près des frontières ougandaise, rwandaise et burundaise.
Si tous les groupes armés congolais sont basés dans les zones rurales, les villes sont devenues de plus en plus dangereuses ces dernières années: des gangs criminels, souvent liés aux groupes armés, y ont intensifié leurs attaques. Neuf pour cent des meurtres, par exemple, ont eu lieu dans les seules villes de Goma, Butembo et Bukavu.
La violence dans le Kivu ne se produit pas nécessairement dans les zones reculées. Quarante-cinq pour cent des meurtres ont eu lieu à moins d’un kilomètre d’une grande route. Autrement dit, l’armée congolaise n’a pas sécurisé les routes les plus importantes, ce qui constitue un sérieux obstacle pour le commerce et les voyages.
L’épicentre de la violence dans les Kivus est le territoire de Beni: 31% de tous les meurtres de civils ont eu lieu ici, principalement à cause des attaques perpétrés par les Forces Démocratiques Alliées (ADF). Entre 2017 et juin 2019, ce groupe armé ougandais a tué au moins 272 civils. Le nombre de victimes des attaques des ADF est probablement beaucoup plus élevé. Malgré leur notoriété, les ADF ne sont pas le seul groupe armée présent dans cette région. Les Maï-Maï Mazembe, un groupe de milices qui recrutent au sein de la communauté nande, étaient le groupe armé ayant eu le plus d’affrontements avec l’armée durant cette période.
Le territoire de Rutshuru, où 35% d’enlèvements ont eu lieu, est un autre point chaud de la violence.
Bon nombre de ces incidents se sont produits le long de la route très fréquentée Goma-Rutshuru, ainsi que dans les banlieues de la ville de Rutshuru. Cette zone abrite plusieurs groupes armés congolais et rwandais, ainsi que des gangs de criminels, qui utilisent le parc national des Virunga comme base arrière.
Plus au nord, dans la partie où se rencontrent les territoires de Rutshuru, Walikale, Masisi et Lubero, la violence a augmenté depuis que l’armée congolaise a lancé des opérations contre les rebelles rwandais des FDLR au début de 2015. Les forces armées congolaises se sont alliées à des milices locales (NDC-R et Maï-Maï Mazembe), recrutant dans les communautés nande, nyanga et kobo, tandis que les FDLR se sont appuyées sur le soutien de groupes nyatura, principalement constitués de Hutu.
Enfin, les hauts plateaux des territoires de Fizi et d’Uvira, à la pointe sud du Sud-Kivu, ont constitué un autre point critique: 11% de meurtres et 17% d’affrontements y ont eu lieu. Depuis début 2018, les rivalités ethniques entre les communautés banyamulenge et bafuliro, dans les hauts plateaux, ont été exacerbées par les dynamiques régionales. Les rebelles burundais RED-Tabara, FNL et Forebu, dont certains sont soutenus par le gouvernement rwandais, se battent contre les rebelles rwandais (le Congrès National Rwandais / CNR) et les groupes Maï-Maï congolais, dont certains ont à leur tour reçu un soutien des gouvernements congolais et burundais.
b. Violence et ressources naturelles
En apparence, les ressources naturelles sembleraient constituer une partie importante du problème dans l’est de la RD Congo. Les organisations de plaidoyer se sont souvent concentrées sur l’exploitation de l’étain, du tantale, du tungstène et de l’or en tant que sources de revenus pour les groupes armés, en taxant principalement les mines et les routes commerciales.
Les données du KST montrent cependant qu’il n’y a pas de corrélation systématique entre la violence et les zones minières. Seulement 20% d’incidents violents se produisent dans un rayon de 20 kilomètres d’une mine et seulement 3% dans un rayon de 2 kilomètres.
Il existe en effet des pôles de violence autour de certaines zones minières, par exemple autour des sites d’exploitation aurifère au nord de Shabunda ou des mines d’or Misisi au sud de Fizi. D’autres foyers de violence se trouvent toutefois dans des zones dépourvues de mines: par exemple, les environs de la ville de Beni, l’ensemble du territoire de Rutshuru ainsi que la plaine de Ruzizi.
Cela ne signifie pas que l’exploitation minière n’a pas d’impact sur la violence. Dans certains cas, la violence a été directement associée aux combats pour le contrôle des zones minières. Il existe également de nombreuses preuves selon lesquelles les groupes armés concentrent une grande partie de leur attention sur la taxation des sites miniers et des routes commerciales.
Cependant, les groupes armés tirent des revenus de nombreuses autres sources, notamment la production de charbon de bois, le braconnage, les enlèvements et la taxation de tous types de marchandises et de mouvements. Si certains groupes sont étroitement liés aux zones minières, beaucoup d’autres occupent des terrains dépourvus de sites miniers.
c. Divers facteurs ont contribué à la persistance des conflits
– La prolifération dramatique des groupes armés ces dernières années a rendu plus difficile de parvenir à une entente, à mesure que le nombre d’acteurs et de perturbateurs potentiels augmente. Une question compliquée davantage par la nature des différends, qui portent souvent sur des problèmes tels que la répartition des terres et le contrôle du commerce lucratif.
– Plus de deux décennies de conflit ont créé une bourgeoisie militaire: des personnes appartenant à des élites économiques, politiques et militaires ont utilisé le conflit pour faire avancer leur carrière et ont un intérêt direct dans la persistance de la violence.
– Les facteurs locaux de violence, tels que les luttes pour la terre et le pouvoir coutumier, sont importants, mais doivent être contextualisés; au fil du temps, la plupart des groupes armés se sont de plus en plus intégrés dans les réseaux d’élite.
– Le gouvernement congolais est probablement l’acteur le plus important du conflit. Il a montré peu d’intérêt pour mettre fin aux guerres périphériques qui ne menacent pas sa survie. Il a surtout favorisé le maintien de réseaux de clientélisme plutôt que la sécurité des citoyens.
– Plusieurs groupes armés se sont rendus ou ont exprimé l’intention de le faire depuis l’investiture de Tshisekedi, mais il n’existe actuellement aucun programme fonctionnel de démobilisation pour ces 2.000 à 3.000 combattants. Entre-temps, il n’y a eu aucune nouvelle poursuite judiciaire contre des commandants des FARDC pour leurs abus ou leur soutien à des groupes armés, en dépit des requêtes des organisations de défense des droits humains. Les poursuites récentes et en cours à l’encontre de quelques chefs de groupes armés ont été confrontées à de nombreuses difficultés, notamment en ce qui concerne la protection des témoins et des victimes, la qualité des enquêtes et les droits de l’accusé.
d. La nécessité de réformes systémiques
Étant donné que l’État congolais est l’un des plus grands auteurs d’abus contre les civils et soutient lui-même certains groupes armés, il faudrait une réforme en profondeur à tous les niveaux, comme promis par le président Félix Tshisekedi, lors de sa première visite dans le Kivu en avril 2019: redéployer les troupes qui se trouveraient dans cette partie du pays depuis longtemps, demander des comptes à quiconque soutiendrait des groupes armés et redynamiser les opérations militaires contre les groupes armés.
Il est clair que des réformes systémiques demanderont du temps et une volonté politique considérable de la part du gouvernement. Pour réduire les atrocités, le président Tshisekedi devra adopter une approche large, comprenant une réforme des forces de sécurité congolaises assortie d’un processus de sélection visant à écarter les responsables de violations graves. Il devra aussi promouvoir un programme de démobilisation fortifié, assorti d’une stratégie à long terme pour la réintégration des anciens combattants.
Les dirigeants du pays devront trouver des réponses aux appels lancés par les communautés locales en faveur de la réconciliation et de la justice. Le gouvernement pourrait créer des chambres mixtes spécialisées ou une unité spécialisée dans les crimes de guerre au sein de la justice congolaise, spécialement chargée de poursuivre les auteurs de crimes internationaux.[1]
2. LES REBELLES ET LA VILLE – DIMENSIONS URBAINES DE LA MOBILISATION ARMÉE DANS L’EST DU CONGO
Judith Verweijen, Christoph Vogel et Josaphat Musamba – Rift Valley Institute – Usalama spr Briefing Paper, septembre 2019
a. Points saillants
- Bien que la majorité de leurs opérations se déroulent en zone rurale, les groupes armés de l’est du Congo ont des liens de longue date avec les centres urbains.
- Ces liens se sont intensifiés du fait du progrès technologique, notamment les communications mobiles, et la mobilité améliorée, en particulier grâce aux taxis-moto.
- Ces liens s’appuient sur des avantages réciproques: les partisans urbains améliorent leur influence politique et leurs activités commerciales, tandis que les groupes ruraux bénéficient de voies de communication et de réseaux d’approvisionnement.
- Bien que ces liens entre le rural et l’urbain soient essentiels pour la survie des groupes armés, les initiatives visant à lutter contre la mobilisation des groupes armés les ignorent largement. Ainsi l’efficacité de ces initiatives s’en trouve restreinte.
- Davantage de mesures devraient être prises pour documenter les liens complexes entre le rural et l’urbain au sein des réseaux militarisés, y compris les flux monétaires, en instaurant un «Groupe d’experts mixte» sur la mobilisation armée composé de membres aussi bien congolais qu’internationaux.
b. Introduction
Les groupes armés dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) sont généralement perçus comme étant un phénomène rural, majoritairement à l’œuvre dans des contextes forestiers et montagneux reculés. En effet, bien que des attaques ciblent occasionnellement des zones urbaines et que quelques opérations aient lieu en périphérie des villes, la majorité des activités des groupes armés se déroule en zone rurale. Cela ne signifie pas pour autant que les groupes armés de l’est du Congo sont un phénomène exclusivement rural. En réalité, un grand nombre d’entre eux entretiennent des liens étroits de longue date avec les milieux urbains.
Avant et pendant les Guerres du Congo (1996–2003), une partie de la mobilisation armée dans la région a résulté des différents griefs énoncés par certaines populations rurales, notamment leur marginalisation socioéconomique et des litiges autour de la question foncière et de l’autorité locale. Les conflits revêtaient généralement une forte dimension identitaire et étaient également liés à la contestation politique manifeste au niveau provincial, national et régional. Aujourd’hui, ces griefs ruraux continuent d’influer sur la mobilisation armée, même si les convictions, griefs et intérêts des partisans urbains des groupes armés jouent un rôle croissant.
Par conséquent, les groupes armés devraient être envisagés comme faisant partie de vastes réseaux militarisés englobant les zones rurales et urbaines et susceptibles d’avoir d’importantes ramifications à l’étranger. C’est par ces réseaux que circulent les idées, l’argent, les personnes, les armes et les pratiques armées. Ces réseaux sont essentiels pour la mobilisation, le soutien et l’approvisionnement des combattants. Ils comblent le fossé existant entre le milieu rural et le milieu urbain, profitant de l’amélioration des moyens de transport et de communication, notamment par l’avancée de l’internet mobile et la multiplication des taxis-moto pour le transport de passagers et marchandises.
c. Mobilisation et soutien politiques
C’est par le biais des partisans politiques et des «parrains politiques» que les réseaux de groupes armés se propagent jusque dans les villes. En effet, il est fréquent que des politiciens provinciaux et nationaux et des entrepreneurs soutiennent des groupes armés à la fois sur le plan matériel et de la rhétorique. Pour ce qui est du matériel, ils leur font parfois des dons financiers secrets ou se chargent de l’approvisionnement militaire. Quant à l’aspect rhétorique, il leur arrive d’affirmer publiquement que les groupes armés défendent des communautés particulières ou, d’une manière plus générale, la souveraineté du pays, contribuant ainsi à les légitimer.
Les politiciens et fonctionnaires influents peuvent aussi servir de couverture ou «parapluie politique» aux réseaux de groupes armés, en veillant à ce que leurs activités ne soient pas perturbées et que leurs membres ne soient pas appréhendés. Un exemple révélateur de dirigeant d’un groupe armé doté d’un parapluie puissant est celui de Sheka Ntabo Ntaberi, le chef de Nduma Defense of Congo (NDC): bien que visé par un mandat d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité depuis janvier 2011, il a réussi à se présenter aux élections législatives cette même année. Il est resté en liberté pendant encore six années, avant de se rendre – plutôt que de se faire arrêter – en juillet 2017.
Les raisons qui poussent certains politiciens, entrepreneurs et fonctionnaires à soutenir des groupes armés sont diverses. Il arrive que ces groupes exercent des pressions sur ces acteurs pour qu’ils les soutiennent et leur demandent de l’argent pour ne pas faire de mal à leur propre personne, à leur famille ou à leurs biens. mais beaucoup accordent ce soutien de leur plein gré, l’une des raisons en étant qu’ils épousent la cause et l’idéologie de ces groupes. une autre raison est que cela leur permet d’utiliser les groupes armés pour servir leurs propres intérêts. Il peut par exemple arriver que des groupes armés aident des entrepreneurs à sécuriser leurs opérations commerciales en zone rurale. En outre, quand eux ou leurs protégés des zones rurales, tels que les autorités locales, sont en conflit, le soutien que leur apportent les groupes armés peut contribuer à renforcer leur position.
Le fait d’appuyer des groupes armés peut aussi permettre aux acteurs politiques de gagner un soutien populaire et des voix, surtout lorsque ces groupes sont perçus comme étant utiles ou nécessaires, par exemple s’ils défendent certaines communautés face à des rebelles étrangers. Il peut aussi arriver qu’ils se servent des groupes armés pour s’ingérer activement dans le processus électoral. Ainsi, lors des élections de 2018, un groupe dissident de l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS) sous les ordres de Mapenzi, dont les troupes avaient occupé des bureaux de vote dans la région de Masisi, a obligé des citoyens à voter pour des candidats spécifiques. Certains de ces candidats avaient joué un rôle clé en aidant Mapenzi à se séparer du mouvement principal de l’APCLS et à entamer une collaboration avec le NDC–Rénové dirigé par Guidon (groupe dissident du NDC dirigé par Sheka) quelques mois auparavant.
D’une manière plus générale, les processus politico-administratifs provoquent souvent l’apparition d’intérêts convergents entre groupes armés et élites urbaines. Citons notamment le fait que, récemment, Minembwe, au Sud-Kivu, a été élevée au statut de «commune rurale» (un statut administratif supérieur de celui qu’elle avait auparavant). La création de la commune a contribué à alimenter des contestations déjà anciennes relatives à l’autorité locale et au territoire, opposant les Banyamulenge à d’autres groupes, qui font valoir que la commune se trouve sur et ampute leurs terres ancestrales. La transformation administrative de Minembwe a provoqué une mobilisation armée accrue dans la région, encouragée par des acteurs politiques urbains qui soit s’opposaient à cette évolution, soit la défendaient.
L’influence que les politiciens exercent sur les groupes armés leur permet généralement d’améliorer leur statut dans le contexte politique national. Cela montre au gouvernement qu’il a besoin d’eux pour pouvoir exercer un certain contrôle sur leurs circonscriptions. En outre, pour démontrer le pouvoir qu’ils ont sur les groupes armés, des acteurs politiques puissants encouragent parfois des groupes armés à se démobiliser, pour ensuite tirer parti de leur statut de «pacificateurs».
Les différents représentants politiques influent sur les exigences et requêtes des groupes armés, comme démontré par des articles de presse et autres communiqués de plus en plus souvent diffusés par le biais des réseaux sociaux. Cette communication politique permet de se tenir au courant des activités sur le champ de bataille ou des commentaires politiques sur les événements en cours, tels que pendant les périodes électorales.
Les groupes armés publient souvent des listes des conditions qu’ils exigent pour déposer leurs armes. Ces listes, ou «cahiers des charges», réclament généralement des postes politiques ou militaires de haut niveau, des projets de développement, mais contiennent aussi des revendications politiques éclectiques et souvent de nature identitaire. Ces exigences démontrent combien les groupes armés restent profondément ancrés dans le contexte rural, malgré des influences urbaines manifestes.
Parmi les revendications souvent formulées par les groupes opérant dans des zones isolées, figurent l’amélioration du réseau routier, la construction d’écoles et d’hôpitaux et la promotion du développement des zones minières. Les acteurs politiques urbains continuent ainsi à vouloir améliorer les zones rurales dont ils sont originaires.
Une autre catégorie de partisans urbains des groupes armés est celle des intellectuels qui font partie de leurs branches politiques, voire les dirigent.
En outre, les activités de rassemblement et de lobby en zone urbaine pour le compte de groupes armés sont parfois menés par des étudiants et des «mutualités» ou associations d’entraide ethnique qui fournissent à leurs membres certaines formes d’assurance et de solidarité, mais qui ont également commencé à œuvrer en tant que groupes d’intérêt.
d. Recrutement
Outre le soutien politique qu’ils confèrent, les environnements urbains sont propices aux réseaux de recrutement ciblant les jeunesses urbaines et les anciens combattants. Pour attirer de nouvelles recrues, la plupart des groupes armés utilisent des discours reposant sur l’ethnicité ou l’indigénéité. Il peut notamment s’agir de faire référence à la protection de leur communauté (même si les subalternes émanent souvent de différents groupes ethniques), ou d’attiser un ressentiment à l’égard d’une autre communauté (souvent qualifiée d’«étrangère»). Par conséquent, le recrutement cible souvent des jeunes provenant de groupes spécifiques qui tendent à être concentrés dans certains quartiers de villes plus ou moins grandes. Cependant, des témoignages d’anciens combattants démontrent que la rhétorique du recrutement s’inspire aussi d’autres thèmes, notamment du changement politique, de la bonne gouvernance et des perspectives de mobilité sociale, illustrant ainsi des espoirs et des aspirations de nature universelle.
Les jeunes citadins qui rejoignent les groupes armés sont issus de différentes catégories. L’une d’elles est celle des jeunes instruits, dont un grand nombre ont d’abord grandi en zone rurale. Lorsqu’ils retrouvent leur région d’origine en tant que combattants, ils ont des fortes chances d’obtenir un poste à responsabilité, comme l’illustre l’exemple du groupe Nyatura–John Love, dont l’équipe de commandement comptait récemment plusieurs diplômés des universités à Goma.
Ceux qui cherchent à fuir des problèmes d’ordre personnel représentent une autre catégorie de jeunes citadins souhaitant rejoindre les groupes armés. Il se peut par exemple qu’ils aient contracté des dettes considérables, qu’ils soient recherchés par la police ou qu’ils aient une réputation de contrevenants récidivistes, auquel cas ils pourraient faire l’objet d’une justice populaire.
On ignore quel pourcentage de recrues est issu du milieu urbain, ce chiffre étant du reste probablement différent d’un groupe armé à un autre. Cependant, il semble majoritairement s’agir de jeunes provenant de zones rurales et de zones à urbanisation naissante, notamment de sites miniers et de villes secondaires en pleine expansion. La présence de ces jeunes renforce les liens ruralo-urbains au sein des réseaux militarisés.
e. Démobilisation
Les relations ruralo-urbaines des groupes armés encouragent la mobilisation mais aussi la démobilisation. Il peut ainsi se produire que des parents, des membres de mutualités et des acteurs politiques vivant en zone urbaine encouragent les combattants à déposer leurs armes. De tels efforts peuvent donc favoriser un mouvement dans l’autre sens, des zones rurales vers les zones urbaines.
Les combattants qui font défection ou se démobilisent, y compris les enfants-soldats, finissent souvent par arriver dans des villes ou autres agglomérations urbaines, notamment à proximité des zones minières.
L’une des raisons en est l’inadéquation des programmes de démobilisation, qui abandonnent les anciens combattants dans des villes comme Goma et Bukavu sans le moindre sou pour rejoindre leur zone d’origine. L’autre raison qui explique pourquoi les anciens combattants gagnent les villes est la peur de faire l’objet des représailles de leurs anciens commandants, qui leur en veulent d’avoir fait défection. D’autres ont peur d’être stigmatisés ou de ne plus être acceptés dans leur zone d’origine, par exemple si le groupe armé dont ils faisaient partie a commis des atrocités et que les familles des victimes conservent un sentiment de vengeance. D’autres anciens combattants préfèrent tout simplement partir pour une grande ville, car ils estiment qu’ils auront de meilleures chances de gagner leur vie.
Ce choix découle aussi parfois de la mauvaise implémentation de la phase «Réintégration» des programmes DDR (Désarmement, Démobilisation et Réintégration), dont les fonds sont souvent détournés. Certains anciens combattants démobilisés au titre du troisième programme DDR national (PnDDR3) ont expliqué qu’ils avaient choisi de devenir coiffeurs, mais qu’on ne leur avait remis que des tondeuses cassées et d’autres outils hors d’usage. D’autres ont reçu des filets de pêche à larges mailles employés pour pêcher du tilapia, mais inadaptés à la pêche aux sambaza, des poissons bien plus petits que l’on trouve dans leurs milieux.
Du fait de ces difficultés, un grand nombre d’individus passés par le programme DDR, ainsi que ceux qui se sont auto-démobilisés – ce qui signifie qu’ils n’ont pris part à aucun programme DDR – préfèrent s’installer dans des milieux urbains, surtout s’ils y ont un réseau familial.
Toutefois, ils ne se retrouvent pas toujours totalement coupés des réseaux de groupes armés. En effet, les représentants et les partisans urbains des groupes armés savent généralement que d’autres membres de leur communauté et de leur région d’origine sont présents dans leur ville. En outre, les citadins bénéficiant d’un soutien et d’une solidarité parmi leur famille élargie ou en tant que membres d’une mutualité, il est peu probable qu’ils restent anonymes très longtemps.
f. Répertoires de la violence
Si beaucoup de démobilisés trouvent de nouveaux moyens de gagner leur vie dans l’économie urbaine non violente, certains, dont les anciens enfants-soldats, recourent à la criminalité. Les activités violentes des groupes armés ne se limitent pas aux affrontements avec l’armée ou d’autres forces armées. En effet, ces groupes se livrent à un large éventail d’activités rémunératrices telles que les embuscades, les attaques d’habitations et de commerces, les vols qualifiés et les enlèvements contre rançon. Par conséquent, lorsque d’anciens combattants viennent s’installer en ville et rejoignent la main-d’œuvre violente urbaine, certaines pratiques armées sont véhiculées. Il en va de même pour ceux qui s’adonnent à la criminalité urbaine et rejoignent des groupes armés dans des zones rurales. La diffusion de telles pratiques pourrait expliquer en partie les ressemblances de plus en plus nombreuses entre les schémas urbains et ruraux de la violence.
g. Activités économiques
Les réseaux de groupes armés revêtent aussi certaines dimensions économiques. Par exemple, les groupes armés contrôlent la production de certaines marchandises, dont la chaîne d’approvisionnement s’étend jusqu’en zone urbaine. Le makala (charbon de bois) produit dans le parc national des Virunga et le cannabis en sont des exemples notoires. Dans certains cas, les groupes armés en contrôlent non seulement la production, mais aussi d’autres étapes de la chaîne de commercialisation et recourent à la violence pour conserver ce contrôle. Ce comportement les relie étroitement au contexte urbain.
Une autre manière par laquelle les activités économiques militarisées établissent un lien entre les zones rurales et urbaines est le fait que l’argent gagné par les commandants des groupes armés et les entrepreneurs alliés est souvent investi en ville – principalement dans l’immobilier. Comme l’ont démontré des rapports du Groupe d’experts de l’Onu, de nombreux entrepreneurs se sont enrichis en faisant des affaires avec les groupes armés. Une enquête récente montre que deux de ces entrepreneurs, qui ont acheté de l’or aux FDLR au Sud-Kivu, ont bâti de nombreuses maisons à Bukavu. Celles-ci sont louées au personnel de l’Onu et d’organisations non gouvernementales internationales, qui versent généralement un loyer mensuel de plusieurs milliers de dollars. De même, des commandants de l’armée congolaise, qui se font souvent de l’argent en collaborant avec les groupes armés (par exemple dans le cadre du commerce de makala), ont construit ou acheté plusieurs maisons à Goma qui sont souvent louées à des travailleurs humanitaires et au personnel de l’Onu.
L’argent gagné par le biais d’activités violentes en zone rurale intègre également l’économie urbaine car il sert à acheter des fournitures pour les groupes armés. Ceux-ci ont besoin d’armes, de munitions, d’uniformes, de bottes et de moyens de communication pour conserver leur capacité opérationnelle. Des armes et des munitions sont souvent vendues depuis les dépôts d’armes basés dans les villes, tel qu’à Bukavu. Certains groupes, comme les Forces Républicaines du Burundi (FOREBU), achètent aussi de la nourriture en ville, en l’occurrence à Uvira, en plus des zones rurales.
Les commerçants urbains jouent un rôle clé dans la gestion des chaînes d’approvisionnement opaques qui permettent d’acheminer des marchandises depuis la ville jusqu’à la forêt. Si certains n’ont aucune attache politique particulière, d’autres sont des élites urbaines qui soutiennent la lutte armée dans leur région d’origine.
h. Considérations politiques
Il importe ainsi d’analyser la question des groupes armés en tant que phénomène interconnecté qui s’étend sur différentes échelles géographiques, secteurs économiques et contextes sociaux. Un grand nombre d’acteurs impliqués dans ces réseaux ne sont pas des combattants de brousse en treillis, mais des politiciens et entrepreneurs qui portent la cravate et vivent en ville, ou des «rebelles en cravate».
Les diplomates et les transformateurs de conflits («peace-builders») négligent l’aspect «réseau» de la mobilisation armée. Ils condamnent la brutalité des rebelles dans les forêts tout en collaborant avec ces rebelles en cravate, que ce soit en louant leurs biens immobiliers, en les faisant participer à des initiatives de stabilisation ou en traitant avec eux pour obtenir le droit d’opérer. L’une des principales raisons pour lesquelles ils continuent d’interagir avec eux est que les preuves concrètes du rôle de ces individus dans les réseaux de groupes armés font souvent défaut. Par exemple, il existe peu d’informations consolidées sur les investissements immobiliers basés sur des revenus provenant de l’activité des groupes armés, alors que, quand on se promène dans les rues de Goma ou de Bukavu, les habitants sont souvent en mesure de vous montrer précisément les maisons en question. Ce manque de preuves souligne la nécessité de mieux enquêter sur les réseaux de groupes armés et de mieux les documenter. Il serait donc utile d’instaurer un Groupe d’experts mixte, congolais et internationaux, doté d’un budget garanti pour pouvoir combler le manque de connaissances sur les réseaux de groupes armés au sens large.
L’autre thématique qu’il convient d’aborder est celle des «rebelles en cravate». Faut-il leur imposer des sanctions internationales? Les poursuivre en justice? Les montrer du doigt? Ou les faire participer à un dialogue constructif ? Plusieurs de ces options présentent des inconvénients, et le fait de marginaliser certains individus risque de les inciter à renforcer leurs liens avec les réseaux de groupes armés pour en dégager des revenus et de l’influence. En outre, les solutions adaptées diffèrent d’un cas de figure à un autre.
Quelle que soit la démarche retenue, il est primordial de se pencher sur les composants civils et urbains des réseaux de groupes armés. La violence dans l’est du Congo persiste depuis plus de deux décennies, sans sembler s’atténuer. Il est donc temps d’employer une stratégie plus globale en matière d’analyse, afin d’œuvrer vers une réduction de la mobilisation armée.[2]
3. LA RENCONTRE DES CHEFS DES ÉTATS MAJORS DES ARMÉES DE RD CONGO, RWANDA, OUGANDA ET BURUNDI
a. La proposition d’un État-major intégré pour coordonner des opérations militaires conjointes contre les groupes armés toujours actifs dans l’est de la RD Congo
Le 2 octobre, le chef d’Etat-major général des FARDC, Célestin Mbala Munsense, a invité ses homologues Rwandais, Burundais et Ougandais à une réunion à Goma pour établir une coalition régionale, afin d’éradiquer définitivement les groupes armés qui sévissent à l’Est du pays.
Dans ce document, le chef d’Etat-major parle d’une éventuelle mise en place d’un Etat-major intégré chargé de superviser les opérations de neutralisation des groupes armés. Pour mener à bien ces opérations, il serait même prévu de faire recours aux forces spéciales rwandaises et ougandaises. Le communiqué souligne que ces opérations devraient débuter le 15 novembre 2019 par l’installation des armées étrangères. Elles devraient prendre fin mi-mai de l’année prochaine par la stabilisation de la région et le désengagement des contingents partenaires.
La durée des opérations est de six mois et devraient déboucher sur la neutralisation des poches actives ou dormantes des groupes armés étrangers et congolais.
La présence des ces troupes étrangères sur le sol congolais vient rappeler des opérations similaires et dont les résultats sont restés mitigés. C’est notamment le cas de l’opération « Umoja Wetu » entre l’armée congolaise et les Forces de Défense Rwandaises de janvier 2009, avec l’objectif de traquer les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR). Si le bilan final fourni par le général Numbi, alors commandant des opérations, faisait état de 153 FDLR tués, 13 blessés, 37 capturés et 5000 rwandais rapatriés, certains observateurs avaient toutefois estimé que l’opération n’avait pas atteint ses objectifs et que les FDLR n’avaient pas été durablement affaiblies.
Le document cité a circulé sur les réseaux sociaux et a eu un effet d’une bombe dans le chef des citoyens congolais, chacun y allant de son commentaire.
Pour le député Juvénal Munubo, cadre de l’UNC et élu à Walikale, dans le Nord-Kivu, il s’agit d’une bêtise: «Une bêtise qu’il faudra absolument éviter est celle d’autoriser l’entrée des troupes rwandaises, ougandaise et burundaise en RDC. L’apport de nos voisins doit se limiter à l’échange des renseignements pour combattre les rebelles FDLR, ADF et FNL et pas le contraire».
Pour le président de l’ASADHO aussi, Jean Claude Katende, «ceux qui ont décidé du retour des armées du Rwanda, Burundi… en RDC ont pris une mauvaise décision qui perpétue la domination du pays».[3]
Nombre d’associations congolaises ont rejeté l’idée de la mise en place d’un Etat-major intégré et, surtout, l’intervention des troupes rwandaises et ougandaises, celles là même qui ont occupé militairement la RDC et ont littéralement pillé ses richesses de 1998 à 2003, jusqu’actuellement.
C’est pourquoi ces associations de la Société civile congolaises ont proposé au Gouvernement de doter les FARDC des moyens nécessaires pour exécuter seules les opérations contre les groupes armés de l’Est de la RDC.[4]
b. Pas de troupes étrangères dans les opérations militaires contre les groupes armés
Le 25 octobre, les chefs d’États-majors des armées de la RDC, du Burundi, de l’Ouganda, du Rwanda et de la Tanzanie se sont rencontrés à Goma (Nord Kivu / RD Congo), pour se mettre ensemble afin de restaurer la paix dans la partie Est de la RDC. À cette réunion ont participé aussi les commandants des forces de la MONUSCO et celui de l’armée américaine en Afrique (AFRICOM).
Selon le porte-parole des FARDC, le général Léon Kasonga, «le rapport final engage les participants à poser un certain nombre d’actes, notamment la mutualisation des efforts et de la logistique, pour ramener la paix dans l’est du pays. Nous mutualisons des ressources et des moyens. Cela ne signifie pas faire appel à des forces étrangères qui viendront opérer sur le territoire congolais. Loin de cela. Nous mutualisons pour traquer ces gens sur les frontières».
«La mutualisation des ressources c’est le partage des renseignements, d’informations, c’est la décision d’agir simultanément, chaque armée sur son territoire, en train d’éradiquer, mener des opérations pour combattre les groupes armés étrangers qui écument la partie Est du pays. Nous n’avons pas besoin que ces armées traversent et viennent combattre chez nous», a précisé le général Léon Kasonga, porte-parole des FARDC, selon qui aucune armée étrangère n’entrera sur le sol congolais dans le cadre de la force intégrée. Pour le général Léon Kasonga, la population n’a pas à s’inquiéter. Les opérations seront menées seulement par l’armée congolaise.
«Mais par contre, ces armées vont être dans les zones contenues sur leurs territoires, à la zone frontalière, chacune sur son territoire, combattant la menace commune qui va d’un pays vers un autre. Il n’a jamais été question d’amener une expertise extérieure sur le territoire congolais pour éradiquer la menace», a ajouté le général Kasonga.[5]
Selon plusieurs sources militaires et diplomatiques, la partie ougandaise a refusé de signer la déclaration finale. Ce refus suggère un contre-ordre venu de Kampala, qui entretient des relations très tendues avec le Rwanda depuis des mois.
Selon une source militaire congolaise présente à la réunion et plusieurs sources proches de l’armée ougandaise, Kampala souhaiterait maintenant participer à la traque des Forces démocratiques alliés (ADF, rébellion islamiste d’origine ougandaise, présente au Congo) dans le cadre d’un accord bilatéral et refuserait désormais tout accord régional. L’Ouganda aurait notamment voulu éviter un deal qui aurait permis à l’armée rwandaise d’être légalement présente en RD Congo, étendant ainsi sa zone d’influence. Selon une source proche du dossier, l’Ouganda était également extrêmement irrité par l’arrivée discrète de troupes rwandaises dans l’Est du Congo ces derniers mois. Cette présence a été signalée au Baromètre sécuritaire du Kivu (KST) par plusieurs sources de la société civile, de l’armée et des autorités locales congolaises et n’a pas été contestée par aucune source militaire rwandaise ou congolaise. Toutefois, selon des sources militaires congolaises et rwandaises, les armées de la région ont convenu de se réunir à nouveau dans un délai d’un mois, à une date qui reste à déterminer.[6]
Le 26 octobre, lors de son meeting à Goma, Moïse Katumbi a affirmé que la lutte efficace contre l’insécurité demande l’amélioration des salaires des soldats qui se battent au front. Selon lui, «la sécurité dépend des salaires des militaires. Ils ne peuvent aller au front pour un salaire de 60 USD».
D’après le rapport du Ministère du Budget de septembre, un militaire haut gradé continue à toucher un salaire moyen se situant entre 90 USD à 128 USD. Toutefois, le comité de la paie a annoncé un réajustement pour le mois d’octobre 2019.
La ligne de crédit budgétaire du Ministère de la Défense pour l’exercice 2019 renseigne une disponibilité de l’ordre de 27 millions USD à payer d’octobre à décembre 2019. Avec ces opérations militaires entreprises au début du mois de novembre contre les groupes armés actifs dans l’Est du Pays, le Gouvernement est contraint de rechercher des ressources additionnelles. La loi de finances 2019 prévoit le budget de la défense à hauteur de 330 millions USD, dont 328 millions USD affectés aux opérations militaires. En neuf mois, soit fin septembre 2019, cette ligne budgétaire a connu un paiement de l’ordre de 303 millions USD, dont 302 millions USD ont été affecté à la défense militaire, soit 91,81%. Cependant, 80% de ce budget est utilisé pour les besoins de la rémunération et du fonctionnement des services militaires.[7]
[1] Cf texte complet: https://reliefweb.int/report/democratic-republic-congo/congo-l-oubli-les-chiffres-derri-re-la-plus-longue-crise
[2] Cf texte complet: http://riftvalley.net/publication/les-rebelles-et-la-ville#.XdLSvunsZdg
[3] Cf Thomas Uzima – Laprunellerdc.info, 22.10.’19
[4] Cf Kandolo M. – Forum des As – Kinshasa, 18.10.’19
[5] Cf Radio Okapi, 26 et 27.10.’19
[6] Cf blog.kivusecurity.org/fr, 08.11.’19
[7] Cf Yvonne Kapinga – Actualité.cd, 26.10.’19