SOMMAIRE
1. KIVU
a. Situation socio-humanitaire
b. Persistance de l’activisme des groupes armés
c. Un nouveau groupe armé, connu sous le nom de « Protection du Peuple Hutu »
d. Deux chefs de milice tués, un troisième est mort
2. LA MISE EN OEUVRE DE LA LOI SUR L’AMNISTIE
1. KIVU
a. Situation socio-humanitaire
Le 8 mai, dans son rapport hebdomadaire, le Bureau de l’Onu pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) a déclaré que plus de 230 familles ont abandonné leurs localités, en avril dernier, suite à l’insécurité causée par l’activisme des groupes armés à Lubero et Walikale (Nord-Kivu). Dans son bulletin d’informations publié début avril, Ocha avait indiqué avoir recensé 1.076.745 déplacés internes au Nord-Kivu. Ce document faisait état des personnes qui avaient quitté leurs milieux d’origine entre janvier 2009 et février 2014. L’agence humanitaire renseigne que ce chiffre représente 37% du nombre de déplacés enregistrés dans tout le pays, estimé à 2,9 millions de personnes. Les déplacés sollicitent l’implication des autorités provinciales du Nord-Kivu pour mettre fin à cette situation.[1]
OCHA a aussi indiqué que, en avril, au Nord Kivu, 92 846 personnes déplacées sont rentrées chez elles, ce qui représente une baisse d’environ 9%. La province comptait au 25 avril dernier, un effectif de 998 721 personnes déplacées internes.[2]
Le 26 mai, le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a mis en garde les agents des services publics non autorisés à travailler à la frontière. Les marchands disent subir des tracasseries au poste frontalier de la « Petite-Barrière », entre Goma et Gisenyi. Le gouverneur a menacé de révoquer tout récalcitrant, jugeant ces tracasseries «inacceptables». Selon les témoignages des marchands, des personnes installées à la «petite barrière» récoltent quotidiennement entre 100 (0,1 dollar) et 200 FC (0,2 dollar) par passager sans aucune quittance. Julien Paluku a cité nommément des services non autorisés comme le service des renseignements militaires «TD», la DEMIAP, la Garde Républicaine ou encore l’Agence Nationale des Renseignements (ANR). Seuls cinq services sont autorisés à travailler à la «petite barrière». Il s’agit de: Direction générale des douanes et accises (DGDA), Direction générale de migration (DGM), Office congolais de contrôle (OCC), Police des Frontières et Hygiène.[3]
Le 4 juin, le chef provincial de la Direction Générale des Douane et Accise (DGDA/Nord Kivu), Nkongolo Kabila, a révélé que cette régie financière vient de battre un record avec 11 milliards de francs congolais (environ 12 millions USD) recouvrés au cours du seul mois de mai. Pour le patron de la DGDA Nord Kivu, ce record est le fruit de la meilleure compréhension dont font actuellement preuve les importateurs et exportateurs vis-à-vis de la loi douanière en vigueur.[4]
b. Persistance de l’activisme des groupes armés
Le 30 avril, six militaires congolais et une femme civile sont morts dans des affrontements qui ont opposé les Forces armées de la RDC aux miliciens de l’Alliance Patriotique pour un Congo Libre et Souverain (APCLS) à Nyabiondo (Nord-Kivu). Selon des sources militaires, cinq autres soldats et deux casque bleus de la Monusco ont été blessés. Environ trois mille personnes ont trouvé refuge à la base des casques bleus de la Monusco à Nyabiondo, après ces combats. Une semaine plus tôt, les FARDC avaient délogé les miliciens de l’APCLS des localités de Matembe, Mirenge et Maniema, en groupement Ihana à Walikale. La plupart d’entre eux se sont refugiés à Mutongo, dans la même région. En février dernier, le chef de l’APCLS, Janvier Kalahire, a été délogé par les FARDC de Nyabiondo. Plusieurs de ses positions, ainsi que son état-major à Lukweti ont été démantelés par l’armée.[5]
Le 7 mai, les militaires congolais ont repoussé une attaque des miliciens de l’APCLS contre leurs positions au niveau de la colline Sinaï, à 3 km de Lukweti. L’armée a gardé le contrôle de ses positions et a tué 4 miliciens.[6]
Le 15 mai, le comité local des déplacés a indiqué que plus de six cent quarante ménages sont enregistrés depuis un mois dans le village de Kasugho, à environ 90 kilomètres au sud-Ouest de Butembo (Nord-Kivu). Ces populations fuient les affrontements entre les rebelles rwandais des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) et les miliciens de Nduma Defense of Congo (NDC) de Cheka qui s’affrontent régulièrement depuis deux mois. Les villages qui se vident de ses habitants sont: Fatuwa, Mabombi et Vumiliya. Les localités concernées sont: Make, Makusa, Ngumba, Kitowa et Masekeseke.[7]
Regroupés à Mubambiro (25 km à l’Ouest de Goma), plus de 400 ex-miliciens attendent, depuis près de deux mois, leur transfert vers un centre de formation militaire approprié. Venus de plusieurs groupes armés du Nord et Sud Kivu pour passer quelques jours, ces hommes se plaignent de l’absence d’un programme en faveur de leur transfert. Certains démobilisés ont déjà fui ce centre d’hébergement pour regagner la brousse. Le plan de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) à la vie civile présenté par le gouvernement congolais concernerait quelques 12.000 rebelles et serait évalué à 100 millions de dollars environ.[8]
Le 28 mai, après quatre jours de combats avec les rebelles ougandais des ADF, les FARDC ont repris les localités de Lesse et Abya, situées à plus ou moins 70 km au Nord-Est de Beni-ville en plein parc des Virunga (Nord-Kivu). Le commandant de la 8è région militaire et de l’Opération «Sokola», le général-major Lucien Bauma, a parlé de 64 rebelles tués, un capturé et une centaine d’armes et munitions récupérées. Il a aussi fait mention de 5 blessés du côté des FARDC.[9]
Le 29 mai, des sources locales ont affirmé que des combats opposent depuis plusieurs jours des Maï-Maï NDC de Cheka à une coalition des FDLR et Pareco, dans la région d’Oninga, dans le territoire de Walikale, au Nord-Kivu. Plusieurs maisons d’habitation et des écoles auraient été brulées par les FDLR. La population aurait fui en brousse et vers plusieurs villages du Sud du territoire de Lubero.[10]
Le 2 juin, les Maï-Maï NDC conduits par Ntabo Ntaberizi alias Cheka occupent, depuis 5 jours, les localités de Kibati, Busi, Ndurumo et Abulo, en territoire de Walikale (Nord-Kivu). Des sources locales indiquent que ces miliciens ont profité du redéploiement des Forces armées de la RDC (FARDC) vers Kashebere pour occuper ces villages. Venus des localités de Mungazi et Kichanga au Sud du groupement de Luberiki, les miliciens de Sheka imposent une taxe de 1000 FC (1,1 dollar américain) à chaque habitant des localités occupées.
La majorité des habitants de ces quatre localités ont préféré déserter leurs habitations pour ne pas payer cette taxe. Certains ont pris la direction de Kashebere et Kikamata premier et les autres se sont refugiés à Matshumbi, à une dizaine de kilomètres de leurs localités d’origine.
Joint au téléphone, un notable du coin a affirmé que l’axe routier Ndurumo-Kembo, long de 80 km, est de nouveau contrôlé par les miliciens de NDC suite à l’absence de militaires.
Il plaide pour le déploiement des FARDC dans cette partie du Nord-Kivu pour sécuriser les populations civiles. Un appel qui n’a pas encore trouvé de réponse du côté des FARDC.[11]
Le 16 juin, cela fait six mois que l’armée congolaise a lancé son opération Sokola contre les ADF-Nalu qui sévissent dans le Nord-Kivu. Le gouverneur de la province, Julien Paluku se réjouit des progrès accomplis, mais il estime qu’il faudra encore six mois à un an pour venir à bout de ces rebelles ougandais. Beaucoup s’inquiètent sur le sort des otages, ils seraient quelque 900, selon la société civile, à avoir été enlevés ces dernières années par les ADF-Nalu parmi lesquels des prêtres, des médecins et même des humanitaires.
Il y a six mois, les ADF-Nalu contrôlaient les deux tiers du territoire de Beni. Aujourd’hui, la plupart de leurs camps ont été récupérés par l’armée congolaise. Il n’y a que très peu d’information sur ce que sont devenus ces combattants ou même leurs familles alors que pour certains cela fait presque 20 ans qu’ils vivent au Congo.
Le gouverneur de la province parle d’une centaine de morts chez les rebelles, de prisonniers aussi.
Et pourtant, selon des sources indépendantes, seule une dizaine d’ADF-Nalu ont été vus en prison. Ce qui après six mois d’offensive est pour le moins étonnant.
Il n’y a pas non plus de combattants qui rejoignent les camps de démobilisation. Où sont donc les ADF-Nalu? Certaines sources évoquent un repli dans les monts Rwenzori ou dans la Province Orientale. Cela avait été déjà le cas lors des opérations de 2005-2006 et en 2010. Mais après le retrait des Forces Armées de la RDC (FARDC), les ADF-Nalu – connues pour leurs capacités de guérilla – étaient revenus plus forts que jamais.
Une autre question subsiste: qui se trouve dans la fosse commune découverte à proximité des camps des ADF-Nalu? Nombreux sont ceux qui réclament aujourd’hui des enquêtes pour vérifier si ces corps ne sont pas ceux des centaines d’otages enlevés ces dernières années.
La société civile salue les efforts des FARDC. Toutefois les défis qui restent à relever, c’est la libération d’au moins 884 otages dont les trois prêtres de Mbau, le médecin directeur de l’hôpital de Oicha, les 4 agents de MSF, plus 250 enfants et un grand nombre de femmes qui sont toujours dans les mains de la rébellion ougandaise.[12]
c. Un nouveau groupe armé, connu sous le nom de « Protection du Peuple Hutu »
Le 9 mai, la Mission de l’ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco) a fait part de la création, au Nord Kivu, d’un nouveau groupe armé, connu sous le nom de « Protection du Peuple Hutu » (PPH). Ce groupe aurait été créé à Luofu le 6 mai. Cette localité est située dans le sud du territoire de Lubero, à environ 120 km au nord de Goma, la capitale du Nord Kivu, mais le PPH serait également présent dans les territoires, limitrophes, de Masisi et de Rutshuru. Il est composé essentiellement d’éléments des groupes armés FDLR-Foca, FDLR-RUD et maï-maï Nyatura. Les Foca (Forces Combattantes Abacunguzi) et le Rassemblement uni pour la démocratie (RUD) sont les deux principales branches de la rébellion hutu rwandaise des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Les maï-maï Nyatura sont une milice d’autodéfense hutu. Selon l’ONU, « le PPH serait créé pour assurer la protection des Hutu, sans distinction de nationalité [c’est-à-dire Hutu congolais et Hutu rwandais réfugiés en RDC, NDLR] et pour compromettre la stratégie » de l’armée congolaise et de la brigade d’intervention de la Monusco pour mettre fin aux FDLR, premier groupe armé présent au Congo par la taille de ses effectifs (1.500 à 2.000 combattants selon les estimations). Disséminés au Nord et au Sud-Kivu, les miliciens des FDLR ont été sommés de se rendre et d’intégrer le processus de démobilisation et rapatriement au Rwanda parrainé par l’ONU. Sans les attaquer de front, les FARDC et les Casques bleus augmentent depuis plusieurs mois la pression militaire sur ce groupe en se déployant dans les zones où il est présent, en espérant favoriser ainsi les redditions.[13]
Selon certains observateurs, Fpph se bat pour la protection des Hutu et pour avoir une province autonome qui sera gérée par les financiers de cette rébellion, et qui devra comprendre les territoires de Rutshuru, Masisi, Nyiragongo, Walikale ainsi que la ville de Goma comme chef-lieu. La formation militaire des éléments de FPPH est organisée à Mwekwe, Munol, Buleusa, Busu et Kisavulo. FPPH est dirigée par un certain colonel Kasongo non autrement identifié. Les échos en provenance de Lubero présentent Kasongo comme un grand coupeur de route et ancien milicien du Rcd et du Cndp. L’on renseigne que ce mouvement est financé par certains députés nationaux élus du Nord-Kivu et bien d’autres membres du gouvernement. C’est lui qui ferait la liaison entre Kinshasa et le Nord-Kivu.[14]
Le 14 juin, le vice-président de la communauté hutu congolaise, Alexis Ndalihoranye, a affirmé que «la communauté hutu congolaise n’a pas besoin de créer un groupe armé pour sa protection, car elle est déjà protégée par le gouvernement». Il réagissait aux allégations faisant état de la création d’un groupe armé dénommé Forces pour la protection du peuple hutu (FPPH) au sud du territoire de Lubero, au Nord-Kivu.
A travers un communiqué, les notables Hutu du Nord Kivu soutiennent que leur communauté n’a rien à voir avec ce nouveau groupe armé, dont ils remettent en cause l’existence.
«Ce prétendu groupe armé n’est en aucune manière la création de notre communauté, surtout en ce moment que c’est notre communauté qui a beaucoup souffert des affres de la guerre depuis pratiquement plus de deux décennies. Et nous pensons que notre communauté ne peut être protégée que par le gouvernement de la République, bien entendu avec l’appui de la Monusco», a déclaré Alexis Ndalihoranye. Il appelle «la communauté tant nationale qu’internationale à ouvrir l’œil et le bon, car l’ennemi de la paix a plusieurs stratégies». «Nous encourageons la Monusco, le gouvernement congolais et les FARDC à pourchasser tous les fauteurs des troubles et tous les tireurs des ficelles, pour éradiquer définitivement tous ces groupes armés du paysage congolais, pour que finalement nous puissions tous avoir la paix et pour que nous puissions tous vaquer à nos occupations quotidiennes et aller au développement tant souhaité», a poursuivi Alexis Ndalihoranye.
Ce groupe armé aurait été crée en avril dernier. Plus de 230 familles ont abandonné leurs localités, suite à l’insécurité causée par l’activisme des groupes armés à Lubero et à Walikale (Nord-Kivu).
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) à Goma, des déplacés en provenance de la localité de Buleusa ont dit fuir leur milieu d’origine, après la création d’un nouveau groupe armé dénommé «Forces pour la protection du peuple hutu» (FPPH).[15]
d. Deux chefs de milice tués, un troisième est mort
Le 12 avril, Paul Sadala alias Morgan, chef milicien des Maï-Maï Simba s’est rendu aux Forces armées de la RDC (FARDC) avec quarante-deux autres combattants, à Bandegaido, située à 300 km au Sud-Ouest de Bunia, en Ituri (Province Orientale). Selon le rapport de l’ONG locale Réseau Haki na Amani [Droit et paix] publié en août 2013, les combattants de la milice de Morgan ont tué 62 personnes et violé vingt-quatre femmes à Mambasa entre 2010 et 2013.[16]
Le 14 avril, Paul Sadala est décédé après des échanges de tirs entre ses combattants et les militaires congolais au village de Molokaï, dans le territoire de Mambasa. Après s’être rendu à l’armée, deux jour auparavant, Morgan devait être conduit à Bunia pour la poursuite du processus de sa reddition. Il a refusé de suivre des soldats venus pour l’escorter, exigeant d’abord d’être nommé général. Face à son refus de poursuivre le processus de son désarmement, une altercation a eu lieu entre les hommes de Morgan et les militaires congolais, au cours de laquelle Morgan a reçu des balles aux deux jambes. Grièvement blessé et inconscient, il a succombé de ses blessures.[17]
Le 19 mai, la première phase des enquêtes judiciaires sur les circonstances de la mort du chef milicien Paul Sadala alias «Morgan» a été clôturée à Bunia. Le rapport médical établi par des médecins de l’armée congolaise indique que l’ex-milicien est mort suite à de nombreux traumatismes dus aux tortures dont il a été objet. A l’issue d’un examen radiologique de la dépouille du milicien décédé, le rapport médical fait état de blessures profondes causées par un objet tranchant sur le corps de Paul Sadala. Le même rapport fait également état des fractures au niveau du tibia et des blessures par balles. Après la mort de Morgan, le député provincial Joseph Ndiya avait mis en cause des militaires congolais. Il accusait ces derniers d’avoir abattu le chef milicien. Jusque-là, le Major Enoch Kinzambi est le seul suspect à avoir été arrêté dans l’affaire de la mort de Morgan.[18]
Le 9 mai, le colonel Jules Mutebusi est décédé à Kigali, au Rwanda. Il est mort de suite d’une maladie à l’âgé de 54 ans. Jules Mutebusi et les troupes du général Laurent Nkunda, avaient participé à la prise de Bukavu au Sud-Kivu du 2 au 9 juin 2004. Chassé par l’armée, le colonel Mutebusi avait fui au Rwanda en fin juin 2004 avec plus de trois cents hommes.[19]
Le 10 mai, le chef rebelle des Enyele, Udjani Mangbama, est décédé à Brazzaville. Il a été abattu après un échange des tirs avec les éléments de la police du Congo-Brazzaville lors d’un contrôle de routine, à Oando. Dans cet échange des tirs, Udjani a d’abord abattu quatre policiers brazzavillois. Il a ensuite reçu des balles et il a succombé à cause de ses de ses blessures. Originaire de l’Equateur, membre du Mouvement de Libération Indépendante et Alliés (MLIA), s’était refugié au Congo/Brazzaville en 2009 après les représailles des FARDC sur son groupe. Kinshasa a depuis réclamé que Brazzaville puisse le lui rendre, mais les autorités de la République du Congo affirmaient qu’Udjani était en prison. Pour Lambert Mende, porte parole du gouvernement de la RDCongo, «les circonstances de sa mort indiquent qu’il n’était pas en prison».[20]
2. LA MISE EN OEUVRE DE LA LOI SUR L’AMNISTIE
Le 19 avril, la ministre de la Justice et droits humains, Wivine Mumba, a publié la liste des 50 premiers bénéficiaires de la loi d’amnistie votée le 3 février au Parlement. Il s’agit d’anciens membres de groupes armés, dont 15 membres de la rébellion du M23, 15 membres (onze militaires, dont trois colonels et quatre civils) de l’insurrection responsables de l’attaque contre la résidence du chef de l’Etat le 27 février 2011 à Kinshasa, 10 membres (cinq militaires et cinq civils) de l’Armée de Résistance Populaire (ARP) de Faustin Munene et 10 autres (six militaires et quatre civils) d’un groupe dirigé par l’ancien ministre du régime de Mobutu, Honoré Ngbanda.
Parmi les bénéficiaires du M23, on peut citer:
René Abandi, chef de la délégation aux pourparlers de Kampala;
Jean-Serge Kambasu Ngeve, négociateur principal;
Sendugu Museveni, chargé de la politique intérieur de la rébellion.
La loi sur l’amnistie votée le 3 février à l’Assemblée nationale couvre les faits insurrectionnels, faits de guerre et infractions politiques commis entre le 1er janvier 2006 et le 20 décembre 2013.[21]
Le 21 avril, quarante bénéficiaires de la loi sur l’amnistie, dont 20 militaires et 20 civils, ont été libérés de la prison militaire de Ndolo (11) et de la prison centrale de Makala (29), à Kinshasa.
Alors que les civils sont rentrés directement à leurs domiciles en compagnie de leurs membres de famille, les 20 militaires et policiers ont été conduits dans un centre de rééducation dans la périphérie de Kinshasa. L’autorité pénitentiaire de Ndolo indique que les militaires amnistiés ont le libre choix de réintégrer l’armée ou de retourner dans la vie civile.[22]
Sept arrêtés signés par le ministre de la Justice portent désormais à 271 le nombre total des bénéficiaires de la loi d’amnistie. Téléchargez ces arrêtés ici.[23]
Le 30 avril, cent nouveaux bénéficiaires de la loi d’amnistie ont été libérés. Ce groupe de nouveaux amnistiés est notamment constitué des éléments de l’ex-rébellion du M23, de l’ARP de Faustin Munene, du GALCD d’Honoré Ngbanda et les assaillants de la résidence du chef de l’Etat, du Bundu dia Kongo, des Bakata Katanga, de «l’Impérium» de Diomi Ndongala et du groupe A7 de Roger Lumbala et John Tshibangu. Parmi ces amnistiés, on compte également le député Muhindo Nzangi qui avait été condamné en août dernier à trois an de prison ferme pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a assuré que les listes d’autres amnistiés continueront d’être publiées au fur et à mesure que les actes d’engagement des personnes éligibles parviendront au gouvernement à travers le ministère de la Justice et des Droits humains.[24]
Le 10 mai, une cinquantaine de militaires et policiers bénéficiaires de l’amnistie pour faits de guerre et insurrectionnels sortis récemment de prison de Ndolo et Makala à Kinshasa n’ont pas encore regagné leurs familles. Hébergés dans un centre de transit a la cité Mama Mobutu, ils affirment ne pas disposer de leur liberté de mouvement. Peter Ngomo, leur avocat, a appelé les autorités congolaises à clarifier la situation de ses clients. Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende déclare de son côté que ces 58 militaires et policiers sont déjà amnistiés et libres. Mais puisqu’ils ont choisi d’intégrer l’armée ou la police, ils sont soumis au programme DDR (Démobilisation, Désarmement et réintégration, NDLR) et sont en transit pour rejoindre leur centre de reintégration, soit Kamina soit Kitona.[25]
Le 30 mai, l’avocat des militaires et policiers bénéficiaires de l’amnistie, mais encore hébergés dans un site de transit à Kinshasa, accuse le gouvernement ne pas respecter la loi sur l’amnistie pour faits de guerre et insurrectionnels. Jean-Marie Kabengele affirme que certains de ces amnistiés sont extraits nuitamment du site où ils sont hébergés à la Cité Maman Mobutu et amenés dans d’autres villes du pays, sans que leur famille n’en soit informée.
«Kwadeba et Kabongo ont été pris. Ils ont passé la nuit au camp Kokolo. Destination: Mbuji-Mayi. Il y a Kobambu qui a été amené à Goma. Agolowa, Yimbi et Epumba ont été acheminés à Kisangani sans que leurs familles sachent. Il y a eu encore le colonel Lingongo et les autres qui ont été acheminés à des endroits jusque là inconnus», raconte l’avocat. «Est-ce l’exécution effective de la loi d’amnistie ou c’était tout simplement le changement des lieux de détention pour tromper l’opinion nationale et internationale. Nous sommes maintenant convaincus que le pouvoir en place ne veut pas exécuter la loi d’amnistie», affirme Me Jean-Marie Kabengele qui rapporte que ses clients extraits de leur site de transit de la cité Maman Mobutu sont escorté par des agents de l’Agent national de renseignement (ANR) et des militaires du camp Kokolo. A l’en croire, ces amnistiés passent d’abord nuit au Camp Kokolo avant d’être acheminés à l’aéroport.[26]
Le 3 juin, le coordonnateur du mécanisme de suivi de l’accord d’Addis-Abeba, François Muamba, a rapporté aux Envoyés Spéciaux de l’Onu, de l’UA, de l’UE et des EU présents à Kinshasa que les Autorité rwandaises refusent de recevoir sur son sol la délégation militaire congolaise qui doit remettre des formulaires de demande d’amnistie aux ex-M23. Kigali aimerait que la RDC accorde «un statut spécial» à ces anciens combattants du M23 qui avaient fui au Rwanda en avril 2013. Selon un activiste de la société civile du Nord-Kivu, Kigali veut une amnistie globale pour ces ex-rebelles et non sélective, au cas par cas. François Mwamba a insisté pour que la communauté internationale fasse pression pour que Kigali laisse les experts congolais entrer sur le territoire rwandais, pour finaliser le processus d’engagement d’amnistie. Selon lui, il n’est pas question de renégocier quoi que ce soit avec ce Pays, le Rwanda, en dehors des engagements pris dans le cadre de l’accord d’Addis-Abeba. En réaction, les représentants de la communauté internationale pour la région des Grands Lacs ont estimé qu’il y a nécessité que le Rwanda coopère. Mary Robinson, la représente spéciale du secrétaire général des Nations unies pour la région de Grands lacs, a promis de contacter les autorités rwandaises à ce sujet.[27]
[1] Cf Radio Okapi, 09.05.’14
[2] Cf Radio Okapi, 27.05.’14
[3] Cf Radio Okapi, 26.05.’14
[4] Cf ACP – Goma, 05.06.’14 (via mediacongo.net)
[5] Cf Radio Okapi, 30.04.’14
[6] Cf Radio Okapi, 07.05.’14
[7] Cf Radio Okapi, 15.05.’14
[8] Cf Radio Okapi, 13.05.’14
[9] Cf Radio Okapi, 29.05.’14
[10] Cf Radio Okapi, 29.05.’14
[11] Cf Radio Okapi, 02.06.’14
[12] Cf Sonia Rolley – RFI, 16.06.’14
[13] Cf AFP – Goma, 09.05.’14
[14] Cf Congo24 – Africatime, 23.05.’14
[15] Cf Radio Okapi, 14.06.’14
[16] Cf Radio Okapi, 12.04.’14
[17] Cf Radio Okapi, 14.04.’14
[18] Cf Radio Okapi, 20.05.’14
[19] Cf Radio Okapi, 11.05.’14
[20] Cf Radio Okapi, 11.05.’14
[21] Cf Radio Okapi, 19.04.’14; Angelo Mobateli – Le Potentiel – Kinshasa, 19.04.’14
[22] Cf Radio Okapi, 21,04.’14; Angelo Mobateli – Le Potentiel – Kinshasa, 21.04.’14
[23] Cf Radio Okapi, 24.04.’14: http://radiookapi.net/actualite/2014/04/24/rdc-listes-officielles-de-271-beneficiaires-de-la-loi-damnistie/#.U3NioOmKBdg
[24] Cf Radio Okapi, 02.05.’14
[25] Cf Radio Okapi, 12.05.’14
[26] Cf Radio Okapi, 30.05.’14
[27] Cf Radio Okapi, 03.06.’14; 7sur7.cd – Kigali, 03.06.’14