Les Elections de 2006 et Celles de 2011 en RDC: Une Evaluation et une Prospection sans Complaisance
Professeur Mushizi Gyavira MUSHIZI, Doyen de la Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives (Université Officielle de Bukavu – RDC)
A David Bugeme Mugisho
« On n’a pas besoin d’aller au-delà du titre de cette analyse pour se rendre compte qu’il pose problème. Et d’abord, comment penser évaluer les élections de 2006 à l’heure actuelle – soit cinq ans après ? L’initiative n’arrive-t-elle pas trop tard ? Par ailleurs, l’exercice n’a-t-il pas déjà été fait et peut-être avec plus de brio ? Pourquoi ressasser le passé au risque de s’enliser dans une répétition qui pourrait s’avérer ennuyeuse ? En outre, que peut-on réellement dire sur les élections de novembre 2011 du moment qu’elles n’ont pas encore lieu ? Ne s’agit-il pas là d’une impatience sinon coupable du moins soupçonnable ? »
Toutes ces questions, et bien d’autres encore, sont pertinentes et légitimes. Elles n’excluent pas cependant le fait qu’en lisant entre les lignes, ces dates (2006 et 2011), quelles que disparates qu’elles apparaissent, entretiennent une sorte de lien bizarre qu’il faut pouvoir appeler à la lumière du jour. Appelons ce lien «simulacre démocratique congolais ». C’est ce simulacre que les présentes lignes entendent justement mettre en exergue en quatre moments dont :
– le premier esquisse à grands traits l’histoire des concepts de « démocratie » et de « libération » dont sont saupoudrés le passé et le présent des congolais pour établir
– en second lieu le fait que ces concepts, lénifiants et souvent dans l’air du temps, n’auront jusqu’ici eu aucune autre finalité hormis le fait de légitimer des pouvoirs justement illégitimes. Ainsi, plutôt que de considérer sérieusement comment fonder la démocratie selon les règles de l’art, les élections de 2006 se seront « inconsciemment » limitées à la logique de la résolution à court terme de cette crise la rendant ainsi paradoxalement cyclique comme cela apparaît clairement en cette veille de nouvelles échéances électorales.
– Les élections de 2011 permettront-elle de sortir de l’ornière ? Oui quand on ignore ce qui se passe actuellement en RDC et non quant on le sait. Voilà pourquoi à cette réponse des moins rassurantes développée par cette troisième halte de cette analyse, il nous a paru impérieux de rappeler
– en quatrième lieu, l’esprit même de la démocratie dont nul peuple au monde n’a l’apanage pour prétendre qu’un tel autre en manque. Et si pour être démocrate il suffisait simplement d’être un homme ? Ceci qui a tout l’air d’un lieu commun constituera ici une révélation.
1. RDC : IDEOLOGIES PASSAGERES ET PROMESSES LIBERALISTES ET DEMOCRATIQUES MENSONGERES
Il y a certes de quoi sourire quand on parle de la démocratie ou même de la démocratisation en RDC – nonobstant l’épithète démocratique dont est affublé le nom de ce pays : « République Démocratique du Congo ». Cela sans doute parce que derrière les concepts de « démocratie », puis de « libération », qui jalonnent curieusement toute l’histoire de la RDC dès sa création jusqu’à ce jour, s’est toujours tapis un bluff destiné à faire gober aux populations naïves l’amère pilule des pouvoirs hypocrites.
Ainsi, c’est sous ce nom que le territoire dominant la cuvette centrale africaine accède à l’indépendance en 1960, alors qu’il avait été créé peu avant la Conférence de Berlin par Léopold II, sous la dénomination non moins ironique d’Etat Indépendant du Congo.
Les guéguerres entre factions politiques et ethniques (1960 – 1965) auxquelles « l’indépendance » laissa libre cours (ou, mieux encore, que les ex-colons suscitèrent par pur esprit de sabotage) en firent vite une telle tour de Babel, dangereuse aussi bien pour les autochtones que pour les néocolonialistes, qu’il fallait à tout prix trouver un chef capable d’y rétablir la paix. Le « concept Mobutu » venait de naître. Il prit concrètement corps avec le coup d’Etat de 1965 dont les retombées furent certes la paix attendue, mais également, en prime, une exploitation capitaliste sévère et quasiment sans contrepartie juste. L’aventure allait sans doute continuer si l’état de santé dégradée de Mobutu dès 1995 n’avait laissé craindre ses mentors sur ses capacités à continuer à assumer ses missions géopolitiques.
C’est dans ce contexte que la fameuse « guerre de libération » fut concoctée et menée contre sa dictature par l’Alliance des Forces démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre avec comme prétexte de démocratiser le Zaïre rebaptisé RDC. Affaires d’étrangers et d’hommes de paille, l’alliance renversa certes Mobutu en 1997 pour installer Kabila à Kinshasa. Mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, la dictature naissante que Kabila recommença à instaurer, couplée au peu de garantie de la libre exploitation des minerais congolais qu’il donna à ses soutiens, lui valut d’être assassiné en 2001. Son fils Joseph Kabila accéda mystérieusement à son trône avec en prime des rebellions qui embrasaient le nord et l’est du Congo et auxquelles il fallait vite trouver une alternative.
Impliqué en plein dans l’impératif de la pacification, Joseph Kabila initia diverses négociations dont celle de Sun City en Afrique du Sud et qui aboutit à la signature en 2003 à Pretoria du fameux « accord global et inclusif » sur lequel nous aurons encore à revenir. Cet accord eut le mérite de relancer à nouveau frais la longue transition de la RDC vers la démocratie supposée consacrée par les élections saluées par le monde entier en 2006.
Mais est-il vrai que ces élections ont réellement donné une nouvelle impulsion démocratique à l’histoire du Congo ? On l’a cru à l’époque. Sauf naïveté ou fanatisme, nul de sérieux ne peut se permettre de l’affirmer actuellement. En cause, la tendance permanente que le pouvoir a pris depuis de se consolider envers et contre tout et qui exige qu’on remonte auxdites élections pour en mettre finalement à jour la motivation profonde.
2. LA LEGITIMATION D’UN CHEF UNIQUE COMME VISEE MANIFESTE DES ELECTIONS DE 2006
Quand on scrute l’histoire et la nature des pouvoirs qui se sont succédés en RDC depuis ses origines, on constate aisément que ceux-ci ont tous régulièrement été frappés par un même mal : celui de l’illégitimité – souvent aggravée par une certaine illégalité. Ce phénomène, qui apparaît de façon évidente avec l’odieuse incursion de l’occident[1] dans l’histoire de la cuvette centrale, s’est manifesté plus clairement encore à travers la douloureuse crise entre Kasa-Vubu et Lumumba aux lendemains de l’indépendance, la longévité politique lassante et oppressante de Mobutu, le coup de force décrié de Laurent-Désiré Kabila et même l’accession énigmatique au pouvoir de Joseph Kabila, après l’assassinat de son père.
L’histoire allait sans doute continuer son bonhomme de chemin si l’idée même de l’« unicité du pouvoir politique » n’en était venue à être sérieusement égratignée en RDC par une disposition de l’ « Accord Global et Inclusif » qui enjoignait au Président de la République de cogérer l’Etat avec quatre vice-présidents. Là était la condition de ces hommes d’Etat encore alors chefs de factions pour mettre fin aux rebellions qu’ils animaient au nord et dans l’est de la RDC en l’occurrence ; mais là était également « le prix à payer pour le retour à la paix » comme aimait à le rappeler Joseph Kabila.
Il est inutile de dire ici que cette situation atypique fût également politiquement inconfortable. Cet inconfort, me semble-t-il après coup, constitue une des motivations principales qui présida à l’organisation des élections de 2006 ; affaire de consolider un pouvoir unique et, dans ce sens, légal et donc légitime.
2.1. Des élections pour un pouvoir
Il est inutile d’essayer de savoir si les élections de 2006 en RDC furent réellement « libres, transparentes et démocratiques » selon la formulée consacrée. Ceux qui connaissent le poids des mots et la délicatesse de la réalité doivent comprendre par le fait même la difficulté de parvenir à un tel niveau de performance dans le chef d’une population majoritairement inculte, naïve et pauvre d’une part surtout quand elle est dirigée par une minorité futée, démagogue et corrompue de l’autre. L’issue semble évidente. Elle se répétera d’ailleurs pour la simple bonne raison que dans un tel contexte, elle ne peut pas ne pas avoir de beaux jours devant elle.
Je pourrai exceptionnellement revendiquer ici le fait d’avoir participé aux élections de 2006 revêtu d’un rôle relativement majeur[2]. J’ai, à ce titre, été témoin soit de faits soit d’histoires qui, pour amusants qu’ils furent parfois, n’en entachèrent pas moins la crédibilité des résultats de certains centres et bureaux de vote. Mais là n’était pas justement la question. En relisant des années après les suivantes lignes de Léon de Saint Moulin s.j. en rapport avec les « listes des électeurs » notamment, j’en acquiers un cœur plus net encore. A en croire le jésuite en effet : «Le problème (concernant les listes des électeurs) trouve une part de son origine dans une double déficience initiale. La première est celle de la maîtrise insuffisante de la géographie du pays. Ceux qui ont commencé l’enrôlement n’avaient pas une liste officielle de toutes les subdivisions, l’identité de plusieurs centres d’inscriptions a dès lors été notée de façon sommaire… sans indication précise (d’) adresse… Une seconde difficulté vient du manque de vision suffisamment claire du processus dans lequel on s’engageait. Trop heureux de voir la population se faire massivement enrôler, on n’a pas cru nécessaire d’insister sur le fait que le lieu d’enrôlement devait être celui où l’on exercerait son droit de vote. Pour réparer ce manque de rigueur initiale, des dérogations ont ensuite été consenties assez facilement, … On en est ainsi arrivé à 1.103.041 votants sur la liste de dérogation sur un total de 16.615.479…Une autre source de difficultés… est liée au fait que l’enrôlement a été réalisé par encodage sur support magnétique. La destruction accidentelle ou méchante de certains ordinateurs ou CD a fait qu’il y a eu des personnes détentrices d’une carte d’électeur…, mais ne figurant pas sur les listes du Centre national de Traitement… La traque des doublons a ensuite fait radier des listes 292.353 noms de personnes inscrites plusieurs fois… »[3].
On note là des faits graves passés alors inaperçus ou presque parce que l’orthodoxie démocratique était simplement substituée à la problématique de la régularisation du pouvoir politique ou, pour le dire autrement, à la question de la légitimation du pouvoir d’Etat. Soit dit en passant, ce sont justement des faits du genre qui sont actuellement à la base de la contestation du calendrier électoral au Bénin, petit pays de l’ouest africain qui s’est acquis une bonne renommée démocratique sur le continent. Non sans raison. En effet, pour s’assurer de la crédibilité des résultats, il est nécessaire de s’assurer au maximum et avant toute chose de la solidité et de l’irréprochabilité des préalables électoraux. Autrement, c’est du « plâtrage » garanti. Et il y en eut en 2006 en RDC.
Toutes ces irrégularités, vécues çà et là, ont globalement été considérées par l’appareil électoral congolais comme « des cas isolés » vu l’étendue de la RDC, le surnombre des électeurs, la constellation des centres et bureaux de vote, la complexité des procédures, …[4] Cependant, la question est demeurée et demeurera de savoir quel a finalement été le poids de ces « cas isolés » dans les scrutins, ainsi que leur part dans la transparence et, partant, dans la crédibilité des élections de 2006.
C’est parce qu’il en fut ainsi qu’il y eut plusieurs recours en contestation des scrutins. Le plus mémorable, puisque le plus virulent, fut celui du vice-président Jean-Pierre Bemba. Il valut par la suite à Kinshasa une guerre à l’arme lourde au cœur même de la ville pendant trois jours environ[5]. En effet, Bemba avait bien vu le problème[6]. Dans sa lettre du 10 novembre 2006 au Président de la CEI, il écrit en substance : « Je suis surpris par l’ampleur des votes par dérogation dont l’impact sur le résultat final se situe entre 8 et 10% du corps électoral, soit environ 1.000.000 d’électeurs votant par cette voie… J’ai constaté, en effet, que les votants par dérogation se chiffrent en moyenne à 20 par bureau de vote dont le nombre est de 50.045 répartis dans toutes les circonscriptions électorales du pays »[7]. L’argument n’était certes pas insignifiant, comme on le crut à l’époque. Aussi sera-t-il nécessaire d’en tirer la leçon – à savoir que l’orthodoxie des procédures est nécessaire à la crédibilité des scrutins – si l’on refuse de revoir les armes crépiter pour imposer une victoire électorale comme cela fut le cas en 2006.
Il serait erroné de croire néanmoins que la victoire de 2006 ne fut appuyée que par les armes. A dire vrai le score entre Kabila et Bemba était également sans appel : 44, 81 contre 20, 03. Ce score acquit un surcroît de crédit à l’issu des rapports des observateurs internationaux surtout qui rassurèrent que malgré quelques irrégularités observées, aucune intention de fraude électorale n’avait été soupçonnée dans le déroulement de tous les scrutins. Il n’empêche que, inauguré par la force, le nouveau pouvoir légitime du Congo allait de plus en plus se laisser tenter par elle, oubliant par le fait même les vertus dialogiques et sociales par lesquelles se caractérise un pouvoir réellement démocratique.
2.2. la démocratie en veilleuse
Pour comprendre en quoi le pouvoir issu des élections de 2006 était une alternative à la longue crise congolaise depuis 2006, il faut revenir en arrière de seulement une ou deux années, tandis que la présidence de la République est structurée selon le modèle atypique issu de l’Accord Global et Inclusif et connu sous la formule « 1+4 », soit un président de la république cogérant l’Etat avec quatre vice-présidents.
Cette période-ci de l’histoire de la RDC fut très délicate et politiquement inconfortable, comme je l’ai déjà dit. Kabila le comprit mieux que ses vice-présidents qui affichèrent vite des attitudes de satisfaction et, voire, de triomphalisme là où lui, Kabila, fit carrément profil bas, paraissant humble et fragile nonobstant ses grandes prérogatives. Le comportement du chef de l’Etat actuel[8] montre que tout le monde s’est mépris sur cette attitude stratégique qui lui valut une grande sympathie, ainsi que de nombreuses intentions de vote comme je l’ai déjà montré plus haut. Une phrase, qui revenait régulière sur toutes les langues et sur tous les médias ou presque, traduit ce parti pris qui commençait à naître ou à se consolider en faveur de Kabila dans le chef de la population et que les idéologues kabilistes n’ont pas manqué d’amplifier à dessein : « En acceptant de partager son pouvoir avec ses ennemis d’hier, c’est une leçon exceptionnel de renoncement (et donc de crédibilité démocratique) que Kabila donne. »
Ce qui m’a toujours frappé pour ma part dans cette rhétorique, c’est l’adjectif possessif« son » pouvoir – pas le pouvoir d’Etat. Cet adjectif est, à mon avis, symptomatique de la culture négro-africaine en général et de la manière dont les chefs et leurs entourages conçoivent le pouvoir d’Etat en RDC : le pouvoir est un bien, une propriété exclusive. Les avantages qu’il procure grève cette conception erronée et essentiellement antidémocratique – le pouvoir appartient et émane du peuple. Puisque le pouvoir était donc de Kabila, qui, répandait-on, avait accepté de le partager (quoique contre sa volonté profonde), il était logique de le récupérer entièrement, pour inverser l’inconfort que ce partage commençait à lui causer.
Peu en auraient été les moyens si les temps n’avaient pas changé – les évènements d’août 2006 à Kinshasa l’élucide assez clairement. Mais, le climat explosif et les temps modernes actuels obligent, la voie des urnes s’imposait comme étant la seule acceptable pour asseoir cette légitimité tant désirée. Voilà dans quelle finalité les élections de 2006 furent manifestement organisées. J’en voudrais pour preuve le fait que les étapes suivantes du calendrier électoral ait été royalement négligées par le pouvoir organisateur des élections envahi du sentiment d’un devoir accompli une fois le cap des présidentielles passé. Voilà d’ailleurs également dans quelle finalité les élections risqueront de l’être également en 2011, au moment précis où l’expiration du mandat repose à nouveau frais la question de la légitimité du pouvoir qui en démocratie moderne est alternatif tandis qu’en « démocrature » africaine il constitue une propriété dorénavant et définitivement acquise- en Afrique noire[9], la péremption n’existant pas en politique.
On décèle par conséquent clairement l’esprit qui a présidé à la gestion du pouvoir politique en RDC pendant les cinq dernières années. Fondé sur le sentiment triomphaliste d’en avoir fini avec les importuns, il fut essentiellement nombriliste et narcissique, jouisseur et prédateur. En somme, un esprit traditionnel des pouvoirs politiques congolais essentiellement autocentrés et préoccupés par leur propres quant-à-soi. La démocratie et la reconstruction nationale qu’elle implique automatiquement en furent les grandes perdantes. D’où la déception généralisée des populations actuellement en RDC. Mais également les stratagèmes et la rhétorique explicatifs que déploie le pouvoir pour expliquer le peu de réalisation engrangée pendant cinq ans au regard des promesses exorbitantes commises au hasard des campagnes irréalistes. En effet au lieu de travailler pour mériter de la population, le pouvoir a perdu son temps à se consolider ignorant que la stabilité et la longévité politiques ne figurent guère au nombre des vertus démocratiques – si l’on comprend vraiment bien ce qu’est une démocratie qui soit autre chose qu’une idéologie.
3. L’ŒUVRE DE LA CONSOLIDATION DU REGIME SUPRISE PAR L’EVIDENCE DE LA BRIEVETE D’UN MANDAT ELECTORAL
Ceux qui ont vu que la démocratie est un esprit ont parfaitement raison. Cet esprit repose sur le Credo que la liberté et la justice sociale en faveur de leurs compatriotes ne sont guère des idéaux en l’air pour des dirigeants, mais des impératifs et par là des critères de crédibilité et donc de légitimité de leurs pouvoirs.
Vu l’exigence de ces idéaux, tout triomphalisme relève de l’infantilisme. Les élections de 2006 en RDC n’ont pas permis à ses dirigeants de le comprendre. Amateurisme politique, visée injustifiée du pouvoir pour lui-même et manque de sens démocratique y sont pour beaucoup[10]. D’où le caractère par trop détendu, sinon quasiment ludique du pouvoir ainsi mis en place pendant cinq ans environ et qui, surpris par la fin brusque de son mandat, vient de se réveiller nez à nez avec l’obligation d’organiser dans un très court terme les scrutins suivants.
C’est donc dans un tel climat de débandade que l’on se retrouve actuellement en RDC où les gouvernements qui se sont succédés à la tête de l’Etat ont mal mesuré le fait qu’un mandat démocratique est nécessairement bref pour éviter à l’Etat de perdre le temps et de prendre le coup des erreurs dont il risque de ne jamais se relever – comme cela est malheureusement le cas en RDC depuis maintenant cinquante ans.
Quoiqu’il en soit, l’envie (encore à prouver) de mieux faire (c’est-à-dire de corriger les énormes erreurs du passée), ou peut-être la nostalgie du goût mielleux du pouvoir ou peut-être encore le refus pur et simple de l’alternance au pouvoir, vient de pousser les dirigeants actuels de la RDC à retoucher certains points sensibles de la Constitution, affaire de mettre toutes les chances de leur côté lors des scrutins en perspective. Puisqu’elle est décriée, cette retouche mérite qu’on s’y penche pour en dégager les implications pressenties lors des élections de 2011.
3.1. La révision constitutionnelle in medias res ou le pouvoir contre la volonté du peuple
Quand elle a circulé, soit comme un ballon d’essai soit comme une rumeur destinée à ramollir les velléités antirévisionnistes, au milieu de la population congolaise, l’idée de la révision constitutionnelle est apparue à tout le monde comme une énormité et une folie. Celle-ci devenait plus absurde avec le filtrage des points sur lesquelles on entendait booster la fameuse révision et dont le principal épinglé était la suppression du second tour pour le scrutin présidentiel, de manière que l’élection du président de la République ne soit décidée qu’à l’issue d’un tour unique. Naïfs, les Congolais ont toujours été évidemment bien loin de comprendre qu’en politique les grands « mensonges » ont toujours eu le plus de chance.
En effet, le 14 et le 15 janvier le Congrès congolais s’est réuni justement pour porter les modifications en question. Comptant sur le caractère surprenant du Chef de l’Etat, des intellectuels parièrent qu’il ne signerait pas les aménagements en question pour sortir à la grande lumière du jour le comportement antidémocratique du Congrès. Mais le 20 janvier le président promulgua la nouvelle Constitution telle que revue et corrigée par le Congrès. Le doute s’est ainsi définitivement estompé : l’initiative de la révision constitutionnelle venait en fait de bien plus loin que les deux chambres du Parlement. Le prouve la cohérence d’une démarche indiscutée et qui porta des fruits exactement escomptés au préalable. Des analystes s’accordent d’ailleurs à dire que, comme stratégie politique, la révision constitutionnelle en question visait en réalité deux choses : la division de l’opposition d’une part et la réduction des chances de celle-ci à accéder au pouvoir en 2011 d’autre part.
Et de fait, l’unilatéralisme de Tshisekedi a bien failli donner définitivement raison aux analystes en question, au regard de sa décision à s’imposer comme candidat pour toute l’opposition congolaise qui est bien loin de croire en l’intégralité des chances du septuagénaire. Ancien président de l’assemblée nationale, Vital Kamerhe, devenu opposant au régime dont il est un de principaux artisans, veille sur le grain et multiplie de diplomatie avec tous les autres grands ténors de l’opposition. Il est allé jusqu’à prendre langue avec « Bundu dia Kongo ». En effet, pour Kamerhe, aller dispersés aux élections de 2011 contre Kabila équivaudrait à laisser ses chances intactes à l’actuel régime politique.
Tandis donc que les politiciens s’adonnent, aveugles et égoïstes, à leur petit jeu étriqué, la population perplexe et déçu regarde et examine. En effet, on se trompe bien souvent quand on croit que le « bas peuple » est le dernier à savoir si ses intérêts ont été servis ou sont sauvegardés ou non par ses élites. Le fait que, jusqu’à la promulgation par le Président de la République de la Constitution amendée, personne n’ait estimé nécessaire de manifester publiquement son désaccord, conforte sans doute l’idée des gouvernants que leur manège est passé et ou, pire, a été accepté. Tout au contraire, la retouche de la Constitution, intervenue à un moment soupçonnable puisque impropre (quelques mois avant les élections de 2011), cache mal la quête du pouvoir pour le pouvoir. J’en voudrais pour preuve le fait que les matières visitées ne concernent que la consolidation du pouvoir en soi et que rien qui vise l’amélioration du social en chute libre depuis des décennies, n’a vraiment intéressé le constituant.
Comme on peut l’imaginer, ce langage de sourd à l’échelle de toute une nation, ces agissements hypocrites en passe de devenir des malentendus du lendemain sont, je crains, la porte que risquera d’emprunter la « révolution du jasmin » pour prendre corps dans l’actualité de la RDC au lendemain des élections de 2011. En effet, plus que jamais les élections en perspective devront être orthodoxes sur les principes et transparentes et fiables dans leurs procédures. Le climat social tendu et explosif actuel le laisse penser quoiqu’il ne soit encore que larvé. En effet, un tel climat prépare à tout, en commençant par la contestation électorale non pas seulement à la Cour suprême ou constitutionnelle, mais déjà dans la rue, car les Congolais savent désormais très bien comment ils ne veulent plus être gouvernés.
3.2. 2011 ou au rendez-vous de la précipitation et des courts-circuits
Il est très difficile de comprendre que le pouvoir mis en place en 2006 ait oublié de penser à tout jusqu’à l’organisation cinq ans seulement après selon les prescrits constitutionnels, des scrutins relatifs à la législature suivante. C’est dire s’il avait une moindre idée du contenu d’un mandat et de l’alternance démocratique qui lui est corrélative.
Une des fautes impardonnables relatives à cet oubli coupable puisqu’à dessein est sans doute le manque de budgétisation conséquent de cet exercice démocratique, au point que le manque d’argent constitue prétendument aujourd’hui un des motifs clés brandis pour supprimer le second tour de l’élection présidentielle. L’explication est évidemment ridicule, au regard des détournements en centaines de millions de dollars dont a été émaillée la législature finissante et qui ont grevé le phénomène d’une poignée de dirigeants devenant plus riches que leur nation – comme cela fut exactement le cas du temps de Mobutu. Décidemment les Congolais ont des difficultés à tirer les leçons de leur passé. Dire que jamais personne n’a été interpellé pendant la législature en question pour mégestion, détournement, gabegie, vol ou corruption, … en RDC, c’est appeler à la lumière du jour la nature du pouvoir qui l’anime, mais également peindre concrètement la manière dont s’effectue la vie dans ce pays où tous les coups sont permis surtout quand ils sont grands.
Pour y revenir par ailleurs, la suppression du second tour de l’élection présidentielle pose au système électoral à venir une question qui n’est pas sans révéler le mensonge de l’argument économique introduit pour justifier la retouche de la Constitution. Au regard de la loi électorale de 2006, le premier tour de l’élection présidentielle était couplé avec l’élection des députés nationaux, tandis que le second l’était avec celle des députés provinciaux. Doit-on comprendre qu’il n’y aura pas d’élection des assemblées provinciales en 2011 ? En attendant les réponses de la Loi électorale en confection sur un nombre important d’autres questions cruciales[11], force est de constater qu’il n’était pas vraiment temps pour donner libre cours à toutes ces inquiétudes qui, pour subtiles qu’elles soient, ne représentent rien moins aux yeux du citoyen moyen qu’une stratégie pour court-circuiter les élections. Plus que jamais, le temps est arrivé en RDC où l’on doit s’efforcer de réunir les conditions d’une élection élitiste et vraiment démocratique sans laquelle l’annihilation de la République continuera son cours jusqu’à l’anéantissement collectif. En effet, c’est là que les Congolais sont conduits au quotidien par des politiques irresponsables et nombrilistes qui malheureusement occupent haut le pavé de la RDC depuis son accession à l’indépendance. Les Congolais ont certes une grande responsabilité là dedans. Mais les fameux « géostratèges » devraient également se décider de leur faciliter la tâche. Il en va d’un monde un peu plus civilisé.
4. VERS DES ETATS DEMOCRATIQUES EN AFRIQUE ET EN RDC : CONDITIONS
La situation démocratique en Afrique en général et en RDC en particulier est désespérante. J’ai tantôt utilisé le concept de « démocrature » – d’ailleurs entendu à la RFI (Radio France Internationale) alors que je me préparais à finaliser ces lignes – pour tenter d’en dire tout le mal qu’elle mérite. En effet, la démocrature m’a paru juste pour caractériser non seulement les irrégularités en cours en RDC sous prétexte d’élections démocratiques, mais également et tout récemment les élections à la Kagame, à la Museveni, à la Compaoré, à la Deby, à la Nkurunziza, à la Biya, à la Kibaki, Gbagbo emportant la palme parmi tous.
La question que posent tous ces ratés – « barbaries » eut valu mieux – consiste finalement à savoir si les présidents (noirs) d’Afrique peuvent être crédités d’un minimum de bonne foi relativement aux principes sociopolitiques et éthiques universels. Ce qui suppose un minimum de bonne éducation de base, ainsi qu’une ascèse intellectuelle éprouvée.
Il est heureux que, telles des étoiles dans le ciel sombre de l’Afrique, quelques noms et expériences nous tirent de l’impasse où risquait de nous plonger la question. Rawlings et Kuffuor, Mkapa et Salim, Soglo et Konaré, Mbeki et Mandela,… en sont fort heureusement. Leurs démarches respectives procurent fierté et pourraient aider ceux qui sont encore loin du compte à s’élever d’un cran sur le plan du style propre au jeu politique qui peut être tout sauf une « mangeoire ».
4.1. Mépriser la tentation de la « politique du ventre » pour projeter les réalisations politiques dans un présent épanouissant et qui préserve entières les chances de l’épanouissement des générations futures
Si les grands hommes travaillent pour le futur, on peut en déduire que les petits hommes travaillent pour l’instant. Si les grands hommes travaillent pour les autres, les petits hommes travaillent pour eux-mêmes. Quand on regarde le visage des pays africains, celui de la RDC singulièrement, on se fait tout de suite l’idée et de la nature et de la stature des hommes politiques qui se sont succédés à sa tête : des hommes sans vision, ni ambition et en tout cas, sans humanisme.
Potentiellement un des pays les plus riches du monde, doté d’impressionnantes réserves de mines, de terres arables, de forêts, de cours d’eau, de lacs et même d’un fleuve – second mondial en débit ; jouissant de climats aussi variés qu’exceptionnels, la RDC constitue un des trois pays les plus pauvres du monde actuellement. Non seulement l’on y meurt encore de la malaria et de plusieurs autres maladies opportunistes éradiquées ailleurs, mais même aussi de l’insécurité, de la faim et de la soif ! Que dans un tel contexte l’accès aux soins de santé primaire et à l’éducation de base soit un luxe, cela s’entend naturellement.
Ce sort, qui est globalement celui de la population, contraste radicalement cependant avec celui des dirigeants congolais insolemment riches et vivant bien souvent au diapason sinon au-delà du niveau de vie des plus grandes fortunes du monde riche. La conclusion s’impose cinglante : en RDC, comme dans plusieurs autres Etats d’Afrique, on recherche activement le pouvoir pour échapper à la situation de pauvreté personnelle ou pour s’enrichir insolemment. Dans les deux cas la situation est sans transcendance et va jusqu’à compromettre d’ailleurs gravement la quintessence même de ce qu’il convient d’entendre par « la politique ».
Car la politique n’est guère le lieu de ceux qui ont une panse vouée aux bruits stériles des borborygmes ; mais de ceux qui, toujours en éveil, pensent sévèrement, c’est-à-dire recherchent activement des solutions contre tout déficit en bien-être de leurs gouvernés en particulier et de leurs semblables en général. Ainsi comprendre la politique, c’est refuser de la déchoir en exercice honteux de bombance. Car « si manger, se complaire à manger … c’est dégoûtant, la faim de l’autre c’est sacré »[12]. « Grand (donc) est le manger (non pas de moi) mais du prochain qui a faim »[13].
Je me suis souvent laissé frapper en effet par le caractère inhabituel et positivement banal de cette compréhension que Levinas, un philosophe juif, propose de la politique. Elle signifie pour lui l’art de vaincre la faim d’abord et essentiellement – c’est-à-dire, poussé loin, de rendre sa dignité à l’homme par delà le jeu métabolique et animalesque. Voilà pourquoi probablement aucune politique sérieuse ne peut être possible sans sens de service public et gratuit et sans humanisme avéré, deux traits majeurs caractéristiques de vrais hommes – que je distingue ici soigneusement de primates à visages humains.
4.2. Pour un pouvoir des hommes en Afrique noire
Une définition, vielle du temps d’Aristote, fait de l’homme un animal raisonnable – ce dernier vocable (logos) faisant indistinctement appel à l’intelligence et au langage en grec. Pour vieille qu’elle est, cette définition que nous allons enrichir un tout petit peu par après, vaut pour la présente réflexion et d’abord par le concept de raison ou d’intelligence qu’elle met en branle.
4.2.1. La raison
La raison ou l’intelligence peut se comprendre comme la capacité humaine de commettre le meilleur choix possible, de mesurer si les engagements qu’on souscrit valent la peine ou sont un gain pour soi et pour la multitude au regard des conséquences qui risquent d’en découler. Passés au crible de cette simple définition, la plupart de contrats et de marchés passés par les pouvoirs africains et congolais étonnent – mais nous n’en dirons pas davantage. C’est autant donc dire que l’élévation académique et intellectuelle devrait être un critère de premier plan pour confier des responsabilités à la hauteur d’une nation à un individu. Bien que négligé à dessein par les idéologues des pouvoirs et les géo-stratèges des puissances en Afrique, ce critère intervient pour beaucoup dans le choix des dirigeants de grandes nations de notre planète. Et tel étant le cas, il est donc vain de s’étonner que ces nations évoluent et que l’Afrique dépérit. Cela a déjà été dit clairement en effet depuis 2000 ans environ : « si un aveugle conduit un autre aveugle tous deux tomberont dans le trou ». Le drame, c’est que c’est des millions d’âmes que les aveugles africains précipitent dans le trou du sous-développement avec sa cohorte de misères.
4.2.2. Le langage
Capacité « d’intelliger dans son for intérieur», la raison est également « vocation au dehors de soi » à travers le langage. En effet, c’est par le langage que l’intelligence s’objective, se manifeste et se laisse saluée et validée par quelqu’un d’autre en dehors de moi. Confrontée à d’autres intelligences et à d’autres langages, la raison est appelée à s’épanouir dans le respect de la différence. Or, nous devons reconnaître encore une fois que cette vertu éminemment politique et démocratique est loin d’animer le style politique africain structuré autour de la prépondérance de la parole du chef (amplifiée par les thuriféraires de tous bords) et la marginalité de l’opinion contraire. Les campagnes politiques africaines sont des moments éloquents à ce sujet.
Dans cette logique, l’opposition, appelée pourtant à améliorer la gouvernance démocratique par l’alternance au pouvoir, est perçue comme un affront et une structure à assimiler ou à combattre. L’esprit démocratique s’en trouve assassiné. D’où la culture africaine des pouvoirs dynastiques et/ou illimités qui ne peuvent dès lors qu’être contre-performants et répressifs. La sphère politique africaine doit vite découvrir les multiples vertus du langage dialogique dans la vie sociale et publique des hommes. Pour cela, il lui faut apprendre à écouter plus qu’à dicter, à méditer plus qu’à ruser. Il en va de la pluralité considérée à raison comme pilier capital de la démocratie.
4.2.3. L’humanité
A l’intelligence et à l’humilité du dialogue, il est capital de reconnaître à l’homme une autre dimension : l’humanité ou la bonté qu’on évacue souvent à tort de la politique. Sans humanité et sans bonté le pouvoir ne peut s’effectuer autrement que comme violent. Mais en plus sans humanité et sans bonté, la justice sociale et distributive devient à tort le cadet des soucis des dirigeants d’une nation piégés dès lors par des idiosyncrasies vouées à l’échec puisque désertées par l’essentiel. Il est nécessaire de rappeler aux dirigeants africains l’inéluctabilité de la bonté dans l’humain, surtout en ce moment où Khadaffi promet au monde entier d’exterminer son peuple parce qu’il exprime son ras-le-bol de ses 42 ans de pouvoir.
En définitive, sans des leaders politiques doués d’une intelligence certaine, aptes par conviction et par principe au respect de la différence et pétris d’un sens profond d’humanisme, non seulement l’Afrique ne devra rien espérer ; mais elle devra au pire se résigner à demeurer cette purulence au cœur du monde. Et cela, aucun homme digne de ce nom ne peut l’accepter. Voilà en quoi l’Afrique et la RDC demeure donc une tâche pour nous tous, citoyens conscients du monde.
CONCLUSION
Dans les lignes qui précèdent, j’ai voulu évaluer les élections de 2006 en RDC tout en débrouillant si elles peuvent être prégnantes de quelques leçons nouvelles pour celles qui se préparent pour novembre 2011. Ainsi, il m’a paru, au regard notamment de l’arrêt du processus démocratique de 2006 en RDC, que les élections organisées alors étaient alignées moins sur l’idéal de fonder et d’asseoir durablement la démocratie en RDC que sur la volonté de légitimer un pouvoir particulier.
Cette vérité paraît ressortir avec moins d’ambigüité encore en cette veille des élections de 2011 où l’on voit très concrètement que plutôt que de disposer l’électorat à des élections transparentes et sans soupçon, le pouvoir tripatouille la Constitution pour des buts qui, pour inavoués qu’ils sont, n’en inquiètent pas moins ses citoyens. Il en découle que, plutôt que de déchoir la démocratie en messes électorales et en prétextes procéduraux, les dirigeants africains et congolais sont appelés ici à regarder dans une autre direction : celle qui inscrit l’exercice de la politique dans le choix de l’intelligence, du respect de la différence et de l’humanisme, vertus en dehors desquelles les dirigeants politiques africains continueront à demeurer les bourreaux de leurs peuples et ceux-ci le témoignage permanent de la cruauté de l’animal en l’homme en général et en l’homme africain en particulier.
Professeur Gyavira MUSHIZI
Doyen de la Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives
Université Officielle de Bukavu (UOB)
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[1] J’ai pour ma part toujours été frappé par la racine latine du mot ‘occident’ : occiderequi veut dire tuer. Cette mission étymologique, la Belgique l’a correctement remplie en RDC depuis son monarque Léopold II jusqu’à son œuvre colonisatrice et, par la suite, avec les multiples conflits dont elle a tiré les ficelles au Congo et dont l’assassinat de Lumumba et les sécessions katangaises demeurent la plus haute pointe.
[2] L’auteur de ces lignes a en effet été « Formateur Electoral » au sein de la Commission Electorale Indépendante de la République Démocratique du Congo et a pu, à ce titre, surveiller et/ou suivre de près les élections dans divers aires électoraux de la RDC.
[3] L. de SAINT MOULIN s.j., « Analyse des résultats du second tour de l’élection présidentielle en RDC » in Congo-Afrique n° 41, XLVII, janvier 2007, pp. 37 – 39.
[4] « Cauchemar logistique », voilà comment les Nations Unies auraient qualifié les élections de 2006 en RDC : le pays a 2.345.409 km, il n’a quasiment pas d’infrastructures de communication, il compte un électorat riche de 25.712.552 âmes alignées dans 9.089 centres de vote eux-mêmes subdivisés en 50.045 bureaux de vote, animés par 263.974 agents électoraux et desservis, en marge des moyens ordinaires, par 62 avions et 25 hélicoptères de la MONUC pour : 4.500 tonnes de matériel, 1.500 tonnes de bulletins de vote, 13,3 millions d’affiches, 5,5 millions de brochures, 1,5 millions de dépliants ; 1, 3 millions de spécimens de bulletin de vote, … Il reste trop à redire sur le sujet. Cfr. R. MINANI BIHUZO s.j. (dir), Rapport d’observation des élections présidentielle, législatives et provinciales en République Démocratique du Congo, Mediaspaul, Kinshasa, pp. 7-9. Nous sommes contributeurs dans ce volume.
[5] On en a parlé en termes très pudique des « «évènements de 20 – 22 août ».
[6] Cfr sa « Requête en contestation des résultats de l’élection présidentielle du second tour du 29 octobre 2006 devant la cour suprême de justice » comportant huit moyens et signée à Kinshasa le 18 novembre 2006.
[7] Cfr. R. MINANI BIHUZO s.j, Op.cit, p. 189.
[8] Les articles publiés par Jeune Afrique en son numéro 2612 du 30 janvier au 5 février 2011 sur la personne du président Kabila sont tous acceptables sur ce sujet nonobstant le piquant ironique qui semble les caractériser et que nous ne partageons pas intégralement.
[9] Il faut peut-être dire simplement en Afrique étant donné ce qui se passe en Afrique « blanche » actuellement sous le label désormais consacré de « révolution du monde arabe » ne dément pas ce qui vient d’être dit.
[10] Il est inutile de souligner le coup qu’en a pris le développement de la RDC déjà exsangue sur tous les plans.
[11] Pourquoi et comment on a encore raté le coche du recensement général de la population qui soit le seul à fixer sur le nombre réel des électeurs ? Les élections électorales embrasseront-elles cette fois le niveau local ? Pourquoi ne planche-t-on quasiment jamais sur le profil des dirigeants à élire, chose qui aurait aidé la République à se doter d’un personnel qualitatif et fiable ?…
[12] F. POIRIE, Emmanuel Lévinas. Essai et entretiens, Ed. Babel, Saint Armand-Moritrond (Arles), 1996, p. 134.
[13] E. LEVINAS, Du sacré au saint. Cinq nouvelles lectures talmudiques, Ed de Minuit, Paris, 1977, p. 38.