SOMMAIRE:
ÉDITORIAL
1. PROCESSUS ÉLÉCTORAL
– L’activité de la Ceni
– Début de campagne électorale sur fond de tensions
– L’UDPS commende sa campagne électorale de façon un peu bizarre
– La Société Civile se prononce
– La Communauté Internationale réagit
ÉDITORIAL
La campagne électorale préalable aux élections présidentielles et législatives du 28 novembre prochain se déroule dans un climat très inquiétant, comme l’a bien dénoncé l’archevêque de Kinshasa, le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, le 10 novembre, au cours d’un point de presse, en condamnant et stigmatisant des agissements qui frisent la barbarie.
Nous sommes tous les jours témoins d’incidents qui étonnent par leur fréquence et leur répétition: l’on se provoque, on s’arme de machettes, parfois de fusils, on casse et on brûle, comme si l’on était en présence d’ennemis rangés en ordre de bataille ou bien que la fin des élections était de détruire le pays plutôt de le bâtir, que les élections visaient à tuer plutôt qu’à sauvegarder et à promouvoir la vie», a-t-il souligné, précisant que le climat du pays en général et de la capitale en particulier «est caractérisé par un regain de peur et d’énervement, d’incertitude sinon de panique.
Comme relevé par le prélat, tout se passe comme si ces actes étaient prémédités, planifiés. Ou que l’on a peur de la défaite, pour recourir ainsi à la violence pour cacher ses propres insuffisances. Et qu’en cas de victoire, l’on ne sait comment gérer cette même victoire puisque l’on n’y était pas préparé. Ou que l’on ne saura pas du tout réaliser les promesses électorales en vue de rencontrer les préoccupations du peuple congolais. Le chaos serait la meilleure échappatoire, trahissant ainsi le peuple congolais.
Aussi, les interrogations soulevées par le Cardinal Laurent Monsengwo sont pertinentes: «Comment ferons-nous confiance à des dirigeants incapables de protéger la population? Comment élire des gouvernants qui ne nous donnent pas de garantie de paix, de justice, de vérité et d’amour du peuple?»
Le prélat catholique est inquiet, certes. Mais il croit aux élections. Il insiste pour que ce processus aille jusqu’à son terme. Il condamne les entraves faites à d’autres candidats tant à l’élection présidentielle qu’à la députation nationale et il appelle le gouvernement à accorder les mêmes chances à tous les candidats dans l’intérêt supérieur de la Nation et le respect de l’adversaire, pour des élections crédibles. Il appelle les uns et les autres à la sagesse, à la prudence, à la retenue et à l’esprit démocratique.
Les acteurs politiques doivent savoir que le peuple congolais veut se rendre aux élections dans le calme, la tolérance, le respect des personnes et de leurs biens, le seul chemin qui puisse conduire à une «République de valeurs et non d’anti-valeurs».
1. PROCESSUS ÉLÉCTORAL
L’activité de la Ceni
Le 19 octobre, malgré les retards enregistrés et les différentes difficultés logistiques, le président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, a fermement démenti la rumeur selon laquelle les élections pourraient être découplées ou reportées et a confirmé que les élections présidentielles et législatives auront lieu le 28 novembre, comme prévu, et que la campagne électorale sera lancée le 28 octobre. Le président de la Céni a annoncé aussi le début de l’impression, en Afrique du Sud, des bulletins de vote pour les deux scrutins. Coupant court à la polémique autour de l’audit du serveur central de la Ceni, il a affirmé que, lors des élections, on n’utilisera pas le serveur central et le comptage des voix sera manuel et devra être exécuté devant les témoins des différents partis politiques et les observateurs. La compilation des résultats des élections ne sera pas informatisée non plus, a tenu à préciser le pasteur, en affirmant: «Au niveau du bureau de la Ceni, on ne va pas centraliser [les résultats électoraux]. On va faire la sommation de onze colis [venant de onze provinces du pays]».
Le 22 octobre, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et la CENI ont conclu un accord sur l’audit du fichier électoral. Par conséquent, le secrétaire général de l’UDPS, Jacquemin Shabani, a indiqué que son parti signera le code de bonne conduite des partis pour des élections apaisées, le jeudi 27 octobre.
Le 25 octobre, les délégués de la Majorité Présidentielle et ceux de l’Opposition politique se sont rencontrés sous la supervision du Vice- Président de la CENI, le Professeur Jacques Djoli, pour chercher un accord relatif à l’audit du fichier électoral.
Le 27 octobre, à quelques heures du début de la campagne électorale. Etienne Tshisekedi propose à la Ceni le découplage de l’élection présidentielle des législatives nationales du 28 novembre. Il propose de maintenir les présidentielles au 28 novembre e la proclamation des résultats au 6 décembre, car il s’agit de deux dates constitutionnellement non négociables, mais il accepterait de reporter les législatives à une date ultérieure. Le leader de l’UDPS, candidat à la présidentielle de 2011, justifie cette option par les difficultés logistiques que rencontre actuellement la Ceni dans les préparatifs des scrutins couplés (les retards dans la fabrication des urnes, l’impression des bulletins de vote, l’acheminement du matériel électoral vers les centres de vote, la publication de la localisation des bureaux de vote, l’affichage des listes des électeurs). Derrière cette déclaration de l’UDPS, on peut y voir une nouvelle stratégie électorale. Avec 6 candidats de l’opposition et une présidentielle à un seul tour, le président sortant Joseph Kabila pourrait facilement être réélu à la tête de la RD Congo le 28 novembre. L’opposition congolaise n’a effectivement pas réussi à s’entendre sur une candidature unique face au président sortant. Le parti d’Etienne Tshisekedi estime avoir une chance de se rattraper aux législatives, où il sera ensuite plus facile de nouer des alliances avec d’autres députés d’opposition à l’Assemblée nationale. Joseph Kabila pourrait ainsi se retrouver en situation de cohabitation… sans majorité solide à la chambre.
Le 27 octobre, le pasteur Ngoy Mulunda, en affirmant que la Céni est prête aussi bien sur le plan technique que logistique pour organiser les deux scrutins au 28 novembre, a déclaré ouverte la campagne électorale à l’élection présidentielle et à la députation nationale du 28 novembre 2011. Il a aussi exhorté les partis, regroupements politiques et les candidats indépendants de préparer les témoins électoraux qu’ils vont déployer dans les bureaux de vote.
Le 29 octobre, la Ceni a réceptionné, à Lubumbashi, un premier lot de 12.000 urnes, provenant de la Chine. Par ailleurs, la Ceni a déclaré qu’elle va procéder à l’affichage des listes électorales dans les différents bureaux de vote disséminés à travers le pays.
Le 30 octobre, Jacquemin Shabani, secrétaire général de l’UDPS, a annoncé que son parti signera le code de bonne conduite le 3 novembre. L’UDPS avait conditionné la signature du code de bonne conduite à la libération de ses combattants arrêtés et détenus au Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa (CPRK).
Le 31 octobre, à Kinshasa, la Ceni a commencé à publier les listes des bureaux de vote.
Ngoy Mulunda a déclaré que, après la mission de repérage, il a été nécessaire d’augmenter le nombre des bureaux de vote, pour réduire les grandes distances entre les électeurs et leurs bureaux de vote respectifs. En effet, pour un total de 32.024.640 électeurs sur l’ensemble du territoire national, la CENI a créé 11.611 sites de vote, 16.948 centres de vote et 63.865 bureaux de vote. Ngoy Mulunda a invité la population à aller identifier les bureaux de vote «pour que le jour du vote, les choses soient faciles».
Le nombre de bureaux de vote par province: Kinshasa: 10 334, Katanga: 8 441, Province Orientale: 7 431, Equateur: 7 364, Bandundu: 6 958, Nord-Kivu: 5 394, Kasaï- Oriental: 5 130, Kasaï- Occidental: 4 659, Sud- Kivu: 3 707, Bas-Congo: 2 778, Maniema: 1 669. La Ceni a commencé aussi l’affichage des listes d’électeurs dans des bureaux de vote à Kinshasa.
Le 1er novembre, le pasteur Ngoy Mulunda a affirmé que la logistique ne pose plus de problème et que «tout sera prêt au plus tard le 25 novembre».
L’impression des bulletins de vote pour la présidentielle est terminée. Quant à ceux des législatives, ils sont encore en cours d’impression. Le plus gros format a 56 pages. Il s’applique aux quatre circonscriptions électorales de la ville de Kinshasa qui ont, chacune, plus de mille candidats. Compte tenu du volume de travail à réaliser, l’impression des bulletins de vote pour les deux scrutins est prise en charge par cinq imprimeries sud africaines basées dans trois villes: Cape Town, Durban et Johannesburg. Le transport de ces matériels sensibles, de l’Afrique du Sud vers les provinces, sera pris en charge par le gouvernement sud africain qui a signé dernièrement un accord d’assistance avec le président de la Ceni.
À propos des résultats des prochaines élections, le président de la Ceni a fait savoir que, puisque le comptage des voix sera manuel, le Centre de traitement des résultats n’existe plus, mais bien des Centres locaux de compilation des résultats. Les bureaux de vote seront transformés en centres de dépouillement. Pour éviter des fraudes, l’opération se fera en présence des présidents des bureaux de vote, des témoins des partis politiques et des observateurs. Les résultats seront envoyés à Kinshasa, après approbation ai niveau local, par pour y être certifiés.
Le président de la Ceni a, enfin, invité les parties concernées à transmettre les listes de leurs témoins sept jours avant les élections, c’est-à-dire le 21 novembre au plus tard. Question de les valider et de leur octroyer des macarons. Il les invite également à déployer 2 témoins par bureaux de vote. Si l’on retient que la Ceni a arrêté à 63.865 bureaux de vote, 16.948 centres de vote, il faudrait au moins 161.626 témoins. À Kinshasa, la Ceni a réceptionné un deuxième lot de 24 mille urnes fabriquées dans six usines chinoises.
Le 1er novembre, les représentants de certains partis politiques ont manifesté à la Ceni leur inquiétude à propos de certaines erreurs relevées sur les exemplaires des bulletins de vote. Un candidat à la députation nationale a, par exemple, indiqué que son nom est repris sur la liste avec le logo d’un parti autre que le sien.
Des candidats-députés de la circonscription électorale de Mbuji-Mayi se plaignent de la modification des numéros d’ordre sur la liste définitive de la CENI. Ce changement tardif, survenu trois jours après le lancement officiel de la campagne par la CENI, les oblige à refaire leurs affiches et leurs banderoles et donc à débourser encore l’argent. «Jusqu’en dernière minute, j’étais sur la page 22 et le numéro 575 et c’est la liste définitive d’après la CENI avant le lancement de la campagne électorale. A ma grande surprise, il y a un changement de numéro. Mon numéro d’ordre n’est plus 575 et c’est le 580. C’est encore un travail. Là, je dois revoir toutes mes affiches et banderoles», s’est plaint Sylvain Mitshabu, candidat député ULDC (Union des libéraux démocrates chrétiens) qui indique qu’à Mbuji-Mayi, chef-lieu du Kasaï-Oriental, le nombre total des candidats passe de 646 à 651.
Le 2 novembre, le porte-parole de la Monusco, Madnodje Mounoubai, a annoncé que la mission onusienne a mis ses quatre-vingt avions et hélicoptères à disposition de la Ceni pour le transport des urnes et des bulletins de vote. Selon Madnodje Mounoubai, cette assistance fait partie du mandat de la Monusco. «La résolution 1991 demande à la Monusco de soutenir logistiquement et techniquement le processus électoral», a-t-il expliqué, ajoutant qu’au fur et à mesure que le matériel électoral va arriver, la mission va s’occuper de son acheminement dans les chefs-lieux des provinces et dans les districts.
Le 4 novembre, la Ceni invite la Majorité présidentielle (MP) à débarrasser le stade des Martyrs, édifice publique, des affiches de propagande du candidat Joseph Kabila à l’élection présidentielle. De même, elle met en garde tout parti politique qui instrumentaliserait des jeunes contre ceux qui font leur campagne électorale et tout service public de l’Etat qui entraverait la campagne des candidats aux élections. Le vice-président de la Ceni, Jacques Djoli, a invité au respect du code de bonne conduite et de la loi électorale, évitant certaines entraves visant à fragiliser d’autres candidats, notamment ce qu’on dit à propos de la liberté de mouvement des autres candidats, en confisquant par exemple le droit de circuler en prenant tous les avions en location ou en interdisant à un certain nombre de distributeurs de carburant de le vendre.
Sans une application stricte de la Loi électorale et de l’ensemble des dispositions réglementant le processus électoral en RDC, la violence ira crescendo, les uns se sentant «sacrifiés» au bénéfice des «hommes du pouvoir». Ainsi, tant que les banderoles des «candidats du pouvoir» demeureront apposées sur les édifices publics et que celles des «candidats de l’Opposition» seront visiblement «interdites» d’affichage sur les places telles que celle du «rond-point Victoire» sans aucune sanction légale, les inquiétudes persisteront.
Le 4 novembre, Matthieu Mpita, rapporteur de la CENI, a déclaré que les demandes d’accréditation des témoins électoraux, des observateurs nationaux et internationaux ainsi que des journalistes sont à déposer à la CENI 15 jours avant la tenue des élections. Conformément aux dispositions de la loi électorale, Matthieu Mpita invite ses différents partenaires à préparer, selon le cas, leurs listes. Il a, à cet effet, indiqué que les accréditations se feront au niveau national, provincial et local de la CENI. Par ailleurs, Matthieu Mpita a présenté quelques statistiques relatives au déploiement des matériels électoraux qui s’effectue sur le terrain. Il a affirmé que «plus de 95% des kits destinés aux Bureaux de vote et de dépouillement (BVD), plus de 93% des kits destinés aux Centres locaux de Compilation des Résultats (CLCR) sont déployés, plus de 96% d’encre indélébile déjà déployés, plus de 90% des isoloirs déployés».
Le 9 novembre, la CENI persiste et signe: les élections se dérouleront bel et bien le 28 novembre. «Il n’y a pas de date cachée», insiste le professeur Jacques Djoli, vice-président de la CENI, balayant d’un revers de la main toutes les rumeurs selon lesquelles les élections se dérouleront en deux ou trois jours. Les bureaux de vote seront ouverts à 6 heures pour être fermés à 17 heures du 28 novembre. Il n’y a pas de date cachée. Toutefois, si à 17 heures, il existe encore des personnes sur la ligne, le président du Bureau de vote prendra toutes les dispositions utiles pour les faire voter, en commençant par prendre la carte d’électeur de la dernière personne sur la ligne. Jacques Djoli a aussi assuré que le déploiement de tout le matériel électoral doit se terminer 48 heures avant l’ouverture des bureaux de vote, c’est-à-dire le 25 novembre au plus tard.
Début de campagne électorale sur fond de tensions
Le 28 octobre, les militants de deux tendances rivales de l’UDPS se sont affrontés à coup de pierres, dans l’après-midi, au siège de leur parti dans la commune Makiso, à Kisangani. Ces affrontements ont fait un mort et 29 blessés. La police s’est déployée sur le lieu afin de remettre de l’ordre. Chacun des deux groupes rivaux, dirigé respectivement par Sylvain Lioole et Ramazani Mwenyewe, revendique la présidence fédérale du parti d’Etienne Tshisekedi dans la ville de Kisangani.
Le 28 octobre, les militants de l’UDPS ont été dispersés par la police lorsqu’ils lançaient la campagne électorale de leur parti à Mbuji-Mayi (Kasaï-Oriental), au rond-point de l’Etoile dans la commune de Dibindi. Plusieurs personnes ont été arrêtées. Dans la commune de Muya, d’autres militants de l’UDPS ont affronté ceux du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). Selon des témoignages, un enfant aurait été tué et trois personnes blessées par les tirs de la police. La veille, tard dans la soirée, à la suite des affrontements entre militants de l’opposition et de la majorité, le conseil provincial de sécurité avait interdit à l’UDPS d’organiser des manifestations sur la voie publique durant toute la campagne électorale.
Le 29 octobre, des partisans de la Majorité présidentielle (MP) et ceux de l’opposition se sont affrontés à Mbuji-Mayi. Ces incidents ont fait des dégâts matériels de part et d’autre. Les violences ont éclaté tôt le matin au quartier Simis qui constitue le bastion de l’UDPS. Les militants disent avoir été provoqués par le cortège du gouverneur de province qui battait campagne dans cette partie de la ville. Selon des témoins, la jeep officielle du gouverneur Ngoy Kasanji a été sérieusement endommagée, la résidence d’un garde du corps du gouverneur a été mise à sac et celle de la présidente de l’ACDD, un parti politique proche du pouvoir, endommagée par les membres du parti de l’opposant Etienne Tshisekedi. En représailles, les militants du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), qui soutient Joseph Kabila, ont attaqué la résidence d’un candidat député de l’UDPS, située juste à côté de la représentation de la Banque centrale du Congo (BCC). Sur place, tous les insignes du parti ont été arrachés et mis à feu. La police a saccagé la permanence de l’UDPS au quartier Simis.
Les candidats aux élections collent leurs affiches partout et n’importe où, sur les murs ou les portails d’écoles privées ou publiques, des hôpitaux, des maisons privées comme des bâtiments de service public. Le vice-président de la commission électorale nationale indépendante, Jacques Ndjoli, rappelle que la loi interdit de coller des affiches électorales sur des édifices publiques. Il invite les candidats aux élections à placer leurs affiches « sur les lieux prévus et non sur les lieux publics ». Il invite aussi les candidats à obtenir l’autorisation préalable des propriétaires avant de coller des affiches sur leurs clôtures.
Cinq jours après le début de la campagne électorale à Bukavu, province du Sud-Kivu, des calicots, photos, posters et autres matériels de campagne sont déchirés. Les partis s’accusent mutuellement d’intolérance. Le secrétaire provincial par intérim de la Ceni, Albert Rubuye, condamne ce comportement et invite les candidats à la tolérance mutuelle et au respect du code de bonne conduite des partis et des partis et regroupements politiques pour des élections pacifiques.
Le 4 novembre, Fabrice Muupfiritsa, musicien très populaire, a été enlevé à Goma par des inconnus en armes. Ses proches accusent la garde républicaine d’être l’auteur du rapt. Très lié à l’UNC, l’Union pour la nation congolaise, de Vital Kamerhe, Fabrice Muupfiritsa aurait refusé de chanter pour le président Kabila qui comme d’autres candidats est en campagne électorale. Une version contestée par le Gouverneur de la province, Julien Paluku. Cette disparition a déclenché la colère de jeunes. Ils ont dressé des barricades et bloqué la circulation de la principale artère de Goma, des pneus ont été brulés et la police est intervenue pour disperser la foule en début de soirée.
Fabrice Muupfiritsa a été retrouvé, ligoté et yeux bandés mais vivant, vers deux heures du matin, le 7 novembre, en pleine brousse, près de Goma.
Le 5 novembre, les militants d’un petit parti allié à la Majorité présidentielle, l’Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec), dirigé par Gabriel Kyungu wa Kumwanza, président de l’assemblée provinciale du Katanga et ceux de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) se sont affrontés, dans la matinée, à Lubumbashi, lors du lancement de la campagne électorale du parti d’Etienne Tshisekedi dans la ville. Des témoins font état de plusieurs personnes blessées et d’importants dégâts matériels.
La caravane de l’UDPS a été attaquée devant le siège de l’Unafec dans la commune Kenya. Les militants de ces deux partis se seraient affrontés à coup de couteaux, de machettes et de gourdins.
Les responsables de l’UDPS ont indiqué qu’un membre du parti a été tué et trois de leurs véhicules incendiés. Ceux de l’Unafec ont affirmé que les militants de l’UDPS ont saccagé la permanence de leur parti. La police est intervenue pour rétablir le calme. La veille, des échauffourées avaient opposé les militants de ces deux partis lors du lancement de la campagne de l’Unafec.
Après ces affrontements, le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, a appelé les partisans des deux partis à la tolérance et a demandé aux responsables de ces deux formations politiques de sensibiliser leurs partisans pour éviter des soulèvements pendant la campagne électorale. «Tout le monde est libre de battre campagne à n’importe quel endroit de la ville, pourvu que le calme règne», a-t-il affirmé, en ajoutant que «En politique, ce qui est essentiel, c’est l’unité du pays. C’est normal de voir les gens en colère mais il faut trouver un compromis». L’ONG Human Rights Watch avait récemment relevé que Kyungu avait ces derniers mois « fréquemment employé un langage agressif et provocateur » contre les personnes originaires de la province voisine du Kasaï Oriental, terre natale du leader de l’UDPS Etienne Tshisekedi, candidat à la présidentielle.
Le 7 novembre, selon des témoins, à Lubumbashi, des militants de l’UDPS de l’opposant Etienne Tshisekedi ont déchiré l’effigie du président fédéral du PPRD/Haut-Katanga, Louis Ntole, qui est candidat député national. Ensuite, ils ont attaqué le quartier général de ce parti, qui soutient la candidature du président sortant Joseph Kabila. Les véhicules qui passaient par la chaussée Mzee Kabila ont été aussi pris pour cible. Arrivée sur le lieu, la police a arrêté trois présumés fauteurs de trouble, identifiés comme étant des militants de l’UDPS.
Le 7 novembre, les partisans de l’Alliance des forces démocratiques du Congo (AFDC), parti de Bahati Lukwebo, et ceux de la Nouvelle alliance des démocrates (NAD) d’Athanase Matenda Kyelu, se sont battus à Kalima, au Maniema. Le bilan fait état de deux blessés.
L’incident est survenu lors des marches organisées simultanément par ces deux partis membres de la Majorité présidentielle (MP). Selon des témoins, un partisan de la NAD a quitté leur rang pour s’attaquer à ceux de l’AFDC. Une bataille rangée a éclaté, suivi des jets de pierre.
Au Sud Kivu, un jeune sympathisant du candidat de l’opposition à la présidentielle Vital Kamerhe a été agressé par un groupe d’individus identifiés par des témoins comme des partisans de Joseph Kabila. L’incident est survenu la nuit du mardi à mercredi 9 novembre sur l’avenue hippodrome, commune d’Ibanda, à Bukavu.
En territoire de Fizi, à environ 250 km au sud de Bukavu, les partisans du parti Panader, de Jean-Marie Bulambo, se disent inquiets et menacés dans la cité de Baraka. Un responsable de ce parti dit avoir demandé à la police d’ouvrir une enquête sur les gens qui déchirent les affiches de son candidat.
Le bureau du cabinet du candidat Jemsi Mulengwa du Panader a été investi par des inconnus dans la nuit de lundi 6 à mardi 7 novembre. Les cambrioleurs ont tout emporté: stock d’affiches, groupe électrogène, des appareils vidéo et des CD prévus pour la campagne électorale.
A Bunyakiri, dans le nord-ouest de la province, des chefs locaux accusent des militaires des FARDC de battre campagne en faveur du candidat Joseph Kabila. Selon eux, ces militaires circulent dans les villages pour appeler les habitants à voter pour Joseph Kabila à la présidentielle de novembre, s’ils ne veulent pas que la guerre éclate et que le sang coule à nouveau dans la province.
L’UDPS commence sa campagne électorale de façon un peu bizarre
Le 2 novembre, l’UDPS a accusé l’autorité de l’aviation civile congolaise de refuser à l’avion de son candidat, Etienne Tshisekedi, l’autorisation d’atterrir en RDC. M. Tshisekedi, se trouvant à Johannesburg, en Afrique du Sud, où il a terminé une tournée à l’étranger, aurait dû arriver à Kisangani (nord-est) pour y débuter une série de déplacements dans l’est de la RDC. Selon l’UDPS, des interférences politiques ont surgi dans le dossier de la délivrance des autorisations de survol de l’espace aérien congolais et de fréquentation des aéroports et aérodromes. « Nous avons loué les avions (un hélicoptère, un Jet et un DC 3) d’une compagnie sud-africaine qui a toujours atterri en RDC. Nous ne comprenons pas pourquoi les services de l’aviation civile refusent de le laisser atterrir cette fois », a déclaré le secrétaire général de l’UDPS, Jacquemin Shabani, qui a accusé le chef de l’Etat sortant Joseph Kabila, également candidat à la présidentielle, d’être responsable de cet incident, pour « décourager ses adversaires ». En effet, l’UDPS accuse le pouvoir en place de faire obstruction à la campagne électorale des opposants.
Le 3 novembre, à Kinshasa, l’aviation civile a démenti s’opposer à l’atterrissage de l’avion de Etienne Tshisekedi. «L’Autorité de l’aviation civile congolaise n’a reçu aucune demande d’autorisation d’atterrissage ou de décollage d’une compagnie d’aviation qui travaillerait pour l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS)» a déclaré le directeur de l’aviation civile congolaise (AAC), Richard Nyangwile. «Lorsque la compagnie [partenaire de l’UDPS] dit que la demande traîne, a-t-elle de preuve que sa demande a été réceptionnée par l’autorité de l’aviation civile et que cette dernière a refusé?», s’est-il interrogé avant d’ajouter: «L’UDPS n’était pas apparente dans la demande (d’autorisation d’atterrir). Je persiste qu’il n’y a pas eu de demande ni de survol, ni d’importation, ni d’atterrissage présentée par l’UDPS».
A la question si l’UDPS détient des documents prouvant qu’une demande d’autorisation de survol du ciel aérien congolais a été déposée à l’aviation civile, Jacquemin Shabani a répondu: «Nous sommes en contact avec la compagnie d’aviation avec qui nous avons signé ce contrat. C’est elle qui est en contact avec l’autorité de l’aviation civile et pas l’UDPS ou Etienne Tshisekedi. Nous attendons le feed-back de la société».
Lambert Mendé, porte-parole du gouvernement a accusé l’UDPS de chercher une échappatoire pour «masquer ses difficultés logistiques».
L’UDPS a refusé de signer comme prévu le code de bonne conduite, en exigeant l’autorisation aux avions loués pour la campagne d’Etienne Tshisekedi de survoler l’espace aérien congolais, la libération de ses militants arrêtés lors de récentes manifestations, ainsi que le retrait des affiches de Joseph Kabila sur les édifices publics qui « violent » de la loi électorale.
Le 6 novembre, depuis l’Afrique du Sud où il se trouve, Etienne Tshisekedi met fin à la polémique sur son retour en RDCongo. Il a affirmé que rien ne l’a empêché de quitter l’Afrique du Sud pour rentrer dans son pays, « qu’il était simplement en train de finaliser des préparatifs pour sa campagne et que son parti a réagi à de fausses informations, à des bobards», en ajoutant que «Il n’y a jamais eu tentative d’empêcher mon avion, donc pour moi, il n’y a rien».
Le 6 novembre, dans la soirée, dans une interview au téléphone sur la Radio Lisanga Télévision (RLTV), propriété d’un député de l’opposition, M. Roger Lumbala et émettant depuis Kinshasa, s’adressant à ses militants, Etienne Tshisekedi leur a dit en lingala: « Vous savez que la majorité de ce pays est avec nous. Vous pouvez me considérer comme le président de la République». Se déclarant dépositaire de la confiance de la majorité du peuple congolais, il a affirmé que, pour le reste du processus électoral, les autorités devraient se référer à lui. Il a ensuite lancé au « gouvernement un ultimatum de 48h » pour relâcher ses « combattants » arrêtés lors de manifestations récentes, notamment dans la capitale congolaise. «A l’échéance de l’ultimatum, je demanderai à la population d’attaquer les prisons et de les libérer, et en tant que président, j’ordonne aux gardiens de prisons de ne pas leur résister», a-t-il poursuivi. A la suite de ces propos, le gouvernement a coupé le signal de la RLTV. Il s’agit d’une « mesure conservatoire » avant l’examen du dossier par l’autorité de régulation des médias, a précisé le ministre de la Communication et des médias Lambert Mende.
Le 8 novembre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) a décidé la suspension de la RLTV « jusqu’au 14 novembre inclus ». «Les propos de l’opposant ne sont pas simplement une formule. C’était pour dire que, à partir du 6 décembre, (il) devenait président de la République, élection ou pas élection. Et il a affirmé que les élections n’étaient pas nécessaires, puisque que le peuple était avec lui », a expliqué Mme Chantal Kanyimbo, rapporteur de l’organe de régulation des médias. Le CSAC a également infligé à M. Tshisekedi « une mise en garde de ne plus s’illustrer » par de tels propos à travers les médias, « sous peine de sanctions plus rigoureuses ».
Le 9 novembre, selon un communiqué du ministre de la Communication et des médias, Lambert Mende, l’autorité de l’aviation civile congolaise a accordé à la compagnie aérienne sud-africaine Aeronautic Solutions l’autorisation de survoler le ciel aérien congolais. L’UDPS a affrété un avion Learjet de 7 places, immatriculé S-LXH. La demande d’autorisation de circulation au dessus du ciel congolais avait été introduite le même jour, précise le communiqué.
Le 10 novembre, dans la matinée, après l’autorisation accordée à l’aéronef Learjet immatriculé ZS-LXH affrété par la compagnie sud-africaine Aeronautic Solutions, le secrétaire général de l’UDPS, Me Jacquemain Shabani, est revenu auprès de l’administration de l’Autorité de l’aviation civile, AAC, pour solliciter l’annulation de la première autorisation et introduire une deuxième demande manuscrite d’autorisation. Le secrétaire général de l’UDPS invoque «des désagréments nous imposés par notre co-contractant». La demande d’autorisation du 10 novembre cerne donc un nouvel type d’aéronef «Grumman», de 11 places et 3 membres d’équipage, immatriculé ZS-TPG en Afrique du Sud. Cet aéronef est affrété par la compagnie sud-africaine Allegencia Air South Africa pour une durée de 9 jours suivant ce plan de vol: Johannesburg, Kisangani, Goma, Bukavu, Kinshasa et Johannesburg.
Le 10 novembre, Etienne Tshisekedi a atterri à Kisangani vers 21 heures 45 locales en provenance d’Afrique du Sud. Pour ce qui concerne ses propos diffusés sur la RLTV, il a déclaré qu’il voulait simplement « enlever la peur de la population vis-à-vis de la dictature ». « Toute dictature est basée sur la peur. Demain avec l’État de droit, le Congolais doit abandonner la peur et avoir confiance en lui-même. Ma manière d’éduquer le peuple congolais c’est de lui enlever la peur dans (sa) tête en se mobilisant pour aller terroriser ceux qui nous ont longtemps terrorisés aussi, pour que demain il [le peuple] soit un véritable sujet de développement. Ce n’était pas un appel à la violence », s’est-il justifié. Entre « celui qui fait arbitrairement arrêter et tuer les Congolais et moi qui dit au peuple prenez votre responsabilité d’aller libérer (ces) compatriotes qui sont en prison (…), qui viole la Constitution?», a demandé Étienne Tshisekedi. Le chef de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) s’était également déclaré, lors de cette même interview, «président de la République». « Le souverain dans ce pays c’est le peuple congolais, qui m’a proclamé (président) depuis longtemps, ce n’est pas l’auto-nomination, à moins que vous me prouviez le contraire », a-t-il expliqué.
Le 11 novembre, à Kisangani, devant environ 5 000 personnes, pendant un discours de près de deux heures, Etienne Tshisekedi a réitéré des propos déjà tenus lors de son interview sur la Radio Lisanga Télévision (RLTV). Il a déclaré: « Vous avez un pouvoir réel dans ce pays car la voix du peuple c’est la voix de Dieu. S’il arrivait que l’un de vous soit victime de tracasseries inutiles de la part d’un policier, d’un militaire ou de quelqu’un du PPRD [Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, au pouvoir], mobilisez-vous et prenez-les et terrorisez-les. Même s’ils fuient dans leur camp, il faut les poursuivre… Je donne un ultimatum de 48 heures au gouvernement de Kabila, pour libérer tous nos combattants en prison à Mbuji Mayi, Lubumbashi et à Kinshasa. Sinon, je demande à la base à Kinshasa (…) de se mobiliser et d’aller casser la prison de Makala (à Kinshasa) afin de libérer de force nos combattants arrêtés arbitrairement ». M. Tshisekedi a donné 24 heures au ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende, pour « remettre le signal » de la télévision coupée. « Sinon, les combattants de base à Kinshasa qui me suivent, qu’il aillent au bureau de Mende (…) qu’ils le terrorisent très fort, pour qu’il sache qu’au Congo les choses ont changé », a-t-il menacé.
La Société Civile se prononce
Le 28 octobre, à un mois des élections présidentielle et législatives, 41 organisations d’aide humanitaire et de défense des droits humains, congolaises et internationales, se sont dites inquiètes pour l’escalade de la violence et ont appelé tous les acteurs congolais et internationaux concernés à prendre des mesures urgentes pour prévenir la violence électorale, mieux protéger les civils et assurer des élections crédibles, libres et transparentes.
Selon les Ongs, les événements récents ont révélé un potentiel alarmant de violence et de déstabilisation durant la période préélectorale. Des affrontements violents entre la police et l’opposition ont eu lieu depuis début septembre, faisant plusieurs morts et de nombreux blessés à Kinshasa. A cette violence liée aux élections s’ajoute l’insécurité généralisée qui ravage le pays depuis des années, surtout à l’Est. «Les autorités congolaises disent qu’il y a la paix et la sécurité en RDC. Mais avec les élections dans un mois à peine, la tension politique a augmenté et des affrontements entre militants de partis politiques et police ont lieu régulièrement. La décision du gouvernement congolais d’interdire les manifestations politiques et publiques révèle son incapacité à prévenir et à répondre à la violence électorale et va à l’encontre de la constitution congolaise», insiste Jérôme Bonso, coordinateur de la coalition Agir pour les Elections Transparentes et Apaisées (AETA) en RDC.
De sa part, HRW a affirmé avoir relevé, depuis le mois de mars dernier, des dizaines de cas de discours haineux basés sur des critères ethniques de la part des candidats politiques et de leurs partisans, notamment au Katanga et dans l’Est du pays.
Elle a invité les autorités judiciaires à lancer des enquêtes sur pareils cas pour faire respecter le droit congolais ainsi que le code de conduite pendant toute la durée de la campagne électorale.
Pour la chercheuse senior sur l’Afrique de HRW, Anneke Van Woudenberg, cette ONG internationale de défense des droits de l’homme voudrait voir la campagne électorale se dérouler de manière «crédible, sans violence».
Ces organisations appellent à ce que les mesures suivantes soient rapidement mises en œuvre pour prévenir la violence électorale :
– Les autorités congolaises devraient s’assurer que les civils pourront participer aux élections dans des conditions de sécurité et de dignité, en déployant des forces de police nationale bien entraînées et bien équipées et en garantissant que la police ne fasse pas un usage excessif de la force. Les autorités devraient respecter la liberté d’expression et des médias, garantir le droit de se rassembler et de manifester pacifiquement, et s’abstenir de toute tentative d’intimidation.
– La Commission électorale nationale indépendante (CENI) devrait immédiatement rendre publique davantage d’information quant à sa stratégie, notamment concernant le rassemblement des données et la publication des résultats.
– Les partis politiques devraient souscrire au Code de conduite, accepter les résultats d’élections libres et justes, et demander à leurs militants de rester pacifiques. Ils devraient éviter d’invoquer des discours de haine incitant à la violence.
– La mission des Nations unies en RDC (Monusco) devrait assurer que sa force de réaction rapide et que la police onusienne sont prêtes à se déployer dans les lieux identifiés à risque afin de prévenir et de répondre toute violence électorale, y compris de répondre à tout usage excessif délibéré de la force par les autorités congolaises contre les civils.
Le 4 novembre, Agir pour les Elections Transparentes et Apaisées, Plate-forme de la société civile congolaise, AETA en sigle, et EurAc (Réseau des ONG européennes pour le plaidoyer sur l’Afrique Centrale) ont déclaré être très préoccupées par les contraintes logistiques, techniques, politiques, judiciaires, sécuritaires et temporelles inhérentes à l’exécution du calendrier électoral. Pour prévenir le cas ou ce calendrier électoral pourrait être retardé, AETA et EurAc recommandent aux autorités congolaises de mettre en place un cadre formel de consultation permanente entre la CENI, les partis politiques ainsi que la société civile. Ce cadre devra proposer des solutions d’urgence concernant les retards qui s’accumulent dans la préparation, l’organisation et l’exécution du chronogramme des opérations relatives aux élections présidentielle et législatives du 28 novembre prochain. Ce cadre devra aussi travailler avec un ordre du jour bien précis, n’aura aucun pouvoir de décision et ne constituera pas un mécanisme de partage de pouvoir. Il gèrera le potentiel de déstabilisation liée à l’éventuel non respect du délai constitutionnel du mandat présidentiel touchant à son terme. AETA et EurAc demandent à l’Union européenne et ses Etats-membres de soutenir et d’encadrer ce processus.
Le coordonnateur de la Nouvelle société civile (NSSC), Jonas Tshiombela, a donné 7 jours à l’UDPS d’Etienne Tshisekedi et au PPRD du président sortant Joseph Kabila, à cesser les violences qui marquent l’actuelle campagne électorale. Il a aussi exigé à leurs leaders de s’engager publiquement pour des élections apaisées et transparentes et d’appeler leurs militants à cesser la violence. M. Tshiombela qui a également déploré plusieurs cas de violation de la loi, notamment la présence des affiches des candidats dans des endroits prohibés (établissements scolaires, stades ..) et la poursuite de la prestation des candidats dans l’ administration, a appelé la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à faire respecter la loi.
Human Rights Watch (HRW) lance un appel aux autorités afin d’arrêter un candidat aux élections législatives, Ntabo Ntaberi Sheka, leader de groupe armé connu sous le nom de Maï Maï Sheka, qui opère dans le territoire reculé de Walikale, dans la province du Nord-Kivu, à l’est du Congo. Dans un communiqué, HRW affirme qu’un « mandat d’arrêt congolais pour viols de masse a été émis contre lui le 6 janvier 2011 et qu’il est donc recherché pour crimes contre l’humanité.
La Communauté Internationale réagit
Le 8 novembre, dans un communiqué de presse publié à Kinshasa, l’Union Européenne se dit «inquiète de derniers développements de la campagne électorale en RDCongo» et déclare avoir « pris note des actes de violence et des propos tenus en public ces derniers jours appelant au non respect de la loi, et susceptibles de conduire à un climat de violence et de tensions politiques, sociales et ethniques». L’UE appelle « encore une fois tous les acteurs politiques en RDC à s’engager sans réserve sur un processus électoral apaisé, respectueux de tous et permettant des élections libres, transparentes et crédibles ».
De même, Paris a appelé les autorités congolaises comme l’opposition « à éviter toute déclaration ou action qui seraient de nature à envenimer une situation déjà tendue », a déclaré Bernard Valero, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
L’ambassadeur britannique à Kinshasa, Neil Wigan, a également appelé dans un communiqué les candidats « à faire preuve de retenue durant la campagne électorale » et à « éviter de faire usage d’un langage susceptible d’exacerber les tensions entre les communautés ou de nature à occasionner des affrontements avec les forces de sécurité ».
La Mission de l’ONU en RDC (Monusco), qui appuie logistiquement l’organisation du scrutin, a exprimé « sa préoccupation quant au langage utilisé par certains leaders politiques incitant à la violence liée aux élections », et qui sont « des violations directes de la loi électorale congolaise et des normes électorales internationales ».
Le 9 novembre, l’ONU a exprimé ses « vives préoccupations » sur les violences commises en RDCongo à moins de trois semaines des élections, avertissant que ce climat risquait d’y « mettre en danger le processus démocratique ».
Le Bureau Conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) a publié un rapport de 24 pages où il répertorie les violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ainsi que des actes de violence perpétrés entre novembre 2010 et septembre 2011, dans le contexte des élections présidentielle et parlementaires du 28 novembre.
La période pré-électorale a été marquée « par de nombreuses violations des droits de l’homme empreintes de motivation politique dont le degré de gravité varie », constate le rapport.
Il relève qu’à l’approche des élections et de l’intensification des activités politiques, « il existe un risque significatif d’augmentation des violations des droits de l’homme et des actes de violences ».
Il fait état de « vives préoccupations quant à la situation actuelle » et aboutit au constat que « la répression continue des droits de l’homme et des libertés fondamentales » durant cette période « risque de faire augmenter le recours à la violence de la part des individus et des partis politiques », ce qui « mettrait en danger le processus démocratique et pourrait mener à des violences post électorales ».
Le BCNUDH a ainsi répertorié 188 cas de violations des droits de l’homme qui seraient liés au processus électoral. Ces violations portent le plus souvent atteinte à la liberté d’expression des individus, au droit à l’intégrité physique et au droit à la liberté et à la sécurité de la personne, ainsi qu’au droit de réunion pacifique.
« La situation dans l’est du pays est particulièrement inquiétante dans la mesure où des partis politiques de l’opposition auraient été pris pour cible et nombre de leurs membres auraient été privés de leur liberté ou soumis à des mauvais traitements et des menaces », souligne le rapport.
Ainsi, lors de plusieurs incidents au Maniema et au Bas-Congo, « des civils ont été menacés, battus ou arrêtés » par la police congolaise « pour avoir simplement porté des tee-shirts aux couleurs des partis politiques d’opposition ».
Les violations répertoriées incluent d’autres incidents tels que des menaces de mort contre des défenseurs des droits de l’homme ayant tenu une conférence de presse au cours de laquelle ils ont dénoncé les réformes; des convocations répétées à l’Agence nationale de renseignements; des mauvais traitements d’un civil pour avoir posé une question « antipatriotique » et l’arrestation et des mauvais traitements d’individus pour avoir eu une discussion politique dans un salon de coiffure.
La plupart des violations perpétrées impliquent directement des agents de la Police nationale congolaise (82 cas) ou de l’Agence nationale des renseignements (42 cas), selon le rapport.
En parallèle, certains partis politiques n’ont pas suffisamment contrôlé leurs partisans contribuant ainsi à des actes violents et troubles à l’ordre public au cours de manifestations politiques.
Pour lutter contre ces violations, le BCNUDH a invité le gouvernement congolais à rappeler publiquement sa politique de tolérance zéro contre les violations des droits civils et politiques, à prévenir les violations des droits de l’Homme perpétrées par des agents de la PNC et ANR, à lutter contre l’impunité des agents de l’Etat ayant perpétré des violations des droits de l’homme et à ne pas empêcher ou entraver les manifestations politiques ou autres expressions d’opinion politique pacifique. Aux partis politiques, il demande de «procéder à des déclarations publiques visant à promouvoir la participation paisible dans le processus électoral et d’appeler leurs militants, particulièrement les jeunes, à s’abstenir de recourir à la violence et de respecter les lois nationales et l’ordre public».