SOMMAIRE
ÉDITORIAL: TENSION ENTRE HUTU ET NANDE AU NORD KIVU
- LE CONFLIT HUTU NANDE
- Le contexte
- Un plan intérimaire de sortie de crise
- Les prises de position des représentants des deux communautés
- Malgré toutes les déclarations, la tension persiste
- La question qui se pose: qui sont ces Hutu?
- LES FDLR, PRÉSUMÉES RESPONSABLES DE PLUSIEURS ENLÈVEMENTS
- L’ARMÉE RWANDAISE SUR LE SOL CONGOLAIS À LA RECHERCHE DES FDLR
ÉDITORIAL: TENSION ENTRE HUTU ET NANDE AU NORD KIVU
LE CONFLIT HUTU NANDE
a. Le contexte
Dans le sud-Lubero, au Nord Kivu, les Communautés Hutu et Nande se regardent en chiens de faïence. Les Hutu sont accusés d’être de connivence avec les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) qui veulent, coûte que coûte, s’implanter et contrôler l’espace, pour s’accaparer des terres des Nande qui, à leur tour et dans le souci de se protéger, ont créé leur propre milice: le groupe armé « Mai-mai Yira ».[1]
Nickson Kambale, avocat au barreau de Kinshasa et associé au Groupe d’étude sur le Congo, a publié un article intitulé « Miriki: Les dangers de la guerre par procuration », où il affirme que:
«Enkystées dans les confins des forêts du territoire de Walikale depuis la chute du régime Habyarimana (1994), les FDLR ont réussi à survivre aux opérations militaires, ainsi qu’aux différents programmes de désarmement, rapatriement et réinsertion, en associant les forces belligérantes et les milices locales actives dans la région, en particulier le groupe UCPC de Kakule Sikuli Lafontaine et les Nyatura. Cet ancrage leur a permis de s’assurer d’une autorité de fait dans les entités occupées où ils pratiquent l’agriculture, le commerce et l’exploitation des ressources minières au détriment de la population locale.
Devant l’impuissance des forces de sécurité congolaises, y compris des forces de la mission de paix de l’ONU, les autorités coutumières ont résolu d’organiser la jeunesse pour se débarrasser d’un hôte dont le comportement dépassait le degré minimal du tolérable. C’est ainsi que, au dernier trimestre 2015, les miliciens FDLR ont été confrontés à une jeunesse déterminée, appelée Mai-Mai Kyaghanda Yira et plus tard Union des Patriotes pour la Défense des Innnocents (UPDI). D’après plusieurs sources, au début cette milice a bénéficié d’un appui substantiel des Forces Armées de la RDC. Après avoir été délogés dans plusieurs de leurs bastions, les miliciens FDLR n’ont pas hésité à réagir. Ils vont s’en prendre aux populations civiles, y compris les chefs coutumiers pour leur rôle présumé ou réel dans l’organisation du mouvement Mai-Mai Kyaghanda Yira. C’est, par exemple, ce qui s’est passé à Miriki, où les FDLR ont tué la femme et deux fils du chef du village.[2]
Depuis 2010 des populations Hutu sont rentrées de force dans le sud du Territoire de Lubero qu’ils habitaient avant les guerres dites de libération de 1996 – 2003. Ce retour accepté par les autorités provinciales ne fut pas encadré et seuls les humanitaires ont donné des petits appuis à ces retournés. Une méfiance s’est installée entre ces populations Hutu et les Nande qui étaient resté sur place, Ces dernier ont accusé les Hutu d’être revenus les armes au dos et d’avoir fait alliance avec les FDLR. Par conséquent, le manque de confiance entre les deux populations n’a fait que s’aggraver.
Depuis plus de 5 ans, les populations Nande se plaignent de l’occupation anarchique de leurs champs par les Hutu et des actions de complicité avec les FDLR : massacres de civils, enlèvements de personnes, assassinats des leaders locaux et des Chefs coutumiers, pillage des récoltes et incendie de villages, dans une stratégie d’occupation des terres sans respect pour les coutumes locales. Il faut noter aussi un grand nombre de déplacés qui abandonnent leurs villages, par crainte des représailles des milices opposées sur terrain. L’allure que prend le conflit est donc grave. Si rien n’est fait, la zone s’achemine sûrement vers un génocide. Il est important qu’une enquête internationale soit faite pour identifier les leaders politiques qui tirent les ficelles dans les coulisses. Une réponse rapide qu’attendent les populations locales c’est une position claire de l’autorité nationale sur la question du rapatriement, au Rwanda, des FDLR coupables de plusieurs violations des droits humains contre les populations locales.[3]
b. Un plan intérimaire de sortie de crise
Le gouverneur du Nord Kivu, Julien Paluku, accuse les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) d’être à la base des violences observées entre les communautés Hutu et Nande dans le Sud de Lubero. «Il se fait que les rebelles hutu rwandais des FDLR constituent le problème central. Ils sont à l’origine des manipulations enregistrées dans la région. Ils se sont établis là-bas où ils ont créé une administration et même voulu changer le pouvoir coutumier de la place», a affirmé Julien Paluku. À Lubero, le pouvoir coutumier est tenu par les Nande. A en croire les propos du gouverneur Paluku, les FDLR veulent y placer des chefs de leur obédience.
«La grande disposition que nous venons de prendre ici avec l’armée, est de relancer très rapidement les opérations contre les FDLR et les Maï-Maï. Parce que les populations, de part et d’autre, ont tendance à chercher protection les unes chez les FDLR et les autres chez les Maï-Maï», a reconnu Julien Paluku. Avant d’ajouter que «nous devrions coupler ce travail avec une enquête diligentée par les magistrats militaires pour que les tireurs des ficelles, qui sont localisés même en dehors de cette région, soient identifiés et éventuellement, mis aux arrêts pour qu’ils cessent d’instrumentaliser les populations qui sont pourtant disposées à vivre en paix».[4]
Pour faire face à cette situation qui risque de dégénérer en conflits interethniques entre les Hutu et les Nande, le Gouvernement Provincial du Nord-Kivu a mis sur pied un PLAN INTERIMAIRE DE SORTIE DE CRISE AU SUD DU TERRITOIRE DE LUBERO qui se résume à six points essentiels en termes d’interventions et actions urgentes. Il s’agit de:
– Renforcer la présence militaire pour éradiquer le phénomène FDLR et mettre hors d’état de nuire les milices mai-mai ainsi que d’autres groupes armés encore actifs et sur lesquels chaque communauté a tendance à faire recours;
– Délocaliser le camp de déplacés de Miriki et apporter urgemment assistance aux 900 ménages soit près de 4500 personnes se trouvant dans le camp sans compter les déplacés vivant dans les familles d’accueil. Cette assistance va limiter les confrontations entre les communautés Hutu et Nande qui ont souvent lieu dans les champs à la recherche de quoi manger;
– Déployer la Police Nationale Congolaise pour le maintien de l’ordre dans les espaces libérés par les FARDC;
– Organiser un dialogue social en présence des leaders et notables de six Territoires de la Province y compris ceux qui sont à Kinshasa pour restaurer un climat de confiance entre les communautés ;
– Supprimer le camp des FDLR de Kanyabayonga, soit les rapatrier au Rwanda par la force, soit les délocaliser de là;
– Supprimer progressivement les camps de déplacés dans les zones sécurisées.
Ce plan nécessite le concours de plusieurs acteurs, notamment: le Gouvernement Central, l’Assemblée Provinciale du Nord-Kivu, le Gouvernement Provinciaux du Nord-Kivu,
la PNC, les FARDC, les leaders communautaires et politiques du Nord-Kivu et la Société Civile.[5]
c. Les prises de position des représentants des deux communautés
Le 18 février, les députés nationaux du Caucus Grand Nord alertent les Nations Unies sur le « Génocide contre la communauté Nande à l’Est de la République Démocratique du Congo ».
Selon ces députés nationaux élus des territoires de Béni et Lubero,
«Le caractère massif et sélectif des massacres qui se perpètrent contre la communauté ethnique Nande répond à la qualification de génocide.
La situation explosive qui prévaut aujourd’hui au sud du territoire de Lubero tire son origine dans la volonté clairement exprimée des migrants de la communauté Hutu d’occuper des terres par la force, la violence et la terreur. En effet, les massacres, qui ont atteint leur paroxysme en janvier 2016 avec les événements de Miriki, avaient été précédés par la destruction de centaines de maisons de paysans par le feu, dans l’espoir que ceux-ci désertent les lieux et abandonnent leurs terres.
Par ailleurs, les massacres du sud Lubero ne sont que le prolongement des carnages qui endeuillent le territoire voisin de Béni depuis 2014 et qui sont officiellement attribués aux rebelles ougandais de l’ADF. En effet, la similitude dans le mode opératoire observé avec les pratiques qui étaient de mise lors du génocide rwandais (assassinats à la machette, à la hache et autres armes blanches) dont les auteurs sont pour la plupart, encore présents sur le territoire congolais sous l’appellation des FDLR, nous permettent d’affirmer que le génocide des Nande est déjà en cours, en complicité avec certains Hutu congolais.
Nous sommes convaincus que les migrations massives des populations Hutus des territoires de Masisi et Rutshuru vers l’ITURI, en passant par Lubero et Béni, ne sont pas le fait du hasard mais relèvent d’une véritable stratégie d’occupation territoriale, sur fond de massacres d’une cruauté inouïe, dont le but est de provoquer la panique et l’abandon des champs par les populations locales.
Eu égard à la situation telle que décrite ci-haut et pour mettre un terme au génocide dont est victime la communauté Nande, nous demandons :
- Votre implication personnelle pour que la Monusco s’acquitte réellement de sa mission qui est la protection de la population,
- Que la Brigade d’Intervention des Nations Unies joue effectivement son rôle, conformément à la Résolution 32098 du 29/03/2013,
- Qu’une enquête internationale soit diligentée pour connaître toute la vérité sur le génocide des Nande, et que la Cour Pénale Internationale soit saisie afin que ces crimes ne restent pas impunis».[6]
Le Club Nyiragongo, association regroupant les jeunes cadres Hutu Congolais, a réagi à la déclaration des députés nationaux du Caucus Grand Nord, en écrivant une lettre ouverte au Président Joseph Kabila, publiée le 1er mars, pour attirer l’attention sur le massacre des populations hutues congolaises en Territoires de Beni, Butembo et Lubero par des individus et groupes armés nande congolais.
Selon le Club Nyiragongo, «Certains leaders politiques et communautaires et plusieurs notables de la communauté de Banande congolais, mieux du groupe ethnique Nande Congolais, choisissent la xénophobie, l’exclusion et la terreur en instaurant le pillage des ressources, le viol des femmes, ainsi que les massacres systématiques de membres de la Communauté Hutu vivant dans la partie Nord de la Province (Beni, Butembo et Lubero). Plus grave, ils incitent la population qu’ils représentent au massacre de leurs voisins hutus, rendant ainsi les massacres des Hutu un génocide bien planifié et encadré essentiellement par des Honorables Députes et Sénateurs Nande Congolais».
Après avoir rappelé la chronologie de certaines tueries, dont les Hutu ont été victimes, le Club Nyragongo cite:
«- Les propos de l’Honorable Député National Vénant TSHIPASA tenus dans un meeting populaire à Kanyabayonga en date du 3 février 2016, appelant à la haine tribale contre les Hutu. Nous citons: « La guerre contre le Muhutu est donc lancée. Il faut aiguiser les lances et les machettes … nous avons un seul ennemi commun: le Munyarwanda ».
– Les propos du Gouverneur du Nord Kivu, Julien Paluku, tenus le 9 avril 2015 à la radio Okapi, dans une émission de dialogue entre Congolais: « la nébuleuse FDLR se présente sous trois composantes: les FDLR/FOKA qui sont opposées au régime de Kigali et qui militent pour la récupération du pouvoir par la force, les FDLR/RUD que nous supposons être une création de forces obscures externes à la RDC pour essayer de surveiller le FDLR/FOKA et, malheureusement, les FDLR CONGOLAIS, entre guillemets, c’est-à-dire les enfants du Nord-Kivu, de Masisi et de Rutshuru (entendre par là les Hutu congolais) qui se sont alliés au FDLR pour des motifs inavoués ».
– Les propos de Monsieur Télesphore KARONDE, Président de la Communauté Nande (KYAHANDA) tenus le 15 février 2016 à la radio Kivu One de Goma, appelant à chasser tous les Hutu des Territoires dits Nande ( Beni, Butembo, Lubero).
– La campagne d’assimilation des Hutus congolais à des étrangers devant rentrer « chez eux au Rwanda », en oubliant que les frontières africaines héritées de la Conférence de Berlin de 1884/1885 (frontières parfois tracées à l’équerre et au compas) ont créé des populations transfrontalières partout en Afrique. Les Nande sont eux même une population transfrontalière partagée entre la RDC et l’Ouganda. Devraient-ils aussi retourner en Ouganda?».
À propos de la lettre adressée à Monsieur BAN KI MOON par un groupe des Députés Nande, le Club Nyiragongo note que «Les Hutu, intentionnellement qualifiés de « migrants » pour les ostraciser, sont des citoyens congolais à part entière à qui la Constitution à son article 30 reconnait le droit de circuler librement, de fixer leur résidence à n’importe quel endroit de la République, de quitter et de revenir (… ).
Les Hutu ne sont pas membres de l’ADF, comme le déclarent ces Députés Nande. Pour preuve, ni l’armée, ni la MONUSCO ne sont jamais arrivées à des telles conclusion, et aucun fait n’a lié l’ADF à la population Hutu congolaise dans les événements du « grand nord », un terme qui, d’ailleurs, a été forgé par les politiciens de Beni, Butembo et Lubero, pour tenter d’isoler leurs contrées et les purifier de la présence des autres groupes ethniques, surtout HUTU. C’est ce plan macabre (diviser pour mieux régner) qu’ils sont en train d’implémenter. En réalité, la Province du Nord-Kivu a été divisée en deux grandes parties: La partie dite « grand nord » exclusivement Nande et où les autres groupes ethniques ne peuvent ni y résider, encore moins y exercer une quelconque activité; et la partie sud que certains appellent « grand sud ».
D’autre part, le lien supposé entre les FDLR et les HUTU congolais et les similitudes entre les deux groupes ne sont que le résultat de l’imagination de certains Députés Nande. En effet, ce sont les milices Mai Mai qui, dans leurs fausses stratégies, ont plus d’une fois conclu des alliances de circonstance avec les FDLR et plusieurs groupes armés étrangers au Kivu, et changent d’alliances pour leur propre intérêt en lieu et place des intérêts de tous les peuples de la province».
Enfin, le Club Nyiragongo recommande que:
«1. Le Président s’implique personnellement dans la levée de l’immunité parlementaires des Honorables Députés Vénant TSHIPASA et Bonane LUSENGE, pour que la justice se saisisse d’eux et qu’il répondent de leurs actes;
- Le Président s’implique personnellement pour que l’armée et les autres services de sécurité s’acquittent réellement de leur mission qui est la protection de la population;
- La brigade spéciale d’intervention de la MONUSCO joue effectivement son rôle, conformément à la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité du 23 mars 2013;
- Une enquête internationale soit diligentée pour connaitre toute la vérité sur le génocide des Hutu, et que la Cour Pénale Internationale soit saisie afin que ces crimes ne restent pas impunis;
- Tous les groupes armés impliqués dans des crimes de Guerre, crimes contre l’Humanité et crimes de génocide soient désarmés, afin de permettre aux instances judicaires, tant au niveau national qu’international, d’initier les poursuites judiciaires contre leurs auteurs».[7]
Le 2 mars, le Premier Vice-président du Comité de Gestion du Kyaghanda-Kinshasa, Paluku Kandu, a affirmé, dans une déclaration, que la communauté NANDE de Kinshasa a lu, non sans regret, la lettre du Club Nyiragongo.
Il a d’abord estimé que «la communauté hutu s’est servie du Club Nyiragongo comme avocat, pour tenter de couvrir les crimes contre l’humanité commis par les FDLR et alliés sur les populations civiles Nande, dans la province du Nord-Kivu. L’opinion nationale et internationale devra savoir que cette agitation dans le camp de la communauté Hutu trahit sa complicité avec les atrocités que commettent les FDLR et leurs alliés sur les populations innocentes d’autres communautés dans la province du Nord-Kivu.
En effet, sur l’affinité ethnique et linguistique avec les Hutu Congolais, les FDLR/lnterahamwe continuent à recruter sans difficulté de nombreux jeunes Hutu, qu’ils forment à l’usage des armes à feu et aux pratiques de tuer à la hache et aux machettes, sans qu’ils ne soient dénoncés par des politiciens et notables Hutu de Kinshasa. Leur silence et leur calme sont suffisamment interpellateurs. Cela démontre en fait que le fameux « Club Nyiragongo » de jeunes Hutu est un arbre qui cache la forêt.
A Beni, plus de 1000 personnes ont été tuées à la machette et avec des haches. A en croire le rapport parlementaire, certains rescapés de massacres ont confirmé que les bourreaux s’exprimaient en kinyarwanda. Ils ont procédé aux mêmes méthodes opératoires que les FDLR, consistant à incendier des maisons des Nande, tels que les cas de Kanyabayonga, Kasiki; Nyanzale, etc.
La communauté Nande voudrait faire savoir que, à l’occasion de la visite de la délégation gouvernementale à Miriki et à Bulehusa, il y a de cela environ deux semaines, la population, elle-même, a pointé du doigt un membre du gouvernement d’avoir distribué des armes aux jeunes Hutu. Nous espérons que ce détail sortira de leur rapport de mission devant le gouvernement.
La communauté Nande n’a jamais renié la nationalité des Hutu Congolais, mais elle rappelle que les leaders de cette communauté doivent cesser de jouer avec le jeu des FDLR tel que l’a reconnu Honorable François NZEKUYE quand, au cours d’une émission «Dialogue entre congolais» sur Radio Okapi, il a admis officiellement que les Hutu, pour obtenir protection en territoire de Lubero, recourent aux FDRL/interahamwe. La communauté Nande les exhorte à se démarquer nettement des hutu Rwandais, FDLR ou autres chercheurs des terres, sinon ils risquent d’être confondus aux génocidaires, car le même mode opératoire (à savoir décapiter sans pitié, tuer avec machettes ou haches, éventrer des femmes enceintes, etc.) qui a exterminé les Tutsi au Rwanda est en train d’être utilisé sur les Nande au Nord Kivu».[8]
Le 10 mars, dans une leur déclaration, les Députés nationaux hutu des territoires de Rutshuru, Goma et Masisi, ont déploré:
«1. L’aggravation de la situation sécuritaire de la Province du Nord-Kivu.
- L’assimilation intentionnelle des Hutu Congolais aux FDLR par certains opérateurs politiques Nande, avec l’objectif d’entretenir la confusion sur l’identité des Hutu.
- La xénophobie et la terreur, particulièrement en territoire de Lubero, où les populations Hutu sont systématiquement pourchassées et tuées, sous prétexte qu’elles seraient complices des FDLR, depuis le dernier massacre des populations Nande intervenu dans la nuit du 06 janvier 2016.
- Le déplacement massif et forcé des Hutu survivants des massacres vers de camps de concentration, avec comme conséquences la famine planifiée, l’insécurité et le risque d’épidémies.
A ce jour, ces populations sont regroupées autour du camp de la MONUSCO à MIRIKI, sans assistance humanitaire aucune et privées de toute liberté reconnue à tout être humain.
- L’incapacité des forces armées déployées dans la région à contenir les groupes armés et leur passivité face à l’activisme de certaines milices tribalo-ethniques, laissant de paisibles citoyens Hutu à la merci de ces dernières.
- La restriction des droits de s’établir librement dans les territoires de Beni, Butembo, Lubero et les environs. En effet, les Nande ont érigé des barrières filtrant les passages des citoyens en déplacement, tout en ciblant uniquement les Hutu, notamment ceux qui sont régulièrement établis dans l’ITURI depuis quelques années.
- Les prises de position irresponsables de certains opérateurs politiques, visant à exacerber les conflits interethniques entre communautés Hutu et Nande pour de raisons de calculs politiciens, rendant problématique la cohabitation entre les deux communautés à la veille des échéances électorales.
- La prise de position isolée de certains députés nationaux Nande dans leur correspondance du 18 février 2016, adressée au Secrétaire Général des Nations Unies, sur un pseudo-génocide des Nande, tout en occultant la vérité des faits tels qu’ils sont réellement vécus sur le terrain. Ceci est d’autant plus déplorable que cette prise de position non concertée et partisane a été relayée dans les médias au nom et pour le compte de l’ensemble des députés nationaux du Nord-Kivu».
Tout en exprimant ses condoléances à toutes les familles éprouvées, le caucus des députés nationaux hutu des territoires de Rutshuru, Goma et Masisi condamne fermement ces actes anti-patrie et demande au Gouvernement de la République de:
«a) rétablir l’autorité de l’Etat sur les territoires où ont eu lieu les massacres; d’enrayer les tueries et sécuriser toutes les communautés de la Province;
- b) diligenter en urgence une enquête indépendante pour établir les responsabilités et déférer devant les cours et tribunaux tous les auteurs intellectuels et directs de ces massacres;
- c) prendre des mesures urgentes pour l’assistance humanitaire en faveur des populations déplacées et leur permettre de regagner leurs lieux d’habitation;
- d) organiser une table ronde de dialogue entre les leaders communautaires et politiques des deux communautés;
- e) assurer la libre circulation des biens et des personnes sur l’ensemble de la Province du Nord-Kivu et du territoire national tel que garanti par la Constitution;
- f) initier des projets de développement communautaire pour résorber le chômage et la misère à la base de la violence et l’activisme des groupes armés».[9]
d. Malgré toutes les déclarations, la tension persiste
Le 15 avril, à Buleusa, Groupement Ikobo, dans le Secteur des Wanyanga, en Territoire de Walikale, un groupe de HUTU pris de faim étaient allés se ravitailler en vivres dans les champs des NANDE. Cet acte considéré comme de trop par les propriétaires des champs a été à la base d’altercations entre les deux camps. La tension est de nouveau perceptible entre HUTU et NANDE dans cette contrée. En effet, les NANDE accusent les retournés HUTU (venus de Miriki et de Masisi, où ils étaient déplacés) d’envahir leurs champs pour leur survie.[10]
Le 23 avril, entre 18h00 et 19h00, les habitants d’Eringeti (Territoire de Beni) se sont opposés au passage de 12 familles hutu en migration vers l’Ituri. Ces familles HUTU se déclaraient venir du Territoire de MASISI (au Nord-Kivu) pour rejoindre, pour des fins agricoles, TSABI, en Territoire d’IRUMU (en ITURI), en passant par les Territoires de LUBERO et BENI. Pour les habitants d’Eringeti, migrer en cette période trouble vers cette zone traduit que ceux qui migrent sont de mèche avec les ADF-NALU qui massacrent les civils. Des jeunes ont créé des barricades et ont commencé à brûler de pneus, prenant en otage les migrants. Le lynchage était prêt à suivre n’eut été l’intervention musclée des Forces de l’ordre pour sauver de justesse les 12 familles qui ont été conduites au Camp militaire d’ERINGETI pour leur protection.[11]
e. La question qui se pose: qui sont ces Hutu?
Voici une réflexion de Belhar Mbuyi, un journaliste qui a passé de nombreuses années à enquêter sur les conflits de l’Est de la RDCongo.
Dans les conflits du Kivu, la tendance est souvent très forte de remettre en cause la nationalité de l’adversaire, si par malchance ce dernier est locuteur du Kinyarwanda. Certes que, dans leur dernière réaction, les dirigeants del Kyaghanda, la mutuelle Nande, ont insisté sur le fait qu’ils n’ont jamais renié l’existence des Hutu congolais, mais il n’en reste pas moins vrai que nombreux autres congolais pensent le contraire.
Le discours de reniement des Hutu et Tutsi en tant que composantes de la nation congolaise a ses racines chez des personnes en apparence respectables. Le cas, pour citer des exemples parmi les plus récents, de Mukumbulhe Kahindo, qui se présente comme « Chef de corps du Collège des Bami (chefs coutumiers) Nande », et qui, dans une lettre adressée au ministre de la Décentralisation, dénie aux Hutu la citoyenneté congolaise et exige le rattachement de leurs entités aux chefferies Nande.
Mille fois ressassée, à la télé comme dans les rues, sur les sites d’information ou ceux des débats en ligne, cette rhétorique est désormais posée comme un postulat mathématique n’ayant nul besoin de démonstration. «Il n’existe ni Hutu, ni Tutsi congolais», répètent en chœur de nombreux congolais sur la toile, au risque de faire exploser les réseaux sociaux. Mais qu’en est-il au juste? D’abord, en fonction de leur histoire, il existe deux catégories de Hutu en RDC: les autochtones du Rutshuru et les descendants des « transplantés » de Masisi.
Les autochtones du Rutshuru
D’entrée de jeu, il importe de souligner que les frontières orientales du Congo ont été définies, non pas en 1885 comme certains le disent, mais plutôt par la convention du 14 mai 1910, convention finalement entrée en vigueur à partir du 14 juin 1911. Il faut signaler que les explorateurs européens sont arrivés assez tardivement dans cette région du Kivu.
– Première évidence: de la même façon que la province du Kongo central actuel faisait partie de l’ancien royaume Kongo, aujourd’hui découpé entre l’Angola, la RDC et le Congo-Brazzaville, l’ancien Rwanda vit son territoire divisé entre le Congo belge (Rutshuru, Nyiragongo, Goma), la colonie britannique de l’Ouganda (Bufumbira, dans l’actuel district de Kigezi), et le protectorat allemand du Rwanda (le Rwanda actuel). Pour preuve, de nombreux témoignages attestent du fait que les chefs locaux de cette partie du Congo (pas seulement les Banyarwanda, mais jusqu’à certains chefs Hunde) payaient tribut au roi du Rwanda. Il n’y a pas à rougir si notre Pays a gagné des territoires. Bien plus, ceci ne donne aucun droit à l’actuelle République du Rwanda sur aucune partie du territoire congolais, conformément au principe d’intangibilité des frontières héritées de la colonisation adopté par l’Union africaine lors des indépendances des pays africains.
– Deuxième évidence: l’identité des populations trouvées sur place ne laisse place à aucun doute.
Gagner des territoires, implique avoir gagné également les populations qui vivent dessus.
Par exemple, les Nande, sous groupe du peuple Bayira, sont eux-mêmes originaires de l’Ouganda actuelle, pays où se trouve une partie des membres de leur ethnie, les Bakonjo, dans les districts de Kasese kabarole et Bundibugyo.
Le Père SMULDERS, Supérieur de la Mission Tongres Sainte Marie de Rugari, a témoigné en 1911 à propos du groupement de Rugari, un des sept groupements actuels du territoire de Rutshuru: «Les populations renferment des Watutsi et des Wahutu …)».
Après trois ans d’enquête (1904-1906) sur les mœurs des habitants des groupements Busanza et Jomba, situés plus au nord dans la région des volcans, le Lieutenant G.VERVLOET écrivait : « … la population (…) est beaucoup plus dense chez les Bahutu entourant immédiatement les volcans. Alors que ces derniers subissent plus directement l’influence (politique) des Watuzi, ils sont groupés en assez gros villages …».
Peu après, le Commandant BASTIAN, premier Commissaire du Territoire de la Rusizi-Kivu, faisait un plaidoyer pour que la Belgique fasse tout son possible pour garder cette zone qui risquait d’aller, non pas au Rwanda comme bien de gens le disent par ignorance, mais à l’Ouganda dont elle est voisine. Il témoignait ainsi le 23 avril 1911 que «cette région est très peuplée d’anciens sujets du sultan du Rwanda et à leur tête se trouve le Chef Tchicilongo. Le bétail est dans cette région très abondant et soigné par les Watuzi, tandis que les Wahutu dépendant de ceux-ci se livrent à une agriculture intensive sur les flancs et à la base des montagnes. En somme, un pays très riche et qu’il me paraît avantageux de chercher à conserver».
Il est clair que les Hutu et Tutsi sont bel et bien des autochtones du Bwisha, en territoire de Rutshuru. Tous les témoignages ci-dessus décrivent bel et bien un peuple autochtone, avec son organisation sociale bien intégrée avec des clans comprenant aussi bien des Hutu, des Tutsi que des Twa, son procès de production et sa complémentarité économiques, ses différents chefs certains Hutu et d’autres Tutsi etc.
A l’issue de la réforme territoriale de 1920, toutes les chefferies traditionnelles citées ci-haut furent réunies dans la grande chefferie du Bwisha sous la houlette du Mwami Daniel NDEZE RUGABO II, un Hutu qui gouverna tous ses sujets jusqu’à sa mort en 1980. Cette grande chefferie est toujours dirigée à ce jour par ses descendants directs.
Les descendants des «transplantés» de Masisi
Dans le but de mettre en valeur le fertile territoire de Masisi d’une part, et de décongestionner le Rwanda surpeuplé d’autre part, l’autorité coloniale belge décida le transfert des populations rwandaises vers le Congo. C’est dans ce cadre que fut crée la Mission d’Immigration Banyarwanda (MIB) en 1934. De 1930 à 1954, la Belgique transféra dans le Masisi des milliers de Banyarwanda, Hutu majoritairement, mais aussi Tutsi, qui, aujourd’hui, représentent plus de 80 % de la population de ce territoire. En procédant à ce transfert, la Belgique, tutelle coloniale du Congo belge et du Rwanda-Urundi, accordait aux nouveaux arrivés le statut de citoyens du Congo-Belge. Malgré plusieurs tumultes, la RDC a reconnu leur nationalité congolaise, conformément au Droit de la nationalité lorsqu’il y a succession d’états.[12]
2. LES FDLR, PRÉSUMÉES RESPONSABLES DE PLUSIEURS ENLÈVEMENTS
Selon le bulletin d’information du Centre d’Étude pour la Promotion de la Paix, la Démocratie et les Droits de l’Homme (CEPADHO),
Le 3 avril, vers 20h15, Kajuga Mbuzokongira, Chef de localité de Rumangabo, en Territoire de Rutshuru, a été tué à son domicile, par des hommes armés présumés rebelles rwandais FDLR.
Le 4 avril, vers 5h00, 2 gros véhicules ont été attaqués sur la route nationale n. 4 à Biruma, en Territoire de Rutshuru. L’attaque a été également attribué aux FDLR.
Le 8 avril, vers 8h00 du matin, un véhicule de marque FUSO en provenance de Bunagana pour Kishishe est tombé dans un embuscade tendue par des présumés FDLR à Lushebere, dans la Chefferie de Bwito. Le propriétaire du véhicule, le chauffeur et son aide ainsi que deux passagers ont été kidnappés par les assaillants qui n’ont pas encore fait de revendication. D’aucuns croient que tôt ou tard ces hors la loi exigeront une rançon en échange avec les otages.
Le 8 avril, vers 13h00, un conducteur de moto-taxi en provenance de Vitsumbi pour Kanyabayonga a essuyé des tirs des hommes en armes non autrement identifiés. S’il en est sorti indemne, ses clients ont été touchés. Mme Kahambu Mashauri (18ans) a été touchée sur son sein gauche et s’en est tirée grièvement blessée. Son bébé Mumbere Malengera aussi touché par balle a succombé sur le coup.
Le 8 avril, dans l’après-midi, deux femmes d’une même famille ont été tuées par balles en plein marché de Kiseguru. Des hommes armés présumés rebelles rwandais des FDLR avaient fait irruption au marché où ils ont simulé l’achat des vivres. C’est lorsque les vendeuses réclamaient le paiement du prix des vivres achetés qu’elles se sont vues tirées dessus par les assaillants.
Le 8 avril, vers 21h00, Uzima Masumbuko, président de la communauté Hutu de Nyamilima, en Groupement BINZA, a été tué à son domicile par un présumé militaire incontrôlé des FARDC. Les habitants ont réussi à maîtriser le militaire indiscipliné et l’ont lapidé.
Le 10 avril, Mr. Muhongya, 27 ans, Célibataire, Chef de Service de l’Environnement en Groupement Baswagha-Madiwe, en Secteur de Beni-Mbau a été attaqué par 2 hommes armés qui lui avaient exigé de l’argent et son téléphone. Ayant tenté de discuter avec les braqueurs, ils lui ont tiré dessus et l’ont tué.
Le 12 avril, vers 7h30, les ADF ont tendu une embuscade aux éléments FARDC du 3204è Régiment entre Opira et Atukaka, en Groupement Bambuba-Kisiki, dans le Secteur de Beni-Mbau. L’attaque des ADF-NALU est survenue lorsque des militaires en patrouille quittaient la position d’Opira pour celle d’Atukaka, à l’Est de la route nationale n.04. Les affrontements auraient duré au moins une heure.
Le 13 avril, les habitants de Kalembe, un village situé en Groupement de Kisimba, dans le Secteur des Wanyanga, territoire de Walikale, ont fait savoir que, depuis le 2 avril, ils sont pris en otage par les May-May PARECO et NYATURA (alliés des FDLR). Ils indiquent que la coalition rebelle se livre aux assassinats, aux kidnappings de civils, aux actes de viol, pillage et extorsion, ainsi qu’aux incendies volontaires de maison, etc. A titre illustratif:
– Le 4 avril: les Combattants PARECO-NYATURA ont assassiné le Chef du Village Sanganano, en Groupement voisin de Bashali-Mokoto (Territoire de Masisi).
– Le 5 avril: Un jeune homme a été abattu par les mêmes combattants à KARIVIRI (12km-ouest de Kalembe).
– Le 7 avril: Un véhicule de marque FUSO est tombé dans une embuscade de PARECO-NYATURA dans la vallée de Kariviri, proche de Bitongi. Ces assaillants ont kidnappé la quasi-totalité des passagers, une vingtaine des civils, dont plusieurs femmes.
Le 16 avril, vers 10h00, à Vuvotyo, dans le Groupement d’Itala, en Territoire de Lubero, 2 civils de la Communauté HUTU ont été kidnappés et 4 vaches pillées. L’acte serait l’oeuvre de May-May qui restent à identifier.
Le 17 avril, vers 15h00, à Mushikiri, dans le Groupement Mutanda, en Chefferie de Bwito, des hommes armés ont kidnappé cinq humanitaires membres de l’ONG. MERCYCORPS. Des sources concordantes indiquent que les ravisseurs s’exprimaient en Kinyarwanda. Ce qui laisse croire que l’on puisse attribuer le forfait aux miliciens NYATURA à défaut des FDLR actifs dans la zone. Selon certaines informations, les kidnappeurs exigent une rançon de 50 mille dollars, en raison de 10 mille dollars américains par otage. Quelques jours plus tard, ils sont passés de 50.000 à 10.000$ quant à la rançon en échange des otages.
Le 19 avril, vers 13h30, 3 civils ont été kidnappés à Bitongi (4 km de Kalembe) en Groupement Kisimba dans le Secteur de Wanyanga, Territoire de Walikale. Les ravisseurs sont identifiés comme étant les May-May de la coalition PARECO-NYATURA, proches des FDLR.
Le 20 avril, vers 9h30, quatre kidnappeurs, identifiés comme membres des FDLR, on été tués par l’armée alertée par la population locale à KATWIGURU, à 17km-Est de KIWANJA, en Groupement BINZA, dans la Chefferie des BWISHA.
Le 22 avril, les 5 humanitaires de l’Ong kidnappés en territoire de Rutshuru ont été relâchés. Selon certaines informations, les ravisseurs auraient reçu la rançon en échange de la liberté des victimes. Ce que l’ONG.MERCYCORPS se réserve de confirmer ou d’infirmer.
3. L’ARMÉE RWANDAISE SUR LE SOL CONGOLAIS À LA RECHERCHE DES FDLR
Pendant la nuit du 15 au 16 avril, des bandits armés non autrement identifiés ont dirigé des attaques contre la Police et le Camp militaires de Mudende (District de Rubavu au Rwanda), frontalier avec la RDC. Les assaillants ont réussi à libérer et récupérer plusieurs prisonniers, à brûler un véhicule de la Police et à dévaliser une banque de la place.
Peu après le départ des bandits, la RDF a déployé à Mudende au moins 150 militaire à titre de renfort. Ces derniers se sont immédiatement mis à procéder par un couvre feu, recherchant les criminels dans les maisons des villages frontaliers avec la RDC, mais sans succès. Kigali a donc annoncé que ceux qui ont attaqué Mudende doivent être des FDLR venus de la RDC et qu’il faut les poursuivre en territoire congolais. Les localités ciblées par la RDF sont notamment Kabagana 1 et Kabagana 2, en Groupement Buhumba, dans le Territoire de Nyiragongo, en Province du Nord-Kivu. Officiellement, le Rwanda justifie sa prochaine invasion de la RDC par le droit de poursuite des FDLR et de leurs complices qui ont menées les attaques en District de Rubavu. Déjà, le 24 mars, l’armée rwandaise avait assuré avoir été attaquée dans le même district par des hommes vêtus d’uniformes de l’armée congolaise et indiqué avoir abattu l’un d’entre eux. Cette attaque avait ensuite été attribuée aux FDLR par le président rwandais Paul Kagame.[13]
Le 19 avril, le directeur de la presse de la 34e Région militaire des FARDC, le capitaine Guillaue Ndjike Kaiko a confirmé que «L’armée rwandaise a bel et bien été en territoire congolais». Il présentait à la presse les résultats de l’enquête de la délégation de l’armée effectuée dans matinée dans les localités de Kabagana 2 et Chegera, en groupement de Kibumba, dans le territoire de Nyiragongo (Nord-Kivu).
Cette délégation avait pour mission d’enquêter et recueillir les témoignages de la population sur les allégations de la présence des militaires rwandais sur le sol congolais. A en croire les témoignages de la population, des centaines de militaires de l’armée rwandaise ont fait incursion sur le territoire congolais par la borne de délimitation des frontière N°123 le 16 avril dernier. D’après la population et ses chefs, ces militaires rwandais ont exploré la zone congolaise à plus ou moins 2 kms jusqu’à l’Ecole primaire Amour et Paix du village Chegera, à une trentaine des km au nord de Goma. Les témoins ont précisé que ces militaires de l’armée rwandais étaient «à la recherche des rebelles rwandais des FDLR dans une école du groupement Buhumba». La population renseigne également que ces militaires rwandais disaient que l’EP Amour et paix serait la base des FDLR, alors que la population déclare n’avoir jamais vu un seul FDLR dans la région.[14]
Le 20 avril, les FDLR ont attaqué la position des FARDC de Buvunga/Katale, proche de Rumangabo, à plus ou moins 20km-sud de RUTSHURU-CENTRE. Les Affrontements auraient duré plus d’une heure. Certaines sources font état de 3 morts et 2 blessés graves côté FARDC. Coté ennemi, pas de données disponibles. Selon certains observateurs, les FDLR chercheraient à se ravitailler en prévision de l’entrée imminente de l’armée rwandaise (la RDF). Les rebelles rwandais voudraient parer à toute éventualité. D’autres, par contre, croient que ceux qui ont attaqué Buvunga seraient de Faux FDLR montés par Kigali, en vue de justifier que le Rwanda court un grave risque d’être attaqué par les FDLR en errance à sa frontière avec la RDC. Pour les tenants de cette analyse, la manoeuvre viserait à justifier l’entrée de la RDF sur le territoire congolais.[15]
[1] Cf Cosmas Mungazi , wazaonline, 12.02.’16
[2] Cf http://congoresearchgroup.org/miriki-les-dangers-de-la-guerre-par-procuration/
[3] Cf Musa Kahindo Sokulu Conflit-interethnique-au-Sud-Lubero
[4] Cf Stanislas Ntambwe – rdcongoréalités/mondoblog, 11.02.’16
[5] Cf http://provincenordkivu.cd/index.php/s/item/1074-situation-sud-de-lubero-un-plan-interimaire-de-sortie-de-crise-pour-la-province-du-nord-kivu
[6] Cf Centre d’Études Juridiques Appliquees-CEJA-UCG, 23.02.’16 http://ceja.overblog.com/2016/02/nord-kivu-les-deputes-nationaux-du-caucus-grand-nord-alertent-les-nations-unies-sur-genocide-contre-la-communaute-nande-a-l-est-de-l
[7] Cf Le Phare – Kinshasa, 01.03.’16 – Texte complet: http://www.lephareonline.net/traques-au-nord-kivu-des-hutu-ecrivent-a-joseph-kabila/
[8] Cf Le Phare – Kinshasa, 04.03.’16 – Texte complet: http://www.lephareonline.net/le-genocide-rwandais-importe-en-rd-congo/
[9] Cf Le Phare – via 7sur7.cd, 11.03.’16 – Texte complet : http://7sur7.cd/new/conflits-interethniques-au-nord-kivu-le-caucus-des-deputes-hutu-enfonce-le-clou/
[10] Cf Bulletin d’Information-CEPADHO du 16 Avril 2016
[11] Cf Bulletin d’information-CEPADHO du 24 Avril 2016
[12] Cf Belhar Mbuyi – 7sur7.cd, 12.04.’16 Texte complet: http://7sur7.cd/new/alors-que-nande-et-hutu-saffrontent-la-question-se-pose-quid-de-hutu-congolais/
[13] Cf Bulletin d’Information-CEPADHO du 16 Avril 2016
[14] Cf Radio Okapi, 19.04.’16
[15] Cf Bulletin d’Information-CEPADHO du 20 Avril 2016