SOMMAIRE
ÉDITORIAL: UNE PARTIE DE L’OPPOSITION DÉSIGNE SON CANDIDAT COMMUN A LA PRÉSIDENTIELLE
1. LE PROCESSUS ÉLECTORAL
a. Les activités de la Commission électorale
b. Les revendications de l’Opposition
c. L’équipe de campagne électorale du Front Commun pour le Congo (FCC)
2. L’OPPOSITION: L’ACCORD DE GENÈVE
a. La nouvelle coalition électorale « Lamuka » et la désignation de Martin Fayulu comme candidat commun à la présidentielle
b. Les perdants et les gagnants
c. Les réactions à Kinshasa
d. Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe retirent leur signature
ÉDITORIAL: UNE PARTIE DE L’OPPOSITION DÉSIGNE SON CANDIDAT COMMUN A LA PRÉSIDENTIELLE
1. LE PROCESSUS ÉLECTORAL
a. Les activités de la Commission électorale
Le 29 octobre, au cours d’une cérémonie organisée en deux temps, d’abord au siège de la CENI dans la commune de la Gombe, ensuite à l’aéroport de Ndjili, le Gouvernement a affirmé qu’il a mis à la disposition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) un important lot de matériel logistique pour les élections du 23 décembre 2018. Ces matériels sont constitués de 150 camions de type Kamaz réceptionnés à Kinshasa, 135 camions Sino truck à recevoir dans les villes de la partie Est du pays, 171 Pick-Up, 1.500 motos, 1 avion Ilyusin-76, 1 DC-8, 3 Boeings-727, 1 Boeing-737 cargo, 1 Boeing-737 passagers, 2 Antonov 26, 2 Antonov 72 adaptés à des pistes d’accès difficile, 5 hélicoptères d’une capacité d’une tonne et demie et 2 hélicoptères de supervision. Ce matériel logistique, qui appartient à l’armée, est destiné au déploiement des kits électoraux et sera restitué à l’armée à la fin des élections.[1]
L’Association africaine des droits de l’homme (ASADHO) a recommandé que les véhicules de l’armée mis à la disposition de la CENI par le gouvernement pour transporter le matériel électoral soient conduits par des civils. Selon Me Jean-Claude Katende, président de l’ASADHO, la présence des militaires dans ce processus électoral peut perturber le déroulement normal des élections: «nous n’avons pas oublié comment certains militaires s’étaient conduits lors des élections de 2011. Certains d’entre eux étaient à la base de la confiscation des urnes, étaient à la base même de la fraude dans certaines villes». Néanmoins, le président de l’Association africaine des droits de l’homme a noté qu’avec ce matériel roulant, une étape importante dans l’organisation des élections de décembre a été franchie.[2]
Le 29 octobre, le président de la CENI, Corneille Nangaa, a annoncé que 40.144 machines à voter, soit la totalité du lot attendu au port de Matadi, ont été déjà réceptionnées. Elles vont desservir les provinces du Kongo Central, Maï-Ndombe, Kwango, Kwilu, Equateur, Nord-Ubangi, Sud-Ubangi, Tshuapa et Kasaï. Le convoi destiné à Maï-Ndombe devrait quitter Kinshasa le 30 octobre et celui qui doit desservir les provinces longeant le fleuve Congo devrait partir le 1er novembre. D’après les dates et les chiffres de la CENI, le premier lot de 35.861 machines à voter attendu au port de Dar-es-Salaam est déjà arrivé et les 8.838 restantes devraient arriver le 3 novembre. À Mombasa, 6.828 machines devraient arriver le 30 octobre et 13.586 le 7 novembre. Corneille Nangaa a souligné que, «à partir du 10 novembre, plus aucun matériel ne sera à l’extérieur du pays, la grande partie étant déjà à l’intérieur du pays».[3]
Le 3 novembre, à Kinshasa, le président de la CENI, Corneille Nangaa, a procédé à la clôture de la formation des formateurs des membres de bureaux de vote et de dépouillement (MBVD) et des membres de centres locaux de compilation des résultats (MCLCR).
À cet effet, 281 formateurs électoraux et 36 facilitateurs, dont 70 techniciens informaticiens, ont été formés durant 8 jours sur plusieurs modules, notamment l’utilisation de la machine à voter, la procédure de vote, la procédure de la compilation et de la transmission des résultats électoraux au centre local de compilation des résultats.
Il faut noter que, après cette formation du niveau 1 et conformément au calendrier électoral de la CENI, il est prévu d’autres niveaux de formation. Ainsi du 10 au 16 novembre 2018, il y aura la formation dans les secrétariats exécutifs provinciaux des formateurs électoraux nationaux, chefs d’antennes, informaticiens des antennes et autres agents des secrétariats exécutifs provinciaux.
Du 22 au 28 novembre 2018, la CENI a programmé la formation dans les antennes des formateurs électoraux territoriaux; du 02 au 07 décembre 2018, celle des chefs de centre de vote et des techniciens de centre de vote; du 17 au 21 décembre 2018, il y aura la formation des membres des bureaux de vote et de dépouillement et des Centres locaux de compilation des résultats.[4]
Le 6 novembre, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) a confirmé que l’opération d’accréditation des témoins, observateurs et journalistes va commencer le 8 novembre. Ces opérations se dérouleront dans les dates prévues par le calendrier électoral, soit du 8 novembre au 22 décembre pour les témoins des partis politiques et du 8 novembre au 10 décembre pour les observateurs et journalistes.
Du côté de la société civile, la Synergie des missions d’observation citoyenne des élections (SYMOCEL) veut déployer 20.000 observateurs de court terme et 275 de long terme.
52 coordinateurs et coordinateurs adjoints provinciaux de cette mission ont d’ailleurs déjà terminé une formation de trois jours à Kinshasa. De son côté, la plateforme Agir pour les élections transparentes et apaisées (AETA) a également lancé à Kinshasa la formation des formateurs des ses observateurs. Elle compte en déployer 10.000 pour les élections du 23 décembre. La Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) a annoncé qu’elle va aligner 1.026 observateurs à long terme et 40.000 à court terme.[5]
Le 14 novembre, la CENI a procédé au déploiement du matériel électoral destiné à deux provinces. Au total, c’est 35 camions Kamaz répartis en 16 destinations qui sont concernés par cette opération. Deux axes principaux sont ciblés, celui de Kwango (12 camions) et celui de Kwilu (23 camions).
S’agissant des 16 destinations, elles concernent toutes les antennes de la CENI mais aussi et surtout, les sites additionnels à accès très difficiles dont Mawanga, Tembo, Panzi, Kibunda, Sedzo, Kilembe, Belo, tous dans la province du Kwango. Le matériel déployé en ce jour, est composé de ce qui suit: isoloirs; encre indélébile; kits bureautiques (BVD); machine à voter; piles externes et internes; bulletins de vote et supports de formation. Le déploiement de ce matériel devrait atteindre tous les sites ciblés, au plus tard dans les 3 jours qui suivent. Par ailleurs, ces camions qui sont conduits par les éléments des FARDC, embarquent chacun un logisticien de la CENI et des policiers commis à la sécurisation.[6]
b. Les revendications de l’Opposition
Le 1er novembre, plusieurs candidats de l’opposition à la prochaine présidentielle, dont Moïse Katumbi, Adolphe Muzito, Marie Josée Ifoku, Jean-Pierre Bemba, Martin Fayulu, Freddy Matungulu , Théodore Ngoyi ont adressé une correspondance à la commission électorale nationale indépendante dans laquelle ils lui demandent de leur donner une réponse, au plus tard le 3 novembre, au memo déposé auprès d’elle le 26 octobre 2018, après la marche organisée par l’opposition contre la machine à voter. Dans cette lettre, il demandent à la CENI de «mettre immédiatement à l’écart la machine à voter, instrument non prévu par la loi électorale, prendre les mesures nécessaires pour radier du fichier électoral les personnes enrôlées irrégulièrement sans empreintes digitales et mettre en place une commission technique chargée du suivi de l’application des mesures prévues dans le calendrier électoral», notamment à propos des préparatifs techniques pour la mise en place d’un « vote papier ». Les signataires ont fait noter que «outre son illégalité, la machine à voter ne réunit aucun consensus. Son imposition affectera la crédibilité des résultats du scrutin et la légitimité des institutions qui en seront issues. Elle ouvrira la porte d’innombrables contestations qui pourraient conduire à des violences et à un affaiblissement général de l’État». Enfin, les opposants ont affirmé que, au cas où leurs revendications ne seront pas prises en compte, ils recourront à d’autres moyens de pression.[7]
Le 5 novembre, le chargé de la vulgarisation du programme de Moïse Katumbi, Sam Bokolombe, a appelé à un report des élections, suite aux défis politiques, financiers, sécuritaires et, surtout, logistiques dont la CENI ferait face à l’heure actuelle. Le président du parti politique ADURE a demandé expressément à la CENI, en tant qu’organe technique, de prendre ses responsabilités et a suggéré, par ailleurs, une prolongation de deux ou trois mois de plus afin de préparer de « bonnes élections » sans machine à voter et sans électeurs fictifs: «Sans envisager une énième transition, le pays gagnerait à se donner un bol d’air de deux ou trois mois, pour organiser des élections que le peuple souhaite crédibles et inclusives, évidemment sans machines à voter ni enrôlés fictifs».
De leur côté, la CENI et le gouvernement continuent de rassurer quant à la tenue des scrutins à la date fixée (23 décembre) et réfutent toute difficulté relative à la machine à voter et au fichier électoral.[8]
c. L’équipe de campagne électorale du Front Commun pour le Congo (FCC)
Le 3 novembre, le Front Commun pour le Congo (FCC) a publié son équipe de campagne électorale pour la présidentielle du 23 décembre prochain. Le candidat de cette plateforme à la présidentielle, Emmanuel Ramazani Shadary, est lui-même coordonnateur de cette équipe composée de quarante-huit cellules composées chacune de quinze membres, dont un coordonnateur, un adjoint et un rapporteur. Voici quelques cellules et leurs dirigeants (et/ou membres):
– Programme gouvernemental du candidat FCC: Evariste Boshab
– Sécurisation des candidats et du processus électoral: le ministre de l’Intérieur, Henri Mova Sakani, avec un général à la retraite, Didier Etumba
– Communication: le porte parole du gouvernement, Lambert Mende, avec le porte-parole de la majorité Présidentielle (MP), André-Alain Atundu
– Affaires étrangères: Léonard She Okitundu, chef de la diplomatie congolaise
– Finances et logistique: Moïse Ekanga et Jaynet Kabila (rapporteuse, sœur jumelle du président Kabila)
– Jeunesse: Zoe Kabila (frère cadet du président Kabila)
– Questions juridiques: Néhémie Mwilanya, chef du cabinet du président Kabila
– Stratégie: Adolphe Lumanu, conseiller du président Kabila, avec le ministre Jean-Lucien Bussa.
– Recrutement des témoins: Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale
– Transports: José Makila, ministre des Transports;
– Lobbying: Elikya M’Bokolo
– Hommes d’affaires: Raphaël Soriano Katebe Katoto (frère ainé de Moïse Katumbi)
– Affaires religieuses: les pasteurs Pascal Mukuna et François Mutombo.
Selon les déclarations du FCC, cette équipe a pris en compte les 26 provinces, les 145 territoires, les partis politiques membres du FCC, ainsi que la société civile.
Selon le calendrier de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la campagne électorale se déroulera du 21 novembre au 22 décembre prochain.[9]
2. L’OPPOSITION: L’ACCORD DE GENÈVE
a. La nouvelle coalition électorale « Lamuka » et la désignation de Martin Fayulu comme candidat commun à la présidentielle
Le 9 novembre, à Genève (Suisse), les sept principaux leaders de l’opposition: Jean Pierre Bemba (MLC), Félix Tshisekedi (UDPS), Vital Kamerhe (UNC), Moïse Katumbi (Ensemble pour le Changement), Adolphe Muzito (Nouvel Élan), Martin Fayulu (Ecide) et Freddy Matungulu (Congo Na Biso) ont entamé les dernières discussions, pour désigner le candidat président commun qui devra représenter l’opposition à l’élection présidentielle du 23 décembre 2018. Parmi les 4 candidats à la présidentielle validés par la CENI (Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe, Martin Fayulu et Freddy Matungulu), les favoris sont Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe.[10]
Le 11 novembre, Jean-Pierre Bemba Gombo, Martin Fayulu Madidi, Vital Kamerhe, Moïse Katumbi Chapwe, Freddy Matungutu Mbuyamu, Adolphe Muzito, Felix Tshisekedi Tshilombo, leaders de l’opposition congolaise représentant respectivement les forces politiques de l’Opposition ci-après: Mouvement de Libération du Congo (MLC) et Alliés, Dynamique de l’Opposition (DO), Union pour la Nation Congolaise (UNC) et Alliés, Ensemble pour le Changement (ENSEMBLE), Congo Na Biso / Synergie Electorale Notre Congo (CNB/SYENCO), Nouvel Élan (NOUVEL) ainsi que l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) et Alliés ont signé un Accord de coalition en vue des élections du 23 décembre 2018. Cet accord comporte 7 chapitres et 20 articles, dont voici quelques extraits:
« a. Conscients des graves périls qui minent la Nation congolaise: l’insécurité, la corruption, le bradage des ressources naturelles, le règne de l’arbitraire, l’injustice et l’impunité, le clientélisme, la mauvaise gouvernance, la détérioration continue de la situation économique et sociale, la pauvreté extrême de nos populations, les inégalités, les épidémies et le délitement moral de la société congolaise;
Profondément préoccupés par le contexte politique du pays, marqué par un processus électoral chaotique, orchestré contre la liberté et la transparence des scrutins, au mépris de la paix, de la concorde nationale, de la stabilité du pays et de la sous-région;
Conscients que seule l’unité des forces de l’Opposition peut faire échec à ce dessein funeste et garantir un changement effectif ainsi que la rupture nécessaire avec la décadence actuelle du pays, en provoquant une alternance à la tête du pays et dans les Institutions de la République, afin d’établir l’Etat de droit démocratique, mettre fin à la misère du peuple congolais et réhabiliter la démocratie anéantie par la dictature du régime de Joseph Kabila;
Prenant nos responsabilités devant Dieu, la Nation, l’Histoire et le monde, avons résolu de transcender nos divergences, nos ambitions personnelles légitimes dans un esprit patriotique, afin de concrétiser la volonté de changement et de restauration de l’Etat de droit exprimée par les congolais rassemblés dans les forces vives de la Nation;
Ayant décidé ce jour … d’unir nos forces pour vaincre les démons de la division, qui font le lit de la dictature, et de présenter une candidature commune à l’élection présidentielle, nonobstant le manque d’inclusivité et les multiples violations des droits de l’homme qui ont émaillé l’examen des candidatures ainsi que les exclusions irrégulières pour empêcher l’alternance politique;
A cet effet décidons de nous constituer en coalition politique dénommée LAMUKA régie par
le présent accord et dont les objectifs sont les suivants:
– réaliser l’alternance démocratique par des élections libres, transparentes, inclusives, paisibles et crédibles;
– restaurer et consolider la démocratie ainsi que l’ordre institutionnel issus de l’Accord global et inclusif de Sun City;
– présenter une offre politique alternative crédible au Peuple congolais pour le changement de leadership national et de la gouvernance de la RDC;
– mettre fin à la crise politique actuelle et éviter le chaos au pays programmé par Joseph Kabila et ses partisans;
– arrêter la dégradation de la situation générale du pays;
– consolider l’unité des forces du changement en général et de l’Opposition en particulier, pour assurer la victoire de l’opposition aux élections.
En vue de faire triompher cette cause, nous lançons un appel solennel au peuple congolais de soutenir LAMUKA, pour libérer le pays de la dictature et l’inscrire dorénavant dans la voie de la démocratie, de la liberté, de l’État de droit, du progrès et du bonheur partagé;
En conséquence, nous convenons de ce qui suit:
Chapitre 1: DU CANDIDAT COMMUN
Article 1: DE L’ENGAGEMENT DE PRINCIPE
Les signataires du présent Accord conviennent de désigner un candidat commun parmi les candidats issus des partis et regroupements politiques de l’Opposition, retenus dans la liste définitive des candidats Président de la République publiée par la CENI.
Article 2: DES PRINCIPES DE DESIGNATION DU CANDIDAT COMMUN
Le candidat commun est désigné par les forces politiques de l’Opposition représentées par leurs leaders signataires du présent accord, sur base de:
– la capacité à fédérer les forces de l’opposition avant, pendant et après le processus électoral;
– la capacité à rassembler la Nation congolaise autour des valeurs de changement, de l’État de droit et de la bonne gouvernance;
– la force d’organisation dans le pays pour conduire une compagne présidentielle;
– la densité du réseau des candidats aux élections législatives nationales et provinciales;
– la géopolitique et la cartographie électorales;
– la tendance générale au sein de la population;
– l’expérience professionnelle et la capacité managériale;
– l’expérience électorale.
Article 3: DE L’ACTE DE DÉSIGNATION DU CANDIDAT COMMUN
La désignation du candidat commun de l’Opposition est faite, conformément à l’article 2 ci-dessus, par la Conférence des leaders.
Article 4: DES ENGAGEMENTS IRREVOCABLES DU CANDIDAT COMMUN
Le candidat commun de l’Opposition s’engage à porter la cause commune de l’Opposition à la prochaine élection présidentielle, en se basant sur des obligations ci-après:
– Garantir l’unité des forces de l’opposition dans la conquête démocratique du pouvoir, en vue de la matérialisation de l’alternance politique;
– Exercer le mandat de Président de la République au nom de toute l’opposition, dans un esprit de rassemblement des forces, dans la cohésion, la solidarité et l’intérêt général du peuple congolais;
– Porter les revendications de l’Opposition contenues dans les déclarations de Kinshasa du 13 août 2018 et de Bruxelles du 12 septembre 2018, notamment le rejet de la machine à voter, le nettoyage du fichier électoral, la sécurisation du processus électoral et la décrispation politique jusqu’aux élections de 23 décembre 2018; …..
– Assurer une large participation de toutes les forces à la mise en œuvre du programme commun. A cet effet, il renonce, ainsi que son parti ou regroupement politique, à exercer les fonctions de Premier ministre, de Président de l’Assemblée nationale et de Président du Senat, qui seront dévolues, avec son soutien actif, à d’autres composantes, en tenant compte du poids politique dans les Institutions; …..
Article 6: DU RETRAIT, PAR SOLIDARITÉ, DES AUTRES CANDIDATS
Les autres leaders de l’Opposition, s’engagent à se retirer solennellement de la course à l’élection présidentielle du 23 décembre 2018, au profit du candidat commun, afin de favoriser la pleine expression de la candidature commune et contribuer à la victoire de l’opposition.
Article 8: DE L’ORGANISATION ET DE LA CONDUITE DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE PRESIDENTIELLE
La campagne présidentielle, fondée sur le programme commun de gouvernement, est conduite par le candidat commun, assisté d’un état-major mixte et représentatif de toutes les parties signataires, en tenant compte du genre et de la géopolitique.
Chapitre IV: DE L’EXERCICE DU POUVOIR APRÈS LES ÉLECTIONS
Article 9: DES PRINCIPES DE BASE
L’exercice du pouvoir après les élections se fera dans l’intérêt général de la population, suivant les règles de la bonne gouvernance et en tenant compte des principes ci-après:
– Le respect absolu de la Constitution et des lois de la République ainsi que du bien commun;
– La large participation des parties signataires de l’Accord politique au pouvoir, en vue de la mise en œuvre du programme commun;
Les postes de Premier Ministre, Président de l’Assemblée nationale et Président du Sénat seront dévolus aux autres parties prenantes autres que celle du président, selon les arrangements conclus entre les parties signataires;
Le Président de la République élu de l’Opposition constituera, sur base de la compétence et de l’expérience, un cabinet représentatif de toutes les forces qui ont concouru à son élection. Il en sera de même des cabinets du Premier ministre, du Président de l’Assemblée nationale et du Président du Sénat;
Les Bureaux de l’Assemblée nationale et du Sénat seront constitués en tenant compte de l’équilibre dans les deux Chambres et de la participation solidaire des parties prenantes à la direction du Parlement;
La formation du gouvernement tiendra compte de la participation de toutes les parties prenantes à l’Accord politique à la gestion des différents secteurs de la vie nationale (souveraineté, économique, social et culturel). Elle se fera au prorata des élus nationaux et selon le principe de la solidarité nécessaire à l’unité de l’opposition;
Les principes ci-dessus sont d’application mutatis mutandis au niveau des institutions provinciales».[11]
Le 11 novembre, à l’issue des négociations qui ont eu lieu à Genève parmi les leaders de l’opposition, Martin Madidi Fayulu (62 ans) a été désigné candidat commun de l’opposition à la présidentielle du 23 décembre 2018. Homme d’affaires et député national depuis 2011, Fayulu est président du parti Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECiDé) et il s’est présenté à la présidentielle comme candidat de la plateforme “Dynamique de l’opposition”.
«Ça a été une élection à deux tours», a expliqué l’un des sept leaders de l’opposition. Lors du premier tour, ils n’ont été que quatre à voter: ceux dont la candidature à la présidentielle a été validée à Kinshasa. Ils pouvaient donner deux noms: le leur bien sûr, et celui d’un de leur collègue. Aucun des quatre n’a choisi de voter pour celui qu’il considérait comme un concurrent direct.
C’est ainsi que chacun des deux favoris, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, aurait voté pour lui-même et un petit « candidat ». Ce qui fait que les deux outsiders (Martin Fayulu et Freddy Matungulu) se sont retrouvés chacun avec plus de voix que les deux prétendants, au point de se qualifier pour le second tour.
Stupeur dans la salle. «La loi est dure, mais c’est la loi», aurait tout de suite reconnu Félix Tshisekedi, grand perdant de ce premier tour et bien conscient de l’hostilité de certains cadres de son parti vis-à-vis de tout autre candidature que la sienne. Au second tour, les sept leaders ont donc ensuite voté et élu Martin Fayulu à la majorité (4 voix sur 7).[12]
Le 11 novembre, réunis à Genève depuis le 9 novembre sous la facilitation de la Fondation Kofi Annan et à l’issue de leurs travaux, les leaders de l’Opposition ont publié un communiqué où ils déclarent avoir matérialisé l’unité de l’Opposition par la signature d’un Accord politique des forces de l’Opposition et la création d’une nouvelle coalition dénommée LAMUKA, dont les objectifs sont, entre autres:
«1. Réaliser l’alternance démocratique par des élections libres, transparentes, inclusives, paisibles et crédibles;
2. Restaurer et consolider la démocratie ainsi que l’ordre institutionnel issus de l’Accord global et Inclusif de Sun City de 2002;
3. Présenter, par un programme commun de l’Opposition, une offre politique alternative et crédible au Peuple congolais pour le changement de leadership national et de la gouvernance de la RDC.
4. Mettre fin à la crise politique actuelle et éviter au pays le chaos organisé et programmé par Joseph Kabila et ses partisans;
5. Assurer la victoire de l’opposition aux élections du 23 décembre 2018.
S’agissant du processus électoral, les leaders de l’opposition ont réaffirmé la détermination de leurs organisations politiques à participer, dans le cadre de la coalition LAMUKA, aux élections prévues pour le 23 décembre 2018.
A cet effet, la coalition LAMUKA poursuivra sans relâche le combat pour l’abandon de la machine à voter, le nettoyage du fichier électoral et la décrispation politique, en vue de rendre ces élections libres, transparentes, inclusives, crédibles et apaisées.
A défaut de l’organisation des élections dans les conditions précitées à la date du 23 décembre 2018, la Coalition LAMUKA en appelle au peuple congolais à s’assumer dans le cadre de l’article 64 de la Constitution pour éviter toute parodie d’élection.
Afin de faire aboutir son combat politique, la Coalition LAMUKA a choisi par vote M. Martin FAYULU MADIDI comme candidat commun de l’Opposition à l’élection présidentielle du 23 décembre 2018. Dans ce même cadre, LAMUKA annonce :
– L’organisation imminente d’un meeting populaire à Kinshasa pour présenter au peuple congolais le candidat de l’Opposition;
– La présentation du programme commun de l’Opposition et de l’état-major de campagne;
– L’organisation d’une série de manifestations politiques à travers tout le pays, pour obtenir la tenue d’élections crédibles, transparentes, démocratiques, inclusives et apaisées».[13]
Sur Top Congo FM, un des 7 leaders ayant pris part à la réunion de Genève, Adolphe Muzito, a affirmé que, s’il est élu, «Martin Fayulu devrait organiser une transition de 2 ans, 2 ans et demi, afin de retourner à la normalité constitutionnelle» et que, à l’issue de cette transition, seraient organisées de nouvelles élections, qui pourraient permettre à «l’ensemble des congolais, de s’exprimer dans des conditions normales, sans être objet d’exclusion d’un pouvoir quelconque», y compris Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba et lui-même, Adolphe Muzito, dont les candidatures ont été invalidées par la cour constitutionnelle. «Martin Fayulu c’est notre chef de guerre contre la machine à voter et contre le fichier électoral corrompu», a affirmé Adolphe Muzito, pour qui le candidat commun a été désigné «pour nous conduire à la victoire. Son objectif premier c’est de nous mobiliser tous, afin qu’on ait de bonnes élections». Des élections qui, selon l’ancien premier ministre, devraient «principalement nous permettre de créer les conditions de normalité, des conditions démocratiques pour revenir véritablement à la légalité constitutionnelle qui est aujourd’hui bafouée».[14]
Selon une indiscrétion ayant fuité à Genève, les co-officiants de la messe de Genève se seraient aussi entendus sur le partage des responsabilités en cas de victoire de l’Opposition aux élections quasi générales du 23 décembre: Jean-Pierre Bemba prendrait la primature, Adolphe Muzito se retrouverait au perchoir de l’Assemblée Nationale. Félix Tshisekedi, se verrait speaker du sénat, Moise Katumbi, présiderait la Commission économico-financière du Gouvernement avec rang de vice Premier ministre, Freddy Matungulu, piloterait la Banque centrale. Quant à Vital Kamerhe, il aurait demandé de consulter sa base électorale.
Les sept leaders de l’opposition, réunis à Genève, auraient aussi pris l’engagement que le candidat commun, une fois élu, devrait limiter la durée de la législature à vingt-quatre mois, avec éventuellement six autres mois, pour permettre le retour d’un ordre constitutionnel normal, en vue de remettre le pays sur la voie d’une légitimité définitive.
Ils avaient également prévu des réformes institutionnelles concernant la Commission Électorale Nationale Indépendante, la Cour Constitutionnelle et le retour à un scrutin présidentiel à deux tours.
Le mode de gestion de l’Etat devrait être consensuel. Le candidat commun, une fois élu, devrait organiser une réunion hebdomadaire informelle avec les six autres membres de la coalition, pour évaluer l’action du gouvernement.[15]
b. Les perdants et les gagnants
N’ayant pas été choisis comme candidat commun de l’Opposition, Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi, les favoris à l’investiture, sont les vrais perdants du conclave de l’opposition tenue à Genève en Suisse du 9 au 11 novembre. L’ex président de l’assemblée nationale et le président de l’UDPS ont quand même une responsabilité dans ce qu’il leur est arrivé ce dimanche à l’hôtel Warwick. Ils ont été incapables de se mettre d’accord lors des négociations bilatérales UDPS-UNC à Kinshasa pour désigner, à leur niveau, un candidat commun de l’Opposition. Alors qu’ils avaient leur destin en main, pour que l’un d’eux soit candidat commun de l’Opposition, ils l’ont laissé échappé. Leur échec a remis leur sort entre les mains des autres leaders de l’opposition. Et ces derniers ont désigné Martin Fayulu comme leur candidat commun de l’opposition à la présidentielle de décembre 2018.[16]
Hors course de la présidentielle prévue le 23 décembre 2018, Jean Pierre Bemba, Moïse Katumbi et, dans une moindre mesure, Adolphe Muzito sont les grands gagnants des conclusions du conclave de l’opposition, tenu à Genève en Suisse du 9 au 11 novembre, et qui a désigné, à la surprise générale, l’opposant radical Martin Fayulu Madidi comme candidat commun de l’opposition congolaise. Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, les deux favoris, ont été neutralisé par leurs partenaires de l’opposition.
C’est donc la ligne dure de l’Opposition (celle du boycott des élections) qui a triomphé à Genève, au détriment de la ligne réaliste (celle de la participation aux élections malgré les faiblesses du processus électoral).
En lisant le communiqué de Genève, on s’aperçoit que la rhétorique de 2016, celle d’actionner l’article 64 de la Constitution, est à nouveau brandie, en cas notamment de non abandon de la machine à voter.
Un autre engagement fort pris par les 7 principaux leaders de l’opposition concerne la révision constitutionnelle. Les opposants parlent du retour à l’ordre institutionnel de l’Accord global et inclusif de 2002. En clair, les opposants exigent le rétablissement d’un scrutin présidentiel à deux tours, supprimé en 2011 par le pouvoir.
L’autre combat de cette nouvelle plateforme, c’est l’inclusivité des élections. Pour Katumbi, Bemba et Muzito, les élections ne sont pas inclusives tant qu’ils n’y prennent pas part.
Ces revendications ne sont pas vraiment nouvelles. Le pouvoir y est pourtant resté sourd et les a ignorées. Ce n’est pas à deux mois des élections que le régime Kabila va se plier. Malgré les pressions internes (marches) et externes (sanctions occidentales), le pouvoir est resté droit dans ses bottes. Où les opposants vont-ils trouver un nouveau souffle pour mobiliser, de façon exceptionnelle, la population autour de leur nouvel agenda?[17]
c. Les réactions à Kinshasa
A Kinshasa, la désignation de Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition n’a pas reçu automatiquement l’adhésion des lieutenants des opposants membres de la coalition Lamuka. Quelques cadres de l’UDPS, de l’UNC et d’Ensemble pour le changement se sont publiquement prononcés contre ce choix.
Le président de la Ligue des jeunes de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UPDS), Yves Bunkulu, a affirmé qu’elle n’est pas concernée par la désignation de Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition et que Felix Tshisekedi reste le candidat du parti à l’élection Présidentielle de décembre 2018.
Le secrétaire général de l’UDPS chargé de la mobilisation, Augustin Kabuya, a assuré «n’avoir jamais» été favorable à la candidature commune de l’opposition: «Moi personnellement, je n’ai jamais été d’accord avec cette histoire. Nous allons nous prononcer dans les heures qui suivent». Augustin Kabuya n’a pas hésité à faire un parallèle avec la réunion de Sun City en 2002, qui vit Etienne Tshisekedi se faire doubler au poste de quatrième vice-président de la transition « 1+4 »: «L’Udps s’est battue pendant 36 ans sans trahir notre peuple. C’est qui vient de se passer à Genève rassemble à ce qui s’était passé à Sun City. Nous ne voulons pas qu’on nous impose un autre Zaidi Ngoma».
Le président interfédéral de l’UNC-ville de Kinshasa, Molendo Sakombi, s’est dit convaincu que les opposants se sont trompés: «Je n’ai pas l’impression qu’on a choisi le meilleur cheval». Il a cependant appelé l’opposition à se mobiliser face aux défis des législatives.
De son côté, Adam Bombole de la plateforme Ensemble pour le Changement de Moïse Katumbi, est formel: «C’est l’échec programmé à la prochaine présidentielle. C’est aujourd’hui que l’opposition a perdu les élections. Tout le reste ne sera que formalités». Pour lui, les leaders de l’opposition ont fait un mauvais choix. «Nous devons être réalistes et tenir compte de la réalité sur terrain. A mon avis, il y avait deux candidats qui pouvaient compétir. Il y avait Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe. Le choix porté sur Fayulu aujourd’hui va liquéfier l’opposition. Je vois mal l’UDPS soutenir Martin Fayulu», a-t-il déclaré, en arguant: «J’aurais bien voulu que ça soit Félix Tshisekedi, parce que l’UDPS a des assises depuis des années sur l’ensemble du pays, où éventuellement Vital Kamerhe qui a démontré ses compétences et son implantation à travers la république».[18]
Le 12 novembre, quelques militants de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) manifestent, en ce moment, devant le siège du parti, situé sur l’avenue de l’Enseignement, dans la commune de Kasa-Vubu, en face du stade des Martyrs, pour contester la désignation de Martin Fayulu comme candidat unique de l’opposition à la présidentielle du 23 décembre. Ils ont brûlé des pneus empêchant la circulation. La police est arrivée sur le lieu de la manifestation.[19]
Depuis tôt le matin, une centaine de militants de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) ont envahi le siège de leur parti, à Limete. Ils ne sont pas d’accord avec la désignation de Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition. Ils ont allumé un grand feu juste à l’entrée du bâtiment du siège du parti pour exprimer leur colère. Certains parmi les plus extrémistes s’impatientent et menacent même de brûler le siège du parti. «Nous n’avons pas lutté pendant tout ce temps pour rien. Etienne Tshisekedi n’est pas mort pour rien. Nous n’allons pas céder», a lâché un militant.[20]
Le 12 novembre, à Kinshasa, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) a invité son président Félix Tshisekedi à retirer sa signature de la déclaration finale qui consacre Martin Fayulu candidat commun de l’opposition à la présidentielle du 23 décembre. Devant les militants du parti, le secrétaire général de l’UDPS, Jean Marc Kabund, a déclaré: «L’UDPS rejette avec force cette désignation … Nous donnons à notre président 48h pour retirer sa signature du communiqué final signé à Genève. Nous lui demandons qu’il rentre vite au pays pour sa campagne. Nous ne voulons pas de boycott. Nous irons aux élections avec ou sans machine a voter. Je ne fais pas la polémique. Je fais la politique. On ne peut ni vendre ni acheter l’Udps. Nous n’avons pas bâti ce parti pour nous désengager et donner la chance à quelqu’un qui n’a pas de base électorale, qui n’a même pas un parti, qui au regard de récents sondages n’a fait que 4 ou 5%.». Le n° 2 de ce parti de l’opposition a également réaffirmé la position défendue depuis bientôt un mois sur la machine à voter: «L’UDPS n’est pas partie prenante d’une transition avec Kabila, comme le veulent certains. Le 23 décembre, nous irons aux élections avec ou sans machine à voter. S’il n’y a pas élections le 23 décembre, Joseph Kabila doit tirer les conséquences de cette situation. Nous ne sommes pas partisans d’un boycott ou encore d’une transition».[21]
Le 12 novembre, le porte-parole adjoint de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), Sele Yamba, a demandé à Vital Kamerhe et à Félix Tshisekedi, respectivement président de l’UNC et de l’UDPS, de se mettre autour d’une table, afin de sortir un candidat commun de l’opposition pour le scrutin du 23 décembre prochain. Selon lui, le choix des 7 leaders de l’opposition porté sur Martin Fayulu ne répond pas à l’enjeu que présente la prochaine présidentielle. Il a donné un ultimatum de deux jours à ces deux leaders, dans le cas contraire ils seront pris pour des traîtres: «Nous avons besoin d’un candidat commun de taille par rapport à la situation. Nous ne voulons pas rater ce rendez-vous avec l’histoire où le peuple attend ardemment l’alternance au sommet de l’Etat. Nous disons aux deux présidents, Vital Kamerhe de l’UNC et Félix Tshisekedi de l’Udps, que ce qui s’est passé à Genève ne nous engage pas. Nous leur donnons 48 heures. Ils ont l’obligation de se mettre ensemble et de nous donner un candidat commun de l’opposition. Nous attendons soit l’un soit l’autre. Si jamais ils ne parviennent à arrondir leurs angles, nous allons les considérer comme des traîtres. Nous ne pouvons pas accepter la candidature de Monsieur Fayulu».[22]
d. Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe retirent leur signature
Le 12 novembre, Félix Tshisekedi, président de l’UDPS a pris la résolution de retirer sa signature du communiqué publié le jour précédent à l’occasion de la désignation de Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition pour la présidentielle de décembre.
«Je me suis rendu compte que l’acte que nous avons posé à Genève n’a pas été compris par la base. Au contraire, cet acte a été rejeté. Par conséquent, j’assume ce que je dis, au nom de l’UDPS, je retire ma signature de cet accord que nous avons signé à Genève», a annoncé Félix Tshisekedi au cours d’une interview à Top Congo. Il a indiqué que sa présence à Genève était validée par la base de son parti politique qu’il doit écouter: «Je suis allé à Genève avec l’aval de la base, car il était question de trouver un accord pour la désignation d’un candidat commun. Ce n’est pas une initiative personnelle. J’assume cette responsabilité en tant que président de l’UDPS. Il y a ce devoir de redevabilité. La base de l’UDPS est le moteur de notre parti. On ne peut pas se dire leader de l’UDPS sans sa base. Un parti politique, c’est d’abord sa base. On ne peut se dire leader sans l’adhésion de la base de l’UDPS. Je ne peux aller à l’encontre de la base, ce serait signer la mort de ma carrière politique».
Vital Kamerhe, président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), a également retiré sa signature de l’accord signé à Genève et relatif à la candidature commune de l’opposition. Il a souligné que son désengagement est motivé par le respect de la volonté des militants de son parti, qui ont rejeté cette décision. «La direction politique du parti m’enjoint de tempérer dans le sens de la demande de la base. Elle m’a intimé l’ordre de retirer ma signature de cet accord qui risque de faire voler le parti en éclats. J’annonce donc que je retire ma signature pour respecter la volonté de ma base. Sans cette base, j’irais moi-même m’autoexclure du parti», a-t-il dit à Top Congo FM.En outre, Vital Kamerhe a remis en cause la procédure ayant conduit à la désignation de Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition. «Il y a un critérium rédigé à Pretoria: popularité, parcours, partis, implantation, nombre des députés, souscriptions des députés aux provinciales et aux nationales, mais tout cela a été balayé d’un revers de la main. Ce qui a tout faussé c’est le vote», a-t-il dit.
Parmi les candidats validés par la Cour Constitutionnelle, il ne reste plus que Freddy Matungulu et Martin Fayulu comme signataires du document.[23]
Le 15 novembre, les opposants Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi et Adolphe Muzito ont réaffirmé leur soutien à la candidature de Martin Fayulu qu’ils considèrent comme candidat commun de l’opposition. A l’issue d’une leur rencontre à Bruxelles, ils ont demandé à Félix Tshisekedi et à Vital Kamerhe de revenir dans la coalition Lamuka: «Nous avons confiance en Martin Fayulu et nous croyons en sa capacité de remporter l’élection présidentielle … Nous appelons Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe à revenir à la raison et à se conformer à la volonté du peuple congolais qui n’a jamais cessé d’appeler à l’unité de l’opposition».[24]
[1] Cf ACP, 29.10.’18
[2] Cf Radio Okapi, 30.10.’18
[3] Cf Actualité.cd, 30.10.’18
[4] Cf Clément Muamba Mulembue – Times.cd, 05.11.’18
[5] Cf Actualité.cd, 06.11.’18
[6] Cf Jephté Kitsita – 7sur7.cd, 14.11.’18
[7] Cf Stanys Bujakera Tshiamala – Actualité.cd, 02.11.’18; Clément Muamba Mulembue – Times.cd, 03.11.’18
[8] Cf Stanis Bujakera Tshiamala – Actualité.cd, 06.11.’18
[9] Cf Radio Okapi, 03.11.’18; RFI, 03.11.’18
[10] Cf 7sur7.cd, 09.11.’18
[11] [11] Cf Texte intégral: Congoforum.be, 13.11.’18
http://www.congoforum.be/fr/nieuwsdetail.asp?subitem=41&newsid=211868&Actualiteit=selected
[12] Cf Actualité.cd, 11.11.’18; RFI, 12.11.’18; Gloire Batomene – Forum des As – Kinshasa, 12.11.’18
[13] Cf Forum des As – Kinshasa, 12.11.’18 http://www.forumdesas.org/spip.php?article17702
[14] Cf Le Potentiel – Kinshasa, 12.11.’18
[15] Cf RFI, 12.11.’18; Clément Muamba Mulembue – Times.cd, 14.11.’18
[16] Cf Zabulon Kafubu – 7sur7.cd, 11.11.’18
[17] Cf Zabulon Kafubu – 7sur7.cd, 11.11.’18
[18] Cf Radio Okapi, 12.11.’18; Cas-info.ca, 11.11.’18; Stanis Bujakera Tshiamala – Actualité.cd, 11.11.’18; Cas-info.ca, 12.11.’18; Francis Otshudi – Times.cd, 12.11.’18
[19] Cf Christine Tshibuyi – Actualité.cd, 12.11.’18
[20] Cf Actualité.cd, 12.11.’18
[21] Cf Christine Tshibuyi – Acualité.cd, 12.11.’18; Radio Okapi, 12.11.’18
[22] Cf Auguy Mudiayi – Actualité.cd, 12.11.’18
[23] Cf Radio Okapi, 12.11.’18; Actualité.cd, 12.11.’18; Stanis Bujakera Tshiamala – Actualité.cd, 13.11.’18
[24] Cf Actualité.cd, 15.11.’18