La marche du 26 octobre organisée par l’Opposition
Le 26 octobre, des partis membres de l’opposition ont organisé une manifestation contre l’utilisation de la machine à voter aux pour les prochaines élections de décembre.
L’opposition justifie son désaccord à utiliser cette machine par le fait que son utilisation pourra favoriser la fraude électorale et la manipulation des résultats électoraux, par ailleurs en mettant en difficulté une grande partie d’un électorat pas encore habitué à utiliser ce type de nouvelle technologie.
Le taux de participation des militants de ces partis à cette marche a été considérablement inférieur à celui enregistré à l’occasion du retour d’Étienne Tshisekedi, en juin 2016, et de Jean-Pierre Bemba, en août 2018.
L’objectif fixé pour cette marche était celui d’obtenir le désistement de la Commission électorale à l’utilisation des machines à voter. Toutefois, il s’agit là d’un objectif objectivement irréaliste, étant donné que, selon les déclarations de la Commission électorale, la phase de production (en Corée du Sud) de ces dispositifs informatiques est déjà terminée et que celle de leur transport (par voie maritime) est déjà en cours.
L’absence de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS)
L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le plus grand parti d’opposition, n’y a pas adhéré. Bien qu’opposée à l’utilisation de la machine à voter, l’UDPS a décidé de participer aux élections de décembre, avec ou sans machine à voter.
Selon Peter Kazadi, directeur adjoint de l’UDPS, «la machine à voter est un piège tendu par la majorité présidentielle à l’opposition, pour ne pas organiser les élections dans les délais, prenant pour prétexte un éventuel boycott de la part de l’opposition». Il a souligné que maintenant c’est le temps de préparer les élections et non de les boycotter: «Au lieu de rester toujours dans une attitude de refus et de négativisme, nous devons nous préparer à participer aux élections à la date déjà fixée. Il faut bien former nos témoins, en vue d’un bon suivi des élections, pour que nous puissions les remporter».
Même selon Jean-Marc Kabund, l’UDPS a choisit d’aller aux élections, avec ou sans la machine à voter, pour ne pas permettre au Président Kabila de s’éterniser au pouvoir: «aujourd’hui nous avons un choix entre rejeter la machine à voter et aller aux élections, avec ou sans machine. Rejeter la machine à voter nous plongera dans un glissement des élections qui permettra à Joseph Kabila de rester encore au pouvoir. L’UDPS a choisi le moindre mal: aller aux élections le 23 décembre 2018, avec ou sans la machine à voter, pour ne pas donner le prétexte à Kabila de s’éterniser au pouvoir, prétextant que c’est l’opposition qui a refusé les élections. Nous ne voulons pas lui donner l’occasion de glisser pour la nième fois».
Le risque d’une fracture au sein de l’opposition
Cette nouvelle position de l’UDPS contraste avec celle des autres partenaires de l’opposition ayant participé à la manifestation du 26 octobre, dont « Ensemble pour le changement » de Katumbi et le MLC de Bemba, et risque de rompre irrémédiablement l’unité de l’opposition, déjà très faible et fragile, suite à des intérêts personnels et de parti très différents entre eux.
Les intérêts divergent entre les candidats validés (Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe), les invalidés (Jean Pierre Bemba et Adolphe Muzito) et les exclus ( Moïse Katumbi).
Entre Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, c’est de la concurrence légitime. Les deux ont des prétentions politiques fondées d’accéder à la magistrature suprême. Pour que l’un s’efface au profit de l’autre, c’est quasiment impossible.
Les candidats invalidés et les exclus ont un autre agenda que celui des validés. Ils veulent coûte que coûte revenir dans le jeu politique, dont ils ont été écartés. Pour eux, tous les prétextes sont bons pour bloquer le processus électoral, pourvu qu’ils y rentrent, afin de briguer la présidentielle. Ils sont donc prêts à tout pour empêcher la tenue des élections sans eux.
La nécessité d’un changement de stratégie
C’est pourquoi, face à cette diversité d’intérêts et à la nouvelle position de l’UDPS, les partis membres de l’opposition pourraient changer de stratégie:
– recruter et former leurs témoins (observateurs) de manière à pouvoir contrôler, avant, pendant et après les élections, la conformité des listes des électeurs et des candidats, le fonctionnement correct des machines à voter, le bon déroulement des opérations de vote par les électeurs et la compilation manuelle exacte des résultats électoraux obtenus, afin d’éviter les irrégularités et la fraude électorale.
– favoriser la désignation d’un candidat commun unique, condition nécessaire pour pouvoir rivaliser efficacement avec le candidat commun du Front Commun pour le Congo (FCC), plateforme électorale de la majorité présidentielle et de ses alliés, surtout dans le contexte d’une élection présidentielle à un seul tour, dans laquelle il suffira d’obtenir la majorité simple des suffrages exprimés pour être élu président de la République.