SOMMAIRE
ÉDITORIAL: Quelle suite pour les opérations contre les FDLR?
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UN RAPPORT SUR LES VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME EN 2014
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LES FORCES DÉMOCRATIQUES POUR LA LIBÉRATION DU RWANDA (FDLR)
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LES FORCES DÉMOCRATIQUES ALLIÉES (ADF)
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LE MOUVEMENT DU 23 MARS (M23)
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LES FORCES DE RESISTANCE PATRIOTIQUE DE L’ITURI (FRPI)
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LES DIFFÉRENTES FACTIONS DES MAÏ-MAÏ
ÉDITORIAL: Quelle suite pour les opérations contre les FDLR?
Après la date limite, le 2 janvier, de l’ultimatum donné aux Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé d’origine rwandaise actif dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), on s’attendait que l’armée congolaise et les forces de la Mission des Nations Unies en RDC (Monusco) lançassent finalement une opération militaire conjointe contre ce groupe armé.
Forte tension entre Joseph Kabila et la communauté internationale
Mais quand, le 29 janvier, le chef d’état-major général de l’armée congolaise a annoncé le début imminent des opérations, son porte-parole a immédiatement précisé qu’il s’agissait d’une opération planifiée et menée par la seule armée congolaise et non en collaboration avec la Monusco, comme prévu initialement. Toutefois, la hiérarchie militaire congolaise n’avait pas exclu un soutien logistique de la Monusco. Pour expliquer cette décision, les autorités militaires congolaises avaient affirmé que l’ONU avait injustement accusé Kinshasa de vouloir retarder les opérations et d’être, donc, complice des FDLR. Selon certains officiers, l’armé congolaise demandait tout simplement un peu plus de temps pour mieux préparer cette opération.
Le 31 Janvier, la Monusco demandait au gouvernement congolais de remplacer deux généraux, Sikabwe Fall et Bruno Mandevu, récemment nommés respectivement commandant de la région militaire du Nord-Kivu et chef de l’opération militaire contre les FDLR. Les noms de ces deux généraux figuraient, en effet, sur une liste rouge de l’ONU, car certaines troupes, auparavant sous leur commandement, avaient été accusées de graves violations des droits de l’homme.
Le 5 Février, le Gouvernement congolais avait annoncé qu’il n’avait pas l’intention de remplacer les deux généraux.
Le 11 Février, la Monusco avait annoncé la suspension temporaire de son soutien aux opérations militaires conduites par l’armée congolaise contre les FDLR, en raison de désaccords avec Kinshasa sur la nomination des deux généraux.
Le 14 Février, la Monusco a « mis terme » à son soutien à l’offensive de l’armée congolaise contre les FDLR, car Kinshasa n’a pas accepté de remplacer les deux généraux controversés.
Le 15 Février, le gouvernement congolais a annoncé de renoncer à toute forme de soutien de la Monusco aux opérations militaires pour désarmer les FDLR.
Les raisons?
Selon le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, le Président a estimé « irrespectueux » que la Monusco exige le remplacement de deux généraux nommés à la tête des opérations anti-FDLR.
Mais selon certains observateurs, les vrais problèmes sont ailleurs.
Refuser le soutien de l’ONU pourrait être une façon de ne pas engager de vraies opérations contre les FDLR. En effet, l’offensive lancée fin janvier, n’a pas encore vraiment démarrée sur le terrain.
Kinshasa hésite à combattre contre un groupe armé bien utile au pouvoir congolais pour lutter contre les rébellions soutenues par le Rwanda (RCD, CNDP et M23). On suspecte même des officiers congolais de « sous-traiter » certaines opérations aux FDLR et d’entretenir avec les rebelles hutus de lucratifs trafics (minerais, or, charbon…). À Goma, un commerçant a même accusé certains éléments de l’armée de collaborer avec les FDLR: «Les FDLR vivent dans des coins stratégiques, là où il y a beaucoup de minerais. Maintenant ils collaborent avec les commandants supérieurs des FARDC, ils ne peuvent pas se battre, ce sont des amis». En outre, Kinshasa veut, de cette façon, affirmer sa «souveraineté», comme l’a bien déclaré le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, dans une conférence de presse à Kinshasa: «C’est une décision de souveraineté …
la RDCongo n’est pas sous tutelle de qui que ce soit». Cependant, la volonté d’affirmer aujourd’hui cette «souveraineté» nationale pourrait cacher une attitude de revanche des autorités de Kinshasa vis-à-vis de la communauté internationale, à cause de ses dernières déclarations politiques concernant particulièrement les prochaines élections présidentielles prévues en 2016.
Une recommandation
L’absence des forces militaires de la Monusco provoque le scepticisme dans le chef de certains spécialistes de la situation congolaise qui doutent que, seule, l’armée congolaise puisse faire quelque chose contre les FDLR, car celles-ci s’enfonceront dans la forêt dans des lieux extrêmement difficiles à atteindre. Selon eux, même la victoire des FARDC sur les rebelles du M23, fin 2013, n’avait été possible que grâce à l’appui logistique de la brigade d’intervention de l’ONU.
Pour cela, l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) a demandé au président Joseph Kabila de «revenir sur sa décision de renoncer à l’aide de la Monusco» pour l’opération des FARDC contre les FDLR et lui a même recommandé de «privilégier le dialogue avec les Nations unies, car il en va de la réussite des dites opérations principalement en ce qui concerne la protection des populations civiles».
1. UN RAPPORT SUR LES VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME EN 2014
Pour l’année 2014, le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) en RDCongo a enregistré 2.360 violations des droits de l’homme, ce qui représente une baisse par rapport à l’année 2013 avec 2.600 cas répertoriés. Les provinces les plus touchées restent les provinces de l’est de la RDC (plus de 1.730 violations), à savoir la province du Nord-Kivu (975 violations), la province Orientale (525 violations) et la province du Sud-Kivu (230 violations).
Selon le BCNUDH, l’ensemble des agents étatiques aurait été responsable de 1.354 violations, ce qui correspond à plus de 57% du nombre total des violations des droits de l’homme enregistrées en 2014. Parmi les agents étatiques, les militaires des FARDC auraient été responsables de 699 violations et les agents de la PNC auraient été responsables de 546 violations.
Les combattants des groupes armés, tous confondus, auraient été responsables de 1.004 violations en 2014. Parmi les groupes armés, les combattants Maï Maï tous groupes confondus auraient été les principaux auteurs des violations des droits de l’homme (285 violations), suivis par les combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) (157 violations).
Le BCNUDH a documenté 364 victimes adultes de violences sexuelles dans les provinces affectées par le conflit, à savoir la province Orientale (184 femmes), la province du Nord-Kivu (122 femmes et trois hommes), la province du Sud-Kivu (29 femmes) et la province du Katanga (26 femmes).
Sur toute l’étendue du territoire de la RDCongo, le BCNUDH aurait enregistré 67 violations des droits de l’homme à l’encontre de 50 défenseurs des droits de l’homme, de 48 journalistes et de 44 opposants politiques.[1]
2. LES FORCES DÉMOCRATIQUES POUR LA LIBÉRATION DU RWANDA (FDLR)
a. L’armée congolaise annonce une opération militaire unilatérale contre les FDLR
Le 29 janvier, le chef d’état-major général de l’armée congolaise, le général Didier Etumba, a annoncé le début imminent des opérations militaires contre les combattants des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Une traque qui intervient quatre semaines après l’ultimatum lancé par les pays de la région contre les rebelles rwandais actifs dans l’est de la RDCongo.
Le général Léon Kasonga, porte-parole des Forces armées de la RDC (FARDC), a confirmé le début de ces opérations militaires contre les FDLR, soulignant que «elles s’étendront toutefois aux autres forces négatives qui se trouvent sur le même espace que les rebelles rwandais». Le général Léon Kasonga a également affirmé qu’il s’agissait d’une « opération de l’armée congolaise« , mais que la Monusco, dont dépend la brigade d’intervention des Nations unies, restait un « partenaire privilégié » des FARDC dans la neutralisation de tous les groupes armés présents dans l’est de la RDC.
Pour sa part, le commandant des forces de la Monusco, le General Dos Santos Cruz, a déclaré que la Monusco mettra à contribution tous les moyens à sa disposition et conformément à son mandat pour appuyer les FARDC dans le désarmement des FDLR.
Après plusieurs appels au désarmement volontaire, les FDLR n’ont pas encore déposé les armes. La Conférence internationale pour la région de grands lacs (CIRGL) et la Communauté des Etats de l’Afrique australe (SADC) leur avaient accordé un ultimatum de six mois qui a expiré le 2 janvier 2015.[2]
Selon les autorités militaires congolaises, cette opération est planifiée par la RDC et elle seule, et non conjointement avec la force onusienne Monusco comme prévu initialement.
Pour expliquer cette décision de faire cavalier seul, des officiels congolais estiment que l’ONU avait à tort accusé Kinshasa d’être complice des FDLR, Kinshasa demandant simplement plus de temps pour préparer ces opérations. Les FARDC rappellent au passage que c’est le président Kabila qui s’était engagé à désarmer les groupes de l’est du pays. Aujourd’hui, en annonçant cette offensive armée, dans le Nord et le Sud-Kivu, Kinshasa veut affirmer sa souveraineté. La hiérarchie militaire congolaise n’exclut toutefois pas un appui de la Monusco au cours de cette opération.
Mais dans les coulisses des Nations unies, on ne cache pas un certain malaise devant cette politique du fait accompli. Ces dernières semaines, le président Kabila ne répondait plus à Ban Ki-moon au téléphone, raconte une source diplomatique. Et si la hiérarchie militaire congolaise dit ne pas exclure un appui logistique de la Monusco, sa marge de manœuvre reste très incertaine. «L’ONU ne sera pas associée à la planification stratégique et n’aura pas accès à toutes les informations», s’inquiète un analyste, qui, comme beaucoup, redoute les conséquences sur les civils. En effet, l’agence humanitaire des Nations unies (Ocha) avait tiré la sonnette d’alarme en janvier, expliquant des dizaines de milliers de civils seraient probablement contraints de fuir leurs maisons.
Tenant compte de ce risque, le plan initialement conçu par la Monusco prévoyait notamment des mesure de protection des populations civiles. En effet, les rebelles hutus rwandais vivent mêlés à la population et de précédentes opérations menées en 2009 avaient provoqué des centaines de milliers de déplacés. Inquiétude donc sur le plan humanitaire et scepticisme aussi sur les capacités des FARDC à mener seules cette opération.[3]
Maintes fois reportée, la traque aux FDLR a enfin été lancée le 29 janvier. L’éradication des FDLR a toujours été un sujet sensible entre Kinshasa et Kigali. Le Rwanda considère toujours ce groupe comme une « menace » pour sa sécurité, alors que les autorités congolaises soupçonnent leur voisin de ne pas vouloir faire disparaître ce groupe, dont la présence sert de prétexte aux multiples interventions rwandaises en territoire congolais.
A Kinshasa on a également toujours traîner la patte pour combattre un groupe armé, bien utile au pouvoir congolais pour lutter contre les rébellions soutenues par le Rwanda (RCD, CNDP et M23). On suspecte même des officiers congolais de « sous-traiter » certaines opérations aux FDLR et d’entretenir avec les rebelles hutus de lucratifs trafics (minerais, or, charbon…). C’est pourquoi l’annonce de l’offensive contre les FDLR par la seule armée congolaise laisse les experts du dossier quelque peu dubitatifs.
L’opération «a été totalement planifiée par les FARDC» a précisé le commandant des casques bleus, qui affirme également qu’il ne s’agit pas d’une «opération conjointe» comme cela a été le cas par le passé. L’absence de l’ONU fait grincer quelques dents dans les milieux diplomatiques qui «craignent que les FARDC soient totalement inefficaces sans l’appui de la Monusco». La victoire des FARDC sur les rebelles du M23, fin 2013, n’avait été possible que grâce au soutien logistique de la brigade d’intervention de l’ONU. L’absence des casques bleus est considérée comme un lourd handicap par les spécialistes du dossier congolais. «Toute seule, l’armée congolaise ne pourra rien faire contre les FDLR, qui se cachent dans les forêts et sont très difficiles à déloger», pronostique cet expert. Dans cette traque aux FDLR, les réelles intentions des autorités congolaises sont floues. Le statu quo dans les Kivus a toujours arrangé les principaux belligérants. Sans règlement politique, aucun des acteurs (RDC, Rwanda) n’a intérêt à éliminer les FDLR, éternelles monnaie d’échange entre les deux voisins. L’opération «Sokola 2» anti-FDLR risque donc de tourner à vide et de s’enliser sans une intervention musclée des casques bleus en soutien aux FARDC. Et pour le moment, une opération conjointe FARDC-MONUSCO n’est pas à l’ordre du jour.[4]
Le 9 février, l’envoyé spécial des Etats-Unis d’Amérique dans la région de grands lacs, Russ Feingold a déclaré que la neutralisation des rebelles rwandais des FDLR demeure une question importante qui n’a pas encore trouvé de solution. Selon Russ Feingold, «on était encouragé par l’annonce du gouvernement congolais sur les opérations contre les rebelles FDLR, mais on est quelque peu déçu du fait que, jusqu’à présent, aucune action concrète n’a été prise sur le terrain».
Pour cela, il a réitéré l’appui de son gouvernement aux FARDC dans l’éradication des groupes armés, notamment les FDLR présentes au Kivu. «La neutralisation des FDLR implique un ciblage de leur leadership et la traduction en justice de ceux qui ont commis des violations des droits de l’homme», a poursuivi le diplomate américain qui a par ailleurs encouragés les signataires de l’accord pour la paix, la sécurité et la coopération, signé en février 2013 à Addis-Ababa (Ethiopie) à honorer leurs engagements. «Ils [pays signataires] ne doivent pas soutenir les groupes armés, ni constitués de refuge aux criminels de guerre. Que le Conseil de sécurité des Nations unies puisse sanctionner ceux qui soutiennent les groupes armés», a-t-il conclu.[5]
b. La Monusco conditionne son soutien au remplacement de deux généraux
La mission des Nations Unies en RDCongo (Monusco) a demandé le remplacement du général Sikabwe Fall et du général Bruno Mandevu, nommés le 25 janvier respectivement à la tête de la région militaire du Nord-Kivu et à la tête de l’opération Sokola 2 menée par l’armée congolaise contre les FDLR, les rebelles hutus rwandais implantés à l’est du Congo. Les deux généraux sont en effet placés par l’ONU sur une liste rouge, car des unités qu’ils ont dirigées par le passé sont accusées de graves violations des droits de l’homme, dont de nombreuses exactions, meurtres et viols. «Si, en raison du passé des unités ou de leurs commandants, il y a des motifs substantiels de croire qu’il y a un risque réel qu’ils commettent de graves violations des droits humains, le soutien à ces unités sera retiré, sauf si des mesures correctives appropriées peuvent être mises en place», a déclaré un haut responsable de la Monusco. A New York, un haut responsable des opérations de maintien de la paix rappelle que l’Onu doit «s’assurer que son soutien à des forces n’appartenant pas à l’Onu ne contribuera pas à de graves violations des droits humains».[6]
Le 5 février, le Gouvernement congolais a annoncé qu’il ne comptait pas remplacer les deux généraux accusés de violations des droits de l’Homme par l’Onu, mais qui ont été désignés pour lutter dans l’est contre les rebelles hutu rwandais. «Pour être écarté du commandement, il faudrait avoir fait l’objet d’une condamnation par notre justice militaire. Or, il n’y a rien de tel», a déclaré Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, lors d’une conférence de presse à Kinshasa. «La RDCongo n’est pas sous tutelle de qui que ce soit et, pour l’instant, ce sont ces (généraux) qui ont été désignés pour traquer les FDLR», a insisté M. Mende, en ajoutant: «C’est une décision de souveraineté et nous sommes décidés à rétablir la sécurité dans notre pays».[7]
c. Fin de la collaboration FARDC – MONUSCO dans les opérations contre les FDLR
Le 11 février, le porte-parole de la Monusco, Charles Bambara, a annoncé que la Monusco a décidé de suspendre temporairement son soutien aux opérations de l’armée congolaise contre les rebelles rwandais des FDLR, suite à un désaccord avec Kinshasa sur la désignation de deux généraux à la tête de ces opérations. La Monusco les avait déjà accusés de violations des droits de l’Homme commises dans le passé. Lors d’une conférence de presse, le porte-parole du gouvernement Lambert Mendé, avait déjà clairement laissé entendre que le gouvernement de Kinshasa ne remplacerait pas les deux hommes. Le porte-parole de la Monusco, a toutefois affirmé que les Nations unies étaient en contact avec les autorités de la RDC,en vue d’une solution rapide qui puisse garantir la réussite des opérations contre les FDLR. Il a affirmé souhaiter voir une évolution de ce dossier, car «la Monusco, d’une part, a cette politique de conditionnalité en matière des droits de l’homme qui doit être appliquée et, en même temps, un mandat qui lui impose de neutraliser les forces négatives dans ce pays que sont les FDLR, les ADF. Pour l’instant, nous avons effectivement décidé une pause dans la coopération avec les FARDC, en attendant qu’on puisse clarifier cette situation».[8]
Le ministre rwandais de la Défense James Kabarebe a accusé la Tanzanie et l’Afrique du Sud, membres de la brigade d’intervention de la Monusco, de ne pas vouloir combattre contre les rebelles FDLR. « Les troupes tanzaniennes et sud-africaines ont attaqué le M23 avec une rage inimaginable (…) Mais elles n’attaqueront pas les FDLR », a martelé le ministre rwandais de la Défense. James Kabarebe a publiquement accusé la Tanzanie de collaborer avec les FDLR. Pour rappel, un récent rapport du groupe d’experts de l’ONU fait état de voyages de responsables de cette rébellion hutu et de transferts d’argent depuis ou à destination de la Tanzanie.[9]
Le 14 février, l’Onu « a mis fin » à son soutien à l’armée congolaise en ce qui concerne l’offensive contre les FDLR, après que Kinshasa a dépassé la date limite pour remplacer deux généraux controversés. «Le délai de deux semaines initialement donné pour écarter ces généraux accusés d’exactions par l’ONU a expiré le 13 février et la Monusco a effectivement mis fin à son soutien aux FARDC (forces gouvernementales)», a expliqué un haut responsable de l’Onu sous couvert d’anonymat.[10]
Le 15 février, le Chef de l’Etat Joseph Kabila a annoncé aux ambassadeurs accrédités à Kinshasa et convoqués à son bureau que le gouvernement congolais a renoncé à tout soutien de la Monusco dans les opérations militaires de désarmement des FDLR.
La raison? Selon le porte-parole du gouvernement Lambert Mendé, Joseph Kabila a jugé «irrespectueux» que la mission de l’ONU en RDC demande le remplacement de deux généraux à la tête de l’opération anti-FDLR. Selon le porte parole du gouvernement, ni le président, ni le gouvernement n’auraient été informés des accusations de violation des droits de l’homme qui pèse sur ces deux officiers.
Mais pour certains le vrai problème est ailleurs. Refuser le soutien de l’ONU pourrait être une façon de ne pas engager de vraies opérations contre les FDLR. En effet, l’offensive lancée fin janvier, n’a pas vraiment démarrée sur le terrain.
A Goma, la capitale du Nord-Kivu, la question d’une possible offensive contre les FDLR sans le soutien de la Monusco fait partie des sujets de conversation. Il semblerait que beaucoup d’habitants doutent de la capacité de l’armée congolaise à agir seule. Selon Abdul, un étudiant, le soutien de la Monusco est nécessaire pour vaincre les FDLR: «Abandonner le soutien de la Monusco, c’est un risque. Les FARDC n’ont pas la discipline, on ne sait pas comment ils peuvent y arriver sans le soutien de la Monusco. On a toujours besoin de la Monusco pour la logistique, la politique, la stratégie». Un commerçant accuse même certains éléments de l’armée de collaborer avec les FDLR: «Les FDLR vivent dans des coins stratégiques, là où il y a beaucoup de minerais. Maintenant ils collaborent avec les commandants supérieurs des FARDC, ils ne peuvent pas se battre, ce sont des amis». D’autres estiment que l’action militaire n’est pas la solution et renvoient la balle à Kigali pour un dialogue avec les FDLR en vue de leur rapatriement, ce que Kigali refuse toujours.[11]
Le 16 février, au cours d’une conférence de presse organisée à Kinshasa, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a expliqué que la décision de renoncer au soutien de la Monusco ne concerne que la collaboration entre les FARDC et la Monusco dans les opérations contre les FDLR et il a affirmé que la Monusco peut mener seule ses propres opérations sans les Forces armées de la RDC contre tous les groupes armés qui écument le pays, car cela fait partie de son mandat. Selon le porte-parole du gouvernement, «la décision de renoncer au soutien de la Monusco dans les opérations contre les FDLR ne concerne pas d’autres opérations, ni d’autres tâches qui ont été confiées à cette mission, d’autant plus que la résolution du conseil de sécurité des Nations unies donne mandat à la mission onusienne de traquer, de désarmer les groupes armés avec ou sans les forces de défense et de sécurité de la RDC». Lambert Mendé a rappelé que si l’armée congolaise compte mener seule une opération contre les FDLR, rien n’empêche les casques bleus de la Monusco de faire de même, vu leur mandat: «Puisque la RDC veut le faire sans [les Nations unies], on devrait assister à une initiative de la Monusco de désarmer aussi ces gens sans les FARDC [Forces Armées de la République démocratique du Congo] puisqu’ils occupent un territoire assez large. Ce sont quand même deux provinces. Il y a moyen de le faire sans les FARDC, si on est vraiment venu pour cela, c’est à dire traquer, désarmer les groupes armés».[12]
Le 17 février, dans un communiqué, l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) a demandé au président Joseph Kabila de «revenir sur sa décision de renoncer à l’aide de la Monusco» pour l’opération des FARDC contre les FDLR: «Nous sommes profondément préoccupés par cette décision et recommandons à M. Kabila de privilégier le dialogue avec les Nations unies, car il en va de la réussite des dites opérations principalement en ce qui concerne la protection des populations».[13]
3. LES FORCES DÉMOCRATIQUES ALLIÉES (ADF)
Le 3 février, dans la nuit, dix-sept personnes au moins, selon une source policière, ont été tuées à l’arme blanche dans le village de Mayangose, à une dizaine de kilomètres de la ville de Beni, dans le nord de la province du Nord-Kivu. La société civile parle de 25 personnes tuées et impute ces violences aux rebelles ougandais des Forces Démocratiques Alliées (ADF-Nalu), bien que peu d’informations ont pu filtrer sur ces violences.[14]
Le 4 février, six corps décapités, de quatre hommes et deux femmes, ont été retrouvés en pleine brousse à Melyota, un village situé à sept kilomètres de la localité de Bwanasura, à 120 km au Sud de Bunia (Province Orientale). La société civile de Komanda indique que ces personnes ont été massacrées par des présumés rebelles ougandais des ADF.[15]
4. LE MOUVEMENT DU 23 MARS (M23)
Le 10 janvier, le coordonnateur chargé de la mise en œuvre des déclarations de Nairobi pour le compte du M23, René Abandi, a annoncé sa démission. Il accuse Kinshasa de refuser de mettre en oeuvre les déclarations de Nairobi et d’organiser un rapatriement (des membres du M23 fuis en Ouganda, après leur déroute en novembre 2013) qui viole ces déclarations.
De son côté, le coordonnateur national du mécanisme de suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, François Mwamba, rejette ces accusations. Il indique que «le rapatriement qui est en cours est fait sur la base d’un protocole d’accord signé en bonne et due forme entre la RDC et l’Ouganda et contresigné par la CIRGL [Conférence internationale pour la région des Grands lacs] et la SADC [Communauté des Etats de l’Afrique australe]», en ajoutant que ce processus est «volontaire et transparent». Il qualifie ces accusations de «fuite en avant de l’ex-M23 qui avait imaginé un agenda qui est en train battu en brèche». «Quant à la suite de la mise en oeuvre des déclarations de Nairobi», a dit M. Muamba, «je m’en remets à l’appréciation des garants que sont la CIRGL et la SADC». Selon le gouvernement congolais, seuls 180 ex-combattants du M23, sur les près de 600 déjà amnistiés, ont été rapatriés en RDC, tous au mois de décembre 2014.[16]
Le 5 février, à Kigali, une délégation du gouvernement congolais conduite par le vice-ministre de la Défense nationale a signé un communiqué avec les autorités rwandaises sur le rapatriement des ex-rebelles du M23. Au total, on a identifié 453 ex-M23 qui avaient traversé la frontière rwandaise après leur défaite face aux FARDC en novembre 2013. Pour l’heure, quelque 120 ex-M23 au Rwanda ont pu bénéficier de la loi d’amnistie. Selon le rapport final du groupe d’expert des Nations unies sur la RDCongo, sur les quelque 700 rebelles arrivés en territoire rwandais, 320 se sont échappés des camps.[17]
5. LES FORCES DE RESISTANCE PATRIOTIQUE DE L’ITURI (FRPI)
Le 2 janvier, le chef milicien de la Force de Résistance Patriotique de l’Ituri (FRPI) Matata Banaloki, alias Cobra Matata, a été arrêté par les FARDC. Son arrestation est intervenue dans le village de Délé, principale voie de sortie vers le sud de la cité. Un officier FARDC l’a accusé d’avoir voulu quitter clandestinement la ville pour retourner dans son maquis dans la collectivité des Walendu-Bindi. Toutefois, cette arrestation a suscité des interrogations à propos de la suite du lent processus de désarmement de ces miliciens, amorcé depuis novembre 2014 dernier. En effet, seuls 65 miliciens, parmi eux de nombreux enfants, ont accepté de déposer les armes et de quitter la brousse. Des lieutenants de Cobra Matata sont cantonnés depuis plus d’un mois, avec plus d’un millier des combattants à Aveba, un village de la chefferie des Walendu-Bindi, non loin d’un campement militaire des forces loyalistes. Aucune précision n’a été donnée sur leur sort, après l’arrestation de leur chef.[18]
Le 5 janvier, dans la matinée, le leader de la FRPI, Justin Banaloki, alias Cobra Matata, a été transféré à Kinshasa. Le ministère public le poursuit pour désertion avec arme de guerre, constitution de mouvement insurrectionnel, crimes contre l’humanité, crimes de guerre, tentative d’évasion et le recrutement d’enfants dans son groupe armé.
De leur côté, les notables de l’Ituri se disent préoccupés par la poursuite du processus d’intégration de plus cinq cents éléments de la FRPI cantonnés à Aveba dans la collectivité de Walendu Bindi, après l’arrestation de leur leader.
En revanche, l’organisation de défense de droit de l’Homme Justice-Plus salue le transfèrement de Cobra Matata à Kinshasa. Selon son directeur exécutif, Me Xavier Maky, l’Ituri a été longtemps victime d’exactions des miliciens de la FRPI. Cette ONG demande la tenue rapide d’un procès pour que les victimes soient rétablies dans leur droit.[19]
Le 9 janvier, une vive tension a été observée entre les miliciens de la FRPI et les militaires congolais stationnés à Aveba. Les forces loyalistes ont demandé aux miliciens de déposer volontairement les armes, faute de quoi ils seront désarmés de force. Le commandant des Forces de la Monusco, général Dos Santos Cruz, a rencontré séparément les deux parties, pour leur recommander que le processus de reddition des miliciens s’effectue pacifiquement et sans affrontements armés. Les habitants d’Aveba ont quitté leur localité, car le risque d’une confrontation armée était très haut.[20]
Le 13 janvier, une délégation mixte composée des FARDC et de la Monusco a rencontré les miliciens de la FRPI de Cobra Matata à Aveba, pour discuter sur leur désarmement volontaire. Au cours de ces échanges, les miliciens ont posé des préalables à leur désarmement, réclamant l’amnistie, l’intégration au sein des FARDC avec confirmation de leurs grades ainsi que la poursuite de la prise en charge de leurs combattants pendant toute la durée du processus en cours. Ce à quoi la partie gouvernementale n’a pas encore répondu publiquement.[21]
Le 15 janvier, après des négociations infructueuses en vue d’un désarmement volontaire, des violents combats ont opposé les militaires de l’armée congolaise aux miliciens de la FRPI de Cobra Matata. «Tôt le matin, les soldats ont attaqué brusquement les combattants des FRPI, pour les désarmer de force», a déclaré le commissaire de district adjoint de l’Ituri, Fataki Adroma.
«Ils continuaient à poser des conditions», a-t-il expliqué, indiquant que les miliciens demandaient notamment d’intégrer l’armée en gardant leurs grades obtenus dans la rébellion. Les forces loyalistes affirment que ce sont des miliciens qui les ont attaquées. Des sources militaires précisent que c’est le commandant du secteur opérationnel des FARDC dans le district, le général David Rugayi, qui venait d’être attaqué avec sa garde rapprochée par des miliciens de la FRPI. Selon d’autre témoignages, juste après le lever du jour, des miliciens FRPI ont attaqué par surprise les soldats congolais qui encerclaient leur campement. Pris de court, ces soldats n’ont pas pu empêcher qu’une partie du millier de ces miliciens s’échappe dans la brousse. S’en sont suivi plusieurs heures d’intenses combats entre les deux parties jusqu’en début d’après-midi. Bilan provisoire: 14 morts côté FRPI, et six morts côté FARDC. Le soir, la localité d’Aveba était de nouveau sous contrôle des FARDC. Mais des milliers de civils ont fui les combats. Selon les sources, ils sont entre 15 000 et 30 000.[22]
Le 17 janvier, les combattants de la FRPI ont regagné leurs maquis. Ils sont localisés aux villages Nyaibo, Katoto et Toro vers Burasi à la rivière Semuliki, frontalière avec l’Ouganda.
Selon la société civile d’Aveba, ces miliciens bien armés sont accompagnés de leurs dépendants.[23]
6. LES DIFFÉRENTES FACTIONS DES MAÏ-MAÏ
Le 29 décembre, six personnes, dont trois militaires et trois miliciens, ont été tuées après des combats qui ont opposé les Forces armées de la RDC aux miliciens Raïa Mutomboki au Nord de Kigulube, en territoire de Shabunda (Sud-Kivu). Des sources militaires ont indiqué que trois militaires des forces loyalistes ont été blessés et que, de leurs côtés, les FARDC ont capturé un milicien et récupéré trois armes à feu.
Kigulube constituait encore un des bastions des Raïa Mutomboki sous le commandement des majors Ngandu et Donat. C’est au mois de septembre dernier que les FARDC ont amorcé des opérations de ratissage contre ces miliciens en territoire de Shabunda, à la suite de l’assassinat d’un officier FARDC à Lugungu. Les forces loyalistes avaient renforcé leur occupation depuis le 27 novembre dernier sur le terrain avec notamment la reprise de l’aérodrome de Tshonka et de la localité de Lulingu. Depuis lors, les FARDC n’ont cessé de gagner du terrain en direction d’autres conquêtes territoriales. Quelques chefs de guerre ont été tués lors des avancées des forces congolaises. C’est notamment les cas des chefs Sisawa et Mwami Alexandre. D’autres se sont rendus à l’instar de Kikuni Juriste dont 138 éléments attendent encore leur évacuation à Bukavu. Selon l’administrateur du territoire de Shabunda, Eloko Nsana, les FARDC contrôlent actuellement la majeure partie de cette juridiction jadis presqu’entièrement sous occupation des Raïa Mutomboki.[24]
Le commandant du 101ème Secteur des FARDC basé à Nyabibwe, un centre de négoce situé à 100 km au nord-ouest de Bukavu dans le Sud-Kivu, appelle les forces négatives encore actives dans la brousse à déposer leurs armes. La présence des forces négatives dans la brousse du territoire de Kalehe remonte à plus de cinq ans. Selon le commandant du 101ème secteur des FARDC basé à Nyabibwe, le colonel Ginaro Nzomoni, il s’agit des groupes armés Raïa Mutomboki et Maï-Maï Kifuafua. Sur la liste des groupes armés opérationnels dans la région, il a cité les Maï-Maï Armée rouge, Maï-Maï Kirikicho et le groupe Maï-Maï Ntakalaba. Ces derniers sont actifs dans les groupements de Ziralo, Bulambika, Kalonge et Mubugu au Sud-Kivu. D’après le colonel Guinaro Nzomoni, les éléments de ces groupes sont à la base de beaucoup de tracasseries sur la population locale. Il a cité les cas des vols et viols à répétition, des arrestations arbitraires et de l’érection des barrières illégales dans certains coins reculés, dans l’objectif de rançonner les habitants. D’après Désiré Majagi, président de la société civile de Kalehe, ces combattants imposent des taxes illégales aux opérateurs économiques et aux passants pour accéder au marché et aux champs. Ils volent les produits des champs des habitants et ils administrent des coups de fouet à tout contrevenant à leurs mesures. Cette pratique pousse certains habitants à déménager en secret en vue d’épargner leur vie.[25]
Le 6 janvier, l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch a demandé que «l’armée congolaise et les troupes de la Monusco devraient redoubler d’efforts pour arrêter Sheka Ntabo Ntaberi, chef d’une milice, avant que davantage de civils ne soient victimes de ses crimes». Il y a quatre ans, le 6 janvier 2011, la justice congolaise avait émis un mandat d’arrêt pour crimes contre l’humanité contre Sheka Ntabo Ntaberi, alias Sheka, chef de la milice Nduma Defense of Congo, d’ethnie Nyanga et active dans les territoires de Walikale et Masisi, dans la province instable du Nord-Kivu (est). « Depuis l’émission du mandat d’arrêt à l’encontre de Sheka, Human Rights Watch a constaté que ses forces ont tué au moins 70 civils, dont beaucoup ont été massacrés à coups de machettes », précise l’ONG. HRW accuse plus particulièrement NDC d’avoir commis de nombreuses atrocités à Pinga, aux confins du Walikale du Masisi, d’août 2012 à novembre 2013: meurtres, mutilations, décapitations, insultes à caractère ethnique contre les Hunde, qui ont été obligés de s’enfuir. Sheka est visé par des sanctions (gel de ses avoirs, interdiction de voyager) de l’ONU qui accuse sa milice d’avoir violé près de 400 personnes, brûlé ou pillé près d’un millier de maisons et commerces et soumis au travail forcé une centaine de civils dans le Walikale entre le 30 juillet et le 2 août 2010. Pour l’ONU ces faits pourraient constituer des « crimes contre l’humanité ». Human Rights Watch met en cause aussi ses liens avec des officiers de l’armée. Malgré le mandat d’arrêt, Sheka avait pu déposer sa candidature pour les législatives de novembre 2011.[26]
Le 12 janvier, le commandant des opérations militaires FARDC Sokola 2, le général Abedi Masudi, a publié le bilan global de la traque organisée conjointement avec la brigade Monusco contre les groupes armés Raïa Mutomboki, FNL et alliés dans le cadre de l’opération Kamilisha Usalama (NDLR: consolider la paix). Il fait état de 39 morts du côté des combattants, 24 capturés, 178 rendus, 65 chargeurs et 473 munitions avec 55 armes récupérées. Du côté des FARDC, il y a eu huit militaires tués, quatre blessés et du matériel de guerre perdu. Par ailleurs, sur les vingt groupes armés majeurs au Sud-Kivu, «quatre sont complémentent démantelés», a poursuivi le général Abedi Masudi, sans les nommer. Il a aussi promis de maintenir la pression militaire sur les FDLR.
Le chargé des opérations Sokola 2, a aussi affirmé qu’un plan a été élaboré pour la reddition des groupes armés: «Sur l’axe Shabunda, le groupe armé de Raïa Mutomboki, la faction de Kimusi sera accueilli dans le centre de regroupement de Shabunda centre, les factions de Sisawa et Bikambe seront regroupées à Kalonge. La faction de Cukuru Kawanya sera accueillie à Chambucha». D’après l’officier congolais, selon le même plan, les combattants du groupe de Raïa Mutomboki Makombo – qui acceptent le désarmement volontaire – seront regroupés à Lubila. Ceux de Ngandu sont attendus à Nzovu et enfin le groupe de Lukoma sera accueilli par l’état-major FARDC basé chez Evary.[27]
Depuis le 15 janvier, cinquante combattants du groupe armé Raïa Mutomboki d’Isangi sont regroupés à Miassa, secteur situé à environ 40 km au sud du chef-lieu du territoire de Walikale (Nord-Kivu). Ces miliciens se disent favorables à leur intégration sociale. Les combattants Raïa Mutomboki d’Isangi sont actifs dans le groupement Bakano, où ils opèrent depuis plusieurs mois.[28]
Le 23 janvier, les Maï-Maï Raïa Mutomboki ont contraint environ 750 creuseurs artisanaux à quitter les sites miniers, situés le long de la rivière Ulindi, en territoire de Shabunda (Sud-Kivu).
Ces miliciens avaient commencé par exiger, à chaque exploitant, la somme de 150.000 francs congolais, soit 160 dollars américains, pour bénéficier de l’accès au site minier. Selon des sources concordantes, les miliciens les ont contraints à abandonner leur lieu de travail, prétextant qu’ils y préparent une offensive contre les Forces armée de la RDC (FARDC).
Ces exploitants miniers ont abandonné, sur ces sites, plus de 30 dragues. La population de Shabunda redoute que l’arrêt des activités minières dans ces sites ait des effets néfastes sur l’économie locale, avec le chômage qu’il risque de créer dans la région.[29]
Le 24 janvier, environ 85 ex-miliciens Raïa Mukombozi se sont rendus aux Forces armées de la RDC (FARDC), à Bukavu (Sud-Kivu). Selon la hiérarchie militaire de la 33e région militaire, ces Maï-Maï proviennent du territoire de Shabunda et ils décident volontairement d’abandonner les armes pour intégrer l’armée régulière. Les mêmes sources indiquent que 45 parmi eux seront bientôt transférés à Mubambiro, au Nord-Kivu. A partir de là, ils seront ensuite dispatchés dans des centres de formation notamment à Kitona, Kamina et autres pour une formation spécialisée afin d’intégrer les FARDC. 40 autres sont restés au Camp militaire Saïo à Bukavu. Parmi eux, 15 mineurs qui ont été récupérés par le programme DDR.
En début janvier, Nyanderema, le chef de la milice Raïa Mutomboki qui porte son nom s’était rendu à l’Etat-major de la 33è région des FARDC, dans la localité de Luizi, en territoire de Kabare, à plus de 60 km de Bukavu (Sud-Kivu). Il était accompagné de neuf de ses hommes, 12 armes, et une trentaine de cartouches.[30]
[1] Cf Godé Kalonji Mukendi – La Tempête des Tropiques- Kinshasa, 05.02.’15
[2] Cf Trésor Kibangula – Jeune Afrique, 29.01.’15 ; Radio Okapi, 29.01.’15
[3] Cf RFI, 30 et 31.01.’15
[4] Cf Christophe Rigaud – Afrikarabia, 29.01.’15
[5] Cf Radio Okapi, 10.02.’15
[6] Cf RFI, 31.01.’15; Reuters – Kinshasa, 02.02.’15 (via mediacongo.net); AFP – Africatime, 04.02.’15
[7] Cf AFP – Africatime, 05.02.’15
[8] Cf RFI, 11.02.’15; Radio Okapi, 11.02.’15
[9] Cf RFI, 11.02.’15
[10] Cf AFP – Jeune Afrique, 14.02.’15
[11] Cf RFI, 15.02.’15
[12] Cf Radio Okapi, 16.02.’15; RFI, 17.02.’15
[13] Cf AFP – Africatime, 18.02.’15
[14] Cf AFP – Africatime, 04.02.’15; RFI, 04.02.’15
[15] Cf Radio Okapi, 05.02.’15
[16] Cf Radio Okapi, 11.01.’15 ; AFP – Kinshasa, 11.01.’15 (via mediacongo.net)
[17] Cf RFI, 04.02.’15; Radio Okapi, 05.02.’15
[18] Cf Radio Okapi, 02.01.’15
[19] Cf Radio Okapi, 05.01.’15
[20] Cf Radio Okapi, 10.01.’15
[21] Cf Radio Okapi, 14.01.’15
[22] Cf AFP – Africatime, 15.01.’15 ; Radio Okapi, 15.01.’15 ; RFI, 16.01.’15
[23] Cf Radio Okapi, 18.01.’15
[24] Cf Radio Okapi, 30.12.’14
[25] Cf Radio Okapi, 01.01.’15
[26] Cf AFP – Africatime, 06.01.’15
[27] Cf Radio Okapi, 13.01.’15
[28] Cf Radio Okapi, 18.01.’15
[29] Cf Radio Okapi, 25.01.’15
[30] Cf Radio Okapi, 25.01.’15