Congo Actualité n. 123

SOMMAIRE:

EDITORIAL: Bon voisinage: opportunités et risques
1. KIVU
    – L’absence de transparence dans les opérations de retour des réfugiés
    – Certains membres des forces armées impliqués dans des extorsions
2. LA CREATION D’UNE FORCE MILITAIRE REGIONALE DE LA RDC, DU RWANDA ET DU BURUNDI
3. LES RETOMBÉS DU RÉFÉRENDUM SUD SOUDANAIS SUR L’EST DE LA RDCONGO
    – L’insécurité comme moyen pour diviser le Pays
    – Des complicités étrangères

 

ÉDITORIAL

Bon voisinage: opportunités et risques

Pour une paix durable dans la Région des Grands Lacs Africains (République Démocratique du Congo, Rwanda et Burundi) en général et dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDCongo) en particulier, on insiste souvent sur la nécessité de créer des relations de bon voisinage et collaboration entre ces Pays limitrophes qui ont un passé récent, caractérisé par une série de conflits suivis des actuelles conséquences.

Le libre déplacement des personnes à travers les frontières et le libre échange des marchandises peuvent certainement faciliter l’unité des peuples et le développement social et économique de la région.

La décision de former une armée commune entre ces Pays peut certainement créer de nouvelles conditions de sécurité et favoriser la paix.

Si nombreux peuvent être les avantages, autant nombreux sont les risques.

Au cours de ces derniers mois, les déplacements de populations d’un Pays à l’autre se sont intensifiés .

De nombreux groupes arrivent au Kivu (Est de la RDCongo) provenant du Rwanda et de l’Ouganda, se présentant comme des réfugiés Congolais qui rentrent au pays, mais souvent ils son dépourvus des pièces d’identité et de documents d’attestation de leur statut de réfugiés. Si souvent eux mêmes ne savent pas dire avec précision le nom de leurs villages d’origine, la population locale non plus parvient à les reconnaître comme leurs voisins du passé, avant leur départ. Alors on commence à douter de leur vraie nationalité et on s’interroge s’il s’agit de vrais réfugiés Congolais qui rentrent chez eux ou s’il s’agit plutôt d’immigrés clandestins ou d’infiltrés d’autres nationalités, surtout rwandaise. Et le doute peut se transformer en suspicion: avec quelle intention arrivent-ils?

À propos de la création d’une force militaire commune des trois Pays (RDCongo, Rwanda et Burundi), membres de la Communauté Économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), il est connu que l’armée congolaise est un conglomérat de troupes provenant d’anciens mouvements rebelles, avec une formation militaire insuffisante et une logistique nettement insuffisante. Réputés indisciplinés, nombre de militaires sont indexés d’être responsables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. À préciser que, au Kivu (Est de la RDCongo), l’armée soi-disant nationale est formée et commandée par des militaires provenant surtout du Congres National pour la Dèfense du Peuple (CNDP), un ancien mouvement armé appuyé par le Rwanda. D’autre part, l’armée rwandaise est considérée comme une des meilleures armées de l’Afrique: disciplinée, bien formée, bien organisée et efficace.

Quelles seront donc les modalité de la composition de la nouvelle force militaire commune? Qui en assumera le commandement?

Le peuple congolais et surtout les populations du Kivu, en particulier, ont bien raison de se préoccuper.

On risque, en effet, d’aller vers un repeuplement rwandais du Kivu et vers une nouvelle occupation militaire de l’est de la RDCongo, comme prélude à une possible balkanisation (division) du Pays, sanctionnée par un soi-disant référendum de « autodétermination » d’un peuple non plus congolais, mais de plus en plus hétérogène. Ceci emmènerait à la naissance d’un nouvel État, ou de nouveaux États, placé sous l’influence du Rwanda et de l’Ouganda, au détriment des populations congolaises.

Cette nouvelle subdivision du Pays serait voulue par les grandes puissances occidentales et les multinationales, pour pouvoir mieux bénéficier des nombreuses ressources naturelles de la RDCongo (cassitérite, coltan, or, diamants, cuivre, pétrole, bois, etc.).

Plusieurs propositions pourraient éviter de tels risques:

– Un contrôle plus rigoureux des identités des personnes qui franchissent les frontières.

– L’implication du Commissariat de l’Onu pour les réfugiés (HCR) et de la Commission congolaise pour les réfugiés, au niveau tant national que provincial, dans la programmation des rapatriements des réfugiés, en évitant les retours spontanés et la conséquente confusion.

– L’implication des chefs coutumiers dans la vérification de l’identité de ceux qui présentent comme des réfugiés congolais de retour en RDCongo.

– Le dialogue, la concertation et la diplomatie, comme moyens pacifiques pour résoudre le conflits et les crises.

– La réforme et la professionnalisation des services de sécurité congolais (armée et police) pour garantir la sécurité des personnes, l’intégralité nationale et la défense de la souveraineté nationale.

– En cas d’extrême nécessité et comme dernier moyen, on pourrait faire recours à des troupes neutres de l’union Africaine ou des Nations Unies, mais pas à des troupes d’armées déjà impliquées dans des opérations précédentes d’invasion du territoire congolais et déjà responsables de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et, probablement, de possibles crimes de génocide commis dans un passé récent sur le sol congolais.

1. KIVU

L’absence de transparence dans les opérations de retour des réfugiés

L’absence de transparence et la non implication des entités locales dans les opérations d’installation des réfugiés qui rentrent au Pays depuis le Rwanda, sont à la base d’un climat généralisé de suspicion, à tel point que, souvent, on identifie des populations congolaises (hutu ou tutsi) rwandophones comme étant des Rwandais tout court et on parle, alors, d’une infiltration rwandaise au Nord-Kivu. La suspicion est d’autant plus justifiée, quand on constate que, parmi les retournés, il y a aussi des vrais infiltrés rwandais.

Le 15 février, la communauté Nande s’est dite préoccupée par les mouvements d’installation massive de populations rwandophones dites «Hutu-Nande et Tutsi-Hunde» au Grand Nord de la province du Nord – Kivu. En effet, depuis le 19 Janvier 2011, on enregistre plus de 37 ménages contenant en moyenne 8 personnes qui sont en train d’être installés dans nombreuses localités et agglomérations du Grand-Nord (Busekera, Miriki, Rusamambu, Bukomerwa, Buleusa, Kanune, Busalingwa, Luofu…).

Ce qui paraît inquiétant pour la communauté Nande, c’est que parmi les retournés figurent certains officiers influents des FDLR, dont Messieurs RUTWE MBARAGA BAGARE et BASABOSE, connus pour leurs multiples exactions à l’endroit des populations de cette zones entre 2004 et 2007.

Considérant que, dans la zone de Beni-Lubero, le retour et l’installation des réfugiés dits «Hutu-Nande, Tutsi-Hunde» se font de manière anarchique, la Communauté Nande en appelle à l’implication personnelle des Coordonnateurs Provincial et National de la Commission Nationale des Réfugiés (CNR), du Gouverneur de Province, du Chef de l’Etat, du Responsable du HCR et du Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’O.N.U. en R.D.C., pour formaliser d’avance l’identification des retournés dans leurs camps, avant leur éventuelle installation; cela afin d’éviter toute suspicion sur la vraie identité de ces retournés (qui risque d’avoir une incidence sur le processus électoral en cours) et favoriser la transparence dans l’opération de leur retour au pays.

Le19 février, la question de l’invasion du Sud du Territoire de Lubero par des personnes qui s’appellent «HUTU-NANDE», a été traitée lors d’une rencontre, à Butembo, entre la Communauté Nande et le Gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku.

Abordant la question des soi-disant «HUTU-NANDE», le gouverneur a rappelé que ces derniers étaient jusqu’à Goma pour solliciter une escorte et un laissez-passer pour le Sud du Territoire de Lubero. A cette demande, le gouverneur avait répondu que les conditions n’étaient pas encore réunies, notamment la consultation des chefs coutumiers du sud de Lubero. Selon le gouverneur lui-même, l’arrivée des «Hutu-Nande» au Sud de Lubero s’est faite à son insu. Ces Hutu-Nande seraient partis de Masisi pour arriver dans le Sud de Lubero. Face à cette situation, le gouverneur a dit qu’il vient d’écrire, le 2 février, une lettre au Président de l’Assemblée Provinciale, pour que les Députés constituent une commission d’enquête sur l’arrivé au Sud-Lubero de personnes qui se disent «Hutu-Nande».

Selon plusieurs témoignages, des groupes de personnes, dont des militaires et des civils, provenant du Rwanda continuent à franchir la frontière pour se diriger vers Masisi (Nord Kivu), entièrement sous contrôle du CNDP. Selon ces témoignages, la plupart d’entre eux ne sont pas des réfugiés congolais qui rentrent au pays, mais des faux réfugiés, des Rwandais qui veulent s’installer au Kivu, pour y profiter de l’extraction du coltan, du pétrole, du gaz méthane, de la cassitérite, etc.

Entre temps, des nouvelles tribus ont vu le jour à Masisi, notamment les Hutu-Nande, les Tutsi-Hunde, les Hutu-Hunde. Ces nouvelles tribus inconnues jusqu’à présent dans la région se disent déplacés au lieu de réfugiés. Cette stratégie vise à cacher l’origine rwandaise des occupants.

Ces réfugiés congolais du Rwanda devenus déplacés du Masisi veulent s’installer eux-mêmes dans ce qu’ils prétendent être leur milieu d’origine. Ils exigent ainsi un laissez-passer du gouvernorat du Nord-Kivu. Ils ont décidé eux-mêmes de la date de leur départ, de l’itinéraire de leur retour, parce qu’en effet, ils ont tout: l’armée du CNDP pour les protéger, les camions du HCR pour les transporter, les maisons démontables sont déjà dans certaines usines de collabos congolais pour leur offrir leur abri… Personne ne connaît la réaction des populations locales qui ont déjà des problèmes fonciers et qui ne se rappellent pas avoir vécu avec des Hutu-Nande, Hutu-Hunde, Tutsi-Hunde, etc.

Il va donc de la responsabilité du gouvernement congolais de prendre ses dispositions pour éviter un bain de sang inutile dans une région déjà meurtrie par 16 ans de guerre.

Selon certains observateurs, en effet, le projet actuel de la communauté internationale qui soutient la balkanisation de la RDC, c’est bien la finalisation de l’infiltration rwandaise. Ce qui compte pour les balkanisateurs, c’est l’infiltration rwandaise dans les provinces de l’Est de la RDC pour préparer la base de l’autonomisation de cette partie du pays suivant le modèle du Kosovo et du Sud-Soudan.

Le triste constat est que les villages qui ont été plusieurs fois incendiés correspondent aux lieux d’accueil des «retournés» du Rwanda tels que établis par le HCR/PNUD. C’est le cas de Luofu, Alimbongo, Mbughavinywa, Muramba, etc. Autrement dit, les incendies des villages n’étaient pas (ou ne sont pas) un fait du hasard, mais ils font partie intégrante d’un plan d’occupation du Nord-Kivu. Tous les crimes commis contre les populations congolaises avaient comme but de les faire fuir de leurs villages, pour créer des lieux d’accueil pour les «retournés». Comme ils ont résisté, le risque d’affrontement entre autochtones et «retournés» est grand.

Au cours du mois de janvier, trois contingents rwandais sont arrivés à Luofu, en chefferie des Bamate, Territoire de Lubero (Nord Kivu). Au total, on compte plus de 200 occupants rwandais dans la localité de Luofu. Officiellement, ils viennent de Masisi. Mais les plus jeunes d’entre eux qui ont fait un premier pas vers les jeunes de Luofu ont dit qu’ils viennent du Rwanda: certains seraient venus directement du Rwanda, d’autres du Rwanda via Masisi, jusqu’à Luofu, sans l’implication du Gouvernement provincial du Nord Kivu. Quand les habitants de Luofu ont été conviés par le HCR/PNUD pour identifier les nouveaux arrivés, présentés comme des réfugiés retournant du Rwanda, ils n’ont trouvé que deux familles qui dans le temps avaient acheté des terres aux chefs coutumiers locaux. Lors de la guerre dite Magrivi (années 1990), ces deux familles vassales (vasoki en Kinande) avaient vendu leurs terres avant de partir au Rwanda. Selon le droit coutumier, ces deux familles avaient perdu leurs droits d’usage de la terre qui, chez les Nande est une propriété coutumière.

Parmi ces soi-disant retournés, on a découvert deux officiers FDLR, Rutwe Bagare et Sebasore, qui endeuillaient le Sud de Lubero, notamment les localités de Busereka, Rusamambu, Miriki, Bukomerwa vers les années 2004-2007.

Les premiers contingents des occupants démontrent que les FDLR, qui étaient soupçonnés comme étant les auteurs des incendies des maisons, font en réalité partie du plan d’occupation. La découverte des officiers FDLR dans les premiers contingents de Luofu fait dire aux autochtones que la fameuse traque des FDLR qui a été plusieurs fois présentée comme l’objet des opérations militaires dites conjointes, n’était qu’un prétexte. Les autochtones distinguaient déjà entre Faux FDLR et vrais FDLR.

Au Nord-Kivu, on assiste aussi, ces derniers mois, à une permutation des troupes issues du CNDP, une opération qui pourrait favoriser l’injection d’autres troupes en provenance du Rwanda au sein des Fardc. C’est le cas de Mubambiro/Sake et de Rughenda/Butembo.

Si telle est la situation, les opérations en cours sont tout simplement une occupation armée ou une colonie de peuplement rwandophone, pour faciliter la balkanisation du Pays.

Depuis un certain temps, les infiltrés rwandais se font voir dans la ville de Butembo. Certains d’entre eux viennent de prendre possession des maisons que des collabos congolais achetaient à leurs noms pour cacher les noms de leurs vrais acheteurs. Des sources proches des militaires rapportent que la plupart sont des ex-militaires du CNDP ou des combattants des FDLR.

Ce que la communauté internationale appelle Armée Congolaise, c’est l’armée du CNDP qui a toujours refusé de quitter l’Est du Congo et ceux qu’on appelait FDLR hier sont visibles aujourd’hui parmi ceux que la même communauté internationale appelle «retournés». Les FDLR qu’AMANI LEO prétend traquer dans les brousses, ne sont pas en brousse mais dans les rues de nos villes et cités. Ils sont devenus Fardc, retournés, DEMIAP, ANR, Police Nationale, etc.

Certains de ces infiltrés rwandais qu’on trouve en ville de Butembo se font avoir parce qu’ils séduisent les filles désœuvrées moyennant des billets verts. Selon certaines indiscrétions, leur projet est de prendre en mariage les filles beniluberoises, faire des enfants avec elles, pour créer un pont entre les deux peuples. Une prime aurait été promise à tout infiltré rwandais qui présenterait sa femme beniluberoise aux cerveaux moteurs du projet.

D’autres continuent la mission de la violence pour casser la résistance des Nande au diktat rwandais. Ces derniers tuent, ravissent des biens de valeur, braquent les véhicules, etc. en toute quiétude car les autorités administratives locales n’ont aucun pouvoir sur eux. On les voit aussi prendre du bois de chauffage sans demander de permission, attraper des poules ou des chèvres de leurs voisins, se raccorder au courant électrique du quartier sans l’aval des propriétaires, etc.

Comme le peuple congolais vient de découvrir cette supercherie, il doit désormais éviter de se laisser tromper et il doit prendre la décision d’assurer sa propre sécurité.

Depuis le mois de février 2011, dans le territoire de Rutshuru aussi, au Nord-Kivu, on a observé le retour d’environ 400 familles provenant de l’Ouganda. Le fait le plus troublant c’est que ces retournés n’ont pas emprunté la voie officielle. L’administrateur du territoire de Rutshuru s’en est inquiété et a ouvertement dénoncé des irrégularités qui entourent leur retour: «Les retournés sont dépourvus de titres attestant leur statut des réfugiés ou leur nationalité et leur retour par vagues désordonnées peut avoir des incidences sur la sécurité du territoire». Le système sans doute rudimentaire d’identification des réfugiés mis en place au niveau du territoire pour assurer un contrôle minimum de flux de populations a été contourné. Entre-temps, le HCR exclut toute implication dans ces opérations de rapatriement. Ces retours par vagues désordonnées pourront sans doutes être à la base de nouveaux conflits fonciers. Approché par Radio Okapi, un député national du Nord-Kivu, ayant requis l’anonymat, s’est exprimé en ces termes: «Ce constat d’un retour massif des réfugiés congolais sans papiers d’identité en provenance de l’Ouganda intervient quelque trois mois après celui d’autres réfugiés congolais sans papiers en provenance du Rwanda, pour lesquels le HCR avait indiqué, à l’époque n’avoir pas constaté un mouvement de départ dans ses camps d’hébergement au Rwanda». L’élu du Nord-Kivu trouve en ces vagues massives et successives de réfugiés en provenance du Rwanda et de l’Ouganda une machinerie pour brouiller les cartes sur le territoire congolais, à l’approche du scrutin présidentiel prévu fin 2011. Dans le même ordre d’idées, d’aucuns y voient l’ombre de la balkanisation du Pays.

Certains membres des FARDC impliqués dans des extorsions

Pour les observateurs avertis, l’insécurité entretenue dans la province du Nord-Kivu est un prélude à l’occupation rwandaise de la région. En effet pendant que les tueries des congolais se multiplient, les rwandais s’infiltrent dans la région, notamment dans les zones minières. Il apparaît ainsi que l’objectif de l’insécurité est de casser la résistance du peuple congolais contre l’occupation rwandaise.

La thèse de l’insécurité entretenue par les militaires supposés y assurer la paix est de nouveau prouvée dans les faits. Au lieu d’attaquer ce mal à la racine, le gouvernement de Kinshasa, la tripartite de la CEPGL, la Monusco cherchent des hypothétiques rebelles étrangers dans les forêts. Les malfrats sont des militaires et policiers en ville, au poste de commandement des opérations dites de paix. Voici quelques exemples:

Le 7 février, le président de la société civile locale a déclaré que des militaires incontrôlés des FARDC seraient impliqués ces derniers temps dans des exactions et des actes de banditisme (vols et extorsions) perpétrés contre la population civile, à Oïcha, chef-lieu du territoire de Beni, au Nord-Kivu.

Fatigués de mourir la nuit dans leurs maisons et «lopango» fermés, vu que les tueurs opèrent principalement la nuit, la société civile d’Oïcha en Territoire de Beni (Nord Kivu) a choisi, à la place des opérations villes mortes de la journée, d’organiser des opérations «Nuit blanche pour tous», pour assurer la sécurité de tous contre les militaires des Fardc.

L’espoir de tous les habitants d’Oïcha est que de ces veillées collectives naissent une véritable solidarité dans l’action contre le régime qui a fait de l’insécurité son mode de gouvernance.

Oïcha demande le départ des FARDC qui tuent, volent, violent les paisibles citoyens de ce coin du territoire et qui trompent le monde extérieur en mettant leurs crimes sur le compte des rebelles ougandais ADF/NALU et rwandais FDLR.

Dans la nuit du 16 au 17 février, c’était le tour du Quartier Kihinga (ville de Butembo – Nord Kivu) d’être visité par des tueurs qui n’étaient ni FDLR, ni ADF-NALU, ni LRA, ni Mai-Mai, mais bien des militaires Fardc. Ils étaient plus d’une dizaine à opérer cette nuit-là au Quartier Kihinga. Seulement quatre on été appréhendés par les Fardc nouvellement arrives à l’aéroport de Rughenda/Butembo. Ces malfrats avaient tiré une balle dans la cuisine d’une fille de 16 ans qui se débattaient quand ils voulaient la violer en présence de ses parents. Une fille de 15 ans était aussi enlevée par ces mêmes malfrats et est toujours portée disparue. Selon les militaires de Rughenda, les bandits arrêtés appartiennent au bataillon du Commandant DONAT MANDONGA récemment muté de Butembo à Rutshuru. Ces tueurs seraient restés en ville de Butembo pour continuer à ravitailler leur commandant. Ainsi, ces tueurs devraient verser chaque jour une certaine somme d’argent et des biens en nature selon le goût du patron à une adresse de Butembo, faute de quoi ils se verraient remplacer par d’autres plus habiles.

Le 19 février, le ministère public de la cour militaire de Bukavu (Sud Kivu), délocalisée à Baraka, dans la province du Sud-Kivu, a requis la peine de mort contre un lieutenant-colonel, trois majors et un sous-lieutenant pour « crimes contre l’humanité par le viol, et autres formes d’actes inhumains et terrorisme ».

Il a également réclamé 20 ans de prison contre cinq caporaux, qualifiés de « délinquants primaires » sans aucun niveau d’instruction, et demandé à la cour de transférer devant un juge des enfants le onzième prévenu qui est mineur.

Les militaires sont jugés depuis le 10 février pour les viols d’une soixantaine de femmes, et des violences et pillages commis dans la localité de Fizi, dans la nuit du 1er au 2 janvier.

Au cours des débats, des prévenus ont affirmé avoir reçu des ordres de leur chef et principal accusé, le lieutenant-colonel Daniel Kibibi Mutware, pour commettre les viols, mais ce dernier a démenti et affirmé avoir été débordé par ses hommes.

Les prévenus auraient participé à une expédition punitive après la mort d’un militaire qui avait blessé par balle un habitant à la suite d’une altercation. Les habitants avaient lapidé ce soldat, puis étaient allé le sortir de l’hôpital où il était soigné, pour le tuer.

Le prévenu lieutenant-colonel est un ex-officier de la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), et les autres des ex-miliciens des Patriotes résistants congolais (Pareco), intégrés début 2009 dans l’armée congolaise, après un accord de paix avec Kinshasa.

Le 18 mars, vers 21 heures (locales), un homme a été abattu par balle et un autre grièvement blessé à coups de machettes au cours d’une incursion de hommes armés et en tenue militaire au quartier Buzito de la cité de Kiwanja, à 70 kilomètres au nord de Goma dans le territoire de Rutshuru. Selon les habitants de ce quartier, les assaillants ont pillé plusieurs maisons, emportant plusieurs biens: poules, chèvres, téléphones portables, argent et autres biens de valeur. Pour les habitants du quartier, il s’agit de FARDC; alors que les autorités administratives locales incriminent les rebelles des FDLR, protégés par la population locale.

2. LA CRÉATION D’UNE FORCE MILITAIRE RÉGIONALE DE LA RDC , DU RWANDA ET DU BURUNDI

Le 9 mars, la conférence des Présidents des parlements de la Communauté Economique des pays des Grands Lacs (CEPGL) s’est tenue à Kigali. Un texte y a été adopté concernant la création d’une force militaire régionale de la RDC , du Rwanda et du Burundi.

Nul n’est besoin de rappeler que ces deux pays limitrophes et l’Ouganda ont participé au pillage des ressources du sol et du sous-sol de la RD Congo. Leurs armées ont commis des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des actes pouvant s’apparenter au génocide sur notre sol. Cela avec la complicité des élites compradores de notre pays. Le rapport Mapping publié au mois d’octobre 2010 en témoigne.

La création d’une force militaire régionale de la RDCongo, du Rwanda et du Burundi est une officialisation de l’infiltration des (militaires) démobilisées de ces deux pays limitrophes en RDCongo. La création d’une force militaire régionale obéit à la logique du maintien de l’équilibre et de la stabilité régionaux. Et pour que cet équilibre soit stable, il faut une armée et une police fortes, bien formées et bien équipées. Aux dires de grandes puissances, c’est l’armée rwandaise, à dominance tutsi, qui est capable de veiller à cette stabilité, c’est-à-dire cette armée dont le chef et plusieurs membres sont impliqués dans les crimes commis en RDCongo depuis 1996 et décriés dans le dernier rapport du HCDH du mois d’octobre 2010. Logiquement, il aurait mieux fallu que le parlement congolais se penche sur ce rapport et exige la mise sur pied des tribunaux mixtes pouvant juger tous ces crimes commis chez nous depuis «la guerre d’agression de 1996». Malheureusement, ce parlement héberge en son sein certains individus ayant trempé dans lesdits crimes. Ils ont donc intérêt à soutenir un ordre politique fondé sur le manque de justice et l’impunité. Les petites opérations sélectives dénommées «tolérance zéro» constituent de la poudre jetée aux yeux de nos populations. (Une véritable opération «tolérance zéro» romprait avec l’ordre politique actuel fondé sur la sécurisation des criminels de guerre, des criminels contre l’humanité et autres criminels économiques). La création d’une force militaire régionale s’inscrit dans ce contexte de protection mutuelle que s’offrent ces criminels.

A cette conférence, organisée à l’initiative du Parlement belge, ont participé aussi le président de la Chambre de Belgique, André Flahaut, et le vice-président du Sénat belge, Willy Demeyer.

Le colonel Luc Marchal, qui était l’adjoint du général Roméo Dallaire, commandant des Casques Bleus au Rwanda au sein de la MINUAR, a fermement condamné la participation d’André Flahaut et Willy Demeyer à la conférence à Kigali dans une lettre ouverte adressée à ces deux politiciens.

Dans cet écrit, le colonel Luc Marchal se demande comment il est possible que «des responsables politiques, exerçant des fonctions importantes au sommet des structures démocratiques de notre pays et qui ont, précisément, la tâche de veiller au respect de la démocratie et de promouvoir ses idéaux de par le monde, vont se compromettre au sein d’une dictature pure et dure (NDLR: le Rwanda) dont le chef est accusé, dans un récent rapport de l’ONU, d’être responsable de la mort de plusieurs millions de personnes».

Selon le colonel Luc Marchal, «faire croire que cet embryon d’armée commune serait un gage de stabilité dans cette zone martyre de l’Afrique est une duperie inique».

En effet, le commandement des forces de défense rwandaises est composé à plus de 90% de Tutsi et la situation est similaire pour l’armée burundaise. Quant aux forces armées congolaises (FARDC), il est évident que ce sont les anciennes milices sponsorisées par le Rwanda (entre-temps intégrées aux FARDC, mais occupant toujours cette vaste région) qui vont alimenter cette pseudo force « communautaire ». Le colonel est d’avis que cette force militaire «en réalité, n’aura d’autre préoccupation que de poursuivre l’œuvre d’annexion de la partie orientale du Congo» et «de participer à la balkanisation de ce pays».

Selon certains observateurs, suite à la faiblesse des FARDC, l’armée de la CEPGL, commandée par des chefs militaires rwandais, pourra intervenir en RDCongo et renforcer, ainsi, la légitimité politique de la présence des soldats rwandais sur le sol congolais. La création d’une armée de la CEPGL a pour but de légitimer la dissimulation de l’armée d’occupation rwando-burundo-ougandaise qui endeuille aujourd’hui l’Est du Congo sous prétexte de lutter contre les FDLR, LRA, ADF-NALU, etc.

La volonté de créer une armée de la CEPGL est téléguidée par le Rwanda et l’Ouganda dans le but de contrôler l’Est du Congo et de s’emparer plus aisément des ressources naturelles situées dans cette région. Cette création laisse deviner la réelle volonté des initiateurs: contraindre les Congolais à accepter la présence des Rwandais dans le grand Kivu et les préparer à accepter plus tard le partage du pays, notamment par la sécession de l’Est ou par l’autodétermination des peuples qui vivront dans la région. La construction de la République des Volcans est en cours.

Le Congo est le pays le plus riche de l’Afrique centrale. L’Est du pays est convoité par toutes les puissances du monde à cause de ses opportunités économiques énormes et de la présence des minerais stratégiques, comme le colombotantalite (coltan), la cassitérite, l’or, etc.

Depuis les années 1980, les Anglo-saxons (Etats-Unis, Grande-Bretagne et Canada) travaillent clandestinement pour un nouveau partage des zones d’influence sur le continent africain afin de mettre définitivement la main sur la RD Congo. La conquête de la région des Grands Lacs où se trouvent des ressources naturelles stratégiques devait inévitablement passer par l’éviction de la France. Devant l’impossibilité d’affronter cette dernière de façon ouverte et directe pour préserver leurs intérêts, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont associé leurs affidés (Museveni et Kagame) dans la conquête des ressources naturelles situées à l’Est du Congo. C’est cette motivation qui explique les guerres secrètes qui se déroulent dans cette zone depuis la chute du mur de Berlin et la fin du communisme. Le remodelage de la carte de l’Afrique centrale, dessinée lors de la conférence de Berlin en 1885, sert à protéger les intérêts stratégiques des Anglo-saxons et à faciliter leur accès à ces minerais dont ils ont grandement besoin. Après avoir soutenu le maréchal Mobutu pendant la guerre froide pour lutter contre l’expansion du communisme en Afrique, ils ont établi une relation étroite avec le président Museveni et ensuite avec le président Paul Kagame. Ces derniers sont localement aidés par des nègres totalement acquis à leur cause. Dans la construction de cette Histoire africaine, les chefs d’État et les leaders africains ne jouent qu’un rôle passif.

3. LES RETOMBÉS DU RÉFÉRENDUM SUD SOUDANAIS SUR L’EST DE LA RDCONGO

Les résultats du référendum populaire au Sud Soudan, tenu du 9 au 15 janvier 2011, pourraient avoir des retombés sur l’Est de la RDCongo.

Plus de 98 % des Sud-Soudanais se sont prononcés à faveur de l’indépendance de leur espace vital. En clair, le Soudan a été scindé en deux: le Nord, essentiellement musulman et arabe et le Sud réputé chrétien et noir. Le Sud Soudan regorge une quantité inépuisable de pétrole et intéresse au plus haut point les Oil men

La partition du Soudan pourrait avoir des effets de contagion sur la RDCongo.

Pour deux raisons: par sa taille de sous continent qui, selon certains, la rend ingouvernable et par ses potentialités naturelles qui font la convoitise des multinationales.

La RDCongo est un Etat fragile et fragilisé par de nombreuses rebellions armées et par une instrumentalisation en fonction des intérêts des grandes puissances.

Le Rwanda poursuit inlassablement, par les populations banyarwanda interposées, son effort de mise sous tutelle du Kivu. L’Ouganda se concentre sur la région frontalière septentrionale avec la première tentative de la création de la province autonome de l’Ituri en 2000.

Il suffit d’actionner les marionnettes congolaises, car les bras armés existent déjà. Les possibles partitions à venir de la RDCongo reposent aussi sur le faux clivage est-ouest qu’on brandit à chaque tournant de l’histoire du pays, notamment durant les élections de 2006.

Le Congo est en proie à une déstabilisation permanente des milices et mouvements armés qui naissent et disparaissent et ré-naissent changeant d’appellations.

Culturellement les peuples a cheval sur les deux frontières sont des frères.

Une analyse pessimiste voudrait voir, mieux tirer la sonnette d’alarme du dépeçage de la RDCongo. Les régions riches en matières premières de l’Est sont en danger permanent à cause des convoitises des grandes puissantes. Dans le pire de cas, le Nord-est pourrait être décapité de la manière suivante:

1. Les Uélé (Bas et Haut mais surtout Haut Uélé) à la frontière naturelle avec le Sud-Soudan. L’histoire rappelle qu’il existe des territoires cédés de part et d’autre et d’autres pris en compensation. Le Haut Uélé, avec le parc de la Garamba, dispose de routes qui reliaient Paulis (Isiro) – Dungu – Faradje – Abayei jusqu’à Juba avec un commerce florissant.

2. L’Ituri et le Grand nord (Beni – Lubero) du Nord-Kivu, obéissent économiquement à l’Ouganda. Les opérateurs économiques et certains leaders ethnico-religieux et politiques de cette région sont très soumis au pouvoir de Kampala. Les milices armées sont recrutées à travers les populations riveraines. C’est aussi la région la plus insécurisée du Congo.

3. Le Kivu (Goma et le Sud-Kivu) pourrait être forcé à vivre sous la tutelle du Rwanda. A l’heure actuelle, il manque un vrai leadership dans les deux Kivu. C’est ici où circulent des noms de républiques fantômes depuis de décennies.

Le cas du Soudan pourrait constituer une jurisprudence pour des régions fragiles et longtemps convoitées par les multinationales anglo-saxonnes.

Demain, l’Afrique dira adieu à l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. La RDCongo semble bien placée pour être la nouvelle cible. Le danger est réel, surtout quand beaucoup de puissances occidentales se sont déclarées ouvertement sur l’exigence de l’ouverture du Congo à un «nécessaire partage de richesses» avec ses voisins.

L’insécurité comme moyen pour diviser le Pays

Il ne se passe pas un jour, sans qu’il ne soit fait état d’actes d’insécurité posés par des éléments incontrôlés, des miliciens ou encore des forces négatives opérant dans l’Est de la RDCongo.

Après les armées régulières des Etats voisins de la RDC, le relais des actes de prédation est passé entre les mains des groupuscules difficilement identifiables. Des nébuleuses qui permettent aux tireurs de ficelles de tirer, non seulement des dividendes financiers à travers l’exploitation illicite des matières précieuses, mais aussi de s’assurer le contrôle effectif de cette partie du territoire national.

Les Etats voisins qui en sont les plus grands bénéficiaires sont passés maîtres dans l’entretien de ces groupes armés actifs autour des points d’exploitation des matières précieuses.

Des statistiques indiquent que des pays comme le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi sont devenus des pays qui peuvent exporter des produits non extraits de leurs sous-sols respectifs. A travers la contrebande, des quantités importantes de minerais congolais traversent les frontières pour être exportées par des circuits officiels de ces pays.

Quant aux multinationales occidentales, elles financent les réseaux maffieux qui ont déployé leur toile dans la sous région. Principales bénéficiaires de ce commerce illicite, ces dernières sous-traitent le volet de l’entretien de l’insécurité par des valets autochtones recrutés parmi des officiels à tous les niveaux. Cela va des militaires aux civils, en passant par de simples miliciens, pourvu qu’ils ramènent des quantités nécessaires de minerais contre des millions de dollars américains.

En lieu et place d’une guerre ouverte et classique entre armées, les acteurs ont changé de stratégies. Nonobstant cela, le résultat escompté reste le même, à savoir la partition de fait du pays. L’attache économique des provinces de l’ex-Kivu avec les pays voisins de l’Est présage de ce qui sera la configuration du pays. Les puissants de la planète, adeptes de la dislocation de la RDC dans ses dimensions actuelles, voudraient pousser les populations de ces provinces à se sentir éloignées du reste du pays voire abandonnées de la capitale.

C’est ce que d’aucuns appellent la politique de l’usure. Celle-ci a été adoptée comme stratégie depuis 1996 et elle s’est déclinée en plusieurs étapes. La guerre classique, la lutte autour du contrôle des gisements miniers, la chasse aux forces négatives sans les neutraliser. La psychose de l’insécurité fait que des populations congolaises errent, exposées aux intempéries, à défaut de mourir de faim et de maladies.

Le clou de cette orchestration, assortie d’un décor macabre, consistera à amener les Congolais de l’Est à se lasser d’appartenir à un Etat incapable de leur assurer la sécurité, de vivre dans la quiétude. In fine, une proposition du type appliquée au Sud-Soudan passerait pour une panacée face à ce climat d’insécurité grandissante et permanente.

La communauté internationale, qui n’a pas su répondre jusque là de manière appropriée, se verra placée devant un fait accompli. Aussi n’hésitera-t-elle pas d’apporter sa caution à une solution en apparence humainement et politiquement acceptable. Ce sera l’aboutissement d’un plan mijoté depuis long temps.

Assassinats au quotidien, déplacements forcés des populations, viols massifs, enlèvements, pillages, trafics de tout genre, corruption, impunité des forces armées et autres autorités, les congolais du Nord et du Sud-Kivu n’en peuvent plus. C’est pourquoi, ils appellent de tous leurs vœux, à un changement rapide d’autorités au sommet de l’Etat Congolais.

Dans cette situation, les congolais du grand Kivu ont aujourd’hui le sentiment que la RDCongo n’est plus dirigée. La violence a atteint un niveau inadmissible.

Plus graves encore, les autorités locales ne réagissent pas. Pourquoi? Il leur serait interdit de parler de l’insécurité qui prévaut à l’Est de la RDCongo. Paroles de député. Par qui? Par le régime de Kinshasa, répondent-elles en privé. Révoltant. Le mot d’ordre de Kinshasa serait donc, silence on tue, on occupe et on pille au Kivu. Face à cette situation, la population est obligée de se prendre en charge pour assurer sa propre sécurité. Et toutes les conditions sont réunies pour l’éclosion des milices armées avec une raison justifiée: la légitime défense contre ceux qui sont supposés protéger les citoyens et leurs biens. Quand il n’ y a pas d’Etat, la communauté locale reste l’unique pourvoyeuse de la sécurité.

Les raisons de l’insécurité

On ne le dira jamais assez. La situation qui prévaut à l’Est de la R.D.Congo tient principalement à la faiblesse de l’Etat congolais et des autorités qui le dirigent. Il convient de souligner principalement le fait que toutes les autorités de la RDCongo, en commençant par le chef de l’Etat lui-même, doivent leur pouvoir aux dirigeants des Etats voisins. Notamment le Rwanda et l’Ouganda, dont les officiers en mission en RDCongo, jouissent d’une impunité révoltante. Car, à en croire les victimes et autres témoins locaux, si la situation perdure dans cette partie de la République, c’est parce qu’elle est l’œuvre des supplétifs de l’armée Rwandaise qui se cachent sous le manteau du CNDP(Conseil national pour la Défense du Peuple), une création de Kagame, dirigée à l’époque par Laurent Nkundabatware. A l’extrême nord de la RDCongo, les généraux ougandais continuent à régner en maîtres des lieux . Ils veillent sur l’exploitation du pétrole et d’autres minerais en Ituri. Malheureusement avec la complicité de certains congolais.

Ce que l’on ne dit pas à haute voix, c’est que cet état des choses se justifie par le fait qu’il y a une facture à payer aux faiseurs des rois qui règnent à Kampala et à Kigali. Elle daterait de la guerre de libération de 1996-1997. Facture non évaluée, mais qui reposerait sur des accords dont le contenu est seulement connu de Joseph Kabila et du Général John Numbi. La négociation aurait été achevée à Goma (mars 2009) au détriment des populations du Kivu.

Responsabilités partagées

A tout prendre, la responsabilité incombe certes à Joseph Kabila et à sa cour. Mais aussi aux leaders politiques ressortissants du grand Kivu qui se complaisent pour la plupart à flatter Kabila, qui obtient leur silence contre une poignée de dollars. Les prochaines élections pourraient changer la donne.

Pour qui et pour quel projet de société faudra-t-il voter en novembre 2011, si les élections ont lieu?

Les congolais ont besoin de voir leurs aspirations trouver des réponses à travers un certain nombre d’exigences. Notamment: la restauration de l’autorité de l’Etat à travers la mise en place d’une armée et d’une police véritablement nationales. Disciplinées, mieux formées et bien payées. Capables de défendre l’intégrité et la sécurité du territoire. Afin d’assurer une paix durable. En second lieu, il faudra très rapidement, instaurer un dialogue franc avec les pays voisins. Cette relation devra être fondée sur l’égalité dans la partenariat et non la subordination actuelle qui a tendance à tourner à la soumission. En outre, la bonne gouvernance basée sur la redistribution équitable des revenus devra être la règle. Elle devra se traduire par le paiement régulier des salaires en vue de relancer la consommation et par conséquent le prélèvement des impôts. Tout cela ne sera possible qu’avec la mise en place d’une fonction publique efficace. Sans oublier les secteurs prioritaires: la santé, l’énergie, les transports, la justice, l’éducation et surtout la formation professionnelle. La RDCongo a besoin d’une main d’œuvre qualifiée pour sa reconstruction. Or, en RDC, on compte beaucoup plus d’universités que d’écoles de formation professionnelle. Tous ces programmes demandent une sérieuse réhabilitation à travers d’importants investissements. Comment financer tous les éléments de ce projet? Il faudra réhabiliter le paiement de l’impôt. Fut-il symbolique pour les plus pauvres car il constitue la première richesse d’un Etat. Sa mobilisation peut être facilitée par le paiement de toutes les taxes aux guichets des banques afin d’éviter son détournement par des agents véreux.

Des complicités étrangères

Selon le site Internet de Wilikeaks, le général Olusegun Obsanjo, ancien président du Nigeria, estime que le président rwandais Paul Kagame serait l’homme indiqué pour diriger la République Démocratique du Congo. Cette déclaration étonne de la part d’une personnalité qui fut médiateur dans la crise politico-militaire entre le gouvernement (congolais) et l’ex-mouvement rebelle, le CNDP.

L’idée d’Obasanjo rappelle aux Congolais celle qui est largement partagée au sein de plusieurs puissances occidentales et selon laquelle, la RDC ne peut retrouver une paix durable, la stabilité politique et la croissance économique qu’en tant qu’Etat éclaté en plusieurs républiquettes. Cela rappelle aussi, lit-on encore dans les mêmes colonnes, l’idée soutenue en son temps par Pasteur Bizimungu, ancien président rwandais, qui préconisait la révision des frontières héritées de la colonisation. Les Congolais sont en droit de se demander si l’insécurité récurrente dans la partie Est de leur pays ne serait pas liée à un plan de balkanisation ou de mise sous tutelle rwandaise.