Législatives 2011 : les résultats provisoires de Kinshasa le 26 janvier

Africatime – Le Potentiel – 14 Janvier 2012

Dans un communiqué remis à la presse, le bureau de la Commission électorale nationale indépendante, CENI, a annoncé le report de la date de la publication des résultats provisoires des élections législatives du 28 novembre 2011. Elle se fera en deux temps. D’abord, le 18 janvier pour l’ensemble des provinces, ensuite, le 26 janvier en ce qui concerne les quatre circonscriptions électorales de la ville de Kinshasa.

Décision pas du tout surprenante. C’est le contraire qui aurait surpris dans la mesure où tous les signaux indiquaient bel et bien que la CENI devrait reporter la date de la publication des résultats des législatives, initialement prévue le 13 janvier 2012. Le fait que la CENI ait suspendu, un moment, les opérations de compilation, à la suite de nombreuses irrégularités constatées ci et là, ne lui laissait aucune chance d’honorer son pari. Et qu’en plus, elle avait cédé à la pression tant interne qu’externe pour accueillir les experts internationaux, la CENI ne pouvait pas respecter son calendrier. Et comme il faut s’y attendre, ce report perturbe le programme initial.

Effectivement, l’attention des observateurs sera focalisée sur les résultats de la ville de Kinshasa. Alors que les CLCR de toutes ses circonscriptions électorales ne sont qu’à côté du siège de la CENI, leurs résultats tardent à être publiés. Il en a été ainsi lors de la présidentielle, et le scénario se poursuit aux législatives.

La question fondamentale est celle de savoir comment la CENI a pu recevoir et publier les résultats des CLCR des provinces du Katanga, de deux Kivu, du Maniema, de deux Kasaï qui se trouvent à des milliers de kilomètres de Kinshasa ? Par quelle magie la CENI a-t-elle publié les résultats de Dilolo, Masisi, Watsa, Malemba Nkulu… alors que les voies d’accès sont difficiles ? Comment la CENI va-t-elle recompter des voies là où le matériel électoral n’est pas arrivé et que les populations n’ont pas voté, tel le cas de Bokala, dans le Bandundu, alors que la CENI a publié des résultats ; ou des bureaux en surplus alors qu’officiellement il n’y a eu que deux au lieu de huit, cas de Masisi ?

Les commentaires vont bon train. Déjà, lors de la présidentielle, des rumeurs persistantes ont fait état de manipulation et falsification des résultats de la circonscription électorale de la ville de Kinshasa. En ce qui concerne les législatives, les candidats avaient élu domicile à la FIKIN, Centre de compilation pour exercer des pressions de la manière que l’on peut deviner. Il y a à craindre que les résultats de quatre circonscriptions électorales de la Ville de Kinshasa, s’ils ne reflètent pas la vérité des urnes, soient le détonateur d’une situation explosive. Herman Cohen, ancien sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines avait déjà effleuré ce problème de la ville capitale qui compte près de 10 millions d’habitants avec un taux élevé de chômeurs.

RIEN SUR LES EXPERTS INTERNATIONAUX

Il sied de rappeler que dans le souci de «garantir la transparence» et «la crédibilité» des opérations de compilation des résultats des élections législatives nationales, la CENI a déployé dans toutes les provinces des missions de supervision dans les CLCR à problème.

Conduites par les membres du bureau, ces missions de supervision ont reçu l’ordre de procéder à la vérification et, le cas échéant, au recomptage des résultats de quelques circonscriptions concernées par des cas de contestation et de réclamation lui parvenus tout au long du processus de compilation des résultats.

Ces différentes équipes déployées poursuivent leurs travaux. Leurs conclusions seront prises en compte lors de la délibération générale des résultats provisoires.

Force est de souligner ici qu’à la suite des allégations relatives aux fraudes déplorées dans les CLCR de Kinshasa, les opérations de compilation des résultats y ont été suspendues au mois de décembre 2011 durant deux semaines. Raison pour laquelle, un report de 14 jours, allant du 13 au 26 janvier 2012, est accordé aux quatre circonscriptions électorales de Kinshasa, en vue «de finaliser le traitement de l’ensemble des résultats des élections législatives du 28 novembre 2011». Pour plus de «transparence» et de «crédibilité», quelques membres du bureau de la CENI ont été désignés et dépêchés sur le terrain pour contrôler les opérations de compilation de toutes les circonscriptions électorales.

Cependant, la CENI ne mentionne rien sur la présence et le travail des experts internationaux. Par souci de transparence, il aurait été mieux indiqué de décrire le climat des rapports avec ces experts depuis leur arrivée à Kinshasa. Quel a été le niveau de leur apport en matière d’évaluation des opérations de la CENI ? Rien dans ce sens.