SOMMAIRE:
– GENOCIDE RWANDAIS : LES RESPONSABILITÉS DE PAUL KAGAME ET DU FPR
– LE TPIR: UNE JUSTICE INTERNATIONALE OU UNE JUSTICE VISANT A PRESERVER L’IMPUNITE DU VAINQUEUR?
– LETTRE DES PRISONNIERS DU QUARTIER PENITENTIAIRE DU TPIR A KOULIKORO REPUBLIQUE DU MALI.
GENOCIDE RWANDAIS : LES RESPONSABILITÉS DE PAUL KAGAME ET DU FPR
Dans son livre «Je demande justice pour la France et ses soldats», récemment publié, le général français Didier Tauzin, qui a commandé des forces française stationnées au Rwanda entre 1992 et 1994 accuse Paul Kagamé d’avoir orchestré les massacres de 1994 pour faciliter son accession au pouvoir. Il dément également toute implication de l’armée française dans les tueries. Il attribue l’attitude des Hutus pendant le génocide à la panique née de la peur ancestrale que leur inspiraient les Tutsis.
Oui, Paul Kagamé, l’actuel président rwandais, est le principal responsable du génocide de 1994 dans son pays. Non, les militaires français n’ont en rien contribué aux tueries qui ont ensanglanté le Rwanda. Non, les Hutus n’ont pas programmé l’extermination de leurs concitoyens Tutsis. Voilà trois des principales thèses soutenues par le général de division français Didier Tauzin, ancien patron du 1er Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine (1er RPIMa) et ancien chef de l’opération «Chimère» ou «Birunga» (1993) au Rwanda, dans «Je demande justice pour la France et ses soldats».
Didier Tauzin explique avoir profondément souffert dans son honneur et dans sa carrière de militaire de se voir impliqué à son corps défendant dans l’un des plus graves crimes de masse de la fin du vingtième siècle. Il prend la résolution de passer outre la réserve à laquelle l’astreint son statut d’officier supérieur et de livrer au grand public sa version des faits, lorsque, évoquant l’affaire rwandaise, sa propre fille le traite de salaud et d’assassin.
«Paul Kagamé a provoqué les Hutus au massacre des Tutsis».
Dans le scénario de Didier Tauzin, Paul Kagamé apparaît comme un génial manipulateur dans l’élaboration et la conduite de sa guerre de conquête du pouvoir: ne jamais rien céder dans les négociations, ne jamais respecter les trêves conclues. D’où l’échec de tous les efforts de conciliation menés dans les années 90 au Rwanda, notamment les accords de paix d’Arusha. Pour Didier Tauzin, Paul Kagame a choisi délibérément de sacrifier les Tutsi de l’intérieur. C’est son mouvement, le Front patriotique rwandais (FPR), qui serait également à l’origine de l’attentat du 6 avril 1994 qui coûta la vie au président Juvenal Habyarimana. Selon lui, cet acte qui est généralement considéré comme le déclencheur du génocide servait les plans de Paul Kagame: depuis 1990, celui-ci, aidé par l’Ouganda de Yoweri Museveni et de «certaines puissances» a déclenché une guerre qui le mènera au pouvoir à Kigali.
Parti de l’Ouganda où il s’était réfugié, il avance petit à petit en conquérant des pans toujours plus grands du territoire rwandais. Il a infiltré quelques milliers de ses hommes à l’intérieur du Rwanda, jusqu’à Kigali. Ceux-ci n’attendent que son signal pour agir. Paul Kagame va réussir à manipuler toute la presse mondiale, écrit Didier Tauzin.
Ses hommes massacrent et terrorisent les Hutus, au fur et à mesure de leur avancée. Les Hutus sont d’autant plus échaudés et prêts à en découdre qu’ils ont une peur bleue des Tutsis, qui au Rwanda constituent l’ethnie minoritaire. Bien qu’inférieurs en nombre, les Tutsis, par le biais d’une «culture de la manipulation, de la dissimulation et du secret», explique Didier Tauzin, ont réussi à imposer, des siècles durant leur domination aux Hutus. Ils ont réussi à imprimer dans les esprits une idéologie selon laquelle ils sont d’une race supérieure, d’essence divine. Ils se désignent par le terme «Ibimanuka», qui signifie «ceux qui sont tombés du ciel». Leur mépris des Hutus serait tel que certains d’entre eux ne mangent jamais en leur présence. Le retour des Tutsis au pouvoir, par le biais de l’action militaire de Paul Kagame, signifie, pour les Hutus, un retour à l’esclavage dont ils se sont libérés. La peur de ce danger a poussé les Hutu dans un cycle infernal de violences, affirme Didier Tauzin. En déclenchant sa guerre, Paul Kagame n’est pas sans ignorer que cela puisse se produire. Au contraire, les massacres servent ses intérêts, puisqu’il se présentera en libérateur. D’où son entêtement à ne respecter ni cessez-le-feu ni accord de paix qu’il ne signe que pour mieux se préparer à l’offensive. Paul Kagame a provoqué les Hutus au massacre des Tutsis de l’intérieur du Rwanda, soutient Didier Tauzin. Ses hommes ont même tué certains de leurs congénères pour faire porter le chapeau aux Hutus. Il menait une guerre totale et tous les moyens lui étaient bons.
Selon Musangamfura Sixbert, chef du service de Renseignement du Gouvernement FPR depuis le 19 juillet 1994 jusqu’au 30 août 1995, des données fiables prouvent que jusqu’en juillet 1995, le FPR avait massacré de façon sélective et délibérée autour de 312.726 personnes. De ce nombre, on avait pu établir des listes nominatives, malheureusement non exhaustives, de plus de 104.800 personnes tuées par le FPR après sa prise du pouvoir.
Les corps sont souvent enterrés dans des fosses communes (je dispose des noms de plus de 173 dans tout le pays), entassés dans des latrines, des écoles et des habitations rurales, jetées dans l’AKAGERA, brûlés à l’essence, transportés par camions militaires vers le MUTARA, le parc national de l’AKAGERA, la forêt de NYUNGWE, RILIMA et vers d’autres lieux où des escadrons de la mort du Directorate of Military Intelligence (DMI) et des soldats fossoyeurs restent en permanence. Les zones dites militaires et interdites d’accès aux forces de la MINUAR, aux ONG, aux moniteurs internationaux des droits de l’homme, aux autorités civiles et à la population abritent les charniers. Certaines zones dites militaires sont, en réalité, de véritables camps d’extermination et de crémation des corps.
Certaines régions sont interdites de survol tandis que d’autres connaissent des verrouillages systématiques au moment des massacres et du nettoyage par des unités militaires spécialisées (ex : Stade de Byumba en avril 94 après le massacre de plus de 3.000 paysans, SAVE en août 94 pendant les massacres de plus de 1.700 personnes, KABUTARE d’août à novembre 94, NSHILI en janvier 95 etc….).
Beaucoup de charniers laissés par les miliciens INTERAHAMWE ont été, dans la suite, utilisés par l’APR pour camoufler les corps des victimes de ses forfaits dans le dessein de faire croire à l’opinion qu’ils sont l’œuvre des seuls miliciens. Certains des charniers comme à SAVE, NDORA, MAYANGE, SAKE dont les corps ont été exhumés contenaient en réalité des corps des victimes du FPR présentés aujourd’hui comme les forfaits des miliciens.
Le contre génocide est doublé actuellement d’exclusion ethnique dans l’administration, la magistrature, l’enseignement universitaire, l’armée, les organes de sécurité et les affaires.
On assiste aussi à des dépossessions de biens meubles et immeubles, à des exterminations des habitants de certaines localités en vue de leur ethnilandisation, à des pratiques de ségrégation ethnique rappelant l’apartheid, à la diabolisation ethnique et à la responsabilisation collective.
Paradoxalement, certains responsables rwandais, marionnettes du FPR et connus pour leur lâcheté et leur opportunisme, ainsi que des expatriés complices par leur silence, honteux d’avoir failli à leur mission et soucieux de leurs carrières et de leurs intérêts personnels, s’acharnent à blanchir le FPR, pendant que ses responsables, conscients de leurs forfaits, refusent catégoriquement la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale indépendante.
Au cours d’une conférence tenue le 4 avril 2011 devant un auditoire d’étudiants et de professeurs de l’Université de IDAHO, Theogene Rudasingwa, ancien major de l’Armée Patriotique Rwandaise, ancien Secrétaire général du Front Patriotique Rwandais (FPR), ancien ambassadeur à Washington, ancien Directeur de cabinet du président Paul Kagame, explique que durant toutes ses années au service du dictateur rwandais, sa mission consistait à mentir aux gouvernements étrangers et à la Communauté Internationale. Conformément aux instructions de son chef Paul Kagame, il devait, en toutes occasions, se servir systématiquement du génocide des Tutsi comme prétexte pour terroriser ses interlocuteurs étrangers, y compris à la Maison Blanche, pour les réduire au silence chaque fois qu’ils évoquaient les crimes commis contre les populations hutu par les forces de Paul Kagame.
Il leur disait: « comment osez-vous critiquer un régime qui a pu mettre fin au génocide tout seul, lorsque vous autres regardiez les innocents mourir sans rien faire? ». C’était la consigne du pouvoir de Kigali. Et cela produisait de l’effet, puisque ces interlocuteurs avaient peur et honte et ne critiquaient plus le régime de Kigali. Il affirme sans ambages: «En les regardant dans les yeux avec fureur, je leur disais que la communauté internationale avait assisté dans l’indifférence au génocide des Tutsi et que de ce fait elle n’avait pas le droit de juger les actions du gouvernement du FPR qui avait arrêté le génocide. Cela avait un effet certain sur mes interlocuteurs qui préféraient passer à autre chose».
LE TPIR: UNE JUSTICE INTERNATIONALE OU UNE JUSTICE VISANT A PRESERVER L’IMPUNITE DU VAINQUEUR?
Le 18 mars, l’Institut de Droit Humanitaire International, (International Humanitarian Law Institute, IHLI), annonce la publication d’un travail de recherche extensif de 84 pages, intitulé ‘Le Tribunal ad hoc des Nations Unies pour le Rwanda: Une Justice internationale ou une Justice visant à préserver l’impunité du vainqueur?’ (“The United Nations Ad Hoc Tribunal for Rwanda: International Justice or Juridically-Constructed Victor’s Impunity”) par le directeur de l’IHLI, le professeur Peter Erlinder, et le directeur associé Andrea M. Palumbo.
La recherche est basée exclusivement sur des documents des Nations Unies et du gouvernement américain, tels les Documents de l’Affaire du Pentagone, ou ceux dévoilés par WikiLeaks. Les documents originaux peuvent être consultés sur le site web de l’Institut IHLI, au www.rwandadocumentsproject.net.
Les documents de l’ONU expliquent comment la branche militaire de la majorité gouvernementale au Rwanda, le Front Patriotique Rwandais (FPR), est passé entre janvier 1991 et février 1993 d’un groupe ougandais de déserteurs vaincus à l’armée la plus puissante d’Afrique Centrale; et ce avec le soutien de l’Ouganda, du Royaume-Uni et du Pentagone américain.
Les documents en question comportent des témoignages sous serment devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) selon lesquels l’Ambassadeur américain au Rwanda avait personnellement averti Kagame à la fin de l’année 1993 que s’il rompait les accords de cessez-le-feu de février 1993 au Rwanda, il serait tenu responsable des massacres qui s’ensuivraient.
Les documents de l’ONU comportent aussi des témoignages sous serment devant le TPIR d’anciens officiers du FPR qui avaient reçu l’ordre direct de Paul Kagame d’assassiner les présidents du Rwanda et du Burundi le 6 avril 1994. D’autres officiers présents au quartier général du FPR, la même nuit, ont témoigné que Kagame leur avait ordonné de prendre le pays par la force.
Des déclarations sous serment faites par un ancien agent du FBI ainsi que par des enquêteurs en chef du TPIR confirment la culpabilité de Kagame dans ces assassinats. Les mémoires de Carla del Ponte, l’ancien procureur du TPIR, décrivent les ordres qu’elle avait reçus des Etats-Unis de ne pas donner suite aux éléments de preuve dont elle disposait pour engager des poursuites à l’encontre du FPR et de Kagame.
Les documents démontrent aussi que le Général Roméo Dallaire, ancien commandant des Casques Bleus de l’ONU, avait annoncé à l’ancien Secrétaire Général de l’ONU, Kofi Annan, «qu’il n’y avait eu aucun coup d’état» par l’armée du Rwanda en avril 1994; que Kagame refusait systématiquement les demandes de cessez-le-feu qui avaient pour but de mettre fin aux massacres commis entre avril et juin 1994; et que Kagame refusait d’utiliser les forces militaires supérieures du FPR pour arrêter les massacres des civils, car «il était sur le point de gagner la guerre».
Les documents montrent aussi que le Secrétaire Général Annan et l’ancien Secrétaire d’Etat américain, Warren Christopher, avaient été informés en août 1994 des massacres commis contre les civils par le FPR. Cependant, depuis sa création en novembre 1994 jusqu’à aujourd’hui, le TPIR n’a poursuivi aucun accusé associé avec le FPR, et ce, parce que les Etats Unis ont toujours soutenu Kagame, selon le procureur Del Ponte.
L’auteur de cet ouvrage, le professeur Peter Erlinder, directeur de l’IHLI et avocat principal de la défense au TPIR, a été inculpé et arrêté au printemps 2010 par le Gouvernement rwandais pour avoir “renié l’existence du génocide”, et ce sur la base de ses publications universitaires, puis libéré d’une prison rwandaise pour des raisons médicales suite à une campagne internationale féroce. Selon l’auteur: «ces documents de l’ONU, préalablement étouffés, sont la raison pour laquelle Kagame m’a fait arrêter. Je n’ai jamais nié le fait que des dizaines de milliers de Tutsis ont été tués lors d’un génocide, tel que la Convention sur le Génocide entend la définition de ce crime. Il y a même des preuves selon lesquelles peut-être plus de Hutus que de Tutsis auraient été assassinés. Toutefois, ce qui est indiscutable c’est que (a) si le soutient anglo-américain n’avait pas si rapidement transformé le FPR en une puissance militaire dominante au Rwanda entre janvier 1991 et février 1993, le FPR n’aurait pas eu la puissance militaire qui lui a permis d’agresser le Rwanda après février 1993; (b) si les deux présidents n’avaient pas été assassinés lors de la prise de pouvoir par le FPR, les massacres des civils qui avaient été préalablement annoncés n’auraient probablement pas eu lieu, et le FPR serait resté un parti politique minoritaire dans un état à partis politiques multiples».
LETTRE DES PRISONNIERS DU QUARTIER PENITENTIAIRE DU TPIR A KOULIKORO REPUBLIQUE DU MALI.
Le 12 octobre 2010, les prisonniers du quartier pénitentiaire du TPIR à Koulikoro (République du Mali) ont adressé une lettre au Président du Conseil de Sécurité de l’ONU, dans laquelle ils exposent leur réaction face à la publication du rapport Mapping sur les crimes commis contre les Hutu en RDC par le FPR et son armée: «Nous nous réjouissons de la publication du Rapport sur les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises en RDC, spécialement contre les réfugiés rwandais d’ethnie hutu et contre les Hutu congolais en République démocratique du Congo (RDC). Ces crimes d’assassinats, d’extermination, de viols, de tortures, de traitements inhumains et dégradants, compte tenu de leur caractère systématique et généralisé sur un groupe ethnique bien ciblé ne peuvent avoir d’autre qualification que celle de crimes de génocide dans son sens le plus juridique du terme .
Même si le régime du Président Paul Kagame et ses chantres ne cessent de s’acharner à vouloir rejeter ce rapport sans toutefois nier les faits établis, force est de faire constater, une fois de plus, que les massacres systématiques contre les Hutu au Congo ont procédé d’une planification longuement mûrie, depuis longtemps établie et plusieurs fois testée par les idéologues et hauts cadres militaires et politiques du FPR.
Alexandre Kimenyi, Tutsi, professeur à l’Université de Sacramento aux Etats-Unis a sorti l’idéologie génocidaire du FPR contre les Hutu dans le journal IMPURUZA No 17 de décembre 1990; il est notamment stipulé:
Ces rapaces vautours [Hutu] qui engloutissent tout dans le ventre
Comme Ngunda ou comme des cochons
Ces malfaiteurs qui abîment les prairies destinées aux importants bergers [Tutsi]
Tu as ordonné que les Nobles [Tutsi] les flanquent aux pieds pour qu’ils disparaissent afin que les élus [Tutsi] s’autogouvernent écartés de ces salauds et jouissent librement sans ces bandits [Hutu] des villages et champs qui nous seront ouverts à merci.
Concernant particulièrement le Congo, l’une des preuves d’un plan à l’encontre des réfugiés Hutu en RDC, qui s’est concrétisé par les massacres systématiques, est sans conteste la lettre que Paul Kagame, alors Ministre de la Défense et Vice-président du Rwanda, a adressée à Jean Baptiste Bagaza, Tutsi, ancien Président du Burundi, le 10 octobre 1994. On y lit :
«Soyez assurés que notre plan se poursuivra comme nous l’avons arrêté lors de notre dernière réunion à Kampala. La semaine dernière j’ai communiqué avec notre grand frère Yoweri Museveni et avons décidé de porter quelques modifications sur le plan. En effet, comme vous l’avez constaté, la prise de Kigali a vite provoqué la panique chez les Hutu qui ont pris la route vers Goma et Bukavu. Nous avons trouvé que la présence d’un grand nombre de réfugiés rwandais à Goma et surtout de la Communauté internationale peut faire échouer notre plan au Zaïre. Nous ne pourrons nous occuper du Zaïre qu’après le retour de ces Hutus. Tous les moyens ont été engagés pour qu’ils reviennent le plus rapidement possible. Toutefois, nos services de renseignements externes continuent de sillonner l’est du Zaïre et nos collaborateurs belges, britanniques et américains le reste du Zaïre. … Le plan pour le Burundi doit être exécuté le plus tôt possible avant que les Hutus du Rwanda s’organisent ».
Cette idéologie manifestement génocidaire en ce qu’elle cible ouvertement un groupe ethnique en tant que tel, s’est concrétisée dans un plan machiavélique d’exterminer la plus grande partie possible de la population hutu aussi bien au Rwanda qu’en RDC et des Tutsi qui n’auraient pas adhéré audit plan.
La date du 1er octobre 1990 restera à jamais gravée dans la mémoire des Rwandais, car, alors qu’ils commençaient à goûter les plaisirs d’une paix et d’un développement cités en exemple dans le concert des nations, Fred Rwigema dit Gisa, Général ougandais d’origine rwandaise, Vice-Ministre de la Défense du Président Yoweri Kaguta Museveni et Chef d’état-major adjoint de la NRA (National Resistance Army), a lancé une attaque sur notre pays, le Rwanda, à partir du poste frontalier de Kagitumba, une guerre planifiée depuis longtemps et que rien ne pouvait logiquement justifier. Immédiatement après la mort de ce Général, le Président Museveni l’a remplacé par son Chef des services de renseignements militaires en la personne de Paul Kagame, tristement connu en Ouganda pour le sang des Ougandais qu’il a gratuitement répandu sous la supervision de son mentor de toujours, Yoweri Museveni. C’est sous la conduite de ce dernier que la guerre imposée au Rwanda s’étendra sur tout le territoire rwandais et au-delà de ses frontières jusqu’à Matadi sur la rive atlantique après la traversée du grand Zaïre (aujourd’hui RDC). Sur cette avancée meurtrière, la consigne donnée à son armée était l’extermination .
Les multiples parrains du Général Paul Kagame savent que l’avion qui transportait les Présidents Juvénal Habyarimana et Cyprien Ntaryamira a été abattu par les hommes de son armée sur son ordre explicite, mais, compte tenu de leur implication dans les préparatifs de cet assassinat, ils s’évertuent en vain à vouloir dissimuler la vérité. Et pourtant, le donneur d’ordre pour tirer sur cet avion, le Général Paul Kagame lui même, l’a avoué à plusieurs reprises lors des conférences de presse qu’il a organisées et dans de multiples interviews qu’il a accordées à des chaînes de radios et de télévisions.
Il n’est pas concevable qu’à ce jour, plus de seize ans après les faits, aucune enquête digne de ce nom ne soit diligentée par les Nations Unies. Bien au contraire, cette institution aura tout fait pour étouffer toute tentative visant la manifestation de la vérité, notamment en dissimulant la boîte noire de l’avion. Le TPIR a lui aussi interrompu brutalement l’enquête, qu’il avait pris l’initiative d’ordonner et de confier à un de ses agents, l’Australien Michael Hourrigan.
La publication du Rapport sur les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises en RDC, spécialement contre les réfugiés rwandais d’ethnie hutu et contre les Hutu congolais en République démocratique du Congo nous fait espérer que des enquêtes similaires ne tarderont pas de s’effectuer sur le sol rwandais, afin que tous les crimes commis par les uns et les autres entre le 1er octobre 1990 et le 1er octobre 2010 soient mêmement reconnus et punis de la façon la plus acceptable par tous. Juste à titre d’illustration, il serait en effet impensable que les assassinats suivants restent impunis:
– les massacres systématiques et généralisés de la population hutu de Byumba et Ruhengeri dès le début de la guerre;
– le massacre de toute une population au marché à Muhura en avril 1994 par la propre main du
Général Paul Kagame qui reprochait à ses troupes d’hésiter à tirer dans la foule;
– les assassinats sélectifs délibérément ciblés des élus locaux de la Zone dite Tampon;
– l’ordre donné par le Général Paul Kagame pour l’extermination de la population hutu de la commune de Gikoro qu’il avait convoquée à Musha sur un terrain de football au mois de mai 1994 pour une prétendue réunion de sécurité;
– les assassinats massifs à travers les préfectures de Kibungo, Kigali rural, Gitarama et Butare dont certains ont été identifiés par le Rapporteur du HCR, Robert Gersony;
– les assassinats sélectifs opérés aux stades de Kigali, de Byumba, ainsi qu’à différents endroits tels Karushya dans la commune de Giti où a été réuni et décimé le clergé catholique du diocèse de Byumba qui s’était réfugié au Petit Séminaire de Rwesero, de même que les assassinats de Nyarubuye et dans toute la commune de Rusumo ainsi que Gakurazo où les évêques, les prêtres, religieux et religieuses ont été sauvagement massacrés sur ordre explicite du Général Paul Kagame;
-les massacres qui se sont déroulés en avril 1995 à Kibeho sous les yeux des Nations Unies et ailleurs à travers le pays depuis la prise du pouvoir par le FPR;
-les tueries de Kanama en préfecture de Gisenyi où les Hutu réfugiés ont été tués par suffocation dans une grotte que le FPR /APR a soigneusement fermée sur ordre de son chef.
La duplicité de la communauté internationale dans la recherche de la vérité pour une justice équitable s’est spécialement manifestée lorsque le Procureur du TPIR Carla Del Ponte a voulu émettre des actes d’accusation contre les membres du FPR qui se sont distingués dans l’extermination de la population hutu.
L’intervention de l’Américain Richard Prosper et du Ministre Jack Strauw au nom des gouvernements américain et britannique pour bloquer le processus de mise en accusation des membres du FPR montre à quel point le TPIR a œuvré sous injonctions de ces gouvernements.
Nous n’avons jamais cessé de dénoncer le fait que ce Tribunal était inféodé au régime Kagame qui le contrôlait aussi bien dans la procédure des poursuites que dans celle des procès et des jugements par ses représentants à tous les niveaux et par des puissances occidentales interposées.
Il découle de ce constat fait notamment par la journaliste Florence Hartmann, collaboratrice immédiate de Carla Del Ponte, que tous les procès de ce tribunal sont fallacieux, iniques et doivent être révisés. C’est un impératif car les condamnés de ce tribunal sont les personnes que Kagame n’a pas pu exterminer au Rwanda, dans les camps de réfugiés ou dans les forêts du Congo. Le TPIR lui a servi d’outil d’anéantissement de ces rescapés.
La communauté internationale doit comprendre que la réconciliation des Rwandais, préalable à une paix durable et au développement, passera inévitablement par la reconnaissance de toutes les victimes de cette guerre d’agression, ainsi que par une justice juste pour tous les enfants du Rwanda.
Nous appelons le Conseil de Sécurité des Nations Unies à ne plus hésiter à mettre sur pied un instrument juridique pour juger enfin tous les présumés auteurs de tous les crimes contre l’humanité commis aussi bien au Rwanda que dans ses pays voisins, particulièrement au Congo et une décennie auparavant, en Uganda.
Nous suggérons que le Tribunal de l’ONU sis à Arusha (Tanzanie), expurgé de tout le personnel actuel (juges, procureurs, greffiers…) inféodé au FPR soit habilité à mener cette nouvelle mission.
C’est à cette seule condition que l’impunité sera éradiquée dans la région des Grands Lacs. L’impunité est un fléau à supprimer définitivement car elle est un frein au développement de la paix et de la démocratie, empêche la promotion des droits des citoyens et consacre la sacralisation des bourreaux qui n’ont de cesse de se faire passer pour des victimes en diabolisant les innocents sans protection et sans voix.
Depuis deux décennies, le génocide des Tutsi a fait le bonheur du régime Kagame, son mouvement politique, le FPR, et son armée, qui en ont cyniquement fait leur fonds de commerce tous azimuts. Nous souhaitons que la reconnaissance des crimes de génocide dont les Hutus sont victimes depuis plus de vingt ans et la condamnation des responsables de ces crimes par un Tribunal libre et indépendant débouchent sur un dialogue inter Rwandais en vue d’instaurer de façon durable et acceptable par tous des institutions qui sécurisent et libèrent l’ensemble de la population rwandaise, dans la compréhension et le respect mutuels.
Seules la vérité et la justice garantiront la réconciliation et le développement du peuple rwandais.
Seules la vérité et la justice libéreront le Rwanda».