SOMMAIRE:
ÉDITORIAL: Insécurité, maffia et «minerais de sang»
1. KIVU
a. Les groupes armés ont repris les attaques
b. L’insécurité
c. Nouvelles opérations contre les groupes armés
d. Interprétations différentes
e. La cause d’un échec
2. LE COMMERCE FRAUDULEUX DES «MINERAIS DE SANG»
a. Un livre sur le parcours de la cassitérite
b. Silence. On continue à piller et à tuer dans l’Est de la République démocratique du Congo.
c. Un arrêté ministériel portant mise en œuvre du Mécanisme régional de certification des ressources naturelles
d. La liste des 85 compagnies officiellement désignés par les Nations Unies dans le pillage des minerais congolais
ÉDITORIAL: INSECURITE, MAFFIA ET «MINERAIS DE SANG»
1. KIVU
Le 3 mars, la représentante spéciale adjointe du secrétaire général de l’Onu en RDC en charge des questions des droits de l’Homme, Leila Zerrougui, au terme d’une mission effectuée dans les territoires de Kaniro, Masisi et Walikale (Nord Kivu) s’est dite préoccupée par la résurgence de l’activisme des groupes armés, étrangers et locaux, et par le déplacement des populations qui in dérive.
En effet, ces groupes armés étaient restés relativement calmes pendant le long processus électoral congolais de la fin 2011. Mais sitôt, les élections terminées, ils ont repris les attaques.
Parmi les groupes armés étrangers, on peut citer les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), l’Armée de Résistence du Seigneur (LRA) et l’Alliance des Forces Démocratiques (ADF) provenant de l’Ouganda. Parmi les groupes armés nationaux, on peut citer, entre autres, l’Alliance des Patriotes pour un Congo Libre et Souverain (APCLS), les Maï Maï Yakutumba (Forces armées alléluia), les Nduma Défense du Congo (Maï Maï Sheka), les Maï-Maï Raïa Mutomboki, les Maï-Maï «Guides», la Force de la Défense Congolaise (FDC).
a. Les groupes armés ont repris les attaques
Le 25 décembre 2011, les Maï-Maï «Guides», une nouvelle milice congolaise opérant dans l’Est de la RDC, se sont affrontés avec les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) à Ntoto, une localité située à plus de 100 km au nord-ouest de Goma, dans le groupement Waloa Uroba, à l’est du territoire de Walikale au Nord-Kivu. Quatre éléments des FDLR, trois civils et un milicien Maï-Maï du groupe Guides ont trouvé la mort au cours de ces affrontements.
Le 30 décembre, cinq personnes ont été tuées lors des attaques de 3 villages (Ngenge, Kanyati, Buhimba) du groupement Waloa Yungi, dans le territoire de Walikale (Nord-Kivu), par des éléments des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Selon des membres de la société civile locale, ces rebelles Rwandais sont venus déloger les forces d’autodéfense appelés Guides qui avaient pris le contrôle de ces localités.
Dans les nuits du 1er au 2 janvier et du 3 au 4 janvier dans le territoire de Shabunda, dans la province du Sud-Kivu, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ont lancé deux attaques, au cours desquelles au moins 26 personnes ont été tuées et 13 autres blessées. « La première attaque a visé la chefferie de Luyuyu et a causé la mort de 18 civils, et six maisons ont été incendiées. La deuxième attaque, dans la localité de Ngolombe, a fait huit morts », a déclaré le colonel Sylvain Ekenge, porte-parole des opérations militaires Amani Leo pour les Nord et Sud Kivu. D’après des associations des droits de l’Homme citées par la radio Okapi, parrainée par l’ONU, le bilan s’élève à une quarantaine de morts.
Ces associations des droits de l’homme rapportent qu’à Luyuyu les assaillants ont tué trente personnes parmi lesquelles une femme enceinte éventrée dont le bébé a été jeté. Huit autres personnes auraient été tuées à Ngolombe. Le chef du village de Kishenya a, lui, été décapité. Les assaillants auraient aussi pillé des vivres et des médicaments dans un dépôt de l’association «Action Solidarité». Les assaillants auraient aussi déclaré que ces tueries sont des représailles contre les populations civiles qu’ils accusent de collaborer avec les forces d’autodéfense locale dénommées «Raia Mutomboki», des jeunes du territoire de Shabunda qui se sont organisés en groupe d’autodéfense pour combattre les FDLR qu’ils considèrent comme des étrangers occupant leur territoire.
Le 6 janvier, des échanges des tirs entre les Forces armées de la RDC et les miliciens Maï-Maï Guides ont fait 10 morts à Ufamandu 1er, à 42 Km au nord-est de la cité de Minova, dans le Nord Kivu. Parmi les morts, 6 sont des militaires FARDC et 4 des Maï-Maï.
Entre le 1er le 4 mars, trente-six personnes ont été tuées lors d’une attaque attribuée à la milice Raïa Mutomboki, dans trois villages près d’Ekingi dans le territoire de Kalehe (Sud-Kivu). Selon un communiqué du commandement de l’opération Amani Leo, trente et un Rwandais dépendants des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), deux civils Congolais et trois éléments Raïa Mutomboki ont été victimes de ces tueries.
Le communiqué du commandement de l’opération Amani Leo précise que les éléments de Maï-Maï Raïa Mutomboki venus de Kalonge ont tué des personnes civiles non armées à coup de machettes et par balles dans les localités de: Ngunda, Muhinga et Muhombe.
À Muhombe, le chef de localité a été tué avec douze dépendants des FDLR qui étaient logés chez lui. Tous étaient candidats volontaires au rapatriement.
À Muhinga, ils ont tué 11 dépendants des FDLR et une Congolaise mariée à un FDLR. À Ngunda, ils ont tué 8 autres dépendants FDLR. En représailles, les FDLR ont tué trois éléments Raia Mutomboki en fuite vers Kalonge après ces massacres. Les miliciens de «Raia Mutomboki», organisés en groupe d’autodéfense, effectuent régulièrement des raids contre les rebelles des FDLR, considérés comme une force d’occupation étrangère.
b. L’insécurité
Le 1er mars, neuf représentants d’organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé le fait que pas moins de 300 personnes ont été assassinées au cours des 12 derniers mois dans la province du Sud-Kivu (Est), soit une moyenne de 25 par mois. C’est le directeur de la Caritas de Bukavu qui a personnellement remis la plainte des organisations au ministre de l’Intérieur, Etienne Babunga, qui assure actuellement les fonctions de gouverneur du Sud-Kivu dans l’attente des élections locales.
La détérioration de la situation sécuritaire s’inscrit dans le cadre de la reprise des agissements de “forces négatives” étrangères et locales et de certains militaires indisciplinés des FARDC. Les organisations de défense des droits de l’homme et les mouvements de la société civile appellent les autorités nationales et locales à ouvrir une enquête sur les violences qui affectent le Sud-Kivu.
“Nous sommes consternés par l’impunité, la violence contre des civils innocents et l’absence totale de valeurs. Nous sommes étonnés par les énormes sommes d’argent versées dans des opérations militaires pour renforcer la sécurité alors que des meurtres, des viols, des enlèvements, des vols et des bagarres se vérifient chaque jour”, s’était insurgé un leader de la société civile locale en janvier dernier.
L’insécurité a élu domicile à Beni et Lubero aussi, dans la province du Nord-Kivu. Conséquence: les habitants de ces contrées ne savent plus vaquer paisiblement à leurs occupations principales, à savoir les activités champêtres. Les champs sont envahis essentiellement par des militaires issus de l’ex-composante rebelle, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) que les autochtones identifient comme des Rwandais. Ils commettent toutes sortes d’exactions dans l’impunité totale. Ils se servent à volonté dans les champs, violent, tuent et enlèvements. Cela au vu et au su des autorités tant civiles que militaires. Les cultivateurs sont privés de produits de champs qu’ils ne savent pas aller récolter par peur de tomber dans l’embuscade de ces militaires.
De véritables hors-la-loi se comportent en territoire conquis. En plus de champs devenus leurs propriétés, les habitations ne sont pas épargnées: chèvres, poules, argent et autres objets de valeur sont emportés. Non sans se délecter du viol de femmes. Ils n’hésitent pas également à procéder à des rafles pour les hommes qui osent protester. Ces militaires leur collent alors l’étiquette de rebelles ougandais de l’ADF/Nalu, les enlèvent ou les liquident carrément.
Dans les localités situées loin de villes, ces hors-la-loi prennent d’assaut les écoles dès la tombée de la nuit pour se trouver un logis. Lieux qu’ils quittent avant l’arrivée des élèves. On peut se demander dans quel état laissent-ils ces établissements scolaires. Surtout, quand on sait qu’ils ne sont pas des enfants de chœur.
c. Nouvelles opérations contre les groupes armés
Le 15 février, une opération conjointe Forces armées de la RDC/Monusco, baptisée «Amani Kamilifu» (Paix parfaite) et menée pour traquer les rebelles hutus des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), a débuté dans les territoires de Shabunda, Mwenga, Kalehe et Kabare (Sud Kivu). Cette opération a pour objectif d’obliger les rebelles rwandais à consentir à un rapatriement dans leur pays d’origine. Selon des sources proches des FARDC, «Amani Kamilifu» constitue une réponse à diverses attaques récentes de ces combattants contre les populations locales qui se déplacent en masse, fuyant l’insécurité. L’opération a commencé par des missions de surveillance et de reconnaissance aérienne des zones où opèrent les FDLR pour collecter des informations. Des messages ont été lancés notamment dans les médias locaux pour demander aux FDLR de participer au processus de rapatriement volontaire.
Selon l’accord passé avec les FARDC et la Monusco, la mission onusienne va apporter son soutien aux militaires congolais qui vont, eux, mener des actions sur terrain.
Des composantes civiles de la Monusco ainsi que les sections des droits de l’Homme, de la protection de l’enfant et des affaires civiles vont aussi participer à l’opération Amani Kamilifu.
Ces composantes travaillent ensemble pendant ces opérations pour parer à toutes les conséquences qui découleraient des affrontements et alerter les humanitaires pour une assistance éventuelle.
Le 21 mars, le porte-parole militaire de la Monusco, le lieutenant-colonel Félix Prosper Basse, au cours d’un point de presse hebdomadaire à Kinshasa, a annoncé que la Force de la Monusco et les FARDC ont lancé, dernièrement, une opération dénommée «coup de foudre» («Radi Strike»), dans le Nord-Kivu. Objectif: combattre l’insécurité entretenue par les forces négatives, les FDLR en particulier, encore actives dans cette province de l’Est de la RDC.
d. Interprétations différentes
L’agence Fides du Vatican dénonce ouvertement le dessein de vider les deux Kivu de leur population par des campagnes militaires de façade qui touchent plus les populations locales que les prétendues forces négatives.
«On ne sait pratiquement rien de l’opération «Paix Parfaite» lancée voici quelques semaines dans le Sud Kivu et désormais étendue au Nord Kivu» indique à l’Agence Fides une source de l’Eglise locale de l’est de Bukavu, capitale du Sud Kivu. Les deux Kivu sont des provinces orientales de la République démocratique du Congo, situées à la frontière avec le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda sur le territoire desquelles, depuis au moins 20 ans, sévissent différents groupes armés, certains locaux et d’autres d’origine étrangère. Parmi ceux-ci, se trouvent les FDLR (Forces démocratiques de Libération du Rwanda), les Mai-Mai et l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony.
Périodiquement, les forces armées congolaises (FARDC) lancent des offensives militaires dont le but officiel est de donner la chasse à ces groupes, réunis sous l’appellation de «forces négatives». Les FARDC bénéficient au coup par coup l’appui des Casques bleus de la Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO) et des forces armées des pays voisins. Dans le cas de l’opération «Paix Parfaite», il semble que les FARDC opèrent seules, avec l’appui logistique des troupes de l’ONU.
«Aucun journaliste ne suit directement ces offensives militaires qui sont désormais périodiques. En l’absence de nouvelles indépendantes, les autorités congolaises et de l’ONU nous racontent ce qu’elles veulent» affirme la source de Fides. «On n’a pas de nouvelles d’affrontements les entre forces congolaises et les rebelles mais il est certain que ces opérations militaires vident ces zones de leur population, probablement pour y installer quelqu’un d’autre à sa place». Selon ce qu’indique une correspondance du quotidien britannique «The Guardian», l’opération «Paix Parfaite» a contraint environ 100.000 civils à évacuer leurs villages. Un chiffre que notre source considère comme crédible. «L’armée congolaise fait du théâtre avec la complicité de la MONUSCO sous prétexte de réprimer les groupes rebelles tels que les FDLR alors qu’est en cours de mise en place un dessein stratégique visant à vider les deux Kivu de leur population pour en mettre une autre à sa place», conclut la source de Fides.
Depuis plus de deux mois, il y a des affrontements entre les Fardc et les rebelles Hutu rwandais dans plusieurs villages de Walikale, Masisi et Rutshuru avec des effets collatéraux sur les populations civiles. Malheureusement, ces opérations ciblées risquent fort de provoquer une catastrophe humanitaire, car des mesures d’accompagnement et d’assistance des populations déplacées ne sont pas prises au même moment.
Selon un article de Marcellin Solé, consultant auprès du Bureau d’Etudes et de Développement (BED), il est difficile de penser déstabiliser les groupes armés étrangers, les FDLR rwandaises et l’ADF ougandaise, à travers des opérations conjointes Fardc-Monusco, d’autant plus que certains soldats congolais, sous payés et mal équipés, ont souvent collaboré avec eux.
Par conséquent, les services américains ont mis au point une série de mesures techniques capables d’éradiquer le danger aux frontières respectives de leurs alliés de la région, le Rwanda et l’Ouganda. Pour ce faire, il a été prévu d’initier des opérations d’infiltrations et d’actions clandestines afin de:
– Promouvoir le renseignement et sa coordination afin d’aboutir à une connaissance aussi précise
des éléments sur terrain
– donner la priorité à l’élimination de la subversion politico-militaire (liquidation des chefs
présumés de ces milices et rébellions)
– n’entamer une campagne militaire que sur des bases et des renseignements solides
Ces opérations devraient, en principe, être menées par les soldats gouvernementaux.
Malheureusement l’inexistence d’une armée républicaine en RD Congo a donné l’occasion aux pays voisins, surtout le Rwanda et l’Ouganda, d’organiser eux-mêmes des actions ponctuelles sur le sol congolais, en vue de neutraliser le danger près de leurs frontières avec la RDCongo.
Compte tenu de l’urgence et surtout de cette situation inquiétante de non-Etat qui prévaut actuellement en RD Congo, les voisins de l’Est ont décidé de prendre les choses en main, en mettant en place des opérations ponctuelles, grâce à des forces de frappe mobiles capables d’atteindre des cibles précises. Il s’agirait d’actions de renseignements dans la profondeur des lignes ennemies, en vue de porter des coups ciblés et contrôlés, limités dans le temps, sur les points névralgiques de l’adversaire. Ce qui implique des équipes réduites, capables d’user graduellement de la violence directe ou à travers des collabos manipulés, en ayant systématiquement recours à la ruse et au secret.
Il y a quelques temps, les populations du Nord-Kivu parlaient d’infiltrations nocturnes des soldats de l’armée rwandaise sans que l’on sache exactement leur objectif et le temps qu’ils mettraient sur le sol congolais. Il s’agissait, en effet, d’actions surprises menées par des forces spéciales rwandaises contre des chefs rebelles des FDLR.
Dans le Nord-Est aussi de la RDCongo, les services américains sont à pied d’œuvre pour récolter un maximum de renseignements sur les mouvements et les capacités militaires des LRA, en vue de coordonner des opérations à mener par des équipes mobiles de l’armée ougandaise.
e. La cause d’un échec
Il y a plus de 15 ans que les rebelles Hutu rwandais ont élu domicile dans les provinces du Kivu et y font la loi depuis qu’ils avaient collaboré avec les régimes Kabilistes. Ils s’y sont incrustés socialement et durablement en se mariant à des congolaises avec lesquelles ils ont eu de nombreux enfants. Bien structurés, ils ont su exploiter les richesses de la région pour s’alimenter en armes/munitions et ils ont mis en place une organisation pour la sécurisation et l’administration des populations. En l’absence d’un pouvoir politique suffisamment fort, ils se sont comportés en conquérants, en s’alliant à certains groupes armés locaux pour s’attirer la sympathie des autochtones. Avec le temps, l’Est du pays est donc devenu un bastion de miliciens et rebelles, étrangers et nationaux, soutenus par des réseaux internationaux d’achat/vente des minerais congolais.
Nombreux sont ceux qui se demandent comment un groupe armé, les FDLR, présent sur le territoire congolais depuis 1994 et frappé de longue date par un embargo d’armes et de munitions, peut-il parvenir à renouveler son arsenal de combat. A la lumière du dernier rapport des Nations Unies, il ne fait plus l’ombre d’un doute que ce groupe armé rwandais bénéficie de parapluies protecteurs, aussi bien à Kinshasa, Kampala, Kigali, Bujumbura qu’en dehors du continent africain. La partie Est de la République Démocratique du Congo se trouve manifestement sous la coupe d’un vaste réseau maffieux. Toutes les opérations militaires menées contre ce mouvement rebelle, dans le dessein de le décapiter, ont fait flop. La raison est bien simple: les FDLR servent d’écran au trafic illicite des minerais et des armes, au blanchiment d’argent sale, à l’enrichissement sans cause de certains responsables tant civils que militaires en RDC, en Ouganda, au Rwanda et au Burundi.
Dans l’environnement actuel où les FDLR bénéficient des soutiens divers dans les cercles des décideurs politiques et militaire à Kinshasa, Kampala, Kigali et Bujumbura, il serait illusoire de parler de leur démantèlement ou de leur rapatriement. La survie ou l’élimination de la rébellion rwandaise en terres congolaises dépend donc de la volonté de ses divers «parrains».
Quant aux armées rwandaises et ougandaises, associées plus d’une fois à l’armée congolaise dans des opérations mixtes de traque de ces rebelles rwandais, c’était trop leur demander que de les entraîner dans une entreprise destinée à liquider leur propre «fond de commerce» et celui de certains de leurs dirigeants politiques.
Dans ce cadre, on peut aussi soupçonner les troupes onusiennes de la Monusco de fermer les yeux sur les opérations maffieuses de pillages des ressources naturelles de la RDCongo.
Selon certaines informations en provenance de l’Est de la Rd Congo, le mouvement rebelle des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) est aujourd’hui contrôlé essentiellement par des Tutsi rwandais. Ce sont eux qui seraient les auteurs des massacres perpétrés contre les populations congolaises à l’Est, particulièrement au Sud et Nord-Kivu. L’objectif que visent les Tutsi serait de reprendre aux populations congolaises leurs terres.
Une question a été posée au porte-parole militaire de la Monusco pour confirmer ou infirmer l’information selon laquelle les Tutsi seraient aujourd’hui les maîtres du mouvement rebelle dénommé FDLR. Le lieutenant- colonel Félix- Prosper Basse a indiqué que «l’on avait relevé de temps en temps des accointances entre les Hutu rwandais et Congolais. Mais il ne saurait pas répondre avec précision si ce sont les Tutsi qui constituent aujourd’hui les éléments des FDLR» .
2. LE COMMERCE FRAUDULEUX DES «MINERAIS DE SANG»
Le 2 janvier, la police des frontières a saisi 600 kilos de cassitérite au poste frontalier de Goma (Nord-Kivu), appelé «la grande barrière» séparant le Rwanda à la République démocratique du Congo (RDC). Des sources proches de la Direction générale des douanes et accises (DGDA) ont affirmé que les services de l’Agence nationale des renseignements (ANR), de Détection militaire des activités anti-patrie (Demiap) et de la police des frontières sont impliqués dans la fraude minière dans cette province.
250 kilos de cassitérite avaient été saisis au mois d’août à la même frontière par la police. Le propriétaire de ces minerais tentait de les faire traverser frauduleusement au Rwanda à bord d’une jeep. Au mois de novembre 2011, le Rwanda avait remis à la RDC 81 365 Kg de minerais de cassitérite, de coltan et de wolframite. Ces minerais, en provenance du Nord-Kivu, ont été introduits frauduleusement au Rwanda depuis le mois d’avril avant d’être saisis par les services de sécurité de ce pays.
Selon un rapport présenté par l’ONG belge IPIS lors du dernier sommet du CIRGL, 2 tonnes d’or, soit 80% de la quantité produite en RDC, sont exportées frauduleusement, ce qui se traduit par une perte annuelle d’environ 122 millions de dollars pour le gouvernement.
a. Un livre sur le parcours de la cassitérite
Dans son ouvrage de 344 pages, Christophe Boltanski, grand reporter au Nouvel Observateur, a enquêté sur le parcours de la Cassitérite, principal composant de l’étain, l’un des minerais les plus disputés pour les téléphones portables, les MP3, les scanners, les imprimantes, les ordinateurs…
Ainsi, dans ce livre captivant et dense publié aux éditions Grasset, l’auteur montre que cette guerre qui depuis quinze ans secoue la région des Grands Lacs et l’Est de la RDCongo, en particulier et qui paraît si lointaine aux yeux des Occidentaux est, en réalité, liée à leur confort technologique et à leur image de la modernité.
La guerre n’est évidemment pas un hasard. Elle est motivée par l’exploitation des ressources du sous-sol congolais. Depuis le XIXe siècle, le Congo et ses immenses ressources suscitent toutes les convoitises. Il a toujours été considéré comme une terre de richesses à piller. Oui, la cassitérite, métal préféré de l’industrie de pointe, est à la fois le nerf et l’enjeu de cette guerre. Aujourd’hui, ce principal composant de l’étain en est le carburant. Et l’étain, facile à manipuler et à souder, excellent conducteur, est devenu un métal indispensable dans la composition d’innombrables objets électroniques dont les circuits imprimés rendent notre quotidien si confortable : PC, MP3, cellulaires, avion, voitures, PlayStation, hi-fi, radios, télévisions, décodeurs, scanners, imprimantes…, tout ce qui comporte d’électronique, toute notre modernité en contient une trace.
Or, l’occident est plus que jamais dépendant de ces matières premières.
Patiemment, j’ai remonté la filière. Le minerai est d’abord convoyé à vélo, ou à dos d’homme, par sac de 50 ou 60 kg, jusqu’à une petite localité, Walikale, où il est acheminé à Goma, capitale du Nord-Kivu, par avion. Concassé et pulvérisé, le minerai file ensuite au Rwanda. De Kigali, il part en camion vers Dar-es-Salaam. Puis, il est exporté en Malaisie dans la fonderie de Butterworth, qui raffine un huitième de la production mondiale, transforme la poudre d’étain en lingots argentés, étincelants, pur à plus de 99%. Ses plus gros clients: les fabricants de fils de soudure parmi lesquels le groupe allemand Henkel, célèbre géant lessivier.
Les creuseurs travaillent dans des conditions très difficiles : sous une chaleur hallucinante, ils doivent arpenter des tunnels toujours plus longs, les sacs de 50kg portés sur les épaules. Les risques qu’ils prennent pour gagner quelques francs congolais sont insensés. Parfois, ils ne gagnent rien quand leur exploitation est pillée par les hommes en armes ou qu’ils doivent trimer gratuitement sur les nouveaux filons, pas encore rentables. Les creuseurs sont presque tous endettés. C’est vraiment une forme d’esclavage.
Il est difficile de dire qui est responsable de ce nouvel esclavage, car chaque acteur peut facilement se décharger de ses responsabilités. Or, tout est préfinancé. Les négociants achètent les minerais avec l’argent des comptoirs, qui eux-mêmes en reçoivent du principal trader, Minerals Supply Africa, qui lui-même se fait préfinancer par la fonderie Malaysia Smelting Corporation. Donc, contrairement à ce qu’ils disent, ils savent tout à fait d’où vient le minerai.
Il faut que les gens prennent conscience que les produits électroniques qu’ils achètent ont un coût humain très élevé. Il faut une pression des consommateurs. On doit se battre pour qu’il y ait une vraie traçabilité des matières premières.
b. Silence. On continue à piller et à tuer dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Chaque jour qui passe apporte son lot d’exactions: vols, pillages, viols, tortures, extorsions, maltraitances, assassinats, massacres, plus particulièrement dans les deux Kivu. Cette zone d’insécurité échappe de plus en plus à l’Etat congolais. Il s’y est établi un vaste réseau de maffieux qui contrôlent les concessions minières. Il s’agit d’un réseau composé de chefs de groupes armés (étrangers et nationaux), d’officiers des FARDC, d’autorités politiques et administratives, d’intermédiaires, de commerçants et d’hommes d’affaires qui agissent en collaboration avec des complices basés dans les pays voisins (le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi, la Tanzanie, le Kenya). Voilà pourquoi la solution tarde à venir. Ce qui explique aussi que le Kivu est devenu un eldorado, un no man’s land.
Dans ces provinces, le coût de la production et de l’achat des minerais est moindre. On recoure à des creuseurs artisanaux qui travaillent pour le compte des groupes armés et de certains officiers de l’armée régulière, pour acheter à vil prix. On encourage cette exploitation artisanale entretenue par des groupes armés pour contourner la voie mécanique qui nécessite de gros investissements. Par contre, on vende aux prix de la bourse, réalisant ainsi des bénéfices plantureux.
Voilà ce qui explique le chaos congolais, car c’est dans le désordre que l’on organise de grands bénéfices. L’existence de réseaux maffieux est établie. La collusion des forces régulières congolaises avec les forces négatives, sans oublier celles des pays voisins, ne fait plus de doute. Le problème n’est plus congolais. Il devient régional et international.
«Tout le monde y gagne, sauf le peuple», se résignent à dire tous ceux qui dénoncent l’impunité dont semblent jouir à Kinshasa tous ceux qui sont impliqués dans la poursuite des conflits armés dans la Province Orientale ainsi qu’au Nord et au Sud-Kivu.
Le refus des chefs militaires de l’ancienne branche armée du CNDP (Conseil national pour la défense du peuple) d’être délocalisés de leurs bases du Kivu et la nomination de certains d’entre eux à de hauts postes de responsabilité au sein des FARDC ne rassurent point. Tout se passe comme si le CNDP y trouve son compte. En effet, leur attitude pourrait se justifier par les plantureux bénéfices qu’ils tirent de l’exploitation des zones minières, avec des complicités que l’Etat congolais doit identifier et sanctionner. Raison pour laquelle dans les propositions des grandes réformes de l’Etat, il est demandé que les «militaires quittent les concessions minières».
Mettre fin aux pillages et aux tueries dans l’Est de la RDC, c’est s’engager résolument à démanteler les réseaux maffieux, à rétablir l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays, à contrôler le circuit de commercialisation responsable des minerais. Dans le but de permettre au peuple congolais d’être le premier bénéficiaire de ses ressources naturelles.
Du pays «potentiellement» le plus riche du monde, la République démocratique du Congo (RDC) est devenue l’un des pays le plus pauvre de la planète qui vit aujourd’hui de l’assistance et aides humanitaires.
Selon différents rapports de la Banque mondiale et du PNUD, la fraude, la perméabilité ou la fluidité des frontières, la corruption généralisée à tous les niveaux, la dilapidation de l’actif, la fraude fiscale, le non respect des sanctions, le détournement des deniers publics, l’extorsion, la politique des pots-de-vin, n’ont fait qu’amenuiser les ressources de la RDC.
Les minerais congolais (cassitérite, coltan , or) peuvent être exportés et vendus sous un emballage étranger. C’est précisément ce qui se passe à l’heure actuelle. Les minerais provenant de la RDC se retrouvent au Burundi, au Rwanda, en Ouganda et en Tanzanie et c’est à partir de ces pays voisins du Congo qu’ils sont exportés vers l’Europe, la Chine, l’Asie et les Pays Arabes.
Dernièrement, c’est la société chinoise spécialisée dans l’étain, T.T.T. Mining, qui achète et exporte la plupart de la cassitérite congolaise négociée à Bukavu et Goma.
L’armée congolaise est profondément impliquée, alors que certains pays voisins sont peu disposés à quitter la RDC et à réduire leur influence sur le commerce de minerais pour des raisons de «sécurité».
Les actes illégaux concernant les ressources naturelles sont une manifestation de l’incapacité de l’Etat d’établir son autorité à travers son territoire. Les ressources qui ne sont pas sous le contrôle de l’Etat sont donc sujettes au pillage. Par conséquent, la protection des minerais contre le pillage est avant tout une question nationale. Le pillage ne cessera pas jusqu’à ce que ces ressources soient mises sous la protection de l’Etat congolais.
Ce qui se passe dans l’Est du Congo est le symptôme d’un malaise bien plus grand qui touche la RDC, à savoir l’absence d’une réelle autorité étatique. La RDC est un Etat dysfonctionnel par excellence. Il est vraiment le stéréotype d’un Etat africain riche en ressources mais dont la gouvernance laisse à désirer. Cela semble indiquer plusieurs problèmes, l’essentiel étant le concept de pouvoir et l’organisation de la société. Le gouvernement du président Kabila n’a pas été capable de réorganiser ni l’armée nationale, ni les services de sécurité, ni l’administration, en vue de protéger et réglementer le commerce des minerais stratégiques du pays. Par conséquent, toute initiative doit se concentrer sur la reconstruction de l’Etat congolais, étant donné qu’un Etat fort et compétent est la seule solution à long terme aux minerais de sang. Aucune législation étrangère ne mettra un terme au commerce des minerais de sang en l’absence d’un Etat congolais fonctionnel. Le Congo a besoin d’une autorité étatique crédible.
Selon divers rapports, des officiers des FARDC se livrent à ce commerce illégal des minerais. Soit en complicité avec leurs homologues rwandais, soit avec les rebelles rwandais, particulièrement les FDLR. Cette lutte contre le trafic illicite des minerais de sang ne peut porter des fruits que si sur le plan interne, les autorités congolaises prennent toutes les dispositions qui s’imposent et sanctionnent sévèrement tous ceux qui seront reconnus responsables de ce commerce illégal. Kinshasa a donc l’obligation morale, politique et judiciaire d’agir avec efficacité quand on sait que ce sont ces minerais qui sont les nerfs de la guerre et de l’insécurité dans la partie Est de la RDC, précisément dans les deux Kivu. Mais aussi dans la région de l’Afrique des Grands Lacs. Raison pour laquelle la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL, a décidé de la «certification des minerais de la région». Le dossier évolue positivement. Mais la RDC doit accélérer la mise en œuvre de ce processus.
c. Un arrêté ministériel portant mise en œuvre du Mécanisme régional de certification des ressources naturelles
Le 29 février, la RDCongo a pris un arrêté ministériel portant mise en œuvre du Mécanisme régional de certification des ressources naturelles approuvé par les chefs d’Etat et de gouvernement membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL, lors du Sommet spécial sur les ressources naturelles tenu à Lusaka, Zambie en décembre 2010. Cet outil, instrument de base de l’Initiative régionale sur les ressources naturelles (IRRN) permettra d’établir des normes appropriées relatives à la chaîne d’approvisionnement des minerais, y compris les dispositions sur la certification de l’origine, telles que l’étiquetage, le suivi, la supervision et la vérification des produits, ainsi que la mise en œuvre et le renforcement des capacités des acteurs directement impliqués dans le processus, et ainsi garantir que les minerais à exporter ne proviennent pas des zones en conflits, ou n’alimentent pas les groupes armés. Ce mécanisme déterminant pour l’avenir des populations de la région permettra de lutter contre l’exploitation illégale des ressources minières et le commerce illicite de ces minerais qui constituent l’une des causes fondamentales des conflits qui paralysent la région des Grands Lacs et plus particulièrement la RDC.
Cet effort de la RDC devrait marquer ainsi une réelle prise de conscience de cette exploitation illicite des «minerais de sang». Il s’inscrit également dans cette lutte destinée à neutraliser les forces négatives qui écument dans la région et qui, grâce à cette commercialisation irresponsable des «minerais de sang», disposent d’une «économie de guerre» qui leur permette de déstabiliser le Pays.
Il est vrai qu’au plan international, il y a lieu de signaler l’existence désormais de cette loi américaine, DODD-Franck qui s’inscrit dans le même contexte. Ainsi, les compagnies américaines ont l’obligation de mentionner, de préciser la provenance de leurs minerais et n’acheter que ceux des minerais certifiés. Une loi qui a déjà contraint certains négociants à revoir leurs calculs pour éviter de tomber dans les filets de la loi américaine.
Mais s’il est bon de prendre une décision, encore faut-il l’appliquer sans tergiversations. Car, tant que les groupes armés et les forces négatives continuent à bénéficier de quelques complicités, au niveau national, régional et international, la paix dans la région des Grands Lacs sera toujours un vœu pieux.
d. La liste des 85 compagnies officiellement désignés par les Nations Unies dans le pillage des minerais congolais
1. AFRICAN TRADING CORPORATION Sarl, SOUTH AFRICA
2. AFRIMEX, United Kingdom
3. AHMAD DIAMOND CORPORATION, BELGIUM
4. A.H. PONG & Sons, SOUTH AFRICA
5. A. KNIGHT INTERNATIONAL Ltd, United Kingdom
6. A & M MINERALS and METALS Ltd, United Kingdom
7. ALEX STEWART Ltd (Assayers), United Kingdom
8. AMALGAMATED METAL CORPORATION Plc, United Kingdom
9. AMERICA MINERAL FIELDS (AMFI), USA
10. ANGLO AMERICAN Plc, United Kingdom
11. ANGLOVAAL MINING Ltd, SOUTH AFRICA
12. ARCTIC INVESTMENT, United Kingdom
13. ASA DIAM, BELGIUM
14. ASA INTERNATIONAL, BELGIUM
15. ASHANTI GOLDFIELDS, GHANA
16. AVIENT AIR, ZIMBABWE
17. BANRO CORPORATION, SOUTH AFRICA
18. BARCLAYS BANK, United Kingdom
19. BAYER A.G., GERMANY
20. B.B.L. Banking, BELGIUM
21. BELGOLAISE, BELGIUM
22. CABOT CORPORATION, USA
23. CARSON PRODUCTS, SOUTH AFRICA
24. CHEMIE PHARMACIE NETHERLANDS, HOLLAND
25. COGECOM, BELGIUM
26. C. STEINWEG NV, BELGIUM
27. DARA FOREST, THAILAND
28. DAS AIR, United Kingdom
29. DE BEERS, United Kingdom
30. DIAGEM BVBA, BELGIUM
31. EAGLE WINGS RESOURCES INTERNATIONAL, USA
32. ECHOGEM, BELGIUM
33. EGIMEX, BELGIUM
34. ENTREPRISE GENERALE MALTA FORREST, DRC
35. EUROMET, UK
36. FINCONCORD SA, SWITZERLAND
37. FINMINING, SAINT KITTS
38. FIRST QUANTUM MINERALS, CANADA
39. FLASHES OF COLOR, USA
40. FORTIS, BELGIUM
41. GEORGE FORREST INTERNATIONAL AFRIQUE, DRC
42. HARAMBEE MINING CORPORATION, CANADA
43. H.C. STARCK GmbH & Co KG, GERMANY
44. IBRYV AND ASSOCIATES LLC, SWITZERLAND
45. INTERNATIONAL PANORAMA RESOURCES Corp, Canada
46. ISCOR, South Africa
47. JEWEL IMPEX Bvba, Belgium
48. KABABANKOLA MINING COMPANY, Zimbabwe
49. KEMET ELECTRONICS CORPORATION, USA
50. KHA International AG, Germany
51. KINROSS GOLD CORPORATION, USA
52. K & N, Belgium
53. KOMAL GEMS NV, Belgium
54. LUNDIN GROUP, Bermuda
55. MALAYSIAN SMELTING CORPORATION, Malaysia
56. MASINGIRO GmbH, Germany
57. MELKIOR RESOURCES Inc, Canada
58. MERCANTILLE CC, South Africa
59. MINERAL AFRIKA Limited, United Kingdom
60. NAC KAZATOMPROM, Kazakhstan
61. NAMI GEMS, Belgium
62. NINGXIA NON-FERROUS METALS SMELTER, China
63. OM GROUP Inc, USA
64. OPERATION SOVEREIGN LEGITIMACY (OSLEG) Pvt Ltd, Zimbabwe
65. ORION MINING Inc., South Africa
66. PACIFIC ORES METALS AND CHEMICALS Ltd, Hong Kong
67. RAREMET Ltd, Saint Kitts
68. SARACEN, South Africa
69, SDV TRANSINTRA, France
70. SIERRA GEM DIAMONDS, Belgium
71. SLC GERMANY GmbH, Germany
72. SOGEM, Belgium
73. SPECIALITY METALS COMPANY SA, Belgium
74. STANDARD CHARTERED BANK, U.A.E.
75. SWANEPOEL, South Africa
76. TENKE MINING CORPORATION, Canada
77. THORNTREE INDUSTRIES (Pvt) Ltd, Zimbabwe
78. TRACK STAR TRADING 151 (Pty) Ltd, South Africa
79. TRADEMET SA, Belgium
80. TREMALT Ltd, Belgium
81. TRINITECH INTERNATIONAL Inc, USA
82. TRIPLE A DIAMONDS, Belgium
83. UMICORE, Belgium
84. VISHAY SPRAGUE, USA and Israel
85. ZINCOR, South Africa.