Congo Actualité n. 180

SOMMAIRE

ÉDITORIAL: Face aux menaces du M23, l’engagement urgent pour la démocratie

1. BOSCO NTAGANDA DEVANT LA COUR PENALE INTERNATIONALE

2. LE CONSEIL DE SECURITE A ADOPTE UNE RESOLUTION CREANT UNE BRIGADE SPECIALE D’INTERVENTION EN RDCONGO

3. LES RÉACTIONS DU M23

4. ALERTE SUR UN RENFORCEMENT DES TROUPES DU M23

5. LES POURPARLERS ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LE M23 A KAMPALA

 

ÉDITORIAL: Face aux menaces du M23, l’engagement urgent pour la démocratie

 

1. BOSCO NTAGANDA DEVANT LA COUR PENALE INTERNATIONALE

Le 26 mars, Bosco Ntaganda a comparu, pour la première fois, devant la Cour Pénale Internationale (CPI) à La Haye. A l’ouverture de l’audience, vers 11H00 (10H00 GMT), il a décliné son identité s’exprimant en kinyarwanda, mais traduit en français par un interprète: «Je m’appelle Bosco Ntaganda, je ne porte que les deux noms, les noms qui m’ont été attribués par mes parents. Je suis né au Rwanda, mais j’ai grandi au Congo. Je suis Congolais. Comme vous le savez, j’étais militaire au Congo». Interrogé par le juge à propos de la langue dans laquelle il désirait s’exprimer, il a choisi le kinyaruanda et non le français ou le kiswahili, deux langues très pratiquées au Kivu, ni le lingala, la langue commune de l’armée congolaise. Il a ensuite déclaré: «J’ai été informé des crimes qui m’ont été attribués, mais je plaide non coupable». C’est à ce moment-là qu’il a été interrompu par la juge Ekaterina Trendafilova, qui lui a expliqué que l’objet de l’audience n’était pas de savoir s’il plaidait coupable ou non coupable, mais de l’informer des crimes qui lui sont imputés. La juge Trendafilova a fixé au 23 septembre 2013 le début de l’audience de confirmation des charges, étape suivante dans la procédure et destinée à déterminer si les éléments de preuve du procureur sont assez solides pour mener à un procès.[1]

Le 27 mars, le porte-parole de la CPI en RDC, Paul Madidi, a déclaré que Bosco Ntaganda sera jugé par la CPI comme un citoyen rd-congolais. «Les informations, qui sont reprises dans les mandats d’arrêt de la CPI à l’encontre de Ntaganda, donnaient à croire que Ntaganda est présumé rwandais», a déclaré Madidi, ajoutant que Ntaganda «a donné l’information qu’il est congolais».[2]

Dans l’est de la RDC, on estime que «ce n’est pas l’arrestation de Ntaganda qui va régler le problème». Un auditeur de Radio Okapi s’inquiétait de l’attitude du Rwanda dans cette affaire: «Ils vont faire valoir à tout le monde qu’ils sont capables de coopérer. Mais le Rwanda est capable de produire encore un autre Ntaganda». Certaines organisations non gouvernementales ont déploré que la CPI se limite à connaître les faits commis en 2002 et 2003 en Ituri alors que Ntaganda était encore récemment à la tête d’une rébellion au Nord Kivu. Les mêmes organisations disent regretter que cette juridiction internationale se limite à poursuivre les chefs miliciens en laissant de côté tous ceux qui leur donnaient des ordres à partir notamment de Kinshasa, de Kigali et de Kampala.[3]

Selon Human Rights Watch (HRW), le Bureau du procureur de la CPI devrait envisager d’ouvrir une nouvelle phase dans ses enquêtes sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis en RD Congo. Selon cette organisation, «La procureure de la CPI devrait porter son travail à un niveau supérieur et ouvrir un nouveau chapitre pour la justice. Si la CPI doit aider à briser le cycle répétitif des exactions en RDC, il faut aller au-delà des seigneurs de guerre locaux et poursuivre les hauts responsables qui les soutiennent».[4]

Le 1er avril, le ministre des Médias et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a salué la coopération des autorités rwandaises et de l’ambassade des Etats-Unis à Kigali pour le transfèrement de Bosco Ntaganda au siège de la CPI à La Haye. Il a signalé aussi que «le gouvernement de la RDC travaille ensemble avec la CPI  pour que Bosco Ntaganda soit également poursuivi pour les autres crimes dont il s’est rendu coupable au Kivu, en sa qualité de chef militaire du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP)».

Lambert Mende a aussi souhaité que «le Rwanda fasse encore plus, en livrant à la justice congolaise ou internationale les nombreux autres criminels qui ont pris asile sur son territoire, notamment les Baudouin Ngaruye, Zimulinda, Runiga … sur qui pèsent les sanctions de l’ONU».[5]

Le 2 avril, la ministre rwandaise chargée des Réfugiés, Séraphine Mukantabana, a indiqué que le Rwanda a éloigné de la frontière avec la RDCongo les 682 rebelles du M23 (Mouvement du 23 mars) réfugiés sur son territoire et que les a envoyés à une centaine de km à l’Est de la capitale Kigali. Ces hommes du M23 s’étaient réfugiés au Rwanda mi-mars après avoir été défaits par une faction rivale, celle de Sultani Makenga. Jusqu’à lundi, ils étaient dans un centre à une quinzaine de km de la frontière avec la RDCongo.  «La décision de les délocaliser émane de l’application des conventions internationales (…) qui disent que les réfugiés doivent être à plus de 50 km de la frontière de leur pays d’origine», a affirmé la ministre Séraphine Mukantabana. Les membres du M23 (Mouvement du 23 mars) sont, selon elle, désormais dans un « centre d’internement » dans le district de Ngoma. L’accueil réservé par Kigali à ces centaines d’hommes a, pour des analystes, alimenté les soupçons de soutien à la rébellion. Mais selon Mme Mukantabana, le Rwanda a simplement répondu à un principe humanitaire. A leur arrivée, les militaires ont été désarmés et soumis à une procédure d' »internement », a-t-elle assuré. « Ce ne sont pas des prisonniers, ce sont des gens qui sont entrés dans un territoire en quête d’asile (…) ils ont une restriction de mouvements, mais à l’intérieur de leur camps d’internement ils ont leur liberté. Ils pouvaient recevoir des visites et obtenir un soutien psychologique», a précisé Séraphine Mukantabana.

Toujours selon la ministre, il est désormais demandé à ces soldats s’ils veulent ou non renoncer à leur statut militaire « de manière définitive et volontaire ». S’ils y renoncent, une procédure débutera pour qu’éventuellement le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) leur accorde le statut de réfugiés. Si certains refusent, ils n’auront en revanche « pas droit à l’asile dans notre pays », a assuré la ministre. « Dans ce cas, la procédure d' »internement continuera » et le Rwanda avisera de la procédure à suivre. Interrogée sur le sort qui serait plus particulièrement réservé aux membres du M23 sous le coup de sanctions de l’ONU, comme l’ex-responsable politique du mouvement Jean-Marie Runiga et l’un de ses chefs militaires Baudouin Ngaruye, la ministre a estimé qu’il était « prématuré » de se prononcer tant que ne serait pas tranchée la question, pour eux aussi, d’un éventuel statut de réfugiés. Connaissant le comportement du Rwanda, le risque est que ce Pays devienne, par le concours de circonstances, un abri des hors-la-loi et d’autres criminels recherchés par la Communauté internationale. Les cas de Laurent Nkunda et de Jules Mutebutsi constituent déjà un exemple. Il n’est pas à exclure que le Rwanda veuille utiliser ces militaires pour monter les enchères à Kinshasa. Car en effet, chaque fois que Kinshasa se montrera intransigeant par rapport à une question, Paul Kagame brandira la menace d’armer ces hors-la-loi en vue de leur redéploiement en Rd Congo. Kinshasa ne devra pas se faire des illusions, dans la mesure où parmi les prisonniers de guerre du M23 transférés à Kinshasa, se trouvaient des anciens démobilisés qui avaient été recrutés et envoyés au front à l’Est de la Rd Congo.[6]

2. LE CONSEIL DE SECURITE A ADOPTE UNE RESOLUTION CREANT UNE BRIGADE SPECIALE D’INTERVENTION EN RDCONGO

Le 28 mars, le Conseil de Sécurité de l’Onu a adopté, à l’unanimité, la résolution créant une brigade spéciale d’intervention chargée de combattre les groupes armés opérant dans l’Est de la RDCongo. Le Rwanda aussi a voté en faveur de la résolution. Cette force devrait compter plus de deux mille cinq cents hommes. La résolution ne donne cependant pas le chiffre précis des hommes des troupes qui la composeront. La brigade spéciale d’intervention sera formée de trois bataillons d’infanterie, assistés d’une compagnie d’artillerie et d’une compagnie de reconnaissance et de forces spéciales. La brigade est créée pour une période initiale d’un an. Elle sera basée à Goma et reste sous l’autorité du commandant en chef de la Monusco. Selon le secrétaire général adjoint de l’Onu chargé des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, elle comptera 3.069 hommes, venus d’Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi, et sera opérationnelle d’ici juillet. Cette résolution renforce la Mission de l’Onu pour la Stabilisation de la RDCongo (Monusco). Désormais elle aura la tâche supplémentaire de mener des opérations offensives et ciblées, seule ou aux côtés de l’armée congolaise, dans le but de stopper le développement de tous les groupes armés, les neutraliser et les désarmer.

La création de cette brigade se fait « sur une base exceptionnelle et sans créer de précédent », souligne la résolution. Des responsables de l’ONU estiment cependant qu’elle marque un tournant: c’est la première fois que des Casques bleus seront dotés d’une telle capacité offensive, surtout couplée avec l’utilisation –pour la première fois aussi– de drones pour surveiller les frontières de la RDCongo avec le Rwanda et l’Ouganda. Selon des diplomates, l’examen de cette résolution a été accéléré pour qu’elle puisse être adoptée avant que le Rwanda ne prenne la présidence tournante du Conseil le 1er avril. La résolution des Nations Unies condamne fermement la présence continue du M23 dans les environs immédiats de l’Est de Goma et réclame que tous les groupes armés déposent les armes. Mise au point par Paris, elle s’inspire des résultats de l’accord régional d’Addis-Abeba du 24 février. Cet accord interdit aux pays limitrophes de soutenir les groupes armés actifs dans l’Est de la RDCongo. Le Secrétaire général de l’Onu, Ban ki Moon, espère que le renforcement du mandat de la Monusco, contribuera à la restauration de l’autorité de l’Etat et au retour à la stabilité dans l’est de la RDCongo.[7]

Le 29 mars, la société civile du Nord-Kivu s’est réjouie de la création de la brigade d’intervention. Pour le vice-président de cette structure, Omar Kavota, cette résolution répond à un besoin, celui d’imposer la paix dans le Kivu, victime des années des conflits armés qui ont contraint des milliers de familles à fuir leurs milieux d’origine. Il a souligné que cette résolution doit par ailleurs mettre fin aux négociations avec le M23, qui fait partie intégrante du problème. «A notre niveau nous considérons que cette résolution des Nations unies met officiellement fin aux pourparlers entre le gouvernement et le M23. Nous pensons qu’il est temps qu’on impose la paix et que l’on démantèle le M23, parce qu’il fait partie des problèmes aux côtés des autres groupes armés», ajoute-t-il.[8]

Le 5 avril, à Goma, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en RDC, Roger Meece a déclaré que les préparatifs du déploiement de la Brigade d’intervention au Nord-Kivu sont très avancés. Dotée d’un mandat offensif, cette brigade devra neutraliser les groupes armés dans l’Est de la RDC. Mais le chef de la Monusco a précisé que le volet politique n’a pas été négligé pour résoudre durablement le conflit dans l’Est du pays. «Cela se trouve même dans le texte de la résolution: les soldats de la Brigade d’intervention ont la capacité de lancer des opérations même offensives, selon la situation tactique sur le terrain. Mais bien sûr, toujours en collaboration avec les FARDC, les institutions politiques et la Monusco», a rappelé Roger Meece. Le diplomate onusien a indiqué que le secrétaire général de l’Onu et le Conseil de sécurité ont mis «un fort accent sur ce volet politique» pour résoudre les conflits armés dans l’Est de la RDC. «Bien entendu il y a des pourparlers à Kampala, mais il y a aussi l’accord qui a été signé à Addis-Abeba par tous les pays de la région ainsi que d’autres personnalités de la Communauté internationale», a précisé Roger Meece.[9]

Un ouf de soulagement a été poussé par des millions de Congolaises et de Congolais le jeudi 28 mars 2013 au soir, à l’annonce de l’adoption, par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, de la Résolution portant déploiement d’une «Brigade Internationale d’intervention» chargée de neutraliser les forces négatives dans la partie Est du pays. Mais les Congolais ne devraient pas croire qu’ils peuvent à présent croiser les bras et attendre tranquillement, dans leurs fauteuils, que la Brigade Internationale d’intervention fasse seule le travail de traque des groupes armés, nationaux et étrangers, jusqu’au 31 mars 2014. Les décideurs politiques congolais devraient en principe mettre ces douze mois à profit pour créer une «force nationale de réaction rapide» en vue de remplacer, le moment venu, les troupes onusiennes. En clair, cela sous-entend que la RDC devrait, plus que jamais, se focaliser sur le travail de refondation de son système de défense, en passant à la vitesse supérieure dans le processus de réforme de son armée, de sa police et de ses services de renseignements. Les autorités congolaises devraient faire avancer les opérations de recrutement ou de recyclage des militaires, policiers et agents des services de sécurité répondant au profil de professionnels et patriotes réellement acquis à la défense de la cause de la partie. Les circonstances se prêtent aussi à un travail d’épuration de l’armée, de la police et de services de renseignements des milliers d’infiltrés qui les affaiblissent depuis plus d’une décennie.[10]

3. LES RÉACTIONS DU M23

Le 1er avril, le Mouvement du 23 mars (M23) désapprouve le déploiement de la brigade d’intervention décidé par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. «Il s’agit de l’option de la guerre que les Nations unies viennent de lever», a indiqué dans un communiqué publié, le 1er avril, le président politique du M23, Bertrand Bisimwa. «Au lieu d’encourager une solution politique, en apportant un appui substantiel aux négociations politiques de Kampala entre le M23 et Kinshasa, l’Onu choisit de faire la guerre contre l’un des partenaires pour la paix», a-t-il regretté. Pour Bertrand Bisimwa, «les Nations Unies vont faire la guerre aux groupes des citoyens qui réclament la bonne gouvernance dans le pays y compris ceux qui sont en pourparlers avec leur gouvernement».[11]

Le 7 avril, une dizaine de véhicules de la Monusco transportant du matériel de construction sont bloqués par les rebelles du M23 à Kiwanja et à Kibumba, deux cités qui sont respectivement situées à environ 70 km et 30 km au Nord de Goma dans la province du Nord-Kivu. Les rebelles estiment que le contenu de ces containers de la Monusco est suspect. Le M23 exige l’ouverture de ces containers avant de traverser l’espace sous son contrôle. Selon certains conducteurs de ces véhicules, les rebelles ont déjà saisi tous les bordereaux d’expédition et toutes les clés de contact. Le porte-parole de la Monusco, Madnodje Mounoubai, confirme cette information. «Nous avons environ dix véhicules transportant du matériel de construction pour la section Engeneering de Beni vers Goma. Ces véhicules ont été illégalement bloqués par le M23 au niveau de Bunagana», a déclaré Madnodje Mounoubai. Le porte-parole de la Monusco demande au M23 de respecter les instructions du conseil de sécurité. «C’est cette attitude que le conseil de sécurité dénonce. Nous voyons là que le M23 a mis en place une administration illégale, des barrières illégales. Le conseil de sécurité leur a d’ailleurs demandé de mettre fin à ces barrières illégales et à cette tentative de mettre en place une administration parallèle», a poursuivi Madnodje Mounoubai.[12]

Le 9 avril, la société civile du Nord-Kivu a dénoncé  une campagne d’intoxication menée par les rebelles du Mouvement du 23 mars contre le déploiement de la Brigade d’intervention de la Monusco. Selon le porte-parole, Omar Kavota, les rebelles ont organisé une série de meetings populaires, la semaine dernière, à Kiwanja, Rutsturu-centre, Burumba et Kibaki, dans la zone qu’ils occupent, appelant la population locale à s’opposer au déploiement de cette Brigade. Selon le porte-parole de la Société civile, cette démarche de la rébellion «est inacceptable», estimant qu’elle empêcherait le retour de la sécurité et de la paix dans la province du Nord-Kivu, en proie aux groupes armés tant nationaux qu’étrangers.[13]

Selon des sources sûres, la rébellion du M23 a envoyé une lettre aux parlementaires sud-africains, pour qu’ils dissuadent leur armée de participer à la brigade d’intervention des Nations unies dans l’est de la RDC. Le M23 demande au Parlement et au peuple sud-africain de faire changer d’avis leur gouvernement pour éviter un bain de sang. Dans une autre lettre adressée au coordonnateur national du Bureau de l’ONU de la Coordination des Affaires humanitaires de l’OCHA, le mouvement rebelle a invité les agences humanitaires de l’ONU à prévenir les conséquences catastrophiques de la résolution 2098 du Conseil de Sécurité de l’ONU portant création de la brigade spéciale d’intervention au sein de la Monusco.[14]

Le 10 avril, plusieurs personnes, des jeunes en majorité, ont quitté dans la matinée le territoire de Nyiragongo (Nord-Kivu) pour trouver refuge vers les localités de Kabagana et Kabuhanga, à la frontière entre la RDC et le Rwanda. Des sources de la société civile indiquent que ces personnes ont refusé de participer à la marche que le M23 comptait organiser de Kibumba à Goma, contre le déploiement de la brigade d’intervention de la Monusco. Un notable de Nyiragongo joint au téléphone indique qu’après le départ de ces personnes, le M23 a annulé la marche mais le mouvement rebelle l’aurait reprogrammé pour le dimanche prochain. «La population du territoire de Nyiragongo n’a pas voulu participer à cette marche et craint pour sa sécurité. C’est pourquoi la plupart des habitants ont fui vers les zones frontalières pour échapper à la colère de Makenga et ses hommes. Les autres s’enferment dans leurs maisons», a déclaré Omar Kavota, porte-parole de la société civile du Nord-Kivu. Il a invité la communauté internationale à intervenir pour faire face «aux menaces du M23 contre la population, car il veut l’amener à s’opposer au déploiement de cette brigade». Selon certains observateurs, il s’agissait d’une stratégie du M23 visant à donner l’impression que ce ne sont pas les rebelles qui s’opposaient au déploiement de cette brigade, mais la population elle-même. Or, en réalité, c’est le M23 qui craint le déploiement d’une brigade chargée de les combattre, au même titre que les FDLR et les autres groupes armés. La population, pour sa part, compte plutôt sur le déploiement de cette brigade d’intervention de la Monusco pour échapper au contrôle du M23.[15]

Le 10 avril, au cours d’une conférence de presse, le porte-parole militaire de la Monusco, le lieutenant-colonel Prosper Félix Basse, a réagi à la campagne d’intoxication menée depuis quelques jours par le M23 contre le déploiement de la Brigade d’intervention de la Monusco. Il a affirmé que les activités de propagande menées par le M23 ne pourront ni changer ni modifier les dispositions prises par l’Onu concernant le déploiement de cette Brigade d’intervention.

Le porte-parole civil de la Monusco, Madnodje Mounoubai, a affirmé que l’ONU trouve un peu bizarre le message contenu dans la lettre du Mouvement du 23 mars (M23) adressée au coordonateur national du Bureau de l’ONU de la Coordination des Affaires humanitaires (OCHA) en RDC. «Je trouve un peu bizarre le message contenu dans cette lettre, parce que nous savons que c’est le M23 qui est à l’origine de la crise que nous connaissons dans les parties où ils sont installés», a déclaré M. Mounoubai, ajoutant que «ce sont eux qui insécurisent la population et qui créent des nouveaux déplacés. Il ne faut pas qu’ils déplacent leur responsabilité».[16]

Le 11 avril, le Mouvement du 23 mars (M23) a libéré les onze véhicules de la Monusco qui avaient été bloqués depuis quatre jours. Les conducteurs des ces véhicules ont confirmé l’information. C’est une équipe de la Monusco venue en renfort, qui a finalement débloqué la situation pour libérer ces véhicules transportant du matériel de construction destiné à la Mission onusienne. Selon le chef politique du M23, Bertrand Bisimwa, “c’est après verification” que les véhicules ont été autorisés à poursuivre leur route vers Goma. Des sources sur place affirment que l’un des containers a été ouvert, comme imposé par le M23 qui exigeait l’ouverture de ces containers avant de les laisser traverser l’espace sous son contrôle, alléguant qu’ils contiendraient du matériel militaire destiné à la brigade d’intervention de la Monusco.[17]

4. ALERTE SUR UN RENFORCEMENT DES TROUPES DU M23

Le 4 avril, au cours d’une conférence de presse tenue à Goma, le président de l’assemblée provinciale du Nord-Kivu a affirmé que plusieurs dizaine de militaires en provenance du Rwanda ont traversé la frontière ces trois derniers jours pour renforcer les troupes du Mouvement du 23 mars au Nord-Kivu. Selon lui, ces renforts viseraient une nouvelle attaque sur la ville de Goma pour obliger le gouvernement congolais à signer un accord avec le M23, cédant ainsi à ses revendications et pour rendre très difficile le déploiement de la Brigade internationale d’intervention dècidé par le Conseil de Sécurité de l’Onu. «Les mêmes militaires qui sont allés au Rwanda sont en train d’être ramenés discrètement pour appuyer ceux qui sont à Rutshuru. Des informations vraiment concordantes font état d’une concentration des hommes et des armes sur l’axe Rumangabo-Kibumba, justement dans l’unique but de faire un assaut sur la ville de Goma», a affirmé Jules Hakizimwami, sans préciser s’il s’agit de militaires congolais ou rwandais. Selon lui, la tentative des rebelles du M23 d’occuper de nouveau Goma est orchestré par des pays voisins de la RDC. «Nous pensons que trop c’est trop et nous sommes en train de porter à haute voix notre dénonciation contre justement cette tentative d’occupation, la énième, surtout que c’est toujours avec l’aide des pays voisins», a-t-il assuré. Le président de l’assemblée provinciale du Nord-Kivu a demandé aux Forces armées de la RDC et à la Monusco de prendre les dispositions qui s’imposent pour éviter que le M23 reprenne la ville de Goma.[18]

Selon le président de la Société civile du Nord-Kivu, Thomas d’Aquin Muiti, des troupes rwandaises auraient effectué leur traversée de la frontière par la localité de Kibumba. Au même moment, des troupes ougandaises seraient entrées sur le territoire congolais par Bungagana, particulièrement par le village appelé Kisavo. François Nzekuye, élu de Rutshuru (Majorité présidentielle) a confirmé l’information: «Il y a des renforts en hommes et en munitions venant du Rwanda et de l’Ouganda». Le porte-parole militaire de la Monusco a relativisé l’information. Le lieutenant colonel Prospère Basse a plutôt parlé de «mouvements des troupes du M23 qui sont fréquents». Selon lui, «A la Monusco, on a rien remarqué de particulier jusque-là». Même attitude du côté du gouvernement. Le porte-parole Lambert Mende a dit avoir pris connaissance du communiqué de la Société civile du Nord-Kivu et qu’une enquête aurait été ouverte pour vérifier toutes ces allégations.

Si les informations sur les nouvelles infiltrations des troupes rwandaises et ougandaises se confirmaient, le Rwanda et l’Ouganda auraient violé l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, dont il sont signataires. Aux termes de cet Accord, en effet, les signataires ne peuvent apporter aucun appui aux groupes armés de la région.[19]

5. LES POURPARLERS ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LE M23 A KAMPALA

Le 1er avril, le ministre des Affaires Etrangères, Raymond Tshibanda, a invité les rebelles du Mouvement 23 mars (M23) à «cesser d’exister comme un mouvement polico-militaire». Au cours d’un point de presse organisé le 1er avril à Kinshasa, le chef de la diplomatie congolaise a souligné que, «si ce mouvement persiste, la Brigade d’intervention de la Monusco s’occupera à mettre fin à son existence». «Le M23 peut s’agiter autant qu’il veut. Nous étions disposés à arriver à un accord politique avec eux. Il n’est plus question de recycler les spécialistes de la rébellion dans les rangs des Forces armées. Le seul avenir pour le M23 c’est de cesser d’exister comme mouvement politico-militaire. Si tel n’est pas le cas, la brigade d’intervention de la Monusco s’occupera à mettre fin à son existence», a affirmé Raymond Tshibanda, en ajoutant que «Makenga n’est pas un allié du gouvernement. Nous n’avons pas un allié +force négative+. Il n’y a pas de bonne force négative, il n’y a pas de mauvaise force négative».[20]

Le 2 avril, le secrétaire en charge des relations extérieures du M23, René Abandji, a indiqué que les pourparlers de Kampala sont la seule voie de résolution des conflits armés dans l’Est de la RDCongo: «Nous pensons que Kampala est l’unique voie pour résoudre le conflit armé dans l’Est de la RDC et arriver à la paix durable. Et nous sommes toujours attachés à ces pourparlers. On ne doit pas privilégier des solutions alternatives qui amènent des dégâts collatéraux innombrables».

René Abandji qui conduit la délégation du M23 à Kampala estime nécessaire que son mouvement apporte sa proposition au projet d’accord soumis par le gouvernement, de façon que des deux textes ressorte un consensus.[21]

Le 5 avril, la délégation du Mouvement du 23 mars (M23) a quitté Bunagana pour Kampala, la capitale ougandaise. C’est ce qu’a affirmé le président de ce mouvement rebelle, Bertrand Bisimwa, fidèle à Sultani Makenga. Les experts du gouvernement congolais devront, eux aussi, sauf changement de dernière minute, arrivé en Ouganda le même jour, a pour sa part indiqué le sénateur Mulaila, l’un des experts de Kinshasa. Les deux parties devront commencer samedi l’examen de deux textes de proposition d’accord pour trouver un consensus. Selon René Abandi, secrétaire chargé de l’extérieur du M23 et président de sa délégation à Kampala, la proposition d’accord que le gouvernement congolais leur a soumise n’est pas conforme à leurs attentes. Il a souhaité que ce texte soit harmonisé avec le leur.

Au mois de mars dernier, le gouvernement avait élaboré un texte de 12 articles qui devrait sanctionner les pourparlers de Kampala. Certaines dispositions de ce document prévoient notamment l’amnistie des membres du M23 qui ne font pas l’objet des poursuites judiciaires nationales et internationales, l’accélération de la mise en œuvre des accords sur le retour des réfugiés vivant dans les pays voisins et la création d’un secrétariat général chargé de la réconciliation au sein du ministère de l’Intérieur.

René Abandi a indiqué que ce texte contient des points de divergence, mais il s’est réservé de les révéler, «pour ne pas pécher contre le règlement intérieur du dialogue de Kampala». La facilitation devra convoquer une plénière jeudi 11 avril pour décider de la signature de l’accord final des pourparlers.

Seulement, certains observateurs se demandent si la révocation de certains militaires par le président Joseph Kabila ne constituera pas un obstacle quant à l’issue des négociations. A travers une ordonnance présidentielle, Joseph Kabila a révoqué une dizaine d’officiers supérieurs de l’armée nationale, appartenant presque tous au M23 tant de l’aile de Makenga que de celle de Runiga. Parmi les révoqués il y a notamment le colonel Sultani Makenga, commandant des opérations autoproclamé général, le général Bosco Ntaganda, les colonels Baudouin Ngaruye et Albert Kahasha, les lieutenants-colonels Vianney Kazarama, Erick Ngabo et le commandant Innocent Zimurinda. Bertrand Bisimwa, le président du M23, a affirmé que l’ordonnance présidentielle n’aura aucune incidence sur une éventuelle signature de l’accord final de Kampala, car, en créant le M23, ces officiers avaient déjà décidé d’eux-mêmes de quitter les rangs des FARDC.[22]

Certains observateurs se demandent que cache cette reprise subite des pourparlers de Kampala. Probablement, la diffusion de l’information sur une présumée rentrée sur le territoire congolais, en début de semaine, de troupes rwandaises et ougandaises. Ce qui saute tout de suite aux yeux c’est que les régimes de Kigali et de Kampala ont, une fois de plus, exercé des pressions sur Kinshasa pour tirer le M23 du pétrin. Cela avant le déploiement de la brigade spéciale d’intervention prévue par la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Le M23, ragaillardi par les renforts venant de l’Ouganda et du Rwanda, se fait fort de présenter des contrepropositions que Kinshasa devra avaliser.

Le retour de Kinshasa à la table des négociations devra-t-il être considéré comme une capitulation face à la nouvelle pression ougando-rwandaise? La réponse à cette interrogation laisse transparaître des contradictions dans la démarche de Kinshasa, d’autant plus que, en début de semaine, le porte-parole du gouvernement et le ministre des Affaires étrangères avaient soutenu, haut et fort, que le M23 n’avait d’autre issue que de cesser toutes ses activités, En cas de résistance, la brigade spéciale instaurée par les Nations Unies allait y mettre un terme. La reprise des rencontres de Kampala ont démontré que les agresseurs tiennent mordicus à offrir une voie de sortie à leurs filleuls du M23 à travers l’intégration au sein des institutions et de l’armée de la RDCongo. En agitant le spectre du retour de la guerre et le cauchemar de la reprise de Goma, le M23 et ses parrains ont poussé Kinshasa au pied du mur, l’obligeant de tout mettre en œuvre afin d’éviter que le déploiement de la brigade spéciale d’intervention de la Monusco ne soit compromis par un changement notable sur le terrain des opérations militaires. A cette allure, il apparaît clairement que Kigali et Kampala sont déterminés à obtenir des garanties suffisantes au profit du M23.[23]

Au moment où Bosco Ntaganda a été transféré à La Haye et que plusieurs Officiers supérieurs du M23 ont été révoqués des FARDC, une certaine opinion commençait à croire qu’il ne servirait à rien de revenir à Kampala, d’autant plus que le Conseil de Sécurité de l’Onu a décidé de l’envoi de la brigade d’intervention avec le mandat de traquer les forces négatives, parmi lesquelles se trouve le M23. Pendant que tout le monde pensait que le Gouvernement aurait profité du vote de la résolution portant création de la Brigade internationale d’intervention, c’est à une autre solution à laquelle l’on assiste. Contre toute attente, le Gouvernement a accepté de retourner à Kampala, afin de clôturer les pourparlers avec le M23. Probablement c’est pour désamorcer la menace du M23 d’attaquer la ville de Goma. Dans cette optique, le M23 pourra profiter de cette faiblesse gouvernementale pour monter les enchères et ne pas accepter le transfèrement de ses officiers devant la justice locale et internationale. Ce qui va obligatoirement conduire à un blocage, d’autant plus que le M23, avec le soutien du Rwanda, ne vise que l’intégration de ses officiers au sein des FARDC, pour continuer à exécuter son plan macabre, celui d’empêcher la Rdc de se doter d’une armée véritablement républicaine capable de protéger l’intégrité du territoire congolais.[24]

Le Facilitateur ougandais, Crispus Kiyonga, a décidé de faire reprendre les négociations entre Kinshasa et le M23 à Kampala. Mais l’initiative du ministre ougandais de la Défense a tout l’air d’un piège. La démarche de Crispus Kiyonga est perçue, par de nombreux observateurs, comme une nouvelle tentative d’infiltration des miliciens du M23 dans les FARDC. Les prolongations de Kampala cachent l’intention de l’Ouganda de faire signer un nouveau deal politique entre Kinshasa et le M23, afin de permettre ainsi à ce mouvement rebelle de déverser ses combattants, en majorité des sujets étrangers, dans les rangs des troupes loyalistes, avant le déclenchement des opérations de traque des forces négatives par la Brigade Spécial des Nations Unies. Ainsi, au moment où les troupes spéciales onusiennes vont se mettre en action, les troupes du M23, commandées par le “général” Sultani Makenga, ce mutin radié des FARDC en juillet 2010, quand il était encore colonel, auront eu le temps d’enfiler l’uniforme de l’armée régulière, de se faire «mixer» et d’être réaffectées au Nord-Kivu, auquel ils s’accrochent comme à la prunelle de leurs yeux.
Le piège est là. Une fois un nouvel accord conclu entre Kinshasa et les rebelles du M23, ces derniers cesseront automatiquement d’être une force négative, car membres à part entière des FARDC (Forces Armées de la RDCongo), au même titre que les ex-officiers et soldats du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie), du MLC (Mouvement de Libération du Congo), du RCD-K-ML (Rassemblement Congolais pour la Démocratie- Kisangani-Mouvement de Libération), RCD/N (Rassemblement Congolais pour la Démocratie/Nationalistes), les Mai-Mai Raia Mutomboki, les Mai-Mai de Kyungu Gédéon, les miliciens de Cobra Matata, etc.
Si les autorités congolaises commettent la gaffe de conférer le statut de membres de l’armée régulière congolaise à Sultani Makenga et compagnie avant la fin de ce mois, les Nations Unies risquent de se trouver devant le fait accompli. Le M23 serait exclu des prochaines opérations menées par la brigade spéciale de la Monusco qui devra, alors, se limiter au désarmement des autres groupes armés, étrangers et nationaux, tels que les FDLR, l’ADF Nalu, la LRA et les différents Mai-Mai. Le peuple congolais veut savoir ce qui se trame derrière l’invitation-convocation du ministre ougandais de la Défense et il se demande si Crispus Kiyonga aurait pu prendre l’initiative de la relance des négociations de Kampala sans le consensus de Kinshasa. C’est le lieu de clarifier la position du gouvernement congolais, qui donne la nette impression de n’avoir toujours pas rompu définitivement avec le M23, tout en exigeant publiquement sa dissolution.[25]

Derrière la reprise des pourparlers à l’initiative du médiateur ougandais, Yoweri Museveni, il y a visiblement un dessein caché qui est d’annihiler le qualificatif de forces négatives collé au M23 et lui donnant un statut recommandable de partie qui traite d’égale à égale avec le gouvernement. Par cette convocation aux motivations floues, Yoweri Museveni en tant que Médiateur de la CIRGL s’acharne à présenter à la Communauté internationale le M23 comme un interlocuteur incontournable du gouvernement dans la recherche de la paix à l’Est de la Rdc. C’est cela la nouvelle bourde de Kaguta Museveni qui semble déterminé à maintenir le flambeau du M23 contre vents et marées. Toutefois, ni l’Accord-cadre d’Addis Abeba,  ni la Résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’Onu n’ont pas retiré au M23 sa qualité de force négative pour en faire un partenaire du Gouvernement dans la pacification du Pays.[26]


[1] Cf AFP – La Haye, 26.03.’13

[2] Cf Xinua – Kinshasa, 27.03.’13

[3] Cf Stéphanie Maupas – Le Monde – Africatime, 27.03.’13; Info Congo Indépendant, 26.03.’13

[4] Cf Human Rights Watch – New York, 25.03.’13

[5] Cf Angelo Mobateli – Le Potentiel – Kinshasa, 01.04.’13

[6] Cf AFP – Kigali, 02.04.’13 (via mediacongo.net); L’Avenir Quotidien – Kinshasa, 03.04.’13

[7] Cf Radio Okapi, 28.03.’13; AFP – New York, 28.03.’13

[8] Cf Radio Okapi, 29.03.’13

[9] Cf Radio Okapi, 05.04.’13

[10] Cf Kimp – Le Phare – Kinshasa, 01.04.’13

[11] Cf Radio Okapi, 01.04.’13

[12] Cf Radio Okapi, 11.04.’13

[13] Cf Radio Okapi, 09.04.’13

[14] Cf RFI, 10.04.’13

[15] Cf Radio Okapi, 10.04.’13; Forum des As – Kinshasa, 11.04.’13

[16] Cf Radio Okapi, 10.04.’13; Xinhuanet – Kinshasa, 11.04.’13

[17] Cf Radio Okapi, 11.04.’13

[18] Cf Radio Okapi, 05.04.’13

[19] Cf Le Potentiel – Kinshasa, 05.04.’13

[20] Cf Radio Okapi, 01.04.’13

[21] Cf Radio Okapi, 02.04.’13

[22] Cf Radio Okapi, 05.04.’13

[23] Cf Le Potentiel – Kinshasa, 06.04.’13

[24] Cf L’Avenir – Kinshasa, 08.04.’13

[25] Cf Kimp – Le Phare – Kinshasa, 08.04.’13

[26] Cf Kandolo M . – Forum des As – Kinshasa, 11.04.’13