SOMMAIRE
1. INCIDENTS FRONTALIERS ENTRE MILITAIRES CONGOLAIS ET RWANDAIS
L’enquête du Mécanisme Conjoint de Vérification
2. LE PROCESSUS DE DESARMEMENT VOLONTAIRE DES FDLR
La rencontre de Rome
3. LE SOMMET MINISTÉRIEL DE LA RÉGION DES GRANDS LACS ET DE L’AFRIQUE
AUSTRALE
Un moratoire de six mois pour les FDLR
4. LE SUD-KIVU EN PROIE À UNE INSÉCURITÉ GÉNÉRALISÉE
L’Armée et la Monusco n’ont pas agi pour arrêter le massacre de Murarule (HRW)
Le mémorandum de la diaspora Fuliru en Amérique du Nord
Les violation des droits de l’homme dans la plaine de la Rusizi (ACMEJ)
La Société Civile du Sud Kivu dit NO
1. INCIDENTS FRONTALIERS ENTRE MILITAIRES CONGOLAIS ET RWANDAIS
L’enquête du Mécanisme Conjoint de Vérification
Le 12 juin, le Mécanisme conjoint élargi de vérification des frontières pour la région des Grands Lacs (MCV/E), a mené une enquête sur les affrontements survenus le 11 juin entre des militaires congolais et rwandais à la frontière entre les deux Pays. À la conclusion de l’enquête, l’équipe du MCV/E a pu rédiger un rapport daté du 17 juin.
Selon ce rapport, vers 10h30 du 12 juin, l’équipe du MCV/E s’est rendu à Gisenyi (Rwanda), où il a été reçu par une équipe d’officiers rwandais qui l’a accompagnée jusqu’à Busasamana, pour commencer l’enquête à partir du Rwanda.
Du côté rwandais, le Lt Gatete a informé l’équipe que le matin du 11 juin 2014, vers 6h00 du matin, des soldats des FARDC d’environ une section (plus ou moins 8 hommes) sont entrés en territoire rwandais avec l’intention de voler du bétail, comme il en avait été le cas le 1er et le 10 juin 2014. Le 10 juin, les soldats des FARDC avaient déjà volé 6 vaches.
Il a déclaré qu’une patrouille de routine RDF a été alertée par la population civile qui a signalé la présence des soldats des FARDC sur le territoire rwandais. Les Troupes RDF les ont rencontrés et leur ont conseillé de retourner en RDC. Les soldats des FARDC ont refusé de se conformer et les deux forces ont commencé à échanger des coups de feu. Le Caporal Baysiro Hategekimana des FARDC a été abattu en recevant un coup de balle dans la tête, les autres soldats des FARDC se sont enfuis vers la colline Kanyesheka 2 qui est au Rwanda.
Aux environs de 15h00, les soldats des FARDC se sont réorganisés de la colline de Kanyesheka 2 pour progresser vers le territoire rwandais. Les troupes des RDF ont alors décidé de leur tendre une embuscade. Au cors de cette embuscade, les FARDC ont perdu 4 soldats et 1 soldat des RDF a été blessé aux doigts.
Du côté congolais, le Lt Col Kambale Kabele a d’abord donné une brève historique sur les deux collines de Kanyesheka I et II. Elles étaient occupées par les rebelles du M23. Après la défaite du M23, en novembre 2013, les FARDC ont réoccupé ces collines. Dans le processus d’occupation de la colline de Kanyesheka 2, il y avait des désaccords entre les deux commandants des secteurs opérationnels (des RDF et des FARDC). Toutefois, les deux commandants s’étaient convenus que la colline de Kanyesheka 2 ne soit pas occupée jusqu’à ce que le problème soit résolu à l’amiable par les hiérarchies respectives des deux pays.
À propos de l’incident de la matinée du 11 juin 2014, le Lt Col Kambale Kabele a informé l’équipe que la section des FARDC déployée à Kanyesheka 1 a créé un poste d’observation, en y détachant chaque soir 2 soldats dans la vallée près de la frontière du Rwanda et qui se retirent chaque jour le matin. Le 11 juin, les militaires des FARDC ont entendu des coups de feu venant du coté rwandais et dirigés vers le poste d’observation de la colline de Kanyesheka 1. L’un des 2 soldats a pu rejoindre la section se trouvant sur la colline de Kanyesheka 1, mais l’autre, le Caporal Baysiro Hategekimana a été capturé vivant par les militaires des RDF. En outre, des troupes RDF, surgissant sur la colline de Kanyesheka 2, ont commencé à tirer sur la colline de Kanyesheka 1.
Les soldats des FARDC se sont réorganisés et ont lancé une contre attaque. Ils ont pu déloger les soldats RDF de la colline de Kanyesheka 2 et ont tué un soldat rwandais.
Cependant, il a dit qu’il avait ordonné à ses troupes d’abandonner la colline de Kanyesheja 2 et de retourner à la colline de Kanyesheka 1.
S’agissant des incidents de l’après midi, le Lt Col Kambale Kabele a affirmé que, étant sur la colline de Kanyesheka 1, vers 14h00, il a reçu un coup de téléphone des membres du MCV-E, l’informant que les membres de cet organe étaient arrivés du coté rwandais pour vérifier les incidents et qu’il fallait que les hostilités cessent, afin de permettre à l’équipe de traverser du coté de la RDC pour bien mener les vérifications.
Il avait alors décidé d’envoyer une petite équipe de protection à la colline de Kanyesheka 2, afin d’attendre et recevoir l’équipe du MCV-E. Aussitôt arrivée à Kanyesheka 2, cette équipe a été attaquée par les soldats des RDF. Les militaires des FARDC se sont retranchés en différentes directions et deux d’entre eux ont disparu.. Le Lt Col Kambale Kabele a souligné que les soldats RDF avaient repris la colline de Kanyesheha 2 après le contrattaque des soldats des FARDC et leur retrait de cette colline.
L’équipe du MCV/E a été témoin de 5 morts en uniforme des FARDC à cinq endroits différents sur le territoire du Rwanda.
L’équipe a remarqué le déploiement des deux forces près de la frontière qui n’a pas de ligne de démarcation appropriée pour fixer les limites des deux Pays.
Il n’y avait pas de preuves visibles de douilles et d’impact ni sur le présumé lieu d’embuscade, ni sur le présumé lieu du premier incident du matin. Par contre, il y avait des preuves flagrantes du déroulements des affrontements (douilles) sur les deux collines de Kanyesheka 1 et 2.
Selon Google Earth et la Carte de Gisenyi et de la RDC, la colline de Kanyesheka 2 est sur le territoire de la RDC.
Le site d’élevage du bétail où étaient les vaches présumées volées, est situé sur le territoire rwandais, mais le MCV-E n’a ni vu, ni trouvé les vaches volées du coté de la RDC.
Au moment de la vérification par le MCV-E, les militaires RDF occupaient physiquement la colline de Kanyesheka 2, alors que la colline de Kanyesheka 1 était abandonnée par les FARDC. Les FARDC ont réoccupé le colline de Kanyesheka 1 le 12 juin à 15h00, pendant la vérification et l’investigation du MCV-E.
Au moment où l’équipe du MCV/E quittait la zone des incidents, une équipe de la Croix Rouge du Rwanda étaient en train de récupérer les cinq corps avec l’intention de les remettre à la Croix Rouge de la RDCongo.
L’équipe du MCV/E a recommandé que:
– l’on procède à l’autopsie détaillée de tous les cadavres pour déterminer l’heure, la cause et le type de décès (étranglement ou asphyxie):
– les RDF et les FARDC doivent éviter le déploiement des forces sur la colline disputée de Kanyesheja 2 jusqu’à ce que le différend soit réglé à l’amiable ;
– les deux Pays devraient prendre des mesures supplémentaires pour s’assurer effectivement que le déploiement des deux forces soit à une distance raisonnable de la frontière ;
– la CIRGL devrait convoquer une réunion d’urgence sur les questions frontalières entre les Pays membres, en particulier entre le Rwanda et la RDCongo.[1]
Le Colonel Emmanuel Kaputa, qui a co-paraphé le rapport pour la partie congolaise, a précisé que: «les soldats congolais tués ont été capturés vivants en RDC pour être ensuite exécutés sur le territoire rwandais».[2]
Les réactions des deux Pays
La position de l’EJVM est saluée par Kinshasa, conforté dans sa version des faits. Kigali, lui, boude. « Ce n’était qu’un draft qui ne sera intégré au rapport qu’une fois agréé par les chefs d’état-major » de la région, tente de minimiser Olivier Nduhundirehe, représentant adjoint du Rwanda à l’ONU. Dans un communiqué publié sur son site internet, l’armée rwandaise remet également en cause la méthodologie utilisée par les experts de la CIRGL. «Google Earth ne peut constituer une référence crédible pour les démarcations frontalières», dénonce-t-elle, réaffirmant que «la colline Kanyesheja II est sur le territoire rwandais».[3]
Le 26 juin, l’autopsie effectuée par des médecins militaires congolais a confirmé que les cinq hommes sont tous morts de traumatismes crâniens. Selon des sources officielles congolaises, trois sont morts par balle et deux à cause des plaies linéaires profondes infligées par des objets tranchants (machette). Tous les corps étaient «polycriblés», c’est-à-dire qu’ils ont été touchés par plusieurs balles, certaines tirées à bout portant et même dans le dos. Pour cela, le gouvernement congolais maintient sa thèse des exécutions sommaires.[4]
Le 1er juillet, interrogé sur les incidents frontaliers, le chef de l’Etat rwandais Paul Kagame a dit ne pas savoir sur quoi l’équipe du mécanisme de vérification conjointe s’était basée pour faire son rapport, un rapport qui n’a pas confirmé la version rwandaise des faits. Selon Paul Kagame, «les problèmes entre le Rwanda et le Congo sont toujours très politisés, mais ils finissent toujours par se résoudre».[5]
Les autorités rwandaises tentent de gagner du temps, dans l’espoir d’une solution à l’amiable qui devrait les avantager. Il est juste attendre le rapport final mais, en ce qui concerne les lignes de démarcation de la frontière, les chefs d’état major de la région ne pourront certainement pas changer les coordonnées géographiques détaillées dans le rapport préliminaire. Ce que l’on devra faire c’est simplement placer une signalisation (bornes) précise et concrète qui puisse définir clairement la ligne de démarcation de la frontière qui devra être strictement observée par les deux Pays. En outre, si la déclaration du colonel congolais Emmanuel Kaputa était confirmée, alors les autorités politiques et militaires rwandaises devront rendre des comptes devant la justice internationale
2. LE PROCESSUS DE DESARMEMENT VOLONTAIRE DES FDLR
La rencontre de Rome
Le 26 juin, sur invitation de la communauté religieuse Sant’Egidio, une délégation des FDLR est à Rome pour une rencontre avec une équipe des envoyés spéciaux de la communauté internationale pour les Grands Lacs et le patron de la Monusco, Martin Kobler, et des représentants du gouvernement congolais. Cette réunion intervient alors que le processus de désarmement des rebelles hutus rwandais est officiellement en cours et qui n’est pas du goût de Kigali, qui accuse certains dirigeants de cette rébellion d’avoir participé au génocide de 1994.
Le sous-secrétaire général des Nations unies chargé des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, avait demandé une levée temporaire de l’interdiction de voyage du président par intérim des FDLR, Victor Byiringiro, qui est sous sanctions de l’ONU depuis 2010, pour qu’il puisse être lui aussi à Rome. Mais mercredi, le comité de sanctions de l’ONU a décidé de rejeter cette demande après la levée de boucliers des autorités rwandaises. C’est ainsi que Victor Byiringiro n’a pas continué sa route, mais le reste de la délégation a pu se rendre à Rome.
Sur Twitter, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a affirmé que le Rwanda n’a pas changé de politique à l’égard des FDLR: ils doivent «abandonner les armes et l’idéologie du génocide et rentrer à travers le processus de démobilisation établi entre le Rwanda et l’ONU».
Côté onusien, on assure que l’objectif de la réunion est d’accélérer le processus de démobilisation amorcé. Selon l’ONU, on a déjà désarmé 188 combattants. Côté FDLR, on dit espérer que ces représentants de la communauté internationale accepteront de soutenir un dialogue rwandais inclusif avec Kigali, ne se limitant pas seulement aux rebelles hutus rwandais, mais élargi à tous les partis politiques en exil et réfugiés rwandais à travers le monde.[6]
Le 26 juin, le Rwanda a envoyé une lettre de protestation au Conseil de sécurité de l’ONU, menaçant de retirer sa participation à l’accord-cadre d’Addis-Abeba signé le 24 février 2013 sous l’égide de l’Union Africaine et de l’ONU. C’est une lettre signée par le représentant permanent du Rwanda auprès des Nations Unies et adressée au président du Conseil de Sécurité.
Eugène Gasana y raconte comment son pays, membre du Conseil cette année, a été notifié de la demande le 24 juin du sous-secrétaire général en charge des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, de lever temporairement l’interdiction de voyage du président par intérim des FDLR, Victor Byiringiro, devant se rendre à Rome le 25 juin. L’ambassadeur rwandais insiste surtout sur le fait que, sans attendre la décision – et donc le refus du comité de sanctions de lever cette interdiction de voyage -, la Monusco a transporté la délégation, président des FDLR inclus, jusqu’à Kinshasa. Selon Eugène Gasana, cette délégation, inclurait des personnes recherchées pour leur participation au génocide, sans donner de noms. «Cela peut suggérer que certains hauts responsables onusiens et du département de maintien de la paix sont mus par un agenda secret de réhabiliter les FDLR génocidaires», poursuit-il. D’où cette menace de se retirer de la mise en oeuvre de l’accord d’Addis-Abeba.[7]
Le 30 juin, quatre jours après cette réunion tenue en toute discrétion, pour la première fois, l’un des participants accepte de s’exprimer. La réunion de Rome était restée secrète jusqu’à la dernière minute. Il n’y a eu ni communiqué, ni commentaire à la sortie. Pour le représentant de l’UE pour les Grands Lacs, Koen Vervaeke, l’objectif était de faire comprendre aux FDLR qu’ils n’ont d’autre choix que de se rendre et d’entrer, le plus vite possible, dans le processus de désarmement. Selon lui, le leadership des FDLR doit montrer sa disponibilité à cesser toute activité armé et à rendre à la justice internationale ceux qui sont recherchés par elle, faute de quoi la Monusco devra activer très rapidement l’option militaire. Le but n’était donc pas de blanchir les FDLR, mais de maintenir la pression sur elles.[8]
Le 1er juillet, le président rwandais Paul Kagame s’est dit «dégouté» par la manière dont les FDLR sont traitées. Paul Kagame répondait à une question concernant le transport jusqu’à Kinshasa, par l’ONU, du président par intérim des FDLR, Victor Biyringiro. La réunion de Rome a déclenché l’ire du Rwanda. «Le monde est cynique d’honorer ceux qui ont commis le génocide au Rwanda», a déploré le chef de l’Etat rwandais, qui balaie du revers de la main l’argument comme quoi les FDLR sont aujourd’hui les fils de ceux qui sont accusés de génocide. «Ce qui est un problème clair et simple a été transformé en un problème énorme. Et je crois que c’est fait exprès par certains», a encore insinué le président Kagame.[9]
«Le gouvernement du Congo et la Monusco cherchent tous les prétextes pour éviter d’appliquer les résolutions du Conseil de Sécurité», autrement dit de lancer les opérations contre les FDLR, explique une source officielle rwandaise, qui ajoute: «On leur donne de l’importance alors qu’on devrait faire de véritables pressions militaires».
Côté congolais, on s’interroge sur ce que l’on pourra faire après le désarmement, volontaire ou forcé, des FDLR. «Si le gouvernement rwandais refuse de discuter avec eux, il faut que la communauté internationale les prenne en charge et leur offre une perspective pour accélérer le désarmement», a déclaré l’un des membres de la délégation congolaise, ajoutant qu’il était hors de question que les FDLR restent au Congo.[10]
Le 2 juillet, lors d’une conférence de presse à Kinshasa, la Monusco s’est défendue de soutenir les rebelles Hutu rwandais présents dans l’Est de la RDC. Fin juin, elle avait été accusée par le Rwanda d’avoir transporté Gaston Rumuli Iyamuremye, un des dirigeants de cette milice. «Nous ne soutenons pas les FDLR, mais leur désarmement volontaire». Le général Abdallah Wafy, chef adjoint de la Monusco, s’est voulu catégorique: contrairement aux accusations de Kigali, la force onusienne n’a apporté aucun soutien aux rebelles hutu rwandais. «Sur la question du transport […] on a respecté les règles» des Nations unies, a renchéri Martin Kobler, chef de la Monusco. «Le dirigeant des FDLR et sa suite ont été transportés à l’intérieur du Congo», a dit Martin Kobler, ajoutant que «le Comité des sanctions a dit que ceux qui sont sur la liste des sanctions sont interdits de voyages internationaux et M. Iyamuremye n’a jamais quitté le Congo». Il n’est par ailleurs recherché ni par Interpol, ni par la Cour Pénale Internationale (CPI), ni par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR). Quant à la rencontre de Rome, elle a finalement eu lieu sans Gaston Rumuli Iyamuremye. L’objectif des FDLR est de prouver leur volonté de paix, dans l’espoir d’une ouverture d’un dialogue avec Kigali, qui s’y refuse catégoriquement.[11]
3. LE SOMMET MINISTÉRIEL DE LA RÉGION DES GRANDS LACS ET DE L’AFRIQUE AUSTRALE
Un moratoire de six mois pour les FDLR
Le 2 juillet, un sommet ministériel de la région des Grands Lacs et de l’Afrique australe s’est tenu à Lunda, en Angola. Au cœur des discussions de ces réunions: le processus d’amnistie et de rapatriement des combattants du M23, les relations entre la RDC et le Rwanda et le processus de désarmement des éléments d’un autre groupe armé, les FDLR.
À propos du désarmement des FDLR, les Etats s’opposaient sur le temps à donner pour désarmer ce mouvement. Tous les participants s’accordent sur un point: il est temps de faire comprendre aux FDLR que c’est leur dernière chance, qu’ils doivent engager un désarmement et une démobilisation complète. Le Rwanda et l’Angola soutenaient l’option courte: trois mois avant de faire parler les armes, la RDC proposait le double.
Au final, c’est ce laps de temps qui a été choisi, car le dossier est compliqué à gérer sur le terrain, explique François Mwamba, le coordinateur de la délégation de RDC: «In fine, il ne s’agit pas simplement de dire qu’ils vont juste déposer les armes. Il faut les regrouper, il faut créer les conditions, avec le Rwanda, pour qu’il y ait un rapatriement. Donc si ce qui se passe les trois premiers mois est probant, nous irons jusqu’à six mois, sinon d’autres décisions interviendront. Il est clair que si ça ne fonctionne pas, ce sont les armes qui vont parler».
Le général Abdallah Wafy, Représentant adjoint de la Monusco, en charge du processus de désarmement et de démobilisation a déclaré: «Le commandant militaire des FDLR Sylvestre Mudachumura est recherché par la CPI et il n’a aucune autre option que de se rendre et la Mission est disposée à faciliter son transfèrement à la Haye, pour aller répondre des accusations qui sont portées contre lui. Nous avons environ une dizaine de FDLR qui se trouvent dans les Kivus et qui sont recherchés pour le génocide au Rwanda. Ils ne font pas partie du processus auquel nous faisons allusion. Ils doivent se rendre pour aller répondre des faits qui leur sont reprochés. Pour tous les autres qui veulent volontairement décider eux-mêmes de rentrer au Rwanda, nous allons faciliter leur rapatriement. Le Rwanda ne s’oppose pas à leur retour, mais un retour inconditionnel. En ce qui concerne ceux qui, pour des raisons personnelles, ne souhaiteraient pas rentrer au Rwanda, nous sommes prêts à faciliter leur relocalisation temporaire dans la province de l’Equateur, à l’ouest de la RDC, comme le demande le gouvernement congolais, loin des Kivus, loin de la frontière rwandaise, en attendant de leur trouver un autre Pays d’accueil comme leur destination finale».[12]
Le 3 juillet, les pays dans la région des Grands Lacs et de l’Afrique australe ont convenu de donner un délai supplémentaire aux FDLR pour qu’ils désarment volontairement. Ce moratoire pourrait empêcher toute intervention militaire, y compris onusienne, contre eux dans les six prochains mois.
Selon le communiqué final des ministres de la CIRGL et de la SADC, la réunion ministérielle conjointe a «pris acte de la décision des FDLR de se rendre et de déposer les armes volontairement». «La reddition et le désarmement volontaires doivent être effectués dans les six mois environ à compter du 2 juillet 2014, une évaluation vérifiable étant menée à mi-parcours», précise ce communiqué. Autre recommandation: «Avertir les FDLR des conséquences militaires qui découleront de leur non-respect du délai convenu». La réunion ministérielle appelle également à un renforcement du mécanisme créé pour l’évaluation et la mise en œuvre du processus de désarmement et de rapatriement vers le Rwanda. Aucune autre solution n’est envisagée, notamment pas l’option évoquée par la Monusco et le gouvernement congolais d’un autre pays d’accueil pour ceux qui ne souhaiteraient pas rentrer chez eux.[13]
Deux autres dossiers ont été traités lors de cette réunion. Sur les incidents récents du 11 et 12 juin dernier à la frontière entre le Congo et le Rwanda, les deux parties ont consulté le rapport préliminaire établi par la Conférence internationale pour les Grands Lacs et accepté d’attendre le rapport définitif. Sur le mouvement du M23, le processus de rapatriement en cours est jugé correct par les trois pays concernés, le Rwanda, la RDC et l’Ouganda, mais il a été proposé de l’accélérer.[14]
4. LE SUD-KIVU EN PROIE À UNE INSÉCURITÉ GÉNÉRALISÉE
L’armée et la Monusco n’ont pas agi pour arrêter le massacre de Mutarule (HRW)
Le 2 juillet, dans un communiqué, Human Rights Watch (HRW) a accusé l’armée congolaise (FARDC) et les forces de la Monusco de ne pas être intervenues pour arrêter l’attaque perpétrée contre des civils à Mutarule, dans le Sud Kivu, le 6 juin dernier. Au moins 30 civils avaient été tués dans cette attaque. La plupart des personnes tuées étaient des Bafuliros.
Selon HRW, les assaillants, dont certains portaient des uniformes militaires, parlaient le kirundi et le kinyarwanda, les langues des Barundis et des Banyamulenges. L’ONG internationale affirme qu’un officier supérieur de l’armée congolaise, en poste à proximité, avait été averti à plusieurs reprises de l’attaque, mais il n’a pas réagi pour l’arrêter. Les casques bleus de la Monusco, basés à 9 kilomètres du lieu de l’attaque, ne sont pas non plus intervenus, bien qu’informés de l’attaque. Ils ne se sont rendus à Mutarule que deux jours après le massacre.
Selon le communiqué de HRW, l’attaque est intervenue dans un contexte de tensions croissantes entre les groupes ethniques Bafuliro, Barundi et Banyamulenge.
Les Barundis et les Bafuliros se sont disputé le contrôle de la chefferie coutumière dans la plaine de la Ruzizi depuis plusieurs décennies. Alors que le chef coutumier actuel appartient à l’ethnie barundi, les Bafuliros estiment que le pouvoir coutumier leur appartient en tant que groupe autochtone, originaire de la région. Le conflit s’est intensifié le 25 avril 2012, lorsque des hommes armés non identifiés ont tué Floribert Nsabimana Ndabagoye, le chef coutumier des Barundis, à Mutarule, menant à une série d’attaques de représailles et de vols de bétail.
Le 6 juin, avant l’attaque, un groupe armé bafuliro connu sous le nom de Maï Maï Bede, sous le commandement de Bede Rusagara, un déserteur de l’armée, aurait tué un éleveur de l’ethnie banyamulenge près de Mutarule et volé son bétail.
Un éleveur de bétail et dirigeant des jeunes de l’ethnie barundi, Raymond Sheria, a téléphoné au capitaine Enabombi Changa Dejeune du bataillon 10052 de l’armée, basé à Mutarule, et lui a annoncé que des vaches appartenant aux Barundis avaient été volés… Lorsque le capitaine Enabombi a appelé son commandant, le colonel Kayumba Venance Nyenyeri, commandant intérimaire du bataillon 10052, issu lui-même de la communauté banyamulenge, celui-ci … aurait dit au capitaine qu’il devrait laisser les Maï Maï et les Barundis se battre entre eux et que l’intervention de l’armée pourrait entraîner des pertes civiles.
Les combats se sont poursuivis jusque vers 18 heures. Le capitaine Enabombi a continué d’appeler le colonel Nyenyeri, qui lui a répété de ne pas intervenir. Aux environs de 20 heures, Sheria, le leader des jeunes barundis, a appelé Enabombi. Un soldat présent à ce moment-là a indiqué à Human Rights Watch que Sheria s’est moqué du capitaine, en disant que même si Sheria était un civil, il montrerait à Enabombi qu’il est plus militaire que lui. Le soldat a affirmé que Sheria a également dit qu’il allait commettre à Mutarule un acte «mémorable» que personne n’oublierait.Vers 21 heures, les assaillants ont ouvert le feu sur près de 200 personnes qui étaient réunies à l’extérieur de l’église de la 8ème CEPAC. Lorsque Enabombi a de nouveau appelé Nyenyeri, celui-ci ne répondait plus à son téléphone. Enabombi a également appelé le commandant du secteur 104 de l’armée et la Monusco et les a alertés au sujet de l’attaque.
Entretemps, les assaillants ont aussi tiré sur les éléments d’Enabombi qui protégeaient les civils ayant cherché refuge à proximité de leur base et ils ont riposté. Un soldat ayant participé à la fusillade a déclaré à Human Rights Watch: «On a essayé avec les moyens qu’on avait, malgré les ordres qu’on nous avait donnés de ne pas intervenir. On s’est arrêtés parce qu’on n’avait plus de munitions».
Un officier de l’armée à Uvira qui avait été alerté à propos de l’attaque a affirmé à Human Rights Watch qu’il avait à plusieurs reprises essayé d’appeler Nyenyeri, mais que son téléphone était éteint toute la nuit.
Le Major Shaban, commandant pakistanais de la base des forces de maintien de la paix de la MONUSCO à Sange, a déclaré à Human Rights Watch que les Casques bleus avaient été prévenus des meurtres se déroulant à Mutarule le soir du 6 juin, après que l’attaque ait commencé. Il a affirmé que lorsqu’il a appelé ses supérieurs, ceux-ci lui ont ordonné de clarifier la situation et de recueillir davantage d’informations. Il a ajouté qu’il avait contacté le commandant du bataillon, Nyenyeri, qui a dit qu’il allait «s’en occuper». Shaban a déclaré: «Nous étions très confiants que s’il y avait des tirs, [l’armée congolaise] serait en mesure de s’en occuper».
Selon HRW, deux officiers militaires et un civil ont été arrêtés à l’issue de l’enquête ouverte par les autorités militaires congolaises. Ils ne sont cependant pas encore mis en accusation. Aucun des assaillants n’a été arrêté.[15]
Le mémorandum de la diaspora Fuliru en Amérique du Nord
Dans un mémorandum adressé au Président de la République, la diaspora la Fuliru de l’Amérique du Nord affirme d’abord qu’un simple vol de bétail n’est pas une raison suffisante pour justifier un massacre de telle envergure. Il doit y avoir d’autres causes plus profondes.
La diaspora Fuliru rappelle aussi que l’église de la 8ème CEPAC se trouve à coté d’un Commissariat de Police et du poste d’un bataillon des FARDC constitué majoritairement des militaires banyarwanda issus de l’AFDL et du RCD.
A supposer que les auteurs du massacre ne se trouvent pas au sein de ce bataillon des FARDC, on ne peut pas s’expliquer que ces militaires, censés protéger la population, ne soient pas intervenus en entendant, pendant plus d’une heure, les crépitements des balles et les cris des victimes.
Si ce ne sont eux, cela laisse à croire que le massacre a été commis par la milice Imbonekakure avec leur connivence.
Bien avant le massacre, en effet, un responsable d’une organisation de la jeunesse bien connu pour ses liens actifs avec la milice Imbonerakure, avait fait des déclarations qui ont fait croire qu’il savait ce qui se tramait et qui allait se passer la nuit.
Dans son rapport consacré à cette tragédie, l’ONG ACMEJ a présenté cette milice comme un groupe de jeunes hutu de la plaine de la Ruzizi renforcés par d’autres Hutu venant du Burundi voisin. Parmi eux, il y a des ancien démobilisé des FDD, un parti burundais, et d’autres qui étaient, à l’époque, des militaires alliés du RCD-Goma en RDCongo.
Si cette deuxième hypothèse se confirmait, il n’y a aucun doute sur le commanditaire du massacre. Ce serait le chef de collectivité de la plaine de la Ruzizi, Richard Nijimbere Kinyioni, dont des éléments de sa milice ont agi en connivence avec des soldats banyarwanda des FARDC qui les ont couverts. Richard Nijimbere Kinyoni serait le chef des Imbonerakure.
La diaspora Fuliru recommande, entre autre, que :
une enquete indépendante soit diligentée pour établir les faits, établir les responsabilités et arreter les commanditaires et les exécutants;
les troupes des FARDC actuellement stationnées dans le Territoire d’Uvira et de Fizi soient relevées, déployées ailleurs au pays et remplacées par celles qui n’ont pas de ressortissants kivutiens (Nord et Sud Kivu) et d’Ituri (Province Orientale) en leur sein ;
le statut de la collectivité-Chefferie de la Plaine de la Ruzizi soit changé en Collectivité Secteur ou érigée en commune rurale.[16]
Les violation des droits de l’homme dans la plaine de la Rusizi (ACMEJ)
Dans un rapport, une ONG pour la défense des droits de l’homme, l’Association contre le Mal et l’Encadrement de la Jeunesse (ACMEJ), a affirmé que dans les territoires ruraux du Sud-Kivu, particulièrement dans la Plaine de la Ruzizi, la situation des droits humains est calamiteuse à cause de la présence et activité de groupes armés nationaux et étrangers (FDLR, Maï-Maï, FNL) et d’autres hommes armés non autrement identifiés. Des militaires de l’armée burundaise sont observés vers le Secteur 5 à Kiliba, où ils ont érigé un camp militaire. On parle aussi des «IMBONERAKURE», des jeunes burundais armés par l’actuel pouvoir du Burundi et qui seraient opérationnels dans la Plaine de la Ruzizi, tout au long de la rivière Ruzizi du côté congolais, vers la forêt Rukoko.
Ces hommes et groupes armés perpètrent surtout contre les populations civiles rurales d’innombrables crimes contre l’humanité et autres graves violations des droits humains: massacres,
enlèvements, pillages, extorsions, menaces de mort, arrestations et détentions arbitraires, assassinats et incendie de maisons.
Dans la plaine de la Ruzizi, un conflit de pouvoir coutumier a maintenant pris la dimension de conflit politico-ethnique. D’un côté, les Mai-Mai de FIZI et de la plaine de la Ruzizi sont en train de nouer une alliance pour attaquer les populations civiles de la communauté Barundi-Banyamulenge. De l’autre, la communauté Barundi serait en train de se ravitailler en armes et de garder un contact permanent avec les jeunes Burundais «Imbonerakure», pour qu’ils réagissent au cas où cette communauté était attaquée.
Au cours du mois de juin, ACMEJ a pu constater plusieurs violations des droits de l’homme:
– Dans la nuit du 3 au 4 juin2014, à 20 heures, à Kitemesho / Plaine de la Ruzizi, une femme
âgée de 47 ans a été tuée par balles dans sa maison par des hommes non autrement identifiés.
– Dans la nuit du 5 au 6 juin 2014dans la localité de Lubarika / Gombaniro, une maison en paille a
été brulée par des inciviques.
– Dans la nuit du 06 au 7 juin 2014, à partir de 23 heures jusqu’à 2 heures du matin, à Mutarule,
des hommes armés apparentés aux combattants FNL, en connivence avec les jeunes burundais
«Imbonerakure», ont attaqué les chrétiens de l’église de la 8ème CEPAC réunis en assemblée de prière, les patients du Centre hospitalier et le village, à la recherche du défenseur des droits humains Monsieur AKILI BIGAYA, qu’ils ont abattu. Le nombre des victimes déjà identifiées est de 30 civils tués, dont 8 hommes, 8enfants, 14 femmes et 1 militaire, et de 29 blessés par balles.
– Dans la journée du 8 juin 2014, à Kahanda / Moyens plateaux de Lemera, 3 hommes et 4 femmes qui venaient des champs sont tombés dans l’embuscade d’hommes armés qui les ont fortement battus et ont dépouillé deux d’entre eux de téléphones portables par manque d’argent.
– Dans la journée du 12 juin 2014à Lubarika, un homme civil a été arrêté et détenu au cachot du
sous-commissariat de la Police nationale congolaise, à cause d’une dette de 7.000 francs congolais,
équivalent à 7$. La victime a été libérée grâce au plaidoyer de l’Animateur di ACMEJ.
– Dans la journée du 15 juin 2014, deux défenseurs des droits humains de Mutarule ont reçu
des menaces de mort.
– Dans la journée du 20 juin 2014, à Kalinda, des agents de l’association paysanne (APA) de Lubarika, de retour d’une mission de monitoring sur les violations des droits de l’homme, sont tombés dans l’embuscade d’hommes armés apparentés aux combattants Hutus rwandais FDLR, qui les ont fortement tabassés et ont déchiré leurs carnets bloc notes.
– La journée du 21 juin 2014, à Kagabwe, des chefs d’établissements des écoles secondaires de hauts plateaux, qui venaient avec leurs élèves participer aux examens de diplôme d’Etat au Centre
de Lemera, sont tombés dans l’embuscade d’hommes armés non autrement identifiés, qui les ont
fortement tabassés et les ont dépouillés de l’argent.
– Dans la soirée du 24 juin 2014, à Katogota, un jeune garçon de Lubarika a été arrêté et détenu
au cachot du Sous-commissariat de la police nationale congolaise pour s’être assis avec une femme
d’autrui; le garçon a été libéré le matin 25 juin 2014, grâce au plaidoyer d’ACMEJ.
– Dans la nuit du 25 au 26 juin 2014, à Kitemesho / Plaine de la Ruzizi, vers 20 heures, un pasteur
de la 8ème Cepac a été attaqué dans sa maison par des hommes armés apparentés aux FNL. Grâce à
l’intervention des militaires FARDC, la victime a été sauvée.
– Dans la nuit du 27 au 28 juin 2014, vers 21 heures, des hommes armés ont attaqué le village de
Bwegera: une femme civile de la communauté banyamulenge a reçu un coup tiré à bout portant par ces assaillants apparentés aux Maï-maï.
– Dans la journée du 29 juin 2014, à Katala, sur la route qui va de Luvungi à Lubarika, des civils
venant de Luvungi sont tombés dans l’embuscade d’hommes armés non autrement identifié, qui les
ont fortement tabassés et dépouilles de l’argent.
– Dans la soirée du 29 juin 2014, à Katogota, un homme civil a été arrêté et détenu au cachot de militaires FARDC basés dans le village, pour le motif d’une dette de briques à dobe qu’il avait empruntées chez son voisin civil. La victime a été libérés grâce au plaidoyer de deux moniteurs d’ACMEJ.
– Dans la soirée du 30 juin 2014, à Kigushu, des civils venant du marché de Rubanga vers les
hauts plateaux sont tombés dans l’embuscade d’hommes armés apparentés aux Maï-maï qui les ont
dépouillés de l’argent et de téléphones.
– Dans la journée du 2 juillet 2014, à Mutarule, des hommes armés non autrement identifiés ont emporté cinq vaches d’un civil de la communauté Banyamulenge.
C’est pourquoi ACMEJ demande:
* le départ immédiat des militaires FARDC et des Policiers déployés dans la Plaine de la Ruzizi et le déploiement immédiat de nouveaux militaires FARDC et Policiers non de tendances ethniques;
* le départ immédiat des militaires burundais se trouvant sur le sol congolais au Secteur 5 de Kiliba;
* l’arrestation et détention des auteurs des massacres de Mutarule;
* une opération militaire conjointe des FARDC et de la force militaire de la Monusco contre les
groupes armés encore actifs dans la Plaine de la Ruzizi et ses moyens et hauts plateaux;
* l’indemnisation des victimes de ces massacres.[17]
La Société Civile du Sud Kivu dit NO
Le 8 juillet, la Société Civile du Sud Kivu a divulgué un communiqué de presse sur l’analyse du contexte sécuritaire au niveau de la province. Elle a pu constater:
– Le meurtre par un élément de la Police Nationale Congolaise d’un Taximan dans la nuit du 29 juin aux environs de la place Feu Rouge;
– Les tracasseries des populations civiles de la part des éléments de la PNC postés à la Place de l’Indépendance;
– La persistance de douze barrières où les populations civiles sont régulièrement tracassées dans le territoire de Walungu;
– Le rançonnement de la population civile par les éléments FARDC dans plusieurs barrières érigées entre Mulungu (Territoire de Shabunda) et Kamituga (territoire de Mwenga) où chaque passant paie 6000 FC à chaque barrière;
– Le retard constaté dans le transfert des éléments FDLR regroupés à Karala à Burinyi, vers le centre de cantonnement;
– La possession des armes par une grande partie de la population dans la plaine de la Ruzizi, principalement au sein des éleveurs;
– Une forte tension, après le dernier massacre de Mutarule, entre les communautés de la plaine de la Ruzizi qui se soupçonnent d’être à la base de ce crime grave;
– Tensions populaires à Lwangoma, dans le Groupement Bushumba, en territoire de Kabare suite à la nomination d’une nouvelle chef de village par le Chef de Chefferie;
– Tension entre éleveurs et agriculteurs à Kamanyola.
Pour faire face à cette situation, la Société Civile du Sud-Kivu recommande que:
* L’autorité provinciale convoque dans le meilleur délai une conférence provinciale sur les états généraux de la sécurité au Sud-Kivu;
* L’autorité provinciale, soutenue par le Gouvernement central et les partenaires au développement, lance immédiatement une campagne de récupération des armes légères et petits calibres en circulation dans la plaine de la Ruzizi en particulier et au Sud-Kivu en général;
* Les responsables des FARDC et autres services de sécurité et de justice s’impliquent immédiatement pour faire cesser tous ces incidents sécuritaires et supprimer toutes les barrières illégales;
* La MONUSCO, disposant d’une forte capacité logistique, accorde une urgence aux sollicitions du gouvernement congolais s’agissant du transfert des éléments FDLR ayant souscrit au processus de dépôt des armes.
[2] Cf BBC – Afrique – 23.06.’14
[3] Cf Trésor Kibangula – Jeune Afrique, 27.06.’14
[4] Cf Radio Okapi, 26.06.’14 ; RFI, 26.06.’14
[5] Cf RFI, 02.07.’14
[6] Cf RFI – Rome, 26.06.’14 (via mediacongo.net)
[7] Cf Gus Ruelas – Reuters / RFI, 27.06.’14
[8] Cf Sonia Rolley – RFI, 30.06.’14
[9] Cf RFI, 02.07.’14
[10] Cf Kenny Katombe – Reuters / RFI, 01.07.’14
[11] Cf AFP – Kinshasa, 03.07.’14 (via mediacongo.net)
[12] Cf Kenny Katombe – Reuters / RFI, 03,07.’14
[13] Cf Sonia Rolley – RFI, 04.07.’14
[14] Cf Kenny Katombe – Reuters / RFI, 03,07.’14
[16] Cf Communauté Lubunga lwa Bafuliru en Amérique du Nord – Gatineau, 28.06.’14
[17] Cf Association Contre le Mal et pour l’Encadrement de la Jeunesse (ACMEJ). Regards indépendants n. 65 – mai/juin 2014