Quand on viole la liberté de manifestation

Editorial Congo Actualité n. 338 – Par le Réseau Paix et Congo

 

Interdiction et répression

Ça fait déjà plusieurs mois que les autorités administratives (maires et gouverneurs) ont pris l’habitude d’interdire, surtout à l’opposition, l’organisation de manifestations à connotation politique, y compris des meetings et des matinées politiques. Les forces de sécurité interviennent immédiatement pour disperser tout rassemblement de plus de 5-10 personnes, en recourant souvent à un usage disproportionné de la force, en utilisant des gaz lacrymogènes, en brandissant des coups de matraque, ou même en tirant à balles réelles sur la foule des manifestants.

Tout ceci constitue une violation grave, de la part des autorités locales et centrales, de la Constitution, qui garantit le droit d’expression et de manifestation; révèle un total mépris de la démocratie, qui est un espace vital de liberté et de participation; indique le manque absolu du respect des droits de l’homme, qui donnent dignité à chaque personne et matérialise cette violence d’État qui sape les socles de l’État de droit. Il en résulte que tout acte entrepris par les autorités, locales et centrales, pour empêcher ou réprimer toute tentative de manifestation est contraire à la Constitution, inhumaine, déplorable et donc condamnable.

Radicalisation de la protestation

D’autre part, en occasion de certaines journées « villes mortes » ou de quelques tentatives de manifestation, certains manifestants n’hésitent pas à placer des pierres ou à bruler des pneus au milieu des routes, afin d’empêcher la circulation des véhicules. Ce sont deux gestes qui peuvent contribuer à perturber la vie normale de la société ou, même, l’ordre public, ce qui offre aux forces de sécurité un prétexte pour intervenir et empêcher la tentative de manifestation. Ce qui avait été conçu comme moyen pour protester contre le pouvoir risque de devenir un boomerang contre les mêmes manifestants.

 

Devoirs et responsabilités

– Les autorités compétentes devraient prendre en considération la nécessité d’abroger la disposition actuelle sur l’interdiction des manifestations, pour se limiter à appliquer correctement et strictement ce que la loi prévoit sur la liberté d’expression, de réunion et de manifestation, dans le respect de la Constitution et des droits de l’homme.

– Les organisateurs des manifestations devraient s’accorder avec les autorités compétentes sur la modalité, la date, l’heure, le lieu et le parcours de la manifestation, afin qu’elles puissent prendre les mesures appropriées pour assurer la sécurité des personnes et des biens pendant la manifestation elle-même.