Congo Actualité n.290

SOMMAIRE

ÉDITORIAL: MASSACRES DE BENI, LE NOUVEAU VISAGE DES ADF

  1. BENI CONTINUE À PLEURER SES MORTS
  2. Le massacre de Rwangoma
  3. La position du  Gouvernement
  4. Quelques déclarations des partis politiques et de la société civile
  5. Une population victime pas seulement des massacres, mais aussi du désespoir et de la colère
  6. 2. LA NON CRÉDIBILITÉ DE L’HYPOTHÈSE D’ATTENTATS TERRORISTES JIHADISTES
  7. QUI SONT LES TUEURS DE BENI?
  8. Les vrais ADF: de 1995 à avril 2014
  9. Les faux ADF: d’octobre 2014 à nos jours
  10. Des « migrants » en provenance du Rwanda
  11. Les «ADF-FARDC»

iii. Des infiltrations armées à partir de l’Ouganda

  1. SITUATION CONFLICTIVE DANS LE TERRITOIRE DE RUTSHURU

 

1. BENI CONTINUE À PLEURER SES MORTS

 

a. Le massacre de Rwangoma

 

Le 31 juillet, les Forces armées de la RDC ont démantelé un bastion des miliciens des ADF à Mwalika, au Sud-Est du chef-lieu du territoire de Beni (Nord-Kivu). Des sources militaires ont indiqué que c’est dans la vallée de Mwalika que les ADF avaient concentré leur force, depuis la traque lancée contre eux le 25 juillet dernier dans le cadre de l’opération «Usalama» [la paix], dans la région appelée « Triangle de la Mort », comprise entre Mbau, Kamango et Erengeti. Selon des sources de la société civile du territoire de Beni, certains civils de Mwalika étaient pris en otage par ces miliciens. Ils s’occupaient des travaux champêtres pour le compte des ADF. Ce qui permettait à ces rebelles de ravitailler en nourritures, d’autres combattants se trouvant dans la région d’Erengeti et Kainama. Les FARDC auraient repris Mwalika sans combat, car les ADF auraient eu le temps de vider la zone avant l’arrivée de l’armée.[1]

Le 13 août, 51 personnes ont été massacrées au quartier Rwangoma de Beni-ville (Nord-Kivu). On attribue cette tuerie aux Forces Démocratiques Alliées (ADF), un groupe armé d’origine ougandaise.

Pour le lieutenant Hazukay, les ADF ont « contourné » les positions de l’armée « pour venir massacrer la population en guise des représailles » aux opérations militaires en cours dans la zone.

Le général Kasonga, porte-parole des FARDC, a précisé que «il y a quelques jours, les Forces armées de la République démocratique du Congo avaient détruit un centre d’accueil et de radicalisation de l’ADF à Mwualika. Au cours de cette opération, on avait découvert des habitations souterraines où se retranchaient les éléments de l’ADF. Ceux qui s’étaient échappés, avaient fui pour se cacher. C’est pendant leur fuite qu’ils ont commis le massacre de Rwangoma».

Au cours d’une conférence de presse organisée à Beni, le commandant des opérations Sokola 1, le général Marcel Mabangu, a affirmé que les assaillants, auteurs de ce nouveau massacre, ont utilisé la même tenue que portent les Forces armées de la RDC et qu’ils auraient utilisé cette stratégie «pour créer la confusion et tromper la vigilance de la population». Il a dès lors annoncé que les FARDC engagées dans les opérations contre les ADF dans le territoire de Beni vont changer la couleur de leur tenue.

Toutefois, pour la Société civile locale, les forces de sécurité auraient pu empêcher ces massacres, car la population avait déjà signalé la présence de ces rebelles dans la ville quelques heures auparavant. Selon la Société civile locale, les populations du quartier Paida auraient aperçu, vers 17 heures locales, une colonne de ces rebelles ougandais, se dirigeant vers Kasanga et Rwangoma, dans la commune de Behu. La même source indique que ces assaillants ont entamé leur sale besogne vers 18 heures, tuant au passage, à la machette et à la hache, des populations trouvées dehors et dans leurs habitations, et même ceux qui revenaient de leurs champs. Selon le témoignage d’une maman, «les assaillants portaient l’uniforme de l’armée congolaise et parlaient le kinyarwanda».

Cette nouvelle attaque a eu lieu 72 heures après une visite du président congolais Joseph Kabila dans la région où il a promis de tout mettre en œuvre pour « imposer » la paix et la sécurité.

La population en colère est descendue dans la rue pour protester contre ces massacres et demander la démission de certaines autorités du pays, dont le ministre de la Défense et celui de l’Intérieur.[2]

Le 16 août, vers 20h00, des présumés miliciens des ADF ont attaqué Mayi Moya, une localité du territoire de Beni, au Nord-Kivu. Trois civils ont été tués, une dame et une jeune fille de 10 ans. Les assaillants ont pris la fuite après une intervention des FARDC.[3]

Le 22 août, deux personnes ont été tuées et sept autres ont été blessées lors d’une nouvelle incursion de présumés miliciens ADF perpétrée entre 19 heures et 20h30 dans les villages de Kithevya et Makulu, dans le territoire de Beni. Les assaillants ont aussi incendié une dizaine de maisons et volé des animaux de basse-cour avant de se retirer.[4]

b. La position du  Gouvernement

Le 14 août, le gouvernement congolais a décrété trois jours de deuil national, à partir du15 jusqu’au 17 août. Le porte-parole de l’exécutif national, Lambert Mende, a déclaré que ces massacres sont le fait d’un groupe islamiste radicalisé ou djihadiste «selon les informations concordantes recueillies dans leurs bases de repli de Mwalika et Nadui». Lambert Mende déplore que les FARDC soient les seules à affronter [ce groupe djihadiste] «dans l’indifférence de la communauté internationale, alors que ces actes ne diffèrent en rien de ceux signalés notamment au Nigéria, au Mali, au Cameroun ou hors du continent comme en France, en Belgique ou aux Etats-Unis d’Amérique». Pour les autorités congolaises, les combattants ADF constituent un groupe islamiste radicalisé ou djihadiste.[5]

Le 16 août, une délégation gouvernementale est arrivée à Beni. Elle s’est rendue à Rwangoma, où s’est déroulé le massacre. Il s’agit d’une visite pour faire une évaluation de la situation et essayer de comprendre ce qui est arrivé. Il y avait le Premier ministre congolais Augustin Matata Ponyo, le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la sécurité, Evariste Boshab, le ministre de la défense, Crispin Atama et le chef d’Etat-major des FARDC, le Général Didier Etumba. Il y a eu beaucoup de discussions d’ailleurs pour savoir s’il y a eu des complicités. Selon le Ministre de l’Intérieur, il doit y en avoir, car il faut bien connaître les lieux pour y arriver. Un officier de l’armée a précisé que, selon les statistiques de l’armée, plus de 45 % des membres des ADF seraient des Congolais, mais le maire de la ville a démenti toute complicité.[6]

 

Le 16 août, la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu et des magistrats de la haute cour militaire sont arrivés à Beni, où selon des sources judiciaires, devrait s’ouvrir le procès des présumés rebelles ougandais ADF et des présumés auteurs des massacres des civils dans le territoire de Beni. Ces personnes accusées de massacres de civils sont détenues par la justice et les services de sécurité depuis plusieurs mois. Parmi eux, des Ougandais, des Tanzaniens, des Rwandais, des Congolais et même des Sud-Soudanais, tous membres présumés des ADF.  Selon des sources judiciaires, c’est environ deux cents personnes qui vont comparaître devant la justice à Beni. Parmi ces accusés, aucun militaire. Toutefois, plusieurs experts ont accusé certains militaires des FARDC d’avoir participé ou facilité des massacres à Beni. Le cas du général Mundos est notamment examiné par le comité de sanctions des Nations Unies, après les accusations portées par le groupe d’experts de l’ONU pour la RDC. Des accusations toujours démenties par les autorités.[7]

Le 17 août, le maire de Beni, Nyonyi Bwanakawa, a annoncé l’instauration d’un couvre-feu entre 20 heures et 6 heures ainsi que l’interdiction de toutes les manifestations publiques. Ces mesures ont été décidées au cours d’un conseil de sécurité présidé dans la ville de Beni par le ministre de l’Intérieur, Evariste Boshab. L’objectif serait celui de faciliter les opérations des services de sécurité pour maintenir l’ordre publique et assurer la sécurité de la population locale. Le couvre-feu concerne les villes de Beni et Butembo. De sa part, la population rejette catégoriquement l’application de ces mesures, en soupçonnant les autorités de vouloir favoriser l’infiltration de tueurs pendant le temps où les habitants sont obligés de rester chez eux.[8]

Le 18 août, au cours du point de presse, le ministre porte parole du Gouvernement, Lambert Mende Omalanga, a affirmé que, en analysant le mode d’opération et les méthodes utilisées pour commettre ces massacres d’une extrême barbarie, le gouvernement congolais se dit convaincu que les auteurs font partie de groupes terroristes. Il a affirmé que, «d’une opposition armée traditionnelle au régime ougandais du président Museveni expatriée en République du Zaïre qu’ils étaient en 1995, l’ADF-NALU s’est substantiellement transformée et est devenue à ce jour une véritable internationale terroriste à caractère islamiste radical. Ce constat se dégage de la composition multinationale de ses unités combattantes où ont été trouvés non seulement des sujets ougandais des premiers jours, mais aussi des Somaliens, des Tanzaniens, des Kenyans, des Rwandais, des Ethiopiens et aussi des Congolais. C’est manifestement en pleine mission de recrutement en Tanzanie que Jamil Mukulu, le leader du mouvement, a été arrêté en Tanzanie avant d’être extradé vers l’Ouganda, son pays d’origine où il va bientôt passer en jugement. Le processus de radicalisation des éléments des recrues a, selon les renseignements recueillis, bénéficié de l’appui des Shebab somaliens». Le ministre de la Communication et Médias a indiqué que, sur les 200 éléments ADF capturés, 80 sont gardés dans la prison centrale de Kangwanyi à Beni et 120 dans la prison de Kinshasa. Parmi eux, beaucoup de sujets ougandais, mais aussi des Tanzaniens et quelques Rwandais et Congolais.[9]

c. Quelques déclarations des partis politiques et de la société civile

L’armée congolaise parle d’un acte de représailles des ADF après l’attaque de certaines de leurs place-fortes, et notamment la base de Mwalika. Officiellement pour l’armée congolaise, il s’agit d’une tentative désespéré des ADF de montrer qu’ils existent encore. Du côté de la Société civile de Beni, on pense également que ça pourrait être une opération de représailles. «C’est une guerre asymétrique, car les ADF ne respectent aucune règle et ils tuent à la machette», expliquent les services de sécurité.

Agacé de voir ce massacre intervenir trois jours seulement après la venue du président de la République, un officier estime que «le fait de tuer chaque fois que les autorités sont en visite montre qu’il y a des consignes qui viennent d’ailleurs». Des sources au sein du gouvernement désignent l’opposant Mbusa Nyamwisi en exil. Dans l’entourage de l’opposant, on dément et accuse à son tour le président Kabila d’être lui-même «responsable de ces massacres», ou au moins de «ne pas faire assez pour protéger la population». Un massacre d’ores et déjà politisé.[10]

Le Front citoyen 2016, une plate-forme politique de l’opposition, note avec regret que «le président Kabila et son gouvernement ont totalement échoué à ramener la paix dans cette région». Par  conséquent, conclut-il, le chef de l’État doit «démissionner». La plate-forme va encore plus loin. Elle suggère que «Joseph Kabila pourrait être le véritable responsable de l’insécurité» à Beni, afin de «pérenniser une terreur quasi-généralisée», alors que «les Congolais attendent la fin de son régime et l’avènement de la première alternance démocratique au sommet de l’État».[11]

Dans un communiqué, Moïse Katumbi, ex Gouverneur de l’ex Katanga et candidat déclaré à la prochaine présidentielle, a affirmé que «l’inaction de nos dirigeants est déplorable, inacceptable et irresponsable. Les efforts policiers, juridiques et militaires doivent être concentrés sur les populations de l’Est (…) au lieu d’êtres utilisés pour réprimer les défenseurs des droits de l’homme et de la Constitution».[12]

Dans le premier communiqué officiellement signé par lui comme nouveau Secrétaire Général de l’UDPS, Kabund-a-Kabund a affirmé que: «l’UDPS constate malheureusement que le Gouvernement illégitime de Monsieur Joseph Kabila a failli à la mission régalienne de protéger le peuple congolais. En conséquence, l’UDPS tient Monsieur Kabila pour responsable de ce carnage et lui demande de tirer toutes les conséquences quant à ce».[13]

Le 22 août, après les récents massacres des civils à Beni, des jeunes issus de mouvements citoyens, de la Société civile et partis politiques ont exigé la «démission immédiate» du président de la République, Joseph Kabila ainsi que de son Gouvernement. Sifflets aux lèvres, cartons rouges en mains à l’instar d’un arbitre qui sanctionne un joueur qui s’est mal comporté sur terrain; le message est clair: «Trop c’est trop, ekoki (ça suffit) !!! Le président Kabila et son Gouvernement doivent démissionner». Selon une déclaration commune, lue par leur porte-parole, Carbone Beni, chargé de la mobilisation de « Filimbi », «les tueries de Beni ne sont pas une attaque orchestrée par des groupes « terroristes radicalisés ou djihadistes »», comme le présume le gouvernement congolais. Dans leur communiqué, les jeunes constatent avec colère que «l’actuel pouvoir, incarné par le président Kabila et son Gouvernement, vient une fois de plus de démontrer son incapacité criante à sécuriser les citoyens du fait de la complicité irréfutable de certains hauts responsables politiques ainsi que des services de défense et de sécurité». Ce Collectif des jeunes constate aussi que «la répétition des actes et l’inaction des autorités depuis pratiquement deux ans valident l’hypothèse selon laquelle certains officiers supérieurs au sein de la chaîne du haut-commandement militaire de l’Armée nationale, tel que le général Mundos Akili, alors commandant des opérations dans la zone, sont directement impliqués dans ces tueries». Carbone Beni a enfin affirmé que «les jeunes souhaitent que ces massacres ignobles, qui ont coûté la vie à des centaines de civils, cessent et que les coupables soient sévèrement sanctionnés».[14]

d. Une population victime pas seulement des massacres, mais aussi du désespoir et de la colère

Le 21 août, à Butembo, des jeunes et des chauffeurs de taxi-motos en colère ont intercepté un minibus à bord duquel voyageaient des passagers qu’ils soupçonnent d’appartenir au groupe d’assaillants qui ont récemment massacré des civils à Beni. Un témoin affirme que les taxis-motos et les jeunes ont fouillé le bus et ont trouvé à bord des machettes et des houes, alors que ceux qui tuent la population à Beni utilisent aussi des machettes. D’autres témoins affirment également que ces personnes, identifiées comme de « Hutus rwandais ». transportaient, dans leurs sacs, des nouvelles tenues des FARDC. Du coup les chauffeurs de taxis-motos et les jeunes ont commencé à tabasser les passagers ». Les forces de l’ordre sont rapidement intervenues pour protéger les passagers et les ont conduit au bureau de l’ANR (Agence national de renseignement). Le véhicule provenait du Masisi et se dirigeait, d’après certains témoins, vers Bunia (en Ituri). Tous les passagers affirment être des cultivateurs et ils étaient en possession d’une « feuille de route » délivré par le Chef de groupement de Masisi, bien que, il y a plus de trois mois, le gouverneur Julien Paluku avait signé un arrêté interdisant tous les mouvements des «populations inconnues» sur toute l’étendue du Nord-Kivu. Des marches et regroupements spontanés se sont organisés toute la journée dans les rues de Butembo et les forces de l’ordre ont dû tirer pour disperser les manifestants jusque tard la nuit.[15]

Le 24 août, des manifestants de Butembo ont « lynché puis brûlé » deux passagères soupçonnées de vouloir rejoindre les auteurs des massacres de Beni. «Les deux personnes tuées ne sont même pas rwandophones: l’une est originaire de l’Ituri, dans le nord-est du pays, l’autre est de Bukavu», capitale de la province voisine du Sud-Kivu», a déclaré le général Marcel Mbangu.

Selon George Kisando, journaliste sur place à Butembo, «des jeunes se sont attaqués à des personnes qui venaient de Goma à bord d’un bus. La population contrôle les bus à la recherche des présumés combattants ADF. C’est comme ça que deux femmes ont été lynchées par des jeunes. Selon leurs cartes d’électeurs, l’une serait originaire de Ango (ex-Province Orientale) et l’autre du Sud Kivu. C’est le troisième cas de justice populaire en trois jours pour les mêmes raisons». Selon des témoins, les jeunes de Butembo avaient barricadé les principales artères de la ville, procédant à des contrôles sur tous les véhicules en provenance des territoires du sud, réputés zones d’action des rebelles hutu rwandais des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR).[16]

Insatisfaite de la capacité des autorités à les protéger d’éventuels massacres, la population se rend justice elle-même. C’est sur un barrage improvisé par les habitants de la ville que le drame est arrivé. Deux véhicules transportant des voyageurs sont arrêtés à l’entrée de la ville. Des membres d’un groupe d’auto-défense contrôlent les identités. Une opération qui consiste généralement à vérifier si les personnes maîtrisent bien les langues de la région: le swahili ou le nande.

Deux femmes, d’une cinquantaine d’années, ont le malheur de ne pas maitriser ces deux langues. Très vite, on les soupçonne d’être des Hutues rwandaises. Des étrangères donc. Le contrôle dégénère. Les deux femmes sont lynchées, puis brûlées sans que la police n’ait le temps d’intervenir.

Comment expliquer cette éruption de violence? Dans l’opinion, une rumeur est largement répandue: celle que des Hutus rwandais prêteraient main forte aux rebelles ADF Nalu. Résultat, la crainte d’être attaqués par des rebelles a créé une vraie paranoïa et des réflexes xénophobes. Il est cependant vrai que les importants mouvements de migration de Hutus en direction de Bunia observés ces derniers mois, sans explication officielle, alimentent les interrogations et les rumeurs.[17]

Le 24 août, dans une déclaration politique intitulée « APPEL AU CALME« , des députés nationaux du Nord Kivu se sont déclarés contre toute forme de justice populaire.

  1. Ils se disent «profondément préoccupés par le pourrissement de la situation sécuritaire de la province du Nord Kivu et, plus particulièrement, par les massacres des populations civiles dans le territoire de Beni, dans la partie sud du territoire de Lubero, dans le territoire de Rutshuru ainsi que par les violences urbaines en ville de Butembo».
  2. Ils sont «déçus et très inquiets de l’incapacité des Gouvernement central et provincial à mettre fin à ce chaos et à appliquer les recommandations des Assemblées Nationale et provinciale et des mesures inappropriées apportées à cette situation par les autorités locales».
  3. Ils déplorent «la non exécution de la note circulaire du Gouverneur de province du Nord Kivu du 28 mai dernier, portant interdiction des mouvements suspects des populations inconnues sur toute l’étendue de la province et dans le territoire de Beni en particulier».
  4. Ils condamnent fermement «les actes violents de justice populaire perpétrés par certains jeunes de Butembo, le 21, le 22 et le 24 août 2016».
  5. Ils désapprouvent «le lynchage des deux dames en ville de Butembo» et demandent aux services de police de «procéder immédiatement aux enquêtes pour que Justice soit faite».
  6. Ils demandent avec insistance aux autorités administratives locales, aux services de sécurité et à la police de «s’occuper eux-mêmes de l’exécution sans faille de toutes les dispositions visant le rétablissement de l’ordre et de la sécurité et plus particulièrement de la circulaire ci haut citée, pour éviter que tel drame ne se reproduise».
  7. Ils encouragent la population à «rester vigilante et à éviter de recourir à la justice populaire, afin de ne pas tomber dans le piège de l’ennemi, en nourrissant la division entre les peuples».[18]

Le 25 août, en séjour à Butembo à cause de tensions, le vice-gouverneur du Nord-Kivu, Feller Lutahichirwa, a qualifié cette situation de «criminalité juvénile, alimentée par des manipulations et intoxications des jeunes par des tierces personnes, à travers notamment les réseaux sociaux». Il a indiqué avoir pris des mesures pour contrer «cette chasse à l’homme initiée par certains jeunes du milieu contre des non-originaires». A en croire le vice-gouverneur, cinquante-sept personnes sont déjà aux arrêts.[19]

2. LA NON CRÉDIBILITÉ DE L’HYPOTHÈSE D’ATTENTATS TERRORISTES JIHADISTES

Le député UNC Claude Lubaya s’interroge sur la répétition des massacres et la menace terroriste.

Le gouvernement congolais s’est précipité à évoquer la thèse des attaques d’origine terroriste de la part des musulmans jihadistes de l’ADF. Il a, par ailleurs, sollicité l’appui des puissances étrangères, pour contrer ce qu’il considère déjà comme des actes de terrorisme semblables à ceux qui sont perpétrés au Mali, au Nigeria et ailleurs. Sur le fond comme sur la forme, cette thèse semble fausse.

– En effet, la RDC n’étant pas militairement engagée dans un pays étranger à dominance musulmane, rien ne saurait justifier que les milices islamistes de quelque origine que ce soit, shebabs somaliens ou d’ailleurs, en arrivent à s’attaquer aux civils congolais de l’Est de la République.

– Il est aussi établi que les organisations terroristes n’agissent jamais directement sur le territoire d’un pays cible. Elles s’appuient toujours sur leurs correspondants locaux qui, naturellement, leur font allégeance. Ce sont donc ces antennes locales, inféodées aux différents émirs, qui commettent des attentats meurtriers et ces derniers en revendiquent la paternité. Toutes proportions gardées, il est encore difficile d’affirmer à ce jour que les Shebab, Al Qaida, Boko Haram et autres disposent de quelconques antennes leur ayant fait allégeance et opérant activement sur le territoire de la RDC.

Qu’on nous cite laquelle et qui en est le leader connu ou supposé.

– Il est également établi que les organisations terroristes n’ont jamais exécuté leurs basses besognes en silence. Elles n’ont jamais été muettes. S’appuyant sur certains médias et les réseaux sociaux, elles revendiquent toujours systématiquement et à haute voix, chacune de leurs attaques qu’elles présentent comme une victoire sur l’Etat censé être leur ennemi. Dans le cas d’espèce et à aucun moment, les attaques de BENI et ses environs n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque revendication de la part d’une organisation terroriste connue.

– Cela étant, le gouvernement a tort d’évoquer l’hypothèse des attaques terroristes pour justifier son inaction, son incapacité à sécuriser la population et pourquoi pas des complicités internes dans le dossier des tueries à répétition des congolais à BENI et dans tout l’Est de la République.

Dès lors, il va sans dire qu’à ce stade, le gouvernement est dans l’obligation de dire la vérité au peuple et au monde entier sur ces violences à répétition perpétrées, en toute impunité, contre les paisibles citoyens de Beni. Le gouvernement doit expliquer la mollesse de son action dans cette partie du pays. Il devra dire pourquoi, chaque fois qu’un officier des forces armées, par sursaut patriotique, tente de s’attaquer à ce phénomène, il est soit assassiné (le cas du Colonel Mamadou Ndala), soit relevé et muté ailleurs, s’il ne meurt pas dans des circonstances difficiles à élucider (cas des Généraux BUDZA MABE, BAUMA). Le gouvernement, s’il est composé des vrais hommes d’Etat, doit dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité et en tirer les conséquences logiques.[20]

 

 

3. QUI SONT LES TUEURS DE BENI?

 

Un défenseur des droits de l’homme, Boniface Musavuli, a essayé d’identifier les vrais responsables des massacres perpétrés dans le territoire de Beni.

1207 personnes sauvagement tuées depuis octobre 2014 sans tenir compte des personnes kidnappées. Le gouvernement congolais et la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) attribuent la succession de ces massacres de la région de Beni aux rebelles des ADF. D’où cette question: qui sont vraiment ces «ADF»? Selon les recherches entreprises par le GEC, un groupe de recherche basé à New York, les ADF oscillent entre seulement 100 et 260 maquisards. Ils sont confinés dans un petit triangle d’une cinquantaine de kilomètres.

La version officielle consiste à présenter les ADF comme des terroristes islamistes ougandais, en lien avec des groupes terroristes étrangers. Selon cette version, les ADF feraient partie d’un réseau transnational d’islamistes qui s’étend jusqu’au Sahel, en passant par Boko Haram et les Al-Shebab somaliens, voire les talibans en Afghanistan. Cette version a été bâtie à partir des confidences d’un mystérieux personnage qui se présenta comme un transfuge des ADF et qui est connu sous le sobriquet de «Mr X». Durant des mois, ce fameux Mr X a été l’informateur attitré de la MONUSCO sur les ADF jusqu’à ce que des recherches aboutissent à un constat accablant: l’homme est un affabulateur qui inventait ses récits et racontait n’importe quoi. En réalité, loin de la «version officielle», l’acronyme ADF ne désigne pas un même groupe d’assaillants. Pour comprendre l’affaire des ADF, il faut se situer dans le temps. L’histoire des ADF a en effet évolué passant d’une phase à l’autre: de 1995 à avril 2014; puis d’octobre 2014 à nos jours.

a. Les vrais ADF: de 1995 à avril 2014

 

En 1995, après avoir été chassés d’Ouganda d’où ils sont originaires, les ADF, un groupe armé de tendance radicale-islamiste, ont établi leur base arrière dans le Territoire de Beni (Est du Congo). Jusqu’à 2005, leur objectif était de renverser le gouvernement ougandais.

Fin 2013, après la victoire sur le M23, les FARDC et la MONUSCO ont été déployées en Territoire de Beni pour mener des opérations contre ce groupe armé. Elle fut achevée en avril 2014 avec la prise de toutes les localités que contrôlaient les ADF, dont Medina, leur centre de commandement. Le leader des ADF, Jamil Mukulu avait fui Beni dès février 2014, abandonnant ses troupes en pleine débandade. Il sera arrêté en Tanzanie en mars 2015 puis transféré en Ouganda où, depuis, il croupit en prison. Dans leur rapport du 12 janvier 2015, après le succès de l’Opération Sukola 1, les experts de l’ONU décrivent alors les ADF comme une organisation finie. Il n’en restait qu’une trentaine d’individus sans armes ni munition, et privés, par ailleurs, de sources de ravitaillement. C’est ici, en réalité, que s’achève l’histoire des ADF, «les vrais», le mouvement de Jamil Mukulu. Dès lors, d’où sont donc venus les ADF dont on parle aujourd’hui?

b. Les faux ADF: d’octobre 2014 à nos jours

i. Des « migrants » en provenance du Rwanda

Entre avril 2014 et août 2014, le calme règne à Beni où l’activité économique reprend progressivement. Mais plusieurs signaux annoncent une menace sécuritaire imminente. Tout d’abord, on observe une arrivée massive de populations rwandophones qui disent venir s’installer à Eringeti (Territoire de Beni), Boga et Tchabi en Territoire voisin d’Irumu, Province d’Ituri. Selon les autorités provinciales, ces populations sont des Hutu congolais du Masisi et de Rutshuru qui migrent vers le nord, à la recherche des terres. En effet, ils voyagent avec des laissez-passer signés par les autorités provinciales de Goma. Parfois, ils sont munis de cartes d’électeurs congolaises qui remplacent les anciennes cartes d’identité, mais l’on sait que de nombreux réfugiés étrangers les ont acquises illégalement. D’autres fois, il voyagent avec des machettes, qui sont des instruments de travail, mais qui sont utilisés comme armes blanche pour perpétrer des massacres. C’est pour cela que les populations locales doutent qu’ils soient des Congolais et elles soupçonnent qu’il s’agisse plutôt d’anciens réfugiés rwandais expulsés de la Tanzanie aux temps du Président Jakaya Kikwete.

Toujours selon la population, il pourrait s’agir de sujets rwandais injectés dans la région, dans le cadre d’un complot régional, visant à anéantir les populations autochtones par la terreur et les actes d’extrême cruauté, pour les contraindre à fuir, à abandonner leurs terres qui sont réoccupées par des populations allogènes, affluant du Rwanda et de l’Ouganda voisins. Parmi ces « migrants », il pourrait y avoir évidemment des « faux ADF » qui n’ont jamais connu le chef du mouvement, Jamil Mukulu.

ii. Les «ADF-FARDC»

Le deuxième signe annonçant la dégradation de la situation sécuritaire à Beni est la désignation du général Akili Muhindo à la tête de l’opération Sukola 1 menée par les FARDC contre les ADF.  Surnommé «général Mundos», il est un officier de la Garde républicaine et réputé très proche du président Kabila. Il est l’homme par qui le malheur s’est abattu sur Beni. Non seulement on assiste à une remobilisation des anciens éléments ADF, jusqu’alors dispersés dans la brousse, mais aussi à la création des groupes armés jusqu’alors inconnus, sous étiquette ADF. Plusieurs noms d’officiers FARDC sont cités dans les rapports onusiens pour leur rôle dans le recrutement de tueurs sous masque ADF, dans la remobilisation des anciens ADF qui avaient fui dans la brousse et dans la fourniture d’armes, de munitions et de renseignements.

Pire encore, on voit arriver des hordes de tueurs dans le sillage des bataillons commandés par le général Mundos. Les massacres avaient commencé le 2 octobre 2014, le jour-même où s’ouvrait le procès sur l’assassinat du colonel Mamadou Ndala, le premier commandant de l’opération Sukola 1 et tué lors d’une embuscade le 1er janvier 2014. Le général Mundos était sur la liste des accusés à la barre. Les tueurs opèrent librement. Ils tuent pendant des heures sans être inquiétés. On ne les arrête pas. On ne les remet pas à la justice. Les rares qui sont appréhendés, notamment par de courageux habitants, sont systématiquement remis en liberté. Comme s’il y avait une volonté d’Etat de les laisser «finir le boulot». Les tueurs s’expriment en kinyarwanda, font remarquer les experts de l’ONU, une langue que ne parlent pas les «vrais» ADF. Ils portent des uniformes FARDC et tuent à proximité des positions tenues par l’armée. Il s’avère rapidement qu’il s’agit des soldats rwandophones versés dans les rangs des FARDC en application des mécanismes de brassage et de mixage. Dans le rapport du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) de mars 2016, trois régiments FARDC sont cités nommément : le 808ème régiment impliqué dans le massacre de Tenambo-Mamiki, le 809ème régiment impliqué dans le massacre de Ngadi et le 1006ème régiment impliqué dans le massacre de Mayangose. Ces régiments sont formés majoritairement d’anciens miliciens du CNDP, l’ancêtre du M 23. Ce dévoiement de l’armée amena la population de Beni à désigner ses tueurs par l’appellation sarcastique d’«ADF-FARD». Ces soldats FARDC (ADF-FARDC) qui tuent la population, sous le masque ADF, sont, évidemment, des faux ADF et n’ont rien à voir avec Jamil Mukulu.

iii. Des infiltrations armées à partir de l’Ouganda

Au-delà des rwandophones qui migrent vers Beni avec des machettes et des infiltrés issus des mécanismes de brassage et de mixage, Beni enregistre depuis décembre 2013 des infiltrations armées à partir du territoire ougandais. Des noms célèbres sont mêmes revenus dans de nombreux témoignages. Il s’agit notamment du colonel Richard Bisamaza, un Tutsi, ancien du CNDP et ancien commandant du 1er Secteur FARDC basé à Beni. Il avait fui Beni et tenté de rejoindre le M23 mais n’avait pas réussi à atteindre Ishasha. Il prit alors la route de l’Ouganda, mais sa présence dans les zones de massacres, à Beni, a été attestée par de nombreux rapports et témoignages. L’homme ne peut pas effectuer ces incursions en territoire congolais sans la complicité des autorités ougandaises. Au-delà de ce cas, il faut toujours rappeler qu’après leur défaite, les combattants du M23 s’étaient repliés au Rwanda et surtout en Ouganda. Depuis, ils se sont dispersés du lieu de leur regroupement. La société civile de Beni a plusieurs fois signalé des infiltrations des anciens du M23 en territoire de Beni à partir des frontières de l’Ouganda. Mais il y a plus grave. En effet, plusieurs fois, après les combats entre FARDC et des assaillants, on retrouve sur le champ de bataille des cadavres de soldats portant des uniformes, des casques et des armes identiques à ceux des UPDF, l’armée ougandaise. De quoi se demander qui sont « ces soldats ougandais » qui se battent contre l’armée congolaise à Beni.[21]

4. SITUATION CONFLICTIVE DANS LE TERRITOIRE DE RUTSHURU

Depuis la fin novembre, le Nord-Kivu est le théâtre de violences entre deux communautés, les Hutus et les Nande, sur fond de rivalités entre groupes armés, les Maï Maï Mazembe et le NDC/Renové du chef Guidon côté Nande, les Nyatura et les FDLR côté hutus.

Les Nande accusent les Hutu congolais d’être les complices des FDLR pour les chasser de leur territoire. Les Hutu congolais, qui ne nient pas être à la recherche de nouvelles terres agricoles, accusent les Nande de violer leur droit constitutionnel à s’installer où ils le veulent.[22]

Le 3 août, le porte-parole des opérations Sokola II, le capitaine Guillaume Ndjike Kaiko, présentant le bilan de la traque contre les rebelles rwandais des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) et autres miliciens dans les territoires de Walikale, Rutshuru, Masisi et Nyiragongo (Nord-Kivu), a révélé que, de 2015 à juillet 2016, au moins 140 combattants des FDLR ont été tués, 323 capturés et 191 combattants se sont rendus à la Monusco. Le porte-parole des opérations Sokola II a ajouté que, durant cette même période, 116 combattants locaux ont été tués et que 936 miliciens ont été capturés ou se sont rendus.[23]

Le 6 août, vers 8 heures du matin, des miliciens Maï-Maï Mazembe ont incendié le camp de déplacés de Ngoroba, dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu. Ce camp, qui hébergeait plus de 500 déplacés, a été attaqué par ces combattants qui prétendaient pourchasser d’autres miliciens du groupe Nyatura. Ils ont assiégé le camp pendant trois heures avant d’y mettre le feu. Des sources dans la région rapportent que les déplacés qui vivaient dans ce camp ont fui sur les montagnes environnantes.[24]

Le 6 août, cinq civils ont été tués par des hommes armés non autrement identifiés dans la localité de Kashalira, située à 20 Km de Kibirizi. Dans la soirée du même jour, deux autres personnes ont été retrouvées mortes à Nyanzale, localité située à 45 km de Kibirizi. Parmi ces décès, figure un combattant Nyatura, brûlé vif dans sa maison.[25]

Le 7 août, pendant la nuit, à Kibanda, une localité de la cité de Kibirizi, chefferie de Bwito, huit personnes ont été tuées et une centaine de maisons incendiées dans une attaque que le fonctionnaire délégué adjoint du Gouverneur du Nord-Kivu à Bwito attribue aux FDLR et leurs alliés Nyatura. Les assaillants seraient venus de Kahumiro, localité située à environ 5 km de Kibirizi. Cette attaque intervient trois jours après l’assassinat, par des Maï-Maï, d’un membre de la communauté des « déplacés » à Kibirizi.[26]

Le 17 août, sept personnes ont été tuées dans les localités de Nyanzale et Bwalanda, dans la chefferie de Bwito au Nord-Kivu. Selon les responsables administratifs, ces personnes ont été tuées à la suite des échauffourées qui opposent à nouveau les communautés ethniques locales, Nande-Hunde face aux Hutu. Des centaines de maisons ont aussi été incendiées, dans les deux camps.

Trois corps ont été découverts, le 17 août, à Katwe, à 5 Km de Nyanzale. Il s’agit des personnes enlevées le 15 août par des combattants Maï-Maï, à 3 km de Nyanzale, alors qu’ils revenaient de leurs champs. Dans l’après-midi du 17 août, la police et les services de sécurité ont ramené ces corps à Nyanzale. Les membres de la communauté Hutu, ayant identifié qu’ils s’agissait de leurs frères, se sont mis à brûler les habitations de Nande et Hunde, qu’ils accusent d’avoir commandité ces assassinats. Le même jour, dans la soirée, les Nande et Hunde sont allés, à leur tour, à Bwalanda, 5 km de Nyanzale et ont incendié toutes les maisons appartenant aux hutu. Trois personnes ont été tuées sur place. L’une d’elles a été brûlée dans sa maison et une autre a succombé de ses blessures. Un autre corps a été découvert le matin du 18 août.[27]

[1] Cf Radio Okapi, 04.08.’16

[2] Cf Radio Okapi, 14.08.’16; RFI, 14.08.’16; AFP – Africatime, 14.08.’16;

[3] Cf Radio Okapi, 17.08.’16

[4] Cf Radio Okapi, 24.08.’16

[5] Cf Radio Okapi, 14.08.’16; RFI, 14.08.’16; AFP – Africatime, 14.08.’16

[6] Cf RFI, 16.08.’16

[7] Cf Radio Okapi, 17.08.’16; RFI, 18.08.’16

[8] Cf Stanislas Ntambwe – Le Potentiel – Kinshasa, 19.08.’16

[9] Cf Le Phare – Kinshasa, 19.08.’16

[10] Cf RFI, 15.08.’16

[11] Cf AFP – Jeune Afrique, 16.08.’16

[12] Cf Politico.cd, 14.08.’16

[13] Cf Actualité.cd, 16.08.’16

[14] Cf Stanislas Ntambwe – Le Potentiel – Kinshasa, 22.08.’16

[15] Cf BBC-Afrique, 22.08.’16; Direct.cd, 21.08.’16; Radio Okapi, 22.08.’16

[16] Cf Radio Okapi, 24.08.’16; AFP – Jeune Afrique, 24.08.’16; Actualité.cd, 23.08.’16

[17] Cf RFI, 25.08.’16

[18] Cf Beniluberonline, 24.08.’16  http://benilubero.com/les-deputes-nationaux-elus-du-nord-kivu-appel-au-calme/

[19] Cf Radio Okapi, 25.08.’16

[20] Cf Actualité.cd, 16.08.’16  https://actualite.cd/2016/08/16/tueries-de-beni-claudel-lubaya-doute-sinterroge-cas-mamadou-ndala-budja-mabe-tribune/

[21] Cf Boniface Musavuli – Agoravox, 16.08.’16  http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/rd-congo-massacres-qui-sont-les-183706

[22] Cf RFI, 09.08.’16; AFP – Onewovision, 08.08.’16

[23] Cf Radio Okapi, 04.08.’16

[24] Cf Radio Okapi, 06.08.’16

[25] Cf Radio Okapi, 08.08.’16

[26] Cf Radio Okapi, 08.08.’16

[27] Cf Radio Okapi, 18.08.’16