( SOURCE: Le Monde ,07/07/2011)
L’ONU estime que des exactions commises par la rébellion en août 2010 dans 13 villages du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC) pourraient constituer des « crimes contre l’humanité », selon un rapport publié mercredi 6 juillet par le bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH).
« En raison du fait que ces attaques ont été bien planifiées et menées de manière systématique et ciblée, les exactions commises pourraient constituer des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre », indique la publication.
En cause, une série de crimes perpétrés au début d’août 2010 dans 13 villages du Nord-Kivu. Au moins 387 viols, le pillage de 923 maisons et 42 commerces et l’enlèvement de 116 civils soumis au travail forcé ont été perpétrés par un groupe de 200 rebelles. Parmi eux, des Hutus rwandais des forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), de milices des Maï-Maï et des éléments du colonel Emmanuel Nsengiyumva, qui a rejoint la rébellion au début de 2010.
« Les enquêteurs ont appris que la plupart des viols, réalisés avec une méchanceté ignoble par des groupes d’hommes, ont été commis en présence des enfants des victimes et d’autres membres de leur famille et leur communauté », a déploré la haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillay, citée dans un communiqué.
SECURITE INSUFFISANTE DES VICTIMES
« A l’exception du lieutenant-colonel Mayele (un des chefs des Maï-Maï), aucun des auteurs présumés de ces violations graves des droits humains et du droit international humanitaire n’a été arrêté ou inculpé » malgré le soutien de l’ONU apporté au procureur militaire, expliquent les enquêteurs.
Ils indiquent qu’une enquête judiciaire sur les violations a dû être suspendue pour des questions de sécurité de 150 témoins et victimes, pointant l' »absence de mesures adéquates » pour assurer leur protection.
Soldats et rebelles congolais sont régulièrement accusés de commettre des viols et des pillages dans l’est de la RDC, une région très instable où sévissent plusieurs groupes armés. Quelque 248 femmes ont ainsi déclaré avoir été violées entre le 10 et le 13 juin par des soldats en fuite emmenés par un colonel, à Abala, Kanguli et Nakiele dans la province du Sud-Kivu.