Congo Actualité n. 209

SOMMAIRE

ÉDITORIAL: Kinshasa, 30 décembre 2013 – un signal inquiétant

1. UNE SÉRIE D’ATTAQUES À KINSHASA, LUBUMBASHI E KINDU

2. DERRIÈRE LES ATTAQUES, LES MAINS INVISIBLES

ÉDITORIAL: Kinshasa, 30 décembre 2013 – un signal inquiétant

 1. UNE SÉRIE D’ATTAQUES À KINSHASA, LUBUMBASHI E KINDU

 

Le 30 décembre, des tirs ont retentis dans plusieurs endroits de Kinshasa, la capitale de la RDCongo. Les tirs ont été entendus, dès le premier matin, au siège de la radiotélévision nationale (RTNC), à l’aéroport et à un camp militaire. A la RTNC, des assaillants armés de machettes et d’armes à feu ont pris des journalistes en otage. Des hommes armés ont aussi attaqué l’aéroport international de Ndjiili. Des témoins décrivent également des tirs aux camps militaires Kokolo et Tshatshi, étant ce dernier siège de l’État Major Général de l’Armée, près du ministère de la Défense. Les émissions de la RTCN ont été perturbées et l’aéroport international de Ndjili fermé. La police, l’armée et la garde républicaine se sont déployées dans les rues de Kinshasa pour rétablir la situation. Les rues de la capitale se sont vidées.

A la RTNC, le signal de la télévision a été brièvement coupé. Deux hommes armés sont apparus à l’antenne pour diffuser ce qui ressemblait à un message contre le président Jospeh Kabila, au pouvoir depuis 2001 après l’assassinat de son père Laurent. “Gideon Mukungubila est venu vous libérer de l’esclavage du Rwanda”, déclarait le message, selon un journaliste de Reuters qui a visionné un enregistrement de la retransmission. Gideon est le surnom utilisé par les partisans de Paul Joseph Mukungubila, qui se fait appeler aussi le « prophète de l’Eternel ». En fin de matinée, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a déclaré que “les assaillants se sont présentés comme des partisans de Mukungubila” et il a assuré que les forces de sécurité ont la situation sous contrôle.[1]

Des tirs à l’arme lourde ont été entendus en plein centre ville de Lubumbashi aussi, aux alentours de la résidence du Pasteur Mukungubila. Selon les autorités, à l’intérieur de ce bâtiment il y avait des hommes en civil, toujours avec des t-shirts blancs et armés. Les échanges de tirs auraient duré pendant près de cinq heures.

Une autre attaque a eu lieu à Kindu dans la province du Maniema, dans l’est du Congo. Un groupe a pris d’assaut une base militaire située à l’aéroport. Selon une source gouvernementale, il s’agissait de membres des groupes Maï Maï et Kata-Katanga, auxquels auraient pu se mêler quelques fidèles du « prophète » Mukungubila. Le groupe était dirigé par un homme qui se fait appeler « Caesar » et qui portait un T-shirt avec le nom de Joseph Mukungubila. Les forces de l’ordre ont repoussé l’attaque à la mi-journée faisant au moins deux morts, selon des témoins, dont le fameux Caesar. Selon les mêmes témoins, les assaillants affirmaient ne pas vouloir s’en prendre à la population, mais protester contre les nominations au sein de la police et de l’armée «d’étrangers» et notamment de «Rwandais», dont ils demandaient la révocation.[2]

Paul Joseph Mukungubila, un leader religieux qui se présente comme « un illuminé qui s’est proclamé aussi président d’Afrique », est décrit comme très influent à Lubumbashi, dont il est originaire, tout en étant installé à Kinshasa. Il est à la tête de l’«Eglise du Seigneur Jesus-Christ», une église évangélique implantée notamment à Kinshasa, Lubumbashi, Kolwezi et Kalemie. Il  était un candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2006 contre Joseph Kabila. Il est aussi un critique virulent de l’accord de paix signé ce mois-ci avec la rébellion du M23 dans l’Est de la RDC, accusant le gouvernement d’avoir cédé aux pressions des Tutsis et du Rwanda. Dans ses interventions dans les médias, il dénonce régulièrement les tentatives de balkanisation de la RDC ainsi que le bradage et le pillage des ressources naturelles du pays par ses voisins, surtout par le Rwanda.[3]

Le 31 décembre, lors d’un point de presse à Kinshasa, le porte-parole du Gouvernement, Lambert Mende, a annoncé le bilan définitif de différentes attaques à Kinshasa, Lubumbashi, Kindu et Kolwezi: un total de cent trois morts, dont 94 assaillants et 9 militaires e plus de 150 assaillants capturés. A l’Etat-major général des FARDC à Ngaliema [Kinshasa], seize terroristes ont été tués, deux capturés. Un officier supérieur des FARDC a été tué. A la RTNC, quatorze terroristes ont été tués et dix-sept capturés. Deux éléments des FARDC ont été tués et huit journalistes blessés. A l’aéroport international de N’djili à Kinshasa, vingt-et-un «terroristes» ont été tués et cinq capturés.

A Lubumbashi, quarante terroristes ont été tués et soixante-seize capturés. Cinq éléments des FARDC ont été tués. A Kolwezi, un terroriste a été tué et soixante-dix autres ont été capturés. A Kindu au Maniema, selon lui, deux «terroristes» ont été encore tués et deux autres capturés.

A la question de savoir comment ces groupes d’hommes armés ont pu s’infiltrer dans les lieux stratégiques de la RDC, comme la RTNC, les camps militaires et les aéroport,  Lambert Mende reconnaît l’existence de zones d’ombres dans ces évènements, notamment la facilité avec laquelle les assaillants sont entrés dans ces lieux stratégique et il a admis que: «Il y a un problème d’efficacité dans la sécurisation des bâtiments publics. C’est l’objet d’une enquête qui est en cours». A la RTNC, a-t-il expliqué, les assaillants ont trouvé seulement deux gardes, «les autres étant en période de relèvement». Selon lui, ce n’est pas impossible que les assaillants aient bénéficié de complicités.[4]

Ces événements ont suscité des réactions dans les rangs de l’opposition. Le sénateur Jacques Djoli du Mouvement de libération du Congo (MLC) a déploré «cette irruption de violence» et demandé une enquête indépendante sur ces attaques presque simultanées: «Le caractère plus ou moins cohérent des attaques pose le problème d’efficacité des services de sécurité et leur capacité d’anticipation [ainsi que] leur réaction qui semble assez disproportionnée. Il faudra une commission d’enquête parlementaire indépendante, parlementaire ou autre pour déterminer les causes de ces attaques, quels son sont ces assaillants […], quelles sont les ramifications et surtout comment les services ont réagi ou n’ont pas pu anticiper». Même son de cloche de la part de la majorité présidentielle.

Le député Henri Thomas Lokondo estime que les services de renseignements n’ont pas joué leur rôle préventif: «Il y a un problème central qui demeure, celui du dysfonctionnement des services des renseignements, celui de la prévention et de la dissuasion pour réduire sensiblement ce genre d’actes terroristes. La coordination surréaliste de ces opération en temps réel à Kinshasa, Lubumbashi, Kolwezi et à Kindu pose le problème de l’efficacité maximale de nos services, au niveau de l’armée et de la police et des renseignements».[5]

Trois jours après les attaques à Kinshasa, Lumbumbashi, Kolwezi et Kindu, des enquêtes sont actuellement menées dans les milieux des services de renseignement et de sécurité pour déterminer si les assaillants ont bénéficié de complicités ou si les forces de sécurité ont fait preuve de négligence. Ces enquêtes doivent permettre de découvrir pourquoi les assaillants ont agi avec autant de facilité contre des objectifs hautement stratégiques. Elles ont également pour objectif de comprendre comment la préparation de ces attaques a échappé à la vigilance de ceux qui sont chargés de veiller à la sécurité du pays. Et si elle se vérifiait, la présence parmi les assaillants de personnes appartenant ou ayant appartenu aux forces de l’ordre devrait aider à faire progresser les enquêtes. Autre question à élucider: y a-t-il un lien entre ces attaques et les activités de Gédéon Kyungu dans le Nord-Katanga et Ferdinand Kazadi Ntanda Imena, le chef du mouvement Kata Katanga, comme l’ont pensé certains?[6]

Le porte parole du gouvernement, Lambert Mende, a affirmé qu' »aucun » policier ou militaire ne figurait parmi la « bande de terroristes » qui ont mené des attaques dans le pays. « Une chose est certaine: grâce à l’introduction de l’identification biométrique au sein de nos forces armées et de nos forces de police, nous sommes en mesure de dire aujourd’hui qu’aucun élément » de la police ou de l’armée « ne fait partie de cette bande de terroristes », a-t-il affirmé. Certaines sources avaient évoqué des complicités au sein de l’armée et de la police pour mener les attaques qui ont principalement ciblé Kinshasa et Lubumbashi.[7]

Le 8 janvier, au Sénat, les ministres de la Défense, Alexandre Luba Ntambo, et de l’Intérieur, Richard Muyej, ont répondu à la question d’actualité leur adressée par le sénateur Modeste Mutinga, concernant les attaques des sites stratégiques à Kinshasa, Lubumbashi, Kolwezi et Kindu le 30 décembre dernier. Les attaques qui se sont déroulés de manière presque simultanée dans trois provinces du pays, selon Modeste Mutinga, laisse transparaitre une action planifiée et coordonnée.

De ce fait, le sénateur voulait savoir comment les services de sécurité de l’Etat n’ont pas eu vent de la préparation de ce complot. Selon les deux membres du gouvernement, les services de la défense et de sécurité étaient tous au courant de ce qui se tramait. Si donc tel était le cas, pourquoi n’a-t-on pas anticipé les évènements? Probablement, parce que les agresseurs jouissaient de certaines complicités au sein du régime. Le ministre Richard Muyej a précisé que le gouvernement a lancé un mandat d’arrêt contre le prophète Paul Mukungubila Mutombo et que le conseil national de sécurité a décidé de fermer l’Eglise de la restauration de Jésus-Christ, interdisant à ses adeptes de se réunir et d’organiser des activités.[8]

2. DERRIÈRE LES ATTAQUES, LES MAINS INVISIBLES

Derrière les attaques, certains y voient la main de la sphère du «clan des Katangais», proche du président Joseph Kabila. Deux jours avant les attaques du 30 décembre, Joseph Kabila réorganise la police congolaise. Le 28 décembre, le président nomme le général Charles Bisengimana en remplacement de John Numbi à la tête le police. John Numbi, un Katangais proche de Kabila, avait été écarté de son poste après l’assassinat de Floribert Chebeya, en 2010. Numbi est fortement mis en cause dans le meurtre de ce militant des droits de l’homme et de son chauffeur, mais il n’a jamais été entendu par la justice. Depuis, l’ancien chef de la police s’est reclus dans sa ferme du Katanga, non loin de Lubumbashi. Très rapidement, certains font rapidement un lien entre le remplacement de Numbi par Bisengimana (un nom rwandophone) et les assaillants du 30 décembre se revendiquant du pasteur Mukungubila, très anti-Rwandais et anti-tutsi. Le pasteur Mukungubila accuse régulièrement Joseph Kabila d’avoir des origines rwandaises et d’avoir signé un accord fin décembre avec les rebelles du M23… soutenus par le Rwanda. Un rwandaphone pour commander la police congolaise… un affront pour Mukungubila.

Pourquoi les regards convergent alors vers John Numbi?

Le Katanga est actuellement la cible d’un groupe armé indépendantiste, les Bakata Katanga, qui s’en prend régulièrement et violemment aux autorités congolaises, à Lubumbashi et dans le Nord de la province. Pour de nombreux spécialistes, la création des Bakata Katanga est soutenue par des hommes politiques locaux pour faire pression sur Joseph Kabila afin d’obtenir des postes ministériels ou de rétablir leur influence sur le camp présidentiel. Et John Numbi est fortement soupçonné par les experts de l’ONU de téléguider les Bakata Katanga, en fournissant armes et munitions au groupe armé. Dans son dernier rapport de décembre 2013, le groupe d’experts a obtenu «des informations crédibles» sur le soutien logistique et financier de Numbi aux militants Bakata Katanga (voir le rapport).

Pour revenir aux attaques du 30 décembre à Kinshasa, certaines sources pensent que ce sont notamment des membres des Bakata Katanga qui auraient été envoyés faire le coup de force dans la capitale. Ces assaillants envoyés par Mukungubila ont forcement bénéficié de relais et de complicités dans l’appareil sécuritaire congolais. Numbi a toujours de nombreux contacts dans la police et l’armée.

Pour les observateurs, l’attaque de Mukungubila serait un «message» de Numbi à Kabila, pour lui prouver «sa capacité de nuisance». Autour de Numbi, d’autres Katangais exigent de nouveau peser dans le cercle présidentiel. On peut citer le tonitruant Gabriel Kyungu, le président de l’assemblée provinciale du Katanga qui s’inquiètent de la loi de décentralisation, mais aussi Jean-Claude Masangu, ex gouverneur de la banque centrale du Congo en recherche de poste, ou Daniel Ngoyi Mulunda, l’ex président de la Commission électorale, remercié après la réélection contestée de Joseph Kabila en 2011. Tous ces hommes, qui veulent continuer à influer au sommet de l’Etat pourraient voir d’un bon oeil, les actions du pasteur Mukungubila pour remettre en selle le «clan des Katangais» dans la sphère présidentielle. Depuis 2011, Joseph Kabila semble, en effet, s’être tourné vers l’Est du pays et les Kivus pour asseoir désormais son pouvoir, au détriment du Katanga.

Le récent accord de Kinshasa avec les rebelles du M23 constitue la preuve pour ces Katangais que le président ne regarde plus vers le Katanga.

La sphère katangaise, proche du président Joseph Kabila, est-elle impliquée dans la triple attaque de Kinshasa le 30 décembre dernier ? Difficile pour le moment d’en avoir la certitude.[9]

DESC essaie de livrer une analyse technique au départ de quelques pistes d’enquête.

Selon l’analyste et expert en diplomatie Henri Kamande Nzuzi, «concernant ce qui se passe actuellement, il ne faut y voir qu’un énième avertissement à Kabila venant de la garde rapprochée de Numbi et des katangais. Par la nomination de Bisengimana comme chef national de la police, Numbi est définitivement écarté après qu’on lui ait à plusieurs reprises promis une réhabilitation par le pouvoir. Les katangais se sentent floués et sont frustrés depuis un bon moment, ils ont l’impression de perdre le pouvoir au profit d’autres provinces. De plus, ils ont tous en tête 2016. Comment expliquez-vous le fait que Kabila n’arrive toujours pas à mettre en place un nouveau gouvernement? Le Katanga veut la part du lion en prévision des prochaines élections, mais Kabila résiste, chaque fois qu’il y a une attaque/menace des Bakata Katanga au Katanga. Tout le monde sait que ce sont les Balubakat qui sont derrière, avec évidemment Numbi et ses simbas. Il est étonnant que cette attaque arrive juste après la confirmation de Bisengimana comme chef de la police. Il devenait dérangeant, trop puissant… Le vers est dans le fruit du pouvoir et la guerre est avant tout interne. Le renforcement des anciens mobutistes autour de Kabila, n’est pas au gout de «ses frères» katangais… les évènements d’aujourd’hui sont juste un avertissement à qui de droit qu’ils peuvent attaquer même à Kinshasa».

1°) Trois villes symboliques pour le régime de Kabila

La première question que l’on se pose est de savoir pourquoi les attaques simultanées à Kinshasa, Lubumbashi et Kindu? Ces trois villes ont une importance non seulement géo-sociopolitique pour le président Kabila mais aussi stratégique.

* D‘abord, Kinshasa reste indubitablement le siège des institutions et le centre névralgique de l’Etat et de la diplomatie en RDC. Qui ne contrôle pas Kinshasa ne contrôle pas encore la RDC. Donc attaquer Kinshasa et montrer la fragilité de ses institutions et de son dispositif sécuritaire revient à montrer la faiblesse du régime.

* Puis Lubumbashi qui, en plus d’être la capitale du poumon économique de la RDC, le Katanga, est également le fief ethno-régional du président Kabila. La province qui, aux côtés des ressortissants « Tutsi-Banyamulenge » pourvoit l’essentiel du pré-carré sécuritaire du « raïs », notamment au sein de l’ethnie Balubakat. Le Katanga se taille également la part du lion dans la distribution des postes politiques et étatiques en RDC depuis 1997. Depuis son élection en 2006, tous les ministres de la Défense sont Katangais (Chikez Diemu, Mwando Simba, Luba Tambo). Sur le plan sécuritaire, les hommes forts du régime sont:

– le général-major Dieudonné Banze Lubunji (Lubakat, ex-FAZ). Banze dirige la garde républicaine (GR) présidentielle composée essentiellement de Katangais provenant en majorité de l’ethnie Lubakat à laquelle est associé Kabila. Une garde prétorienne dont les dernières estimations recensent environ 18.600 hommes, dont 6.000 surarmés, qui n’a été que partiellement « brassée » et échappe au contrôle effectif du chef d’état-major général des FARDC.

– Le général-Major Damas Kabulo (Lubakat de mère Tutsi), secrétaire général du ministère de la Défense, est un ex-FAZ du Service d’actions et de renseignement militaire (SARM). Kabulo a dirigé la DEMIAP jusqu’à l’assassinat de L.D. Kabila. Il deviendra le chef de la Maison militaire du chef de l’Etat lorsque Joseph Kabila est devenu président. Le général Kabulo est cité actuellement comme l’éminence grise sur le plan militaire de Kabila.

– Les Balubakat: le général de brigade Jean-Claude Yav Kabej (chef des renseignements militaires, Démiap) et Kalev Mutond (chef du service de renseignement civil, ANR) ont joué un rôle-clé dans les contacts secrets entretenus entre Kinshasa et Kigali durant la guerre contre le M23. Le Premier président de la Cour militaire est mariée à une Tutsi rwandaise.

D’autres Katangais dans les institutions et sécurité:

Trois katangais à la tête des 3 des 11 régions militaires:

Région militaire Province Commandant Province d’origine
7ème Maniema Gen-Bde Bobo Kakudji Katanga
9ème Province Orientale Gen-Maj. Jean-Claude Kifwa Kambili Katanga
11ème Kinshasa Gen-Bde. Abdallah Nyembo Betu. Il remplace le Gen-Maj. Nabyolwa (Kivu) Katanga

Les Katangais dans le secteur de la défense et sécurité et autres secteurs stratégique en RDC

Fonction Nom Origine Observations
Ministre de la Défense Alexandre Luba Ntambo Katanga Pharmacien de formation
Secr. Gén de la Défense nat. Vice-amiral D. Kabulo Lubakat Mère Tutsi. Proche des Tutsi du RCD
Chef d’EM Renseignements militaires (Démiap) Gen-Bde Jean-Claude Yav Kabej (Katanga) Il succède au Gen Kitenge Tundwa. Un Katangais marié à uneTutsi
Chef d’état-maj particulier du chef de l’Etat Célestin Mbala Musense Katanga (Mère Luba du Kasaï-Or) Très discret et puissant à la fois. Ne serait pas apprécié par les autres Katangais du pré-carré
Commandant de la garde républicaine (GR) Gen-Maj Dieudonné Banze Lubunji Katanga (Mulubakat)  
1er Président de la Haute cour militaire Gen Bde Delphin Nyembo Yabuzilu Katanga  
Directeur de l’ANR Colonel Kalev Mutond Katanga (Mulubakat) Il remplace Jean-Pierre Daruwezi   (Prov. orientale)
Commissaire général de la PNC Gen-maj Charles Bisengimana Tutsi du Kivu En remplacement du Gen-Maj John Numbi (Katangais)
Ministre Intérieur, Sécurité… Richard Muyej Katanga  
Ministre de la Justice… Wivine Mumba Matipa Katanga Apparentée à A. Katumba Mwanke
Gouverneur de la Banque Centrale Deogratias Mutombo Katanga Lubakat  
Commandant adjt à la PNC Raüs Chalwe Katangais d’origine zambienne
Commandant de la Police du Bas-Congo Patience Mushidi Yav Katangais Le Bas-Congo reste depuis 2006 une province opposée à Kabila
Procureur Général de la Rép Kabange Numbi Mulubakat Proche de Murigande et Ruberwa
Premier président de la Cour militaire Général Nyembo

 

Katanga Marié à une Tutsi

Source : Les Armées au Congo-Kinshasa et recoupements propres.

Depuis peu, deux autres anciennes figures de proue font leur come-back dans l’inner circle du président: Maître Jean Mbuyu et Maître Norbert Nkulu Kilombo: Ces deux katangais, conseillers de Kabila, sont de plus en plus cités pour succéder à Katumba Mwanke à la tête du «Gouvernement parallèle» ou le «COST» (Comité de stratégie)et remplacer Pierre Lumbi comme conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité. Selon les câbles wikileaks, Mbuyu, en contact avec l’ambassade américaine à Kinshasa, a joué un rôle central dans le choix de Joseph Kabila à la tête du Congo (Jeune Afrique, 18/04/2013). Maître Nkulu, l’actuel ambassadeur de la RDC à Kigali, a été chargé, entre-autres, par le président Kabila pour traiter l’épineux dossier des réfugiés Tutsi congolais installés au Rwanda.

* Enfin, la ville de Kindu est symbolique de l’attachement de Kabila à la province du Maniema d’où est originaire Madame Sifa Mahanya, présentée comme étant la mère biologique de Kabila, malgré plusieurs thèses prouvant le contraire, notamment sa filiation Tutsi via une dame Tutsi également mère d’une troisième épouse de Museveni. Maniema est une petite province qui ne pèse pas géopolitiquement mais mise en orbite par Kabila pour consolider son ancrage congolais. Et Kindu semble servie sur un plateau d’or sur le plan sécuritaire et politique avec de gros calibres comme le Premier ministre Matata Ponyo Mapon (de mère Tutsi), le Conseiller spécial en sécurité, Pierre Lumbi Okongo (De mère Tutsi Munyamulenge), le général d‘armée le Kusu-tetela de Kibombo François Olenga, chef intérimaire de l’armée de terre, le tout puissant, même suspendu, le général Gabriel Amisi Tango four. Ce Lega du territoire de Punia dans le Maniema, connu sous le code de «Tango Four» pour avoir été responsable de la logistique (T4 : tango four) au sein du RCD-Goma, continue, malgré sa suspension, de faire partie des généraux de confiance du président Kabila. Cet ex-FAZ, s’est rallié à l’AFDL en 1996 avant de rejoindre le RCD-Goma. Il s’est ensuite rapproché du président Kabila en 2004 lorsque ses compagnons d’armes Nkunda et Mutebusi ont refusé de rejoindre les FARDC. Il a été cité comme étant à la base de la chute de Goma en 2012 en ordonnant aux troupes de battre retraite et de replier vers Sake. Acte passible de haute trahison mais le général, très proche de Sifa Mahanya, vaque librement à ses business à Kindu et continuerait d’entretenir des milices locales.

Derrière Lubumbashi (Katanga) et Kindu (Maniema) planent selon certaines sources sécuritaires anonymes congolaises les mains de John Numbi et Amisi Tango Fort qui se sentiraient frustrés de ce que leurs postes respectifs de commissaire général de la PNC et de chef d’état-major de l’armée de terre leur échappent définitivement, depuis l’officialisation du Tutsi Bisengimana à la tête de la PNC. Autant John Numbi contrôle les miliciens Bakata-Katanga dans la province cuprifère, de même Amisi contrôle quelques Maï-Maï dans le Maniema, même les Kivu. L’attaque de ce ces deux villes porterait la marque de fabrique de ces deux officiers qui tiennent à lancer un signal  qu’ils restent maîtres de leurs fiefs provinciaux.

En attaquant Lubumbashi et Kindu, le but des assaillants était sans doute de lancer un avertissement à Kabila qu’il serait privé de sa base arrière ethno-régionale, si le bras de fer avec les acteurs de l’ombre de ces attaques se poursuivait.[10]



[1] Cf BBC – Afrique, 30.12.’13

[2] Cf RFI, 30.12.’13

[3] Cf BBC – Afrique, 30.12.’13

[4] Cf Radio Okapi, 31.12.’13

[5] Cf Radio Okapi, 31.12.’13

[6] Cf RFI, 02.01.’14

[7] Cf AFP – Kinshasa, 31.12.’13

[8] Cf Radio Okapi, 08.01.’14; Le Potentiel – Kinshasa, 08.01.’14

[9] Cf Christophe Rigaud – Afrikarabia, 02.01.’14