Congo actualité n. 174

SOMMAIRE

ÉDITORIAL: La justice, seul préalable pour la paix

1. LE DIALOGUE ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LE M23 À KAMPALA

2. LES ATERMOIEMENTS ET LES CONTRADICTIONS DE LA COMMUNITÉ

    INTERNATIONALE

3. LA SOCIÉTÉ CIVILE NE DEMORD PAS

4. LE PIÈGE DE LA NEGOCIATION

 

ÉDITORIAL: La justice, seul préalable pour la paix

 

1. LE DIALOGUE ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LE M23 À KAMPALA

 

Le 20 janvier, une «commission spéciale» a achevé «le diagnostic de ce qui a été fait et de ce qui n’a pas été respecté après l’Accord du 23 mars 2009». Les deux délégations devraient se retrouver en assemblée plénière pour examiner et approuver cette «évaluation» pas encore rendue publique. Le M23 reproche à Kinshasa de ne pas avoir donné les moyens de lutter contre les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Kinshasa, de son côté, accuse les ex-CNDP de n’avoir pas toujours été efficaces dans les fonctions qu’ils ont obtenues.[1]

 

Le véritable nœud gordien réside dans la suite des discussions où il est prévu d’aborder des questions sécuritaires et celles liées au social, à la politique ainsi qu’à l’économie.

Sur le plan militaire, l’M23 propose la mise en place d’un mécanisme d’intégration des troupes de l’Armée révolutionnaire congolaise, ARC en sigle, au sein de l’Armée nationale et il exige la reconnaissance formelle (automatique) des grades actualisés (acquis pendant la dernière guerre) de ses militaires.

Sur le plan politique, l’M23 veut entrainer le Gouvernement vers un véritable débat sur des questions ‘’fâcheuses’’ relatives aux élections, à la légitimité du pouvoir en place et des institutions, à la revisitation des contrats miniers. Concrètement, le M23 réclame l’annulation des élections du 28 novembre 2011, la dissolution du Sénat et des Assemblées provinciales, la mise en place d’un Conseil National de transition chargé de a) Réviser la Constitution; b) Former un gouvernement de transition; c) Mettre en place les autres institutions de la République; d) Restructurer la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI); e) Organiser les élections générales en commençant par les locales et en finissant avec les présidentielles. Il demande la révision de tous les contrats miniers, forestiers et pétroliers, l’amélioration du climat des affaires, du social des agents de l’Etat, des militaires, des policiers et la mise en place d’un système fédéral.

François Mwamba, négociateur mandaté par le gouvernement, affirme: «Qu’est-ce que l’M23 veut vraiment? Qu’il le dise clairement! Après ça, l’on doit mettre fin à cette discussion qui ne peut, de toute façon, avoir pour conclusion ni la survie du M23, qui est une force négative, ni la remise en cause, de quelques manières que ce soit, des institutions de la RDCongo, de sa souveraineté nationale ou de son intégrité territoriale».

Roger Lumbala, numéro 2 de la délégation du M23, répond: «Nous ne pouvons pas continuer avec un président qui n’est pas élu dans notre pays. Nous avons Etienne Tshisekedi qui a été élu, nous voulons qu’il puisse retrouver l’impérium et continuer à gérer la RDCongo avec un consensus national». Selon Roger Lumbala, le président Joseph Kabila a perdu toute légitimité depuis sa défaite électorale de novembre 2011 face à Etienne Tshisekedi. Par conséquent, c’est l’élu du peuple, pense-t-il, qui devrait présider aux destinées du pays durant la nouvelle période de transition, sous le label du Conseil National de Transition, jusqu’à l’organisation de nouvelles élections démocratiques, libres, transparentes et crédibles. Sans le débat sur la légitimité de Kabila, a tranché Roger Lumbala, les négociations de Kampala deviennent sans objet.

Et François Mwamba réplique: «Maintenant ils le disent clairement: ce qu’ils veulent, c’est renverser le président Kabila. S’ils pouvaient confirmer que c’est cela qu’ils veulent obtenir de ces discussions, alors elles sont déjà terminées». François Muamba a fait savoir que dans l’hypothèse où le M23 exhumerait le dossier de la légitimité de Kabila et des institutions de la République, tout devrait s’arrêter. Il a écarté aussi tout schéma de partage du pouvoir avec des individus qui ont pris les armes.[2]

 

Le 21 janvier, un porte-parole du M23, Stanislas Baleke, a accusé le gouvernement de Kinshasa de jouer à un double jeu, en acceptant de négocier en Ouganda au même moment qu’il continue à plaider pour le déploiement rapide de 4.000 hommes de la Force internationale neutre.

Le mandat de la Force internationale neutre sera de surveiller la frontière entre la RDCongo et le Rwanda et de traquer les forces rebelles dans la partie est de la RDC, y compris le M23. L’envoi de cette force avait été décidé, en juillet dernier, par les Chefs d’Etat des Pays membres de la CIRGL.[3]

 

Le 22 janvier, le médiateur ougandais a refusé d’élargir la négociation sur des thèmes mettant en cause la légitimité du régime Kabila. Le ministre ougandais de la défense et facilitateur des pourparlers, Crispus Kiyonga, est effectivement resté ferme dans son refus d’organiser un débat sur la légitimité des institutions congolaises, expliquant que ce n’est pas le mandat qu’il a reçu des chefs d’Etat de la région des Grands Lacs. Tout au plus veut-il bien recevoir un document présentant la vision du M23, mais pas question d’organiser un forum de grandes réformes.

Certains membres de la délégation du M23 soupçonnent le facilitateur, Crispus Kiyonga, d’avoir pris parti pour Kinshasa. Des dissensions apparaissent dans le M23 entre ceux qui veulent bien continuer le dialogue et d’autres qui veulent claquer la porte. La mauvaise humeur commence à gagner une partie de la délégation du M23 qui commençait à envisager ni plus ni moins de récuser le facilitateur, Crispus Kiyonga, et mettre ainsi fin à cette négociation. Ce n’est pas l’avis exprimé par le porte-parole officiel du mouvement. Du côté de Kinshasa, on se dit satisfait de cette position du médiateur, et l’on espère toujours arriver très vite à une conclusion de cette négociation.[4]

 

Le 23 janvier, des sources proches des deux délégations ont révélé que la facilitation ougandaise n’a annoncé ni programmé de plénière entre le gouvernement congolais et la rébellion du M23 jusqu’à la fin de la semaine. D’autres sources renseignent même que l’Ouganda serait tenté de suspendre ces négociations à cause des divergences qui persistent entre les deux parties. La délégation du gouvernement congolais a rejeté les revendications du M23 sur les questions sécuritaires, politiques, sociales et économiques inscrites aux points II et III de l’ordre du jour des discussions. Dans ces revendications, le M23 met en cause l’ordre institutionnel actuel et réclame, notamment, la mise en place d’une transition. Le M23 a demandé au président ougandais Museveni d’intervenir pour que le débat s’enclenche sur les questions politiques aussi.[5]

 

Initialement, mi-décembre 2012, le projet d’ordre du jour stipulait deux points: l’évaluation des accords du 23 mars signés en 2009 avec la rébellion du CNDP et le deuxième point était intitulé «Ensemble des éléments relatifs à la sécurité et à la gestion socio-économique du pays». Alors que ce deuxième point exigé par les représentants du M-23 avait été jugé inacceptable par la délégation de Kinshasa, la médiation ougandaise avait alors proposé au gouvernement d’accepter ce deuxième point, voulu mordicus par les rebelles, en échange d’un règlement intérieur disant que toute solution adoptée devra respecter la Constitution. À propos de ce dernier point, l’on s’était attardé à discuter sur la question de savoir s’il fallait respecter la Constitution ou «les principes» de la Constitution. La nuance a son importance.[6]

 

Le 24 janvier, des représentants de la délégation du M23 ont été reçu à la présidence de la République ougandaise pour tenter d’éclaircir certaines dispositions mal interprétées, selon eux, par la délégation de Kinshasa. Dans un communiqué rendu public, la présidence ougandaise a déclaré qu’un accord était possible entre le M23 et le pouvoir de Kinshasa. Roger Lumbala, numéro 2 de la délégation rebelle a confirmé leur rencontre avec Yoweri Museveni, précisant que ce dernier leur a demandé de continuer avec tous les points inscrits à l’ordre du jour qui comprend notamment les questions sécuritaires, les questions sociales, politiques et économiques ainsi que le plan de mise en œuvre et de suivi de l’accord qui serait signé à l’issue de ces travaux. À la question plus précise s’ils ont précisément discuté du départ du président Joseph Kabila, Roger Lumbala a précisé: «Pas du tout. Le président Kaguta Museveni n’a pas dit qu’il faut aller discuter de la chute du président Joseph Kabila. Il ne faut pas faire de l’amalgame».[7]

 

Le 25 janvier, le facilitateur du dialogue, le ministre ougandais de la Défense, et le chef de la délégation gouvernementale, le ministre congolais des Affaires étrangères, se rendent tous les deux au sommet de l’Union Africaine, ce week-end, à Addis-Abeba. A leur retour, la négociation va reprendre. Faudra-t-il parler de tout? De toute la situation politique congolaise comme l’exige le M23? Ou bien se limiter aux questions militaires comme l’entend Kinshasa? Pour Fred Opolot, porte-parole de la présidence ougandaise, il faut faire ce qui a été prévu. «Au dernier sommet des chefs d’Etats de la Conférence des Grands Lacs», déclare Fred Opolot, «il a été établi devant le président Kabila que les questions soulevées par le M23 doivent être écoutées». Le porte-parole ne s’est pas se prononcé sur la forme que prendra cette écoute.[8]

 

Le 25 janvier, la délégation gouvernementale a affirmé avoir terminé avec le premier point de l’ordre du jour concernant l’évaluation de l’accord du 23 mars 2009. Kinshasa dit avoir présenté les preuves du respect d’intégration militaire et politique d’anciens rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le parti signataire de l’accord avec le gouvernement congolais.

«Nous attendons que le M23 [puisse faire] le même exercice avec la médiation, [pour] que cela puisse faire l’objet in fine de la part de la médiation d’une synthèse générale. Donc, sur ce premier point, c’est fini pour nous, nous attendons la suite», a déclaré le député François Mwamba, membre de la délégation gouvernementale. Pour mettre fin à ce point de l’évaluation de l’accord du 23 mars 2009, les délégués du M23 doivent travailler avec le secrétariat du facilitateur du dialogue pour terminer leur rapport sur ce premier point.[9]

 

Le 25 janvier, les délégués du M23 ont poursuivi jusque tard dans la soirée, avec le secrétariat de la facilitation, l’évaluation de l’accord du 23 mars 2009. Les délégués du gouvernement saluent la poursuite des travaux par le M23. Le sénateur Edouard Mwangachuchu a réaffirmé, par ailleurs, la disponibilité de Kinshasa à «écouter» le M23, mais jusqu’à une certaine limite: «Le Gouvernement est disposé à écouter et à donner des solutions, dans la mesure du possible, à tous les problèmes que le M23 va exposer. [Mais], il ne faut pas qu’ils demandent la dissolution du Gouvernement ou du Sénat, ou encore celle des assemblées provinciales». La date de la tenue d’une plénière de mise en commun des positions des deux parties n’est pas encore connue. En attendant, les travaux consultatifs avec le secrétariat de la facilitation se poursuivent.[10]

 

Le 27 janvier, le porte-parole du M23,Bertrand Bisimwa, a affirmé que si le dialogue reprenait avec l’examen de tous les points inscrits à l’ordre du jour, une issue favorable serait possible. Selon lui, son mouvement et le pouvoir de Kinshasa s’accordent sur plusieurs points, malgré de petites divergences qui continuent à les opposer.[11]

 

Le 28 janvier, les délégués du gouvernement ont déclaré que, si la mise en commun des rapports sur l’évaluation de l’accord du 23 mars 2009 par les deux parties se conclut avec succès, les autres points de l’ordre du jour seront rapidement vidés.[12]

 

 

2. LES ATERMOIEMENTS ET LES CONTRADICTIONS DE LA COMMUNITÉ INTERNATIONALE

 

Le 13 janvier, le conseiller militaire du secrétaire général des Nations unies, le général Babacar Gaye, a déclaré que la force internationale neutre sera intégrée au sein de la Monusco. Cette force constituera une nouvelle brigade de la Monusco qui en compte déjà trois (Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri). «Ce sera une brigade commandée par un général qui sera sous les ordres du commandant de la Force des Nations unies en RDC», précise le général Babacar Gaye, ajoutant que la nouvelle brigade aura des «tâches spécifiques et non équivoques en vue de stabiliser durablement la région».

Interrogé au sujet de la constitution de cette force internationale, le général Babacar Gaye a affirmé que les Nations unies vont demander aux pays de la sous-région d’envoyer des soldats: «Les organisations régionales avaient insisté sur l’indépendance, l’autonomie de la force internationale neutre. Nous ne sommes plus dans ce schéma. Nous sommes dans le schéma où les Nations unies approcheront les pays de la sous-région pour leur faire l’offre de venir constituer une brigade au sein de la Monusco». Selon le commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, Ramtane Lamamra, il est prévu une nouvelle résolution des Nations unies qui accorderait «un mandat renforcé, robuste» a la force internationale. «Un mandat d’imposition de la paix et non pas de maintien de la paix, signifiant qu’il y aura un certain nombre d’objectifs exprimés très clairement et que dans la mesure où les dites tâches ne peuvent pas être accomplies pacifiquement, il sera fait recours à la violence légitime», a-t-il confié.[13]

 

Le 21 janvier, le président rwandais Paul Kagame a déclaré n’avoir « aucun problème » avec le projet de l’ONU de déployer des drones dans l’est de la RDCongo dans le cadre de sa mission de maintien de la paix. «L’utilisation de drones par l’ONU ne me pose aucun problème. S’ils pensent que cela peut aider (…), c’est à eux de voir», a déclaré M. Kagame lors d’une conférence de presse. «Je n’ai pas le pouvoir d’empêcher que cela soit fait», a-t-il ajouté, demandant néanmoins à ce que l’on lui explique «comment ces drones vont contribuer au maintien de la paix». La semaine dernière, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, avait de son côté affirmé que son pays ne soutiendrait pas ce déploiement tant que certains points n’auraient pas été éclaircis, notamment en ce qui concerne l’accès aux données collectées par les appareils.[14]

 

Le 24 janvier, le Conseil de sécurité a donné son feu vert au secrétariat général des Nations Unies au déploiement de drones pour surveiller les mouvements des groupes armés dans l’Est de la RDC. Ce déploiement se fera à titre expérimental, et au cas par cas.  Le feu vert intervient après des semaines de tractations: la Russie, la Chine et le Rwanda avaient manifesté leur inquiétude sur l’utilisation de ces avions sans pilote et sans armes. La Monusco avait confirmé, le 23 janvier, l’accord du Rwanda aussi. L’idée de placer des drones sur les frontières de la RDC, du Rwanda et de l’Ouganda date d’il y a quatre à cinq ans.[15]

 

Des sources diplomatiques indiquent aussi que les Nations Unies veulent aussi mettre en place une «unité d’intervention rapide» de plus de 2 mille soldats africains (une brigade) pour désarmer les groupes armés oeuvrant   dans l’Est de la RDC, y compris le M23 et les FDLR. Elle serait intégrée au sein de l’actuelle mission de l’Onu en RDC, la Monusco, et pourrait être déployée sur le terrain dans un délai de trois mois, après un éventuel feu vert du Conseil de sécurité. Selon les mêmes sources, la Tanzanie et l’Afrique du Sud sont candidates pour contribuer à cette unité qui prêterait main forte à la Monusco. D’après des diplomates et des responsables de l’Onu, de telles unités sont autorisées à faire usage d’une force potentiellement mortelle dans de graves situations de combat, tandis que les opérations de maintien de la paix visent à appuyer et à surveiller un cessez-le-feu déjà conclu. «Il ne s’agit plus du maintien de la paix, mais aussi de la mise en œuvre de la paix. Ce sera une mission d’imposition de la paix. C’est une posture bien plus vigoureuse», a dit un responsable onusien ayant requis l’anonymat.[16]

 

Le 25 janvier, à Kampala, le chef d’état-major ougandais, le général Aronda Nyakairima, a fait savoir que les chefs d’état-major des pays de l’Afrique australe et des Grands Lacs ont recommandé le remplacement de la MONUSCO par une force africaine dans l’est de la RDCongo.
Les chefs d’état-major des pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), qui s’étaient réunis le week-end précédent, ont avancé cette proposition à l’Union africaine (UA) en raison de l’échec de la MONUSCO dans ses efforts de protéger les Congolais. A leur avis, la Monusco a largement montré ses limites. «Nous recommandons que l’Afrique prenne le relais de la MONUSCO», a-t-il dit, estimant que les forces africaines peuvent mieux faire que «les forces internationales qui viennent de l’extérieur et qui ne savent pas ce qu’elles font».

Le général Aronda a rappelé que certains membres de l’ONU se déclarent contre l’idée de déployer une force internationale neutre pour combattre les forces négatives dans l’est de la RDC, avancée par le sommet de la CIRGL l’an dernier, proposant que la force neutre soit intégrée dans la MONUSCO. «Nous n’accepterons pas la position de l’ONU… Nous ne voulons que le remplacement de la MONUSCO», a-t-il dit. Il a précisé que les résultats de la réunion des chefs d’état- major des pays de la SADC et de la CIRGL seraient présentés au prochain sommet de l’UA qui se tient fin janvier à Addis Abeba, en Ethiopie.[17]

 

Pour nombre d’analyses des questions politiques, militaires et sécuritaires de l’Afrique Centrale et des Grands Lacs, les autorités congolaises devraient faire très attention à une démarche qui s’apparente à un dangereux piège. Il est en effet fort surprenant de voir des chefs des armées des Etats de l’Afrique Centrale, Orientale et Australe choisir l’imminence du déploiement des drones et d’une unité de intervention rapide avec un mandat robuste de imposition de la paix (Force Internationale Neutre intégrée au sein de la Monusco) dans l’Est du pays pour sortir du chapeau une proposition différente. Il serait risqué, pour les officiels congolais, de compter sur des armées nationales africaines dont la plupart sont incapables de sécuriser les Etats dont elles sont chargées d’assurer la défense. Plutôt que de tomber dans le piège de la disqualification de la Monusco, dont la visée cachée est l’éloignement d’un témoin gênant de la partie Est du pays, où les drones pourraient faire découvrir au monde entier un tas de délits et de crimes, les officiels congolais ont intérêt à faire confiance à cette force onusienne, en dépit de ses faiblesses. Par ailleurs, l’idée de construction d’une nouvelle armée nationale, républicaine et dissuasive, doit rester plus que jamais d’actualité, de même que la recherche d’un consensus national à même de fédérer les forces politiques et sociales internes, en vue de la sauvegarde des intérêts de la patrie.[18]

 

Le 28 janvier, la signature d’un accord-cadre régional sur la paix dans l’Est de la RDCongo, qui était prévue au sommet de l’Union Africaine, a été repoussée sine die. Aucun détail n’a pu être obtenu sur les raisons de cette annulation. L’accord aurait dû être signé par les chefs d’Etat de la région des Grands Lacs, sous l’égide de M. Ban Ki-moon, en marge du 20e sommet de l’Union africaine à Addis Abeba. «Cet accord-cadre pour la paix et la sécurité dans l’est de la RDCongo avait pour objet de remédier aux causes profondes des violences récurrentes dans l’est de la RDC, où opèrent depuis des années de nombreux groupes armés», avait expliqué Ban Ki-moon, dans un discours prononcé à l’ouverture du sommet de l’UA. Selon une source diplomatique de la RDCongo, l’accord prévoyait notamment un renforcement des capacités de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) et un engagement des Etats de la région à ne pas soutenir, financer ou abriter aucun groupe armé ou individu contribuant à destabiliser l’est du pays. «C’est un sujet très complexe » et « des discussions se poursuivent», a déclaré Eri Kaneko, une porte-parole du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.[19]

 

Les discussions auraient achoppé sur la nature et la direction de la nouvelle force militaire régionale à déployer dans l’est de la RDCongo.

Dans la feuille de route présentée par les Nations Unies, la force internationale neutre proposée l’été dernier, pour être déployée à la frontière entre la RDC et le Rwanda, serait disparue au profit d’une brigade d’intervention intégrée au sein de la Monusco. Cette nouvelle brigade serait composée  de 2500 militaires africains, appelés à renforcer les 17 000 casques bleus déjà déployés au Congo dans le cadre de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco). Or, plusieurs pays de la région, dont la Tanzanie, devaient envoyer des troupes dans l’est du Congo pour constituer cette force internationale neutre. Aujourd’hui, ces pays se sentent-ils lésés par le projet de Ban Ki-moon? L’Afrique du Sud et les pays des Grands Lacs veulent-ils montrer qu’il y a des conflits qu’ils peuvent gérer eux-mêmes, sans les directives de New York?

Selon Seraphin Ngwej, conseiller diplomatique du président congolais Joseph Kabila, les membres de la SADC n’ont pu s’entendre pour savoir qui, de la SADC ou de la Monusco, commanderait cette force d’intervention. «La SADC veut s’assurer que la brigade pourra faire ce qu’elle veut qu’elle fasse», dit-on de source diplomatique.

En décryptant l’attitude des pays de la SADC, l’on décèle la main noire du tandem Kigali-Kampala. Ils ont embouché, de manière dissimulée, le discours de ces voisins-agresseurs de la RDC, selon lesquels la Monusco ne serait pas crédible et, par conséquent, la Brigade spéciale ne devrait pas être placée sous son mandat.[20]

 

Le projet d’une unité militaire africaine d’intervention rapide sous l’égide de la Monusco et destinée à combattre les groupes armés, y compris le M23, n’a pas été approuvé pendant le sommet de l’Union africaine. L’autre projet d’une force internationale neutre africaine, initié il y a un an par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, n’avance pas non plus. Les Sud-Africains sont toujours pressentis pour faire partie du noyau de ce que l’on appelle la «Force internationale neutre», destinée elle aussi à combattre le M23. Mais cette force a également du plomb dans l’aile. A Addis-Abeba, des officiels sud-africains ont fait part de la nécessité d’écouter les revendications du M23. Autrement dit, la force dite négative (le M23) le serait de moins en moins. On peut y voir le résultat d’un lobbying peut-être efficace mené à Pretoria ces derniers jours. L’on a appris que Roger Lumbala, l’opposant qui a rejoint le M23, Deogracias Bugera, ancien compagnon de route de Kabila père, et Antipas Mbusa Nyamwisi, ancien ministre des Affaires étrangères, auraient plaidé la cause rebelle auprès des plus hautes autorités sud-africaines.[21]

 

 

3. LA SOCIÉTÉ CIVILE NE DEMORD PAS

 

Le 19 janvier, au cours d’une assemblée générale de la société civile congolaise (Socico) organisée à Kinshasa, son président intérimaire, Dr. Luboya, a condamné les agressions dont sont victimes les populations de l’Est de la RDC et désapprouvé les négociations qui se tiennent à Kampala entre le gouvernement congolais et le M23 depuis le 9 décembre 2012. Luboya, estime que Kinshasa ne devrait plus continuer à céder aux revendications des personnes ou mouvements qui recourent aux armes. Pour lui, le pouvoir de Kinshasa «donne une prime à ceux qui font la guerre» en allant de négociation en négociations. «Quand les gens veulent occuper des postes ministériels ou devenir des généraux, ils prennent des armes, tuent des gens et nous les reprenons pour gérer le pays. Nous n’accepterons pas qu’on mette en désordre les institutions qui sont déjà en place», a affirmé Luboya.[22]

 

Le 21 janvier, la société civile du Nord-Kivu a recommandé que les discussions entre la délégation du gouvernement et les rebelles du M23 soient délocalisées de l’Ouganda vers un autre Pays. Omar Kavota, porte- parole de la société civile du Nord-Kivu a déclaré que «il faut que ces discussions soient délocalisées, d’autant plus que cet Etat n’assure plus la présidence de la Conférence Internationale sur la Région des Grands-Lacs (CIRGL) et considérant son allégeance avec le M23», ajoutant que la population du Nord-Kivu s’oppose également à toute signature de cessez-le-feu entre l’armée nationale et le M23. Omar  Kavota a affirmé que, selon ses sources, le Rwanda et l’Ouganda continuent à soutenir militairement et politiquement les rebelles du M23.[23]

 

Le 24 janvier, la Voix des Sans Voix (VSV) et l’Association africaine pour la défense des droits de l’homme (Asadho) réclament, dans une déclaration commune faite à Kinshasa, «l’arrêt immédiat» des négociations qui se tiennent à Kampala (Ouganda) entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23. Ces deux ONG de défense des droits de l’homme estiment que seul un dialogue national peut mettre fin à ce qui se passe dans le Pays, en général et à la crise sécuritaire dans l’est de la RDCongo, en particulier. Ces deux associations,

– Préoccupées par la détérioration de la situation sécuritaire à l’Est de la RDCongo,

– considérant que les résultats des élections du 28 novembre 2011 ont, suite aux nombreuses irrégularités et fraudes qui les ont caractérisées, entraîné une réelle crise de légitimité politique en RDCongo et continuent à diviser les Congolais,

– soucieuses de la poursuite du cycle électoral notamment avec l’organisation des élections locales, municipales, urbaines et provinciales dans un climat apaisé, afin de permettre à la population d’élire librement et en toute transparence ses dirigeants à la base,

– convaincues que seul l’intérêt supérieur de la nation doit préoccuper au plus haut point les acteurs politiques congolais au-delà de leurs appartenances politiques et autres considérations d’ordre idéologiques,

– soucieuses de voir les congolais s’asseoir au tour d’une table où ils pourraient s’exprimer sur toutes les questions fondamentales d’intérêt national, dans le seul but de parvenir à la réconciliation et à  la cohésion nationale,

– soutiennent la tenue d’un dialogue national franc et inclusif, auquel doivent prendre part toutes les forces vives, sociales et politiques de la RDCongo,

– demandent au Président de la République de donner des signaux forts, clairs et positifs quant à sa volonté politique réelle de vouloir effectivement contribuer au renforcement de la cohésion nationale, en formalisant, par un acte juridique, le cadre de la tenue de ce dialogue national.

– exhortent tous les acteurs politiques congolais en général et messieurs Joseph KABILA et Etienne TSHISEKEDI particulièrement, à s’impliquer positivement et personnellement en faveur de la réussite de ce dialogue national, en vue de donner un signal fort de réconciliation et de cohésion nationale,

– appellent les Congolais à se mobiliser contre toute tentative de partage du pouvoir  avec ceux qui recourent à la violence et surtout aux armes pour accéder au pouvoir.

S’agissant de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), la VSV et l’ASADHO

– dénoncent fermement la politisation de la CENI par l’Assemblée Nationale qui a accordé  la majorité de  postes à la Majorité Présidentielle (MP) et à l’opposition politique parlementaire dans la répartition des postes à pourvoir au sein du Bureau et de la Plénière,

– dénoncent aussi  tout plan qui serait préparé par les partis politiques, en particulier la Majorité au pouvoir, de faire  nommer ou élire, pour le compte de la société civile, des personnes qui leur sont proches, afin de s’assurer le contrôle de tout le cycle électoral.

– tiendront l’Assemblée Nationale pour responsable de tout blocage ou énième dérapage du processus électoral en RDCongo du fait de la prise en otage de cette institution d’appui à la démocratie par des hommes politiques, ce qui ne  garantirait pas  l’indépendance, la neutralité et l’impartialité de la CENI lors des prochaines échéances électorales.[24]

 

Le 26 janvier, le maire de la ville de Goma, Kubuya Ndoole Naso, a accusé les rebelles du M23 de causer l’insécurité dans plusieurs quartiers du territoire de Nyiragongo, périphériques à la capitale provinciale du Nord-Kivu. Selon le maire de Goma, la situation sécuritaire s’est considérablement dégradée dans les quartiers Ngangi I et II, Don Bosco, Muja, Majengo et Mugunga, dans la périphérie de Goma, en groupement Munigi, territoire de Nyiragongo. Des hommes en arme ont fait des incursions dans plusieurs habitations d’où ils ont emporté de l’argent, des téléphones portables et d’autres biens de valeur. Selon lui, cinq personnes ont déjà été tuées pendant les vols commis par ces rebelles. Selon le maire de Goma, cette situation dure depuis plus d’un mois, après que les rebelles du M23 se soient installés dans ce secteur. Kubula demande à la Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs (CIRGL) d’ordonner au M23 de retirer ses troupes du territoire de Nyiragongo. «Contrairement à la décision du CIRGL sur le retrait du M23 à 20 Km de la ville, ils sont restés dans le territoire de Nyiragongo. Ils descendent la journée comme la nuit pour opérer, c’est-à-dire voler, piller et tuer dans la ville», a-t-il soutenu. Pour le maire de Goma, la CIRGL doit faire respecter sa décision afin d’épargner la population de cette insécurité.[25]

 

Le 26 janvier, trente-huit artistes de la RDC, du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi se sont produits au stade municipal de Beni (Nord-Kivu), dans un concert livré au cours du Festival «Amani Kwetu» (La paix chez nous). Dans leurs chansons, les musiciens ont appelé au retour de la paix dans la sous-région des Grands lacs. Ce festival a été organisé par deux associations de jeunes de Beni et soutenu par la Monusco. Au cours de «la marche pour la paix» organisée avant ce concert, des jeunes ont invité les chefs d’Etat des Grands Lacs à œuvrer pour la consolidation de la paix notamment dans l’Est de la RDC, en proie à des groupes armés. Selon le coordonateur du festival, Pacifique Patawuli, cet événement est «un cri d’alarme sur la situation dans la sous-région des Grands Lacs». Il dénonce notamment des actes de viols, d’exactions contre les civils et de pillages des richesses du sol et du sous-sol par des groupes armés. Il invite également la communauté internationale à travailler pour mettre fin à cette situation. Les organisateurs de ce festival qui a réuni une vingtaine d’associations de jeunes, comptent organiser une autre manifestation du genre à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu où sévit notamment la rébellion du M23.[26]

 

Le 29 janvier, la société civile du Nord-Kivu a regretté le report de la signature de l’accord-cadre sur la paix dans l’Est de la RDC par les chefs d’Etat des Grands Lacs. Le vice-président de la société civile du Nord-Kivu, Omar Kavota, a déclaré que les habitants de sa province attendaient beaucoup de la signature de cet accord-cadre. «Nous pensions que l’heure du soulagement était arrivée mais nous sommes surpris de l’indifférence affichée par les chefs d’Etat des pays membres de la CIRGL, de la SADC et de l’Union africaine», a-t-il déploré.

Omar Kavota a «appelé la communauté internationale à la compassion et à la solidarité pour ces millions de personnes qui sont déplacées, violées, tuées et enlevées», indiquant que «la population du Nord-Kivu endure des souffrances que lui imposent des groupes armés comme le M23, les FDLR et les ADF-Nalu». Il a demandé à Ban Ki-moon de proposer un autre plan de paix pour l’Est de la RDC.[27]

 

 

4. LE PIÈGE DE LA NEGOCIATION

 

En RDC, à chaque négociation d’un accord de paix correspond un nouveau processus d’intégration et de brassage au sein des forces armées et de la police. Comme à Sun City en 2002 et à Goma en 2009, le M23, poussé par son parrain, le Rwanda, réclame aussi le même traitement. Les revendications du M23 tiennent à un schéma savamment concocté par Kigali qui joue désormais à visage découvert par le truchement du M23. Les nuages se dissipent de plus en plus sur les vrais enjeux du dialogue de Kampala: il s’agit de fragiliser la RDC en infiltrant son système de défense et de sécurité et ses Institutions républicaines. Kigali garde toujours son procédé. Il sélectionne des Congolais, les place ou les infiltre (c’est selon) dans les institutions de la RDC. Dès qu’il se rend compte que ces derniers ne respectent pas le cahier des charges leur confié, il se trouve dans l’obligation de les changer. Quand ceux-ci rechignent, il en sélectionne d’autres après avoir créé une situation de conflit. Comme dans les cas passés de l’AFDL, du RCD et du CNDP, le M23 aussi est revenu sur le brassage de ses troupes dans les FARDC et l’intégration des membres de sa branche politique dans toutes les institutions du pays. C’est ce qui ressort de sa déclaration du 16 janvier 2013 à Kampala. Dans le fond, tout est mis en place pour affaiblir davantage l’armée nationale et les Institutions de la République.

Toutefois, selon la majorité des Congolais, le dialogue de Kampala ne doit pas servir d’occasion de récompenser ceux qui ont tué, massacré et semé la désolation parmi les populations de l’Est du pays. Tout doit être mis en œuvre pour sortir de ce cercle vicieux créé depuis le dialogue de Sun City en 2002.[28]

 

Il a suffi de quelques semaines d’accalmie sur le front militaire pour que les Congolais se mettent à oublier le risque de balkanisation que le Rwanda et l’Ouganda continuent d’entretenir aux portes de Goma sous la bannière du M23. Ce dernier est, en effet, une milice aux ordres de Kampala et Kigali qui a été mondialement décriée, comme en témoignent, entre autres, les dénonciations des Ong, les rapports émanant de l’ONU et l’intervention du Président Obama auprès de Paul Kagamé.

Une stratégie bien connue.

Les négociations de Kampala permettent aux parrains du M23, que sont les Présidents Museveni et Kagamé, de ne plus paraître en première ligne, et donc, de continuer à « manœuvrer » en coulisse, une configuration dans laquelle les deux hommes excellent depuis les 16 ans des guerres qu’ils mènent au Congo. C’est ainsi qu’ils ont manœuvré avec l’AFDL de Laurent Kabila durant la Première Guerre du Congo (1996-97), le RCD durant la Deuxième Guerre du Congo (1998-2003), le CNDP de Laurent Nkunda durant la Guerre du Kivu (2003-2009) et maintenant avec le M23. En négociant avec de telles organisations, dépourvues d’autonomie politique, les autorités congolaises consentent à traiter avec des personnes n’offrant aucune garantie que leurs engagements seraient tenus. En effet, on sait, par expérience, que si le M23 n’atteint pas les objectifs qui lui ont été assignés, Museveni et Kagamé n’hésiteront pas à relancer la guerre dans l’Est du Congo sous un autre acronyme.

Lorsqu’on observe la façon dont les dirigeants actuels du Rwanda et de l’Ouganda sont parvenus au pouvoir à Kampala, à Kigali, et ont pu mener leurs armées jusqu’à Kinshasa, on apprend à relativiser l’intérêt qu’il y a à négocier avec eux. On peut même théoriser la façon dont ils procèdent.
Tout d’abord, ils se fixent un objectif militaire (conquérir un territoire). Ils se prêtent volontiers aux négociations mais ne renoncent jamais à l’objectif militaire initial, comme en témoignent la «guerre de brousse» d’Ouganda (1981-1986), la guerre du Rwanda (1990-94) et les guerres à répétition du Congo depuis 1996. On parle de «talk and fight» (discuter en poursuivant la lutte armée). Ils ne croient pas un seul mot de ce qui se négocie. Ils se présentent aux négociations pour vendre une belle image et gagner du temps. Pendant les négociations, ils se renforcent militairement (personne n’exige le désarmement du M23) et politiquement ; infiltrent le territoire à conquérir et analysent les faiblesses de leur ennemi.

Quelle que soit l’issue des négociations, ils sont gagnants à tous les coups. Si les négociations échouent, comme cela se profile à Kampala, les combats reprennent. Ils prennent rapidement le dessus, puisque pendant que leur délégation négociait, eux peaufinaient les plans de bataille. Si les négociations aboutissent à un accord, ils sont également gagnants, puisqu’ils rentrent par la «grande porte» dans les institutions, non pas pour les renforcer, mais bien pour les affaiblir en prévision d’un prochain conflit.

L’exemple le plus parlant est celui de l’armée congolaise qui, après avoir «intégré» par vagues successives les combattants aux ordres de Kampala et Kigali (AFDL, RCD, CNDP) n’est plus aujourd’hui que l’ombre d’elle-même. En réintégrant les mutins du M23, se comptant désormais par milliers, l’armée congolaise deviendrait une sorte de Titanic sabordé prenant l’eau de partout. Son effondrement total s’inscrirait dès lors dans la suite prévisible des choses. Le Congo perdrait ses régions de l’Est du jour au lendemain.

Une opportunité.

Le Congo a ainsi perdu les atouts dont il disposait dans l’interminable conflit qui l’oppose à ses difficiles voisins de l’Est. Les «amis» du peuple congolais commençaient à se mobiliser à travers le monde contre les régimes rwandais et ougandais et le M23 aurait pu se disloquer sous la vague des condamnations internationales. Mais les pourparlers de Kampala lui servent pour gagner du temps et se renforcer politiquement et militairement.

L’idée même d’aller négocier à Kampala est apparue comme assez surréaliste, l’Ouganda étant, comme le Rwanda, accusé d’agression par l’ONU. Le Congo aurait dû en profiter pour exiger un cadre de négociation beaucoup plus à son avantage. De nombreux analystes ont avancé l’idée d’une table ronde qui regrouperait les Chefs d’Etat congolais, ougandais et rwandais, devant mener à la signature d’un véritable traité de paix. A la table ronde devraient être associées des puissances régionales (Angola, Afrique du Sud), l’opposition non armée et la société civile. On pourrait étendre la participation aux délégations de l’ONU, de l’Union européenne et des puissances occidentales parmi les plus impliquées dans le cours des évènements au Congo (Etats-Unis, Grande Bretagne, France, Belgique). Un accord conclu dans un cadre comme celui-là ne règle pas tous les problèmes mais, au moins, présente les meilleurs garanties sur la voie d’



[1] Cf Angelo Mobateli – Le Potentiel – Kinshasa, 21.01.’13

[2] Cf Kimp – Le Phare – Kinshasa, 21 et 25.01.’13; RFI, 21.01.’13

[3] Cf Xinhuanet – Kinshasa – Africatime, 22.01.’13

[4] Cf RFI, 23.01.’13

[5] Cf RFI, 23.01.’13; Radio Okapi, 24.01.’13

[6] Cf RFI, 17.12.’12

[7] Cf Radio Okapi, 26.01.’13

[8] Cf RFI, 25.01.’13

[9] Cf Radio Okapi, 26.01.’13

[10] Cf Radio Okapi, 26.01.’13

[11] Cf Radio Okapi, 28.01.’13

[12] Cf Radio Okapi, 29.01.’13

[13] Cf Radio Okapi, 14.01.’13

[14] Cf Belga – 7 sur 7.be, 21.01,’13

[15] Cf Radio Okapi, 26.01.’13

[16] Cf Reuters / Belga – New-York, 26.01.’13 (via mediacongo.net)

[17] Cf Xinhuanet – Kampala, 25.01.’13

[18] Cf Kimp – Le Phare – Kinshasa, 28.01.’13

[19] Cf AFP – Addis Abeba, 28.01.’13

[20] Cf Reuters, 28.01.’13; RFI, 29.01.’13; Le Potentiel – Kinshasa, 29.01.’13

[21] Cf RFI, 30.01.’13

[22] Cf Radio Okapi, 19.01.’13

[23] Cf Xinhua – Kinshasa, 22.01.’13

[25] Cf Radio Okapi, 27.01.’13

[26] Cf Radio Okapi, 27.01.’13

[27] Cf Radio Okapi, 29.01.’13

[28] Cf Le Potentiel – Kinshasa, 19.01.’13