Les tirs croisés entre le gouvernement et la Fédération des entreprises du Congo (FEC) ont attiré l’attention du chef de l’Etat qui s’est impliqué personnellement dans ce qui risquait de fragiliser les rapports souvent tendus entre l’Exécutif central et le monde des affaires. La déroute du second Programme économique du gouvernement (PEG 2) et les différents communiqués du gouvernement qui s’en sont suivis mettant à nu la responsabilité de la Gecamines et de ses dirigeants auront été la goutte qui a fait déborder le vase. Il était donc temps que le président de la République intervienne pour remettre de l’ordre dans les rangs.
Bien avant l’intervention du chef de l’Etat, la FEC a cherché à se défendre par tous les moyens en vue de se dédouaner dans l’échec du PEG 2, arrêté brutalement le 30 novembre 2012 sur décision du Fonds monétaire international. Tour à tour, le président de la FEC, Albert Yuma, en même temps président du Conseil d’administration de la Gecamines, est allé voir les présidents de deux Chambres du Parlement pour éclairer leur intelligence. C’est finalement à la Primature qu’il a clôturé la série en s’entretenant personnellement le mercredi 27 décembre 2012 avec le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon. C’est sous l’étoffe du président du patronat congolais qu’il a été reçu par le chef du gouvernement.
L’opinion craignait que la réunion ne se termine, se souvenant certainement de l’escalade verbale de ces dernières semaines. A la fin de la réunion, la surprise était bien au rendez-vous. C’est un président de la FEC, à la fois confiant et détendu, qui est apparu devant la presse pour rendre compte des conclusions de la réunion. Et, c’est le même qui, quelques jours auparavant, avait dénoncé avec véhémence la détérioration du climat des affaires. Par la faute, semblait-il dire, du gouvernement.
Contre toute attente, le mercredi 27 décembre 2012, Albert Yuma, le même qui accusait le gouvernement a fait d’une « harmonie » entre les deux parties. Qu’est-ce qui s’est passé entre-temps ? Nul ne le sait. Qu’est-ce qui serait à la base de ce revirement brusque dans l’attitude du président de la FEC ? Là aussi, le mystère demeure entier. Seul le président de la FEC et du Conseil d’administration de la Gecamines en détiendrait le secret. Aussi, à l’espace de quelques jours, a-t-il été en mesure de revenir spectaculairement sur ses déclarations.
Ainsi, pour le président de la FEC, fini la gué-guerre avec l’Exécutif central en rapport avec le climat des affaires ; des divergences ayant été aplanies par un coup de baguette magique. Mais, l’on se souviendra que dans ses déclarations relayées par la presse locale, le gouvernement n’a pas été tendre avec la FEC, la Gecamines et son président du Conseil d’administration. Dans des termes clairs, le gouvernement a dit rejeté l’entière responsabilité de l’échec du PEG 2 au management compromettant des dirigeants de la Gecamines.
La paix des braves
Même si les deux parties semblent avoir fumé le calumet de la paix, l’opinion entend voir le gouvernement prendre des décisions qui s’imposent pour recadrer son action, et éventuellement, relancer les discussions avec le FMI qui dit n’avoir par fermé la porte du dialogue, malgré l’arrêt brutal du PEG 2.
Toujours est-il que pour Albert Yuma, l’affaire Gecamines relève désormais du passé. C’est comme si l’on a déjà passé l’éponge. L’évocation du climat des affaires n’aura été qu’une façon de passer outre ce dossier. L’amélioration passe donc pour la priorité ; l’échec du Peg 2 relevant dans une certaine mesure d’incident de parcours. Entre le gouvernement et la FEC, l’harmonie est bel et bien présente. Foi du président du patronat congolais. « Je peux vous dire qu’à l’issue de cette réunion, le gouvernement et le secteur privé partent totalement en harmonie sur la thématique et l’agenda du travail », a déclaré le président de la FEC, annonçant que « le Premier ministre a souhaité très vite qu’on ne perde pas du temps et qu’on revitalise un dialogue constructif entre le gouvernement et le secteur privé, et que d’ici le 15 nous puissions faire un premier rapport au chef de l’Etat sur la qualité du dialogue que nous avons aujourd’hui repris ».
Sauf imprévu, c’est au courant de cette semaine, à en croire Albert Yuma, que les deux parties devaient procéder au lancement officiel des activités de cadre des concertations économiques entre le secteur privé et le gouvernement qui sera, soutient-il, « le cadre où, ensemble, nous allons étudier les mesures économiques, fiscales et autres pour booster l’activité économique ». Comme qui dirait : « Après la pluie, c’est le beau temps ».