SOMMAIRE:
ÉDITORIAL: L’ACCORD DE LA SAINT SYLVESTRE
- L’ACCORD POLITIQUE GLOBAL ET INCLUSIF DU CENTRE INTERDIOCESAIN DE KINSHASA
- Les dernières divergences
- Le Front pour le Respect de la Constitution annonce qu’il ne signera pas l’accord
- Les points principaux de l’Accord
- La Majorité a signé «sous réserve»
- Quatre membres de l’Opposition signataire de l’accord du 28 octobre ont refusé de signer
- Certaines questions doivent faire l’objet d’un «arrangement particulier»
ÉDITORIAL: L’ACCORD DE LA SAINT SYLVESTRE
L’ACCORD POLITIQUE GLOBAL ET INCLUSIF DU CENTRE INTERDIOCESAIN DE KINSHASA
a. Les dernières divergences
Le 29 décembre, les Évêques de la conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) ont annoncé leur intention de mettre un terme le vendredi 30 décembre aux négociations entre pouvoir et opposition, en vue d’organiser de manière consensuelle la gestion du pays pendant la période de transition entre la fin du mandat du président Joseph Kabila et l’élection de son successeur.
« Avec ou sans un accord, les évêques clôturent les travaux demain (vendredi). Il n’y aura plus de prolongation« , a déclaré à la presse l’abbé Donatien Nshole, porte-parole de la Cenco.[1]
Le 30 décembre, les divergences entre la Majorité et le Rassemblement de l’Opposition persistent encore sur quatre points, à savoir: la gestion de la primature, la recomposition du bureau de la CENI, le partage des responsabilités au niveau de gouvernements provinciaux et les mesures de décrispation toujours attendues. À propos de la question de la primature, un gouvernement d’union nationale issu d’un précédent accord avec une partie de l’opposition vient tout juste d’être investi. Le président Kabila acceptera-t-il de le faire tomber pour donner la primature au Rassemblement?
Après l’audience leur accordée par Joseph Kabila dans la soirée du jeudi 29 décembre, les évêques de la CENCO ont rapporté au Rassemblement les dernières positions du Président sur les questions essentielles qui divisent encore les deux parties prenantes aux discussions directes.
Un participant à la restitution faite par les évêques aux délégués du Rassemblement a révélé le contenu de l’entretien Kabila-CENCO.
Joseph Kabila est favorable au fait que la primature revienne à l’opposition, mais pas exclusivement au Rassemblement comme l’exige ce dernier. Pour ce faire, l’opposition devra lui présenter trois noms afin de procéder, à travers son pouvoir discrétionnaire, à la nomination d’un Premier ministre.
Il aurait également donné son avis favorable concernant le retour au pays des exilés politiques comme Mbusa Nyamwissi, Roger Lumbala et Floribert Anzulumi. Les cas Katumbi, Muyambo, Diomi devraient être délibérés par une commission des magistrats constituée sous la direction de Thambwe Mwamba. Il a précisé que la mise en application dudit accord ne pourra être possible qu’à partir de la session parlementaire de mars 2017 prochain.
Selon une source ayant participé à cette séance de restitution faite par les évêques, le Rassemblement a rejeté toutes ces propositions. Sur son compte twitter, Félix Tshisekedi, chef de la délégation du Rassemblement à ces pourparlers, a parlé d’une probable rupture si le camp présidentiel campait sur ses positions.[2]
Le 30 décembre, le président de la CENCO, Monseigneur Marcel Utembi, a annoncé que la signature de l’accord est renvoyée à samedi 31 décembre. Toutefois, il en a présenté les grandes lignes. Selon cet accord,
– L’actuel chef de l’Etat de la RDC, Joseph Kabila, va rester en fonctions pendant la période pré-électorale et électorale, mais sans aucune possibilité de briguer un troisième mandat, ni de modifier ou de changer la Constitution pendant la transition.
– Un nouveau gouvernement sera composé des toutes les parties prenantes à ces discussions. La Primature a été confiée au Rassemblement de l’opposition. C’était l’un des derniers points de blocage.
– Les élections présidentielle, législatives et provinciales seront couplées et devraient être organisées, non pas en 2018 comme prévu par l’accord d’octobre, mais avant la fin 2017. Mais déjà des experts électoraux contestent la faisabilité de tenir ces délais. Sylvain Lumu, membre de la commission nationale des droits de l’homme, expert électoral, «émets des réserves» et parle d’«incongruïté». La communauté internationale, elle, préconisait d’organiser, avant la fin de 2017, uniquement la présidentielle et les législatives nationales.
– Compromis trouvé également sur la question des mesures de décrispation, à savoir la libération des prisonniers politiques. Une résolution au cas par cas par une commission de hauts magistrats est prévue. Sur les sept personnalités emblématiques, quatre seulement ont vu leur sort réglé jusqu’ici. Le Rassemblement de l’opposition exigeait le règlement de tous leurs dossiers avant la signature. Mais si la signature intervient ce samedi, Moïse Katumbi, Eugène Diomi Ndongala et Jean-Claude Muyambo devront attendre.
– Un comité de suivi serait chargé de faire respecter l’accord, de faire notamment des recommandations aux institutions chargées d’organiser les élections.[3]
b. Le Front pour le Respect de la Constitution annonce qu’il ne signera pas l’accord
Le 30 décembre, le Front pour le Respect de la Constitution, par la voix d’Eve Bazaiba, secrétaire du Mouvement de Libération du Congo (MLC), a annoncé que, quoi qu’il arrive, il ne signera pas l’accord. Il affirme ne pas vouloir servir de faire-valoir à un accord qui ne lui accorde aucune place dans les instances mises en place. En effet, le Front pour le Respect de la Constitution a obtenu seulement le poste de vice-président du conseil national de suivi de l’accord et non celui de la présidence de ce conseil. Eve Bazaiba dénonce «le fait que les pourparlers étaient déjà boutiqués à l’avance entre la majorité et le Rassemblement et qu’il ne s’agit désormais que d’un accord bilatéral». Pour l’Abbé Nsholé, qui espère malgré tout que le Front pour le Respect de la Constitution apposera sa signature, l’essentiel est qu’il ait «contribué» aux discussions.[4]
Dans la soirée, l’actuel Premier ministre Samy Badibanga, le vice-Premier ministre José Makila et le ministre Jean-Lucien Bussa, ont aussi assuré qu’eux non plus ne signeront pas l’accord. Ils estiment qu’il n’est pas basé sur le respect des principes démocratiques, mais sur la satisfaction des ambitions personnelles de la majorité et du Rassemblement.
Selon Jean-Lucien Bussa, «ce compromis politique ignore superbement l’accord politique signé le 18 octobre 2016». Selon lui, «étant donné que le MLC a quitté les discussions directes, le compromis politique ou l’accord qui sera signé ne sera plus inclusif. Deuxièmement, on note la focalisation de l’accord sur la réponse aux problèmes de quelques individus, deux ou trois. L’un doit être nécessairement président du comité de suivi, l’autre doit être nécessairement Premier ministre, l’autre encore doit nécessairement revenir au pays. C’est donc pour cela que la délégation de l’opposition politique au dialogue annonce à l’opinion tant nationale qu’internationale que, si le compromis politique que proposent les évêques a pour substance la réponse aux problèmes individuels de quelques acteurs politiques d’une part et d’autre part qu’il n’est pas inclusif, nous n’allons pas signer ce compromis politique. On ne peut pas réduire la crise congolaise sur les intérêts de quelques individus». Pour cet opposant signataire de l’accord du 18 octobre, les conclusions de la Cenco sont taillées sur mesure, car semblables à celles d’Ibiza et Venise lors des pourparlers entre le PPRD et l’UDPS en 2015.[5]
Le 31 décembre, les négociations entre majorité et opposition achoppaient encore sur plusieurs points, parmi lesquels le sort de Moïse Katumbi. L’opposant en exil en Belgique a assuré qu’il ne voulait pas être «un point de blocage pour le pays» et a demandé au Rassemblement de l’opposition de signer l’accord.[6]
c. Les points principaux de l’Accord
Le 31 décembre, la Majorité présidentielle et l’opposition sont enfin parvenues à un accord sur l’organisation de l’élection présidentielle avant la «fin 2017». Prévue à 20h30 (19h30 GMT), la signature de l’accord (22 des 32 délégués) a commencé à 23h00 (22h00 GMT).
Selon le texte de l’accord, le président Joseph Kabila restera en fonction jusqu’à l’installation de son successeur. En revanche, le texte prévoit qu’il ne se présentera pas pour un troisième mandat. En plus, aucune modification ni changement de constitution ne devrait intervenir pendant la période transitoire conduisant à l’élection. En contrepartie, un premier ministre issu du Rassemblement sera nommé par le Président Kabila et un conseil national de suivi de l’accord, placé sous la direction d’un membre du Rassemblement, va être créé. La majorité présidentielle garde la gestion totale des gouvernements provinciaux.[7]
En voici des extraits:
«ACCORD POLITIQUE GLOBAL ET INCLUSIF DU CENTRE INTERDIOCESAIN DE KINSHASA
Chapitre II: DU RESPECT DE LA CONSTITUTION
II.1. Les parties prenantes s’engagent à respecter la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée en 2011 et à organiser les élections présidentielle, législatives nationales et provinciales ainsi que les élections locales en conformité avec la dite Constitution. Nonobstant les dispositions de l’article 5 alinéa 1 qui dispose: «la souveraineté nationale appartient au peuple. Tout pouvoir émane du peuple qui l’exerce directement par voie de référendum ou d’élections et indirectement par ses représentants», elles s’engagent à n’entreprendre ni soutenir aucune initiative de révision et de changement de la Constitution.
II.2. En rapport avec la préoccupation sur le troisième mandat pour le Président de la République, Joseph Kabila, les parties prenantes actent sa déclaration solennelle faite devant le Parlement réuni en Congrès en date du 15/11/2016 en ces termes: «À tous ceux qui semblent se préoccuper à longueur de journées de mon avenir politique, je tiens à dire, tout en les remerciant, que la RDC est une démocratie constitutionnelle. Toutes les questions pertinentes relatives au sort des institutions et de leurs animateurs sont réglées de manière satisfaisante par la Constitution». Ainsi, ayant accompli deux mandats, il ne peut donc en briguer un troisième.
Chapitre III: DES INSTITUTIONS ET DE LEUR FONCTIONNEMENT PENDANT LA PÉRIODE PREÉLECTORALE ET ÉLECTORALE
III.1. Des principes de gouvernance
III.1.1. Dans le cadre de leurs prérogatives constitutionnelles et légales, les missions prioritaires des institutions nationales et provinciales du Pays consistent à:
– Assurer la continuité de l’État;
– Organiser, dans le délai convenu, les élections présidentielles, législatives nationales et provinciales, sénatoriales ainsi que des gouverneurs et vice-gouverneurs des provinces.
III.1.2. La durée maximale pour la réalisation des opérations pré-électorales et électorales conformément à la séquence convenue est de 12 mois à dater de la signature du présent Accord.
III.2. Des Institutions à mandat électif
III.2.1. Du Président de la République
Les parties prenantes s’engagent à respecter la Constitution du 18 février 2006 telle que révisée en 2011, notamment les dispositions ci-après:
– L’article 70 alinéa 1 qui dispose: «le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois». Il s’ensuit que tout Président ayant épuisé le deuxième et dernier mandat ne peut plus en briguer un troisième.
– L’article 70 alinéa 2 qui dispose: «à la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu». Sous la réserve émise par le Front pour le Respect de la Constitution, il s’ensuit que, bien qu’étant à la fin de son mandat, le Président de la République restera en fonction jusqu’à l’installation effective de son successeur élu.
III.2.2. De l’Assemblée Nationale, du Sénat et des Assemblées Provinciales
Étant donné, d’une part, que les mandats des députés provinciaux et des sénateurs ont expiré depuis 2012 et que, d’autre part, celui des députés nationaux prendra fin en février 2017, les parties prenantes s’accordent, en application des articles 103 alinéa 2, 105 alinéa 2 et 197 alinéa 6 de la Constitution, que:
- a) Les députés nationaux, les sénateurs et les députés provinciaux en exercice restent en fonction jusqu’à l’installation effective des nouvelles assemblées législatives et délibérantes correspondantes issues des prochaines élections à organiser conformément au calendrier convenu.
- b) L’Assemblée Nationale, le Sénat et les Assemblées provinciales auront, selon le cas et outre leurs attributions constitutionnelles classiques, comme agendas législatifs prioritaires le bloc législatif relatif aux élections et les mesures de décrispation politique.
- c) Les gouverneurs et vice-gouverneurs élus restent en fonction conformément aux dispositions constitutionnelles.
III. 3. Des Institutions à mandat non électif
III.3.1. En vue d’assurer l’équilibre institutionnel et de garantir à tous un traitement égal durant tout le processus électoral, les parties prenantes conviennent que pendant la période pré-électorale et électorale, la gestion des affaires publiques est inclusive au niveau de l’exécutif national.
III.3.2. Le Premier Ministre exerce la plénitude des prérogatives lui dévolues par la Constitution en tant que Chef du Gouvernement.
III.3.3. Le Gouvernement de la République est dirigé par le Premier Ministre présenté par l’Opposition politique non signataire de l’Accord du 18 octobre 2016 / Rassemblement et nommé par le Président de la République conformément à l’article 78 de la Constitution.
III.3.4. Les modalités pratiques de la mise en œuvre des principes énoncés ci-dessus sont déterminées par un arrangement particulier conclu entre les parties prenantes et faisant partie intégrante du présent Accord.
III.3.5. Les parties prenantes conviennent d’assigner au Gouvernement de la République, à l’instar des Institutions à mandat électif, la mission prioritaire d’œuvrer pour l’organisation des élections crédibles, transparentes et apaisées dans le délai convenu au point III.1.2. ci-dessus.
Chapitre IV: DU PROCESSUS ÉLECTORAL
IV.1. Les parties prenantes s’accordent pour une refonte totale du fichier électoral et l’évaluation, au moins une fois tous les deux mois, de l’opération d’enrôlement des électeurs en cours.
IV.2. Les parties prenantes conviennent de l’organisation des élections en une seule séquence présidentielle, législatives nationales et législatives provinciales au plus tard en décembre 2017. Toutefois, le Conseil National de Suivi de l’Accord et du Processus Électoral, le Gouvernement et la Ceni peuvent unanimement apprécier le temps nécessaire pour le parachèvement des dites élections. Les élections locales, municipales et urbaines seront organisés en 2018.
IV.4. Au sujet du financement des élections et sans porter préjudice aux articles 6 et 52 de la loi organique sur la Ceni, les parties prenantes:
*Recommandent au Gouvernement de:
– mobiliser les ressources internes et externes nécessaires pour le budget des élections et respecter scrupuleusement le plan de décaissement convenu avec la Ceni;
– constituer une provision trimestrielle au profit de la Ceni conformément à son plan de décaissement pour financer l’ensemble du processus électoral;
– fournir la totalité des ressources nécessaires pour financer les élections;
– explorer le voies et les moyens de rationalisation du système électoral pour réduire les coûts excessifs des élections.
* Encouragent la Communauté Internationale à accompagner et à assister la Ceni par les moyens logistiques, financiers et techniques pour une bonne réalisation des opérations électorales.
* Exhortent le Parlement à exercer trimestriellement le contrôle sur l’utilisation des ressources budgétaires mises à la disposition de la Ceni.
* Exigent à la Ceni la transparence dans la passation des marchés et l’encouragent à produire un budget rationnel pour l’ensemble des opérations pré-électorales, électorales et post-électorales, conformément à l’option levée et assorti d’un plan de mise en œuvre opérationnel crédible et réaliste.
* Invitent le Conseil National de Suivi de l’Accord et du Processus Électoral (CNSA) à s’acquitter convenablement de ses tâches et à réaliser des évaluations régulières avec la Ceni et le Gouvernement du processus électoral.
IV.5. En vue d’assurer l’indépendance et l’impartialité de la Commission Électorale Nationale Indépendante (Ceni) et de regagner la confiance de tous les compétiteurs électoraux, les parties prenantes conviennent que :
- a) La Ceni doit être redynamisée dans les plus brefs délais. À cet effet, les parties prenantes chargent le Conseil National de Suivi de l’Accord et du Processus Électoral de recommander tous les ajustements et mesures à prendre tant en ce qui concerne les structures organiques que le fonctionnement de la Ceni, d’une part, et les mécanismes appropriés à mettre en place, en vue notamment de renforcer ses capacités et la transparence des opérations pré-électorales et électorales, d’autre part.
- b) La Majorité Présidentielle, l’Opposition politique et la Société Civile dont sont issus les membres actuels de la Ceni et qui le désirent, sont libres de procéder, dans le délai de quatorze (14) jours à dater de la signature du présent Accord, au remplacement de leurs délégués, conformément à la loi en la matière. Les membres concernés déposent leurs démissions aussitôt que la demande leur en est faite par leurs composantes d’origine.
IV.6. Les parties prenantes actent la fin légale du mandat des membres actuels du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC). Elles s’accordent sur la désignation, dans un délai de quatorze (14) jours à compter de la signature du présent Accord, de ses nouveaux membres dans le respect de l’inclusivité et conformément à la loi organique portant son organisation et son fonctionnement.
Chapitre V: DE LA DECRISPATION POLITIQUE
V.1. Les parties prenantes au présent Accord prennent acte de la mise sur pied effective d’une Commission de Hauts Magistrats pour un examen minutieux, au cas par cas, des dossiers des prisonniers politiques et d’opinion, des bénéficiaires de la dernière loi d’amnistie mais qui ne sont pas encore libérés, des exilés et réfugiés politiques repris dans la liste en annexe.
– Les parties prenantes ont pris acte avec satisfaction que les cas de Messieurs Antipas Mbusa Nyamwisi, Roger Lumbala, Floribert Anzuluni et Moïse Moni Della ont déjà été traités par la susdite Commission, laquelle a déjà décidé de l’arrêt des poursuites pour les trois premiers et de la libération pour le dernier.
– En ce qui concerne le cas de Eugène Diomi Ndongala, les parties prenantes demandent à la CENCO de prendre des initiatives en vue d’une solution appropriée et satisfaisante.
– Dans l’intérêt supérieur de la Nation, les parties prenantes, à l’exception de la Majorité présidentielle, chargent la CENCO de poursuivre ses bons offices auprès de toutes les autorités concernées, pour le suivi et la résolution effective des cas emblématiques restants, à savoir: Moïse
Katumbi Chapwe et Jean-Claude Muyambo, afin qu’ils recouvrent leur liberté. Ainsi, les parties prenantes demandent à la Commission de Hauts Magistrats de se dessaisir de ces deux cas.
– Aux cas emblématiques, s’ajoutent les personnalités politiques poursuivies à la suite des manifestations du 19 septembre 2016 ainsi que les jeunes de LUCHA et FILIMBI, arrêtés le jour de l’ouverture des travaux sous l’égide de la CENCO et tous ceux qui ont été arrêtés et/ou poursuivis à travers le territoire national au cours des évènements des 19 et 20 septembre et ceux des 19 et 20 décembre 2016.
V.2. Le Ministre ayant dans ses attributions les médias veillera à rétablir, dans les 15 jours qui suivent la signature du présent Accord, le signal des entreprises audiovisuelles fermées ou interdites par mesure conservatoire ou pour non-conformité à la loi.
Chapitre VI: DU MÉCANISME DE SUIVI DE L’ACCORD POLITIQUE ET DU PROCESSUS ÉLECTORAL
VI.1. Principe sur la nature de la Structure
Les parties prenantes conviennent, conformément à l’article 222 alinéa 3 de la Constitution, de mettre en place une Institution d’appui à la démocratie chargée du suivi de la mise en œuvre de l’Accord conclu entre elles. En attendant l’adoption en procédure d’urgence de la loi organique, cette Structure est mise sur pied et fonctionne sur la base du présent Accord.
VI.2. De la Structure chargée du suivi et de la mise en œuvre de l’Accord
VI.2.1. Dénomination
Les parties prenantes s’accordent pour appeler cette Structure d’appui à la démocratie «Conseil National de Suivi de l’Accord et du Processus Electoral (CNSA)».
VI.2.2. Composition
Les parties prenantes s’accordent sur le nombre de 28 membres, y compris la CENCO.
La structure comprend 28 membres issus des parties prenantes. Elle a deux organes: une plénière et un bureau. Ce dernier aura un Président, trois Vice-Présidents, un Rapporteur et un Questeur.
Le CNSA sera présidé par le Président du Conseil des Sages du Rassemblement.
VI.2.3. Attributions
Les parties prenantes s’accordent que le CNSA aura pour mission de veiller au respect de l’Accord politique par tous les animateurs des Institutions et d’assurer le suivi ainsi que l’évaluation de sa mise en œuvre, en vue de garantir l’organisation des élections crédibles, transparentes et apaisées.
A cet effet, il devra:
- Assurer le suivi du chronogramme de mise en œuvre de l’Accord;
- Réaliser des évaluations régulières du processus électoral, au moins une fois tous les deux mois, avec la CENI et le Gouvernement;
- Communiquer régulièrement sur l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Accord;
- Formuler des recommandations respectivement au Parlement, au Gouvernement et à la CENI, pour la bonne exécution de l’Accord;
- Assurer le règlement d’éventuelles divergences nées de l’interprétation de l’Accord entre les parties prenantes et concilier leurs points de vue à cet égard;
- Se concerter avec le Gouvernement et la CENI, afin d’harmoniser les vues quant à la réussite du processus électoral;
- Elaborer son Règlement Intérieur sous réserve de sa conformité à la Constitution;
- Apprécier consensuellement le temps nécessaire pour le parachèvement desdites élections avec le Gouvernement et la CENI.
Une loi organique sera adoptée par le Parlement, en vue d’institutionnaliser le Conseil National de Suivi de l’Accord et du Processus Electoral».
Comme annoncé, le Front pour le Respect de la Constitution n’a pas signé l’accord. Selon l’Abbé Donatien Nshole, «le Front est frustré et il trouve qu’on n’a pas eu assez de considérations pour lui, dans la mesure où, en renonçant à participer au gouvernement, il s’attendait qu’on lui réserve la présidence du Conseil National de suivi de l’accord. Il ne trouve pas juste que la Primature soit donnée au Rassemblement et la présidence du Conseil national de suivi au patriarche de Limete. Du point de vue rationnel, il n’a pas tort mais, parfois, la réalité politique est autre chose».[8]
d. La Majorité a signé «sous réserve»
Le 2 janvier, certains membres de la majorité ont affirmé avoir signé «sous réserves» à cause, entre autre, du manque d’inclusivité. Le Front pour le respect de la Constitution, le MLC en tête, n’a pas signé. Tout comme certains membres de l’opposition signataire de l’accord du 18 octobre.
Pour l’abbé Nsholé, secrétaire général de la Cenco, le fait que le Front pour le Respect de la Constitution n’ait pas signé ne remet pas en cause l’inclusivité. Et plus encore, cela ne devrait pas remettre en cause la participation de la majorité aux négociations sur «l’arrangement particulier». «Le problème posé par le Front ne concerne pas en fait l’accord. C’est un problème au niveau de partage du pouvoir, pas au niveau du contenu de l’accord. C’est un problème qui peut être réglé», estime-t-il. Le Front pour le Respect de la Constitution réclame le poste de président du comité de suivi, en principe attribué au président Etienne Tshisekedi, le leader historique de l’opposition. Pour le Front, le Rassemblement, qui aura déjà la primature, ne devrait pas avoir aussi la présidence du Comité de Suivi, pour ne pas être à la fois juge et partie. Selon l’abbé Donatien Nsholé, les déclarations de la majorité sont donc une «distraction». Contrairement à l’accord du 18 octobre, cette fois, «on ne peut pas parler de manque d’inclusivité», minimise-t-il, en précisant que «cet accord est inclusif, dans la mesure où toutes les composantes ont donné leur contribution, pour que ça arrive à cette forme-là».[9]
Le 3 janvier, dans un communiqué signé par Alain-André Atundu, porte-parole de la Majorité Présidentielle (MP), «elle se félicite de l’accord trouvé le 31 décembre 2016 entre les signataires de l’accord du 18 octobre et les non-signataires. Cependant, elle déplore le déficit d’inclusivité découlant de la non-signature dudit accord par certaines forces, telles que le Front pour le Respect de la Constitution, ainsi que l’opposition signataire de l’accord du 18 octobre». Toutefois, la MP se dit disponible à soutenir la mise en application des dispositions de l’accord: «La MP encourage la poursuite des efforts et des contacts en direction de non-signataires, pour parvenir à une inclusivité globale. La MP réitère sa disponibilité à appliquer les dispositions du dudit accord dans le respect de la lettre et de l’esprit de la Constitution et des lois de la République. La MP s’engage à poursuivre les discussions, en vue de la signature de l’arrangement particulier, tel que prévu dans l’accord du 31 décembre 2016».[10]
e. Quatre membres de l’Opposition signataire de l’accord du 28 octobre ont refusé de signer
Le 9 janvier, dans une correspondance adressée à la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), quatre membres de l’Opposition politique signataire de l’Accord du 18 octobre 2016, issu du dialogue de la cité de l’Union africaine sous la facilitation d’Edem Kodjo, ont expliqué aux évêques catholiques les motivations de leur refus de signer l’Accord politique signé le 31 décembre 2016, sous l’égide la Cenco. Selon Samy Badibanga (premier ministre), Jean Lucien Bussa (Ministre d’État chargé du Plan), José Makila (ministre d’État chargé des transports) et Azarias Ruberhwa (ministre chargé de la décentralisation), signataires de cette correspondance,
«bien que le compromis politique du 31 décembre n’ait fait que reprendre, en d’autres termes, les acquis essentiels de l’Accord du 18 octobre 2016, l’Opposition politique signataire de l’Accord du 18 octobre 2016 ne l’a pas signé pour les raisons ci-après:
- La crise électorale n’a pas été résolue. Alors que l’Accord du 18 octobre 2016 avait le mérite de proposer un chronogramme précis du processus électoral, ce Compromis politique, par contre, n’apporte aucune précision ni clarté sur les dates. Il renvoie à des horizons incertains;
- Le Compromis politique du 31 décembre 2016 du Centre Interdiocésain de Kinshasa, s’est focalisé sur des réponses à donner à quelques personnes, non au peuple congolais;
- Le Compromis politique du 31 décembre 2016 du Centre Interdiocésain de Kinshasa semble être conçu pour l’exclusive satisfaction de la seule composante Rassemblement dans la gestion des Institutions remaniées ou créées à l’issue de ces dialogues;
- La mise à l’écart de l’Opposition politique signataire de l’Accord du 18 octobre 2016 dans les discussions sur la Primature, pourtant déjà acquise à l’Opposition sur base de l’Accord du 18 octobre 2016 et occupée par un membre de ladite Opposition régulièrement nommé.
Toutefois, attachée au dialogue comme seule voie de sortie de crise politique, née du fait de la non tenue des élections dans les délais constitutionnels et légaux, l’Opposition politique signataire de l’Accord du 18 octobre 2016 reste ouverte à toute initiative tendant à trouver une voie de sortie satisfaisante, afin de parvenir, une fois pour toute et tous ensemble, à des élections crédibles et apaisées».[11]
f. Certaines questions doivent faire l’objet d’un «arrangement particulier»
Malgré la signature de l’accord, tout n’est pas réglé: certaines questions doivent faire l’objet d’un «arrangement particulier» qui devra être discuté à partir des prochains jours. Ces questions portent entre autres sur le calendrier de la mise en application de l’accord, avec la question de la date de nomination du Premier ministre issu des rangs du Rassemblement de l’opposition, la composition du gouvernement d’union nationale et celle des gouvernements provinciaux et le fonctionnement du comité de suivi, présenté comme une institution clef.
À propos de l’investiture du nouveau gouvernement, selon l’accord, le Premier ministre sera présenté par le Rassemblement. Toutefois, tout gouvernement doit être investi par le Parlement. Or, il y a une session [parlementaire] extraordinaire qui va se terminer le 15 janvier, puis la session ordinaire commencera le 15 mars. Dans l’arrangement particulier, on précisera si ce sera possible avant le 15 janvier, ou s’il faudra attendre la session de mars.
Autre disposition de l’accord mise en doute: l’organisation simultanée des trois scrutins (présidentiel, législatif et provincial) avant la fin 2017, d’autant plus que la Céni a démontré que, dans ce cas, on aurait beaucoup de problèmes. «Si ce n’est pas faisable, nous allons tous nous en rendre compte et, s’il faut les décaler, nous allons les décaler de trois mois. Notre ligne rouge est qu’en 2017, les présidentielles et législatives nationales doivent être tenues», a précisé Christopher Ngoyi, membre du Rassemblement.
Les évêques de la Cenco ont donc invité la majorité et l’opposition à déposer des propositions écrites sur les modalités de désignation du Premier ministre, des membres du Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral (CNSA), la taille du futur gouvernement et le partage des rôles pendant la transition, pour en discuter dans le cadre de l’«arrangement particulier».[12]
Le 3 janvier, la Majorité présidentielle (MP) a conditionné sa participation aux négociations sur l’application de l’accord à une reconduction par le président Joseph Kabila de la médiation des évêques de la Cenco. «Les évêques doivent d’abord présenter le rapport sur l’accord au président de la République et celui-ci devra reconfirmer, dans son pouvoir discrétionnaire, le mandat des évêques et le préciser pour la suite», a déclaré Aubin Minaku, secrétaire général de la Majorité présidentielle (MP) et président de l’Assemblée nationale aussi. Il a souligné que la MP ne pourrait se prononcer sur une éventuelle mise en œuvre de l’accord sans un avis favorable de Joseph Kabila.[13]
Le 4 janvier, les évêques de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) ont rencontré le Président Joseph Kabila. Selon l’abbé Donatien N’Shole, «les évêques tenaient à lui donner la primeur des textes de l’accord global inclusif, tout en lui signifiant qu’il y a une partie du travail qui reste à faire». Le secrétaire général intérimaire de la CENCO a affirmé que le Président de la République a encouragé les évêques à achever rapidement les étapes restantes, afin d’accélérer le processus de la mise en a œuvre du compromis politique. Selon les évêques, Joseph Kabila «a insisté sur le fait que l’essentiel soit l’organisation des élections». Le Président de la République a promis également son engagement dans l’application de cet Accord. A la question de savoir si Joseph Kabila a renouvelé aux prélats le mandat des bons offices telle qu’exigé par la Majorité présidentielle, l’abbé Donatien Nshole a répondu que «il a demandé aux évêques ce qui restait…nous le lui avons dit et il nous a demandé de continuer».[14]
[1] Cf AFP – Africatime, 30.12.’16
[2] Cf Stanys Bujakera – Actualité.cd, 30.12.’16
[3] Cf RFI, 31.12.’16; Radio Okapi, 31.12.’16
[4] Cf RFI, 31.12.’16
[5] Cf Radio Okapi, 31.12.’16
[6] Cf RFI, 31.12.’16
[7] Cf Radio Okapi, 01.01.’17
[8] Cf Radio Okapi, 03.01.’17
[9] Cf RFI, 02.01.’17
[10] Cf Actualité.cd, 03.01.’17
[11] Cf Le Potentiel – Kinshasa, 10.01.’17 http://www.lepotentielonline.com/index.php?option=com_content&view=article&id=16003:declaration-de-opposition-politique-signataire-de-l-accord-du-18-octobre-2016-a-la-cenco&catid=90:online-depeches
[12] Cf RFI, 31.12.’16
[13] Cf AFP – Jeune Afrique, 03.01.’17
[14] Cf Stanys Bujakera Tshiamala – Actualité.cd, 04.01.’17