Congo Actualité n. 332

SOMMAIRE

ÉDITORIAL: PRIORITÉ ABSOLUE AUX ÉLECTIONS PRESIDENTIELLES

  1. UN PEUPLE DÉTERMINER À MAINTENIR LA PRESSION SUR LE POUVOIR
    1. Les manifestations du 31 juillet
    2. Les deux journées « villes mortes » du 8 et 9 août
    3. Les « matinées politiques » du 20 août
  2. LES NOMINATIONS CONTESTÉES DE DEUX VICE-PRÉSIDENTS DU CNSA
  3. LE PROCESSUS ÉLECTORAL
    1. La question de la publication du calendrier électoral
    2. La Commission électorale soupçonnée de gestion financière opaque
  4. FÉLIX TSHISEKEDI, PROCHAIN PREMIER MINISTRE FIN SEPTEMBRE?

 

ÉDITORIAL: PRIORITÉ ABSOLUE AUX ÉLECTIONS PRESIDENTIELLES

 

 

 

 

1. UN PEUPLE DÉTERMINER À MAINTENIR LA PRESSION SUR LE POUVOIR

 

a. Les manifestations du 31 juillet

 

Le 31 juillet, les organisations de la société civile et les mouvements citoyens, dont la LUCHA, réunis dans le Collectif d’Actions de la Société Civile (CASC), ont organisé des manifestations pacifiques dans quelques grandes villes du pays notamment Kinshasa, Goma, Bukavu, Lubumbashi, Kisangani, Bunia, Beni, Butembo, pour réclamer la tenue des élections cette année. Dans presque toutes les villes, il est prévu une marche avec comme point de chute le siège de la Commission électorale, pour lui remettre un mémorandum.

La date du 31 juillet correspond à la date que le président de la Commission électorale avait annoncée pour clôturer la révision du fichier électoral sur toute l’étendue de la RDC.

Objectif des manifestations: réclamer de la CENI la publication du calendrier électoral et la tenue des scrutins avant le 31 décembre 2017, comme prévu dans l’accord du 31 décembre 2016.

Cette action est soutenue par quelques regroupements politiques et personnalités de l’opposition politique, notamment le Rassemblement de l’opposition dirigé par Felix Tshisekedi et Pierre Lumbi, le Front pour le Respect de la Constitution, coordonné par Eve Bazaiba, Vital Kamerhe de l’UNC ainsi que Moise Katumbi.[1]

 

La veille, dans plusieurs villes, les autorités locales avaient interdit la marche, en expliquant que la situation sécuritaire ne permettait pas l’organisation de cette activité. En effet, depuis les premières heures du matin, la police et l’armée ont été déployés dans tous les points stratégiques et les artères principales des différentes ville, pour empêcher tout rassemblement de personnes. Les manifestants qui essayaient d’entamer une marche ont été vite dispersés à coup de matraque ou de gaz lacrymogènes. Le porte-parole de la police, Pierrot Mwanamputu, a affirmé que les manifestations sur la voie publique sont garanties par la Constitution de la République et que, selon le décret-loi numéro 199 de janvier 1999 portant réglementation des manifestations, les organisateurs doivent se concerter avec les autorités politico-administratives, pour se convenir de l’itinéraire à suivre, afin que les forces de l’ordre les encadrent jusqu’au point de chute. Selon lui, cela n’a pas été le cas et c’est pour cela que les forces de l’ordre ont interpellé plusieurs manifestants pour leur mise en garde. C’est ainsi qu’il a reconnu qu’il y a eu 17 arrestations à Kinshasa, 11 à Butembo et une quarantaine à Goma.[2]

 

Amnesty international, qui a dressé un bilan de plus d’une centaine de personnes interpellées et de quatre autres blessées, a déploré le recours excessif à la force, parfois avec des tirs à balles réelles, de la part de la Police nationale congolaise (PNC). Selon les informations recueillies par Amnesty international, les forces de sécurité congolaises ont fait usage de grenades lacrymogènes et tiré à balles réelles sur des manifestants pacifiques dans six des onze villes concernées par les manifestations. Le chercheur d’Amnesty international sur la RDC, Jean-Mobert Senga, a plaidé pour la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes, y compris des journalistes, arrêtées dans le cadre de ces manifestations pacifiques, en ajoutant que, alors que la RDC se trouve dans un processus politique et électoral crucial pour son avenir, les autorités congolaises doivent de toute urgence prendre des mesures pour arrêter cette répression acharnée contre toute forme de dissidence.[3]

 

Le 1er août, dans l’après-midi, les 53 membres du mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA), arrêtés le jour précédent suite à leur manifestation publique à Goma (Nord-Kivu), ont été relâchés. Au cachot de la police de «Kahembe», où ils étaient incarcérés, il reste encore cinq autres militants, a indiqué Gislain Muhiwa de LUCHA, qui a demandé leur libération sans condition.[4]

 

Le 2 août, les huit militants de LUCHA, arrêtés par la police le 31 juillet à Beni (Nord-Kivu), ont été libérés. Ils étaient accusés par le colonel Safari Kazingufu, commandant de la police dans la ville de Beni, «de troubles à l’ordre public et d’outrage à l’autorité».[5]

 

b. Les deux journées « villes mortes » du 8 et 9 août

 

Le 8 et 9 août, le Rassemblement de l’Opposition a organisé deux journées « ville morte » sur toute l’étendue du territoire national, pour demander à la Commission électorale la publication du calendrier électoral et l’organisation des élections avant le 31 décembre 2017, comme prévu par l’accord du 31 décembre 2016. L’initiative a été plutôt bien suivie le premier jour, surtout dans la matinée, nettement moins le deuxième jour. Aucun incident majeur n’a été signalé. L’opposition a qualifié  de « réussite totale » cette initiative, tandis que la majorité pro-Kabila a stigmatisé un « coup dur à notre fragile économie« .[6]

 

Le 8 août, à Kinshasa, on a assisté à une journée ville-morte à demi-teinte. Vers 9h00 du matin, les activités tournaient au ralenti et certains marchés, boutiques, magasins, bars, postes de télécommunications, stations de carburant n’étaient pas opérationnels. Les moyens de transport étaient rares, les routes dégagées et la circulation fluide. Toutefois, des vendeuses de pain, des mécaniciens, des motards, des changeurs de monnaie exerçaient leurs activités normalement.

Les Kinois n’hésitent pas à exprimer leur ras-le-bol suite à des actions politiques dont ils sont souvent victimes des dommages collatéraux. Et cette énième ville-morte ne semble pas être du goût de certains Kinois qui ont décidé tout de même de braver la peur pour aller vaquer à leurs occupations quotidiennes.

Il est encore 8 heures et, bien que sur l’arrêt Parking de Moulart entre Bandalungwa et Ngiri-Ngiri les taxis sont rares, on y voit tout de même nombre de gens impatients dans l’attente d’un éventuel taxi pouvant les conduire au centre-ville.

La route est quasi-déserte. Seuls des moto-taxi sont très présents et font des courses sur un tarif exorbitant vu la rareté d’autres moyen de transports. Habituellement une course se négocie à 1000 Fc. Mais sachant qu’il y a un grand nombre de clients qui n’ont pas d’autres moyens de transport que la moto, des motocyclistes doublent le prix dans le but de se faire encore plus d’argent.

« Il n’y a pas de taxis. Mais je dois toujours y aller sinon ça va être dommage », se plaint un homme dans une conversation téléphonique. Comme plusieurs, il est cloué à l’arrêt de bus sur Moulart dans la commune de Bandalungwa espérant trouver un taxi afin d’arriver dans le lieu de son travail.

Certains d’entre eux disent vivre de la débrouillardise. Ils disent avoir l’impression que cette journée « ville morte » n’est rien d’autre qu’une nouvelle épine dans le cœur. Leur survie en dépend. La situation économique du pays est déjà chaotique. «Aucun politicien nous distribue des pains gratuits dans nos maisons. Nous vivons au taux du jour. Ils ne peuvent pas nous empêcher d’aller nous débrouiller », commente une femme au cours de la discussion à l’arrêt de bus.

Les taxis sont rares. Quelques uns se présentent à l’arrêt mais les gens se bousculent au point de frustrer. Les passagers cherchent à tout prix à regagner le centre-ville pour travailler. Mais la bataille pour occuper une place dans un taxi est spéciale. C’est avec des coups, voir des empoignades que les uns et les autres se livrent. Finalement, les plus courageux réussissent à partir et les autres traînent encore pendant de longues minutes.[7]

 

À Goma (Nord Kivu), les activités tournaient au ralenti. Selon certaines sources sur place, il n’y a quasiment pas eu d’activités au centre commercial de Birere. Seuls quelques rares taxi-motos et bus ont été aperçus par moment au centre-ville de Goma. A en croire les mêmes sources, plusieurs jeunes avaient placé des barricades sur la route Katindo-Ndosho à la sortie ouest de la ville pour empêcher la circulation. D’autres brûlaient des pneus sur la chaussée, sur l’axe «Entrée ULPGL» à Goma. C’est vers la mi-journée que quelques commerces ont commencé à ouvrir au centre commercial de Birere, considéré comme le cœur des activités commerciales à Goma. Il n’y avait cependant pas l’engouement habituel.

À Beni (Nord Kivu), les banques, stations-services et quelques maisons de communication fonctionnaient normalement. Mais, plusieurs boutiques, magasins et galeries étaint fermés dans le centre commercial de Matonge, excepté les officines pharmaceutiques. Au marché central Kilokwa de Beni, la majorité des étales étaient vides et plusieurs boutiques fermées. Dans la commune rurale d’Oïcha, chef-lieu du territoire de Beni, toutes les activités ont marché normalement. C’est la même situation à Kasindi, à la frontière avec l’Ouganda, où le trafic frontalier ainsi que les boutiques, magasins et petits commerces étaient ouverts.

À Butembo, les activités ont tourné normalement au centre commercial de cette ville, où toutes les galeries étaint ouvertes. Cependant, toutes les banques sont restées fermées et il n’y a pas d’engouement au marché central de Butembo. En outre, cette ville est affectée depuis deux jours par la grève des taximen-motos, qui protestent contre l’insécurité qui y règne.

À Bukavu (Sud Kivu), les partis politiques et autres associations membres du Rassemblement de l’opposition au Sud-Kivu ont décidé de reporter la journée ville morte pour permettre à l’église catholique d’inhumer, le même jour, dans le territoire de Katana, l’archevêque Aloïse Mulindwa, décédé en Belgique en 1997.

À Uvira (Sud Kivu), la plupart des commerces, banques et représentations des télécoms étaient fermés jusqu’à la mi-journée. Au cour de la matinée, aucune moto, ni véhicule n’a été aperçu sur les grandes artères de la ville. Des témoins ont remarqué une présence renforcée des forces de l’ordre et de la défense dans certaines places dites stratégiques. Des groupes isolés des jeunes étaient également perceptibles le long de certaines artères de la ville. Certains d’entre eux ont recommandé au Rassemblement de mener des actions ciblant plus les gouvernants, estimant que les journées villes-mortes décrétées régulièrement par l’opposition affectent plus le petit peuple qui vit de la débrouillardise. Pour sa part, le représentant du Rassemblement de l’opposition / aile Limete à Uvira, Jean-Jacques Elakano affirme avoir subi la pression de la population pour que la durée de cette manifestation, initialement prévue pour deux jours, soit réduite à un seul jour, afin de ne pas étouffer le peuple.[8]

 

À Lubumbashi, au centre-ville les activités ont tourné normalement. Au quartier Apolo, en Commune de la Kenya, des accrochages ont opposé les forces de l’ordre à des jeunes identifiés comme membres et partisans de l’Union Nationale des fédéralistes du Congo (UNAFEC) de Kyungu wa Kumwanza. Jusqu’à 10 h 30 (heure locale), la situation est restée tendue perturbant ainsi la circulation. La veille, la police avait procédé à l’arrestation de certains jeunes membres du Rassemblement, à Matipisha, dans la Commune de Katuba. Ces arrestations sont intervenues alors que les jeunes, dont certains de l’UDPS, se regroupaient (Ndlr visiblement en prélude de la journée ville-morte).[9]

 

À Mbuji-Mayi (Kasaï-Oriental), les activités ont tourné au ralenti tout l’avant midi. La circulation des taxi-moto et des véhicules a été moins intense que d’habitude. Au grand marché Bakwa Dianga, les commerçants n’ont commencé à étaler leurs marchandises que vers 11 heures, tandis que au marché de Simis, dans la commune de la Muya, les étalages sont restés vides tout l’avant midi.

Au centre-ville cependant, la plupart des banques implantées le long du boulevard M’zée Laurent Désiré Kabila ont ouvert leurs portes, ainsi que certains commerces. Des sources sur place ont noté une forte présence de la police dans tous les carrefours et sites névralgiques de la ville.[10]

 

A Mbandaka dans l’Equateur, les agents de l’ordre n’ont pas été visibles. Tous les services de l’administration publique comme les établissements d’enseignement supérieur et universitaire fonctionnent normalement. Le centre commercial et les marchés de la place grouillent de monde comme à l’accoutumée. La plupart de la population de Mbandaka déclare n’avoir pas été au courant de l’appel à une quelconque ville morte. Les habitants se disent préoccupés d’abord par la recherche des moyens de survie. Toutefois, certains ne cachent pas leur crainte et indignation face à l’enlisement politique actuel du pays.[11]

 

Le 9 août, deuxième journée de ville-morte, à Kinshasa, vers 9h15 plusieurs commerces n’avaient pas encore ouvert. Sur l’Avenue Kasa-Vubu, les boutiques étaient encore fermées, mais certains détaillants étaient déjà en activité. La même situation était observée sur Rwakandingi. Sur Itaga, les magasins étaient encore fermés, mais les marchands des babouches étaient déjà là. Sur l’avenue Kato, les commerces n’avaient pas encore ouvert. Sur l’avenue du commerce, les boutiques et autres magasins étaient encore fermés. Sur Luambo Makiadi, les vendeurs des fournitures scolaires étalaient leurs marchandises.

Vers 10h30, la vie reprenait peu à peu sur l’Avenue Victoire, où les commerces, les quincailleries, les banques, les stations-essences avaient ouvert. La circulation également reprenait normalement.

Toujours dans la commune de Kasa-Vubu, le marché Gambela, l’un des plus grands marchés de Kinshasa, les commerces ont ouvert, vendeurs et acheteurs ont repris leurs activités. Les étalages sont occupés. Dans les quartiers Yolo et Kapela, les trafics ont repris également, surtout sur l’avenue de l’Université. Au Rond-point Ngaba, la circulation était normale et les activités avaient également repris. Dans le district de Tshangu englobant la commune de N’Djili, de Kimbanseke, de Masina, de N’sele et de Maluku, plusieurs maisons de commerce ont ouvert. Au rond-point Sainte Thérèse, la circulation était normale. Plusieurs personnes interrogées attribuent cette reprise des activités par le fait que les kinois vivent pour la plupart de la débrouillardise et qu’il leur est donc difficile de tenir 48 heures sans activités.[12]

 

Le 15 août, lors d’une conférence de presse tenue à Kinshasa, Bruno Mavungu, président du parti politique Union des démocrates pour la renaissance du Congo (UDRC), a demandé à tous les partis politiques de l’opposition de retirer leurs membres qui siègent dans les institutions hors mandat, pour faire pression sur le pouvoir en place. l’ancien secrétaire général de l’UDPS a en effet affirmé: «Nous demandons à tous ceux qui se disent de l’opposition qui sont dans les assemblées provinciales, qui sont gouverneurs, sénateurs, et ceux qui siègent à l’Assemblée nationale de quitter puisque personne n’a obtenu du peuple congolais un mandat de six ans ou de sept ans. Nous demandons à ce qu’ils quittent pour raison des pressions afin d’obtenir des élections qui sont attendues impérativement le mois de décembre 2017».[13]

 

c. Les « matinées politiques » du 20 août

 

Le dimanche 20 août, le Rassemblement de l’Opposition a organisé plusieurs matinées politiques à travers le pays. Les partis et les plateformes qui composent ce regroupement de l’opposition ont sensibilisé leurs membres et sympathisants pour exiger la mise en œuvre complète de l’Accord du 31 décembre 2016 et le départ de Joseph Kabila avant le 31 décembre 2017. Ces matinées politiques simultanées ont été organisées en lieu et place des meetings prévus ce 20 août depuis le dernier conclave tenu du 21 au 22 juillet à Kinshasa, mais suspendus pour des raisons sécuritaires et renvoyés au 3 septembre 2017. Ces meetings auront lieu dans toutes les grandes villes et cités du Pays.[14]

 

À l’issue d’une matinée politique, la Fédération du Maniema du Groupe des 7 (G7), a demandé au gouvernement de doter la Commission électorale des moyens financiers en vue de l’organisation des élections «au plus tard le 31 décembre 2017» et exigé la publication du calendrier électoral «conformément à l’accord du 31 décembre 2016». Pour le coordonnateur provincial du G7, Dieudonné Amisi Tchomba, si la CENI est butée à certaines difficultés techniques, elle peut «organiser d’abord la présidentielle qui ne pose pas assez de problèmes, car elle n’a qu’une seule circonscription électorale avec un seul siège».[15]

 

Au cours d’une matinée politique organisée à Lubumbashi, les partis politiques membres de l’Alternance pour la République (AR) du grand Katanga ont exigé la publication immédiate du calendrier électoral, la convocation du corps électoral au mois de septembre prochain et l’organisation des élections avant le 31 décembre 2017. Parmi les partis politiques qui ont pris part à cette rencontre, il y avait entre autres: SCODE (Solidarité congolaise pour le développement et la démocratie), PND (Parti national pour la démocratie et le développement), l’Envol, Conade (Conservateurs de la nature et démocrates), FCR (Front citoyen pour la République) et UDPS Kibasa.[16]

 

 

2. LES NOMINATIONS CONTESTÉES DE DEUX VICE-PRÉSIDENTS DU CNSA

 

Le 14 août, le Front pour Respect de la Constitution / aile nationaliste a accepté de participer au Conseil National de Suivi de l’Accord du 31 décembre 2016 (CNSA), en reconnaissant Joseph Olenghankoy comme président du CNSA et en occupant le poste de vice-président qui lui a été attribué. Cette décision a été prise à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire du CNSA tenue au palais du peuple à Kinshasa. Feliz Kalala, membre du Front, a affirmé que «le Front pour le respect de la constitution accepte le poste de vice-président du CNSA et le confie à Me Jérôme Lumona Ndubu, rapporteur général du Front, qui l’accepte à son tour. Le Front reconnait l’autorité de M. Joseph Olenghankoy en tant que président du CNSA». Le Front exige du président de la République, du président du CNSA et du président de la CENI, une «concertation, en vue d’un consensus pour un calendrier électoral réaliste, pour amener le peuple congolais à des élections démocratiques, transparentes et crédibles dans un climat apaisé».

Cependant, aucun membre du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), parti politique le plus important de cette plateforme, n’a été présent à cette assemblée générale. Le Front pour le Respect de la Constitution avait rejeté le poste du vice-président du CNSA. L’un des cadres du MLC, Jacques Djoli, avait indiqué que l’approche de la désignation de l’animateur de cette institution ne respectait pas la démarche prescrite par l’arrangement particulier.[17]

 

Le 15 août, le Front pour le Respect de la Constitution piloté par le MLC et Alliés a affirmé ne pas être concerné par la déclaration d’adhésion au CNSA dans son format actuel. Selon le sénateur Jacques Djoli, inspecteur général du MLC, la désignation des personnes qui vont diriger le CNSA a été faite en violation de l’esprit de l’accord du 31 décembre. Il fait remarquer que la déclaration faite le 14 août n’engage que certains individus qui sont à la recherche de fonctions et de postes. «Le Front pour le respect de la constitution est une institution qui fonctionne sur base des statuts notariés. Les personnes qui peuvent engager le Front sont connues. Si un individu veut, au nom d’un Front qu’il a inventé, occuper un poste, ça n’engage que cet individu», a souligné Jacques Djoli.[18]

 

Le 17 août, le parti politique Forces Populaires pour la Démocratie au Congo (FPDC) a dénoncé la nomination de Faustin Uma, l’un de ses membres, au poste de troisième vice-président du Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral (CNSA). Dans une correspondance adressée au président de cette institution, ce parti qualifie cette nomination d’escroquerie politique qui vise à ternir son image. «Monsieur Uma a été nommé vice-président du CNSA sans l’accord de son parti politique, les Forces populaires pour la démocratie au Congo. Raison pour laquelle notre parti politique n’est concerné ni de loin ni de près dans par cette nomination au sein du CNSA, qui viole d’ailleurs l’esprit de l’accord de Saint Sylvestre», a déclaré le président national de ce parti à Bunia, David Unger’tho. Selon lui, cette nomination répond plutôt à un «intérêt égoïste et personnel» qui ne concerne pas les FPDC.[19]

 

Le 17 août, le chef de la « section politique, communication, presse et information » de la délégation de l’Union européenne à Kinshasa, Bertrand Soret, a déclaré que le Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral (CNSA) devrait continuer à travailler pour obtenir l’inclusivité des dirigeants en son sein. À l’issue de sa rencontre avec Joseph Olenghankoy, président du CNSA, Bertrand Soret a affirmé que «Ç’a été une préoccupation, dès le départ de rendre cette institution aussi inclusive que possible. Le président [Joseph Olenghankoy] nous a fait part des démarches qu’il continue à avoir avec les uns et les autres pour qu’il y ait encore de nouveaux membres qui viennent se joindre à cette institution».[20]

 

3. LE PROCESSUS ÉLECTORAL

 

a. La question de la publication du calendrier électoral

 

Le 7 août, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a demandé à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) de lui envoyer un expert en élaboration du calendrier électoral. «Nous avons demandé à ce que l’OIF puisse avoir un représentant à la CENI comme nous avons des représentants permanents de l’Union européenne, du PNUD et de la Monusco. La même demande nous l’avons fait à la Majorité et à l’Opposition», a dit Norbert Basengezi, vice-président de la CENI, au sortir d’une rencontre avec une délégation de l’OIF.

Selon Norbert Basengezi, deux obstacles n’ont pas permis la publication jusque-là du calendrier électoral: l’insécurité au Kasaï et le manque d’opérativité du Conseil National de Suivi de l’Accord du 31 décembre 2016 (CNSA), car il ne serait pas encore complet et il ne disposerait pas encore d’un règlement d’ordre intérieur. À propos de cette deuxième question, il a affirmé que «si vous lisez à la page 7 de  l’accord du 31 décembre 2016, il est dit que nous devons élaborer ce chronogramme avec le gouvernement qui a été investi au mois de mai et le CNSA qui est encore en train d’élaborer son règlement intérieur. Si on le faisait nous-mêmes on allait violer cet accord. Nous leur avons déjà montré plusieurs projets de calendrier électoral. Nous allons le faire dans le respect de cet accord», a ajouté le vice-président de la CENI.

Toutefois, selon plusieurs observateurs, nulle part l’accord dit que le calendrier électoral doit être élaboré conjointement par la CENI, le Gouvernement et le CNSA. L’accord parle plutôt de l’évaluation de la mise en œuvre du calendrier électoral pour une éventuelle adaptation selon le contexte. Toujours selon es observateurs, la CENI devrait d’abord publier son calendrier…sur base duquel l’évaluation de sa mise en œuvre sera conjointement faite par les trois institutions.[21]

 

Le 17 août, à New-York, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation en République démocratique du Congo, la Représentante permanente adjointe de la France auprès des Nations Unies, Anne Guégen, a estimé qu’il est urgent que soit publié le calendrier électoral pour la RDC. Elle a appelé de ce fait au respect de l’accord du 31 décembre 2016: «Cet accord demeure la seule feuille de route crédible pour permettre la sortie de la crise que connait le pays. Il est urgent de le mettre en œuvre en toute bonne foi et dans son intégralité. Il appartient aux autorités congolaises de prendre dans les meilleurs délais, toutes les mesures nécessaires, afin que soient organisées, comme convenu dans l’accord, les élections crédibles et inclusives, au plus tard en décembre 2017. Il est en particulier urgent que soit publié le calendrier électoral».[22]

 

Le 17 août, le vice-premier ministre des Affaires étrangères, Leonard She Okitundu, a affirmé devant le Conseil de sécurité des Nations unies à New-York que les élections en RDC seront organisées selon le calendrier qui sera publié par la CENI.

«Ma délégation tient à rassurer que les élections auront bel et bien lieu en RDC conformément au calendrier électoral qui sera publié par la CENI. Il va de soi qu’en conformité avec l’accord du 31 décembre 2016, la CENI, le CNSA et le gouvernement évalueront très bientôt ensemble l’évolution des préparatifs pour apprécier la période exacte de la tenue des trois élections programmées, à savoir la présidentielle, les législatives nationales et les législatives provinciales», a promis Léonard She Okitundu. Il a en outre affirmé qu’aussitôt que le processus d’enrôlement sera achevé, «le gouvernement demandera, à la prochaine session parlementaire, l’inscription en urgence de l’examen sur la révision de la loi électorale et celle sur la répartition des sièges».

Le chef de la diplomatie congolaise a estimé que l’accord du 31 décembre est déjà mis en application. «A la faveur de l’accord du 31 décembre, un gouvernement d’union nationale dirigée par l’opposition est déjà à pied d’œuvre. Les dissensions internes au sein des certains partis politiques de l’opposition, inhérentes à tout processus politique, n’enlèvent en rien au gouvernement sa légalité issue de l’investiture par le Parlement national. Par ailleurs, la mise en place récente des membres du Conseil national de suivi de l’accord et l’adoption imminente de la loi sur l’organisation et le fonctionnement de cet organe vont permettre au processus déjà enclenché de poursuivre sa marche pour l’organisation des élections», a argumenté le vice-premier ministre des Affaires étrangères.[23]

 

Le 18 août, le vice-président de la CENI, Norbert Basengezi, a affirmé que le calendrier électoral sera publié après l’évaluation du processus électoral entre les acteurs nationaux et internationaux impliqués. Le vice-président de la Commission a aussi précisé que l’évaluation du processus électoral aura lieu le 27 août à Kananga: «Nous allons évaluer les aspects sécuritaires, juridiques, financiers, politiques, techniques et logistiques. A partir de cette évaluation, nous déroulerons notre calendrier. Nous avons besoins de ce consensus et comme l’accord du 31 décembre a voulu qu’on le fasse unanimement, nous allons le faire unanimement à partir de Kananga».[24]

 

Le 18 août, après examen des indicateurs économiques du pays, le député national Adolphe Muzito a estimé que les élections ne seront pas organisées en décembre 2017. L’ancien Premier ministre fait remarquer que le secteur économique est secoué par l’inflation de la monnaie locale et que, au 10 août, le gouvernement n’a pas pu mobiliser que le tiers de l’ensemble du budget national. «Le gouvernement n’a pas une grande marge, surtout qu’il a encore des arriérés pour l’enrôlement [près de 100 millions de dollars]. En outre, pour organiser les élections, on aura besoin de plus ou moins 500 millions de dollars. Ça signifie que c’est au courant de 2018 qu’on peut dégager des moyens. Encore que là, on peut douter que ça soit au premier semestre», a affirmé Adolphe Muzito.[25]

 

Le 20 août, à l’issue de son 37e sommet, la Communauté de Développement d’Afrique australe (SADC) a noté qu’il ne serait probablement pas possible d’organiser les élections en République démocratique du Congo en décembre 2017, en raison d’un certain nombre de défis à relever et dont elle n’a pas fourni de détails. Les participants à ce sommet ont aussi approuvé la nomination d’un envoyé spécial en RDC, qui aura notamment pour mission de «suivre le processus électoral».

Dans son discours de clôture, le président de l’Afrique du Sud, Jacob Zuma, a affirmé qu’il a été demandé à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de «faire connaître le calendrier électoral révisé». 15 chefs d’Etats membres de la SADC ont pris part à cette rencontre qui a eu lieu du 10 au 20 août, à Pretoria (Afrique du Sud).[26]

 

b. La Commission électorale soupçonnée de gestion financière opaque

 

Le 11 août, l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) et la plateforme Agir pour les Elections Transparentes et Apaisées (AETA) ont demandé au Conseil National de Suivi de l’Accord du 31 décembre (CNSA) et au Parlement de diligenter un audit financier externe de la gestion de la CENI, de 2016 à fin juin 2017. Ces deux ONG disent avoir constaté une certaine opacité dans l’exécution de fonds alloués à la CENI. Elles révèlent que les dépenses de fonctionnement ont été exécutées par la CENI en dépassement de 745% en 2016 et 3.727,7% pour les crédits provisoires à fin juin 2017. Selon leur communiqué de presse, «en 2016, les dépenses liées aux interventions économiques, sociales, scientifiques et culturelles ont été exécutées à hauteur de 18.370.000.000 FC sur une prévision de 363.128.624 FC soit 5.058,8%; et de janvier à juin 2017, elles ont été exécutées à 3.720.000.000 FC contre une prévision de 181.564.312 FC, soit un taux d’exécution de 2.048,9%».

Les deux associations notent aussi que le montant total des besoins exprimés par la CENI, lors du Conseil des ministres du 9 juin 2017, pour la révision du fichier électoral est estimé à 400.821.568,80 USD. Elles précisent que, de 2016 au 30 juin 2017, la Ceni a déjà perçu le montant de 436.843.125,42 USD. L’ODEP et l’AETA constatent que, à ces jours, la CENI a donc déjà reçu du gouvernement les fonds nécessaires pour les dépenses liées à la révision du fichier électoral. Par conséquent, les deux organisations s’étonnent d’entendre que la CENI a encore besoin de plus de 100 millions de dollars américains pour les mêmes besoins. Le secrétaire général de l’AETA, Gérard Bisambu, a donc affirmé qu’il est obligatoire que la CENI puisse rendre compte de sa gestion.

Des sources du bureau de la CENI renseignent que le changement des gouvernements a perturbé le plan de décaissement et c’est ce qui a créé ce déficit dans le financement des opérations électorales. Les mêmes sources indiquent que le décaissement des fonds par le gouvernement n’a repris qu’au mois de juillet et font remarquer que la Ceni rend compte régulièrement de l’exécution de son budget à l’Assemblée nationale.[27]

 

 

4. FÉLIX TSHISEKEDI, PROCHAIN PREMIER MINISTRE FIN SEPTEMBRE?

 

Le 15 août, dans un message sur Tweeter, le président du FIS, Kudura Kasongo, a révélé que le président du Rassemblement Félix Tshisekedi remplacera Bruno Tshibala au poste de Premier ministre au mois de septembre, pour conduire une transition de deux ans: «De source sûre, Bruno Tshibala quitte la Primature fin septembre 2017. Félix Tshisekedi va lui succéder et conduire une transition de 2 ans». Cet ancien porte-parole de la présidence fait savoir que les tractations se déroulent en coulisse entre l’UDPS et la Majorité pour accorder la primature au fils de l’opposant historique en contre partie d’un autre glissement de 2 ans en faveur de l’actuel président Joseph Kabila. A l’UDPS, on dément formellement ces allégations de Kudura Kasongo. Augustin Kabuya parle d’un canular pour ternir l’image de Félix Tshisekedi désigné candidat à l’élection présidentielle par la base de l’UDPS. Il faut rappeler que, dans le passé, à Ibiza et à Venise, des négociations entre l’UDPS et la Majorité Présidentielle, avaient déjà accouché d’une souris.[28]

 

Le 16 août, Félix Tshisekedi a rejeté toute idée ou négociation qui aboutirait à lui offrir le poste de Premier ministre. Sur son compte twitter, il a déclaré: «Je ne suis ni demandeur, ni preneur d’un poste de 1er ministre. La Kabilie qui est à l’agonie doit se sauver seule».

Le Rassemblement dirigé par Félix Tshisekedi continue à s’opposer non seulement à la signature de l’arrangement particulier sous la coordination des présidents des deux chambres du parlement, mais  à la nomination de Bruno Tshibala à la tête du gouvernement et de Joseph Olengankoyi à la présidence du CNSA. Il exige le respect strict de l’accord du 31 décembre 2016.[29]

 

Félix Tshisekedi a affirmé de ne pas voir comment le président Kabila, selon lui responsable de la crise actuelle, pourrait espérer encore diriger le pays après fin décembre 2017.

Dans une interview, Félix Tshisekedi a affirmé que la classe politique devra, de manière consensuelle, s’entendre sur une personnalité neutre et crédible qui devra, pendant une courte période, conduire le pays aux élections.

En excluant définitivement une nouvelle rallonge du président Kabila, Felix Tshisekedi a déclaré que, «si on arrive au 31 décembre 2017 et qu’il n’y a pas d’élections, en ce moment-là, il faudra que la classe politique arrive à un consensus sur une personnalité crédible et acceptée par tous, qui conduira le pays aux élections». L’opposant prévient, tout de même, que la personnalité qui obtiendra le consensus de tous, ne devra pas être candidate aux prochaines élections.

Très dur envers le régime Kabila, Félix Tshisekedi hurle contre les ténors du régime qu’il accuse d’avoir plongé le pays dans le chaos. «C’est Joseph Kabila et sa clique qui sont à la base de l’échec aujourd’hui. M. Kabila ayant torpillé le processus électoral, doit tirer les conséquences de ces actes», tempête Félix Tshisekedi. Pour lui, il n’est pas question de compter sur le gouvernement Tshibala qu’il juge fantomatique et incapable de proposer une solution.

Le leader du Rassemblement tourne plutôt son regard vers la commission électorale. «Nous, on regarde d’où sortira la solution. Et la solution ne peut venir que de la Ceni», prévient il, en croyant fermement que «la meilleure manière de sortir le pays du bourbier actuel, c’est de garantir la tenue des élections d’ici le 31 décembre 2017». Félix Tshisekedi persiste et signe: «Le président Kabila ne devra plus être à la tête du pays à la fin de cette année. Il n’a aucune une excuse pour n’avoir pas organisé les élections dans le délai convenu par l’Accord de la Saint sylvestre».

A la question de savoir si jamais il ne travaillera avec le président Kabila, Fatshi met un bémol: «Si le peuple décide après les élections au cas où (nous gagnons la présidence et son camp a la majorité parlementaire), on sera obligé de travailler ensemble». [30]

 

Le 17 août, dans une interview accordée sur les rumeurs faisant état des contacts secrets entre le pouvoir et le Rassemblement de l’Opposition pour qu’enfin Félix Tshisekedi soit nommé au poste de Premier Ministre afin de conduire une transition de 2 ans, Jean-Claude Mvuemba, député national et Président du Mouvement du Peuple Congolais pour la République, MPCR, a déclaré que, effectivement, il y’a des contacts. Selon Jean-Claude Mvuemba, «la CENCO doit reprendre son bâton de pèlerin. Il ne faut pas oublier que Monsieur Kabila avait dit, en son temps, que la CENCO avait déjà fait 98% des choses et qu’il ne restait que 2%, à savoir la nomination du Premier Ministre et du président du CNSA». A la question de savoir s’il était prêt à apporter son soutien à la nomination de Félix Tshisekedi, Jean-Claude Mvuemba a dit ne pas trouver d’inconvénients. «Dès lors que la CENCO va reprendre en mains les choses et que Monsieur Kabila signe les deux ordonnances qu’on attend de lui: Félix Tshisekedi Premier Ministre, Pierre Lumbi Président du CNSA, pourquoi pas ne pas soutenir?», a-t-il conclu.[31]

 

Félix Tshisekedi a affirmé de ne pas reconnaître les contacts secrets entre la Majorité Présidentielle et le Rassemblement, tel qu’affirmé par le président du MPCR, Jean-Claude Mvuemba.

Le président du Rassemblement a demandé à l’élu de Kasangulu de ne pas confondre ses contacts privés avec ses amis de la Majorité et les négociations secrètes Majorité et Rassemblement. «Je ne suis plus intéressé par le fauteuil de Premier ministre après la violation de l’Accord de la Saint Sylvestre par Joseph Kabila et sa famille politique», a déclaré Félix Tshisekedi.

Il a rappelé qu’il reste attaché à la feuille de route du Rassemblement qui met le cap sur la tenue des élections en décembre 2017. Félix Tshisekedi continue à soutenir, enfin, une transition de 6 mois sans Kabila en cas de la non organisation des élections dans le délai fixé par l’Accord de la Cenco.[32]

 

Le porte-parole de la Majorité Présidentielle, André Alain Atundu, a affirmé de ne pas être au courant de l’existence de contacts entre la Majorité Présidentielle et le Rassemblement/Limete, en vue notamment de la nomination de Félix Tshisekedi en qualité de Premier ministre en remplacement de Bruno Tshibala, dans le cadre de la mise en oeuvre de l’Accord de la Saint-Sylvestre 2016. Il s’est dit dubitatif vis-à-vis des propos de Vuemba et a démenti l’existence de ces tractations: «Ce n’est pas parce que un membre de la Majorité Présidentielle a salué Félix Tshisekedi et qu’il a taillé une bavette avec lui que cela signifie négociations». Alain Atundu a enfin rappelé l’expérience amère qu’avait vécue la Majorité Présidentielle lors des rounds successifs des négociations à Ibiza, à Vénise et à Paris avec l’UDPS pour un Accord politique: «Au moment de conclure, ils se sont débinés».[33]

 

Dans son compte Tweeter, le président de l’UNADEF, Christian Mwando Nsimba, a fait savoir que les contacts entre la Majorité Présidentielle et le Rassemblement de l’Opposition devraient aboutir à l’application intégrale de l’Accord de la Saint Sylvestre: «En réclamant l’application INTÉGRALE de l’accord CENCO , le RASSOP assume ÉLECTIONS EN 2017, PRIMATURE et CNSA». L’élu de Moba parle d’ une transition de 3 mois où le Rassemblement dirigé par le tandem Tshisekedi-Lumbi occupera la Primature et le CNSA pour conduire le pays aux élections avant décembre 2017.[34]

 

Le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU) et président national du Parti travailliste (PT), Steve Mbikayi, a confirmé les propos tenus par Kudura Kasongo concernant un probable remplacement de Bruno Tshibala par Félix Tshisekedi à la Primature au mois de septembre. Dans son Tweet, Mbikayi dit ce qui suit: « Quand les contacts secrets filtrent, on les nie la main sur le coeur« , et après, ça s’étale au grand jour. Cet opposant signataire des accords de l’Union africaine et du Centre interdiocésain confirme donc des contacts entre l’UDPS et la Majorité présidentielle (MP).[35]

 

Le 18 août, au terme d’une réunion du conseil des sages du Rassemblement tenue à la résidence d’Étienne Tshisekedi, le président de l’ÉCIDE et membre du Rassemblement de l’Opposition, Martin Fayulu, a rejeté de manière catégorique l’information sur des éventuelles négociations ou contacts avec le camp Kabila, pour donner à Félix Tshisekedi le poste de Premier ministre. «Nous venons de nous réunir maintenant au conseil des sages du Rassemblement. Jamais, il n’a été question des négociations ou de poste de premier ministre à donner à Félix Tshisekedi. C’est du pur mensonge», parle avec fureur Martin Fayulu.  D’un ton très fermé, cet opposant radical a prévenu que la seule alternative qui reste au président Kabila, c’est de quitter le pouvoir au 31 décembre 2017, qu’il y ait élection ou pas. D’après la feuille de route du Rassemblement issue du conclave du 22 juillet 2017, il a été acté qu’un troisième dialogue est exclu définitivement avec le régime Kabila. En plus, il a été demandé à la commission électorale nationale indépendante de publier le calendrier électoral fin septembre. Faute de quoi, un appel à la désobéissance civile sera lancé. D’ailleurs, un chronogramme d’actions avait été envisagé. Ce dimanche 20 août, déjà, des matinées politiques sont prévues dans toutes les 24 communes de Kinshasa et dans toutes les provinces du pays. Elles précèdent le grand meeting du Rassemblement annoncé pour le 03 septembre.[36]

 

Selon certaines informations, le chef de l’État aurait proposé avec insistance la Primature à Félix Tshisekedi pour une longue période de transition (au moins deux ans). Proposition rejetée par l’intéressé qui maintient, plutôt, son plan d’une courte transition (de 6 mois).[37]

 

À cinq mois du 31 décembre 2017 et sous pression, comment le chef de l’État peut-il desserrer l’étau? Deux scénarii probables:

Nommer Félix Tshisekedi et faire baisser la tension

C’est la carte qui se joue en ce moment. Le président du Rassemblement a, certes, martelé, n’être «ni demandeur, ni preneur d’un poste de Premier ministre». Mais dans son démenti, Félix Tshisekedi a pris soin de ne pas infirmer l’existence des contacts entre lui et le Pouvoir.

Une élection… surprise

C’est le scénario que beaucoup redoutent dans les rangs de l’opposition. Celui de voir la MP conserver le pouvoir à l’issue d’une élection à laquelle les adversaires de Joseph Kabila ne se seront finalement pas préparés. Conscients de ce risque, les cadres du Rassemblement ont multiplié ces dernières semaines des appels à la publication du calendrier électoral. Objectif, en obtenant cette feuille de route, sortir le président de la république du bois en le poussant à dévoiler son dauphin, et…son lot de risque de contestation au sein de la famille MP. En revanche, en bloquant le plus longtemps possible ledit calendrier, pour ne l’autoriser que le plus tard possible, le « Raïs » effectuerait, lui, l’opération inverse, en ne laissant que très peu de temps à l’opposition de s’organiser.[38]

[1] Cf Radio Okapi, 31.07.’17

[2] Cf Stanys Bujakera – Actualité.cd, 31.07.’17

[3] Cf Radio Okapi, 01.07.’17

[4] Cf Radio Okapi, 01.08.’17

[5] Cf Radio Okapi, 02.08.’17

[6] Cf AFP – Africatime, 10.09.’17

[7] Cf Stanys Bujakera – Actualité.cd, 08.08.’17; Will Cleas Nlemvo – Actualité.cd, 08.08.’17

[8] Cf Radio Okapi, 08.08.’17

[9] Cf José Mukendi – Actualité.cd, 08.08.’17

[10] Cf Radio Okapi, 08.08.’17

[11] Cf Radio Okapi, 08.08.’17

[12] Cf Christine Tshibuyi – Actualité.cd, 09.08.’17

[13] Cf Radio Okapi, 15.08.’17

[14] Cf Actualité.cd, 21.08.’17

[15] Cf Radio Okapi, 20.08.’17

[16] Cf Radio Okapi, 21.08.’17

[17] Cf Radio Okapi, 14.08.’17

[18] Cf Radio Okapi, 15.08.’17

[19] Cf Radio Okapi, 18.08.’17

[20] Cf Radio Okapi, 18.08.’17

[21] Cf Christine Tshibuyi – Actualité.cd, 07.08.’17

[22] Cf Radio Okapi, 17.08.’17

[23] Cf Radio Okapi, 18.08.’17

[24] Cf Radio Okapi, 18.08.’17

[25] Cf Radio Okapi, 21.08.’17

[26] Cf Radio Okapi, 20.08.’17

[27] Cf Actualité.cd, 11.08.’17 ; Radio Okapi, 12.08.’17

[28] Cf mediacongo.net, 15.08.’17

[29] Cf Stanys Bujakera – Actualité.cd, 16.08.’17

[30] Cf Alphonse Muderhwa – 7sur7.cd, 18.08.’17

[31] Cf Jeff Kaleb Hobiang – 7sur7.cd, 17.08.’17

[32] Cf mediacongo.net, 18.08.’17

[33] Cf Israël Mutala – 7sur7.cd, 18.08.’17

[34] Cf mediacongo.net, 18.08.’17

[35] Cf mediacongo.net, 18.08.’17

[36] Cf Alphonse Muderhwa – 7sur7.cd, 19.08.’17

[37] Cf Cas-info.ca, 18.08.’17

[38] Cf Cas-info.ca, 20.08.’17