Congo Actualité n. 153

SOMMAIRE

ÉDITORIAL: Nécessité d’un dialogue paritaire

1. UN JOUR TRÈS AGITÉ

a. Le communiqué conjoint des ministres congolais et rwandais des affaires étrangères

b. Les déclarations du président rwandais Paul Kagame

c. La lettre du ministre congolais des affaires étrangères au Président du Conseil de Sécurité

2. LES ÉTATS-UNIS BLOQUENT UN RAPPORT DE L’ONU SUR LE SOUTIEN DU RWANDA AUX REBELLES DE BOSCO NTAGANDA

3. LES RÉVÉLATIONS CONTENUES DANS LE RAPPORT DE L’ONU

4. LA PUBLICATION DU RAPPORT DE L’ONU

5. DES DÉCLARATIONS AU NIVEAU INTERNATIONAL

ÉDITORIAL : NECESSITE D’UN DIALOGUE PARITAIRE

1. UN JOUR TRÈS AGITÉ

a. Le communiqué conjoint des ministres congolais et rwandais des affaires étrangères

Le 19 juin, en visite à Kinshasa, la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo a eu des entretiens avec son homologue congolais Raymond Tshibanda, avant d’être reçue par le chef de l’Etat Joseph Kabila. La réunion a regroupé les ministres des Affaires étrangères, les chefs d’Etat-major généraux des armées et les responsables des services de sécurité de ces deux pays.

Selon un communiqué conjoint,

«Les deux délégations ont échangé des renseignements sur les problèmes sécuritaires de la région et examiné les préoccupations présentées par chaque partie en rapport avec la situation qui prévaut dans l’Est de la RDC.

Après une discussion franche et enrichissante, les deux délégations ont réaffirmé la volonté de continuer à oeuvrer ensemble pour la paix, la stabilité et le développement dans la sous-région. Elles s’engagent à ce que leurs territoires respectifs ne servent pas de base de déstabilisation de l’un ni de l’autre.

Elles ont par ailleurs convenu de rendre opérationnelle la Commission Conjointe de vérification chargée notamment d’enquêter sur les suspicions de soutien extérieur aux mutins et autres éléments opportunistes.

Dans le même ordre d’idée, les deux parties ont réaffirmé la nécessité de rechercher des solutions durables aux problèmes de fond à l’origine de l’insécurité qui prévaut actuellement.

Elles ont ainsi renouvelé leur détermination à poursuivre les efforts jusqu’à l’éradication totale du groupe terroriste FDLR et de tous les autres groupes armés écumant la sous région.

Une réunion de concertation et d’évaluation est prévue à cet effet le 28 juin 2012 à Goma entre les Ministres de la Défense des deux pays, qui seront accompagnés par les Chefs d’Etat-Major Général des FARDC et des RDF.

Par ailleurs, les deux parties ont exprimé le vœu de poursuivre et d’intensifier la collaboration actuelle, en redynamisant tous les mécanismes bilatéraux de concertation existants».

Après l’audience avec Joseph Kabila, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a affirmé à la presse qu’elle est «officiellement en RDC pour une réunion des instituions diplomatiques et de sécurité sur le soutien du Rwanda dans la résolution de la crise dans l’Est». A ce sujet, elle a souhaité que l’opinion fasse la part des choses entre la rumeur et la réalité:

«Au cours des dernières semaines, il y a eu tellement de rumeurs, on ne s’en sort plus. Nous sommes ici pour apporter notre soutien en tant que pays voisin aux efforts de paix et de pacification de l’Est de la République démocratique du Congo», a-t-elle assuré. Louise Mushikiwabo a laissé entendre que son séjour à Kinshasa avait pour but de proposer le soutien du Rwanda à la résolution de la crise à l’Est, grâce à une médiation entre le gouvernement congolais et les mutins.

Refusant de se prononcer sur les accusations de Kinshasa sur le soutien de son pays aux mutins du Kivu, Louise Mushikiwabo a indiqué que «l’opinion doit être éduquée et comprendre que le Rwanda a longtemps travaillé pour la pacification de la région des Grands lacs».

«Il s’agit, a-t-elle dit, d’une situation certes difficile, mais qui a été bien gérée par les Présidents Joseph Kabila et Paul Kagame». Pour la ministre rwandaise, il n’y a donc pas aujourd’hui un problème qui serait impossible à régler, après les efforts que les deux pays ont déployés. La ministre rwandaise a affirmé, par ailleurs, que les Présidents Joseph Kabila et Paul Kagame sont en contact régulier sur la situation sécuritaire dans la sous-région des Grands Lacs, affirmant que la partie rwandaise s’est engagée à assister le plus possible la partie congolaise dans les efforts de la stabilisation de sa partie Est.

Pour le ministre congolais des Affaires Étrangères, Raymond Tshibanda, l’important était d’échanger franchement sur le sujet. «Le plus important pour la partie congolaise était que le gouvernement rwandais puisse savoir ce qui, de notre point de vue, est préoccupant», a-t-il déclaré.

Au-delà des embrassades diplomatiques, Kinshasa ne doit pas se laisser distraire par ce rituel protocolaire et parler cette fois, d’une voix forte, contre sa déstabilisation, et exiger que le soutien lui proposé par le Rwanda, consiste plus à rappeler ses éléments opérant au sein du M 23, qu’à le rapprocher aux mutins. Kinshasa doit saisir cette occasion pour demander qu’après le départ des troupes rwandaises du Nord Kivu, les Congolais puissent enfin régler leurs problèmes entre eux, sans interférences étrangères.

b. Les déclarations du président rwandais Paul Kagame

Le 19 juin, lors d’une conférence de presse à Kigali, le président rwandais Paul Kagame a affirmé la neutralité du Rwanda dans la crise au Nord-Kivu et accusé la «communauté internationale» d’avoir cherché à chasser du pouvoir le président congolais, Joseph Kabila.

Avec colère ou ironie, Paul Kagame l’a répété sur tous les tons: «le Rwanda n’est pas la cause des problèmes du Congo», avant d’ajouter: « les problèmes congolais doivent être gérés par les Congolais». «Le problème du Rwanda, ce sont les FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda, ndlr] qui vivent dans l’est de la RDC», a-t-il pris le soin de rappeler. «Si on ne veut pas que nous fassions partie de la solution, a-t-il conclu, alors oubliez-nous!».Manifestement exaspéré par les accusations indirectes de Kinshasa et de la mission de l’ONU en RDC, le chef de l’Etat a plusieurs fois réfuté tout soutien aux mutins de l’est de la RDC.

A plusieurs reprises, le président rwandais a réaffirmé que la mutinerie en cours dans le Nord-Kivu, région frontalière du Rwanda, ne concernait son pays en aucune façon. De même que l’arrestation de Jean Bosco Ntaganda, général et ancien chef rebelle congolais recherché par la Cour pénale internationale (CPI), ne relevait pas de ses attributions.

Le président rwandais s’en est également pris à la Monusco (Mission de l’ONU pour la stabilisation en RD Congo), qualifiée d’«onéreuse et inutile», ainsi qu’à la «soi-disante communauté internationale», accusée d’hypocrisie vis à vis du président congolais Joseph Kabila.

Avant l’élection présidentielle congolaise de novembre dernier, celle-ci «cherchait un moyen de se débarrasser de lui, soit avec l’élection, soit par d’autres moyens», a-t-il affirmé, laissant entendre qu’il avait été sondé sur le sujet. «Finalement, il a été élu et, quelles qu’aient été les conditions de cette élection, ils se sont rendus compte qu’ils devaient faire avec».

«Ensuite, ils [la communauté internationale, NDLR] sont revenus me voir pour dire qu’ils voulaient arrêter Ntaganda mais qu’ils ne voulaient pas le faire sans le consentement du Rwanda […] Et maintenant ils nous disent responsables de cette situation!». Interrogé sur l’identité de ces acteurs de la «communauté internationale», il a refusé de préciser ses accusations. «Je suis allé aussi loin que possible», a-t-il simplement dit.

c. La lettre du ministre congolais des affaires étrangères au Président du Conseil de Sécurité

Le 19 juin, le gouvernement congolais a saisi le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour dénoncer clairement l’implication de Kigali dans l’instabilité du Nord-Kivu. Dans une correspondance daté du 14 juin et envoyée à Monsieur Li Baodong, Président du Conseil de Sécurité des Nations Unies, le ministre des Affaires étrangères de la RDC, Raymond Tshibanda, relève que «des informations en provenance de sources variées, mais concordantes, font état de soutiens dont bénéficieraient les mutins du M23 à partir du Rwanda et de l’existence d’une filière de recrutement de combattants dans ce pays voisin».

Selon le ministre Raymond Tshibanda, les conclusions des enquêtes et mécanismes conjoints permettent d’affirmer ce qui suit:

«1. parmi les mutins se sont trouvés quelques 200 à 300 éléments recrutés sur le territoire du Rwanda par un réseau actif dans ce pays voisin;

2. plusieurs combattants ainsi recrutés sont des ressortissants rwandais, infiltrés en République Démocratique du Congo. Ils ont subi un entraînement sommaire avant d’être déployés au front contre les FARDC;

3. il y a des mineurs d’âge et des très jeunes gens parmi eux;

4. alors que dans leur fuite, les mutins avaient abandonné tout leur armement, soit 38 tonnes, récupérés par les FARDC, il a été noté un décuplement de leur puissance de feu dès leur arrivée dans le triangle Runyonyi-Tshianzu-Mbuzi accoté à la ligne frontalière entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda.

5. des alliances contre nature se sont établies. A titre d’exemple, les FDLR, dont certains avaient été rapatriés au Rwanda par la MONUSCO ont rejoint les rangs des mutins, comme en témoigne leur capture sur le front.

De ce qui précède, il ressort que le territoire rwandais a servi à la préparation et à la perpétration d’une conspiration qui, après avoir commencé comme une simple mutinerie, évolue dangereusement vers un schéma de rupture de la paix entre deux pays de la Région des Grands Lacs, remettant en cause les progrès accomplis en ce domaine depuis 2009».

Aussi, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo demande-t-il instamment au Conseil de Sécurité de:

«1) Condamner la nouvelle tentative de rébellion menée par les ex-éléments du CNDP rebaptisé M23;

2) réaffirmer l’intangibilité de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de la République Démocratique du Congo;

3) condamner les exactions et les violations des droits humains et du droit humanitaire international, y compris les déplacements des populations, dont sont victimes les populations congolaises des Provinces du Kivu et en rendre responsables les éléments de M23;

4) condamner le soutien extérieur dont le M23 bénéficie et tenir ceux qui le lui apportent solidairement responsables de tous les actes répréhensibles commis par ce mouvement;

5) rappeler le Rwanda à ses obligations internationales et exiger le retrait immédiat et sans conditions des membres de ses forces armées qui se dissimileraient dans les rangs de la rébellion;

6) prendre ses responsabilités au regard des dispositions pertinentes de la Charte des Nations Unies et des résolutions du Conseil de sécurité, pour mettre un terme à tout soutien extérieur aux mutins;

7) prendre toutes les mesures idoines pour mettre un terme à l’activité de toutes les forces négatives, y compris les FDLR, le CNDP et le M23».

Le 21 juin, interrogé sur ce qui a poussé le gouvernement congolais a saisir le Conseil de Sécurité sur la question de l’appui rwandais reçu par la nouvelle rébellion du M23, alors qu’on avait signé, à Kinshasa et le même jour, un communiqué conjoint avec la ministre des Affaires Etrangère du Rwanda, Lambert Mende, porte parole du gouvernement congolais a répondu: «Au cours du point de presse animé à Kigali, le même jour 19 juin, par le président rwandais Paul Kagame, des choses ont été dites qui n’étaient pas toujours en adéquation avec les conclusions de la visite de son ministre des Affaires étrangères à Kinshasa, ce qui a contribué à faire planer une certaine perplexité qui justifie que le conseil de sécurité soit mis à contribution par le gouvernement congolais qui cherche à rétablir la paix et la sécurité dans cette partie du pays».

Dans la même occasion, Lambert Mende a confirmé l’existence de «filières de recrutement de forces négatives qui insécurisent les Kivu à partir du Rwanda» et il a répété que «le Rwanda doit être tenu pour responsable de ces filières de recrutement sur son territoire».

Le 22 juin, au cours d’une conférence de presse tenue à Kinshasa, la coordination de la société civile du Nord-Kivu appelle le gouvernement à veiller notamment à l’unité nationale et éviter, par tous les moyens, de consacrer la balkanisation de la RDC. Cette institution citoyenne a également demandé à la communauté internationale de «suspendre toute aide au Rwanda afin de le contraindre à contribuer à la stabilité de la sous-région et d’opter une politique de bon voisinage».

La coordination de la société civile du Nord-Kivu recommande au gouvernement d’éviter de tribaliser l’actuel conflit armé qui sévit dans cette province dont, selon elle, «les causes sont rwandaises». Elle recommande en même temps à la RDC la recherche et le maintien de bonnes relations à «travers une diplomatie agissante» avec le Rwanda.

Une des recommandations est adressée aux députes nationaux, appelés à interpeller constamment le Gouvernement en rapport avec la situation sécuritaire dans les Kivu. La société civile demande aussi à l’Etat congolais à assurer la prise en charge conséquente des militaires engagés au front, et à accélérer la réforme de l’armée, de la police et des services de sécurité. Elle a, enfin, fustigé l’impunité dont bénéficieraient certaines personnes à la base de l’instabilité dans l’Est du pays.

2. LES ÉTATS-UNIS BLOQUENT UN RAPPORT DE L’ONU SUR LE SOUTIEN DU RWANDA AUX REBELLES DE BOSCO NTAGANDA

L’organisation Human Rights Watch accuse Washington de bloquer la publication d’un rapport de l’ONU sur la rébellion dirigée par Bosco Ntaganda, le M23.

Au cours de leur enquête, des experts des Nations Unies ont recueilli des preuves d’un soutien du Rwanda aux rebelles dans l’est de la RDCongo. L’enquête porte aussi sur le non respect de l’embargo onusien des fournitures d’armes aux rebelles. Selon des sources proches du Groupe d’experts, le rapport contient des informations détaillées sur des livraisons d’armes aux rebelles en provenance du Rwanda. Il apparaîtrait que le général Ntaganda et ses proches collaborateurs vont et viennent entre les deux pays, en violation des sanctions imposées par l’ONU.

Human Rights Watch accuse Washington d’avoir usé de son influence pour empêcher la parution du rapport. « Les Etats-Unis et les autres membres du Conseil de Sécurité », affirme HRW, « doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir, pour faire la lumière sur les violations des sanctions décrétées par les Nations Unies et non essayer de les cacher ». De leur côté les États-Unis nient bloquer la parution dudit rapport.

La RDCongo aussi, par la voix de son ambassadeur à l’ONU, Ileka Atoki, accuse les Etats-Unis de chercher à empêcher la publication d’un rapport de l’ONU pour protéger le Rwanda. Ce rapport contient en annexe le témoignage d’officiels rwandais qui détaillent le soutien de leur pays à certains groupes armés (inclus le CNDP) et aux rebelles du M23, dans la région du Kivu, Nord et Sud. Selon plusieurs sources, les Etats-Unis ont cherché, sinon à bloquer, tout au moins à retarder cette publication pour protéger le Rwanda.

Plusieurs observateurs s’interrogent sur la cause pour laquelle, à New York, les USA s’opposent-ils à la publication intégrale du rapport relatif à l’implication du Rwanda dans l’insécurité qui prévaut actuellement dans l’Est de la RDC.

Pour le porte-parole adjoint de la mission américaine à l’ONU «les Etats-Unis ne bloquent pas de rapport du groupe d’experts sur la RDC. Les Etats-Unis ont posé un nombre significatif de questions à ce sujet» lors d’une réunion de la commission des sanctions de l’ONU. «Avec les autres membres de la commission, nous étudions avec soin ces conclusions et nous continuerons à discuter de leurs implications une fois que le rapport sera rendu public. Les Etats-Unis étudient avec attention les informations mises en avant par les experts en vue des discussions du Conseil le 26 juin», s’est empressé d’expliquer Payton Knopf dans un communiqué de presse.

Il est à espérer que ce rapport ne va pas connaître le sort de celui du «Mapping Report» élaboré en 2010 par la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies et qui était riche en preuves de pillages des ressources minières congolaises et d’atteintes graves aux droits de l’homme perpétré par des éléments de l’armée rwandaise et des mouvements rebelles instrumentalisés par le Rwanda. Alors que ce pays devait être fermement condamné pour avoir planifié un authentique génocide minier et humain en territoire congolais, les Nations Unies avaient dû reculer et élaguer les passages les plus accablants pour le régime de Kigali pour ne pas perdre le bénéfice de la participation des troupes rwandaises aux forces de maintien de la paix au Darfour. S’acheminerait-on vers un nouveau chantage de la part de Kigali?

Cette opposition traduit la connivence entre Washington et Kigali sur le projet de balkanisation de la RDC. Le rapprochement est vite trouvé et il ne serait pas exagéré d’affirmer que les masques sont tombés sur les responsables et coresponsables des millions de morts et des déplacés congolais dans le but de faire éclater le Congo et faire main basse sur ses nombreuses ressources naturelles.

Que Washington aujourd’hui décide de bloquer la publication de pareil rapport donne à penser qu’il ne serait pas étranger au projet de balkanisation du Congo dont la mission d’exécution a été confiée au régime en place à Kigali.

Au nom du combat contre les génocidaires hutu en fuite sur le territoire congolais par la volonté de la communauté internationale, Kigali se croit investi du pouvoir d’opérer des incursions sur le territoire congolais et s’y comporter comme en pays conquis.

Après enquête et analyse, les rapports commandés par les Nations unies ont abouti à une seule et unique conclusion: la guerre dans l’Est de la RDC est d’essence prédatrice. Des multinationales anglo-saxonnes sont nommément identifiées dans ces rapports, sans que les gouvernements de leurs pays ne les sanctionnent. L’heure de vérité a sonné sur les vrais responsables du drame humanitaire dans l’Est de la RDC.

3. LES RÉVÉLATIONS CONTENUES DANS LE RAPPORT DE L’ONU

Selon des notes prises lors d’une réunion à huis clos du comité des sanctions de l’Onu et que Reuters a pu consulter, les experts des Nations Unies disposent de preuves montrant que le ministre de la Défense du Rwanda et deux officiers rwandais soutiennent les rebelles du mouvement M23.

Lors de la réunion du comité des sanctions de l’Onu le 13 juin à New York, il a été dit que les enquêteurs onusiens disposaient de preuves, selon lesquelles des militaires rwandais avaient pénétré en territoire congolais pour renforcer les positions rebelles, qu’ils leur avaient fourni un appui logistique et qu’ils avaient permis au chef rebelle Bosco Ntaganda et à ses forces de se rendre en sécurité en territoire rwandais.

Selon des notes prises au cours de cette réunion, « les experts ont cité plusieurs dirigeants rwandais de haut rang qui sont directement impliqués ». Les responsables rwandais cités sont le ministre de la Défense James Kaberebe, le chef d’état-major des forces de défense Charles Kayonga et le général Jacques Nziza, conseiller militaire de Paul Kagamé. Selon ces notes, James Kaberebe est en « contact permanent avec le M23 ».

La RD-Congo est victime d’une nouvelle agression dont les vrais commanditaires sont à Kigali, avec une très possible implication directe du président Paul Kagame. Les conclusions du rapport tripartite Kinshasa-Kigali-Monusco et celui des experts de l’ONU déployés à l’Est de la RD-Congo et à l’Ouest du Rwanda ne laissent aucun doute.

Tout repart le 1er avril 2012 quand le commandant Saddam et une poignée d’ex-combattants CNDP intégrés au sein des FARDC à la suite des accords de mars 2009 font défection. Ces premières désertions coïncident avec d’autres à Goma, Beni, Rutshuru, Kiwanja… au Nord-Kivu, ainsi qu’à Fizi, Kalehe et Uvira, au Sud-Kivu. Les faits sont bizarrement loin d’être isolés. Leur étrange simultanéité pousse l’état-major général des FARDC et les services RD-congolais à soupçonner l’existence non seulement d’une coordination unique du mouvement mais -aussi et surtout d’une main noire. Des détails viennent renforcer cette appréhension. Le mode opératoire est identique: désertion suivie d’une mutinerie. Les acteurs sont les mêmes: des ex-soldats CNDP. Leurs meneurs sont à majorité issus d’une même communauté: tutsie.

Les insurgés agissent bel et bien sous les ordres du général Bosco Ntaganda! Depuis le retrait, suite à un accident d’avion, du général Amuli, le commandant des opérations militaires dans les deux Kivu, Ntaganda, son second, était resté seul maître à bord. Il avait la main sur les troupes, la logistique et l’administration militaire. Depuis que la CPI a relancé le mandat d’arrêt international sous le coup duquel il vit depuis août 2006, il a pu s’organiser pour déplacer un important stock d’armes dans sa ferme et dans d’autres endroits sûrs. Simultanément, Ntaganda organise des réunions secrètes à Goma au cours desquelles il demande soutien et protection de la part de son dernier carré de fidèles. C’est sur ses instructions que la mutinerie est lancée sur plusieurs fronts.

Mais Ntaganda n’est pas seul! Il a ses patrons! Il a de nombreux et puissants appuis extérieurs!

Les autorités militaires RD-congolaises affirment détenir les preuves de l’apport des membres de la famille biologique de Ntaganda dans l’achat au Rwanda et l’acheminement des médicaments au front, dans les Kivu. Elles sont également en mesure de prouver que le colonel Ruzangiza, alias Sultani Makenga, et ses 60 compagnons ont été aidés par la marine rwandaise pour traverser la Ruzizi, à Bukavu, et gagner Cyangungu. Selon les témoignages de trois proches de Ruzangisa, capturés à Jomba par les FARDC, les autorités de Kigali auraient mis à leur disposition des tenues des RDF, qu’ils ont du reste portées avant de rentrer en RD-Congo via la frontière de Kigini.

Les autorités militaires RD-congolaises rapportent également les témoignages de l’adjudant des Forces rwandaises de défense -RDF en anglais- Etienne Ntakirutimana qui, selon sa propre déposition quelques heures après sa capture à Mbuzi, est arrivé à Runyonyi début mai pour «préparer l’arrivée des mutins». Ntakirutimana a indiqué que son groupe, initialement composé de 80 éléments, a obtenu un renfort de 150 soldats RDF le 9 juin, affirmant que ces hommes sont issus de la 305ème Brigade des RDF commandée par le général Gashahiza. Ce dernier a envoyé en mission en RDCongo un bataillon dirigé par l’ex-FAR Modeste.

Désormais, la RD-Congo réclame trois signaux forts de la part de la Communauté internationale: la publication du rapport des experts de l’ONU sur la mutinerie et de tous ses annexes, une condamnation publique ferme de Kagame et des sanctions exemplaires contre le Rwanda.

De l’avis des experts onusiens, c’est le général James Kabarebe en personne qui supervise les opérations de la nébuleuse appelée M 23 dans la partie Est du pays, avec la collaboration du chef d’Etat-major des forces de défense (armée rwandaise), Charles Kayonga, et du général Jacques Nziza, conseiller militaire du président Paul Kagame.

La République Démocratique du Congo fait ainsi face non pas à une rébellion, comme cela apparaissait jusque-là, mais bel et bien à une agression du Rwanda, conduite par des officiers et soldats rwandais camouflés sous le label du CNDP du général Bosco Ntaganda, un sujet rwandais déjà démasqué comme tel par la Cour Pénale Internationale.

Ce qui se passe au Nord-Kivu répond à un schéma planifié de déstabilisation des institutions de la République Démocratique du Congo et de la balkanisation de son territoire. Le maître d’oeuvre de ce plan machiavélique n’est autre que le voisin rwandais.

Le M.23 (Mouvement du 23 mars 2009) est une simple diversion du général Bosco Ntaganda, qui fait croire à l’émergence d’un nouveau mouvement rebelle au Nord-Kivu alors que, en réalité, on a affaire à un même groupe armé relevant du CNDP, c’est-à-dire du commandement du général précité, lui-même téléguidé par ses maîtres planqués à Kigali.

Hier, c’était l’armée du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie) qui servait de parapluie aux militaires rwandais ayant infiltré les FARDC depuis l’époque de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo). Aujourd’hui, ce rôle est tenu par le CNDP (Conseil National pour la Défense du Peuple). Lorsque l’on fait état des défections en cascade au sein des troupes loyalistes basées au Nord-Kivu et même au Sud-Kivu, il s’agit en réalité du retour des militaires rwandais, qui se faisaient passer pour des Congolais, dans leur milieu naturel.

L’étiquette M.23 a été inventée pour permettre aux infiltrés rwandais intégrés dans le passé au sein des FARDC et n’ayant pu suivre immédiatement Ntaganda dans sa fuite vers le parc de Virunga, de justifier leurs vraies-fausses défections et de couvrir, par ricochet, les renforts en hommes, armes, munitions et argent venus du Rwanda. En somme CNDP et M.23, c’est blanc bonnet et bonnet blanc.

Ce qu’il y a lieu de relever aussi et qui constitue un fait gravissime, c’est la découverte de la véritable identité de celui qui était intégré au sein de l’armée nationale sous l’identité de Sultani Makenga. Ce faux Congolais positionné pendant longtemps comme officier supérieur des FARDC au Sud-Kivu, est un sujet rwandais connu sous l’identité de Ruzangiza. On avait déjà noté que, tout au long de son séjour à Bukavu, il était toujours entouré d’une forte garde rapprochée évaluée à 60 hommes, tous rwandais. Ruzangiza est devenu, sans transition, Makenga, un nom dont les origines pouvaient faire penser à un Katangais ou à un Kasaïen. Resté en contact permanent avec Bosco Ntaganda, il est parti avec ses 60 gardes pour le «front» du Nord-Kivu, exfiltrés à bord des vedettes venues du Rwanda.

L’on apprend aussi que les militaires rwandais capturés par les FARDC et qui prétendaient avoir été recrutés au Rwanda par un gardien de vaches du nom de Sibomana, étaient en fait des éléments destinés à la brigade du général rwandais Gashahiza, dont les troupes sont particulièrement visibles au «front» de Runyoni.

Après avoir été chassés de la ferme de Bosco Ntaganda à Mushaki par les FARDC et pris le chemin du parc de Virunga, les combattants rwandais qui étaient avec lui avaient dû prendre langue avec le commandant des FDLR, un certain Mandefu, qui les a guidés à travers sentiers, monts et vallées, pour leur permettre de fuir jusqu’au Rwanda, car ne connaissant pas le chemin du retour. A propos de Mandefu, il est fiché comme le principal fournisseur de Bosco Ntaganda en minerais (diamant, or, coltan, cassitérite), contre espèces sonnantes et trébuchantes mais aussi armes et munitions. Puiser dans les stocks d’armes des FARDC pour satisfaire aux demandes du chef militaire des FDLR était un jeu d’enfant pour ce général rebelle, car, à l’époque, il disposait de pleins pouvoirs en sa qualité de numéro 2 du Programme «Amani leo» au Nord-Kivu. Paul Kagame et ses lieutenants, qui ont transformé les FDLR en fonds de commerce, devraient expliquer aux Congolais comment leurs militaires traqués par les FARDC se sont, pour sauver leur peau, adressés au commandant de ce groupe armé considéré comme une menace permanente pour leur régime et leur pays.

On a appris aussi que les autorités rwandaises se sont organisées pour renvoyer en RDC, soit sous le label des FDLR, soit sous celui du CNDP, d’ex-miliciens Interhamwe démobilisés et rapatriés par la Monuc ou la Monusco. L’objectif visé est de s’en débarrasser sans frais, en le renvoyant au Kivu, soit pour mourir au «front», soit pour exécuter de basses besognes en RDCongo, soit pour prêter main-forte aux micro-rébellions fabriquées à cycles réguliers. L’agression dont la RDC est victime de la part du Rwanda vient ainsi de révéler que le mouvement rebelle rwandais présumé anti-Kagame, les FDLR, est commandé au doigt et à l’oeil par James Kabarebe, le ministre rwandais de la défense.

Les Congolais doivent plus que jamais se montrer vigilants pour sauver le Congo, présentement en grand danger d’être déstabilisé par le Rwanda.

4. LA PUBLICATION DU RAPPORT DE L’ONU

Le 21 juin, les experts de l’ONU ont présenté leur rapport sur la situation en RDCongo. Comme prévu, la partie concernant les soutiens extérieurs à la mutinerie du M23 n’a pas été rendue publique, mais le document fourmille d’informations et de détails.

Amputé de son annexe concernant l’aide extérieur dont bénéficieraient les mutins du M23, le rapport controversé des experts des Nations unies concernant la situation en RDCongo a été rendu public le même 21 juin. Aucune trace donc des preuves dont disposeraient les experts de l’ONU sur le soutien présumé de trois des plus hauts responsables rwandais de la Défense à la mutinerie. Les origines, la composition du M23 comme les conséquences de la mutinerie sont cependant détaillées dans le rapport.

Quelles sont les origines de la mutinerie ?

La crainte du général tutsi Bosco Ntaganda d’une arrestation imminente, comme celle de plusieurs ex-commandants du CNDP de «perdre les privilèges attachés à leurs fonctions et à leurs déploiements» sont les principaux moteurs de la mutinerie, explique le rapport. Profitant de la pression internationale autour du cas Ntaganda, Kinshasa voulait «affaiblir les chaînes de commandement parallèles maintenues au sein des FARDC par d’ex-soldats du CNDP depuis les accords de 2009, (…) et mettre fin au traitement préférentiel des anciens officiers du CNDP dans les Kivus », précise le document. Une série de réformes et de redéploiements étaient envisagés et ont été explicités aux officiers lors d’un séminaire organisé en mars. C’est après cet exposé des réformes envisagées que la première mutinerie a été déclenchée dans le Sud-Kivu par Bosco Ntaganda.

Le rapport affirme que si le colonel Makenga «a joué un rôle plus discret au début de la mutinerie, (…) », il a rapidement rejoint le général Ntaganda avant mai et la création du M23. Selon les FARDC et d’anciens officiers du CNDP, «en plus d’assurer le commandement de la mutinerie dans la Sud-Kivu, le colonel Makenga avait aussi prêté main forte aux mutins dans le Nord-Kivu».

Et d’expliciter l’imbrication des deux mutineries: «Selon d’anciens officiers du CNDP, le colonel Makenga, tout en cherchant à établir une distinction claire avec les problèmes liés au mandat d’arrêt visant le général Ntaganda, avait orchestré la mutinerie afin d’obliger le gouvernement à renoncer au redéploiement des officiers du CNDP dans d’autres provinces et à les maintenir à des postes de commandement dans l’armée. Le colonel Makenga s’inquiétait de la passation de pouvoir au sein du CNDP si le général Ntaganda était écarté, et il craignait que le gouvernement n’impose le colonel Gahizi à la tête de l’ancien groupe armé».

Quels soutiens et financements pour la mutinerie ?

Le rapport fait état de contacts entre le M23 et l’ancien commandant du CNDP, le général Laurent Nkunda, actuellement en résidence surveillée ( ?) à Kigali. «Des responsables politiques du Nord-Kivu et d’anciens officiers du CNDP ont indiqué que le général Nkunda avait encouragé les chefs du CNDP dans les deux Kivus à abandonner leurs postes et à rejoindre le M23», peut-on lire.

Les mutins auraient financé leurs opérations en détournant les soldes de plusieurs unités et d’autres sommes allouées à l’armée, en cambriolant plusieurs banques, et par la mise en place de taxes sur les civils et marchandises.

Le M23 accusé d’enrôler les enfants-soldats ?

«Le groupe confirme que les commandants du M23 dans le Nord-Kivu ont recruté de nombreux enfants comme porteurs et combattants en avril et en mai 2012». Le rapport fait état de plusieurs témoignages de jeunes enrôlés de force par les mutins.

Quelles conséquences de la mutinerie sur les FDLR ?

Selon le rapport de l’ONU, «du fait de la suspension des opérations dirigées contre elles», les FDLR ont profité de la mutinerie pour regagner un certain nombre de positions «évacuées par les FARDC», qu’ils avaient perdu à la fin de 2011 et au début de 2012, à la suite des actions menées conjointement par la Monusco et l’armée congolaise.

Le 25 juin, le Rwanda a formellement démenti auprès de l’ONU les accusations de la RDC, selon lesquelles Kigali soutient les rebelles dans l’est du pays. La ministre des Affaires étrangères rwandaises Louise Mushikiwabo parle d’une «guerre des mots» destinée à faire du Rwanda le bouc émissaire des problèmes de la RDC.

La ministre rwandaise des Affaires étrangères est venue à l’ONU dénoncer une campagne de désinformation. Le Rwanda, dit-elle, ne soutient aucun groupe armé dans l’est de la RDC et dément la présence de soldats rwandais aux côtés des rebelles du M23.

Louise Mushikiwabo affirme: «D’un côté et de l’autre de la frontière, on ne peut pas dire qui est Rwandais et qui ne l’est pas. Il y a des gens qui parlent la même langue. Trouver des gens qui parlent la langue du Rwanda dans cette partie du Congo est tout à fait normal». Une guerre des mots, dit Louise Mushikiwabo, qui conduit à des actes de violence: «Dans certains médias proches du gouvernement congolais, on parle de traquer les Rwandais et tuer les Tutsis. Cela nous rappelle la rhétorique de 1994 avant le génocide et le Rwanda surveille de très près ce genre de déclarations».

Comme il sait bien le faire, le Rwanda cherche aujourd’hui à se dédouaner, devant le Conseil de sécurité des Nations unies, de tous les crimes qu’il a commis et qu’il continue à commettre en République démocratique du Congo. Il espère obtenir gain de cause, en brandissant l’argument qu’il chérit le plus, celui du génocide qui, depuis 1994, passe pour son fonds de commerce chaque fois que l’on dénonce ses crimes en RDCongo.

Le 27 juin, dans un communiqué, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a affirmé qu’il est «profondément regrettable» que «la frénésie médiatique» à propos de l’implication présumée du Rwanda dans la rébellion en cours à l’Est de la RDC ait abouti à la publication d’un rapport d’étape des Nations unies sur le sujet. «C’est un document préliminaire partial, fondé sur des conclusions partielles et il doit encore être vérifié», a-t-elle ajouté.

«Nous avons l’intention de fournir des preuves factuelles que les accusations contre le Rwanda son fausses», a indiqué la ministre, en exprimant l’espoir que les réfutations rwandaises figureront dans le rapport final de l’ONU, attendu pour novembre.

5. DES DÉCLARATIONS AU NIVEAU INTERNATIONAL

Le 25 juin, le Conseil des Affaires étrangères de l’Union Européenne (UE) réuni à Luxembourg a adopté les conclusions suivantes:

«1. L’UE suit avec préoccupation la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). L’UE condamne la mutinerie et la reprise des combats dans la province du nord Kivu. Elle appelle tous les pays de la région à coopérer activement avec les autorités congolaises en vue de démobiliser le groupe M23 et tous les autres groupes armés. L’Union s’inquiète des récentes informations de soutien extérieur aux mutins en contravention avec le régime des sanctions du Conseil de Sécurité des Nations unies. Elle demande que les informations dignes de foi fassent l’objet d’une enquête circonstanciée.

2. L’UE enjoint les partenaires de la région, en particulier la RDC et le Rwanda, à poursuivre le dialogue et ce afin de mettre fin au plus vite à la violence et établir une solution politique durable».

Le 25 juin, commentant la situation dans l’Est de la République démocratique du Congo, le ministre britannique pour l’Afrique, Henry Bellingham, a déclaré: «Le gouvernement du Royaume-Uni est de plus en plus préoccupé par la situation qui prévaut dans l’Est de la République démocratique du Congo, en particulier par les allégations du soutien étranger apporté aux rebelles du M23. À ce propos, le Royaume Uni affirme, haut et fort, qu’aucun Gouvernement étranger ne devrait soutenir le M23 ou tout autre groupe armé».

Le 26 juin, le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, a rencontré le ministre belge des affaires étrangèrs, Didier Reynders, à Bruxelles. S’agissant du soutien du Rwanda a la mutinerie du M 23, le ministre belge déclare avoir envoyé des «messages très clairs» à Kigali sur le fait que les mutins ne devaient bénéficier d’aucune aide externe et que le Rwanda devait être «une partie de la solution et non du problème». Car, poursuit-il, «il est question de privilégier le dialogue avec Kinshasa et de démontrer par des preuves qu’il ne soutient pas les mutins». Didier Reynders souhaite que cette volonté de dialogue prévale entre la RD Congo et le Rwanda afin de régler durablement la problématique de la mutinerie au Nord-Kivu.