SOMMAIRE
ÉDITORIAL: LA MARCHE DES CATHOLIQUES AUSSI SOUS LE COUP DE LA BARBARIE DE LA RÉPRESSION
LA MARCHE DU 31 DECEMBRE 2017
- Avant la marche
- Le jour de la marche
- Après la marche
- Quelques considérations
ÉDITORIAL: LA MARCHE DES CATHOLIQUES AUSSI SOUS LE COUP DE LA BARBARIE DE LA RÉPRESSION
LA MARCHE DU 31 DECEMBRE 2017
a. Avant la marche
Le 25 décembre, le Comité Laïc de Coordination (CLC), une structure de l’Église catholique, a publié un communiqué dans lequel il insiste sur le caractère non violent de la marche pacifique du 31 décembre:
«Le CLC informe l’opinion nationale et internationale que la marche du 31 décembre 2017 sera une marche pacifique: des femmes et des hommes vont marcher pacifiquement à partir de leurs rues, de leurs quartiers, de leurs paroisses, en priant et en entonnant des cantiques, les Chrétiens avec leurs Chapelets, Bibles, Crucifix, … et les autres avec des rameaux de paix.
Le CLC invite la population à n’accepter aucune forme de violence: pas de pneus brûlés, pas de barricades, pas de propos violents, pas d’injures, pas de jets des pierres et autres projectiles, pas d’actes de vandalisme, …
Le CLC l’invite également à ne pas considérer les Policiers, les Militaires et autres Agents des Services de Sécurité comme ses ennemis; et réciproquement les Policiers, les Militaires et autres Agents des Services de Sécurité à ne pas considérer celle-ci comme leur ennemi.
Le CLC demande ainsi à la Police Nationale Congolaise et aux autres Services de Sécurité de les encadrer et les protéger tout au long de leur parcours.
Le CLC remercie les partis politiques, les Mouvements Citoyens, les Organisations de la Société Civile, les Associations de défense des droits de l’homme, les Syndicats, … qui ont adhéré à cette marche pacifique prévue pour le 31 décembre 2017 et encourage ceux qui ne l’ont pas encore fait, à le faire».[1]
Le 27 décembre, le CLC a envoyé au Gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta, une correspondance pour l’informer sur le fait que, «pendant la journée de dimanche prochain, 31 décembre 2017, les chrétiens de la ville de Kinshasa marcheront pacifiquement à partir de différentes paroisses, afin d’exiger des parties prenantes la mise en œuvre intégrale et de bonne foi de l’Accord politique global et inclusif du Centre interdiocésain de Kinshasa, signé le 31 décembre 2016, seule feuille de route valable pour conduire, dans la paix, à la tenue effective et rapide des élections libres, transparentes, inclusives et crédibles dans notre pays».
Le CLC lui demande de bien vouloir «instruire les forces de l’ordre d’encadrer et de sécuriser ces marches citoyennes qui se situent, du reste, dans le cadre de l’exercice normal des droits et libertés fondamentaux garantis par la Constitution de la République».[2]
Le 28 décembre, dans une réunion de préparation de la marche, le comité des laïcs et les prêtres catholiques se sont mis d’accord sur les règles du jeu, indispensables pour la réussite effective de ladite journée. Parmi les points saillants, l’on note ce qui suit:
– Une seule messe dans chaque paroisse, de 6h30 à 8h30.
– Les paroissiens accompagnés de leur curé débuteront ensuite la marche selon un itinéraire qui sera donné le dimanche même lors de la messe. Le point de ralliement n’a pas toujours été précisé. Néanmoins, tous les curés de paroisses seront avisés la veille quant à ce qui concerne l’itinéraire.
– Le port de chapelets, de la bible ainsi que d’autres insignes liturgiques sont indispensables.
– Tous les fidèles doivent être munis d’une carte d’identité ou autres références de son identité.
– Ne pas arborer des calicots ou autres effigies des partis politiques, mouvements citoyens, etc.
– Pour la tenue: vêtements de l’église, ou tout simplement T-shirt blanc, chemise blanche, autre vêtement de couleur blanche.
– En cas d’un affrontement avec les forces de l’ordre et face aux gaz lacrymogènes, se servir de serviettes mouillées d’eau et utiliser la margarine bleu Band sur le visage. Ne jamais fuir devant les forces de l’ordre, mais serrer les rangs et chanter des cantiques ou se mettre à genoux. Rester solidaires et si les forces de l’ordre veulent arrêter quelqu’un, tous les marcheurs sont invités à se constituer prisonniers.[3]
Le 28 décembre, dans un communiqué, le mouvement citoyen « Lutte pour le Changement » (LUCHA), «après concertation avec le Comité Laïc catholique de Coordination (CLC) et délibération interne, a annoncé de repousser au dimanche 31 décembre 2017 le début des manifestations populaires pacifiques initialement prévu pour ce vendredi 29 décembre. Motif: la nécessaire synergie dans la mobilisation citoyenne.
La LUCHA persiste sur l’objectif de cette mobilisation (le départ de Kabila et son régime), sur son caractère ininterrompu (le 31 décembre ne doit être que le point de départ), sur son caractère pacifique, ainsi que sur la stratégie de blocus des principales villes à partir de nos quartiers, cités, rues ou avenues, afin de réduire au maximum la capacité de répression et de maintenir la mobilisation sur plusieurs jours d’affilée.
La LUCHA continue d’exhorter les leaders des forces sociales et politiques à cesser d’être dupes sur le fait que tant que Kabila et ses complices, dont la CENI, seront aux commandes, l’idée que des élections libres, inclusives et transparentes puissent se tenir dans un an est une utopie. En conséquence, une transition sans Kabila et sans les institutions politiques qui lui sont inféodées s’impose.
La LUCHA prie aussi les Congolais d’user des prochaines 48 heures pour constituer des stocks de vivres pour ceux qui en ont les moyens, et, pour d’autres, pour s’organiser sur la manière dont les petits marchés de quartier pourront continuer de fonctionner durant la période de libération populaire qui s’annonce, ou encore sur des stratégies de solidarité. Quoiqu’il en soit, il vaut mieux accepter un sacrifice de quelques jours pour se libérer définitivement, plutôt que rester indéfiniment otages d’un régime qui nous prive impitoyablement de tout.
La LUCHA appelle une fois de plus les membres des forces armées et de la police à se ranger du côté du peuple car cette lutte est aussi la leur et celle de leurs familles, et met en garde ceux qui continuent de participer à la répression pour défendre ce régime illégitime».
Comme il fallait s’y attendre, les « actes d’adhésion » sont arrivés nombreux sur la table du CLC, provenant surtout des partis politiques de l’opposition, des movement citoyens et des Ongs pour la défense des droits de l’homme. Parmi d’autres: L’Union pour la Nation Congolaise (UNC), l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social/Kibassa (UDPS/Kibassa), l’UDPS/Limete, le Mouvement de Libération du Congo (MLC), l’Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (Ecidé), l’Envol, le Mouvement du Peuple Congolais pour la République (MPCR), le Groupe des 7 (G7), le Front pour le Respect de la Constitution (FRC), l’Alternance pour la République (AR), la Dynamique de l’Opposition, les «Progressistes», l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ), la «Voix des Sans Voix» (VSV), le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA), le mouvement citoyen des Congolais Debout, le Collectif des Actions de la Société Civile (CASC) …
Le 29 décembre, dans une interview, le président du Parti Travailliste et ministre de l’enseignement supérieur et universitaire, Steve Mbikayi, a jugé inopportune l’initiative des laïques catholiques car, a-t-il dit, l’application de l’accord du 31 décembre 2016 est effective: «Même si la marche est une expression démocratique, celle du 31 décembre 2017 me semble inopportune, dans la mesure où les raisons avancées ne sont pas justes. Ça sent une manipulation extérieure. Nous sommes dans un processus électoral: la loi électorale a été votée, le calendrier électoral a été publié. Alors je me demande qu’est-ce qu’on va obtenir avec cette marche, car l’accord du 31 décembre 2016 est déjà en application. Les raisons pour lesquelles la marche est convoquée sont louches … Il est vrai que, selon l’accord de la Sait Sylvestre 2016, les élections devaient être organisées en décembre 2017. Mais il est aussi vrai que tous ceux qui avons participé au dialogue de la Cenco, nous étions convaincus que ce n’était pas possible et que, pour apaiser l’opposition, il avait fallu mettre cette date. Toutefois, on s’était mis d’accord sur le fait que, en cas de nécessité, il fallait que le CNSA, le gouvernement et la Ceni se réunissent pour évaluer et fixer une nouvelle date. C’est qui a été fait. L’accord a don été appliqué. Si l’hôtel de ville autorise cette marche, nous aussi, la coalition de l’opposition au gouvernement, nous allons nous organiser pour marcher afin de soutenir le processus électoral».[4]
Le 29 décembre, dans un bref message de vœux, Germain Kambinga, président de la plateforme Le centre et ancien ministre de l’industrie, a appelé à l’apaisement et demandé aux confessions religieuses d’accompagner le processus électoral: «Le temps de la confrontation, de la tension, de la contestation doit céder la place à l’apaisement et à l’accompagnement vigilant nécessaire à la réussite du processus électoral». Il a ajouté que, «s’il y a une date vers laquelle nous devons tous avoir les yeux rivés c’est le 23 décembre 2018, jour des élections présidentielles, législatives et provinciales, comme indiqué par le calendrier électoral récemment publié par la Commission électorale». Il a donc désapprouvé l’initiative de la marche pacifique du 31 décembre 2017, organisée par le CLC pour exiger l’application stricte de l’accord de la Saint Sylvestre 2016.[5]
Le 29 décembre, à travers un bref message adressé aux Kinois en lingala, le Gouverneur André Kimbuta a annoncé son refus de prendre acte de la manifestation prévue par le Comité Laïc de coordination (CLC). Parmi les raisoUns avancées, figurent notamment l’absence, dans la correspondance du CLC adressée à l’Exécutif provincial, des itinéraires et du point de chute de la manifestation et le manque des coordonnées (adresses et numéros de téléphone) des organisateurs. Le gouverneur a avancé comme autre raison l’impossibilité de déployer plus de 24.000 policiers, dont il a dit de ne pas disposer, pour encadrer cette marche et il a dit regretter que les politiciens se soient mêlés à cette initiative. Fort de ces constats, André Kimbuta a affirmé être dans l’impossibilité de sécuriser la marche de ce 31 décembre 2017.[6]
Le 30 décembre, en dépit du message d’interdiction de la marche du 31 décembre de la part du Gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta, le Comité de Laïcs Catholiques (CLC) a insisté que, le 31 décembre, les fidèles catholiques marcheront après l’unique messe du jour.
Dans une interview, Mme Léonie Kandolo, chargée de la communication du CLC, a réaffirmé que la loi ne donne pas au gouverneur le droit d’interdire une manifestation: «La loi nous demande d’informer l’autorité et nous l’avons fait par écrit. La loi ne dit pas que l’autorité a le droit de refuser. De plus nous avons fait un document écrit, donc l’autorité devait nous répondre par écrit et non par un communiqué à la télévision … La marche est un droit constitutionnel».[7]
Le 30 décembre, alors que des rumeurs ont annoncé des voix discordantes au sein de l’Eglise catholique autour de la marche prévue le dimanche 31 décembre, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) a démenti et a réaffirmé son soutien à l’initiative. Selon un communiqué relayé par le média Catholique DiaCenco.com, «depuis un certain temps, certaines publications dans les médias et les réseaux sociaux mènent une campagne d’intoxication visant à semer la division au sein de l’épiscopat. Cette pratique est déplorable. Les évêques de la CENCO restent solidaires et unis dans ce moment difficile que traverse le pays. Les évêques ne sont pas divisés au sujet de la marche du 31 décembre 2017, organisée par la Comité Laïc de Coordination du diocèse de Kinshasa. Une chose est de reconnaitre que cette initiative vient du Comité Laïc de coordination de Kinshasa, une autre chose est de s’y opposer. Aucun évêque ne condamne cette marche».[8]
Le 30 décembre, le gouvernement congolais a qualifié de “projet subversif” la marche initiée par le Comité de Laïcs Catholiques (CLC) pour ce 31 décembre 2017. A l’issue d’un Conseil extraordinaire des Ministres, le Gouvernement a indiqué que les organisateurs de la manifestation auraient recruté des “bandes des casseurs, des individus démobilisés des groupes armés dans le but de troubler l’ordre public. Selon le compte rendu de la réunion extraordinaire, «le conseil constate qu’il s’agit d’une tentative subversive inacceptable dans un État de droit, car les services du gouvernement font état du recrutement, par les organisateurs, de bandes de casseurs, d’individus démobilisés de groupes armées auxquels des armes de guerre auraient été distribués, pour s’en prendre à la paisible population et à diverses personnalités publiques ainsi que pour vandaliser des équipements collectifs, afin de créer une situation insurrectionnelle qui leur permettrait de capturer le pouvoir par des voies non démocratique … Les organisateurs doivent savoir que les forces de défense et de sécurité ont été dûment instruites pour répondre efficacement et professionnellement à toute manœuvres de perturbation de l’ordre public dans le strict respect du droit international humanitaire».[9]
Le 30 décembre, dans l’après-midi, des officiers de la police nationale et de l’armée se sont réunis à l’université William Both (Armée du salut). Ordre du jour: comment empêcher la Marche des Catholiques de ce dimanche. La solution: empêcher coûte que coûte les chrétiens de participer à la messe. Les policiers et militaires devront faire des patrouilles toute la nuit et, le matin, se placer devant les églises, pour y empêcher tout accès possible et pour dissuader les Congolais de sortir de chez eux.[10]
Le 30 décembre, la Police Nationale Congolaise (PNC) a annoncé qu’elle se mettra au travers du chemin de quiconque marchera ce dimanche 31 décembre 2017 à Kinshasa. Le commissaire provincial de la police de la ville de Kinshasa, le Général Sylvano Kasongo, a déclaré: «Comme le gouverneur n’a pas pris acte (de la marche, Ndlr.), nous demandons aux kinois de vaquer librement à leurs activités ce dimanche. Allez à la messe dans le calme. Au sortir de la messe, rentrez chez vous ou allez à vos autres occupations. Il n’y aura pas de marche. Tout celui qui tentera de marcher aura la police sur son chemin. Nous avons la mission de protéger la population. (…). Nous avons des informations selon lesquelles, ils ont recruté des kuluna. Nous avons également des renseignements que certains seront armés pour tirer sur la population pour ensuite mettre tout cela sur le dos de la Police. Nous allons nous déployer à la recherche de ces bandits».[11]
Le 30 décembre, le ministre des Postes et télécommunications et des Nouvelles technologies de l’information, Emery Okundji, a instruit les opérateurs de télécommunications de procéder à la coupure des services internet et Sms. Dans la lettre datée du 30 décembre, le ministre évoque comme motif des raisons de sécurité d’Etat: «Pour des raisons de sécurité d’Etat et ce, conformément au prescrit de l’article 46 de la loi cadre n°012/2002 du 16 octobre 2002 sur les télécommunications, il vous est demandé de suspendre à partir de ce samedi 30 décembre 2017 à 18h heures jusqu’à nouvel ordre la fourniture de services ci-après: SMS, Internet … Une réunion d’évaluation de l’exécution de cette mesure sera tenue ce lundi 1er janvier 2018, à 13 heures précises, à mon cabinet, à fin de décider éventuellement de sa levée».[12]
b. Le jour de la marche
À Kinshasa
Le 31 décembre, à Kinshasa, plusieurs fidèles catholiques ont réussi à manifester avant d’être dispersés par les forces de l’ordre à coup des gaz lacrymogènes et tirs à balles réelles.
C’est le cas des catholiques de la paroisse Saint Robert de la commune de la N’sélé. Ces fidèles, conduits par leur curé, ont marché jusqu’à à atteindre les abords de l’aéroport de N’djili avant d’être dispersés par les forces de l’ordre.
Des manifestants provenant de la paroisse Saint Augustin, dans la commune de Lemba, ont également réussi à tromper la vigilance des forces de l’ordre en marchant durant quelques mètres, avant d’être stoppés par les forces de sécurité. D’après des témoins, les manifestants, faisant face à des militaires lourdement armés, se sont mis à genoux et ont commencé à prier. Après un temps d’observation, le commandant de cette unité a ordonné à ses militaires de disperser les manifestants par des tirs de sommation.
Même scenario au quartier Mbudi (Mont Ngafula), où des témoins rapportent que des fidèles de la paroisse Saint Léonard ont défié les forces de l’ordre déployés devant l’Eglise en marchant, avec bibles et chapelets en mains. Dispersés quelques mètres plus loin par une autre unité venue en renfort, la plupart des manifestants ont réussi à contourner le piège de la police et se sont ralliés avec des manifestants d’autres églises, des centaines de mètres plus loin.
Toutefois, certains fidèles catholiques n’ont pas réussi ni à sortir de leurs paroisses, ni à marcher comme ils avaient bien prévu.[13]
Les fidèles catholiques de la paroisse Notre Dame de Fatima, située au quartier Mitendi dans la commune de Mont-Ngafula (Kinshasa) ont affirmé avoir été empêchés d’accéder à l’Eglise et que leur curé, le père Crispin, est aux arrêts.[14]
A Lemba, dans la paroisse Saint-Benoît, un témoin nous explique que «tout avait commencé paisiblement. Mais au moment de sortir de la messe et commencer à marcher sur l’invitation du curé, des jeeps sont arrivées avec des gardes présidentielles, les Bana Mura, avec leur béret rouge. Ils ont commencé à tirer des gaz lacrymogènes pour nous empêcher d’entamer la marche».
Selon un fidèle de la paroisse Saint-Michel de Bandalungwa, où se trouvait notamment l’opposant Vital Kamerhe, «les militaires ont fait irruption et n’ont pas hésité un instant à tirer à balles réelles juste au-dessus des têtes. Ils étaient lourdement armés, de vrais Rambo qui parlaient anglais. Ce ne sont pas des Congolais». La messe était encore en cours et l’officiant a dû interrompre le culte.
A la paroisse Saint-Alphonse de Matete, on a déploré les premiers morts. Deux fidèles auraient été tués «par balles tirées par la police. Il y a de nombreux blessés. Le prêtre est aussi touché», selon un fidèle.[15]
À la Cathédrale Notre Dame du Congo, à Lingwala, à l’arrivée du président du Rassemblement, Félix Tshisekedi, la police a lancé des gaz lacrymogènes pour disperser les militants qui s’étaient amassés autour de lui. 3 jeeps de la police ont fait irruption dans l’enceinte de la paroisse. Félix Tshisekedi a préféré repartir chez lui et a abandonné le cortège dès avant son départ. Un geste qui lui a valu d’être copieusement hué par les paroissiens qui se sont vus abandonnés. Vu cette attitude du président du Rassemblement et la présence policière, le curé a demandé aux fidèles de rentrer chez eux pour “éviter un bain de sang”.[16]
À l’église St-Raphaël, à Limete, les forces de l’ordre ont empêché les fidèles de sortir du bâtiment pendant plus de trois heures. Plus de 600 personnes auraient ainsi été enfermés dans l’édifice où des gaz lacrymogènes ont été tirés. Une personne qui se trouvait sur place témoigne: «il y a plusieurs blessés, d’autres sont évanouis et une maman a été évacuée vers l’hôpital car elle a reçu une balle dans la tête».[17]
A la paroisse Saint Joseph, dans le quartier Matonge, les chrétiens ont pu marcher jusqu’au rond-point Victoire, où ils ont été dispersés par la police et l’armée qui ont tiré contre eux des gaz lacrymogènes. Présent, l’opposant Martin Fayulu s’est dit étonné du dispositif impressionnant de la police, alors que le gouverneur André Kimbuta avait déclaré ne pas disposer d’assez d’éléments pour sécuriser la marche.[18]
À l’intérieur du Pays
À Kananga (Kasai Central), les paroissiens des églises Notre Père et Saint Paul ont tenté de se regrouper. L’armée a ouvert le feu et le bilan fait état d’une personne tuée. Un responsable militaire qui a requis l’anonymat a expliqué qu’ ils ont vu des jeunes gens avec des bandeaux rouges et les ont assimilés aux miliciens Kamwina Nsapu. C’est ce qui explique que les militaires ont ouvert le feu faisant ainsi 1 mort du côté des manifestants.[19]
À Mbandaka (Équateur), la plupart de principaux axes routiers et lieux publics ont été quadrillés par les forces de l’ordre. Plusieurs policiers ont été déployés à l’entrée de chaque paroisse et la plupart des fidèles qui voulaient manifester à la sortie du culte dominical ont été dispersés. Quelques tentatives de manifestations ont été étouffées à coup des gaz lacrymogènes.
A Lisala, les autorités provinciales ont également déployé des policiers à travers la ville et devant les édifices de l’Eglise catholique. Lors de l’office matinal à la paroisse Saint-Hermès de Lisala, le curé a indiqué dans son homélie que le mot d’ordre de la marche pacifique des laïcs chrétiens n’engageait pas l’église catholique. Cependant, le G7, une plate-forme de l’opposition politique, et le mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) ont projeté de marcher à partir de midi, heure locale.[20]
À Kisangani (Tshopo), on n’avait pas prévu de marche. D’après l’archevêque, Mgr Marcel Utembi, le comité laïc catholique n’existe pas dans l’archidiocèse de Kisangani. Le prélat catholique a par ailleurs interdit la célébration du 120ème anniversaire de l’évangélisation de la ville de Kisangani, prévue ce dimanche. Il a précisé que c’est pour des raisons sécuritaires. Un dispositif sécuritaire important a été déployé depuis samedi sur les grands carrefours de la ville.[21]
À Goma (Nord Kivu), la marche pacifique prévue par le Comité laïc de coordination (CLC) n’a pas eu lieu, à la grande déception de quelques fidèles. A la cathédrale de Virunga, comme dans toutes les paroisses de la ville, les fidèles catholiques qui s’attendaient à un mot d’ordre pour le début de la manifestation à la fin du culte, se sont dits «déçus», car la plupart des officiants n’ont donné aucun ordre en lien avec la manifestation programmée par le CLC. D’autres décrient la militarisation de la ville de Goma, alors que la marche des catholiques a été déclarée pacifique: «Nous n’avons pas pu marcher. On ne nous a rien dit. Partout, il y a des policiers qui attendent à nous tirer dessus si on ose faire la marche. Ils sont bien armés. C’est comme si l’on était en guerre».[22]
À Uvira, Fizi et Mwenga (Sud-Kivu), les messes se sont déroulées normalement. Juste après l’office, la plupart des fidèles ont regagné leurs familles.
Suite à l’absence du comité laïc de coordination à Uvira, la société civile et le Rassemblement de l’opposition avaient appelé à des manifestations pour soutenir l’initiative des laïcs catholiques.
De leur côté, les autorités territoriales avaient interdit cette manifestation, estimant l’initiative «inopportune, car le calendrier électoral a été déjà publié et la loi électorale promulguée».
À la cathédrale Saint Paul d’Uvira, l’officiant n’a fait allusion à aucune manifestation. Il a cependant exhorté les fidèles à prier pour le pays et pour cette fin d’année.
Pour sa part, l’évêque du diocèse d’Uvira, Monseigneur Sébastien Muyengo Mulombe, a célébré la messe à Luvungi, dans la plaine de la Ruzizi, dans le cadre du jubilé de la paroisse locale. Dans son homélie, le prélat n’a fait aucune allusion à la marche décrétée par le comité laïc catholique. Il a aussi demandé aux fidèles de prier pour le pays, en vue de la tenue d’élections démocratiques et pour le développement.[23]
À Kamina (Haut-Lomami), douze membres de l’UDPS ont été arrêtés à la sortie d’une église catholique. Quatre d’entre eux, grièvement blessés lors de l’intervention de la police, sont admis à l’hôpital général de référence. Me Pascal Betu, président de la ligue des jeunes de l’UDPS dans le Haut-Lomami, a exigé leur libération.[24]
Selon une source onusienne, «le bilan provisoire de cette journée du 31 décembre 2017 est de huit morts, dont sept à Kinshasa et un à Kananga, dans le centre du pays. 82 arrestations, dont deux prêtres, ont eu lieu à Kinshasa et 41 sur le reste du pays». Selon un décompte de la police et du gouvernement donné un peu plus tôt, un policier et trois civils ont été tués à Kinshasa. «Deux jeunes ont été tués à la paroisse Saint-Alphonse de Matete», dans l’est de Kinshasa, tandis qu’une autre personnes a été tuée dans la commune populaire de Masina, a déclaré le colonel Pierrot-Rombaut Mwanamputu, porte-parole de la police, à la télévision publique. Selon un communiqué du gouvernement, un policier a également été tué.[25]
Le Rassemblement de l’Opposition a avancé le chiffre des 11 personnes tuées. Le président du Rassemblement, Antoine Félix Tshisekedi, a appelé la population congolaise à observer une journée de deuil national le lundi 8 janvier prochain, jour prévu pour la rentrée des classes. Il a aussi appelé la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir une enquête sur les “crimes à répétition” commis par le pouvoir de Kinshasa, dont ceux de ce dimanche 31 décembre 2017.[26]
Le 1er janvier, le gouvernement a annoncé la levée de la mesure suspendant l’accès à l’internet et aux SMS. Le ministre des Postes, Télécommunication et nouvelles technologie de l’information et de la communication (PTNTIC), Emery Okundji, a précisé que la levée sera effective à partir de 23 heures. Il a affirmé que, après évaluation, les raisons ayant justifié la suspension d’accès à l’internet et aux SMS n’existent plus.[27]
Le 3 janvier, la Nonciature Apostolique a publié un rapport technique selon lequel «134 paroisses ont été encerclées et isolées par les forces de sécurité. 2 paroisses avec entrave d’accès des fidèles et impossibilité de célébration de la messe. 5 paroisses avec célébration de la messe interrompue par les forces de l’ordre. 18 paroisses avec des clôtures envahies par les forces de sécurité. 10 paroisses avec enclos perturbés par le lancement de gaz lacrymogène. 3 paroisses avec rapport des décès: 1 décès à Saint Dominique, 2 à Sainte Famille et 2 autres à Sainte Alphonse. 6 prêtres et 1 séminariste arrêtés».[28]
c. Après la marche
Le 1er janvier, dans un communiqué, le Comité Laïc de Coordination (CLC) a annoncé son intention de poursuivre ses actions dans les prochains jours:
«Ce dimanche 31 décembre 2017, nous avons été des millions à travers notre pays à nous être mobilisés, au-delà des étiquettes politiques, au-delà de la considération individuelle pour dire STOP à la souffrance du peuple congolais. Nous avons marché pour dire à la face du monde que nous reprenons notre destin en main.
Le pouvoir en place n’a pas hésité à tirer à balles réelles sur la population … à lancer des gaz lacrymogènes dans les églises pendant des cultes, à séquestrer des fidèles dans des paroisses, constituant en cela une violation grave des lieux sacrés.
Malgré cette violence de répression, malgré de nombreuses barricades placées pour encercler les quartiers et les paroisses de la capitale (Kinshasa, ndlr), la population a montré à la face du monde sa détermination; elle n’a pas cédé à la peur, elle a marché avec courage et discipline. Nul ne peut se croire plus fort que nous tous réunis (…)
Le bilan provisoire est lourd : il y a eu une dizaine de morts, des dizaines de blessés et des centaines d’arrestations.
Nous pensons à nos compatriotes qui ont perdu leur vie ainsi qu’à leurs familles, nous leur disons que leurs sacrifice ne resteront pas vains.
Chers compatriotes, il faut que ceux qui s’accrochent au pouvoir dans notre pays sachent que le pouvoir nous appartient, que le pays nous appartient à tous. Nous sommes décidés de reprendre notre destin en main, pour construire un avenir meilleur pour nos enfants; pour dire HALTE à la dictature (…) Nous ne pouvons plus faire marche arrière. Nos enfants nous regarde, le monde entier nous regarde, notre conscience nous interpelle. Nous nous donnons quelques jours pour enterrer dignement nos compatriotes morts pour la patrie; et pour soigner nos blessés. Les Congolaises et les congolaise ne laisseront plus de répit au pouvoir en place.
Ils exigent le respect et l’application stricte de l’accord de la Saint Sylvestre, à savoir :
- Une déclaration publique du Président de la République qu’il ne sera pas candidad à sa propre succession conformément à la Constitution;
- La mise en application effective, intégrale et de bonne foi de l’accord de la Saint Sylvestre, notamment des mesures ci-après:
- La libération de tous les prisonniers politiques
- La fin de l’exil des opposants menacés d’arrestation à leur retour au pays
- La fin du dédoublement des partis politiques
- La libération des espaces médiatiques et particulièrement de la RTCN
- La réouverture des médias injustement fermés
- La restructuration de la CENI, afin de recréer la confiance entre l’électorat et l’institution organisatrice des élections
- L’utilisation du calendrier récemment proposé par la CENI comme outil de travail pour l’élaboration d’un calendrier électoral consensuel
- Le libre exercice des activités politiques par tous».[29]
Le 2 janvier, dans un communiqué, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) a condamné «avec la dernière énergie» le recours à la violence par certains agents des forces de l’ordre lors des marches du 31 décembre 2017:
«– À propos de la marche du 31 décembre 2017 promue par le Comité Laïc de Coordination (CLC) de l’Archidiocèse de Kinshasa, la CENCO est profondément choquée par les actes ignobles qui s’en sont suivis. Elle déplore l’atteinte à la vie humaine et présente ses condoléances aux familles des victimes innocentes. Elle condamne l’atteinte à la liberté de culte garantie dans tout Etat démocratique, la profanation de certaines églises et l’agression physique des fidèles dont les servants de messe et les Prêtres.
– La CENCO condamne avec la dernière énergie le recours à la violence par certains agents de l’ordre, violence non justifiée qui a occasionné la mort d’hommes. Nous le rappelons, la vie humaine a un caractère sacré et inviolable. Aussi, la CENCO demande-t-elle une enquête sérieuse et objective pour établir les responsabilités sur les pertes en vie humaine et les agressions physiques.
– La CENCO saisit cette occasion pour rappeler à tous les compatriotes que l’unique voie pacifique de sortie de cette crise artificielle c’est la mise en œuvre intégrale et complète de l’Accord de la Saint-Sylvestre qui, en dépit des graves entorses subies, demeure d’actualité».[30]
Le 2 janvier, le Cardinal Laurent Monsengwo a condamné la répression violente de la marche des chrétiens catholiques par «des prétendus vaillants hommes en uniforme». Cette manifestation pacifique avait été initiée par le Comité laïc de coordination (CLC) pour revendiquer «l’application réelle» de l’accord du 31 décembre 2016.
Le Cardinal Laurent Monsengwo a condamné et stigmatisé les agissements de ces «prétendus vaillants hommes en uniforme», agissements qui s’apparentent malheureusement à la barbarie: «le fait d’empêcher les fidèles chrétiens d’entrer dans les églises pour participer à la célébration eucharistique dans les différentes paroisses de Kinshasa, le vol d’argent et d’appareils téléphoniques, la poursuite, la fouille systématique des personnes et de leurs biens dans l’église et dans les rues, l’entrée des militaires dans les cures de quelques paroisses sous prétexte de rechercher les semeurs des troubles, les tueries, les tirs à balles réelles et à bout portant sur des chrétiens tenant en mains bibles, chapelets, crucifix et statues de la Vierge Marie».
L’archevêque de Kinshasa s’est demandé: «comment ferons-nous encore confiance à des dirigeants incapables de protéger la population, de garantir la paix, la justice et l’amour du peuple? Comment ferons-nous confiance à des dirigeants qui bafouent la liberté religieuse du peuple?».
D’un ton ferme, il a également affirmé que «l’instrumentalisation de la liberté religieuse pour masquer les intérêts occultes comme par exemple l’accaparement des ressources, des richesses, le maintien au pouvoir par des méthodes anticonstitutionnelles, peut provoquer et provoque des dommages énormes à la société congolaise».
Il s’est dit convaincu que «l’accord politique global et inclusif parrainé par la CENCO est violé volontairement» et que «il est temps que les dirigeants médiocres dégagent, pour que règnent la paix et la justice en RD Congo».[31]
d. Quelques considérations
La tant attendue date fatidique en RDC est passée. Le 1er janvier 2018, Joseph Kabila était toujours président. Mais cette journée aura laissé des traces. Marqué par des marches pacifiques, à l’appel du comité des Laïcs de l’Église catholique, mais aussi par la violence perpétrée par les forces de sécurité, le 31 décembre 2017 laissera un avant et un après.
L’avant, c’est l’incapacité de mobiliser la population, à laquelle l’opposition avait commencé à s’habituer. Des appels à manifester du Rassemblement, le 10 avril, le 30 novembre ou encore le 19 décembre 2017, se soldant souvent soit par une ville morte improvisée et infructueuse, soit par des leaders empêchés de sortir de leurs domiciles. De quoi jeter le doute sur la capacité réelle des adversaires de Joseph Kabila à le faire bouger de son poste de président. Mais ça, c’était avant le 31 décembre 2017 et l’entrée en scène du comité des Laïcs, une influente structure proche de l’Église catholique.
Le 31 décembre 2017 marquera probablement un nouveau tournant dans la lutte du peuple congolais en quête de démocratie: Chants et slogans au son de «Kabila mandat esili», «Kabila, le mandat est terminé» se sont entremêlés aux gaz lacrymogènes et aux tirs en l’air ou sur des civils. Les rares images qui ont pu filtrer, alors que le pays était soumis à une coupure totale d’internet, ont réussi à mettre en évidence la détermination et la défiance des Kinois, toujours aussi intactes, à l’égard du pouvoir en place. Pour le pouvoir congolais, qui a réussi jusque-là à se servir des divisions au sein de l’opposition pour s’imposer, l’église catholique est un acteur à la fois inattendu et difficile à affronter.[32]
Malgré la répression, l’Église catholique a démontré qu’elle a la capacité de mobiliser le peuple quand, depuis un an, les appels de l’opposition n’ont rencontré que peu d’écho et les lacunes dans l’application de l’accord de la Saint-Sylvestre parrainé par la conférence des évêques risquent d’entacher son crédit à terme. L’Église catholique a prouvé ce 31 décembre qu’elle reste une autorité morale qui compte. Elle n’avait pas formellement appelé à soutenir la marche, mais les prêtres ont joué un rôle clef dans la mobilisation. Certains d’entre eux ont même pris la tête des cortèges. L’opposition, elle, a accepté de se placer sous sa tutelle, n’arborant aucun logo ni pancarte. On n’avait plus vu autant de monde tenter de défiler depuis plus d’un an, en tout cas dans les rues de Kinshasa.[33]
[1] Cf Forum des As – Kinshasa, 27.12.’17 http://www.forumdesas.org/spip.php?article14191
[2] Cf 7sur7.cd, 28.12.’17 https://7sur7.cd/new/2017/12/marche-du-31decembre-le-clc-saisit-officiellement-kimbuta/
[3] Cf Edmond Izuba et Grevisse Tekilazaya – Cas-info.ca, 28.12.’17; Hubert Leclercq – La Libre / Afrique, 28.12.’17
[4] Cf Stanys Bujakera – Actualité.cd, 29.12.’17
[5] Cf Tony Dibendila – Cas-info.ca, 29.12.’17
[6] Cf Grevisse Tekilazaya – Cas-info.ca, 30.12.’17; Rachel Kitsita – Actualité.cd, 29.12.’17; Elysée Odia – 7sur7.cd, 29.12.’17
[7] Cf Patrick Maki – Actualité.cd, 30.12.’17
[8] Cf Politico.cd, 30.12.’17
[9] Cf Djodjo Vondi – Actualité.cd, 30.12.’17
[10] Cf Hubert Leclerq – La Libre / Afrique, 30.12.’17
[11] Cf Actualité.cd, 30.12.’17
[12] Cf Actualité.cd, 30.12.’17 https://actualite.cd/2017/12/30/rdc-internet-sms-coupes-decision-ministre-pt-ntic/
[13] Cf Radio Okapi, 31.12.’17
[14] Cf Radio Okapi, 31.12.’17
[15] Cf Hubert Leclercq – La Libre / Afrique, 31.12.’17
[16] Cf Actualité.cd, 31.12.’17; Hubert Leclercq – La Libre / Afrique, 31.12.’17
[17] Cf Hubert Leclercq – La Libre / Afrique, 31.12.’17
[18] Cf Actualité.cd, 31.12.’17
[19] Cf Actualité.cd, 31.12.’17
[20] Cf Radio Okapi, 31.12.’17
[21] Cf Radio Okapi, 31.12.’17
[22] Cf Radio Okapi, 31.12.’17
[23] Cf Radio Okapi, 31.12.’17
[24] Cf Radio Okapi, 01.01.’18
[25] Cf AFP – Jeune Afrique, 31.12.’17
[26] Cf Actualité.cd, 01.01.’18; Cas-info.ca, 01.01.’18
[27] Cf Radio Okapi, 01.01.’18 ; Actualité.cd, 02.01.’18
[28] Cf Will Cleas Nlemvo – Actualité.cd, 04.01-‘17
[29] Cf Actualité.cd, 02.01.’18 https://actualite.cd/2018/01/02/rdc-clc-declare-quil-ny-aura-plus-de-repit-pour-le-pouvoir-place/
[30] Cf http://cenco.cd/mise-point-indignation-de-cenco-relatives-a-marche-31-decembre-2017-organisee-comite-laic-de-coordination-de-larchidiocese-de-kinshasa/
[31] Cf Radio Okapi, 02.01.’18
[32] Cf Cas-info.ca, 01.01.’18
[33] Cf RFI, 01.01.’18