GENEVE — Dans un nouveau rapport publié vendredi, l’ONU appelle les autorités à traduire en justice les responsables de viols de masse et d’autres violations des droits de l’homme commis au Nord-Kivu ainsi que de renforcer le système judiciaire et les mécanismes en République démocratique du Congo (RDC).
« Le viol et la violence sexuelle ont été, pendant trop longtemps, systématiquement utilisés comme arme de guerre par différents éléments armés en RDC », a déclaré jeudi la Haut- commissaire aux Droits de l’Homme, Navi Pillay, dans un communiqué.
« Le gouvernement doit considérer comme prioritaire le renforcement des capacités du système judiciaire, avec le soutien de la communauté internationale», a-t-elle ajouté.
Le rapport, basé sur des enquêtes menées par le Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) en RDC, a établi que, du 31 décembre 2010 au 1er janvier 2011, dans les villages de Bushani et Kalambahiro, au Nord-Kivu, au moins 47 femmes ont été victimes de violences sexuelles, y compris de viols. Une centaine de maisons ont été pillées, 12 civils ont été victimes de traitements cruels, inhumains ou dégradants, et deux ont été enlevés. Le nombre exact de viols est susceptible d’être bien plus élevé.
Alors que l’enquête n’a pas déterminé avec certitude qui a commis les violations, des éléments des Forces armées congolaises ont été constamment désignés comme les auteurs présumés. Cent militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), munis de fouets, de matraques, de machettes, d’AK47 et de lance-roquettes, auraient attaqué les habitants de ces localités au motif qu’ils auraient apporté un soutien aux forces ennemies.
Pour les experts, « le processus incomplet et fragile de l’intégration de certains anciens groupes armés au sein des FARDC a constitué un obstacle majeur à l’identification des auteurs ». Des éléments intégrés dans les FARDC, y compris certains de l’ex- branche armée du Congrès national pour la défense du Peuple (CNDP), ne reconnaissent pas l’autorité du commandement central et restent essentiellement en dehors de la chaîne de commandement.
Le rapport a également souligné « le manque de progrès significatifs de l’enquête judiciaire sur les incidents qui a été initiée par les autorités congolaises avec le soutien de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) ».
Cela est dû aux ressources limitées à la disposition du système judiciaire congolais et au manque d’informations claires en provenance des FARDC.
Tout en appelant à ce que justice soit faite, le rapport a également souligné la nécessité de prendre des mesures urgentes pour prévenir les représailles à l’encontre des victimes et témoins et renforcer la protection des civils.
« Plusieurs mois après les faits, [les victimes] continuent à vivre dans l’insécurité et reclus dans la forêt ou les localités voisines », indique le rapport, faisant référence à des incidents où des civils ont été avertis du lancement imminent d’une nouvelle attaque contre Bushani et Kalambahiro à titre de représailles pour avoir collaboré avec les enquêteurs.
Le représentant spécial du secrétaire général pour la République démocratique du Congo et chef de la MONUSCO, Roger Meece, a déclaré que « la MONUSCO est consciente des contraintes limitant la capacité des autorités à enquêter et poursuivre les cas de violations graves des droits de l’homme ».
Il a aussi souligné l’importance de l’obligation de tous les officiers de l’armée de fournir leur plein soutien et leur coopération aux enquêtes en cours, y compris pour l’identification des auteurs présumés, de sorte que les personnes coupables de crimes puissent être traduites en justice.
Il a également souligné que la MONUSCO continuera à soutenir les autorités congolaises dans leurs efforts pour traduire en justice les auteurs des violations des droits de l’homme.
Mme Pillay a également recommandé que, à l’avenir, l’intégration des groupes armés soit accompagnée par un mécanisme de contrôle pour s’assurer que les auteurs présumés de graves violations des droits de l’homme sont exclus des forces de sécurité. « Un tel mécanisme de contrôle est absolument essentiel à toute paix durable dans le pays et la région », a-t-elle conclu.
Source: Xinhuanet